dialogue des cultures - Centre d`études et de recherches
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1. un champ clos o ces causes vont s afficher tout fait clairement et se battre Cette id e de la culture ne LE DIALOGUE DES CULTURES 243 conduit pas seulement v n rer la sienne mais aussi la croire totalement s par e des r alit s de ce monde puisqu elle les transcende Elle peut ais ment devenir une forteresse protectrice avant d entrer laissez vos id es politiques au vestiaire E Sa d 2001 R cup r e h tivement par le discours politique cette posture nourrit sans surprise des d clarations semblables celle de Jacques Chirac pr sident de la R publique en titre faite Lancaster House le 18 novembre 2004 en pr sence du Premier ministre britannique Tony Blair L Am rique du nord et l Europe sont deux pays qui tradition nellement historiquement partagent les m mes valeurs et donc ont vocation mener les m mes combats Si les observateurs ont moqu le lapsus par lequel le chef de l tat fran ais avait fait de 1 Am rique du Nord et de l Europe deux pays ce hold up des valeurs positives leur seul profit est demeur l abri de toute critique Une telle ligne d analyse et de partage est pourtant lourde de sous entendus fort peu diplomatiques Contre qui ces combats communs de l Europe et de l Am rique doivent ils en effet tre men s Contre ceux des autres continents qui n auraient donc aucune consid ration pour ces valeurs l A2. Sa d 2001 LA CULTURE POUR MASQUER LE POLITIQUE L approche culturaliste contribue ensuite et surtout masquer la matrice politique et profane des tensions internationales et partant leurs v ritables responsables En la th ologisant ou en la culturalisant elle surid ologise l origine des r sistances ou des oppositions que rencon trent les acteurs dominants et minimise ce faisant leur part de responsabilit La tentation est grande pour les acteurs tatiques de faire porter la religion et la culture de ceux qui leur r sistent d non ant leur autoritarisme ou leur unilat ralisme ou contestant leur h g monie la responsabilit de diff rends qui sont souvent d ordre purement politique et o leur responsabilit est tr s directement engag e La focalisation sur le vocabulaire islamique des protestataires sert masquer la l gitimit politique de leurs revendications Le fait qu elle soit assortie d une for mule islamique suffit ainsi disqualifier la d nonciation d une 4 Entretien avec l auteur Santiago du Chili novembre 2004 238 AUTORITARISMES D MOCRATIQUES D MOCRATIES AUTORITAIRES occupation militaire ici de l absolutisme d un dirigeant ailleurs ou des m thodes de la superpuissance am ricaine Les Isra liens ont tent tr s t t en prenant notamment appui sur les travaux de Bernard Lewis Lewis 1990 de d politiser leur conflit avec les Palestiniens
3. Le dialogue des cultures une vraie fausse r ponse l autoritarisme Port e et limites du traitement culturaliste de la violence politique Fran ois Burgat Enfin et surtout on doit se demander en quoi consiste cette diver sit des cultures au risque de voir les pr jug s racistes peine d racin s de leur base biologique se reformer sur un nouveau terrain Claude L vi Strauss Race et Histoire Le second sens du mot culture s instaure presque imperceptible ment Par certaines connotations le raffinement l l vation On lit Dante ou Shakespeare pour s lever au niveau du meilleur et aussi pour se voir soi m me son peuple sa soci t sous un meilleur jour Et voil comment la culture en vient tre associ e sur un ton sou vent belliqueux la nation ou l tat Elle est ce qui fait la diff rence entre eux et nous presque toujours avec quelque x nophobie Edward Sa d Culture et imp rialisme Le dialogue des cultures ou des civilisations est un instrument des relations internationales dont la cr ation est plus ancienne que la fortune m diatique beaucoup plus r cente La centralit qu il a acquise depuis le 11 septembre 2001 incite se pencher sur les conditions de son fonctionnement au regard des objectifs qui lui sont assign s N dans les registres de la sociologie coloniale Ren Maunier 1939 1936 1942 il semble tre long
4. Les appartenances consid r es comme suffisamment essentielles par Samuel Huntington pour justifier la militarisation de leurs fronti res volent en fait en clat d s lors qu elles sont confront es la r alit d une expres sion sociologique Russe par ma naissance juive de religion chilienne de nationalit aucun de ces trois titres je ne suis suppos e selon les cat gories de Samuel Huntington appartenir au camp occi dental peut faire remarquer ainsi une enseignante de l universit de Santiago du Chili Nul aujourd hui n est seulement ceci ou cela Indien femme Musulman Am ricain avait solennellement rappel Edward Sa d ces tiquettes ne sont que des points de d part Accompagnons ne serait ce qu un instant la personne dans sa vie r elle et elles seront vite d pass es L imp rialisme a agglom r l chelle plan taire d innombra bles cultures et identit s Mais le pire et le plus paradoxal de ses cadeaux a t de laisser croire aux peuples qu ils taient seulement essentielle ment exclusivement des Blancs des Noirs des Occidentaux des Orientaux Les continuit s persistantes sont ind niables longues tradi tions habitats prolong s langues nationales g ographies culturelles Mais il n y a aucune raison sauf la peur et le pr jug de vouloir toute force les maintenir s par es et distinctes comme si c tait le fin mot de la vie humaine
5. essentialisation de la culture est sans doute le travers le mieux r pandu sur la plan te Chaque manifestation de repli culturaliste des unes conforte donc en le cautionnant une tr s LE DIALOGUE DES CULTURES 241 identique tentation de repli culturel et d exclusion id ologique de l Autre les extr mes participant une m me binarisation des ima ginaires politiques D FENDRE LA DIVERSIT CULTURELLE SANS L EXTRAPOLER AU TERRAIN DES VALEURS Une fois d nonc s les dangers d une approche o les d fauts attri bu s la culture des autres servent masquer tout le reste et notamment les responsabilit s politiques de ceux dont la culture est labri de tout soup on le dialogue des cultures n en demeure pas moins un registre de r flexion susceptible de concourir la r sorption des tensions internationales Il peut notamment tre utilis pour pr venir une confusion pernicieuse celle qui s op re lorsque la d fense de la diversit culturelle cr dibilise l existence entre les civilisations de diff rences plus substantielles que culturelles ou encore lorsque pr vaut l id e qu chacune de ces civilisations serait attach un corpus de valeurs non seulement sp cifiques mais antinomiques voire antago niques avec celles des autres La d fense de l identit culturelle d un groupe par exemple national proc de du souci l gitime de ses mem bres de
6. Robert Baer 2002 Anonymous Michael Scheuer 2004 v hicule indiscutablement un large spectre de revendications parfaitement profanes et trivialement politiques Bien plus s rement qu au service d une entreprise mission naire et pros lyte o les r duit souvent la qualification m diatique courante les fous de Dieu elle se nourrit de la d nonciation de l oc cupation militaire de tout ou partie de la P ninsule arabique puis de l Irak et de la Palestine par les troupes am ricaines et celle de l tat h breu d une part ainsi que du soutien accord par la communaut inter nationale des r gimes dictatoriaux d autre part Si les acteurs individuels des forums ou colloques sont r put s maner des soci t s civiles il ne faut pas m conna tre le fait que la d finition couramment admise des soci t s civiles dans le monde arabe est si restrictive qu elle exclut souvent des pans entiers des soci t s concern es Burgat 2006 Les organisateurs des rencontres sont le plus souvent par ailleurs les tats eux m mes Lorsque ce sont des ONG celles ci appartiennent souvent la cat gorie de ces vraies organisations gouvernementales les OVG comme les appellent iro niquement les opposants des r gimes autoritaires du monde arabe qui se sont multipli es pas seulement d ailleurs dans les pays du Sud l instigation directe des minist res des Affaires trang res Dans tous les cas les
7. d rives imp riales des super puissances l unilat ralisme de leurs politiques trang res leur capacit monopoliser les flux d infor mation tout comme les blocages autoritaristes des r gimes qui leur sont alli s sont moins naturellement nonc s comme objets de r flexion de ces rencontres que le radicalisme religieux L approche et le traitement culturalistes des tensions internationales en g n ral et de la violence dite terroriste en particulier rec lent ainsi plusieurs paradoxes En se coulant dans le moule des appartenances cul turelles ils peuvent contribuer cr dibiliser les diff rences culturelles que les acteurs sont invit s respecter plus qu relativiser qu ils devraient tout autant aider d passer 1 L insistance accord e au registre culturel participe ensuite d un m canisme d occultation des causalit s politiques de tensions Elle cautionne souvent de ce fait une distribution tr s unilat rale des responsabilit s les maladies de la culture de 3 OVG Organisations v ritablement gouvernementales formule employ e notam ment par les opposants tunisiens pour d signer les ONG qui sous couvert de neutralit collaborent avec le r gime autoritaire 236 AUTORITARISMES D MOCRATIQUES D MOCRATIES AUTORITAIRES l Autre suffisant expliquer les difficult s de notre coexistence avec lui qui retarde d autant l adoption de solutions r alistes I
8. droit a t refus aux femmes jusqu en 1945 L Islam peut l vidence appa ra tre comme occupant dans les soci t s du monde arabe une place tr s envahissante si on la compare avec celle qu en 2007 la religion occupe dans une France largement d senchant e Cette diff rence devient moins consubstantielle l Islam et les valeurs de l Islam moins LE DIALOGUE DES CULTURES 247 248 AUTORITARISMES D MOCRATIQUES D MOCRATIES AUTORITAIRES herm tiquement trang res si la place de la religion dans l gypte SA D E 2002 Culture et Imp rialisme Fayard Paris de Moubarak est compar e avec celle qu occupait le catholicisme en SEAL J 1995 A Fez of the Heart Travels around Turkey in Search of a Hat Harcourt Brace and Company Londres WALLERSTEIN I 2007 L Universalisme Demopolis Paris WooDWARD B 2002 Bush at War Simon amp Schuster New York Pologne en Italie ou au Portugal il y a moins de cinquante ans En 2007 une femme musulmane des hauts plateaux y m nites appa ra tra comme ayant des formes de sociabilit essentiellement diff rentes de celles d une occidentale new yorkaise d aujourd hui Mais ses instruments et ses rites de communication n en sont pas moins tr s comparables ceux d une savoyarde occidentale des ann es 1930 etc Cette diversit persistante des pratiques autorise t elle affirmer p remptoirement que Liberty
9. pr server des modes de socialisation des formes d expression artistiques notamment ou de religiosit qui leur sont propres ou qu ils per oivent comme tels mais au del d un certain seuil cette valorisa tion des particularismes peut d boucher sur la d valorisation voire sur la stigmatisation de la culture des autres et donc des autres eux m mes C est pour pr venir une contradiction aussi pernicieuse qu elle est r pandue que le dialogue des civilisations pourrait reprendre toute sa signification et toute son importance il peut l vidence servir identifier les innombrables mani res qu ont dogmes et doctrines de d nier la culture de l Autre la capacit d exprimer une r f rence uni verselle L inventaire des pratiques culturelles contribue mettre en vidence le caract re id ologique de la revendication de sp cificit laquelle les membres des diff rentes cultures ou civilisations sont intuitivement encore souvent attach s Dans le sillage conscient ou inconscient de Samuel Huntington nombre d intellectuels ou d ac teurs politiques de tous bords toutes appartenances religieuses ou culturelles confondues en m me temps qu ils tiennent affirmer l ori ginalit de leur culture croient en effet devoir souligner la sp cificit voire l unicit des valeurs dont elles auraient en quelque sorte le monopole De fa on corollaire ils ressentent
10. re ne refusera pas de venir prendre l ap ritif c est dire non point de souscrire l universelle valeur socialisation mais de le faire par un rite d termin celui d une soci t donn e quitte lui demander comme gage de sa l gitimit de se distancier de l un des marqueurs essentiels de sa croyance l inverse un non Musulman prenant dans les conflits o sont impliqu s des acteurs musulmans des posi tions jug es favorables ceux ci pourra s entendre sugg rer de franchir le dernier obstacle devant l universel en acceptant de devenir lui m me musulman Cette identique vell it d attirer l Autre non point sur le terrain de l universel mais bien dans son univers de croyance pro c de ainsi d une identique propension conditionner la l gitimit de l Autre son acc s l universel non point son acceptation des valeurs universelles mais son adh sion un parmi d autres syst me symbolique d expression et de l gitimation de ses valeurs Il ne m im porte pas que l Autre soit juste honn te respectueux de l Autre sa mani re il doit l tre l identique en recourant chaque c dille et chaque virgule de la terminologie qui m est fami li re Il ne doit pas tre d mocrate seulement dans ses modes d actions politiques mais encore parler la langue la mienne bien s r de la d mocratie C
11. BE 1986 Les rapports entre deux cultures Actes du col loque de Hambourg Aix en Provence 245 p HUNTINGTON S 1993 The clash of civilizations Foreign Affairs p 22 49 L vy L 2005 Le Spectre du communautarisme ditions Amsterdam Collection D mocritique Paris Lewis B 1990 The roots of Muslim rage The Atlantic Monthly septembre vol 266 n 3 MAUNIER R 1932 1936 1942 Sociologie coloniale tome I Introduction l tude du contact des races tome IT Psychologie des expansions 442 p tome III Le progr s du droit 479 p Domat Montchrestien Paris MEDDEB A 2002 La Maladie de l islam Seuil Paris 5 Lors des obs ques des marins du destroyer US Cole par un attentat attribu Al Qa da le pr sident Clinton avait cru pouvoir dire que les motivations des auteurs de l attentat suicide en voulait aux valeurs de Freedom et de Liberty des jeunes marins qui participaient alors un embargo de l Irak dont on savait alors qu il avait d j fait pr s de 500 000 morts parmi la population enfantine
12. I L inventaire rai sonn des formes et des terrains d expression de la diversit des cultures n en conserve pas moins tout de m me une port e int ressante Une telle entreprise doit toutefois se dissocier clairement de toute extrapolation de la port e de la diff rence culturelle au terrain des valeurs MI LE PARADOXE DES APPARTENANCES IMPOS ES Le premier paradoxe du dialogue des civilisations est bien de se nourrir de l existence des appartenances qu il contribue cr dibiliser au lieu d en d montrer le caract re largement id ologique Le rappro chement mais galement le respect des diff rences entre les cultures a besoin d affirmer la distance qu la fois il entend r duire mais tout autant il requiert pour fonctionner La mise en sc ne m dia tique et politique du dialogue conduit donc inconsciemment assigner plus ou moins autoritairement les acteurs une apparte nance primaire La mise en sc ne d un dialogue Orient Occident en veillant avec la meilleure volont l quilibre des temps de parole entre les deux camps contribue conforter des cat gories dichoto miques et binaires Elle occulte ce faisant l infinie vari t de postures intellectuelles que recouvrent dans la r alit ces appartenances plus complexes que ne permet de le penser la dichotomie occidentale et musulmane Dans la pratique du dialogue entre les civilisation
13. LE DIALOGUE DES CULTURES 245 rapport aux autres les pays du monde non europ en les populations des nations les plus pauvres et les moins d velopp es Leur ton est souvent moraliste d nonciateur et arrogant m me si les politiques pr conis es sont toujours pr sent es comme refl tant des valeurs et des v rit s universelles Il existe trois variantes essentielles de cette invoca tion de l universalisme La premi re se pr vaut de ce que les politiques mises en uvre consistent en la d fense des Droits de l homme et en la promotion de quelque chose qu ils d signent sous le nom de d mocratie La deuxi me se rev t du jargon tincelant du Choc des civilisations suivant lequel il est toujours implicitement suppos que la civilisation occidentale est sup rieure aux autres parce qu elle serait la seule tre fond e sur de telles valeurs et de telles v rit s uni verselles Et la troisi me variable consiste proclamer les v rit s scientifiques du March avec en corollaire la notion qu il n y a pas d autre voie pour les gouvernements que de fl chir le genou et de subir la f rule des lois conomiques n o lib rales Pour bon nombre de r publicains fran ais qui si elle leur tait adress e l accusation de communautarisme para trait tout fait incon grue L vy 2005 un bon Musulman est celui qui l heure de la pri
14. S 239 dictatures rebelles qu celles qui ont fait acte de soumission qu est intim e la consigne de changer La culture du changement promue par symposiums et s minaires travers les capitales occidentales ou arabes du d but de ce si cle vise avant tout promouvoir la culture du changement des opposants rebelles en alli s soumis Par sa propension ne pas inclure dans son champ d intervention la violence des tats l outil du dialogue culturel appara t comme un instrument surtout consacr pr venir la violence contre les tats et de ce fait contrer au nombre de celles ci les r sistances pas n cessairement ill gitimes aux dysfonctionnements de l ordre politique mondial Si les acteurs tatiques aiment dire vive le dialogue c est souvent ainsi parce qu ils semblent ne pas vouloir dire occupation S ils pr f rent parler culture en l occurrence plus naturellement de celle de l Autre qui leur r siste que de la leur c est pour ne pas avoir dire trivialement p trole fron ti res ou autres int r ts et ne pas avoir prendre en compte les cons quences de leur politique trang re ou de celles de leurs alli s Huntington perc e th orique ou caution acad mique au sens commun Avec la formidable cons cration m diatique de la th orie de Samuel Huntington sur le Choc des civilisations c est bien la sur
15. ctives tous les autres Tel est bien le c ur du non dit de la th orie de Samuel Huntington L ensemble civilisationnel de S Huntington se trouvant en devoir de cohabiter avec un autre ensemble l islam d fini par un postulat aussi abrupt que le caract re sanglant de ses fronti res sa th orie autorise riger ses fronti res en ligne de d fense de com bats destin s prot ger des valeurs essentielles menac es par tous ces autres qui n ont pas la chance d en avoir d aussi bonnes En souli gnant le glissement qui s op re insensiblement entre les deux fonctionnalit s possibles de la notion de culture Edward Sa d a tr s bien d mont cette d rive pernicieuse Le second sens du mot culture crit il s instaure presque imperceptiblement Par certaines connotations le raffinement l l vation On lit Dante ou Shakespeare pour s lever au niveau du meilleur et aussi pour se voir soi m me son peuple sa soci t sous un meilleur jour Et voil comment la culture en vient tre associ e sur un ton souvent belliqueux la nation ou l tat Elle est ce qui fait la diff rence entre eux et nous presque toujours avec quelque x nophobie Prise en ce sens la culture est une source d identit et en plus prompte en d coudre C est une sorte de th tre o diverses causes politiques et id ologiques s apostrophent
16. ela vous aide t il de parler le fran ais langue de la d mocratie demandait ainsi avec candeur Bernard Pivot celle que Pierre Bourdieu avait en son temps nomm la pasionaria des radicateurs alg riens Que vont devenir ces pays demandait 246 AUTORITARISMES D MOCRATIQUES D MOCRATIES AUTORITAIRES publiquement il n y a pas si longtemps que cela un fonctionnaire fran ais de tr s haut rang qui avait t pr cis ment confi la charge d animer l une des innombrables expressions du dialogue euro arabe Vont ils devenir d mocrates ou bien vont ils continuer parler arabe entre eux Encore un petit effort et si vous aban donnez vos r f rences culturelles et autres croyances pour avoir le bon go t d adopter enfin les miennes vous aurez une chance d acc der l universalit Le caricaturiste ne s y est pas tromp qui repr sentait l preuve impossible que doit subir la Turquie pour avoir le droit de go ter aux privil ges du club dont l Europe s efforce de convaincre son entourage qu il n est pas seulement chr tien un citoyen moustachu v tu d un veston color pass sur une tunique blanche et coiff d un Fez rouge brandit une pancarte exprimant son souhait d adh rer l Union europ enne Un par un tous les attributs vestimentaires de sa diff rence sont d nonc s par le jury qui lui demande ainsi de quitter successivement apr
17. en tentant d accr diter l id e que leur malentendu avec ces derniers tenait plus l essence de la civilisation musulmane en g n ral ou aux carences d mo cratiques structurelles du gouvernement de Yasser Arafat en particulier qu aux triviales cons quences humaines de leur occupation Le pr sident des tats Unis ou son tr s fid le alli britannique tente le m me tour de passe passe rh torique lorsqu il croit pouvoir expliquer le rejet de sa politique au Proche Orient ou dans le monde par l hostilit des citoyens l gard de valeurs Freedom and Liberty que l Am rique serait la seule revendiquer Les partenaires tatiques des tats Unis ou de l Europe font bien des gards la m me chose lorsque tout en r clamant tr s l gi timement en tant qu acteurs domin s l ouverture du syst me politique mondial ils justifient leur propre autoritarisme par le pr texte de leur lutte contre l int grisme islamique de leurs opposants Les r sistances aux injustices de l ordre mondial ou les oppositions des autoritarismes nationaux tendent ainsi en derni re instance tre dis cr dit es comme n exprimant qu une sorte de d ficit ducatif l origine d une pathologie culturelle la maladie de l islam Meddeb 2002 Cette pathologie n affecterait bien videmment qu une seule des deux parties au conflit suffisant exon rer l autre de toute responsabi lit La
18. fricains et Asiatiques peuvent ainsi tr s l gitimement se demander qui sont ces barbares contre qui l Europe et les tats Unis entendent mener leurs combats communs Justice sociale d mocratie droits de l homme c est nous et cela ne peut donc pas tre les autres LES VALEURS ET LES FA ONS DE LES CULTIVER La diff rence entre valeurs et cultures se doit en fait d tre constam ment rappel e La confusion entre signes ou symboles d appartenance culturelle et valeurs est ancienne Le long des itin raires de la moder nisation orientale les exemples abondent Lorsqu il cru devoir conditionner l acc s la modernit au rejet du Fez traditionnel au b n fice d une casquette et condamnait mort ceux qui r sistaient cette ouverture sur l Europe Kamel Atat rk faisait de toute vidence une erreur de ce type Les passions que soul ve le port du hijab dans les coles fran aises Lorcerie 2006 en opposant port du voile et moder nisation sociale ne sont pas toujours trang res une telle confusion Lorsque l on s attable en compagnie d un h te tranger il est l gitime de s attendre appr cier ou faire appr cier les expressions de la plus grande diversit culturelle Il en va de m me dans le salon pour litt ra ture et musique ou pour les registres vestimentaire et linguistique Il est l gitime de vouloir pr server une vaste gamme de saveurs et de sonorit s d exp
19. i d ologisation culturaliste des fractures politiques du monde qui a re u une spectaculaire caution scientifique Dans son article fondateur Huntington 1993 chacun se souvient qu Huntington a principalement nonc l hypoth se qu au sortir de la guerre froide les conflits tendraient se produire le long de fronti res qui ne seraient plus id ologiques com munisme vs capitalisme ou conomiques nantis vs d munis mais culturelles ou civilisationnelles On rappelle moins souvent que bien plus significativement celui qui allait devenir l une des principales r f rences des n o conservateurs am ricains a choisi galement de d signer la plan te inqui te le nom du mauvais l ve du moment et ce faisant l arri re plan et le mode d emploi politique de sa th orie Laissant les dizaines de millions d Indiens massacr s au nord ou au sud de son Am rique chr tienne se retourner dans leur tombe pour ne rien dire des victimes ult rieures des traites n gri res de la grande expansion colo niale occidentale du xix si cle du nazisme ou du stalinisme duxx il livra le mode d emploi de sa classification culturaliste en d signant le seul ensemble civilisationnel avoir eu ses yeux au cours de sa longue histoire une propension particuli re s tendre par la violence sans trop de surprise il s agissait de l Islam qui notre savant penseur a cru pouvoir attribuer de
20. la n ces sit logique de les inculquer non seulement quiconque venant d une 242 AUTORITARISMES D MOCRATIQUES D MOCRATIES AUTORITAIRES autre culture pr tendrait faire partie du groupe national ou autre mais tr s vite au reste de la plan te Une telle approche est lourde de sous entendus n implique t elle pas plus ou moins explicitement que des valeurs ch res un groupe telles que par exemple libert ga lit fraternit pourraient ne pas l tre derri re le rempart de leur diff rence culturelle d autres IDENTIT ET VALEURS La volont de respecter les diff rences culturelles peut contri buer ainsi renforcer l id e contestable que les fronti res entre les appartenances culturelles recouperaient les fronti res entre les valeurs chaque culture ou chaque religion serait le vecteur privil gi de ses valeurs propres c est dire diff rentes de celles des autres Chacun aurait de ce fait vocation entrer en comp tition et in vitable ment en tension avec ces autres qui n ont pas la chance d avoir les bonnes valeurs C est ainsi que les discours les plus politiquement cor rects en viennent insensiblement souligner la sp cificit voire l unicit des valeurs de leur communaut impliquant plus ou moins explicitement que celles qui leur sont ch res ne le sont pas autant der ri re les barri res de leurs cultures respe
21. lique de l Occident plus d stabilisante encore que les accrocs et autres revers qui affectent son h g monie militaire L explication rassurante d une guerre qui opposerait des civilisations s apparente donc bel et bien l autojustification de conflits pr ventifs qu une quelconque th orie scientifique Loin de tout souci pol mique cette d marche ne surprend pas outre mesure de la part d un chercheur qui si convaincant soit il lorsqu il analyse les replis de la soci t qu il conna t c est dire la sienne n a manifeste ment jamais franchi ces fronti res de l islam pour donner une base sociologique et culturelle sa connaissance des soci t s non occiden tales en g n ral musulmanes en particulier Voici venir les guerres de civilisation veut donc dire Nous ne sommes pas menac s du fait de nos politiques mais bien cause de cette terrible sp cificit cultu relle dont sont affect s nos voisins musulmans sp cificit pathologique dont nous sommes l gitimes vouloir contenir les effets La caution imprudente de la science politique a ainsi servi surtout rendre dicible du haut des chaires acad miques et plus dangereuse ment dans les all es du pouvoir la criminalisation d une g n ration coupable de contester une h g monie Le succ s de la th orie d Huntington ne s est sans surprise pas limit la rive occidentale du monde Le r flexe d
22. notion de changement varie consid rablement selon la place qu occupe celui qui la r clame dans le rapport de forces local ou interna tional Le changement n a pas le m me sens pour le ge lier et pour le prisonnier pour Sharon ou Olmert ou pour Arafat Abbas ou Haniyeh Or c est plus naturellement ceux qui r sistent ou ceux qui s opposent qu il est demand avec insistance de s ouvrir au monde de dialo guer et ou de changer tes vous certains de ne pas vouloir dialoguer avec ma civilisation veut parfois dire tes vous certains de ne pas vouloir composer avec mon syst me ou tes vous vraiment d termin s contester mes m thodes Ne voulez vous pas vous d mocratiser peut se traduire tes vous s rs de ne pas vouloir changer ce r gime qui m est si hostile pour au nom de la d mocratie en promouvoir un qui le serait moins C est bien l Autre et rarement eux m mes ou leurs alli s domestiqu s que sont vant es par les ma tres de la global war on terror les exigences de la r forme politique On met ainsi infiniment moins d insistance r clamer plus de d mo cratie Alger ou Tunis qu T h ran ou que l on avait mis le faire aupr s du ma tre de Bagdad avant qu il n ait eu l id e suicidaire de s ap proprier les champs p troliers kowe tiens C est plus naturellement aux LE DIALOGUE DES CULTURE
23. ou Freedom sont substantielle ment incompr hensibles par les citoyens de la P ninsule arabique qui r sistent la militarisation de la diplomatie p troli re am ricaine Permettent elles de se convaincre de la n cessit que avant de pouvoir devenir fran ais il est n cessaire de prendre des le ons de libert et de fraternit Il est pourtant plus enrichissant et difficile conclut E Sa d de Burgat Fran ois Le dialogue des cultures une vraie fausse r ponse penser concr tement chaleureusement en contrepoint aux autres qu l autoritarisme Port e et limites du traitement culturaliste de la violence no s seulement MAS ela inipugue de Ne pas Chercher AMOR ei politique dans Olivier Dab ne Vincent Geisser Gilles Massardier Michel queter hi rarchiser ces autres et surtout d arr ter de r p ter que notre ne E 5 a culture notre pays sont ou ne sont pas les premiers L intellectuel a Camau dir Autoritarismes d mocratiques et d mocraties autoritaires suffisamment de travail s rieux pour faire cela Sa d 2002 Convergences Nord Sud Paris La D couverte 2008 pp 233 248 BIBLIOGRAPHIE ANONYMOUS SCHEUER M 2004 Imperial Hubris Why the West is losing the War on Terror Potomac Books Washington BAER R 2002 See No Evil The True Story of a Ground Soldier in the CIA s War on Terrorism Three Rivers Press New York DIALOGUE EURO ARA
24. ressions artistiques et de rites de socialisation propres remplir 244 AUTORITARISMES D MOCRATIQUES D MOCRATIES AUTORITAIRES pour chaque groupe culturel la fonction vitale de marqueurs identitaires Ces marqueurs sont autant de ressources n cessaires la transaction que chacun doit op rer avec son environnement pour exister la fois comme individu et comme membre des divers cercles d appartenance qui le relient au monde Mais si d aventure le feu vient prendre la demeure si les vivres viennent manquer si l un des convives est pris d un malaise si un tiers belliqueux menace la s curit l valuation de la situa tion et la prise des d cisions qui s imposent ne requi rent ni ne s encombrent plus d aucune diversit culturelle Musulman chr tien bouddhiste religieux ou ath e socialiste ou lib ral chacun des acteurs concern s se passera du recours son identit culturelle et sa sp cifi cit pour s engager dans une action qui sera identique parce que les valeurs mobilis es son service prendront imm diatement un sens uni versel partag Justice sociale justice internationale respect des droits divers des personnes ou des minorit s n ont que faire de cette diversit l Ou bien elles s en accommodent mais le r sultat est le m me Quelle diff rence restera t 1l Un tel voudra peut tre penser qu il fait le bien car il suit les pr ceptes du fils de Ma
25. rie un autre se dira qu il ob it aux commandements r v l s Mahomet ou aux enseignements de Marx un autre se suffira de sa seule conscience humaniste Au nom d Allah ou au nom de Marx de J sus ou de Bouddha les droits essentiels de la personne ou du groupe humains trouvent toujours dans chaque cul ture dans chaque religion les r f rences qui justifient leur d fense aux yeux de tous DE LA HI RARCHISATION DES APPARTENANCES AU PARTAGE DE L UNIVERSALISME Cette r alit est d autant plus difficile percevoir que l ont n a pas eu l occasion de franchir la fronti re de sa propre appartenance culturelle ou religieuse pour en mesurer au contact de l Autre le caract re seulement relatif La d fense de l universalit de son appartenance masque par fois le souhait conscient ou non de la penser comme ayant le monopole d expression de l universel et d imposer d s lors un univers de r f rences culturelles le sien de pr f rence comme le seul capable d exprimer ces valeurs v ritablement universelles La tentation de se croire le seul d ten teur du chemin vers l universel n est pas propre une appartenance culturelle Immanuel Wallenstein 2007 souligne que les discours des dirigeants du monde pan europ en font constamment appel luni versalisme en tant que cl de vo te de leur politique Cela est particuli rement vrai lorsque ces derniers voquent leurs strat gies par
26. s les repr sentants de l appartenance musulmane ne sont souvent repr sentatifs que d une infime partie de leur soci t tr s fr quemment les rencontres vou es au dialogue des cultures ne mettent en sc ne toutes appartenances confondues qu une large vari t d acteurs r unis par une commune hostilit la g n ration islamiste Pour prendre la mesure du d ficit communicationnel qui peut r sulter d une construction dichotomique des appartenances il suffit chacun d ima giner son propre enfermement dans une identit tiquette confessionnelle ethnique culturelle r gionale ou nationale Quiconque s est trouv dans une enceinte internationale en situation d tre repr sent par un coll gue fran ais europ en ou occidental ou non musulman ou parisien si tel est sa ville d origine dont malgr cette communaut d appartenance il ne partage aucune des convictions politiques ou autres a pu mesurer les ravages d une telle assignation Ce sont pourtant d identiques raccourcis qu empruntent quotidiennement les discours m diatiques dominants d s lors qu il est par exemple question d voquer les relations entre la LE DIALOGUE DES CULTURES 237 politique et l Islam ou d expliquer les attitudes ou les comportements politiques de centaines de millions d individus exclusi vement d finis par leur qualit de musulmans
27. s fronti res sanglantes 240 AUTORITARISMES D MOCRATIQUES D MOCRATIES AUTORITAIRES Hors de l histoire contemporaine le concept de guerre culturelle ou civilisationnelle n a pourtant pas de caract re novateur La repr sentation d un antagonisme culturel a fortiori religieux servant l gitimer des politiques expansionnistes est au moins aussi ancienne en effet que celle des m cr ants et autres barbares des Grecs Comment qualifier l expansion coloniale europ enne du xx si cle ce r ve de civilisation comme l non ait r cemment le chef de l tat fran ais Nicolas Sarkozy les exp ditions qui virent conquistadors ici colons ailleurs an antir sous le premier pr texte de les christianiser ou de les civiliser les Indiens d Am rique centrale et du Sud d abord du Nord ensuite allant jusqu s interroger comme le fit labo rieusement l intelligentsia religieuse et politique espagnole sur leur nature humaine En fait de perc e th orique Huntington a donc sur tout par de vertus scientifiques une vieille technique guerri re qui conduit d signer la limite du territoire ou du syst me symbolique de l Autre comme la fronti re entre le Bien et le Mal Il a ce faisant ga lement traduit une vieille peur existentielle aliment e par une aire musulmane dont l mergence postcoloniale signale une perte d h g monie id ologique et symbo
28. s avoir coup une moustache jug e trop orientale puis pos veste chapeau et tunique ne lui laissant pour masquer d pit et nudit que le panneau de sa revendication inacceptable d acc der sans se renier l universel europ en Pour autant sont elles v ritablement communes les valeurs de la paysanne y m nite des hauts plateaux et celle de l avocate new yor kaise Pas moins d abord que ne le sont celles de l avocate tunisoise avec celles de la B douine jordanienne Et bien plus sans doute qu on ne le croit pour autant que l on veuille bien faire la part du contexte social dans lequel voluent les acteurs trop rapidement identifi s comme occidentaux ou comme musulmans Des diff ren tiels sociohistoriques contribuent l vidence donner des diff rences culturelles une port e en apparence substantielle que par del une universelle diversit des conduites on peut tre plus ou moins ceci ou cela elles n ont manifestement pas faisant du caract re commun et partag des principales valeurs humanistes une th se que peu de membres des diverses appartenances consentent s approprier spontan ment Les femmes et les hommes de France ne sont ils pas l gitimes s alarmer que tel pays islamique prive jusqu ce jour ses citoyennes du droit de vote Certes mais pour autant seulement qu ils n oublient qu au pays des droits de l homme ce m me
29. s relations internationales n tait pas d pourvue de non dits en tous genres C est seulement depuis les attentats du 11 septembre 2001 que dans les quelques espaces laiss s accessibles par les m thodes de la g obal war on terror les tats ont commenc assigner au dialogue des cul tures une mission essentielle celle d exorciser ce choc qui doit survenir si l on accepte la configuration explicative sugg r e et popu laris e par le politologue am ricain Samuel Huntington non point entre des app tits territoriaux simplement nationalistes ou des int r ts trivialement financiers mais entre des religions des cultures ou plus globalement encore des civilisations et leurs valeurs impli citement r put es antinomiques Le dialogue des cultures est donc suppos inculquer d abord le respect des diff rences culturelles Il est souvent associ ensuite la notion de r forme ou de changement sugg r s implicitement au moins l une des parties du dialogue par le biais de bien nomm es politiques ducatives rig es en instruments de r sorption des tensions Les exp diteurs et les destinataires des Daisy cutters l ch es par les bombardiers B 52 sur l Afghanistan n ont pas t convi s se rencontrer pour tenter de d passer leurs diff rences culturelles et ni l intervention am ricaine en Irak ni celle de la Russie en Tch tch nie n ont b n fici du
30. temps demeur dans le giron du discours savant Invent avant la Seconde Guerre mondiale ce n est que tr s r cemment qu il est devenu cette r f rence omnipr sente du dispositif de communication et de socialisation entre le Nord et le Sud en g n ral l Occident et le monde musulman en particulier Sa mobilisation n a pas t seulement tardive mais galement s lective Il n a jamais t sollicit en effet pour limiter les incompr hensions entre la culture communiste de l URSS et celle capitaliste ou lib rale des tats Unis et de leurs alli s europ ens Il ne l a pas t davantage pour am liorer les relations entre ceux qui en font grand cas aujourd hui et leurs adversaires des guerres de d colonisation ou des 234 AUTORITARISMES D MOCRATIQUES D MOCRATIES AUTORITAIRES nationalisations Au lendemain du choc p trolier de 1973 la dimension culturelle des relations euro arabes a certes commenc trouver sa place dans les th matiques de la coop ration En 1974 le dialogue euro arabe inaugur par la Communaut europ enne et la Ligue des tats arabes fut dot ainsi d un volet culturel mais sa port e demeura toutefois tr s marginale Dialogue euro arabe 1986 Le parte nariat eurom diterran en cr dans le cadre du processus de Barcelone initi en novembre 1995 donnera ensuite plus d importance ce volet culturel Mais d j cette inclusion du culturel dans le
31. traitement pr ventif d un quelconque dialogue des cultures l examen les efforts dialoguistes semblent tre plus ou moins r serv s une seule cat gorie de violence celle que les attentats du 11 septembre 2001 et la rh torique du r seau al Qa da ont mise en uvre et qui est consid r e comme une sorte d arch type de la d rive sectaire de la 1 Farah Diba Pahlavi la seconde pouse du shah d Iran est r put e en avoir fait usage au d but des ann es 1970 lors d une rencontre organis e par l UNESCO 2 L instrumentalisation du dialogue culturel sert tr s vite masquer les paradoxes et les contradictions de la n gociation politique Pour Jean Robert Henry le volet culturel cr e une alternative tr s virtuelle l espace humain en plein repli Le syst me de Barcelone consacre durablement le divorce entre espace conomique et espace humain tout en comptant sur le dialogue culturel et la coop ration des soci t s civiles pour en att nuer les effets Cf L invention des fronti res culturelles de l Europe une d rive culturaliste notamment Apr s Demain avril 2004 LE DIALOGUE DES CULTURES 235 religion musulmane contre la civilisation occidentale Or m me si assur ment la violence des disciples d Oussama Ben Laden n a pas su viter le pi ge d une telle d rive la rh torique tr s explicite qui la fonde Bruce Lawrence 2005 Burgat 2005 Anonymous 2002
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