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Le droit de pétition

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1. 112 Il est en revanche plus qu anecdotique de remarquer que sur les onze rapporteurs de p titions qui se sont succ d de 1963 1997 l Assembl e nationale pour dix d entre eux nom m s lors de leur premier mandat sept occup rent une des fonctions dirigeantes de la Commission des Lois rarement avant le plus souvent pendant ou peu apr s celle de rap porteur cinq furent vice pr sident et deux secr taire Par ailleurs quatre d entre eux occu p rent ou occupent une fonction de responsabilit dans l Assembl e l un est pr sident deux furent vice pr sident le dernier tant actuellement questeur Au total ils ne sont donc que deux dont l actuel rapporteur des p titions n avoir pas occup de telles fonctions
2. d autre part on pourrait le montrer si on d finit le degr de p riph risation par les possi bilit s d acc s ce que C Tilly nomme la polity ce ne sont jamais les plus p riph riques qui recourent aux p titions ce ne sont donc pas les demandes les plus p riph riques qu on retrouve dans ces p titions Des conclusions qui paradoxalement ne remettent pas en cause la f con dit de cette m taphore en ce que c est elle qui implicitement sous tend la repr sentation qu ont les parlementaires du droit de p tition Certes ce sont eux qui initient eux m mes la plupart des p titions qui sont reprises explicite ment dans l enceinte parlementaire mais ce qui donne un poids suppl mentai re cette reprise c est le fait que ces p titions les signatures tout au moins soient cens es venir de l ext rieur de cet ils qui dans leurs discours est sans cesse oppos aux pr rogatives parlementaires Reste enfin que l activit p titionnaire ne saurait tre r duite cette onde que l on a juridiquement reconnue et encadr e Le social chappe au juri dique en lui d niant la capacit d en r duire la d finition puisque jamais la d finition juridique de la p tition ne s est impos e sa d finition ordinaire d en d limiter les destinataires ce sont ainsi de plus en plus les pouvoirs ex cutifs qui sont l objet de telles pratiques ou d en
3. fonction interne moins ils mettent en valeur la fonction d mocratique du droit de p tition Une conclusion que corroboreraient ces moments de d bat o parce que l ar ne parlementaire est aussi un lieu d interaction dans lequel au del d un change d arguments s changent des plaisanteries des invec tives des exclamations des motions dans lequel le plaisir de briller peut outrepasser la n cessit de respecter les normes parlementaires publiques la parole chappe l ordre parlementaire transpara t le plus clairement com bien peut tre formelle la constante r f rence au caract re sacr du droit de p tition soit qu on le tourne en ridicule soit qu on ironise soit enfin qu on laisse chapper son sentiment ou son exp rience Une conclusion que validerait enfin l analyse des usages parlementaires des p titions en montrant que le droit de p tition et les p titions enregistr es ne sont pas tant convoqu s pour introduire des id es p riph riques dans 98 Pour un exemple parmi des dizaines possibles M Dumolard 25 10 1791 Ce n est point porter atteinte au droit sacr de p tition que de r duire le nombre de ceux qui doivent les pr senter Je suis d avis autant que personne que l on admette ceux qui ont des r clama tions et des p titions faire l assembl e mais je crois qu on ne doit pas permettre que sous ce pr texte il vienne une foule immense
4. lire leur p tition la barre Si le 23 juillet 1789 est cr un comit des rapports auquel seront renvoy s tous les m moires plaintes et adresses renouvel tous les mois celui ci n est pas suppos centraliser toutes les demandes mais rapporter seulement celles qui n entrent pas directement dans les attributions des autres comit s De plus ce comit des rapports n a pas de pouvoir de d cision C est en s ance publique que sont prises en derni re instance les r solutions 43 S ance du 2 juin 1959 44 S ance du 3 juillet 1849 45 Vous connaissiez cette proc dure avant de Honn tement non F Massot Je savais que a existait je savais que a existait le droit de p tition avant d arriver ici a m a d ailleurs tr s agr ablement surpris d entendre dire que non seulement concr tement on utilise le droit de p tition mais que tr s concr tement on s en occupe C Darsi res Je ne connaissais pas ce droit avant d entrer l Assembl e nationale ou plut t avant de pr parer le concours pour y entrer ADP2 46 C est le 26 juin 1789 que pour la premi re fois une d putation envoy e par le Palais Royal demande tre introduite la barre Demande que Bailly fait accorder 3 LE DROIT DE P TITION 49 Cependant progressivement de r glement en r glement chacun de ces l ments qui assuraient que tous les d put s se retrouvent
5. est Paban don par les citoyens de ce mode d intervention sur le centre qui expliquerait le manque d int r t des politiques pour cette proc dure et cette forme d action C est l inverse l volution des besoins des parlementaires en p titions que l on doit rapporter non seulement l volution du droit de p ti tion mais aussi celle de son apparente utilisation p riph rique Ce n est pas comme beaucoup l avancent par le d sint r t des citoyens pour le droit de p tition qu on peut rendre compte du d sint r t des parlementaires pour cette institution l examen de la pratique de ce droit prouve a contrario que c est ce d sint r t ci qui explique un apparent d sint r t des citoyens Ce n est pas en lisant le droit de p tition comme la garantie d un acc s de la p riph rie au centre qu on peut en comprendre l volution et les usages c est en l appr hendant comme un instrument de lutte parlementaire L tude de l histoire intellectuelle et pratique de ce droit conduit de fait montrer que tout concourt ce qu une p tition qu elle soit l origine p riph rique ou non ne puisse avoir d effet sur le centre que si elle est auparavant transfigur e retraduite en fonction d enjeux propres l ordre parlementaire ce qu on nommera en empruntant une m taphore la 16 ce titre ont accept de no
6. demande parlementaire en p titions qu on doit d abord les rapprocher Conclusion r fraction r flexion absorption Si un d put frapp de la demande d une p tition en fait la base d une proposition la Chambre re oit alors un principe d action et il faut qu elle agisse soit en rejetant soit en admettant la proposition A la v rit c est la p tition qui en a t la cause ou l occasion mais ce n est que sur la proposi tion que la Chambre d lib re sans que jamais elle ne statue sur la p tition 106 M de Courvoisier s ance du 20 janvier 1819 107 Zaret D art cit 1996 pp 1521 1522 LE DROIT DE P TITION 69 De l analyse que l on vient de mener il semble ressortir que l auteur de cette th orie le baron Blanquart Ba lleul 25 01 1819 n est pas loin de syn th tiser ce qu on pourrait nommer la repr sentation intra parlementaire nor male du droit de p tition A ceci pr s qu il faudrait y ajouter que si nul n en est frapp la p tition ne p n trera pas dans l enceinte parlementaire et que tr s souvent d autant plus souvent que le droit de p tition est moins utilis ce sont les d put s eux m mes qui cr ent l occasion en initiant la p tition qui sera reprise De fait il appara t que ce n est que dans une norme parle mentaire publique celle que le parlementaire se doit d afficher dans un dis cours adress la fois aux siens et
7. riph rie territoire Paris PUF 1978 pp 3 131 4 Memmi D L engagement politique in Grawitz M Leca J dir Trait de science politique Paris PUF 1985 tome 3 pp 310 366 5 Notons cependant que nous sommes l seulement en train d expliciter une des repr sentations qui sous tendent ces p titions de principe et au del on le verra tout un pan du discours institutionnel explicite sur le p titionnement Il ne s agit pas de les adopter comme ind niables mais plut t de les questionner CURAPP La politique ailleurs PUF 1998 40 LA POLITIQUE AILLEURS subvertir le centre tout au moins y intervenir per se concurrencer les actions et les acteurs politiques autoris s Deux affirmations qui par cons quent font du droit de p tition une garantie d efficacit un outil de d mocra tie semi directe C est du reste cette repr sentation que semblent se rallier les politistes qui choisissent de classer l activit p titionnaire parmi les comportements non conventionnels non ritualis s ou p riph riques C est de m me cette fa on de voir qu on peut associer la d finition traditionnelle du droit de p tition en tant que droit d adresser aux pouvoirs publics ex cutif ou assembl es l gislatives des plaintes des r clamations ou des suggestions En France peuvent ainsi pr tendre juridiquement ce titre de p tit
8. Les p titions ne semblent ainsi avoir l honneur de la s ance que dans la mesure o elles ont t initi es par des groupes politiques repr sent s au Parlement et o elles sont suppos es pouvoir participer renforcer les prises de position de ces groupes Cet usage n est du reste pas invent en 1981 et n est pas l apanage de la seule droite puisque lorsqu on rappelle F Massot qu il a lui m me d pos en 1980 81 deux p titions l une contre le projet S curit et Libert l autre l initiative de J Lang et du comit d urgence anti r pression homosexuelle il les replace toutes deux dans le cadre de luttes parlementaires plus g n rales comme un instrument de bagarre parlementaire et lectorale plut t que comme une forme d intervention directe du d sordre p riph rique dans l enceinte parlementaire C est ce qui ressort du reste aussi de ce que nous dit C Darsi res de la seule fois o il a conseill un individu de passer par la pro c dure p titionnaire puisque s il lui a donn ce conseil c est d abord parce que le point juridique que celui ci soulevait lui tenait particuli rement c ur depuis longtemps et ensuite parce qu tant dans l opposition je me suis dit a sera peut tre la possibilit de mieux saisir majorit et minorit ensemble sur l int r t de cette question j aurai plus de conviction dans la sugges tion que je ferai de se saisir
9. Outre mer sur celui de leurs coll gues de m tropole alors m me que comme le rappelle M Dagonia PS le secr tai re d Etat a d j t longuement entendu ce sujet par la Commission des lois 103 Rapport de C Dhinnin sur la p tition n 321 Documents de l Assembl e Nationale Annexe n 3104 30 juin 1977 104 C est ce qui nous laisse penser que le fait de confier la fonction de rapporteur des p ti tions un membre de l opposition en 1978 pouvait avoir un aspect strat gique C est ainsi qu on expliquera notamment qu alors que chacun aujourd hui certifie que le fait de confier cette t che un membre de l opposition est une coutume parlementaire Sinon a n a pas d int r t argumente ADP2 ce soit un d put de la majorit H Cuq qui se soit vu confier cette t che en 1986 C est la crainte d une utilisation politique de cette fonction dans une p rio de d licate qui a d dicter ce choix A l inverse le retour la coutume peut tre interpr t comme l indice de ce que chacun ne croit plus que cette fonction puisse tre un atout dans les luttes parlementaires Dans tous les cas on semble continuer de raisonner en fonction des enjeux de la seule ar ne parlementaire 105 S ance du 21 novembre 1990 LE DROIT DE P TITION 67 et notamment par L Virapoull rapporteur la fois des p titions et du pro jet de loi portant adaptation de la d centralisation aux DOM
10. aux autres qu est mis l accent sur un autre versant du droit de p tition une autre repr sentation qui fait de celui ci un outil d intervention du d sordre p riph rique dans l ordre central une insti tution au service du citoyen Une repr sentation que d nient tant ces moments de saillie o le code de parole parlementaire en vient tre n glig que les usages parlementaires de ce droit Une p tition n est accueillie dans l ar ne parlementaire selon la proc dure juridique officielle que si elle ne se pr sente pas comme p riph rique ou si elle a t au pr alable transfigur e r cup r e retranscrite dans et par la logique parlementaire C est en ce sens qu on peut dire que de m me qu une onde lumineuse qui rencontre la surface de s paration de deux milieux dont les compositions sont diff rentes sauf tre enti rement absorb e soit retourne dans le premier milieu lumi re r fl chie soit p n tre dans le second lumi re r fract e de sorte que ni l onde r fl chie ni l onde r fract e ne soit parfaitement conforme l onde incidente le droit de p tition aux Assembl es parlementaires surface de s paration entre ce qu on a nomm le d sordre p riph rique et l ordre central est ainsi organis et exerc qu une p ti tion d origine p riph rique qui voudrait p n trer dans ce secteur structu rellement diff r
11. bien qu il ne doit pas y avoir d autre texte que celui de la p tition De plus on peut penser qu il faut un l ment de pro testation et quelque chose proposer et que la p tition ne doit pas avoir t rendue sans objet par l volution de la conjoncture politique loi d j reti r e Enfin ajoute t il en parlant de la p tition audiovisuelle qui sera fina lement par exception enregistr e il y a un l ment qui me g ne C est qu il y a manifestement derri re cette campagne une organisation minimum qui ne se d voile pas dans ce qu elle fait faire aux citoyens C est ainsi fondamentale ment la p tition collective qui peut tre suspectef Ce sont cependant en dernier ressort des l ments d opportunit qui vont guider la qualification choisie Une vidence dont on a pour preuve d abord l ensemble des th oriquement ou normalement qui maillent le discours de ADP1 ensuite les quelques exemples donn s o les r gles ont t inter pr t es dans un sens ou dans un autre en fonction de ce qu on pourrait nom mer une anticipation de l int r t que pourrait porter le Cabinet ou l Assembl e ces demandes Comme le note un de nos interlocuteurs parlant d une p tition de protestation contre une initiative du Pr sident de l Assembl e qu il avait class e en invoquant le fait que le temps de traite ment de cette p tition aurait rendu cette demande sans
12. d cid t arbitrairement et comme jury sur la valeur et la destin e de chaque p tition Ce parcours dans les r gles informelles qui r glementent le droit de p ti tion aux Assembl es r v le donc les limites d une analyse juridiciste de cette institution qui tendrait accroire que l instrument juridique est mis en uvre de mani re transparente qu on puisse inf rer des p titions enregis tr es aux re ues ou adress es soit directement soit en supposant que les carts entre p titions enregistr es et p titions re ues seraient affect s selon un principe uniforme par les syst mes d enregistrement des p titions succes sifs Pourtant une analyse politiste des institutions ne doit pas conduire abandonner cet indicateur qu est le nombre et le type de p titions enregis tr es mais l image de ce que D Merlli proposait de faire en sociologie des statistiques passer par l analyse des op rations de construction de ce 88 Rapport de L H A Harrison sur la modification de l article 128 du r glement du Parlement europ en concernant le d p t des p titions Doc A3 0411 92 d cembre 1992 p 10 89 Surrel H art cit p 228 90 Sur un raisonnement similaire propos d une autre forme d enregistrement statistique cf Merlli D Une nomenclature et sa mise en uvre les statistiques sur l origine sociale des tudiants Actes de la Recherche en Sciences S
13. e lue en 1989 Or si ces crit res ont en effet t red finis ils n ont en rien t objectiv s Au contraire Les p titions doivent aujourd hui porter sur un sujet relevant des domaines d activit de l Union europ enne et qui le ou la concerne directe ment art 156 1 de l actuel r glement Ce que la Commission des p titions traduit par trois grands domaines selon elle sont d clar es recevables les p titions qui se r f rent au contenu des trait s ou au droit d riv qui portent sur des questions qui quand bien m me elles n auraient pas de lien direct avec le droit communautaire dans son tat actuel pourraient en avoir dans la pers pective d une volution pr visible du projet communautaire ou qui font r f rence dans leur objet l activit d une institution ou d un organe commu nautaire Cette formulation r v le donc une volont d lib r e de ne pas cla rifier les crit res de recevabilit de les laisser assez vagues et larges pour que la commission des p titions conserve presque toute souverainet quant au sort de ces p titions potentielles de pr server au Parlement europ en une zone d incertitude d o il tire un pouvoir 83 Surrel H Le droit de p tition au Parlement europ en Revue du march com mun n 335 mars 1990 pp 219 234 84 Les crit res de recevabilit formelle dont on a vu l ambigu t potentielle sont mention d
14. en pr sence des p titions a t alt r C est vrai d abord des pouvoirs conc d s la commis sion estim e comp tente pour rapporter sur les p titions De fait toutes les p titions sont bient t centralis es par cette commission c est l objet du d cret du 17 d cembre 1791 et ce monopole ne sera ensuite limit que dans des cir constances exceptionnelles ou pour permettre l examen plus rapide de p ti tions concernant des projets ou propositions d j soumis une Commission Le pouvoir de d cider souverainement des r solutions prises sur ces p titions lui est ensuite confi c est ce qu impliquait d j indirectement et de mani re ph m re le d cret du 23 novembre 1793 c est ce que la pratique instaure sous la monarchie de Juillet c est ce qu autorise de mani re feutr e la r so lution du 17 mai 1871 c est ce qu instituent de fa on d finitive les articles 64 et 66 du r glement de la Chambre des d put s du 16 juin 1876 Comme 47 L Assembl e Nationale d cr te que d sormais toutes les p titions et adresses seront renvoy es au comit des p titions qui en rendra compte par extrait le dimanche 48 R glement de l Assembl e Constituante de 1848 art 68 et R glement de la Chambre des d put s de 1915 art 123 dans lesquels la commission des p titions est abolie tandis qu il est d cid en 1848 que les p titions seront distri
15. ent riner le fait que le droit de p tition est l apanage exclusif des citoyens et r sidents communautaires tout en affirmant que le Parlement peut souverainement d cider d admettre des p titions pr sent es par d autres personnes De m me on serait tent de croire que l absence de politique coh rente dans la pratique des commissions des p titions en mati re de droits de l homme alors qu il lui serait possible soit de rejeter totalement ces requ tes soit de les diriger vers la Communaut europ enne des droits de l homme de Strasbourg ne doit pas tant tre imput comme le laisse entendre H Surrel la volont politique du Parlement de d fendre et de promouvoir le respect des droits de Phomme qu ce qu on pourrait nommer la fonc tionnalit du flou d enregistrement des int r ts d institution Une conclusion qu on ne peut du reste attribuer la seule situation parti culi re du Parlement europ en puisque d j en 1831 M Jouffroy 6 09 1831 recourait un raisonnement similaire lorsque proposant des crit res qui pourraient guider la qualification des p titions par la Commission il concluait Je n ai point voulu crire ces cat gories dans votre r glement et les imposer votre commission Ainsi Messieurs rien d exclusif rien d imp ratif ne devait entrer dans ma proposition j ai voulu que la commission demeur t parfaitement libre et qu elle
16. et de 1988 1993 56 En d autres termes la courbe du nombre de p titions l gislatives enregistr es sous la Cinqui me R publique pouse la courbe de l int r t que les parlemen taires ont port ces p titions en tant qu instrument de lutte parlementaire D autant que autant qu on puisse en juger aucun moment cet int r t pour le droit de p tition n est d termin par le d sir de faire une plus grande place l intervention des initiatives p riph riques Ainsi ce que semble mesurer le 68 LA POLITIQUE AILLEURS nombre de p titions enregistr es et donc sans doute leur nature c est ce qu on pourrait nommer la demande des parlementaires en p tition c est dire la fois la n cessit dans laquelle ils se trouvent de forger des ins truments pour d fendre ou tendre leurs pr rogatives et la possibilit que leur offre dans une conjoncture particuli re le r gime des p titions de r pondre cette n cessit C est vrai pour les Assembl es parlementaires fran aises et europ enne aujourd hui a l tait sans doute beaucoup moins au tout d but du droit de p tition en France avant qu une proc dure d enre gistrement ne soit mise en place lorsque A G Camus se chargeait de recen ser toutes les lettres envoy es l Assembl e Constituante a l tait d j s rement sous la Restauration lorsque tout d put tait tenu de remettre lui m me au bureau l
17. et pr sent e que par crit La loi interdit d en appor ter en personne et la barre art 53 55 Cette tradition cesse avec le r glement de la Chambre des d put s du 28 janvier 1839 56 En 1994 seulement trois d put s ont d pos une p tition selon cette proc dure contre par exemple 230 en 1881 Il n est du reste pas sans int r t de noter qu l poque le d p t de p titions faisait partie de ces l ments assez significatifs de l activit parlementaire pour tre not s dans la liste nominative publi e dans les tables du Journal Officiel alors qu aujourd hui m me la fonction de rapporteur de p titions n est pas toujours mentionn e 57 Il n y eut aucun rapport en s ance publique sous la IV me R publique La premi re demande en ce sens sous la Cinqui me R publique en 1966 se heurta une fin de non rece voir parce que n avait pas t pr vue dans le r glement une proc dure pour organiser de tels rapports en s ance publique cf proposition de r solution de J Delachenal Documents de l Assembl e Nationale Annexe n 21 6 avril 1967 Depuis aucune des rares demandes en ce sens n a t inscrite l ordre du jour de l Assembl e Nationale ex Rapport de C Dhinnin sur la p tition n 321 Documents de l Assembl e Nationale Annexe n 3104 30 juin 1977 On note en revanche qu au S nat un tel rapport en s ance public put avoir lieu en 1982 soit on y reviend
18. issu de deux si cles d histoire de p riodes plus ou moins mobilis es de contextes tou jours particuliers C est cependant la continuit de la structure des discours qui se sont tenus dans ces enceintes la constance des repr sentations du droit de p tition qui semblent les sous tendre quel que f t l tat du champ qui semble justifier cette normit historique C est parce qu on en est arriv l hypoth se que c est le poids m me de l institution dans sa perma nence l effet d une position homologue de repr sentant discourant parmi d autres repr sen tants qui d terminent en partie le discours parlementaire public sur les p titions qu on peut s autoriser ces sauts historiques cette analyse de contenu trans historique Par souci de clar t les citations tir es de d bats parlementaires seront syst matiquement assorties de la date du d bat en question Ex M Bogne de Faye 26 01 1819 15 Comme le rappelle en effet C L Chassin Les lections et les cahiers de Paris en 1789 tome 1 Paris Maison Quantin 1888 c est l article VII de l arr t du Conseil d Etat du Roi concernant la convocation des Etats G n raux du Royaume du 5 juillet 1788 qui rend pos sible pour la premi re fois en France l impression et la diffusion de M moires touchant l his toire et la politique sans qu ils soient pr alablement soumis la censure et l autorisation de police Un arr t du Con
19. me plus avant P Marcilhacy Non inscrit D bats au S nat s ance du 29 avril 1976 rappelle qu Il faut reconna tre que ce mode de contact entre l lecteur et le Parlement dont les origines r volutionnaires sont extr mement importantes et je dirai g n reuses ne trouve dans la pratique que peu d exemples Enfin quand on demande F Massot PS ce qu il pense de ce droit de p tition il r pond par des silences qui en disent plus long que nombre de discours Je pense que c est un droit un petit peu qui vient de la R volution je crois C taient les citoyens qui pouvaient p titionner Mais je ne crois pas que a pourrait peut tre tre am lior mais dans l tat actuel des choses 27 On pourrait en effet montrer que ces variations sont relier d une part la position respective des diff rents acteurs vis vis de ce droit d autre part aux supports m me de ces discours aux publics potentiels que ces supports impliquent En fonction de ces variables chacun de ces discours est soumis des effets d auto censure conscients ou inconscients diff rents si bien que des repr sentations communes pourront tre v hicul es par des types de discours sensiblement diff rents ce qui est affirmation ici dans un discours un usage inter ne qui porte sur le pass deviendra d n gation l dans un discours publicisable qui porte sur le pr sent et censure encore ailleurs
20. pr sentent en revanche plus comme les l ments moteurs du fonctionnement parlementaire de ce droit Ils t moignent d une forme de d saisissement administratif de ce pouvoir politique Ainsi F Massot nous renvoie pour de plus amples renseignements son ancienne col 64 De diff rents recoupements il appara t que le rapporteur des p titions est d sign par son groupe parlementaire qui le pr sident de la Commission des Lois a demand de nommer un titulaire De 1958 1978 les rapporteurs avaient toujours t choisis dans la majorit La nomination de F Massot alors apparent PS en 1978 est donc cet gard une innovation que son b n ficiaire attribue la volont de la majorit d alors d une part de faire des gestes vis vis de l opposition ce dont on peut en effet trouver des traces tant dans des d clara tions que dans une certaine g n rosit dans la distribution des rapports parlementaires d autre part de faire un geste vers l opposition sans danger On se rangera cette explica tion qui corrobore cette id e d un d sint r t parlementaire vis vis du droit de p tition tout en ajoutant que la perspective d une alternance a pu faciliter un tel geste 65 Contact C Dhinnin UDR puis RPR n a pas r pondu notre demande tout comme H Cuq RPR Le cinqui me rapporteur des p titions contact ne put nous recevoir directe ment il s agit de l actuel Pr
21. prouve qu elles ont une certaine signification et efficience 52 La commission peut lorsqu l unanimit des membres pr sents elle l a jug conve nable ne rapporter la tribune que par l indication du nom de leur auteur et leur num ro d ordre au r le g n ral les p titions qui ne leur paraissent pas m riter un d bat public Ces p titions seront rang es sous cette d signation sp ciale P titions que la commission l una nimit propose d carter par la question pr alable conform ment l art 95 du r glement 53 La commission apr s examen de chaque p tition les classe dans l ordre suivant celles qu on juge propos de renvoyer un ministre celles qu elle juge devoir tre ind pen damment de ce renvoi soumises l examen de la Chambre celles qu elle ne juge pas devoir tre utilement soumises cet examen art 64 Sauf demande de rapport en s ance publique par un d put dans le mois de distribution du feuilleton o sont mentionn es ces p ti tions et d cisions les r solutions deviennent d finitives l gard des p titions qui ne doivent pas tre l objet d un rapport public Les r glements des Chambres basses sous la IV me et la V me R publiques reprendront les m mes dispositions en y ajoutant deux restrictions suppl mentaires une limitation du d lai de r clamation huit jours art 100 du r glement de 1947 50 LA POLITIQU
22. restreindre les voies d acc s puisque comme le rappelle plusieurs reprises ADP2 les d put s sont eux m mes souvent saisis directement de p titions 110 Tilly C From Mobilization to Revolution Londres Addison Wesley Publishing Company 1978 111 C est sans doute par l examen de pratiques moins cristallis es et mobilis es telles que celles qu tudie W Gamson Talking Politics Cambridge Cambridge University Press 1992 qu on parviendrait une meilleure explicitation de ce qu on pourrait d s lors nommer une pratique politique p riph rique LE DROIT DE P TITION 71 C est d s lors sur le mode de r ception et de production de ce mode de p titionnement extra juridique qu il convient de s interroger pour finale ment en arriver cette question plus g n rale dans quelles circonstances le d sordre p riph rique peut il intervenir dans l ordre central sans subir cette r fraction dont on ne signalera pour l anecdote qu un seul symbole tonnant et pittoresque alors qu en seize ans l Assembl e nationale n a connu que trois rapporteurs des p titions diff rents l un d eux tait jusqu peu le Pr sident de l Assembl e alors qu en quatre ans le Parlement europ en n a charg que quatre d put s de rapporter sur les d lib rations de la commission des p titions l un d eux M Gil Robles Gil Delgado est l actuel Pr sident du Parlement
23. rogatives parlementaires la reconnaissance de l inauthenticit de certaines demandes et la pr servation du temps parlementaire Je crois superflu de revenir sur les avan tages et sur l existence constitutionnelle du droit de p tition c est le droit de p tition qui puise pour ainsi dire goutte goutte la nue o se seraient form s les orages r volution naires Si la protection que vous devez accorder l exercice de ce droit est un devoir que vous impose l humanit il n est pas moins command par la plus sage politique celui qui a adress une p tition la Chambre doit bien se garder de se croire personnellement l objet du z le qu il excite l accorde que cela soit ainsi dans toute la s v rit du principe mais ces abs tractions ne peuvent tendre augmenter le foyer de lumi re dont vous devez souhaiter de vous voir entour s Si celui qui exerce le droit de p tition n est pas toujours anim du z le le plus pur Sit t que sera pass e la loi sur la responsabilit des agents secondaires de ladministration ce grand nombre de p titions dont la nomenclature seule vous accable sera beaucoup r duit et vous n aurez que bien rarement occuper l attention des ministres sur l une d elles 96 Sur l id e de code de la parole alors appliqu au discours lectoral cf Braud P Le suffrage universel contre la d mocratie Paris PUF 1980 9
24. s interroger en analysant la forme la plus cristal lis e que rev t le p titionnement en France sa forme juridique en relisant l histoire et le pr sent de cette institution en bauchant ainsi une sociologie du droit de p tition Pour ce faire on s appuiera sur les d bats parlemen taires dont ce droit a t l enjeu depuis ce qu on peut consid rer comme sa premi re utilisation en France la P tition des citoyens domicili s Paris du 8 d cembre 1788 sur les codifications qui en ont t le r sultat dispositions constitutionnelles ou r glements des assembl es mais aussi sur l volution de sa mise en pratique juridique et sur des entretiens men s aupr s des actuels protagonistes de ce droit l Assembl e Nationale f De plus pour faire la part 12 Chevallier J art cit p 26 13 Sur la n cessit d une sociologie des institutions cf Lacroix B Lagroye J dir Le Pr sident de la R publique Usages et gen ses d une institution Paris Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques 1992 14 Ont fait l objet d une analyse de contenu les d bats qu a connus la Chambre basse en France de 1789 nos jours propos des p titions Syst matiquement de 1789 1792 et depuis 1946 l occasion des grandes propositions de r forme du droit de p tition entre temps Il pourrait sembler non pertinent de traiter presque synchroniquement comme on le fera ce corpus
25. sident de l Assembl e nationale Ph S guin RPR Absences de r ponse comme rapides acceptations par ailleurs obtenues devraient sans doute tre rappor t es non pas tant un int r t diff rentiel pour cette proc dure qu la position occup e par chacun des enqu t s dans le champ politique et au parcours qui les y a conduits LE DROIT DE P TITION 53 laboratrice l Assembl e Nationale C est elle qui tait un peu la c est elle qui tait tr s au courant parce que c tait elle qui instruisait les dossiers Il ajoute que c est vrai que ce n tait quand m me pas l essentiel de mon tra vail l Assembl e Quant C Darsi res apprenant que nous avons rencon tr ADP2 il nous dit vous connaissez tout quoi avant de pr ciser que le gros travail de pr paration est le fait de la secr taire de la Commission en ce qui me concerne je m oblige avoir un entretien pendant une matin e avec les services pour pouvoir examiner la question pr parer un petit peu les questions lui poser pour tel ou tel approfondissement C est cependant la description de la proc dure qui m ne l enregistre ment des p titions qui t moigne le mieux de cette d possession voulue ou accept e du pouvoir de d cision de la part des parlementaires En effet il appara t que pour que le rapporteur des p titions soit conduit faire un rap port sur u
26. tion un effet sur l ordre central 20 On rappelle en effet que c est essentiellement S Amin L acc mulation l chelle mondiale Critique de la th orie du sous d veloppement Dakar IFAN 1970 que l on doit cette th orisation m taphorique qui fut ensuite reprise par des politistes 21 Pierre E Trait de droit politique lectoral et parlementaire 6e dition 1934 r imp 1989 p 658 comme Avril P et Gicquel J Droit parlementaire Paris Montchrestien 1996 pp 248 249 22 Esmein A El ments de droit constitutionnel Paris Sirey 1909 p 491 comme Prelot M Institutions politiques et droit constitutionnel Paris Dalloz 1957 p 865 ou en 1993 Burdeau G Hamon F et Troper M Droit constitutionnel et Institutions poli tiques Paris LGDJ 1993 p 594 23 Rivero J Les libert s publiques tome 1 Paris PUF 1991 p 296 Coiliard C A Libert s publiques Te dition 1989 Paris Dalloz p 146 ou Morange J Droits de l Homme et Libert s publiques Paris PUF 1989 p 99 24 Au d but du si cle J Perrier Du droit de p tition aux Chambres Th se Librairie de la soci t du Recueil Paris 1900 p 117 J P Lassalle soixante ans plus tard art cit p 1 44 LA POLITIQUE AILLEURS lentes pour dire que le droit de p tition jadis indispensable est devenu inutile et qu il est tomb en d su tude De cette volution les juristes avancent
27. une explication simple le p tition nement tendrait tre d laiss parce que les trois fonctions qu il remplissait moyen pour les parlementaires d affirmer leur pouvoir de contr le moyen pour les administr s de se plaindre des abus et moyen pour les citoyens de participer aux d cisions du pouvoir en d pit du suffrage censi taire et du mandat repr sentatif sont maintenant accomplies plus efficace suite note 24 S Dubourg Lavroff encore plus tard Le droit de p tition en France Revue du droit public et de la science politique en France et l tranger n 6 1992 p 1740 25 Pour ADP2 il s agit ainsi des derniers soubresauts d un droit de p tition qui avait surtout un int r t quand les parlementaires ne pouvaient poser de questions quand il y avait peu de m dias 26 D j en 1966 J Chaban Delmas Pr sident de l Assembl e nationale r pondait au pr sident de la Commission des lois qui l interrogeait sur la proc dure suivre pour discuter une p tition en s ance publique Il semble que les dispositions l gales et r glementaires dic t es depuis 1958 se soient content es de retenir le principe d une institution ancienne tomb e pour partie en d su tude Rapport de J Delachenal Ind pendant Paysan sur la proposi tion de r solution de J Delachenal Documents de l Assembl e nationale Annexe n 2117 s ance du 3 novembre 1966 De m
28. 1848 stipule par exemple que les p titions doivent tre r dig es par crit sign es adress es au pr sident de l Assembl e et non apport es en personne la barre puis conclut que les p titions dans l ordre de leur arriv e sont inscrites sur le r le g n ral art 91 La notion de p tition appara t d s lors comme allant de soi alors m me que on l a souli gn la d finition juridique heurte la d finition ordinaire de cette forme d action Doit on en conclure que toute lettre crite sign e adress e au pr si dent de l Assembl e et non apport e la barre est une p tition Chacun des r glements permet donc de d cider ce que n est pas une p tition mais pas de d terminer ce qu est une p tition Un flou d enregistrement d lib r Or l examen de l volution des crit res de recevabilit des p titions au Parlement europ en laisse penser que ce flou d enregistrement n est pas seu 82 Encore faudrait il noter que l analyse des p titions effectivement enregistr es peut montrer que ces crit res d exclusion n taient pas alors non plus scrupuleusement respect es Ainsi en 1878 une p tition en faveur de la fixation du jour de la f te nationale est renvoy e au ministre de l Int rieur au nom de son int r t alors que les signatures n en taient pas l gali s es cit e in Perrier J Du droit de p tition aux Chambres Th se Paris Librairie de l
29. 7 On notera que si la m taphore du politique comme sph re sacr e laquelle peuvent acc der de loin en loin les profanes est parfois questionner elle s impose ici d autant plus que ce sont les acteurs qui y recourent 64 LA POLITIQUE AILLEURS mettre en p ril l ordre parlementaire qu elles pr servent l ordre central de l intrusion du d sordre p riph rique Si bien que tout discours public sup pos restreindre le droit de p tition doit s en pr valoir et que tout discours public suppos l tendre doit prouver qu il respecte la pr pond rance parle mentaire Des contraintes qu on retrouverait du reste aussi dans les rares d bats parlementaires autour du droit de p tition du XX si cle ou dans les rapports de la Commission des p titions au Parlement europ en On pourrait enfin montrer que cette diff rence de discours ne doit pas tant des diff rences de dispositions qu des diff rences de positions pas tant aux dispositions qui ont contribu faire des hommes politiques des individus potentiellement plus ouverts l intervention de la p riph rie qu la place qu ils occupent et qui les obligent rendre publiquement cet hommage au droit sacr de p tition Une conclusion qu on pourrait tirer du fait que lorsque ce n est plus de soi mais des autres dont on parle la contrainte de d n gation semble dispara tre ou du fait que plus les discours sont
30. DP1 alors que toutes les proc dures institutionnelles exigent la qualification pr cise de la d marche institutionnelle utilis e le droit de p ti tion est particulier cet gard on n exige pas qu une p tition soit explicite ment qualifi e comme telle pour l enregistrer Des exemples pratiques donn s par les administrateurs du droit de p tition l Assembl e Nationale il res sort du reste que d une part ces crit res juridiques peuvent tre interpr t s plus ou moins strictement et que d autre part ce ne sont pas les seuls cri t res juridiques qui vont dicter les choix 77 Objectif en ce que comme le diraient M Mauss et P Fauconnet il ne d pend pas de nos sentiments et de nos opinions personnelles La sociologie objet et m thode in Mauss M Essais de sociologie Paris Points Seuil 1991 p 31 78 Pour tablir d finitivement nos conclusions il nous faudrait pouvoir comparer chaque tape du filtre le volume de courrier re u et le volume de courrier transmis au titre de p tition en demandant au fur mesure chaque interm diaire les crit res qui l ont conduit tel ou tel choix cf White D M the gate keeper le s lectionneur tude sur la s lec tion des nouvelles in Balle F Padioleau J G Sociologie de l information Textes fon damentaux Paris Larousse 1973 pp 203 214 Faute d une telle possibilit on se content
31. E AILLEURS par ailleurs les p titionnaires se sont vus interdire la possibilit de d fendre leur demande la barre de l Assembl e que la centralisation des p titions rend inutile la lecture en d but de s ance par les secr taires de r sum s des p titions re ues et que la seule autre occasion dans laquelle les d put s peu vent entendre parler des p titions l gislatives le d p t de p titions en s ance publique par des parlementaires eux m mes tend dispara tre parce que les d put s ne d posent plus n ont plus d poser de p tition et parce que quand ils le font ce n est plus en s ance publique ce sont donc main tenant dans la plupart des cas les seuls membres de la Commission com p tente qui ont l occasion d tre confront s cette proc dure Encore faut il ajouter qu ils en ont de moins en moins souvent l occasion puisque le nombre de s ances o sont rapport es des p titions tend se r duire et que ce sont dans les s ances les moins suivies qu elles le sont suite note 53 et art 146 2 du r glement de 1959 la possibilit d un refus par la conf rence des pr sidents art 146 3 du r glement de 1959 54 D cret du 28 fructidor an III puis interdiction formelle dans toutes les Constitutions ou dispositions constitutionnelles partir de la Charte de 1814 Toute p tition l une ou l autre des chambres ne peut tre faite
32. LA R CEPTION PARLEMENTAIRE D UNE PRATIQUE POLITIQUE P RIPH RIQUE LE DROIT DE P TITION ENTRE R FRACTION ET R FLEXION PAR Jean Gabriel CONTAMIN Centre de Recherches Politiques de la Sorbonne Universit de Paris 1 Panth on Sorbonne Le droit de p tition est une esp ce d initiative de la loi par laquel le le citoyen prend part du gouvernement de la soci t La p tition occupe partiellement au Parlement europ en la place r serv e dans les parlements nationaux l initiative l gislative ou administrative de citoyens ou d autres personnes morales ou phy siques Deux p titions de principe qui deux si cles d intervalle dans des contextes homologues la gen se de Parlements d mocratiques font des p titions un instrument d intervention des citoyens dans le gouvernement une activit politique qu on pourrait dire p riph rique non sollicit e directe ment par le syst me politique hors champ politique apte si ce n est 1 Le Chapelier D bats l Assembl e Constituante s ance du 11 mai 1789 2 Amad i A document de s ance A2 74 86 Documents du Parlement Europ en 1986 p 8 3 En tant qu l ments d sordonn s disparates et atomis s semblant graviter la fronti re du syst me et chapper son emprise Chevallier J Le mod le centre p riph rie dans l analyse politique in CURAPP Centre p
33. a soci t du Recueil 1900 60 LA POLITIQUE AILLEURS lement li la difficult de d finir ce que peut tre une p tition mais aussi la fonctionnalit que ce flou offre au corps l gislatif En effet H Surrel notait en 1990 que la notion d appartenance aux activit s de la Communaut qui aux termes de l article 128 4 du r glement int rieur du Parlement europ en pr sidait alors la recevabilit mat rielle des p titions tait une notion juri diquement floue puisque le champ de comp tence communautaire ne cesse de se d velopper et de se diversifier Elle ajoutait que le fait que la d cision concernant la recevabilit est une affaire de partis politiques dans la mesure o la commission des p titions peut prendre arbitrairement une d cision sans prendre en compte les pr c dents et sans pour autant respecter sa propre d cision dans le futur augmente le risque d arbitraire p 226 Elle s tonnait enfin que la Commission des p titions ait jusqu pr sent refus d laborer une liste exhaustive des sujets consid r s comme entrant dans le cadre des activit s de la Communaut pr f rant renvoyer la discussion la d cision sur la recevabilit d une p tition pour se r jouir finalement du fait que cette Commission ait admis qu il tait n cessaire de codifier les crit res de recevabilit t che laquelle devait s atteler l Assembl
34. aliste quand ils se voient confier cette charge F Massot rappelle du reste que le groupe I a propos Enfin a s est fait comme a Sans Il n y avait pas pl thore de candidats Quant C Darsi res il se souvient que ce sont les services administratifs qui lui ont fait savoir qu il y avait des p titions examiner que l on voulait une date de p tition et ce sont les services qui lui ont demand sa date La nomination peut tre que je l ai re ue Je ne m en souviens pas je ne me souviens pas de a C est dire on a d me le dire en juin je n ai pas protest Il explique par ailleurs que le seul argu ment qu on ait pu lui donner c est que c est un parlementaire de l opposition qui doit s en charger Or il appert que de 1986 1988 c est H Cuq RPR qui fut rapporteur des p titions Du reste cette tradition de d signer volontaires des rapporteurs de p ti tions n est pas nouvelle puisque d j en 1903 M Gervaize 17 11 1903 expliquait que c est le sort qui d signait ceux qui feraient partie des commis sions des p titions le bureau de la commission s effor ant ensuite de distri buer le plus quitablement possible les dossiers entre les membres qui composent la commission g n ralement sans m me s occuper de ce que pou vaient contenir ces dossiers Le d saisissement administratif du droit de p tition Ces politiques ne se
35. as l opinion publique que ne pourrait le faire une p tition sign e d un nombre de citoyens quel qu il soit 33 On notera nouveau qu un seul fait exception ce concert l actuel rapporteur des p titions l Assembl e nationale qui d bute l entretien en pr cisant qu il y a norm ment de p titions norm ment Je dis il y a norm ment de gens en France qui adressent des p ti tions et qui soulignera de nombreuses reprises l int r t de cette proc dure pour les p ti tionnaires A mon avis le droit de p tition c est un droit qui fait faire son petit bonhomme de chemin si j ose dire une esp ce de jurisprudence l gislative Une prise de position qu on est d autant plus tent de rapprocher de sa position qu il nous y invite en disant Est ce que moi je le prends plus au s rieux parce qu on m a charg de a Je n en sais rien 46 LA POLITIQUE AILLEURS faire d poser des propositions de lois ou les minist res pour faire d poser des projets de lois tandis que pour ADP1 le droit de p tition n a plus gu re d int r t alors que l activit du m diateur est plus importante il avait un r le au XIX si cle lorsqu il y avait des examens en s ance publique tandis que maintenant les parlementaires disposent de beaucoup d autres moyens questions au gouvernement questions orales le droit de p tition n est plus n cessaire pour relayer le
36. aux tranches de revenus pour l imposition des personnes phy siques que J Delachenal rapporteur des p titions l Assembl e nationale propose la Commission des lois de soumettre l Assembl e ne sera en effet jamais l occasion d une dis cussion quant au fond 102 Chandernagor A Un Parlement pour quoi faire Paris Id es 1967 La m me ann e P Avril fait aussi para tre L avenir du Parlement travers le rapport de la commis sion Monroney Paris Analyse et Pr vision 1967 66 LA POLITIQUE AILLEURS Dans une seconde phase ce n est plus par les textes mais par leurs usages que des parlementaires essay rent d user du droit de p tition d abord pour appuyer nouveau les vell it s de l ensemble de l Assembl e ensuite pour renforcer leur position ou celle de leur groupe Ainsi la p tition dont C Dhinnin obtient le 30 juin 1977 que la Commission des Lois de l Assembl e nationale demande la soumission en s ance publique est une p tition de sou tien une proposition de loi d pos e par un d put H Lucas et qui n a pu tre inscrite l ordre du jour F Massot rappelle par ailleurs qu arriv un certain moment les p titions ont t utilis es de mani re politique Ce qui n tait pas le cas cette poque l quand il tait en fonction de 1978 1981 Je crois que du temps de S guin de 1981 1985 il y a eu quelques essais 14 C est ainsi qu on
37. bu es entre les divers comit s selon l objet auquel elles se rapportent et en 1915 que les p titions seront renvoy es par le pr sident de la Chambre la commission permanente la plus qualifi e pour leur examen A l inverse sous le ler Empire on trouve certes une commission des p titions mais compos e de deux conseillers d Etat quatre ma tres de requ tes et quatre auditeurs d cret du 20 septembre 1806 L examen des p titions est enlev au l gislatif 49 R glement de la Chambre des d put s du 16 juin 1876 art 63 50 La Convention Nationale d cr te que ses comit s apr s l examen des p titions et m moires qui leur seront envoy es feront passer au ministre respectif les p titions qui sont relatives leur d partement 51 Comme le laisse entendre M Piscatory 26 01 1839 IL y a un si grand nombre de p titions elles sont pour la plupart permettez moi de le dire si ridicules souvent si folles et quelquefois si ind centes que vous laissez l arbitraire votre Commission et l heure qu il est il n est personne de vous qui ne sache qu il y a certaines p titions qui reposent dans les dos siers d o je d fie de les sortir Notons qu il est bien s r vident qu au del des r gles for melles du r glement il est toujours des modalit s informelles de fonctionnement On consid rera n anmoins que le fait que ces r gles explicites soient le jeu de modifications
38. commission d enqu te R solution du 23 octobre 1969 Sept ans plus tard et sans m me se donner ce pr texte les s nateurs proc dent la m me innovation l occasion d une r forme globale du r glement du S nat ceci pr s qu ils proposent que les demandes de renvoi des p titions puissent tre motiv es R solution du 26 avril 1976 Cependant dans ces deux occasions les vell it s parlementaires se heurtent la censure du Conseil Constitutionnel L Assembl e nationale doit ainsi abandonner l obligation faite au ministre de r pondre tout comme la possibilit de questions orales et de commissions d enqu te R solution du 11 d cembre 1969 Quant au S nat le Conseil Constitutionnel censure la possibilit que les demandes de renvoi puissent y tre motiv es en arguant que dans le cas contraire le S nat pourrait tre amen se prononcer sur une demande qui tende orienter ou contr ler l action du gouvernement dans des conditions non pr vues par la Constitution ou vise constituer une modalit d exercice du droit d initiative des parlementaires en mati re l gislative dans des conditions autres que celles o l exercice de ce droit est d fini et limit par les dispositions des articles 34 40 et 41 de la Constitution R solution du 11 d cembre 1969 Le Conseil Constitutionnel prend donc lui aussi position en fonction du seul pouvoir des parlementaires 101 Cette p tition relative
39. dans un discours publicitaire sur l avenir On notera ainsi que cette r f rence un d clin du droit de p tition n est absente que du discours de l actuel rapporteur des p titions que certains de nos interlocuteurs nous ont express ment notifi que certains de leurs propos ne devaient pas tre rapport s Je m en remets vous Sur les usages du off en journalisme r flexions qu on pourrait tendre et adapter au off dans la recherche cf Legavre J B Off the record Mode d emploi d un instrument de coordination Politix 1992 pp 135 157 et que le seul document tudi dont semble absent ce qu on nommera la r fraction est une brochure publicitaire du Parlement europ en en faveur du droit de p tition 28 C est ainsi du droit de p tition que sont d riv s sous la Restauration les droits d ini tiative parlementaire et d interpellation des ministres Cf Thelliez A Le droit de p tition sous la Restauration DES d Histoire du droit 1966 Facult de droit et de sciences cono miques de Paris 29 Cf notamment Moreau J Un inconnu le droit de p tition sous la IV me R publique Paris Compagnie d ditions libres sociales et conomiques 1958 LE DROIT DE P TITION 45 ment par le truchement d autres institutions les droits d initiative et d inter pellation parlementaires et la possibilit de poser des questions d abord la mise en place de l Etat
40. de ce probl me pour faire des propositions gt concr tes au ministre Ainsi plus que d un d sint r t permanent des parlementaires pour la pro c dure des p titions on devrait plut t parler de cycles d int r t Si lors de la derni re r forme du r glement de l Assembl e nationale nulle proposition n a concern le droit de p tition c est sans doute essentiellement parce que vingt ans de tentatives sporadiques d en faire un outil de lutte parlementaire ont chou contre le quadruple filtre qui emp che ce droit de devenir une arme le contr le du Conseil Constitutionnel sur les r glements des Assembl es le contr le du gouvernement sur l ordre du jour de ces Assembl es le contr le de la majorit parlementaire sur les d cisions propos es par les rapporteurs et le contr le des services de la Pr sidence de l Assembl e nationale sur l enregis trement des p titions Ce n est done qu en fin de p riode que ce d sint r t est le plus total c est dire au moment m me o le nombre de p titions enregis tr es atteint son niveau le plus bas En effet si on a soulign que ce nombre est tout au long de la V me R publique nettement inf rieur ce qu il tait un si cle plus t t il n est pourtant pas constant de 1958 1962 l Assembl e nationale enregistre ainsi 172 p titions de 1962 1967 244 de 1968 1973 241 de 1973 1978 349 de 1981 1986 315
41. de droit ensuite le suffrage universel les moyens d expression collective la presse d information et le lobbying enfin Selon eux le droit de p tition tait adapt la civilisation du suffrage censitaire de la diligence et de la presse tirage limit il entre fatalement en d cadence l re de la radio du suffrage universel et de la d mocratie de masse le citoyen contre les pouvoirs ne fera plus de p titions il harc lera de lettres son repr sentant au Parlement Politiques et administrateurs de ce droit quant eux par un raisonne ment en derni re instance en rejettent surtout la responsabilit sur les citoyens qui dot s de moyens d action autrement plus efficaces se d tourne raient de cette institution C est ce que laissait entendre Briois Beaumetz 10 mai 1791 lors du d bat qui s engagea l occasion de la premi re loi sur les p titions en expliquant que le droit de p tition n est pas d un usage tr s important dans un gouvernement libre et repr sentatif parce que les citoyens peuvent toujours y suppl er par d autres moyens qui lui ressemblent si fort qu la d finition pr s ils produisent presque le m me effet c est dire qu il n y a aucune esp ce de p tition que l on ne puisse suppl er par exemple par la libert de la presse C est ce qu on retrouve deux si cles plus tard dans le discours des hommes politiques et des fonctionnaire
42. de la Constitution de 1791 le respect d aux autorit s constitu es art 364 de la Constitution de l an HI 72 Annexe VI du r glement du Parlement europ en 73 Cf Epaminondas Marias The right to petition the European Parliament after Maastricht European Law Review vol 19 2 avril 1994 pp 169 193 74 Rapport sur les d lib rations de la commission des p titions au cours de l ann e par lementaire 1992 1993 par M Jos Maria Gil Robles Gil Delgado Doc A3 0147 93 p 8 75 Soulign par nous comme tout au long de l article 56 LA POLITIQUE AILLEURS la forme crite art 53 de la Charte de 1814 le pr sident de l Assembl e comme seul destinataire d cret du 12 mai 1848 et art 66 du r glement de l Assembl e constituante de 1848 l interdiction qu une p tition ne soit apport e ou transmise par un rassemblement form sur la voie publique r so lution du 3 06 1851 l indication du domicile la l galisation des signatures r solution du 3 juillet 1873 Seule la condition de l galisation a t supprim e dans la proc dure actuelle r solution du 26 juillet 1955 Or aucune de ces deux volutions ne peut tre imput e une simple adap tation la diminution de l offre p titionnaire au sens de volume de p titions envoy es l Assembl e Ne serait ce pas l inverse la diminution de ces garanties et la multiplication des crit res de recevabilit qui pourraie
43. de personnes se placer dans l int rieur de la salle 99 Il ne faudrait pas en conclure que les discours fonction interne sont plus vrais que les autres De fait il n est pas un discours sinc re que l on ferait en priv et un discours masqu qu on ferait en public Chacune de ces paroles est soumise des contraintes donc des censures et des passages oblig s cf Mauger G Enqu ter en milieu populaire Gen ses n 6 d cembre 1991 pp 125 143 Si ce sont ici les contraintes qui r glementent en derni re instance le discours intra parlementaire qui nous int ressent c est parce qu on sup pose que ce sont ces repr sentations l qui jouent sur la r ception parlementaire des p titions Le paradoxe vient d s lors de ce que pour ce faire nous sommes contraints de passer par l analyse de discours parlementaires publicis s et d y retrouver les l ments pars des discours et repr sentations intra parlementaires 100 Sur l analyse des motions dans les d bats parlementaires cf Heurtin J P L ordre de l Assembl e l ments d une sociologie de la s ance publique l Assembl e natio nale Th se IEP de Paris 1995 LE DROIT DE P TITION 65 l enceinte parlementaire que pour appuyer les prises de position internes de ceux qui les invoquent voir pour justifier la d fense ou l extension des pr ro gatives de l Assembl e vis vis de l ex c
44. e des inductions que nous a permis de faire la mise en uvre pratique devant nos yeux des sch mes de classification ordinaire des administrateurs du droit de p tition Ceux ci nous ont en effet propos de nous montrer concr tement comment et selon quels crit res ils pouvaient cat goriser des lettres dont ils ne connaissaient pas le contenu au pr alable 58 LA POLITIQUE AILLEURS Ainsi pour ADP1 la disposition concernant les manifestations est tr s res trictive puisqu elle signifie que le droit de p tition n est l gitime que s il ne provoque pas de troubles l ordre que toute p tition ayant eu un rapport avec une manifestation en est entach e Une p tition par fax sera donc clas s e sans tre enregistr e Quant une p tition qu on apporterait l Assembl e alors que se d roulerait Marseille une manifestation o on la ferait signer publiquement elle devrait th oriquement tre refus e A l inverse en vertu d une appr ciation large de la recevabilit des p titions au nom d une asso ciation sont consid r es comme recevables dans la mesure o le nom d un de ses repr sentants est pr cis De m me les p titions imprim es sont accept es si les signatures sont manuscrites Par ailleurs entrent en jeu d autres crit res logiques Pour ADP il ne faut par exemple pas confondre des p titions et des tracts destin s tre distribu s sur la voie publique si
45. e forme qui permettrait de ne pas enregistrer une p tition sourire entendu entre coll gues A l inverse si l objectif tait de faire du nombre des statistiques il ne serait pas difficile de le faire On pourrait enregistrer toute correspondance comme p tition Cela repr sente rait sans doute quelques milliers par an dont 95 seraient par la suite clas s es puisque ce serait le rapporteur de p titions qui estimerait les crit res g n raux de recevabilit On fait peu pr s ce que l on veut en fonction de la capacit d absorption de la proc dure Or ce flou dans la proc dure d enregistrement n est pas propre au fonc tionnement actuel du droit de p tition en France En effet on en retrouve l cho par exemple dans l change de vues qui opposa M Rewbell pr sident de l Assembl e Nationale M de la Rochefoucauld Liancourt d s le 28 avril 1791 l un qui refusait de lire une lettre qui lui avait t envoy e en expli quant que Je ne puis pas la lire la lettre est moi et non l Assembl e nationale l autre r pondait Je m l ve contre M le Pr sident qui dit qu une lettre adress e M le Pr sident l est M Rewbell Elle est adress e l Assembl e nationale On en d couvre plus largement l indice dans la quasi impasse que font les diff rents r glements sur ce qui pr c de l enregistrement Le r glement de l Assembl e L gislative de
46. e pouvoir de d cision donn ce comit de 1871 Les all gements de proc dure ont du reste co ncid d une part avec une progressive diminution des garanties constitutionnelles accord es au droit de p tition et d autre part avec une augmentation des exigences formelles demand es aux p titionnaires Ainsi d un c t le droit de p tition l origine formul explicitement est ensuite affirm avec des limites pour n tre enfin impliqu que par l interdic tion de certains de ses usages Dans la d claration des droits de 1793 le droit de pr senter des p titions aux d positaires de l autorit publique ne peut en aucun cas tre interdit suspendu ni limit art 32 Dans la Constitution de Pan III tous les citoyens sont libres d adresser aux autorit s publiques des p titions mais elles doivent tre individuelles art 364 Selon les Chartes Constitutionnelles de 1814 et 1830 toute p tition l une ou l autre des Chambres ne peut tre faite et pr sent e que par crit art 53 puis art 45 Selon l ordonnance du 17 novembre 1958 enfin il est interdit d appor ter des p titions la barre des assembl es parlementaires art 4 D un autre c t l origine sont m me re ues des p titions anonymes tan dis que par la suite se surajoutent peu peu des conditions formelles de rece vabilit la signature individuelle titre I
47. ent de l espace social M Dobry 1986 qu est le pouvoir central n aurait d autre destin que d tre absorb e r fl chie ou r frac t e Absorb e lorsque la p tition est plac e dans ce que les administrateurs nomment l enfer sans tre jamais enregistr e r fl chie lorsqu elle est enregistr e mais n est pas reprise dans l ar ne parlementaire ou r frac t e lorsqu elle y entre mais seulement apr s avoir subi une transformation une d viation li e au mode de structuration du milieu dans lequel elle s est introduite Comme le rappelait M Girod le 25 janvier 1819 l Assembl e ne saurait tre une esp ce de bureau de poste A l inverse c est une des fonc tions du r glement et plus largement de l ensemble du r gime des p titions de mettre en harmonie le droit de p tition avec les divers travaux l gisla tifs 19 d organiser la r fraction et la r flexion des demandes p riph riques et c est pour que cette fonction soit correctement remplie qu il se doit de r ser ver une place au flou c est dire la souverainet parlementaire 108 Le p titionnaire recevra dans ce cas notification de l enregistrement de sa p tition et de la d cision prise son encontre Comme le rappelle ADP1 cette p tition aura tout au moins b n fici d une forme de publicit 109 M Faure D bats la Chambre des d put
48. es droits qu la Constitution elle m me nulle allusion ne fut fait la possibilit n cessit d y intro duire une garantie du droit de p tition 37 Il faudrait l encore tre plus nuanc prendre notamment le temps de comprendre comment chacun de ces textes est la r sultante de compromis li s un tat particulier du champ parlementaire de participer une histoire sociale du droit constitutionnel Lacroix B et alii op cit C est cependant ici essentiellement en termes de grandes tendances histo riques long terme que l on veut raisonner 38 R glement du 29 juillet 1789 Chapitre V Des p titions art l Les p titions demandes lettres requ tes ou adresses seront ordinairement pr sent es l Assembl e par ceux de ses membres qui en seront charg s 39 Titre I de la Constitution de 1791 Art 32 de la D claration des droits et art 122 de la Constitution de 1793 art 364 de la Constitution de l an TT art 83 de la Constitution de lan VII art 53 de la Charte de 1814 art 45 de la Charte de 1830 art 8 de la Constitution de 1848 art 29 et 45 de la Constitution de 1852 et art 41 du senatus consulte du 21 mai 1870 40 Encore faut il pr ciser que ledit article 15 qui le garantissait fut l objet des railleries de certains R Bruyneel Parti r publicain de la libert s ance du 7 mars 1946 J ai dit que certains articles pr taient sourire N est ce
49. es p titions au cours de l ann e parlementaire 1995 1996 par M Antoni Guti rrez Diaz Doc A4 0191 06 LE DROIT DE P TITION 55 mentaire de ce droit De fait le droit de p tition aux Assembl es europ ennes absent des trait s tablissant la Communaut europ enne a t introduit en 1953 dans le r glement de l Assembl e commune de la CECA Ensuite par un processus inverse celui que connut le droit de p tition en France il fut inclus en 1981 dans le r glement du Parlement europ en nouvellement lu En 1987 on en confia la charge une commission sp cifique une Commission des p ti tions du Parlement Europ en Il obtint enfin en 1993 une reconnaissance officielle dans l article 8d EC du trait de Maastricht Tout citoyen de l Union a le droit de p tition devant le Parlement europ en conform ment aux dispositions de l art 138d EC qui l tend toute personne physique ou morale r sidant ou ayant son si ge statutaire dans un Etat membre titre individuel ou en association avec d autres citoyens ou personnes Depuis 1992 93 la commission des p titions a de plus d cid de traiter certaines p ti tions en public Ce raisonnement p che ensuite diachroniquement puisque la restriction de l int r t parlementaire a souvent pr c d le d sint r t des citoyens La centra lisation des demandes dans un comit des p titions date ainsi comme on l a montr de 1791 l
50. es p titions qu on lui adressait ou sous la monarchie de Juillet lorsque la coutume voulait que le courrier adress l Assembl e soit entass dans un bureau de la questure et que chaque parlementaire puisse y avoir acc s et demander l enregistrement comme p tition des courriers qu il voulait voir traiter D s lors il est clair que l impressionnant stock de p titions l gislatives que rec lent les Archives nationales ne peut tre pris simplement comme un indica teur de l opinion publique qu on ne peut en tirer directement comme le fait par exemple C Leys art cit 1955 des statistiques et des conclusions quant l volution du p titionnement dans un pays Non pas seulement comme le souligne D Zaret parce que les p titions pourraient tre simplement des productions litt raires sans lien discernable la sph re publique parce qu il serait dangereux de prendre les p titions pour argent comptant mais parce que ce stock n est que le point de rencontre entre une offre p titionnaire plus ou moins autonome plus ou moins authentique et une demande parlemen taire de p titions si bien que son tude peut en apprendre autant sur celle ci que sur celle l De m me ce n est plus d s lors comme une simple adaptation fonctionnelle du r gime des p titions une rar faction de son usage que l on doit lire les transformations du droit de p tition C est de l volution de la
51. fin d une s ance de la Commission des lois consacr e un autre sujet tandis que F Massot dit simplement En pratique on passait les p titions des LE DROIT DE P TITION 51 Du reste le nombre m me de participants ces commissions tend dimi nuer De fait longtemps cette commission jusqu la Restauration on par lait de comit tait un organe sp cifique dont les membres taient renouvel s tr s souvent A l inverse sous la IV me R publique cette fonc tion est confi e une Commission permanente dont les attributions sont plus larges et dont le renouvellement n est qu annuel la Commission du suffrage universel du r glement et des p titions Enfin sous la Cinqui me R publique la commission comp tente est une Commission permanente dont l appellation ne fait plus explicitement r f rence aux p titions la Commission des lois constitutionnelles de la l gislation et de l administration g n rale de la R publique De plus celle ci d signe un rapporteur qui dans les faits jouera seul ce r le tout au long de la l gislature Ainsi alors que par exemple 51 d put s diff rents avaient eu l occasion de rapporter des p titions en 1881 ils n taient que 20 l avoir fait en 1954 La Cinqui me R publique quant elle en pr s de quarante ans d existence n a vu se succ der que quatorze rapporteurs de p titions l Assembl e natio
52. g existent au niveau europ en alors m me donc que l int r t des citoyens pour cette forme de relation entre p riph rie et centre devrait si l on suit le raison nement de beaucoup y tre aussi r duit le nombre de p titions enregistr es par le Parlement ne cesse d augmenter tout comme la reconnaissance parle 68 On pourrait de m me d montrer le progressif d sint r t des juristes vis vis de ce droit en se fondant notamment sur le faible nombre de publications sur ce sujet ou sur le progressif abandon de sa mention dans les manuels de Droit Constitutionnel Ce d sint r t se pr sente cepen dant alors comme troisi me ce serait parce que les politiques se d sint ressent de e droit parce que les citoyens se d sint ressent de ce droit que les juristes se d sint resseraient de ce droit 69 C est la premi re question que posa ADP1 avant le d but de l entretien 70 Devant l insuffisance des pouvoirs de la Commission des p titions et le nombre d cli nant de p titions enregistr es cette Commission a t dissoute le 4 avril 1974 sans que nul ne proteste contre cette mesure Judge D Public petitions and the House of Commons Parliementary Affairs vol n 31 4 automne 1978 pp 391 405 71 20 p titions ont t enregistr es au Parlement en 1977 78 57 en 1979 80 160 en 1984 744 en 1989 et 1297 en 1995 Doc A2 3 89 B p 37 et rapport sur les d lib rations de la com mission d
53. gatives parlementaires qui assurant vouloir ainsi d fendre l ordre public qui enfin et tout au moins reconnaissant la futilit et l incongruit de la plupart des demandes comme pour se d douaner de s y int resser On verrait qu il est pourtant une diff rence entre discours administratifs et parlementaires l o les membres de l administration affirment les poli tiques jouent de la d n gation De fait l analyse des d bats parlementaires successifs qu a suscit s le droit de p tition dans l histoire institutionnelle fran aise montrerait qu un discours sur le droit de p tition ne semble avoir de l gi timit dans l ar ne parlementaire que s il se soumet une double contrainte une sorte de code de la parole d une part une contrainte symbolique prouver son attachement un droit sacr qui n est autre que le droit de la p riph rie p n trer dans la sph re centrale d autre part une contrainte pragmatique d montrer que les positions qu on d fend ne risquent pas de 95 M Bogne de Faye 26 01 1819 pour soutenir une proposition visant inciter les ministres faire part des suites donn es aux p titions qu on leur renvoie et favoriser l infor mation des parlementaires sur les p titions qui doivent tre rapport es rappelle ainsi tout la fois ce que sa proposition apportera la d fense de l ordre publie et constitutionnel au respect des pr
54. insi enregistr 56 p titions Par comparaison sur la p riode 1881 1885 la Chambre des D put s en avait class es 2547 et sur la p riode 1951 1955 367 Le nombre de p titions aujourd hui enregistr es par le S nat est par ailleurs encore plus restreint moins de 40 en dix ans LE DROIT DE P TITION 47 B Le d clin de l int r t parlementaire pour le droit de p tition une r alit ind niable Des garanties d clinantes Il semble d s lors naturel d imputer cet apparent d clin les innom brables indices d un d sint r t des parlementaires fran ais pour ce droit Ainsi peut on noter que sur le long terme le statut des textes garantissant le droit de p tition n a cess de d cliner De fait si c est dans le r glement de l Assembl e constituante 29 juillet 1789 qu il y est fait mention pour la pre mi re fois par la suite c est chacune des Constitutions fran aises succes sives jusqu en 1870 qui lui a fait sa place A l inverse par la suite il n appara tra que dans le projet constitutionnel d avril 1946 repouss par r f rendum pour ne plus b n ficier d une reconnaissance que dans des lois et dans les r glements des Assembl es parlementaires On peut m me ajouter qu la lecture des Documents pour servir l histoire de l laboration de la Constitution du 4 octobre 1958 il appara t que lors des discussions consacr es tant une ventuelle D claration d
55. inverse que nous conduit explorer ADP1 lorsqu il note que si besoin existait au niveau parlementaire il n y aurait du reste pas qu une seule personne qui s occuperait du droit de p tition au Secr tariat G n ral et qu une seule aussi la Commission des Lois D s lors de m me que D Merlli imputait les fortes variations dans les statistiques sociales des tudiants une simple transformation technique ou strat gique du mode de mesure ne doit on pas d abord voir dans les statistiques des p titions l gislatives l indice des transformations des motivations de ceux qui pr sident leur enregistrement II DU D SINT R T DES PARLEMENTAIRES POUR LE DROIT DE P TITION SON APPARENT D CLIN OU LE DROIT DE P TITION COMME INSTRUMENT DE LUTTE PARLEMENTAIRE C est ce que devrait montrer de fait dans une perspective reconstruc tionniste une analyse des repr sentations et des usages parlementaires du droit de p tition dont on ne pr sentera ici que les lin aments L tude tant des discours des administrateurs du droit de p tition l Assembl e nationale que de ceux des parlementaires eux m mes prononc s aujourd hui comme hier r v lerait ainsi que le droit de p tition y est toujours 93 C est ce que pressentait d j M d Andr en 1791 lorsqu il pr venait l Assembl e en ces termes si vous admettiez la barre tous ceux qui s imaginent que leurs p titions so
56. ion et donc relever de ce droit toutes les demandes crites adress es aux pr si dents des assembl es parlementaires si bien qu un texte endoss par un cer tain nombre de personnes dont l une au moins n a pas eu la possibilit de le modifier ce qu on appelle ordinairement une p tition n est pas juridi quement une p tition s il est adress au Pr sident de la R publique au Premier Ministre ou aux collectivit s locales alors qu l inverse une lettre envoy e par un individu isol au Pr sident de l Assembl e nationale peut tre enregistr e comme telle En pratique la plupart des p titions enregistr es par l Assembl e Nationale sont du reste des demandes individuelles On peut enfin supposer que c est aussi cette conception de la p tition comme mode d intervention de la p riph rie dans l activit du centre que se r f rent par exemple les mouvements la cs lorsqu ils portent l Assembl e Nationale le 9 d cembre 1995 plus de 10 000 signatures pour le respect du principe de s paration des Eglises et de l Etat Comment pourtant consid rer comme p riph rique une activit nor malis e reconnue et encadr e par le droit souvent initi e par le centre et en tout cas on contribuera le montrer toujours r cup r e par celui ci dont on ne pourrait s rement pas dire par exemple qu elle repose sur l inobservati
57. ique transpara t dans chaque prise de position un impens par lementaire un ensemble de topos langagiers dont la pr gnance en dit long sur le mode de r ception des p titions l gislatives Pour s opposer sur ce qu on consid re comme tre l essen tiel on se fonde sur un certain nombre de points d accord implicites que nous voulons ici tu dier Il s agit en quelque sorte pour reprendre les termes de P Bourdieu d induire des joutes parlementaires sur le droit de p tition ces enjeux sur lesquels les participants au jeu doivent tre en accord pour que le jeu existe LE DROIT DE P TITION 43 science physique r fract e Dans le cas contraire elle sera r fl chie ou absorb e D s lors c est une relecture de la m taphore conomique centre p riph rie de ses limites il y a p riph rie et p riph rie comme il y a centre et centre et de sa f condit qu on sera amen I L VIDENCE D UNE APPARENCE DU D SINT R T DES CITOYENS AU D SINT R T DES PARLEMENTAIRES A Une illusion bien fond e le d clin de l usage citoyen du droit de p tition Si l on mesure la vivacit d une institution l intensit des pol miques que suscitent ses diff rentes formes d appropriation force est de supposer qu en France le droit de p tition est mort De fait depuis un si cle tous ses diff rents praticiens sp cialistes du droit
58. ission charg e de l examen et du rapport des p titions de 9 membres renouvel e tous les mois R glements du 25 juin 1814 art 16 et 64 64 et du 28 janvier 1839 art 79 81 Sous le Second Empire des commissions des p titions nomm es chaque mois dans les bureaux du S nat D cret du 22 mars 1852 art 30 Sous l Assembl e l gislative de 1849 une commission des p titions de 15 membres elle aussi mensuelle R glement du 6 juillet 1849 art 21 et 92 Sous la IIT me R publique jusqu au nouveau r glement du 4 f vrier 1915 une commission des p titions mensuelle de 11 membres R glement de la Chambre des d put s art 20 et 63 On notera du reste que ces renouvelle ments ne sont pas de pure forme mais correspondent un v ritable roulement 61 R glement de l Assembl e Nationale de 1947 art 99 1 62 R glement de l Assembl e Nationale art 147 2 63 Dont l un Jean Foyer n a offici que pour une seule p tition alors qu il tait pr sident de la Commission des Lois 52 LA POLITIQUE AILLEURS penser que ce n est pas un poste qu on choisit t Ainsi C Dhinnin doit assumer le double handicap d tre un nouveau parlementaire et de n entrer l Assembl e Nationale que comme suppl ant lorsqu il est charg de rapporter les p titions de 1973 1977 F Massot et C Darsi res partagent quant eux la particularit de n tre qu apparent s au groupe soci
59. nale diff rents Or comme le sugg re C Darsi res il est des l ments qui ne peuvent pas tou cher ceux qui n ont pas presque physiquement pris contact avec la p tition La t che du dernier arriv Le mode de s lection de ces rapporteurs corrobore par ailleurs l hypoth se d un d sint r t parlementaire pour les p titions l gislatives De fait depuis 1963 dix des onze rapporteurs qui se sont succ d ont t charg s pour la pre mi re fois de cet office lors de leur premier mandat parlementaire Le onzi me J Delachenal l a t quant lui l occasion de son second mandat de 1963 1966 Ce que laisse deviner leur parcours comme ce que nous disent les rapporteurs interrog s de la fa on dont il ont t nomm s conduit de plus suite note 59 s ances de la Commission des Lois qui taient un peu vides Et en g n ral il n y avait pas grand monde quand on rapportait les p titions 60 Sous la Constituante un comit des rapports compos de trente membres renouve l par moiti tous les mois partir du d cret du 14 mars 1790 Sous la L gislative un comi t des p titions de 24 membres lu pour trois mois Sous la Convention comme sous le Directoire un comit des p titions des correspondances et d p ches de 12 membres renou velable chaque mois D cret du 7 fructidor an IE titre I Sous les Chartes si on se limite la Chambre basse une comm
60. ne lettre envoy e l Assembl e Nationale il faudra que celle ci ait t successivement consid r e comme p tition par le cabinet du Pr sident par les secr taires du Secr tariat G n ral de la Pr sidence par le responsable au Secr tariat G n ral de la transmission des p titions la Commission comp tente par le directeur des Commissions par les secr taires de la Commission des Lois et enfin par le secr taire la Commission des Lois charg des p ti tions chacun des interm diaires recevant les p titions avec l ensemble du courrier et pouvant qualifier d qualifier ou requalifier chaque lettre comme p tition ADP2 dit ainsi conserver de 50 2 3 de celles qui lui arrivent Ce n est qu ensuite que le rapporteur se verra communiquer les p titions enregistr es et d cidera en collaboration avec le secr taire de la Commission d une proposition de r solution qui sera le plus souvent ent rin e par la Commission des lois N est il du reste pas significatif que l une des rares p titions que l actuel rapporteur pr senta comme de ces p titions mod les qui peuvent apporter des suggestions auxquelles il ne pensait pas du tout et qui ont agr ablement surpris les commissaires une p tition collective constitu e de cartes p ti tions visant cr er un droit de p tition de l usager de la t l vision aupr s du CSA n aurait sans doute jamais t enregistr e sa
61. ns l entretien que nous avions men au pr alable aupr s des services de l Assembl e Nationale C est en effet cette p tition que les administrateurs du droit de p tition nous avaient pr sent e pour nous montrer que le plus souvent ils ne pouvaient enregistrer comme p tition les p titions au sens ordinaire qu on leur envoyait Et ce n est qu apr s nous avoir d velopp les raisons de la non recevabilit de 66 Il est un autre indice plus t nu mais peut tre encore plus r v lateur de l int r t relatif de ces rapporteurs pour la proc dure du droit de p tition le fait que tout au long d un des entretiens l un des parlementaires ait fait une erreur sur le nom de sa collaboratrice la Commission des Lois pour ne s en apercevoir qu la fin 67 Il semble du reste que les rapporteurs interrog s ne se soient jamais demand ce qui se passait avant qu on leur apporte les p titions enregistr es comment on faisait d une lettre l Assembl e Nationale une p tition 54 LA POLITIQUE AILLEURS cette p tition qu ils tomb rent par hasard sur une carte qui respectait l ensemble des prescriptions formelles plus t t d crites et conclurent qu ils la feraient suivre la Pr sidence des Commissions en mettant sur le dessus cette lettre recevable Quand l observation modifie l objet observ Comme enfin de leur c t les collaborateurs de l Assembl e rappelle
62. nt que le droit de p tition ne repr sente qu une toute petite partie de leur activit c est l ensemble du processus parlementaire d examen des p titions qu on doit attribuer ce d sint r t Un d sint r t parlementaire qui ne serait cepen dant si l on en croit tant les politiques que les juristest que second les parle mentaires ne porteraient peu d attention aux p titions l gislatives que parce que les citoyens auraient eux m mes d laiss cet instrument d intervention des forces p riph riques dans le centre parce qu ils ne le prendraient pas au s rieux ADP1 Pourquoi en effet faudrait il mettre en place une proc dure plus lourde s rieuse et solennelle pour accueillir dix p titions par an II LA D CONSTRUCTION D UNE VIDENCE QU EST CE QU UNE P TITION OU LA FONCTIONNALIT DU FLOU L preuve du comparatisme Il est cependant un certain nombre d l ments qui questionnent l vidence de ce raisonnement qui semblent lui chapper Celui ci p che de fait d abord synchroniquement En effet il impliquerait que ce ph nom ne propre au droit de p tition en France se retrouve aupr s des Parlements des autres d mocra ties occidentales Or si c est par exemple le cas en Grande Bretagne a ne l est pas en Allemagne et encore moins au Parlement europ en alors m me que les moyens d expression collective la presse d information ou le lobbyin
63. nt int ressantes tout le royaume serait la barre dans huit jours et vous auriez ici douze quinze mille p titionnaires 7 01 1791 C est ce qu l inverse signifiait M de la Courvoisier en 1819 lorsqu il estimait que le droit de p tition d g n re en abus Que la Chambre soit ferme repousser toute p tition qui ne l claire ni sur les abus d autorit ni sur les vices d une loi la foule alors se ralentira 20 01 1819 94 Merlli D art cit 1983 LE DROIT DE P TITION 63 pr sent comme subordonn aux pr rogatives de l ordre parlementaire il ne doit pas faire perdre de temps il doit leur tre utile il ne doit pas empi ter sur leurs pr rogatives A ADP2 qui explique qu on ne peut faire subir aux membres de la Commission au del de quelques dizaines de p titions cit es une par une et que le probl me c est l int r t du corps politique font ainsi cho l ensemble des parlementaires qui d sireux de d fendre une extension du droit de p tition ont d sacrifier une forme de norme rh torique parle mentaire en donnant des gages de leur attachement l ordre parlementaire l imperm abilit relative de cet ordre cette intrusion du d sordre p ri ph rique que pourrait constituer le droit de p tition Qui mettant en exergue l conomie de temps ou au moins l absence de perte de temps qui en r sultera qui t moignant son respect des pr ro
64. nt rendre compte du d clin du nombre de p titions enregistr es L in vitable flou d enregistrement Car c est avant tout logiquement et empiriquement que ce raisonnement qui fait du d sint r t citoyen pour le droit de p tition le pr alable d un d sint r t parlementaire pr sente une faille En effet ce qui en forme la base c est que les p titions enregistr es correspondent aux p titions re ues Or il ressort de l examen de l organisation pratique du traitement des p titions que de la lettre re ue la p tition enregistr e il est un ensemble d tapes qui interdi sent de conclure de la diminution des p titions enregistr es la diminution des p titions re ues la p tition sur le CSA n aurait pas t enregistr e en temps normal la p tition des mouvements la cs et ses milliers de signatures on l apprendra lors de notre entretien avec ADP1 n a quant elle jamais t enregistr e Plus largement on sait qu actuellement sont enregistr es chaque ann e une vingtaine de p titions l Assembl e Nationale pour la presque tota lit individuelles Or le jour de notre entretien avec ADP1 et ADP2 dans le dossier des p titions potentielles re ues pour ce jour on trouve une vingtaine de demandes diff rentes pour beaucoup collectives il s agit d une grosse Journ e selon ADP1 Ces courriers num rot s par le cabinet du Pr sident portent des n
65. objet je me serais mal vu devoir expliquer aux gens du Cabinet l enregistrement de cette p ti tion s ils s en taient aper us apr s coup Notons qu l inverse une lettre favorable ou non pourrait ne pas tre enregistr e comme p tition mais tre trait e en courrier ordinaire transmise directement une Commission pour un traitement de fond ou remise un groupe politique parce que c est plus avantageux pour elle 79 Un crit re dont on a implicitement une illustration encore plus frappante dans cette autre citation On peut m me admettre des p titions collectives au sens ici de non indivi duelles m me si elles rel vent d une intervention organis e 80 On pourrait ajouter que les p titions de psy au sens de malades psychiatriques maniaques sont class es d office 81 Ce d lai de traitement on le rappelle est lui m me un choix institutionnel puisqu l origine c est le jour m me de r ception des p titions qu elles taient discut es LE DROIT DE P TITION 59 Ainsi comme le conclut ADP1 si l on excepte le cas des proc duriers pour lesquels il est plus agr able de s en tirer en leur envoyant un accus de r ception les administrateurs du droit de p tition l Assembl e Nationale b n ficient d un certain degr d appr ciation Il est par exemple assez facile de trouver un l ment d
66. ociales n 50 novembre 1983 pp 3 47 91 Chevallier J Institutions politiques Paris LGDJ 1996 92 Merlli D La construction statistique in Champagne P et alii Initiation la pratique sociologique Paris Dunod 1996 pp 101 163 62 LA POLITIQUE AILLEURS nombre pour comprendre de quel ph nom ne il est l indice A quel ph nom ne faut il associer l ind niable diminution du nombre de p titions enregistr es l Assembl e Nationale A quel ph nom ne en retour faut il associer l viden te augmentation du nombre de p titions enregistr es au Parlement europ en On ne doit pas les relier on l a montr au nombre de p titions re ues par les Assembl es m me s il est bien s r clair que ce faible rendement en terme d enregistrement du droit de p tition peut indirectement limiter le nombre de p titions envoy es ne serait ce que dans la mesure o la plupart des p titionnaires actuels ne connaissent pas la proc dure au nom de laquelle leur demande pourrait tre re ue et qu une notification d enregistrement pourrait les conduire en prendre conscience et les inciter r utiliser cette proc dure Ce n est donc pas cet indice qui permettrait de conclure un d sint r t citoyen pour le droit de p tition et qui permettrait ainsi de rendre compte du d sint r t des parlementaires fran ais actuels pour ce droit C est en revanche l hypoth se
67. on des r gles du jeu fix es par l ordre politique la violation des 6 Barnes S Kaase M et al Political action Mass Participation in five Western Democracies Beverly Hills Sage 1979 7 Memmi D art cit 8 Zaret D Petitions and the invention of public opinion in the English Revolution American Journal of Sociology n 101 6 mai 1996 pp 1497 1555 Pour D Zaret les p ti tions taient l origine le principal support des messages allant de la p riph rie au centre p 1498 9 Lassalle J P Le droit de p tition dans l volution constitutionnelle de la France Extrait des Annales de l Universit de Lyon fascicule 22 1962 p 1 10 Cf ordonnance n 58 1100 du 17 novembre 1958 11 Sur la notion de r cup ration cf Noreau P Groupes sociaux minoritaires action collective et participation politique El ments th oriques pour l interpr tation du pro cessus d institutionnalisation et de r cup ration des mobilisations contemporaines Th se IEP Paris 1991 LE DROIT DE P TITION 4i normes institutionnalis es qui commandent la l gitimit des discours et des pratiques le franchissement du cercle des interdits et prohibitions N est ce pas pr cis ment parce qu elle ou lorsqu elle n est pas plus p ri ph rique que l activit p titionnaire trouve acc s dans l ar ne politique C est ce sur quoi on veut
68. parlementaire du droit constitution nel des libert s publiques ou de l histoire du droit comme fonctionnaires et politiques de droite comme de gauche charg s de la mise en uvre de ce droit s accordent sous des formes diff rentes mais quiva 18 Comme l explique D Gaxie Les contradictions de la repr sentation politique in CURAPP Le social transfigur sur la repr sentation politique des pr occupations sociales Paris PUF 19901 la position en surplomb du repr sentant le conduit construi re des probl matiques trang res aux pr occupations qu il transfigure au moment m me o il tente de les prendre en charge p 199 19 Par r fraction on fait r f rence au ph nom ne optique qui veut qu un rayon lumi neux qui franchit la surface de s paration de deux milieux de structures diff rentes ne p n tre dans ce nouveau milieu qu en subissant une transformation Par r flexion on fait r f rence au ph nom ne optique qui veut que certains rayons lumineux ne parviennent pas franchir la surface de s paration de deux milieux de structure diff rente et sont renvoy s non sans tre modifi s dans le milieu dont ils proviennent Le mod le implicite qui servira de contre mod le cette r fraction serait celui de la d mocratie directe dans lequel une demande p ri ph rique suffisamment appuy e pourrait avoir de son seul fait et sans subir de transfigura
69. pas le cas de l article 15 Il est de tradition de prononcer ce mot dans les constitutions mais je n h site pas affirmer que l article 15 tel qu il est r dig est d une compl te inutilit et d un amendement pour le supprimer soute nu par 34 d put s J Ramanory ne retira cet amendement que parce certains coll gues m ont indiqu que notamment les d put s de l Alg rie et des territoires d outre mer tenaient beaucoup au droit de p tition qui est vis dans cet article sous une pluie de tr s bien tr s bien dit le Journal Officiel qui ne semblent pas d montrer un int r t enthousiaste s ance du 14 mars 1946 Du reste cet article fut supprim du nouveau projet 41 Articles 6 et 7 de la loi du 22 juillet 1879 relative au si ge du pouvoir ex cutif et des Chambres Paris articles 7 et 8 de la loi organique du 6 janvier 1950 relative aux pouvoirs publics article 4 de l ordonnance n 58 1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assembl es parlementaires et qui renvoie explicitement aux r glements des Assembl es 42 Paris La Documentation fran aise 3 tomes 1987 88 91 48 LA POLITIQUE AILLEURS Une question sans enjeu L adoption de la proc dure r glementant le droit de p tition dans ces Assembl es ne suscite du reste plus de d bats publics Ce fut le cas en 1959 o le chapitre VII du r glement de l Assembl e Nationale est adopt sans dis cussion alors
70. peut par exemple lire l enregistrement en 1984 de la p tition n 248 de Juliette Gredy et 155 139 autres p titionnaires en faveur de la d fense de la libert de l enseignement C est ainsi qu on doit s rement comprendre la p tition n 45 d pos e en 1990 par J P Abbe et 900 000 autres p titionnaires p tition nationale organis e par le Rassemblement pour la R publique pour demander un r f rendum sur le droit de vote des trangers en France puisqu elle fait l objet de deux inci dents de s ance l un lorsque G L onard RPR en remet symboliquement un chantillon au ministre de l Int rieur l occasion d une question orale les Fran ais ont pu le voir la t l vision comme le note ironiquement P Joxe l autre lorsque dans cette m me s ance B Pons RPR fait un rappel au r glement pour se plaindre de la mani re dont ceux qui devaient apporter les p titions ont t accueillis 5 A la m me poque les s nateurs utilisent eux aussi des fins parlemen taires la proc dure p titionnaire puisque le 14 octobre 1982 ils autorisent L Virapoull UCDP rapporter en s ance publique deux p titions adress es respectivement par des conseillers g n raux de la Martinique et de la R union en vue de demander une consultation populaire des citoyens de ces d parte ments sur la volont du gouvernement de calquer le mode d lection des conseillers g n raux des D partements d
71. que par exemple la proc dure des questions orales fait l objet d amples d bats a l tait d j en 1849 o alors m me que la proc dure ins titu e pour l Assembl e Constituante de 1848 tait quelque peu remani e le seul amendement propos sur le chapitre IX ne fut pas soutenu son promo teur tant absent ADP1 rappelle enfin que lorsqu la fin 1993 P S guin avait invit les groupes parlementaires faire des propositions en vue d am liorer le travail parlementaire et de nettoyer le r glement il n y eut aucune proposition sur le droit de p tition Et ce d autant que selon lui nombre des parlementaires l ignorent et les vieux qui le connaissent pr f rent des proc dures plus efficaces Il est du reste cet gard significatif que sous des formes diverses chacun de nos interlocuteurs ait reconnu ne pas avoir connu ce droit avant d y tre directement confront De l affaire de tous tout le temps l affaire de quelques uns rarement Or et c est un autre indice de ce d sint r t parlementaire croissant l vo lution de la proc dure a peu peu conduit r duire le nombre de parlemen taires directement mis en pr sence du droit de p tition A l origine ce sont en effet tous les d put s qui d cident chaque jour en s ance publique du renvoi des p titions aux diff rents comit s ou au pouvoir ex cutif les p titionnaires pouvant du reste tre admis
72. ra un an apr s l alternance rapport de M Virapoull sur les p titions n 4681 et 4682 S nat s ance du 14 octobre 1982 58 Du 16 avril au 16 mai 1818 en dix sept s ances de la Chambre des d put s on peut compter neuf rapports sur des p titions Dans l ann e 1954 il n y eut que huit s ances de la Commission du suffrage universel o furent rapport es des p titions Enfin en 1994 il n y eut qu une seule de ces s ances qui y consacra un moment De ce fait les p titionnaires ne peuvent du reste plus peser sur l actualit 59 D j sous la Constituante les p titions taient parfois rapport es le soir apr s les bureaux Sous la L gislative c est le dimanche qui y est consacr Sous la Restauration on choisit pour ces rapports pr cis ment le moment o l Assembl e encore peu nombreuse est dans ce d sordre ins parable des premiers moments d une grande r union et lorsque l atten tion est d autant moins excit e qu on ignore compl tement la nature des r clamations adres s es la Chambre M Dumeilet s ance du 4 01 1819 On assigna par la suite ce droit la s ance du samedi mais le rapport pouvait tre abr g si nous ne le supprimions pas tout fait E Salverte 16 mai 1833 Quant au fonctionnement du droit de p tition sous la V me R publique ADP2 nous explique que s il y a un peu de monde c est parce que l examen des p titions se d roule la
73. resse et non transmise par un rassemblement peut sembler relever d l ments pure ment objectifs Pourtant en pratique comme le dit ADP1 sauf quelques lettres o la d cision s impose il y a une zone de flou Une lettre envoy e l Assembl e Nationale une lettre envoy e l actuel d put des Vosges une lettre envoy e M Philippe S guin une lettre qui pourrait avoir t envoy e d autres destinataires peuvent elles tre des p titions l Assembl e Nationale Des p titionnaires qui l issue d une manifestation enverraient des d l gu s pour d poser des p titions doivent ils tre repouss s Qu en est il des p titions envoy es par fax des campagnes de p titions men es en parall le avec des manifestations Qu en est il de p titions o les signataires men tionnent leur lieu de travail plut t que de leur domicile Qu en est il d une lettre irrespectueuse parce que d sesp r e Faut il s attacher la mani re dont c est crit alors qu il peut s agir de probl mes pos s par de petites gens dans une situation administrative inextricable ADP2 Suffit il de se fonder sur la premi re d un ensemble de cartes p titions ou faut il les examiner une une Autant d interrogations pratiques qui conduisent interroger l objectivi t 77 d une telle cat gorisation juridique d autant plus difficile que comme le rappelle A
74. s S ance du 6 mai 1831 70 LA POLITIQUE AILLEURS Ce qu indiquerait l volution du nombre de p titions enregistr es l Assembl e nationale depuis 1789 c est donc qu on serait progressivement ass d un r gime o les p titions taient pour un grand nombre r frac P P gt P t es un r gime o elles taient tr s largement r fl chies pour atteindre aujourd hui un r gime o elles sont pour la plupart absorb es D s lors c est cependant le fait m me de voir dans le p titionnement un mode d action p riph rique qui doit tre questionn en ce qu il postule la fois une s paration nette entre une p riph rie et un centre une monopolisation du p titionnement par la seule p riph rie et une homog n it relative de ces deux sph res Ce que montre l inverse l tude du mode de r ception des p ti tions dans les Assembl es parlementaires c est d abord que ces deux sph res ne sont pas nettement s par es que penser par exemple d une p tition lanc e par la CGT et reprise dans l ar ne parlementaire par des lus communistes c est ensuite que des personnages centraux initient eux m mes des p titions et c est enfin que ces sph res ne sont pas homog nes d une part la r fraction des p titions ne prend sens que parce que le centre est lui m me divis entre partis politiques entre pouvoir ex cutif et pouvoir l gislatif
75. s charg s du droit de p ti tion F Massot avance ainsi que de la part des citoyens le droit de p ti tion ce n est pas le mode le plus efficace Et ils le savent d ailleurs tr s bien Les citoyens organis s ils ont des lobbies et ils vont trouver les groupes pour 30 P Samuel Du droit de p tition sous la R volution Th se Paris V Giard et E Bri re 1909 montre ainsi comment les premiers textes l gislatifs inclure le droit de p tition en France l article 62 du d cret du 14 d cembre 1789 sur la constitution des municipalit s et l article 34 de la loi du 22 d cembre 1789 sur la constitution des assembl es primaires le font appara tre comme une compensation la limitation de la permanence des Assembl es de com mune et la prohibition du mandat imp ratif A la fois instrument de d mocratie et instrument d encadrement de cette d mocratie 31 Moreau J op cit p 91 32 D bats l Assembl e Nationale Et il poursuivait Car dans un empire aussi peupl que celui de la France et o il est difficile d additionner une somme de v ux individuels qui soit en quelque rapport avec la majorit de la nation il est clair qu un bon livre dans quelque langue et par tel auteur qu il soit fait r pand plus de lumi res fait mieux conna tre le v u public lorsqu il a du succ s et par cons quent d termine plus puissamment les administra teurs et les l gislateurs qui ne m prisent p
76. s opinions du corps social il n est plus qu un substitut vis vis d autres possibilit s plus adapt es telles que le m diateur la CADA la CNIL Or si l on se fie ce qui semble l indice le plus objectif de l int r t des citoyens pour le droit de p tition le nombre de p titions re ues et enregistr es par l Assembl e Nationale chaque ann e on ne peut que souscrire ce consensus En effet le 18 octobre 1791 M Lac p de secr taire de l Assembl e Nationale note ainsi qu il n y a que 15 jours que vous tes assembl s et il vous est d j parvenu un nombre prodigieux de p titions Il y en a plus de 1000 arri r es et il en arrive tous les jours 60 100 De 1839 1847 la Chambre des d put s en enregistre encore quant elle de 500 850 par an De 1902 1919 ce sont de 1900 3500 dossiers de p titions qui sont num rot s par la Chambre lors de chaque l gislature soit de 500 900 par an tandis que sous la Cinqui me R publique lors d une l gislature compl te l Assembl e Nationale n en enregistre que de 50 300 soit de 10 60 par an 34 Si formellement la tenue d un registre des p titions sur lequel chacune est distingu e par un num ro d ordre ne date que du r glement de la Chambre des Pairs du 2 juillet 1814 art 67 d s le 27 ao t 1789 A G Camus d put de Paris lu archiviste de l Assembl e Nationale a commenc
77. seil du 21 juin 1717 d fendait ainsi toute personne de signer aucun acte ou requ te sans permission du roi Il s ensuit une multiplication de brochures de pol mique pour la plupart anonymes vis vis desquelles la P tition r dig e par le docteur Guillotin appara t comme une innovation En effet ses promoteurs d cident d en faire signer des exemplaires par des particuliers dans les tudes des notaires de Paris Du reste le mot p tition lui m me faisait figure d innovation puisque si l on en croit le Dictionnaire histo rique de la langue fran aise Paris Edition Robert 1992 mot l origine fran ais et d si gnant une r clamation faite en justice il n aurait t r emprunt l anglais qui en avait fait une demande individuelle ou collective adress e aux pouvoirs publics qu l occasion de la R volution fran aise Il est cet gard significatif que sur un des exemplaires originaux de ladite p tition ce mot soit mis en italique BN Lb39 835 42 LA POLITIQUE AILLEURS de ce qui est synchronie et ce qui est diachronie on amorcera une comparai son avec ce qui est fait du droit de p tition dans un Parlement naissant le Parlement europ en On peut en effet ainsi montrer que doit tre renvers e l id e pr dominante depuis d j un si cle tant chez les juristes que chez les politiques selon laquelle le droit de p tition est vou tomber en d su tude et que c
78. u nom de la qualit de la nationalit et du domicile de chacun des signataires r daction dans une des langues officielles de l Union europ enne art 156 2 et 3 de l actuel r glement du Parlement europ en On retrouve ensuite cette formule qui naturalise la notion de p tition Les p titions sont inscrites sur un r le g n ral dans l ordre de leur arriv e art 156 4 85 Dans la pratique le secr tariat tablit un r sum de chaque p tition ainsi qu une recommandation relative cette recevabilit Un document comportant les r sum s est ensui te examin par la pr sidence de la Commission des p titions et par les coordinateurs des groupes politiques Leurs d cisions sont enfin approuv es formellement par vote par l ensemble de la Commission cf Surrel H art cit p 235 86 Rapport de M Antoni Guti rrez Diaz op cit 1996 p 9 87 Crozier M et Friedberg E L acteur et le syst me Les contraintes de l action col lective Paris Seuil 1992 LE DROIT DE P TITION 61 On pourrait du reste montrer que c est ce m me imp ratif qui semble avoir jou dans la d cision prise par le Parlement de ne pas d clarer irrecevable toute p tition pr sent e par un citoyen ou un r sident comme semblait le sti puler le Trait de Maastricht de ne pas non plus tendre le droit de p tition toute personne comme le proposait une r solution ant rieure du Parlement europ en mais d
79. um ros situ s dans les 60 000 le num ro 1 devant correspondre au d but de la l gislature Autant d l ments qui lui font dire que peut tre 2 000 p titions potentielles passent chaque ann e par son bureau On pourrait pourtant consid rer que dans la mesure o sous la ITT me R publique les crit res de recevabilit taient plus stricts qu actuellement si l on suppose qu ils ont toujours t appliqu s administrativement avec autant de z le le d clin du nombre de p titions enregistr es illustre effectivement le d clin du nombre de p titions re ues Cependant et c est le second enseigne 76 C est ce qu illustre par exemple ce qu on pourrait appeler un lapsus d H Surrel Le droit de p tition au parlement europ en Revue du march commun n 335 mars 1990 pp 219 234 qui franchissant encore un degr suppl mentaire explique qu en 1977 78 20 p titions ont t adress es au Parlement comme si on pouvait assimiler p titions adres 79 66 hn s es p titions re ues et p titions enregistr es LE DROIT DE P TITION 57 ment que r v le l analyse de la pratique ordinaire du droit de p tition ces cri t res sont pour l essentiel ambigus les appr ciations ne sont pas faciles formaliser ADP1 Certes constater qu une lettre est crite sign e adress e au pr sident de l Assembl e Nationale respectueuse dot e d une ad
80. un registre sur lequel il inscrivait les m moires et adresses envoy s l Assembl e Nationale registre baptis Sommaire des lettres et p titions adress es l Assembl e Nationale AN C II 8 et suivants Notons au passage qu alors tout courrier tait donc enregistr comme p tition 35 On raisonne ici comme sous la monarchie de Juillet en dossiers de p titions et non pas en p titions dans la mesure o depuis 1839 sont regroup es sous le m me num ro les p titions ayant le m me objet L id e de d clin du p titionnement pourrait donc m me tre questionn e partir de cet indicateur l puisqu un nombre quivalent ou moindre de dos siers de p titions peut correspondre un nombre sup rieur d initiatives p titionnaires et de signatures On notera n anmoins que si cet indicateur permettait effectivement de mesurer le nombre de th mes diff rents sur lesquels des citoyens se sont mobilis s pour intervenir dans l activit parlementaire il aurait la signification souhait e On ajoutera de plus qu une tude men e par C Leys Petitionning in the 19th and 20th centuries Political Studies vol 3 1 1955 pp 45 64 sur le nombre de p titions enregistr es par la Chambre des Communes au XIX et au XX si cles qui prend en compte aussi le nombre total de signatures parvient la m me id e d un d clin 36 Sur la p riode 1988 1993 l Assembl e Nationale a a
81. us recevoir un fonctionnaire vocation politique M O Challan Belval conseiller technique au cabinet du Pr sident de l Assembl e Nationale entre tien r alis le 3 07 1996 deux des quatre fonctionnaires directement responsables de l admi nistration de ce droit l Assembl e nationale qu on nommera par souci d anonymat ADP1 et ADP2 entretien commun r alis le 11 07 1996 ainsi que deux des quatre derniers d pu t s charg s de rapporter les p titions l Assembl e Nationale F Massot apparent PS qui fut en charge de ce droit de 1978 1981 entretien r alis le 18 11 1996 et C Darsi res appa rent PS qui remplit cette fonction depuis 1993 entretien r alis le 29 10 1996 Qu ils veuillent bien trouver ici l expression de nos remerciements et de nos excuses pour l objecti vation que nous avons fait subir leurs discours Que ceux qui ont accept de relire la pre mi re version de cet article et tout particuli rement Mme J Freyssinet Dominjon et M M Offerl trouvent ici par la m me occasion l expression de notre gratitude pour leurs pr cieuses suggestions 17 Une telle expression peut sembler exag r e par son caract re totalisant et fonctionna liste Il s agit seulement de montrer qu au del d oppositions id ologiques fortes de positions dans le champ politique diversifi es de conjonctures elles m mes diff rentes et plus ou moins mobilis es de ce champ polit
82. utif C est ce qui a d j t amplement d montr propos de la Restauration C est ce qu on pourrait montrer de fa on ind niable en ce qui concerne le Parlement europ en puisqu il n est par exemple pas un rapport de la commission des p titions qui ne souligne com bien la n cessit de ne pas d cevoir les citoyens et de rendre r el le droit de p tition justifierait une extension des pouvoirs du Parlement C est ce qu illustrent enfin de la fa on la plus flagrante les tentatives que men rent les deux Assembl es parlementaires fran aises partir du milieu des ann es 1960 afin de faire du droit de p tition un instrument de r habilitation de leur pouvoir On y retrouve en effet tous les l ments possibles de r cup ra tion de la proc dure p titionnaire C est ainsi la suite d une p tition pr texte rapport e en mai 1966 dans une p riode de crise du Parlement dont t moi gnera peu apr s la publication de l ouvrage d A Chandernagor intitul Un Parlement pour quoi faire l qu est modifi le r glement de l Assembl e natio nale pour y introduire d abord la possibilit de faire poser une question orale sur l objet d une p tition ensuite une obligation pour les ministres auxquels on aurait renvoy une p tition d y r pondre dans les trois mois enfin une proc dure d examen des p titions en s ance publique qui puisse d boucher sur la mise en place d une

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