Le bureau de recherche sur l`art - Collection des thèses et mémoires
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1. AGAMBEN Giorgio 2006 Qu est ce qu un dispositif Paris ditions Rivages poche Petite Biblioth que 50 p ARDENNE Paul 2002 Un art contextuel cr ation artistique en milieu urbain en situation d intervention de participation Paris Flammarion 236 p BOURDIEU Pierre 2001 1982 Langage et pouvoir symbolique Paris ditions Fayard 403 p BOURRIAUD Nicolas 1999 Formes de vie L art moderne et l invention de soi Paris Editions Deno l 187 p DEBORD Guy 1992 1967 La soci t du spectacle Paris ditions Gallimard 209 p FOUCAULT Michel Dits et crits vol 2 1976 1988 Paris ditions Gallimard coll Quarto 1736 p FRASER Andr a 2005 Museum Highlights Massachusetts MIT Press 291p HEINICH Nathalie 2005 L lite artiste Excellence et singularit en r gime d mocratique Paris Editions Gallimard 270 p KUHN Thomas S 1983 La structure des r volutions scientifiques Paris ditions Flammarion 1970 1962 LATOUR Bruno et Steve Wooglar 1996 1988 La vie de laboratoire La production des faits scientifiques Paris Editions La D couverte 281 p MICHAUD Philippe Alain 1998 Aby Warburg et l image en mouvement Paris dition Macula 298 p RANCIERE Jacques 2004 1987 Le ma tre ignorant Paris ditions Fayard 231 p 35 Illustrations Image 1 Les Ateliers Ouverts du Roulement a billes de 2011 a 2013 36 Image 3 pour produir2. et mentale occasionn e l un par l autre Cette uvre devient un lieu obs dant qui s am nage autour d une pens e qui n arrive jamais une finalit qui est devant un probl me continuel celui d un classement bas sur la sensibilit de l tre et sur la logique Cette r alit construite prend vie et devient difficile contr ler laissant Warburg devant le probl me de la complexit En donnant vie l objet il lui donne une nature singuli re Le lieu n est pas banal il est investi Pass d objet uvre la biblioth que prend un sens qui diff re de son utilisation conventionnelle Dans le cas de Warburg les livres se classent d une mani re m taphorique ils trouvent une place les uns aupr s des autres par une conjonction de sens Dans les biblioth ques classiques les livres sont dispos s par ordre alphab tique et par discipline non partir d un syst me de classement personnel Warburg en tant que praticien de la recherche d montre que la biblioth que loin d tre un lieu mort et statique prend vie travers l exp rience v cue de son concepteur Le visiteur ne per oit plus une simple biblioth que mais la complexit d une pens e humaine travers un acte esth tique intentionnel qui se rapproche de ceux produits par les artistes Il s agissait de d terminer ses propres yeux le sens de sa recherche et d abolir de facto la distinction entre accumulation du savoir et
3. existent bien avant que nous arrivions dans un endroit elles s inscrivent dans un conditionnement culturel historique et social ancr dans notre esprit Dans leur ouvrage La vie de laboratoire Bruno Latour et Steeve Wooglar font la description de la culture d un groupe de scientifiques en s immisgant en tant qu observateurs dans leur centre de recherche Ils tudient les habitudes les langages et les proc d s de cette organisation Dans le contexte de travail les individus et les outils ont leur fonction propre ils forment un dispositif complexe l int rieur duquel chaque l ment un ascendant sur l autre Les objets utilis s les modes d inscriptions les comportements les langages s agencent dans un m me environnement L organisation qui en d coule ressemble celle d une microsoci t tr s homogene dont l objectif des individus est similaire alors que leurs motifs peuvent differer J ai constat ce phenomene l int rieur des Ateliers du Roulement billes Les tudiants avaient le m me mandat produire un projet final et un m moire Ils se partageaient les m mes lieux ainsi que les outils qui s y trouvaient Ils discutaient souvent des cours suivis en lien avec leur processus de recherche Ils avaient souvent des habitudes similaires vernissage rencontre lecture criture production Voici une description des ateliers des immenses casiers contenant des travaux fragmentent l espace Les murs sont la plupa
4. int rieur de sa d marche dans un lieu d di l art les Ateliers du Roulement Billes la Galerie des arts visuels une exposition collective etc Je ne fais pas qu errer dans l espace que le visiteur 7 traverse je travaille dans le lieu tout en interagissant avec les individus que je rencontre Je questionne des th ories et des notions issues de mon milieu partir de la question Qu est ce que l art Dans ce sens le Bureau de recherche sur l art devient un espace de m diation l int rieur duquel il y a un partage d id es portant sur l objet lui m me son contexte d mergence et les enjeux de l art actuel Le Bureau est aussi un endroit d archivage de mes travaux de recherche Il est le document la preuve l extension de ma pratique en tant qu artiste L archivage se fait par des modes d inscriptions tels que l crit le soulignement de texte l enregistrement l accumulation de documents Ces m thodes me permettent de tracer le portrait de l volution de ma vie d artiste l int rieur du Bureau de recherche sur l art Ce m moire est aussi impr gn par cette m thode de travail Il est construit partir des modes d inscriptions archiv s de mon travail ant c dent Ainsi le m moire les appels de dossier les demandes de subventions les textes scolaires et les crits personnels s int grent au contexte du Bureau de recherche 4 sur l art L crit est pour
5. de Fraser Andr a 2005 Creativity capital Museum Highlights Massachusetts MIT Press P 33 23 rendre l objet de sa production d sirable aux yeux des acheteurs des institutions scolaires des commissaires du public ou des administrateurs de diff rents organismes du milieu artistique Il prend le r le de l entrepreneur qui doit entretenir des relations avec son milieu afin de favoriser l essor de sa carri re Dans les vernissages l artiste devient un relationniste Il met de l avant son statut et sa personnalit Il existe tout un dispositif qui participe la mise en march de l art Ce dispositif est double tranchant il apporte une aide pr cieuse la production de l artiste mais il peut aussi l influencer dans son processus artistique Inconsciemment l artiste tentera parfois de faire correspondre sa production la demande du march Il passera beaucoup de temps l gitimer son uvre afin qu elle trouve une place dans le syst me de l art 24 Processus d integration sociale de Pobjet I P E A D 25 Les moments de l art Le Bureau de recherche sur l art est constitu de plusieurs moments s entrem lant l int rieur d une situation Le processus de cette oeuvre fait en sorte qu elle ne trouve jamais de finalit r elle Le moment de la diffusion est le m me que celui de la production La recherche n est pas engendr e avant ou apr s la diffusion elle se fait en m me
6. elle est en rapport direct avec son corps qui agit dans l espace qui s impregne son tour de sa r alit Les livres qui s y trouvent interpellent Warburg dans sa t te et dans son corps selon les informations regues par sa pens e il r agit en modifiant son environnement chargeant ainsi sa biblioth que d un affect 13 recherches qu il a entreprise sur les rituels des Pueblos Warburg s est beaucoup interesse aux coutumes de ces Am rindiens agglom r s diff rents endroits sur le territoire am ricain Il a fait une analogie entre sa biblioth que et la mani re dont les Pueblos cr aient des correspondances entre l objet espace de contemplation et l tre espace de la pens e L objet mat riel issu de la r alit s impr gne de l affect de l individu et trouve une place dans son esprit g n rant ainsi une forme de savoir unique du monde La biblioth que est organis e selon les relations symboliques qui gouvernent l tre au monde des Indiens elle est l espace de contemplation Andachtsraum devenu espace de pens e Denkraum Warburg attribue une sensibilit sa biblioth que qui devient un espace de relations symboliques L objet n est plus au monde pour servir une seule chose fonctionnalit il devient complexe par la signification qu il porte en lui Plusieurs personnes ayant connu Warburg conceptualisaient sa biblioth que comme une extension de sa pens e Dans un di
7. ou r pulsion r ussite ou chec renoncement ou reprise etc mais aussi ext rieur lui notamment tout ce qui rel ve de la r ception de l uvre Dans mon uvre la relation avec le visiteur est le moment le plus risqu L objet qu il rencontre sur sa route le Bureau de recherche sur l art prend vie partir du moment o je demande Que penses tu de l art La discussion peut prendre toutes les directions me laissant toujours la merci d un d nouement incertain Ces rencontres ventuelles me permettent d acc der une connaissance nouvelle du monde Je trouve un sens ma pr sence en art l int rieur des questionnements que g n re mon Bureau de recherche Le sens et l essence l objet et l tre la fonction et l usage se forgent l int rieur d un monde construit parsem de doutes et d exp riences Dans ce sens le Bureau de recherche sur l art n arrive pas seul Il porte en lui une histoire complexe li e mon v cu d artiste Une fois diffuse il devient le lieu d une rencontre Appr ci rejet questionn ignor il prend place dans une r alit refl tant l espace qu il habite Ouvrant sur un monde encore d couvrir cette ceuvre est pour moi le lieu qui me d finit en tant que chercheuse et artiste 21 Ardenne Paul 2002 Un art contextuel cr ation artistique en milieu urbain en situation d intervention de participation Paris Flammarion p 49 33 Bibliographie
8. production esth tique entre recherche et performance Tout en reconnaissant que la biblioth que constituait une collection de questions plus qu un d p t de livres L aura de l objet comme ceux des uvres d art actuel est impr gn e d un geste humain investi de sens elle n est pas m canique ou syst matique L objet d art est li l intimit de l artiste il provient d un espace mental transpos dans le monde physique Warburg en cr ant ce syst me particulier pose un regard sur la classification habituelle des biblioth ques Les normes les conventions et les institutions tablissent une m thode universelle et syst matique de grouper les livres La Biblioth que de Warburg laisse entrevoir une nouvelle fa on de penser le monde qui tente d chapper ces pr ceptes Warburg introduit un rituel face aux objets tout comme les Pueblos Il donne un sens symbolique au lieu qu il a cr son image En d tournant la fonction de l objet livre la biblioth que n est plus immuable mais agissante par la pr sence de son mouvement 19 Ibid p 226 15 interne Le lieu devient vivant par le biais des gestes de son fondateur Lorsque Warburg partait en voyage il amenait avec lui une partie de sa bibliotheque et reproduisait son systeme Warburg ne se s parait pas d une bibliotheque de voyage et reconstituait dans les chambres d h tel ou il s arr tait la configuration de s
9. provenant de la pens e de l artiste et par un processus de l gitimation r sultant d une demande li e au march de l art et aux institutions Ce double travail cr e un tout un dispositif Je souhaite laisser entrevoir par le biais de cet crit le processus m ayant men e la y production de mon uvre Bureau de recherche sur l art ainsi qu l exposition finale qui en d coule la Galerie des arts visuels de l Ecole des arts visuels de l Universit Laval Je tenterai de d crire l exp rience du Bureau de recherche sur l art travers mon propre v cu Dans ce m moire seront v hicul s diff rents concepts li s la production de l artiste son 5 quotidien son statut aux normes et aux conventions du systeme de l art l int rieur de la soci t La l gitimation du Bureau de recherche sur l art passe par la construction d un discours entourant l objet Ce discours est ax sur la question Qu est ce que l art ainsi que sur les normes et les conventions qui sont la base de nos perceptions Processus de conception de l uvre le sens et l essence La complexit des complexes Le Bureau de recherche sur l art est ce que j appelle une structure complexuelle Il prend place dans un environnement poss dant une fonction qui lui est propre afin de questionner la contexture fondamentale du lieu Le concept de structure complexuelle voque autant l architecture physique les complexes que l arch
10. temps Plusieurs artistes travaillent de mani re cr er une ambig it entre les diff rentes tapes de production de leur uvre afin de d stabiliser le visiteur et d ouvrir un espace la discussion et l exploration face leur propre m dium L uvre ne se trouve pas dans un objet uniquement visuel mais plut t dans la situation construite par l interaction du public avec l artiste Afin d illustrer ce propos je vous fais le r cit de mon exp rience lors de ma visite du projet de Tino Seghal n this Situation J entre au Mus e d art contemporain de Montr al avec l id e de me rendre la rencontre de l uvre In this Situation de Tino Seghal Je cherche l affiche qui annonce le lieu o je dois aller sans trouver d indication Je demande un surveillant la direction prendre il me la montre Arriv e pr s de la pi ce je m interroge S agit il bien de l endroit qu il m avait d sign Aucune affiche aucun signe pour m accompagner dans ma d marche dans le Mus e L uvre se cache J entre avec un certain doute dans une immense salle Des individus me regardent semblent cesser une discussion Ils annoncent mon arriv e par cette phrase Oooh Welcome In This Situation Ils insistent sur chaque mot Puisqu il y a plusieurs personnes dans la pi ce je me demande qui est un visiteur et qui fait partie de l uvre C est alors que certains d entre eux se mettent en mouvement ils tournent dans l espace co
11. D autour de l objet est produite la fin Pour certains artistes ces proc d s s entrem lent L uvre peut se produire tout moment le temps d exposition peut se constituer en m me temps que la production et la discussion parvenir pendant tout le processus L art chappe au proc d conventionnel il n y a plus d tape pr cise ou de facons de faire normales Cet clatement des moments de l art peut faire en sorte que tout se passe en m me temps en un m me lieu Certaines pratiques en art sont bas es sur l incertitude Il suffit de penser l art relationnel o la rencontre avec le public est le moment de production et de diffusion de l uvre Il est possible de d finir un lieu de rencontre et favoriser la discussion et l interaction Toutefois il est difficile d avoir le contr le sur le d nouement de l exp rience Mon Bureau de recherche sur l art est compos de plusieurs moments La diffusion de l euvre correspond au moment de la rencontre avec le public et de la discussion L exp rimentation et la production s accomplissent tout instant L id e est la base du projet et se r alise perp tuellement Le Bureau de recherche sur l art m apparait comme une totalit qui englobe tout le processus de l oeuvre Mon r le l int rieur du Bureau de P Je me suis inspir e du concept de science normale mit par Thomas S Kuhn dans son livre La structure des r volutions scientifiques 29 recherche e
12. Dombois Florent 2009 L art comme recherche Esquisses d un mode d emploi usage personnel dans In actu De l exp rimental dans l art Paris Editions Les Presses du r el p 202 18 Le mod le IMRAD n est pas traduisible en fran ais Son utilisation est la m me dans les deux langues Le sch ma habituel IMRAD repr sente la structure d un article scientifique 28 normal de production Il ne s agit pas de la production de faits scientifiques mais plut t de la production artistique Prenant comme appui le sch ma habituel de la science j ai fait la traduction de cette methode dans le domaine des arts I P E E D Id e Processus Exposition Et Discussion Pour l artiste actuel cette formule peut se m langer P I D E E E I P E D etc L artiste peut passer d une tape l autre y revenir en laisser tomber une Il n y a pas de fa ons de faire pr cises et peut tre que la norme se trouve la en art les fa ons de faire sont r inventer continuellement La premi re tape habituelle de la production artistique est l id e 1 qui n est pas de nature concr te mais abstraite Elle doit trouver corps travers la r alit par diff rentes exp rimentations et modes de production faisant partie du processus P Suite cela l objet passe par un m canisme d exposition E qui inclut autant la production du dossier d artiste que la diffusion qui en d coule Habituellement la discussion
13. Il commence son texte par la citation de Claude L vi Strauss Pour les savants l aube et le cr puscule sont un seul et m me ph nom ne la fin de son texte il explique qu il existe pour l artiste une difference entre l aube et le cr puscule si la science parvient expliquer le monde elle ne l explique pas int gralement Il est donc n cessaire d avoir une alternative qui replace sous notre regard ce qui a t n glig ne serait ce que pour prouver que le cr puscule et l aube sont deux ph nom nes fonci rement diff rents Le lever du jour est un pr lude sa fin une ouverture qui viendrait en conclusion au lieu A A 16 1 d tre au d but comme dans les op ras d antan Selon Dombois l artiste et le scientifique ne per oivent pas le monde de la m me mani re mais tous deux sont g n rateurs de savoirs L art apporte des connaissances alternatives a la science En science un ph nom ne est abord dans un article scientifique partir du sch ma habituel I M R A D Introduction Methods Results and Discussion Cette formule constitue une norme Alors que dans le domaine artistique le savoir passe par une interpretation individuelle du monde une perception Le sch ma habituel de l artiste est continuellement remis en question Tout comme la science l art possede un modele 16 L vi Strauss Claude 1982 Tristes tropiques Paris ditions Plon p 68
14. Tonin Querev 15 15 a Alex A p de i y Emilie T vanas Cather Sarah a4 dN Richart lt 15 Hanion A 26 Philippe x 1 Ardreann Salle de Manviseri 3 B La JE 3 Mel A fF pe ih machine Mor ilyne Plan des Ateliers du Roulement a Billes 39 Image 7 E Portes de garage des Ateliers du Roulement Billes 2012 9 40 Bureau de recherche Galerie des arts visuels 2013 credit photo Ren e Methot 41 Image 10 Bureau de recherche Galerie des arts visuels 2013 credit photo Jeanne Bourgoin 42
15. UNIVERSITE LAVAL Le Bureau de recherche sur l art Memoire Genevieve Gasse Maitrise en arts visuels Maitre es arts M A Quebec Canada Genevieve Gasse 2014 Resume Ce m moire se fonde sur mon uvre Bureau de recherche sur l art l int rieur de laquelle je travaille depuis plusieurs ann es en tant qu artiste et chercheuse Il porte sur la description organisationnelle du lieu ainsi que sur sa signification Introduisant diff rents concepts issus de mes exp riences et de mes recherches ce m moire refl te mes questionnements face au milieu de l art et porte une r flexion sur ma situation d artiste J y aborde entre autres les enjeux li s mon statut le processus de l gitimation de mon uvre ainsi que le contexte d mergence M incluant dans le Bureau de recherche sur l art je souhaite pr senter une partie de ma r alit l int rieur d une performance de recherche qui prend place dans diff rents contextes Ce m moire est bas sur mon exp rience lors de mon occupation dans les Ateliers du Roulement billes pendant mes tudes la ma trise Ant rieurement le Bureau de recherche a t produit dans la Galerie des arts visuels de l Universit Laval lors de l exposition des R cipiendaires des prix et des bourses des finissants es au baccalaur at en arts visuels de 2007 Il retrouve une place dans ce lieu lors de l exposition qui met fin mon parcours la ma trise
16. ais ses origines profondes qui proviennent de quelque chose d immat riel et d invisible Je tente de comprendre l art par lui m me ainsi que les m diums employ s Je d construis les valeurs tablies Foucault Michel D cembre 1966 Les h t rotopies France Culture Quand je parle de l objet il s agit d un concept largi qui englobe tous les produits sans exception qui r sultent de la production de l artiste 6 sur ce qu est et doit tre l art valeurs construites par le pass les acad mies et les coles de pens e ainsi que par la soci t actuelle artistique ou non Le Bureau de recherche repr sente l quilibre entre l aspect mat riel et immat riel de ma pratique il est une construction mentale traduite dans la r alit par la mati re En m incluant en tant qu tre vivant l int rieur de cette construction j agis sur le lieu partir de diff rents langages gestuels et verbaux qui tendent une forme d imperceptibilit qui se rapproche au plus pr s de l id e d immat rialit mise par les artistes conceptuels des ann es 60 L objet de recherche Depuis deux ans je travaille sur mon installation Bureau de recherche sur l art l int rieur des Ateliers du Roulement billes de la ma trise en arts visuels de l Universit Laval Ce lieu prend une fonction singuli re par la pr sence de mon projet l int rieur des Ateliers de la ma trise le Burea
17. e et diffuser les articles un article de relever une pe de travail des techniciens et pero il faur lt deja envoy pour Le r le pr pond rant que nous attribuons au q P opposer une tendance de la sociologie des yo ae publi H s a met cn valeur le r le jou par les communicatio e 7 annoncer un r sultat d en sou les dans l activit scientifique Par exemple Me ration Oa conas dass un article en po m ALG LOCATON scien moyens d aboutir toute fore de tre donn e lire Lors de 1967 1971 Ce cas se produit sumas CAVE et Ge rhe x ela voient les objections dense r seau de contacts comme s il s agissait d i 4 d monstration et aniio Price 1972 lt Chubin 1983 Les tenants de ce point eren 1969 24 9 minimis le r le jou par les canaux formels pre ont tion dans le transfert de l information et leur 4 pour expliquer leur persistance l existence d une les enjeux sont l tablissen Inscriptions dans le livre La vie de Laboratoire Image 4 Recherche sur le mot art dans des dictionnaires de diff rentes poques 37 Image 5 DISPOS Ay sep rente de Ad r gt Tal ober Dastement a xv dsuphrer fd um f erit f Xm d ARES re Lieu d archivage Ateliers du Roulement Billes 2012 38 Image 6 Are Sk Helene PS 23 340 938 Cynthia 336
18. e les archives de mon trajet artistique et de ma recherche qui sont le point de d part de la discussion avec le public Mon histoire personnelle entrelac e mon histoire de l art prennent la forme d un propos circulaire exprimant l artiste comme une totalit Un questionnement s op re face au Bureau de recherche sur l art Est ce de Part Mon bureau est une uvre tautologique l int rieur de laquelle je d finis l ensemble du dispositif qui le repr sente Par la suite les concepts deviennent le lieu d une discussion et d une relation avec le visiteur Le mixage de l art conceptuel et de l art relationnel complexifie la nature de ces deux champs d tudes C est ce que je nomme une relation conceptuelle une relation qui a pour fondement l autod finition d un objet et le sens qu il porte en lui introduit dans une r alit sociale 31 Conclusion La nature incertaine de mon projet les essais les erreurs et les moments non calcules rendent mon travail difficilement contr lable Mon suvre se construit dans un environnement qui poss de ses propres codes son architecture ses perceptions Selon Paul Ardenne le travail de l artiste en contexte est hasardeux Cet investissement processuel de l artiste rend l acte artistique contextuel difficilement maitrisable De multiples param tres entrent en jeu propre l artiste engagement et pr sence choix ou rejet ventuels agr gation
19. en 2013 1 Bureau de recherche Galerie des arts visuels Universit Laval 2007 iii Table des matieres RESUME III TABLE DES MATIERES V TABLE DES ILLUSTRATIONS VII REMERCIEMENTS IX INTRODUCTION 1 PROCESSUS DE CONCEPTION DE L CEUVRE LE SENS ET L ESSENCE LA COMPLEXIT DES COMPLEXES 5 PR MISSES DE MES CONCEPTIONS MENTALES 6 L OBJET DE RECHERCHE 7 INFLUENCE DU CONTEXTE 9 PROCESSUS DE CLASSEMENT L OBJET ET L TRE 11 CLASSER LE MONDE 13 LA RECHERCHE SENSIBLE 13 ORGANISATION INDISCIPLIN E 16 PROCESSUS DE L GITIMATION DE L OBJET LA FONCTION ET L USAGE 19 LES DISPOSITIFS 21 LE R LE DE L ARTISTE 23 PROCESSUS D INT GRATION SOCIALE DE L OBJET I P E A D 25 LES MOMENTS DE L ART 27 LE PROCESSUS DE L ARTISTE 28 L ASPECT EXP RIMENTAL DE MA PRATIQUE 30 CONCLUSION 33 BIBLIOGRAPHIE 35 ILLUSTRATIONS 36 TABLE DES ILLUSTRATIONS IMAGE 1 36 IMAGE 2 36 IMAGE 3 37 IMAGE 4 37 IMAGE 5 38 IMAGE 6 39 IMAGE 7 40 IMAGE 8 41 IMAGE 9 41 IMAGE 10 42 vii Remerciements Je tiens tout d abord remercier ma directrice de recherche Marie Christiane Mathieu qui m a accompagn e dans l laboration du Bureau de recherche sur l art dans le cadre de la ma trise en arts visuels Elle a t d un r el soutien dans l avancement de mon uvre et de ma pens e Par mon travail d assistance de recherche pour son projet Musique de Char j ai t en contact avec plusieurs exp riences stimulantes Ma reconnaissance se di
20. ennent place au sein de nos institutions et nous reproduisons leurs fonctionnements dans nos habitations Les configurations de classement s installent aussi l int rieur de la r alit imm diate des individus cr ant des hi rarchies au travail ou encore entre les classes sociales Le classement du Bureau n est dict par aucune r gle c est un lieu changeant Aujourd hui il s installe dans l espace temporaire des Ateliers de la Ma trise en Arts visuels de l Universit Laval Le Roulement Billes pour une p riode de deux ans Ces ateliers se situent sur la rue Sainte H l ne de la Ville de Qu bec L adresse civique de mon 16 Bureau de recherche est le 334 de l difice sur le bord de la de garage fait face a l institution scientifique INRS Le mobilier bureau est en bois massif et prend place au centre d un espace fragment par des casiers immenses Je possede deux biblioth ques dont les livres ne sont pas ordonn s ils trouvent une place chaotique les uns aupr s des autres Chaque tage poss de toutefois son importance les ouvrages th oriques sont la hauteur des yeux les livres r f rentiels se trouvent en bas Dans le classeur on trouve les descriptions des auteurs des artistes et des chercheurs qui m ont influenc e Ils sont class s par ordre alphab tique et non par discipline Ils s entrem lent les uns aux autres Mes archives sont tri es partir d un sy
21. ies Dans la pens e foucaldienne ces tuteurs prennent la forme d un biopouvoir Il s agit de l exercice de l Etat qui s applique par une g rance de l tre humain l int rieur m me de son quotidien Certains artistes critiquent le fonctionnement de ces dispositifs par des moyens multiples en s infiltrant par le biais de P Kant Emmanuel 1854 1784 Elements m taphysiques de la doctrine du droit R ponse la question qu est ce que les lumi res Paris Librairie Auguste Durand p 281 22 leur pratique artistique dans diff rentes institutions en d jouant les normes et les conventions en occupant des lieux publics etc Le r le de Partiste Les recherches que j entreprends l int rieur du Bureau de recherche sur l art portent sur les demandes li es aux institutions et aux march s de l art Cette installation sociale est une representation des cons quences de l influence des dispositifs sur la vie de l artiste Qu il s agisse de l institution scolaire du gouvernement de l institution mus ale des galeries d art et des organismes subventionn s le travail de l artiste n est pas uniquement li au fa onnage d un objet mais aussi la l gitimation de ce dernier L artiste doit prendre diff rents r les au sein des institutions et du march L artiste de la critique institutionnelle Andrea Fraser fonde son travail sur une critique du milieu de l art par des crits et des
22. io Agambem d finit les dispositifs de cette mani re Tout ce qui a d une mani re ou d une autre la capacit de capturer d orienter de d terminer d intercepter de modeler de contr ler et d assurer les gestes les conduites les opinions et les discours des tres vivants Selon Agamben les dispositifs sont partout dans l criture le stylo l institution la philosophie la cigarette Un dispositif n cessite souvent plusieurs dispositifs Par exemple dans le domaine de l industrialisation des objets le produit final n est pas l unique dispositif il est constitu partir de l amalgame de diff rents champs d expertises de techniques et de r gles qui m neront une marchandise Ensuite l objet s insere dans un syst me de commercialisation Les dispositifs se trouvent en chaque chose Agamben Giorgio 2006 Qu est ce qu un dispositif Paris ditions Rivages poche Petite Biblioth que p 31 21 cr e Il s agit de l ensemble constitutif d une chose Cette chose est compos e d autres dispositifs qui en g n rent d autres Nous ne pouvons leurs chapper ils ont t cr s par et pour les humains l int rieur de certains syst mes les dispositifs servent contr ler l individu plut t qu l assister Par exemple ils sont employ s par des instances de pouvoir tat m dia religion de mani re ce que la personne n ait plus besoin de penser par elle m me Dep
23. itecture du sens complexit de la pens e l int rieur du complexe il est possible de voir des objets de trois types les objets utilitaires du quotidien les objets li s la recherche et les objets d coratifs L ensemble forme un Bureau un environnement fonctionnel o je travaille en tant qu artiste et chercheuse La complexit est li e la rencontre de ma pens e qui est singuli re avec celle d un interlocuteur En m impliquant dans le processus de l uvre l exp rience que j entreprends sur le lieu se complexifie Je ne donne pas un objet voir mais je donne un objet rencontrer interagir Par le biais de la recherche je tente de comprendre mon milieu mais aussi de l impliquer dans mon processus de r flexion et de production Afin d arriver une expertise je m appuie sur les th ories que j ai apprises lors de mon parcours cela me permet de comprendre le milieu de l art et les enjeux qui y sont li s Je travaille aussi partir d exp riences artistiques qui font l objet d une recherche exp rimentale Elle implique l accident le ratissage l observation l essai et l erreur La recherche sur l art en tant que processus artistique ajoute une complexit l environnement du Bureau Le Bureau de recherche sur l art traduit l espace de ma pens e en mots et en actes le lieu investi se construit selon mes interventions et mes rencontres Je transporte dans la r alit ma
24. mme des danseurs pour se d tacher des visiteurs afin de cr er une diff renciation entre eux et le public Ils d finissent l espace de l uvre par leur pr sence Dans la pi ce on ne voit que des corps humains Les personnes m ayant accueillie environ sept ou huit cessent leur mouvement et commencent discuter propos de citations issues de cinq si cles de pens es qui ont t pr alablement choisies par Tino Sehgal l artiste de cette oeuvre Les interpr tes prennent une position confortable dans la pi ce habit e par leurs mots Ils discutent autour d enjeux actuels li s l esth tique de l existence et la S Image 9 p 41 21 soci t de consommation Ils demandent quelquefois au visiteur Et toi qu en penses tu Une interaction se produit entre les interpr tes et le public provoquant une interrogation face l uvre Si je suis dans la pi ce et que j interagis avec l uvre de Tino Sehgal suis je une uvre Cette situation remet en doute nos perceptions puisqu elle se construit dans l imm diat de la rencontre avec le public Le moment de la production et de la diffusion est le m me questionnant ainsi la nature de l objet d art Le processus de l artiste Florent Dombois d crit dans son texte L art de recherche ce qui particularise la recherche en art Il voque l objet artistique comme un vecteur de connaissances qui se diff rencie de ceux produits par les scientifiques
25. moi une proc dure d empreinte de ma pens e qui me permet de garder la trace de mes exp riences Le m moire est l extension du Bureau de recherche sur l art se produit de la m me mani re que mon uvre ratissage intervention essai erreur recherche Le m moire est ce qui lie la r alit de l objet la r alit de ma pens e il donne un sens au Bureau de recherche Le texte se greffe au contexte Je le percois la fois comme une uvre litt raire une analyse un essai une th orie une uvre d art Au del de l gitimer mon travail il fait partie de mon processus de sensibilisation par la recherche Ce travail a pour but de montrer la r alit initiale de l objet par exemple le m moire et de modifier la perception que l on a de cet objet en l incorporant dans une ceuvre L insertion de documents crits dans mon projet participe la pr sentation de ma r alit d artiste et g n re le sens et l essence du Bureau de recherche sur l art Image 3 4 et 5 p 37 et 38 8 Influence du contexte L id e de structure complexuelle est inspir e des diff rents complexes qui fa onnent la r alit individuelle Ces complexes sociaux architecturaux institutionnels se g n rent les uns les autres afin de former un ensemble Dans un lieu de travail commun les individus partagent souvent les m mes aspirations coutumes et m urs Il existe une mani re de se comporter dans un groupe ou dans une culture Ces normes pr
26. n de l objet la fonction et Pusage Les dispositifs Le Bureau de recherche sur l art pose un regard sur la facon dont nous organisons nos societes Il s agit autant du monde des objets que du monde des vivants Les perceptions se forgent l int rieur des syst mes de pens es introduits par diff rentes instances qui sont parfois ext rieures l individu Dans ma recherche j entrevois les dispositifs comme des moyens qui peuvent servir l tre mais qui peuvent aussi nuire son volution La soci t est compos e de plusieurs syst mes l int rieur desquels se groupent des microsoci t s Dans mon Bureau je souhaite que les visiteurs et les visiteuses soient libres de penser par eux m mes et r fl chir l exp rience en cours Les dispositifs peuvent avoir un effet positif ou n gatif selon leurs usages Ils peuvent permettre une meilleure communication entre les gens et faciliter les rapports sociaux Ils peuvent aussi tout comme le pense le sociologue Pierre Bourdieu devenir le lieu d une lutte de pouvoir et d une hi rarchisation sociale Ces luttes s insinuent dans le langage des m dias des r seaux sociaux des institutions qui sont la base m me de nos organisations Puisque diff rentes formes de pouvoir et de dirigeants g rent les dispositifs afin de contr ler les individus le meilleur moyen de les contourner est d tre conscient de la mauvaise utilisation qu on en fait Giorg
27. nel La recherche sensible C est en traversant l uvre d Aby Warburg travers les t moignages des personnes l ayant connu que transparait la pens e de l tre au del de sa Biblioth que L environnement que je cr e est une mat rialisation de ma pens e Les visiteurs ont l impression d entrer dans une intimit un habitat impr gn d une pr sence symbolique Chaque livre chaque objet chaque geste et chaque parole produisent un ensemble de sens Les appariements de diff rents l ments se rencontrent l int rieur d un m me lieu afin de le g n rer et de l identifier La d finition se trouve l int rieur d un assortiment d objets qui trouvent une signification travers ma qu te de questionner la notion m me de Bureau Warburg est un historien et chercheur ayant t l auteur d une biblioth que Hambourg au d but du 20 si cle La Biblioth que de Warburg est un environnement qui poss de un syst me de classement particulier En effet elle est construite partir d un syst me de relations entre les livres plut t que d un syst me de classement traditionnel Afin de mieux saisir l affect de Warburg pour sa biblioth que je prendrai comme exemple une des Image 8 p 41 7 L affect est selon Spinoza ce qui engendre chez l individu non seulement une fascination de la pens e mais aussi du corps Pour Warburg la biblioth que n est pas uniquement un lieu sentimental
28. omme un concept qui permet la juxtaposition de plusieurs lieux en un emplacement r el La structure complexuelle que je mets en place par mon Bureau de recherche se juxtapose un lieu d j pr sent afin de laisser entrevoir le m canisme du dispositif en place et de questionner l ensemble des normes des comportements des rituels et des perceptions qui se rattachent l espace que j occupe Pr misses de mes conceptions mentales Avant d arriver la mise au monde du Bureau de recherche sur l art tel qu il apparait aujourd hui je suis pass e par toutes sortes de machinations qui visaient abolir le poids physique des objets M inspirant de la question Qu est ce que l art issue du mouvement conceptuel des ann es 1960 je tentais de rendre l art immat riel l image de ma pens e J ai pu constater par l entremise de mes archives que de l ann e 2003 l ann e 2007 moment de mes tudes au premier cycle universitaire le poids des objets que je produisais s est all g passant de la mati re visuelle une mati re autre discursive gestuelle crite sociale Dans un de mes textes de r flexion 2007 portant sur l art j voque le sens que prend l immat rialit au sein de ma pratique Mes recherches s laborent dans le fait que l art qui est fondamentalement une discipline ax e sur la conceptualisation l id e permet d explorer plus encore que la mat rialit visible m
29. on espace de travail tel qu il se pr sentait Hambourg L ceuvre d art est similaire cet acte engag il se trouve dans le quotidien et impr gne l existence de l auteur Organisation indisciplin e Ma mani re de classer tente de rompre avec le classement traditionnel L environnement spatial s difie d une mani re sensible il n est pas uniquement bas sur la fonctionnalit L institution poss de des fa ons de faire et des normes que je tente de d tourner L installation du Bureau de recherche sur l art l int rieur des Ateliers de la ma trise pose un regard sur la fa on de travailler de l artiste En questionnant la fonction du lieu jinterroge les perceptions que nous avons du r le de l artiste de son travail et des emplacements qu il investit Les mani res de classer sont bas es sur diff rents dispositifs traditionnels de num rotation ou de notation Souvent dans une biblioth que les livres sont ordonn s partir d un syst me disciplinaire et d un syst me alphab tique Dans les ordinateurs les donn es se classent de plusieurs mani res soit par la date de cr ation par le titre par la taille ou selon le type de document Dans les registres m dicaux les noms des individus sont group s par ordre alphab tique dans des dossiers Dans un livre les segments sont habituellement d termin s par des chapitres Les syst mes d organisation font partie de notre vie quotidienne ils pr
30. ont sans cesse remises en question l int rieur m me de leur milieu d apparition Il suffit de penser aux diff rents mouvements de l histoire de l art pour comprendre qu il s agit d un domaine o se produisent plusieurs changements ruptures mutations Les nombreux bouleversements de paradigme proviennent des recherches et des exp rimentations des artistes Dans mon Bureau de recherche sur l art les exp rimentations que je fais me permettent d acqu rir des connaissances personnelles et de les transmettre aux visiteurs lors de leur inclusion mon environnement L exp rimentation vise d finir les param tres constituant l uvre et sa totalit Ainsi j analyse les syst mes qui entourent et abritent l uvre Le dispositif est constitu de plusieurs l ments l espace social et architectural la culture les intervenants l artiste le public les travailleurs de l art les th ories les auteurs les Image 10 p 42 30 artistes et les mouvements de pens e Puisque je fais partie du syst me de l art et de mon uvre une autoanalyse de mon statut d artiste se produit parall lement ma recherche Je fais une anthropologie individualiste de ma culture partir des connaissances et des constats que je fais de mon milieu je questionne les visiteurs qui viennent ma rencontre sur la fa on dont ils per oivent le syst me dans lequel on se trouve Bureau en regard du dispositif de l art J accumul
31. performances qui d montrent directement la marchandisation et l institutionnalisation Dans un de ses crits elle d crit la relation entre l artiste professionnel et le march de l art What our modern myths of artistic production have effaced this latter fact that the professional artist like other laborers works not for his or her own satisfaction but for the enrichment of others Dans sa performance Official Welcome elle se d v t lors d un discours qui ressemble ceux que produisent les commissaires les galeristes les artistes et les travailleurs du milieu de l art Elle remercie les diff rents intervenants du mus e tout en enlevant ses v tements Elle pr sente l aspect pernicieux de la commercialisation des uvres d art par le biais d un striptease qui symbolise la marchandisation du travail de l artiste Elle montre la face cach e de l uvre en s appuyant sur le mythe de la prostitution et des transactions entre l artiste le commer ant et le public Le travail de l artiste actuel n est plus seulement bas sur la production d une uvre d art mais aussi sur sa mise en march Le premier r le que j attribue l artiste part celui de praticien de l art est le r le d administrateur de sa carri re Pour parvenir la reconnaissance plusieurs artistes doivent participer la vente de leurs uvres Par le biais de l envoi de documents diff rentes institutions il tente
32. rige aussi aux personnes qui m ont aid e dans mon cheminement ma famille mes amis es mes coll gues du domaine des arts mes professeurs es ainsi que les visiteurs et les visiteuses de mon Bureau de recherche sur l art Ys m ont permise d entrer en contact avec des perceptions multiples de l art et de m ouvrir de nouvelles connaissances de mon milieu de recherche Je souhaite aussi remercier Lisanne Nadeau la directrice de la Galerie des arts visuels de l cole des arts visuels de l Universit Laval qui m a guid e dans tout le processus de mon exposition finale 1X Introduction C est partir du constat que le monde des objets d art est aussi un monde de mots que j cris ce m moire assise l int rieur de mon uvre Le langage crit et verbal d crivant et l gitimant la production de plusieurs artistes actuels je me rends l vidence que je n y chappe pas Je passe beaucoup de temps d crire ma production effectuer des recherches sur mes projets afin de les expliquer utiliser diff rentes th ories venant appuyer ma pratique d finir ma d marche Mon travail d artiste est partag entre la production et l explication entre la cr ation d un objet et l crit ou le discours le l gitimant Par ce m moire je souhaite introduire l id e que l objet d art n arrive pas seul On le livre au regard on le diffuse en ne montrant qu une partie de sa r alit passe par un processus d int riorisation
33. rt du temps peints en blanc Plusieurs traces de peinture impregnent le sol et les meubles Des portes de garage donnant sur la rue Sainte Helene permettent d entrer et de sortir les travaux de grande dimension produits par les artistes Dans les ateliers on retrouve des chaises des tables des ceuvres des outils des bureaux On y remarque aussi plusieurs pi ces une salle de critique une salle manger une menuiserie une salle d informatique Les ateliers des artistes prennent la forme de cubicules s par s et fonctionnels Un autre espace existe en dehors de celui que l on voit que je nomme l espace de la pens e Il s agit de la pens e circulante du lieu qui est en quelque sorte l endroit o se forment les id es et les concepts c est aussi l espace o s installent les perceptions Les normes et les conventions sont int gr es la pens e circulante du lieu Il s agit de r gles non crites qui engendrent une mani re de faire et d tre Les normes tacites organisent l espace social et physique Cette mani re de faire et d tre dans un atelier en milieu universitaire est la suivante l artiste a pour mission de traduire son travail pratique m thode et cadre th orique de sa pratique en art en mots afin d introduire un discours provenant de sa recherche L atelier de l artiste en milieu universitaire prend souvent la forme d un lieu de recherche et de production Traditionnellement l atelier
34. scours de Cassirer un de ses amis et coll gues lors des fun railles du chercheur en 1929 son loge rem more l existence d un chercheur qui avait impr gn sa Biblioth que d une pr sence humaine Dans ce texte on comprend que Cassirer ne parle pas d une simple biblioth que mais d un lieu qui laisse transparaitre Aby Warburg Cette chaine ininterrompue de livres me semblait comme envelopp e du souffle d un magicien qui se tenait au dessus d elle telle une loi prodigieuse Et plus je m enfongais dans le sens cach de cette biblioth que plus cette premiere impression se renforgait se confirmait De la s quence de livres mergeait d une fa on toujours plus claire une s rie d images de themes et d id es originelles et derri re leur complexit j avais fini par voir se d tacher la figure claire et dominante de l homme qui avait construit cette biblioth que sa personnalit de chercheur promise une influence profonde Au del du lieu apparait l investissement de l tre La Biblioth que de Warburg est inspirante dans le fait qu elle est un syst me de recherche sensible dans lequel les livres sont investis de mani re affective incarnant un ensemble coh rent une ceuvre enti re Le d tachement du lieu et de l tre est impossible Ils coexistent dans une construction spatiale Michaud Philippe Alain Aby Warburg et l image en mouvement ditions Macula Paris 1998 p 228 Ibid p 226 14
35. st me logique de datation Deux autres tiroirs du classeur contiennent mes textes et mes dossiers d artiste Ils ne sont pas class s Tr s souvent l organisation initiale a tendance se d faire Les livres se m lent avec les carnets de notes le classeur m lange les dossiers les objets d coratifs se d placent La vie prend le dessus sur le classement J existe l int rieur du Bureau et mon mouvement engendre un chaos Les objets s animent dans ma recherche se m langent Dans mon classeur la fiche descriptive de Debord Guy tente de s infiltrer dans le dossier de Seghal Tino Calle Sophie dont le fichier est prolifique s parpille sur les meubles Des feuilles se retrouvent au sol Je les ramasse Je les consulte Je les remets en place Des tasses caf s accumulent sur les meubles laissant pr sager la fatigue des derniers jours Des bottes oubli es d bordent du tapis se prom nent en dessous de mon bureau J existe dans ce d sordre Alors que je tente d am nager mon environnement je ne fais que cr er un lieu instable et d sordonn qui se construit et se d construit Le Bureau de recherche prend la forme d un laboratoire d id es d sorganis es tout en continuant g n rer du sens op rer un travail L espace est activ par ma pr sence qui tend vouloir s chapper du lieu Le dispositif se compose et se d compose Image 6 et 7 p 39 et 40 17 Processus de l gitimatio
36. st bas sur ma propre r alit d artiste L espace qu est l uvre m habite et habite mon questionnement Par mes interventions sur le lieu je tente de d construire les tapes habituelles de production d une uvre Le Bureau de recherche sur l art est un endroit o l art se produit en direct dans un m canisme imm diat qui fait tat de ma r alit d artiste C est de cela qu il est question pour Florent Dombois l artiste contrairement au scientifique d construit les m thodes et les normes pour donner une vision du monde diff rente de celle de la science Il s agit d un milieu de savoir alternatif L aspect exp rimental de ma pratique L exp rimentation permet d interroger les fondements d un champ d expertise Quand un chercheur exp rimente il remet en doute les connaissances d j tablies les paradigmes et les th ories de son milieu Par la recherche il pose un regard sur un probl me non r solu ou une facon de faire inad quate Dans mon cas je questionne les rapports que les individus entretiennent avec le syst me de l art Mes recherches s inscrivent dans un contexte milieu artistique afin d en comprendre les rouages Puisque je fais partie du contexte je deviens l objet de ma propre recherche Le milieu de l art est une microsoci t model e par certains conditionnements qui sont n cessaires son fonctionnement des rituels des normes des langages et des m thodes Ces caract ristiques s
37. tait un endroit de fabrication d objet d art Aujourd hui il se transforme en Atelier Bureau Cette r alit modifie le travail et le comportement de l artiste Son r le n est plus seulement de produire un objet en atelier mais de le l gitimer C est pourquoi on retrouve souvent des livres des textes et des ordinateurs dans son espace Cohabitent dans un m me lieu de travail l objet et sa th orie Les deux se m lent dans un mouvement commun pour cr er du sens le sens de l uvre le sens de la pratique de l artiste le sens de l tre au monde des objets d art Image 6 et 7 p 39 et 40 10 Processus de classement Pobjet et l tre Classer le monde L id e de la complexit de mon uvre issue du concept de structure complexuelle r side dans le classement continuel que je dois y produire Le systeme de classement traditionnel se transforme en syst me de classement sensible Ma pens e n est pas intransigeante elle classe les objets d une maniere relationnelle presque abstraite Dans mon Bureau de recherche mon organisation spatiale refl te mon organisation mentale elle se fait a partir de la correspondance des objets collectivement Le mouvement de l existence l int rieur du lieu engendre un d sordre naturel qui emp che une r elle classification des choses En composant un dispositif de recherche sensible je complexifie la notion de classement en lui donnant un sens affectif plut t que fonction
38. u de recherche sur l art est une all gorie du lieu de travail de l tudiant et de l artiste Il s agit d un projet qui se construit pour tre expos Le mandat de l tudiant qui entreprend une ma trise est de travailler pendant deux ans sur un projet qu il devra diffuser Un m moire est crit conjointement l uvre afin de d finir un argumentaire autour de son travail pratique et th orique Le Bureau de recherche sur l art est l objet de ma recherche Au d but il s agissait d un lieu mim tique qui empruntait la r alit du chercheur au fil du temps il s est ancr dans mon quotidien Il ne s agit plus de mim tisme mais d une pr sentation de ma vie d artiste travers ma r alit Je m infiltre dans diff rents contextes par l entremise de l uvre Bureau de recherche sur l art Il s agit d une installation sociale qui s incorpore des environnements pour interroger l architecture physique du lieu ainsi que sa fonction initiale l int rieur du Bureau je travaille sur ma recherche en art je rencontre des gens sur le sujet je tente de comprendre les fonctionnements perceptuels de l humain face au syst me de l art Le discours que je produis est bas sur le questionnement des perceptions des conventions et des normes qui organisent le monde de l art En incluant ma pr sence dans l uvre je m implique dans son processus de r ception par le visiteur Je m infiltre l
39. uis longtemps de nombreux chercheurs et penseurs ont revendiqu la domination des tres vivants par le pouvoir Kant en parlant du Si cle des Lumi res soutient que les humains devraient utiliser leur propre entendement afin d tre autonomes Il introduit l id e d une tutelle de l individu influenc par la g rance de diff rents pouvoirs L tat de tutelle est l incapacit de se servir de son propre entendement sans la conduite d un autre On est soi m me responsable de cet tat de tutelle quand la cause tient non une insuffisance de l entendement mais une insuffisance de la r solution et du courage de s en servir sans la conduite d un autre Sapere 13 aude Aie le courage de te servir de ton propre entendement A cette poque l on esp rait du Si cle des Lumi res que la philosophie soit le lieu d une meilleure connaissance individuelle Le programme des Lumi res tait de donner chacun le pouvoir de son propre entendement partir d une meilleure compr hension du monde La pens e de Kant souscrivait celle d une modernit d mocratique travers laquelle l individu serait libre de penser par lui m me engendrant ainsi la fin des pr jug s Il voyait en diff rents tuteurs l tat et la religion des formes de pouvoirs ext rieurs l individu Il soumet l id e que nous avons engendr des tuteurs en encourageant leur propagation par leur intrusion dans nos v
40. vision personnelle de l art qui se base sur une part fictive de moi une utopie r elle o je personnifie mon propre r le et o je m installe dans un espace autre l int rieur de mon uvre Il y a donc des pays sans lieu et des histoires sans chronologie des cit s des plan tes des continents des univers dont il serait bien impossible de relever la trace sur aucune carte ni dans aucun ciel tout simplement parce qu ils n appartiennent aucun espace Sans doute ces cit s ces continents ces plan tes sont ils n s comme on dit dans la t te des hommes ou vrai dire dans l interstice de leurs mots dans l paisseur de leurs r cits ou encore dans le lieu sans lieu de leurs r ves dans le vide de leurs c urs bref c est la Image 1 et 2 p 36 douceur des utopies Pourtant je crois qu il y a et ceci dans toute soci t des utopies qui ont un lieu pr cis et r el un lieu qu on peut situer sur une carte Pour Foucault les utopies qui ont un lieu pr cis sont des h t rotopies Il s agit des lieux de pens e que l humain introduit dans le monde r el Le Bureau de recherche est un lieu h t rotopique qui pr sente mon utopie il est le miroir de mes constructions mentales Il s agit d un espace difficile qualifier et saisir Il est complexe par les espaces qui en font partie l espace physique l espace mental et l espace social Foucault d crit l h t rotopie c
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