Poésies concrètes: de l`espace de la page à la scène de la
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1. tLe groupe comprenait les fr res Augusto et Haroldo de Campos ainsi que D cio Pignatari Ce classement des signes se fonde sur la nature du rapport entretenu par le signe avec la r alit ext rieure respectivement conventionnel de d notation de contigu t fum e pour le feu et de ressemblance tache de sang pour le rouge ou id ogramme 3 La performance est l actualisation devant un public potentiel d un contenu variable d expressivit gt MaRTEL 2000 Il s agit d un art vivant mis en uvre par des artistes GoLoserc 1988 9 alors que pour le groupe Fluxus toute activit m me lorsqu elle n est pas labellis e et pr sent e comme une performance pr sente des caract res performatifs Ainsi la simple lecture ou r ception d une partition peut constituer une performance en linguistique les verbes performatifs sont des verbes dont l nonciation revient r aliser l action qu ils expriment selon John Austin quant la performance en grammaire g n rative Noam Chomsky elle est la manifestation de la comp tence i e du syst me de r gles int rioris par les sujets comme l est la parole en grammaire structurale En outre pour Mallarm un livre suppl e tous les th tres non par l oubli qu il en cause mais les rappelant imp rieusement au contraire MALLARM 2003 201 SDans un entretien de 1992 il appellera galement le lecteur le completor celui qui compl te le po me2. GomRINGER 1993 404 SA DE Campos 1993 373 parle de ses projets actuels d images en mouvement comme de l opportunit la plus compl te de mat rialiser sa vieille id e de la po sie verbi voco visuelle mot repris Joyce signifiant la conjonction des trois aspects du mot Je pense l auto organisation des impressionnistes 1873 des futuristes 1912 et des dada stes 1920 8Pour la r daction des deux sections venir je me suis largement inspir de Goorrey 1998 Woop 2002 et ARDENNE 2002 2Cf le troisi me point de sa d claration d intention PeLzer 2001 7 10 d clarera dans le m me manifeste qu tre artiste aujourd hui signifie questionner la nature de l art KosutH 1969 920 Pour L Weiner la po sie c est ce qui est propos de l intraduisible de r actions ineffables et d motions entre les humains PELZER 2001 13 C est un paradoxe dans la mesure o le relativisme conceptuel est la base m me de l id alisme selon lequel le point de vue du sujet cr e son objet 8 Jenny Holzer constatant que certains de ses textes par ex ses Inflammatory Essays 1989 sont trop longs pour tenir sur un bandeau lumineux lectronique que les gens regardent 30 secondes va leur proposer une autre structure de r ception la rue ou la galerie d art Gonrrey 1998 375 Par po sie pas po sie j entends une po sie d saffubl e du lyrisme qui lui est habituellement asso
3. 2003 uvres compl tes t ll d de B Marchal Paris Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade MaRTEL Richard dir 2001 Art Action 1958 1998 Qu bec d Interventions MARTEL Richard 2000 Performance tages esse n 40 MARTINEZ Roberto 1997 Inventaire des imprim s et des allotopies Rueil Malmaison Ed Centre d Art Contemporain de Rueil Malmaison Massari Maristella 1998 L istinto di conservazione Steve 16 pp 64 69 MoLnaRi Mario 1984 Entretien avec Sarenco Lotta poetica n 17 nuova serie pp 61 62 MoLLET VIEVILLE Ghislain 1995 Art minimal amp conceptuel Gen ve d Albert Skira PELZER Birgit 2001 Objets dissoci s Les nonc s sculptures de Lawrence Weiner Les Cahiers du Mus e d Art Moderne n pp 5 29 Ponce Francis 1961 M thodes Paris Gallimard RocHirz Rainer 1998 L art au banc d essai Paris Gallimard SENE Harriet 1999 Disturbances in the Fields of Mammon in Billboard Art on the Road pp 14 30 Sour Mary Ellen ed 1968 Concrete Poetry A World View Bloomington et Londres Indiana University Press SParoLA Adriano 1969 Vers la po sie totale Marseille d Via Valeriano 1993 WILLIAMS Emmett ed 1967 An Anthology of Concrete Poetry New York Something Else Press Inc Woon Paul 2002 Conceptual art Londres Tate Publishing
4. l estate delle avanguardie a Fiumalbo Reggio Emilia Diabasis Goorrey Tony 1998 L art conceptuel trad N Haddad Paris Phaidon Press Ltd 2003 GoLoBer6 Roselee 1988 La performance du futurisme nos jours trad Christian Martin Diebold Paris Thames and Hudson 2001 GOMRINGER Eugen 1977 konstellationen ideogramme stundenbuch Stuttgart philipp reclam jun GOMRINGER Eugen 1997 theorie des konkreten poesie texte und manifeste 1954 1997 Vienne edition splitter GOMRINGER Eugen 1993 Entretien avec Jacques Donguy in BLIST NE et LEGRAND ds 1993 398 405 Hanna Christophe 2003 Po sie action directe Paris AI Dante HarissoN Charles et Woon Paul ds 1992 Art en th orie 1900 1990 Paris Hazan 1997 Hors limites Paris Centre Georges Pompidou 1994 Jenny Holzer Londres Phaidon Press Limited 1998 Kosuth Joseph 1969 L art apr s la philosophie in HARRISON et Woon ds 1992 916 927 KUHN Thomas 1962 La structure des r volutions scientifiques Paris Flammarion 1983 Lawrence Weiner Londres Phaidon Press Limited 1998 Le Wirr Sol 1967 Alin as sur l art conceptuel in HARRISON et Woon ds 1992 910 913 Lvoraro Jean Fran ois 1979 La condition postmoderne Paris d de Minuit MALLARM St phane 1998 uvres compl tes t l d de B Marchal Paris Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade MALLARM St phane
5. Fiumalbo en Italie Cette ann e l Mario Molinari le maire de gauche de ce village situ pr s de Florence associ au peintre Claudio Parmiggiani invita des po tes et des artistes investir les rues et les espaces publics de la localit 144 participants de onze pays furent convi s dont plus de la moiti se d plac rent Les autres envoy rent des travaux Il y avait notamment le futuriste Carlo Belloli le dada ste Raoul Hausmann Henri Chopin Mauricio Nanucci Bruno Munari Eugenio Miccini Adriano Spatola Arrigo LoraTotino Julien Blaine Jean Fran ois Bory Pierre et Ilse Garnier Ben Vautier les concrets Japonais Ernst Jandl Franz Mon Dick Higgins George Maciunas George Brecht Jiri Kolar etc 235 Te EXC TES E N PERF 0 R M A N CE lls crivirent sur les murs sur les routes sur des affiches et des tracts sur des habits sur des pancartes surles arbres ils diffus rent galement des bandes sonores du balcon de la mairie et projet rent des films L id e des organisateurs tait d offrir un lieu de rencontre et d change aux artistes et po tes d horizons divers de leur donner interpr ter un village en le consid rant comme un espace dont ils auraient jouir libre ment les sortant du livre et des galeries afin de les mettre en contact avec un public non habitu l art c est dire qui ne soit pas impr gn de pseudo culture petite bourgeoise Parole sui muri 23 Dans le catalogue cons
6. alors que dans l autre on propose un texte la perception r flexion En outre si la forme elliptique de la publicit a des raisons financi res et conatives il n en va pas de m me pour la po sie concr te visuelle et largie des caract ristiques d une apparente simpli cit offrant souvent de multiples niveaux de sens Ainsi comme le rel ve P Castellin le am mn rouge du po me concret cloaca de D cio sas Pignatari c est le rouge d avant pendant et Lee apr s la marque qui l utilise et que le po me CO CEE cite Autrement dit il est autant du rouge pr conceptuel que celui de la marque en question autant le signe de sa r volte contre celle ci que rlcouce le symbole de ses victimes C est cet ensemble de traits signifiants qu il faut prendre en compte dans une interpr tation Mais alors si la po sie largie subvertit la pratique commerciale habituelle sous le mode du virus y a t il une distinction entre une affiche militante et une intervention de po sie rue par exemple Oui Dans un cas on passe l acte en vue d une transformation de la soci t ou d une partie d entre elle alors que dans l autre on passe l acte pour soi m me et un public en vue d un effet symbolique la performance s inscrivant dans l art la litt rature et leur histoire Si la soci t ne s est pas transform e la suite d une action militante celle ci a chou alors qu une performance engag e pe
7. de l art conceptuel celles de J Kosuth selon leur origine et les conditions de leur r cep tion De surcro t ces travaux se caract riseraient en cons quence de mani re totalement antinomique comme mat rialisation de la po sie ou au contraire comme d mat rialisation de l objet d art Cela dit je ne crois pas qu on puisse identifier la posture des artistes conceptuels celle des po tes concrets Pour voquer rapidement une probl matique capitale je pense qu il y a des comp tences propres aux pratiques contemporaines d criture par exemple des capacit s de r f rence l histoire de la litt rature de compilation de cr ation et de montage de mat riaux h t rog nes le dispositif PME XiT E S E N 0 R M A N CE Ainsi lorsque l on aborde des travaux dans la rue il faut non seulement tre attentif aux param tres mat riques dont nous avons parl veiller lisomorphisme fond forme et la densit s miologique du texte court c est la le on des concrets mais galement tenir compte des nombreux l ments propres au contexte qui informent le po me export le lieu le moment ne sont pas neutres ils ont une incidence sur la nature du texte les formes communicationnelles pr existantes les codes et mod les ambiants la contextualisation de l criture hors du livre exercent des contraintes sur la longueur et la complexit du texte Les po tes sont confront s ces diff rentes question
8. de la r partition des blancs dans son po me je ne transgresse cette mesure seulement la disperse 1998 391 La diff rence n est alors pas tant quantitative que qua litative l espace du texte et des blancs uvrant ainsi une signification globale l laboration de laquelle le lecteur est incit participer activement LON SE ES TA N CE D U M A T E R EL 229 C est donc le rapport entre cette dispersion dans ce qu elle a de fonda mentalement novateur et de syst matique dans la po sie concr te et la performance que je vais rapidement examiner sous quatre diff rents aspects a Tout d abord la fa on dont le performeur donne litt ralement corps son propos par son implication physique devant le public ou dans le dispositif tridimensionnel qu il donne voir par exemple dans lappa reillage m diatique ou technologique mis en jeu le texte concret nous l avons vu insiste sur sa mat rialit sur des informations qui ne fai saient jusqu alors pas sens dans la po sie traditionnelle comme le type la taille ou la couleur d une typographie par exemple b Ensuite si dans la performance la participation du spectateur est sol licit e pour faire exister l acte dans son accomplissement en po sie concr te le lecteur joue galement un r le actif En effet la nouvelle spatiali sation du po me sa forme ouverte sa g n ralit non syntactique demande souvent tre compl t e ou activ e par le
9. la langue pour la transformer Ce n est pas une forme autonome elle embraye sur son contexte et le transforme en s y adaptant structurellement Hanna 2003 19sq Limportance du contexte me fut galement manifeste lorsque feuilletant l ouvrage Art Action 1958 1998 je pris une photographie des barricades du 10 11 mai 1968 dans la rue Gay Lussac pour une intervention artistique Akenaton Martigues Catalogue du mus e Ziem 1993 ARDENNE Paul 2002 Un art contextuel Paris Flammarion Barbara Krueger Siena Palazzo delle Papesse Centro Arte Contemporanea 2002 Billboard Art on the Road North Adams MASS MoCA 1999 BLIST NE Bernard et LEGRAND V ronique ds 1993 Po sure et peintrie D un art l autre Marseille Ed Mus es de Marseille R union des Mus es Nationaux 1998 CASTELLIN Philippe 1993 De la po sie restreinte la po sie g n ralis e in BLIST NE et LEGRAND ds 1993 285 317 CASTELLIN Philippe 2002 Doc k s mode d emploi Paris AI Dante Conceptual Art Londres et New York Phaidon Press Limited 2002 DE Campos Augusto 1993 Entretien avec Jacques Donguy in BLIST NE et LEGRAND ds 1993 372 379 DE Campos Augusto 2001 Poesia 1949 1979 Cotia Ateli Editorial DE Campos Augusto 2002 Anthologie despoesia Paris Al Dante Te EXC TES E N P E RFO R M A N CE Beetk s Action n 29 30 31 32 33 avril 2004 GazzoLa Eugenio 2003 Parole sui muri
10. les restes d une civilisation bri vement entrevue et subitement perdue Moi entre temps avec une tendre attention je continuerai vous recueillir et vous conserver pour que ceux qui seront n s plus loin de vous puissent fina lement vous comprendre Massari 1998 68 Conclusion Un certain nombre de po tes et de th oriciens critiquent la po sie largie dans la mesure o les contraintes contextuelles dictant les modalit s de son apparition publique l assimileraient de la publicit Par exemple Harriet Senie se demande si vendre des id es est diff rent de vendre 237 PME XiT ES E N P E RFO R M A N CE D cio Pignatari 1957 des produits 1999 25 Quant Matthew Collings il pr tend que le postmodernisme conceptuel des artistes d aujourd hui ne pr sente pas de vraies id es mais que ce sont plut t des slogans comme les slogans dans la publicit in Woon 2002 75 ll est vrai que la po sie largie pour r ussir sa sortie du livre doit adopter les normes communicationnelles en vigueur ces similitudes formelles semblant militer pour une identification des deux pratiques Mais ce serait oublier que les buts de l une et de l autre sont diam tralement oppos s l emploi des m mes moyens et l utilisation des m mes lieux d exposition tenant plus l tat d esprit d une poque qu aux objectifs de chacune des pratiques Dans un cas il s agit clairement de faire vendre des produits
11. mais qu elle s est aussi constitu e en un domaine artistique particulier ire aching universal benev Pope Eugenio Miccini 1966 La seconde critique que l on peut faire cet usage du langage mane du Joseph Kosuth 1967 Courant conceptuel lui m me En 1971 John Baldessari cesse tout travail sur les mots Plus tard il s en expliquera ainsi Dites moi si je me trompe mais mon sens tous les artistes qui ont un jour utilis le langage ont d recourir de plus en plus au visuel pour dire la m me chose au point de ne plus faire que du spectacle visuel au d triment du sens lls taient condamn s faire monter les enjeux Voil pourquoi j ai arr t d utiliser les mots gt C est aussi ce qu crira Tony GoorreY 1998 351 375 propos de Jenny Holzer mesure que son travail devient plus grandiose et technique ment abouti la dimension visuelle pr domine sur le sens des mots Les lampes clignotantes qu elle utilisa lors de la Biennale de Venise en 1990 o elle b n ficiait d un budget exceptionnel identifiaient davantage son LON SE ES TA N CE D U M A T E R IEL Jenny Holzer 1990 Une porte sur uvre une discoth que La pulsion de la lumi re tait plus manifeste que les mots Non seulement il n y aurait pas d attention suffisante au langage mais la d mesure visuelle et la prolif ration technologique des uvres concep tuelles en gommeraient tout contenu Enfin m
12. re a fortiori dans un plus grand nombre de contextes encore contextes politique conomique thique spatial temporel communica tionnel psychologique etc 5 Nous pouvons ainsi r sumer la position de l art contextuel en disant qu il s oppose la repr sentation classique comme la perspective autor f rentielle de l art conceptuel et qu il tente de faire valoir le potentiel critique de pratiques artistiques qui sont propos es sur le mode de l inter vention ici et maintenant Critiques Le probl me de ces occupations textuelles de l espace public c est me semble t il que l criture est une technique que les artistes ne ma trisent pas n cessairement Mais y a t il v ritablement des comp tences avoir pour faire de la po sie aujourd hui autrement dit de la po sie qui tienne compte de l poque dans laquelle elle s crit po sie pas po sie ou pe sie par opposition ses formes historiques et traditionnelles Bruce Nauman in Woop 2002 46 affirme que pour tre artiste conceptuel on n a plus besoin d un savoir faire ou d une habilet quel conque De fa on sym trique Philippe CaSTELLIN 1993 316 pense que la po sie est d nu e de toute forme sp cifique Selon lui la distinction art po sie ne ferait sens qu institutionnellement puisque les m mes objets ou uvres seront catalogu s tant t comme de la po sie concr te ou visuelle les d finitions d E Miccini tant t comme
13. Po sies concr tes de l espace de la page la sc ne de la rue Lorenzo Menoud La po sie est ce qui rend la vie plus int ressante que la po sie d apr s Robert Filliou On peut consid rer l volution de la po sie de ces derni res ann es comme la mise en performance du texte qui la constitue C est manifeste si l on observe la multiplication actuelle des lectures publiques des fes tivals de po sie sonore et autres soir es de slam poetry Mais on peut galement retracer un tel mouvement dans la po sie telle qu elle s crit depuis un demi si cle Plus pr cis ment il s agira dans cet article d une part de montrer la fa on dont la po sie concr te r alise cette v nementialit dynamique qui caract rise la conception largie de la performance qui nous a r unis lors de ce colloque et d autre part de proposer sur la base de cette position historique ce qui pourrait repr senter un prolongement de cette mise en acte savoir l occupation de la sc ne de la rue par l crit dans un mouvement plus ou moins re construit du texte qui ayant quitt la ligne du vers occup l espace de la page serait enfin sorti du livre pour investir la rue 2 3 de blanc S M La po sie concr te a t fond e dans les ann es 1952 3 et en toute ind pendance par le groupe Noigandres au Br sil et par le Suisse Eugen Gomringer Poursuivant le travail des futuristes italiens des constructivistes russes des d
14. a derni re remarque critique vise simplement relever que les contingences sociopolitiques dans lesquelles les artistes engag s dans l art contextuel ont inscrit leur pratique ne sont pas n cessairement le gage d un travail de qualit Il s agit souvent de d clarations d intention de p a aus un vell it s provocatrices d actions faites dans bki EH EHK l urgence et dont les propri t s formelles ou ta proc durales passent apr s l impact social et politique De plus on a parfois le senti ment la lecture de revues de r sistance culturelle comme Adbusters par exemple de lire voir de la publicit anti publicit de consommer une mode parmi d autres avec les m mes techniques de transformation de l image graphisme de soucis du look d ap pel au spectaculaire le possible Fiumalbo Les pratiques d exportation du texte sont rares en po sie Ainsi bien que certains po tes concrets tels qu Augusto de Campos aient effecti vement crit de la po sie hors du livre cela n a t ni syst matique ni programmatique Plus tard d s les ann es 80 on a pu compter nombre d exp riences performatives je pense notamment aux travaux d Alain Arias Misson de Jean Yves Fr chette ou d Akenaton mais cela a toujours t le fait de po tes isol s ou de petits groupes aux actions ponctuelles Pourtant la premi re intervention po tique collective en milieu urbain eut lieu en 1967 d j entre le 8 et le 18 ao t
15. acr cette manifestation les po tes insistent beaucoup sur son caract re utopique Ainsi J Blaine crira Fiumalbo c est Potemkine il permet l organisation d un monde parall le qui deviendra le monde premier Parole sui muri 26 Ils d criront notam ment la ville comme une phrase un objet ou le lieu de projection concr te de la vie soulignant les qualit s spatiales de cette rencontre Dans le monde entier la po sie est en train d accomplir un violent mouvement d volution et de r volution La po sie devient objet manifeste musique et carr ment machine Mais locca sion d avoir notre disposition un village est plus unique que rare Ce n est plus la galerie d art plus le mus e et naturellement plus la page du livre mais l espace comme environnement po tique par excellence SParoLA Parole sui muri 65 Voil les faits Qu en tirer pour notre propos Tout d abord j aimerais m arr ter cette date charni re de 1967 En effet on peut dire qu elle co ncide avec la fin d une premi re phase clas sique d exp rimentation concr te puisque cette ann e l para t la fameuse anthologie de Emmett Williams of Concrete Poetry tir e 17000 exemplaires C est galement en juin 1967 la galerie Dwan de New York que se tient une exposition qui marque pour certains l apparition de l art conceptuel Enfin le m me t Sol Le Witt crit son fameux article dans lequel il en donne une p
16. ada stes ou du Bauhaus ces po tes ont inaugur une nouvelle fa on d aborder le langage et de faire de la po sie Tr s vite ce mouvement litt raire a d pass les fronti res de ces deux pays et s est massivement internationalis La po sie concr te peut se d finir par les traits structurels suivants mise en cause des formes traditionnelles de la po sie par une importance accord e au mot ou la lettre isol s comme mat riau par une forte spa Te EXC TES E N PERF 0 R M A N CE tialisation et par une critique du contenu subjectif et expressif de la po sie classique S il y a de nombreuses conceptions de la po sie concr te il existe cependant un point commun Ww y chacune d entre elles savoir la concentration sur 4 le mat riau physique duquel le po me ou le texte est fait Sour 1968 7 C est bien la langue qui constitue m ni la sp cificit de la po sie et non les motions ou les I g id es qu elle peut exprimer Ainsi le po me concret va utiliser les l ments propres au langage la lettre ou fragment de lettre la syllabe le mot etc qui seront trait s la fois comme symboles indices et ic nes dans la terminologie de Charles Sanders Peirce Cette focalisation sur sa mat rialit implique que le po me concret communique d abord et avant tout Eugen Gomringer 1969 sa propre structure L l ment visuel tend alors tre formel contraire ment aux calligrammes il est une
17. aujourd hui probablement plus facile d acc der aux institutions qu auparavant il est illusoire d imaginer inscrire la po sie dans la rue de mani re syst ma tique et organis e C est un euph misme de dire qu elle ne constitue pas une priorit des politiques publiques de la ville et des tats et rien ne semble indiquer qu il en sera autrement dans un avenir plus ou moins proche Cela dit bien que tout art ou po sie soit vraisemblablement incapable de r volutionner un quelconque tat de choses contrairement la foi auto proclam e des avant gardes il peut cependant amorcer une pratique thique de reconqu te de l espace public et de ses modalit s de la fa on de financer un projet de travailler avec les autres ou de concevoir son rapport au public Il y a des mani res marginales de r sister les r seaux de po sie des fa ons sauvages de combattre par l humour le d tournement ou le sprayage La po sie largie donne ainsi une forme concr te et partielle l utopie r alisant une allotopie savoir un lt autre lieu remettant en cause les lieux politiques habituels de l Art Martez 1997 C est pourquoi j aimerais que l on consid re Fiumalbo comme le paradigme certainement id alis de ce qu aurait pu tre le monde et la po sie dans celui ci Prouvez nous que ce ne fut pas un hasard mais une g n ration moins paresseuse que la n tre que vos uvres ne sont pas des gribouillages mais
18. ci et lib r e des formes traditionnelles du vers ajoutant ou substituant aux qualit s formelles des dispositifs contextuels alors que P CasTELLIN 1993 310 utilise pe tes mot qu il barre pour signifier que de l largissement des signifiants po tiques et de la transgression g n ralis e des bordures r sulteront avant tout l affaiblissement des quadrillages et des cloisonnements l effacement du LON SE ES TA N CE D U M A T E R EL 241 caract re absolu des cat gories li es au feu Syst me des Beaux Arts et l apparition d une s rie d uvres hybrides mul tres par d finition instables insituables ind cidables L acte d exportation c est la mise en corr lation directe et physique du monde et du langage CASTELLIN 2002 262sq 1Le fait que les artistes conceptuels utilisent souvent des phrases d auteurs classiques pour r aliser des mises en espace le langage trouv de Glenn Ligon sans investissement langagier propre corrobore mon argumentation Ainsi l artiste Roni Horn va employer des textes de Franz Kafka et d Emily Dickinson et Joseph Kosuth va utiliser Sigmund Freud et Ludwig Wittgenstein PCF Hors Limites 1994 362 et Le Wirt 1967 18Postures r volutionnaires dont les paradigmes artistiques sont la fontaine de Marcel Duchamp 1917 le carr blanc sur fond blanc de Kazimir Malevitch 1918 et les 433 de John Cage 1952 En po sie on pourrait retenir les po mes fut
19. cons quence du po me une image des lignes de force du travail lui m me Cette nouvelle disposition typographique du mat riau linguistique dans l espace de la page d place la lin arit du po me en vers par diff rents proc d s dispersion clatement regroupement effacement superpo sition etc Autrement dit plus que d aligner des signes lire le po me concret construit un v ritable objet pour la perception visuelle c est un art de pr sentation directe du mot utilisant les l ments s man tiques visuels et phon tiques du langage comme mat riau brut d une fa on rarement utilis e par les po tes du pass Wiliams 1967 vi La po sie concr te proc de ainsi une requalification radicale de la po sie Emmett Williams 1958 et des param tres pertinents sa signification et son analyse Cela dit si l on envisage la performance comme une mise en acte ou en action d un mat riau ce en quoi like ailracts like like atiracis like toutes les d finitions co ncident qu elles soient like altracts like po tiques artistiques ou linguistiques on peut like attracts Tike like sttracts like like attracts like like atiracts like likeattract dike likalirac itike likat adike litre likir ati ka Khia consid rer que la po sie concr te r alise une per formance du texte po tique traditionnel Comme l crit le pr curseur St phane MALLARM dans sa pr face au Coup de d s parlant
20. galement un art r flexif analytique qui va interroger son propre statut se demandant quels sont les fondements m me du concept d art GopFrey 1998 13 En effet d s les ready made de Marcel Duchamp les artistes de ce courant vont s int resser plut t des questions de fonction que de forme posant dans leurs uvres des Lawrence Weiner 1970 probl matiques philosophiques concernant les codes de repr sentation Lawrence Weiner 1996 les m canismes de la pereeption ou l ontologie de l art et de ses objets Plus sp cifiquement le langage et le texte seront pr pond rants dans l art conceptuel dans la mesure o ils permettent d exprimer ce nouveau mat riau id el L uvre d art est alors con ue comme un nonc tautologique ou une proposition analytique qui int grera souvent leurs nombreuses r flexions th o riques sur l art Enfin leur d go t pour l objet marchandise V Burgin parle de la pollution cologique de ces kilom tres de toiles qui encombrent les sous sols des mus es in Gonrrey 1998 167 les portera vers l abstraction linguistique Cependant ces artistes ont toujours refus qu on les assimile des critiques ou des crivains que ce soit cause de la plastici sation de leurs id es de l agencement de leur texte des emprunts litt raires des auteurs classiques ou en raison de leur vision restrictive et conventionnelle de la po sie En r sum on peu
21. h oris Les po tes se sont plut t pr occup s de r fl chir aux formes de leur po sie et celles de leurs pr d cesseurs ou aux dispositifs et proc d s mis en uvre Quant aux th oriciens le d roulement historique des faits n a pas organis la mati re de fa on leur donner ce fil sp culatif C est une reconstruction que j accomplis ici imaginant un espace possible entre la po sie concr te et l art conceptuel Si l on consid re ce qui se fait dans l criture hors du livre dans ce que j appelle la po sie largie reprenant ainsi l adjectif attribu un certain cin ma d avant garde on s aper oit que ce sont les artistes plus que les po tes qui l ont pratiqu e occupant logiquement l espace public qui a toujours t un de leurs lieux d expression plastique notamment avec la sculpture En effet d s le d but du 20 si cle les artistes vont commencer quitter les lieux institutionnels pour pr senter leurs uvres dans la rue les espaces publics la campagne ou dans les m dias et prendre en charge leur uvre sans n cessairement passer par des agents des conservateurs ou des commissaires d exposition Parmi ces artistes crivants je distinguerais deux groupes les conceptuels et les contextuels bien que ces cat gories ne soient pas herm tiques ainsi apr s les ann es 70 nombre d artistes conceptuels vont faire de l affichage plus ou moins engag que ce soit Joseph Kosuth Victor Burgin o
22. ion plus ou moins dissonante dans celui ci Non seulement il communique du sens mais il a galement des qualit s plastiques qui font qu il concourt la qualit ph nom nologique d un lieu Je ne crois pas qu il faudrait laisser cet aspect impens L espace public est par d fi nition un lieu commun de sociabilit de rencontre et d change savoir ni un canal automobile ni le monopole d int r ts commerciaux priv s Il y a dans la pl thore de publicit une id e sous jacente qui est qu on se r v lerait qu on s panouirait par et dans la consommation induisant un seul mode d tre et d change entre les gens Ainsi occuper de tels espaces avec de la po sie c est aussi proposer provisoirement d autres valeurs communes et sugg rer que d autres pr occupations sont pos 239 PME XiT ES E N PERF 0 R M A N CE sibles Je sugg re donc que la po sie largie participe parfois de fa on planifi e et institutionnelle et parfois de mani re totalement sauvage ou spontan e l architecture et l urbanisme En fait c est cet quilibre empirique et instable entre adh sion et contestation culture de masse et culture savante qu il s agira chaque fois d inventer la po sie largie devant encore trouver une v ritable expression la fois visuelle les concrets plastique les conceptuels en situation critique les contextuels et plus ou moins organis e l chelle d une communaut Fiumalbo
23. lais et du fameux livre de Thomas Kunn 1962 La structure des r volutions scientifiques les artistes contextuels ont pris conscience des d terminations sociopoli tiques qui conditionneraient notre mani re de repr senter le monde Ainsi selon eux l art ne devait plus tre divis en esp ces naturelles Group Material 1990 savoir en objet d art et non objet d art donn s a priori C est notre langage et n plus g n ralement nos sch mes concep 1 Jorane tuels qui d termineraient nos classifica we May Not lave homage tions Ces interrogations relativistes ont paradoxalement permis d arracher l art son id alisme l art contextuel ne se cantonnant plus au domaine esth tique Tout tant art il se devait alors d occuper le terrain de la vie par une mise en valeur de la r alit brute des choses produites dans l instant et en contextes Mais qu est ce que le contexte C est l en semble des circonstances dans lesquelles s ins re un fait Nous avons d j vu en de But We bo Aive Names L ON SE ES TA N CPE D U M A T E R IEL 233 parlant de la po sie concr te que nombre de param tres mat riques CasteLLin 2002 25 qui taient jusqu alors transparents comme la forme ou la couleur d une typographie sont devenus signifiants Exposer dis Barbara Krueger 2002 poser disperser des mots dans la ville nous confronte aux conditions mat rielles de la vie et nous ins
24. lecteur Le po te d termine l aire de jeu le champ de forces et en hypin Fiepp sugg re les possibilit s le lecteur le E EE nouveau lecteur saisit le jeu et s y Dii associe crivait E GOMRINGER 1997 en 16 dans son premier manifeste en daimi De pph 19545 Tes Prec c De plus la spatialisation de la po sie concr te correspond la contex Fetes Fu a i tualisation de la performance au fait alle HE Eh mg qu elle se d roule en un lieu sp ci den pamir o pr an fique et qu elle poss de une dur e d termin e espace temps qui fait Iy sens comme la disposition des H La LIT sm rl signes sur une page de po sie 2 aly be tt concr te a une signification propre d Enfin on trouve un analogon du l mouvement r el de la performance dans la disposition d un texte de po sie concr te La r partition des l ments Augusto de Campos 1953 textuels dans le po me leur non lin arit contraste avec une po sie auparavant tr s largement statique la lecture n tant plus cod e de gauche droite et de haut en bass Voil pourquoi l on peut dire que la po sie concr te performe le texte en occupant de fa on d lib r e et r gl e l espace de la page PE tX T E S E N P E R FORMANCE lekri des villes J aimerais maintenant aborder une partie plus programmatique de ce passage l acte de l crit savoir son occupation de l espace urbain Cet aspect n a quasiment pas t t
25. que du slogan publicitaire Entre l avant gardisme vell itaire et le conservatisme litt raire entre la force visuelle ou plas tique et le sens il y a un espace plus juste qu une h t rog n it et une multilocalisation des pratiques po tiques pourraient explorer afin de for muler de v ritables propositions dans la rue C est pourquoi contrairement ce que dit P Castellin je pense que les uvres contextuelles peuvent et doivent retrouver une certaine autonomie savoir une structure interne suffisamment forte pour qu elles puissent s imposer comme de la po sie En outre pour tablir des rapports des passages ou desinter m diations entre les diff rentes pratiques scripturales et artistiques il faut justement des cat gories des genres Non qu il s agisse de retourner des d finitions strictes de chaque art ou des classifications d cole mais je crois qu il est important de consid rer la richesse des distinc tions pour mesurer la force des m langes Comme le dit A SPATOLA mais si musique peinture po sie et th tre ont perdu les assises consolid es par l usage qui taient les leurs il serait bien na f malgr l ampleur du bouleversement intervenu d affirmer que ces termes ont d sormais perdu toute signification 1969 30 Enfin sur le mod le de ce que fut Fiumalbo je pense qu il serait impor tant de r fl chir globalement la place de l crit dans l espace public et son int grat
26. remi re d finition L exp rience de Fiumalbo peut donc tre consid r e comme une porte possible bri vement entrouverte entre la po sie concr te et l art conceptuel sur ce qui aurait pu tre une criture dans l espace public Mais quel est l int r t actuel d une telle manifestation Interrog par Sarenco son organisateur d alors ne d clare t il pas en 1984 d j que cette exp rience ne serait plus possible En effet le temps historique et l attitude des nouveaux jeunes sont diff rents MoLinar 1984 62 En effet pour dire les choses tr s rapidement nous ne sommes pas aujourd hui dans une poque d utopie et de grands r cits LyoTARD 1979 Selon moi la r volution de 68 son chec partiel la d sillusion postmoderne et la mondialisation capitaliste g n ralis e ne laissent que LON SE ES TA N CE D U M A T E R IEL peu d espoir une transformation radicale et collective de la soci t et ce malgr l apparition de mouvements altermondialistes internationaux Plus pr cis ment dans le champ artistique et litt raire qui ne jouit pas de l autonomie qu on lui pr te habituellement je pense qu on ne peut plus s imposer comme avant garde tant les voies d exp rimentation radicale et collective semblent s tre puis es tant la posture d avant garde dans ce qu elle a eu de militaire de dogmatique et d exclusif nous para t peu acceptable comme solution de r volte Et m me s il est
27. s que ce soit par formation plus ou moins acad mique ou l preuve de leurs pratiques de lecture et d criture l aune de leurs EEE PP l s viol nza impeto m trasp rto m irascibilit sf rzo m angheria soverchieria soperchieria sopru o m loc user de v olence so verchiare soperchiare se falre vio lence reprimersi i es le pr prie passioni se faire une douce violence accettare ci che si era riflutato per cerim nia va violenter pairs et au regard de leur petit public Ce sont ces connaissances encyclop diques ces techniques et la capacit de r actions linguistiques appropri es ces contraintes que les artistes conceptuels me semble t il ne ma trisent pas voire ignorent Autrement dit et c est l ma premi re critique hess ni v r s l a ME and OFr universel Te i violentare ED PES EREADER un vers oleng The universal cause Acts not by partial but by general laws sal en d mat rialisant l art par le langage les artistes conceptuels ont n glig le fait que le langage lui m me tait une mati re distincte Lorsque L Weiner d clare je me rendis compte que je voulais passer le reste de mon existence r fl chir sur l id e des mat riaux en g n ral plut t que sur l id e d un mat riau sp cifique in Goorrey 1998 166 il oublie de pr ciser que la langue n est pas qu un moyen pour une fin l id e
28. t dire que l art conceptuel se caract rise principalement par l usage du PME X iT ES E N PERF 0 R M A N CE langage dans sa dimension cognitive et par la r flexivit sur l art et son histoire L art contextuel D s les ann es 70 on assiste au contraire un engagement de l uvre d art et une attention accrue au contexte dans lequel elle se montre La g n ration post pop des artistes se pr occupe de l accroissement des maux sociopolitiques du d veloppement de l cologie de l anti racisme ou du f minisme et va investir l espace public affiches performances vid os etc L artiste et th oricien lan Burn va caract riser par cinq traits cet aspect transitoire L transitional de lart conceptuel au Do women have to be naked P ER PE trement dit le fait qu il soit tr s t t sorti 5 get into art museums de la stricte sph re artistique a r action Less than 5 ef the artlsts In M Contre le syst me marchand b utilisa oro womes but tion de formes plus d mocratiques de L 85 of the nudes are female Communication c attention aux rela tions humaines notamment d aux Tue m thodes de travail organis es collecti Guerilla Girls 1989 vement e ducation une d muystification de l art et l importance de son r le social Woo 2002 67 D un point de vue plus philosophique la lecture des penseurs n o structuralistes qui venaient d tre traduits en ang
29. u F lix Gonzalez Torress L art conceptuel Dans son sens le plus troit et primitif l art conceptuel peut tre carac t ris comme une pratique de d mat rialisation de l objet d art Ainsi Lawrence Weiner dans ses premiers travaux creusera des trous la dynamite Robert Barry rel chera de l h lium dans l atmosph re et Keith Arnatt organisera sa propre disparition en s enterrant En 1967 une des premi res d finitions avoir t nonc e sp cifie que dans l art conceptuel c est l id e ou le concept qui compte le plus L id e devient une machine d art Le Wirt 1967 910 La m me ann e J Kosuth crira que les uvres d art actuelles sont des id es in Woon 2002 35 et L Weiner insistera sur le fait que son travail peut ne pas tre r alis Historiquement l art conceptuel s oppose fortement la modernit artistique dont il est la d pression nerveuse selon les mots du collec tif Art amp Language Goorrey 1998 14 En effet les artistes conceptuels reprochent la modernit son id alisme esth tique savoir un int r t PIN S 1 S T A N CE D U M A T E R 1 E L 231 aari iF zemini Joseph Kosuth 1965 central pour la sensation et l motion qu on retrouve dans la recherche de la peinture pure par exemple comme son formalisme qui consid re l objet d art en tant que produit iconique autonome de toutes autres sph res d activit s L art conceptuel est
30. uristes de Filippo T Marinetti 1912 les po mes dada stes d Hugo Ball po mes phon tiques 1916 de Raoul Hausmann po mes phon tiques et po mes affiches 1918 de Tristan Tzara Pour faire un po me dada 1920 ou de Man Ray sans titre 1924 pour ce qu ils ont de radical Les artistes et les critiques eux m mes ont d se rendre compte du fait que l incidence sociale de l art tait limit e M me une uvre radicale n agit que faiblement sur les mentalit s La conscience d avoir affaire une uvre d art d sactive in vitablement l incidence politique qu elle peut avoir car l attitude l gard d une uvre d art n engage jamais comme par exemple une d cision politique RocHurz 1998 20 Consid rons bri vement la performance d Akenaton ritULM 1991 Un ULM remorque des textes dans le ciel du golfe d Ajaccio la fa on d une banderole publicitaire sur l un d entre eux on peut lire cin matographiquement En donnant voir litt ralement le ciel comme un cran de cin ma savoir une m taphore une telle performance incarne une utopie En 2001 J Blaine confiera Eugenio Gazzola Fiumalbo comme DIAS Destruction in Art Symposium Londres qui sont peu pr s contemporains passeront l histoire comme des d buts possibles et ternels des d buts infinis jamais accomplis des fins inaccessibles une r alit toujours au futur GazzoLA 2003 31 L criture virale se r pand dans
31. ut tre r ussie m me si la soci t n est pas chang e par son action Un cas limite serait par exemple celui d A Arias Misson qui installa de grandes lettres mobiles composant le mot ARMA face au parlement fran quiste puis r organisa le message l arriv e de la police en AMAR Je dirais que pour d terminer si cette action est un acte militant utilisant le langage ou une performance il faut au moins examiner son contexte Le faire au sein d une manifestation anti franquiste ce n est pas la m me chose que de le faire seul ou avec quelques amis en vue d une performance engag e N S Si TA N VEJE D U M A T E R I E L On a donc l impression dans une posture typiquement postducham pienne que seuls les buts ou le contexte distingueraient la po sie largie de la publicit ou de l action militante qu il n y aurait plus de diff rence de contenu entre ces types d uvres ou de pratiques C est parce que X est artiste ou po te que son intervention dans la rue sera consid r e comme artistique ou po tique Je propose a contrario de r introduire une composante formelle ou stylistique dans notre approche pratique de la po sie rue Autrement dit en utilisant des comp tences sp ci fiques d criture notamment l h ritage des concrets dans des contextes tout aussi singuliers il est possible de trouver un quilibre entre la transposition du livre de la syntaxe phrastique dans la rue et la simple d clinaison artisti
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