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1. L aide la vieillesse l preuve des rapports sociaux de sexe dans Le genre de la cat gorisation du sexe dans Nicky Lefeuvre dir UTINAM Revue d anthropologie et de sociologie n 5 Paris L Harmattan p 151 172 MEMBRADO M 1998 Processus de vieillissement et secondarit dans La ville des vieux Jo l Yerpez coord Arles Editions de l Aube p 95 106 MEMBRADO M 1995 La asistencia a personas mayores dependientes invisibilidad de las mujeres y ocultamiento de la vejez dans Pilar Ballarin Domingo y Candida Martinez Lopez ed Del patio a la plaza las mujeres en las sociedades mediterran as Feminae Universidad de Granada p 221 227 M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca xix MERCURE D 1995 Les temporalit s sociales Paris L Harmattan NICOLE DRANCOURT C 2009 Un impens des r sistances l galit entre les sexes le r gime temporel Temporalit s en ligne n 9 mis en ligne le 30 septembre 2009 lt http temporalites revues org index1067 html gt PENNEC S 2009 Des g n rations de femmes aux multiples engagements du quotidien la longue dur e dans M Charpentier et A Qu niart Vieilles et apr s Montr al Les ditions du remue m nage p 139 165 PUIJALON B 1996 La relecture de vie quelques r flexions2. Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Monique Membrado Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx Pour citer ce document utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 045417ar DOI 10 7202 045417ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al II a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 06 50 ENFANCES FAMILLES Enfances Familles G n rations G N RATIONS No 13 2010 p i xx www efg inrs ca Revue internationale de recherche et de transfert Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Monique Membrado Chercheure en sociologie au LISST Cieu Laboratoire Interdisciplinaire Solidarit s Soci
3. revendique la possession de toi m me Ton temps jusqu pr sent on te le prenait on te le d robait il t chappait R cup re le et prends en soin Sue 1994 252 Le recours au conseil de S n que adress la fin de sa vie Lucilius parcourt les r flexions de certains sociologues du temps du vieillissement et s inscrit ainsi plus particuli rement comme une posture critique de la centration de nos soci t s sur le travail et plus pr cis ment comme une critique des formes prises par le travail en perte de sens des soci t s capitalistes modernes La revendication d un temps pour soi selon Gorz 1991 prend la forme de la qu te du sens et pour Jean Didier Urbain 2003 d une utopie du troisi me mi temps Au risque de trahir la pens e du sociologue je retiendrai ici quelques traits caract ristiques de ce troisi me mi temps Il s agit pour Urbain de penser l au del de l opposition binaire entre travail et loisir projet dit il lui m me socialement intenable mais dont l id e suffit produire une tension au sein du quotidien et ouvrir l acc s des mondes possibles Il le d finit comme un temps imaginaire que je traduirais par le temps de l imaginaire qui insuffle du possible du r ve de la respiration dans le temps contraint des activit s sociales C est un temps incertain flottant provisoire mais qui imprime ses empreintes sur les temporalit s norm es et peut l
4. F LEORGNE UGUEN S PENNEC et L THOMSIN 2001 L exp rience de la retraite au masculin et au f minin dans C Attias Donfut et P Tripier Vieillir jeunes actifs et disponibles Cahiers du Genre n 31 p 81 104 GUILLEMARD A M 1972 La retraite une mort sociale Paris Mouton M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca GUILLEMARD A M 1993 Emploi protection sociale et cycle de vie r sultats d une comparaison internationale des dispositifs de sortie anticip e d activit Sociologie du Travail 3 p 257 284 HAICAULT M 1984 La gestion ordinaire de la vie en deux Sociologie du travail n 3 4 p 268 277 HOCHSCHILD A R Disengagement Theory a critique and proposal American Journal Review vol 40 1975 p 553 569 JANKELEVITCH V 1990 La mort Paris Flammarion JULLIEN F 2005 Vieillesse et long vit comment penser le proc s de la vie dans M Godelier F Jullien Joseph Ma la Dir Le grand ge de la vie Paris PUF Fondation Eisai p 69 118 JULLIEN F 2009 Les transformations silencieuses Chantiers 1 Paris Grasset KERGOAT D 1984 Plaidoyer pour une sociologie des rapports sociaux De l analyse critique des cat gories dominantes la mise en place d une nouvelle conceptualisation dans Le sexe du travail Grenob
5. s accompagne plus ou moins t t d un sentiment de finitude Cl ment 1994 1999 Cl ment 2003 Les figures temporelles dont celle du passage sont singuli rement pr sentes dans les r cits des personnes a n es Et il importe de souligner la singularit de cette exp rience afin de mieux comprendre la cohabitation et la confrontation au sein du monde social de temporalit s diverses entre jeune adulte et adulte plus m r le sentiment de l individualit le sentiment de sa trajectoire le sentiment du temps pass et venir ne peuvent tre les m mes Cl ment 1994 367 Si l ensemble du parcours de vie est fait de transitions plus ou moins marqu es celles qui caract risent sa derni re s quence s accompagnent du sentiment r current d avoir fait son temps de se trouver en d calage avec le temps social pr sent de ne plus coller son poque Les marqueurs institutionnels comme l ge de la retraite la cr ation des clubs 3 ge la cat gorie des s niors ou des vieux d pendants ont des effets ind niables sur la mani re de se d finir ou non dans la vieillesse Caradec 2005 mais ils ne sont pas pour autant suffisants rendre compte des arrangements singuliers et multiples avec les effets de l ge Le vieillir se caract rise par un travail de n gociation plus ou moins serein avec ses propres transformations plus ou moins silencieuses Jullien 2009 et avec le
6. t s Territoires Universit de Toulouse II Le Mirail membrado univ tlse2 fr R sum Le propos de ce texte est de mettre en lumi re la singularit des exp riences du vieillir et les apports de la sociologie du vieillissement aux conceptualisations du temps On se demande en quoi l analyse du rapport au temps des g n rations qui se situent dans la derni re partie du parcours de vie interroge les mod les temporels dominants et peut contribuer renouveler la sociologie des ges Ce questionnement qui traverse les quatre textes de ce num ro invite une incursion certes partielle dans la sociologie du temps et plus exactement des temps sociaux La premi re partie est consacr e aux approches sociologiques du temps dans une perspective critique la seconde aux exp riences temporelles des personnes afn es au sein des th ories sociologiques du vieillissement Mots cl s Vieillir temps temporalit sociologie des ges genre Abstract The purpose of this text is to show the individuality of the aging process and how the sociology of aging contributes to the conceptualization of time We try and see in what way an analysis of the way in which generations at the latter end of life relate to time puts into question the major temporal models and may contribute to a new approach to the sociology of ages This question which underlines four of the texts in this number of our review invites the reader to make an at least partial
7. une trajectoire o l tre vieux ne repr sente qu un moment de son histoire C est ce qui est exprim par cette dame sur un ton enjou Oui j en ai fait des voyages si je vous le disais vous ne le croiriez pas 8 Cependant il y a un risque n envisager la construction identitaire des vieilles personnes que sous le registre du rappel du pass L int r t pour la question de la m moire et des processus de r miniscence chez les personnes en fin du cycle de vie peut conduire leur jection de la sc ne pr sente comme si elles faisaient d j figures r volues Per ues comme biblioth que ou comme transmetteurs d une histoire pass e les personnes a n es seraient invit es d serter le monde pr sent Pourtant tous et toutes ne se d finissent pas dans la transmission qui est une fa on de reconna tre le temps coul Conclusion Les temporalit s au grand ge le temps de l Autre Les temps du vieillir sont des temps de l entre deux o les personnes se d tachent plus ou moins progressivement du temps social lin aire De deuil en deuil de renoncement en renoncement elles renouent plus ou moins sereinement avec des formes de temporalit plus cycliques Fromage 1994 L exp rience de la lenteur sp cifique de l avanc e en ge la proximit de la mort la place que prennent les disparus dans 8 Entretien r alis dans le cadre de la recherche suivante Cl men
8. de contemporains g s G rontologie et Soci t n 77 p 140 148 QUENIART A et CHARPENTIER M 2009 Agir changer les choses c est tre dans la vie origine et sens de l engagement chez les a n es dans M Charpentier et A Qu niart Vieilles et apr s Montr al Les ditions du remue m nage p 167 187 RICOEUR P 1990 Soi m me comme un autre Paris Le Seuil SALORD T 2007 Habiter le temps la vieillesse Figures du passage Master II recherche mention Sociologie sous la direction de M Drulhe et M Membrado Universit de Toulouse 2 Le Mirail 100 p SANSOT P H STROHL H TORGUE et C VERDILLON 1978 L espace et son double Le Champ Urbain SUE R 1994 Temps et ordre social Paris PUF URBAIN J D 2003 Le troisi me mi temps Un au del du syst me des temps du travail et du loisir est il concevable dans F Ascher et F Godard coord Modernit la nouvelle carte du temps Paris Ed de l Aube p 139 152 VIRIOT DURANDAL J P 2003 Le pouvoir gris Sociologie des groupes de pression de retrait s Collection le Lien Social Paris PUF ZARIFIAN P 2001 Temps et modernit Le temps comme enjeu du monde moderne Paris L Harmattan M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca XX
9. le g n ral du parcours de vie ternaire et le mod le familial de Monsieur Gagne pain Cette pens e alternative prend appui sur les travaux d Andr Gorz entre autres qui appelait au d passement de la valeur travail comme fondement de la vie sociale Nicole Drancourt 2009 11 12 Pour cette auteure le droit au temps reste un impens des tudes f ministes trop centr es en France notamment sur la question du droit au travail La place du travail dans les temps de la vie que Nicole Drancourt interroge travers la probl matique du temps partiel a constitu une des interrogations centrales des travaux de la fin des ann es 60 sur l av nement de la civilisation des loisirs La r duction des heures de travail avec la transformation des modes de production le d veloppement d un march du loisir associ aux aspirations h donistes et au souci de garder un temps pour soi en dehors des contraintes du travail ont conduit multiplier d autres sph res d activit et d autres rapports au temps Sans nous tendre sur ces ph nom nes qui ont donn lieu de nombreux d bats sur la fin mythique de la soci t du travail on remarquera que le contexte actuel de flexibilisation du travail de transformations structurelles des modes de production accompagn es de pressions temporelles de plus en plus fortes ou encore la mont e du ch mage ne sont pas des facteurs facilitateurs pour l av nement de pens es alternati
10. renci es et plus complexes Elias 1984 183 il n en a pas inf r des rapports de pouvoir et de domination dans ces constructions temporelles Il semble m me adh rer cette conception d un temps moderne sup rieur per u comme organisant des symboles qui rel vent d un tr s haut niveau de synth se p 219 Les analyses en sociologie du travail ont montr d s les ann es 50 vers le milieu du XXe si cle Friedmann 1956 les d g ts du progr s et les pr misses de l puisement du mod le positiviste d interpr tation des changements sociaux Le d veloppement plus r cent des recherches sur les temps subjectifs et intersubjectifs suscite d autres points de vue sur le d ploiement des temps sociaux Pourtant la focalisation sur les temps du travail r mun r constitue selon nous un obstacle la compr hension de temporalit s diff rentes Comment en effet lire au regard de ce mod le masculin de l adulte actif le temps des retrait s celui des non actifs et plus particuli rement celui des femmes longtemps priv es d emploi et dont le temps des activit s domestiques a t et reste malgr leur entr e massive sur le march du travail singuli rement pr sent 2 Impasses des analyses sociologiques du temps et pens es critiques Certains sociologues sp cialistes des questions temporelles ont apport des lectures critiques de ce mod le d interpr tation du
11. s sociales il s agit bien toujours d un paradigme dominant des temps modernes Grossin 1974 Cette conception d un ordre social dominant pour reprendre le titre significatif de l ouvrage de R Sue Temps et ordre social organis autour du travail implique une structuration hi rarchis e des exp riences temporelles et des activit s qui leur sont li es mais galement un certain nombre d impasses dans les analyses qui en sont propos es M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca Les relations entre l organisation temporelle d une soci t et le pouvoir ont t document es par les travaux d anthropologues comme Fabian montrant en particulier que l anthropologie construit son objet d tudes dans le d ni de cotemporalit autrement dit le discours sur l Autre se produit dans une mise distance de cet autre dans un autre temps un temps diff rent un temps premier Fabian 2006 70 Les travaux d Elias auxquels se r f rent la plupart des sociologues du temps ont mis l accent sur le mod le du temps lin aire port par une vision t l ologique du progr s et marqu par les repr sentations de lavenir Mais si Elias a insist sur la discipline impos e par cette conscience du temps si labor e et si impitoyable qu ont les membres des soci t s plus diff
12. sociaux et elle permet de penser les changements dans les mani res d agir mais aussi de penser et de sentir de nos soci t s modernes Dubar 2007 Enfin si l int r t pour les temporalit s rend compte des transformations des modes d organisation sociale des activit s notamment par un brouillage des fronti res d ge et d tapes de la vie il participe aussi du processus d individualisation l uvre dans notre soci t postindustrielle On peut toutefois se demander si les changements dans la conception du temps sont attribuer aux volutions des formes sociales et culturelles ou aux approches th oriques elles m mes On serait tent d appliquer ce que dit Martuccelli de l int r t de la sociologie pour l acteur son int r t pour les temporalit s L int r t sociologique croissant pour le travail de l acteur est la cons quence d une repr sentation d ensemble sur la vie sociale si l individu devient un objet majeur de la r flexion c est parce que d sormais les changements sociaux sont mieux visibles partir des biographies individuelles que des sociographies de groupe ou de classe sociale Martuccelli 2005 L essor des recherches sur les temporalit s comme exp riences individuelles du temps est parall le l int r t croissant pour l individu et les dimensions subjectives des ph nom nes sociaux et au d clin des analyses plus macrosociologiques 1 La fin d un temps dominant Le temps de tra
13. 2010 p i xx www efg inrs ca xii l ind pendance et le souci de soi plus libre des contraintes familiales soit qu elles ont connu un veuvage pr coce soit qu elles ont t c libataires soit qu elles n ont pas eu d enfant continuent tant que la sant le leur permet de privil gier les sorties avec les copines en ville en voyage ou dans les clubs repoussant les limites du moment de l immobilit chez soi ou ailleurs 8 Les exp riences temporelles des vieilles femmes un autre regard sur le temps Les recherches en sociologie du vieillissement comme dans d autres champs de la sociologie ont tard s int resser aux effets du genre Les f ministes elles m mes pr occup es longtemps par la n cessit de rendre visibles l exclusion et la domination des femmes dans le champ du travail productif leur affectation au travail domestique ont n glig pendant longtemps les vieilles femmes La hi rarchisation des mod les d activit la minoration des plus vieux ont t redoubl es par une invisibilit des vieillesses f minines Membrado 1995 K risit 2000 Pourtant l entr e par les temporalit s des femmes permet de complexifier le regard sur le monde social et de renouveler la sociologie des temps sociaux Jbid Le rapport non lin aire des femmes au travail fait appara tre des mod les de vie la retraite o s quilibrent les engagements entre divers p les familles associations lois
14. a mani re de l id e v hicul e par les cong s pay s de 1936 en France s inscrire durablement dans les exp riences et les imaginaires collectifs comme un temps c t un autre du temps social cod et norm On peut reconna tre ses vertus heuristiques et son efficacit comme porteur d utopie C est un temps qui ne s change pas qui se situe en dehors des imp ratifs conomiques et de march L int r t de ces br ches c est qu elles ouvrent sur un autre possible du monde et qu elles procurent un sentiment d mancipation sociale p 150 2 3 Du temps spatialis au temps devenir l int gration de la dur e Il n est pas s r que l accroissement du temps libre et la d sinstitutionnalisation des parcours de vie Kholi 1989 Guillemard 1993 qui remettent en cause la tripartition instaur e par la soci t industrielle entre formation emploi et retraite suffisent brouiller les cat gories normatives des ges La polarisation toujours pr gnante sur le bin me travail loisir ce dernier tant encore souvent per u comme du temps de travail lib r ou actif non actif a des implications sur le sentiment d existence des 3 Il s agit d indiquer le passage d une normalisation collective des parcours de vie selon des tapes marqu es institutionnellement un processus plus individualis o les fronti res deviennent plus floues M Membrado Les exp riences temporelles des perso
15. allume m me plus parce que dit cette dame de 87 ans Tout m agace tout Cl ment et Mantovani 1999 6 Trouver de nouveaux rythmes C est sans que ce soit toujours explicite pour retarder cette assignation pr coce l immobilit chez soi que les personnes proc dent un travail de r organisation de la vie quotidienne impliqu par la transition du passage la retraite Face au sentiment d effacement des reliefs temporels il faut trouver de nouveaux rythmes redonner forme et distinction au temps Cet ancien pr tre hospitalier qui vient de prendre sa retraite s essaie trouver le bon rythme il l prouve et rien ne dit effectivement qu il se stabilisera de fa on d finitive Je me suis lev toute ma vie t t C est une habitude Je sais pas je sais pas ce qu il faut faire Je suis en rodage pour le moment J ai trouv d j ma matin e elle est tr s bien organis e Se lever se laver la m ditation le br viaire la messe le lit et la soupe C est bien organis af D autres ph nom nes transitionnels peuvent accompagner plus ou moins t t ce changement de rythme comme le veuvage ou encore la perte des amis de la m me g n ration Ces divers moments qui caract risent la trajectoire du grand ge ne sont pas forc ment v cus comme des ruptures mais ils suscitent un travail de d prise de mobilisation de supports ou de ressources in gaux selon les situations dans un sent
16. andier 1983 propos des rituels de la vieillesse parle de la routinisation qui semble d autant plus n cessaire qu elle entretient une amn sie du peu de temps vivre La r p tition des m mes gestes des m mes phrases est une mani re de retenir de figer le temps en s assurant du retour du m me 4 Entretien r alis par Tristan Salord Les repr sentations intimes de l habiter Ph nom nologie et g ographie d un espace minimal M moire de ma trise en g ographie sous la direction d Alice Rouyer Universit de Toulouse le Mirail 2000 5 Voir l int ressant travail men par Tristan Salord pour son DEA juin 2007 M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca Cependant si les routines parce qu elles assurent le maintien dans un monde familier et pr visible sont de l ordre de la ressource elles peuvent aussi mener vers une rigidification des gestes et signifier le risque de l immobilisation Bouisson 2007 Parmi les indicateurs de forte d prise on trouve des signes d une alt ration du rapport au temps et une forte tendance la d structuration Il y a brouillage entre le pass et le pr sent perte des rep res temporels et l usage de la radio ou de la t l vision comme bruit de fond par exemple manifeste le d crochage d avec le monde jusqu au moment o on ne l
17. ce texte de pr sentation de mettre en lumi re la singularit de ces exp riences et les apports de la sociologie du vieillissement aux conceptualisations du temps En d autres termes on se demandera en quoi l analyse du rapport au temps des g n rations qui se situent dans la derni re partie du parcours de vie interroge les mod les temporels dominants et peut contribuer renouveler la sociologie des ges Ce questionnement qui traverse les quatre textes de ce num ro invite une incursion certes partielle dans la sociologie du temps et plus exactement des temps sociaux I Entre la sociologie du temps et la sociologie des temporalit s du temps spatialis au temps devenir Quand on lit les sociologues du temps on ne manque pas d tre frapp par un certain nombre de r currences et de constats d abord il est fait tat du peu d int r t ou de l int r t tardif de la sociologie pour l tude des temporalit s sans doute la focalisation de la sociologie sur le pr sent et la pr gnance durable du mod le durkheimien d analyse des faits sociaux comme des choses y ont leur part de responsabilit Ensuite les doutes s installent sur la possibilit de faire du temps un objet d tudes Sans reprendre ici la fameuse citation de Saint Augustin qui pr c de souvent les aveux d impuissance devant l appr hension de cet objet fuyant on remarquera que les sociologues font part de leurs interrogations Une soc
18. ces M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca XV a n es des repr sentations sociales de la vieillesse et notamment leurs volont s diverses de s en distinguer L autre partie du texte d roule le r cit de la place des femmes dans les relations interg n rationnelles et notamment les rapports qu elles entretiennent entre un temps pour soi et un temps pour les autres L int r t de la prise en compte de trois g n rations est de montrer les transformations des trajectoires et des modes d tre et de faire des femmes vers plus d autonomie C est la structuration du temps des femmes retrait es entre engagement familial et engagement civique que choisit d explorer le texte de M lissa Petit L auteure identifie trois groupes de femmes dans l chantillon de femmes enqu t es de 55 70 ans L analyse de 10 entretiens dans une recherche en cours permet de montrer diverses mani res d articuler les formes d engagement Ce que l on retiendra comme r sultat saillant en accord avec d autres recherches c est la continuit des activit s de retraite avec les investissements dans la trajectoire ant rieure L organisation du temps et des engagements des femmes ob it aux m mes r gles que celles qui organisaient leur temps et leurs activit s lorsqu elles taient professionnellement actives Par ex
19. consid r e comme une esp ce trang re suis je donc devenue une autre alors que je demeure moi m me De Beauvoir 1970 14 Des crivains ont t moign de la surprise de se retrouver vieux un jour alors que le sentiment demeure d tre toujours l enfant que l on a t Argoud et Puijalon 1999 Ce sentiment de rupture de discontinuit entre deux identit s deux moments de l existence est prouv par nombre de personnes et il s agit alors de remplacer ce que l on fut par ce que l on est Jank l vitch 1990 189 ou alors plus pragmatiquement de trouver des moyens de n gocier avec le temps qui passe et de r aliser un travail du vieillir Mallon 2007 2 Le sentiment de la dur e figures du passage Si vieillir commence t t et Elsa Ramos nous le montre dans son texte o les personnes sont amen es face aux d c s de leurs ascendants faire non seulement le deuil des disparus mais aussi celui de leur enfance et des lieux et formes de vie pass s la conscience aigu du temps caract rise l preuve du grand ge Caradec et al 2007 Le sentiment que la dur e de temps qui reste vivre est limit e et plus courte que le M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca viii temps coul Il y a longtemps qu on est au monde dit une dame de 90 ans
20. currenc par d autres temps et d autres activit s loisirs temps associatifs temps familiaux Les personnes a n es seraient elles en dette temporelle envers les actifs Si les chercheurs ont montr que cohabitaient divers mod les de retraite la retraite retrait la retraite loisir et la retraite utilit sociale Guillemard 20072 Lalive d Epinay 1991 il semble que l injonction l utilit sociale des s niors s impose de plus en plus colorant ce temps pourtant gagn sur de longues ann es de services rendus au syst me productif marchand et non marchand si l on songe aux temps domestiques des femmes d un vide social C est ainsi que le vivent certaines personnes Faut voir ce que je fais ce n est pas grand chose mais a me donne l impression d tre attendue d tre utile d exister C est a je crois dont on souffre le plus C est d tre nul Je ne sais pas si les autres prouvent la m me chose si on vous l a d j dit mais c est l inutilit On sert quoi rien du tout Madame D 75 ans Profiter du repos dans le temps de sa vieillesse est sujet soup on et la lutte contre l inertie sociale la retraite Viriot Durandal 2003 s accompagne de l injonction faire et se rendre utile On ne s tonnera pas de l augmentation des engagements dans l action et la participation associatives des hommes comme des femmes pour continuer tre dans la vie A
21. e brouillent les limites des espaces temps des femmes rappellent la singularit des exp riences f minines du temps leur polyvalence repasser en regardant la t l vision et Mercure cite la belle formule d Odile Chenal Il n y a pas de temps soi parce qu il M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca n y a pas d espace soi qui fait cho au salutaire pamphlet de Virginia Woolf sur la n cessit d une chambre soi pour les femmes Le sociologue interroge galement les limites des chelles des repr sentations du temps et notamment de l avenir Ax es implicitement sur la temporalit dominante de nos soci t s industrielles savoir un temps de type lin aire et cumulatif fond sur un futur projet et conqu rir ces chelles mesurent les capacit s d anticipation et de projection dans la vie professionnelle et dans la carri re sur la base des r f rentiels conomiques de nos soci t s capitalistes Selon les tudes qui usent de ces outils l emprise sur l avenir est le meilleur r v lateur du niveau de ma trise du temps On mesure la port e de ces propos sur l analyse des temporalit s f minines et sur celles des personnes a n es une telle approche ne tient pas compte des modes plus cycliques d emprise sur le temps comme si ma triser la diversit des
22. e temps long partir notamment des recherches sur les liens interg n rationnels Si l analyse du soutien aux personnes a n es rend compte des attentes sociales normatives l gard des femmes principalement Guberman et al 1993 elle permet galement de r ins rer les t ches r alis es au quotidien dans une histoire familiale et affective Ainsi elle met en vidence la circulation du don et l inscription plus ou moins revendiqu e des personnes donatrices dans une lign e Bloch et Buisson 1991 travers la probl matique des transferts interg n rationnels Attias Donfut 1995 alors que les enfants en accomplissant un travail de filiation identitaire prennent place dans une histoire familiale D chaux 1997 les personnes a n es apparaissent comme sujets et porteurs d une partie de cette histoire Si tre vieux c est avoir v cu longtemps tre rassasi de jours arrive un moment o il s agit de passer le relais de proc der au tri Cette exp rience le plus souvent positive consiste travers le don M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca xiii d objets ou la transmission d une passion reconna tre le temps coul comme n cessaire l accomplissement de la vie comme porteurs de valeurs qui ne s puiseront pas avec la mort Dans cette transmission la r f rence au
23. emple ni la pr sence d enfants ou de petits enfants ni la pr sence des parents ne semblent r duire leur engagement associatif pour les femmes qui taient les plus engag es sur le plan professionnel M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca xvi Bibliographie ARGOUD D et PUIJALON B 1999 La parole des vieux Enjeux Analyse Pratiques Fondation de France Paris Dunod ATTIAS DONEUT C 1995 Les solidarit s entre g n rations Vieillesses Familles Etat Paris Nathan ATTIAS DONEUT C 2009 Les grands m res au centre des solidarit s familiales dans M Charpentier et A Qu niart Vieilles et apr s Montr al Les ditions du remue m nage p 189 205 BALANDIER G 1983 Essai d identification du quotidien Cahiers Internationaux de Sociologie LXXIV p 99 110 BARTHE J F CLEMENT S et M DRULHE 1988 Vieillesse ou vieillissement Les processus d organisation des modes de vie chez les personnes g es Les Cahiers de la Recherche sur le Travail Social N 15 Caen p 11 31 BEAUVOIR S de 1970 La vieillesse Paris Gallimard BESSIN M 2009 Parcours de vie et temporalit s biographiques quelques l ments de probl matique Informations Sociales CNAF n 156 p 12 21 BLOCH F et M BUISSON 1991 Du don la dette la construct
24. es vieilles personnes leur entourage et les services domicile Rapport MIRE CNAV Toulouse d cembre 1999 M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca xi l ge subjectif avoir 60 ans et en avoir 90 n a pas tout fait le m me sens au regard de sa situation dans le monde social environnant 7 Les confrontations temporelles entre mobilit et retrait Les personnes a n es b n ficient de plus en plus d une vie en bonne sant Cependant elles font part de plus de fatigue de lenteur faire les choses se d placer Cl ment et al 1995 Pour continuer participer au monde pr sent elles sont amen es adopter des strat gies dont certaines consistent viter les confrontations temporelles avec les plus jeunes dans un espace temps peu propice l exercice de la lenteur La r duction de certaines activit s et les choix report s sur d autres se r alisent dans une plus ou moins grande continuit avec la vie pass e les voyages en couple par exemple souvent tr s pr sents dans les premi res ann es de retraite se poursuivent un moment puis avec le veuvage les femmes seules s y adonnent encore un temps puis peu peu se contentent d en faire le r cit ou d en montrer les albums photos aux enqu teurs ou aux petits enfants Les retrait s partent ils en vacances Cette ques
25. familiarit li e un espace connu et routinier la maison d enfance l tranget provoqu e par la fragmentation de l univers familial le rapport au temps et la lign e se transforme Le ph nom ne de d prise s il pr sente une sp cificit la vieillesse peut commencer t t dans le parcours de vie et c est tout l int r t de ce texte de nous y rendre sensibles Perla Serfaty Garzon aborde la question de la pr carit du chez soi pour les femmes qui vieillissent et les confrontations temporelles dans le couple avec le retour la maison Sa recherche qualitative a mobilis 22 femmes fran aises et qu b coises g es de 66 99 ans Son article porte essentiellement sur les r cits recueillis aupr s de dix femmes de 69 75 ans avant l entr e dans le grand ge Entre le plaisir de prendre son temps et la peur de devoir plus ou moins long terme quitter sa maison ces r cits de femmes parlent de leur rapport au temps de la continuit du lien interg n rationnel du soin et du souci des autres et de la crainte de se voir seulement rappeler par leurs compagnons aux t ches qu elles ont fuies durant leur vie active On attend beaucoup d un travail venir sur des comparaisons plus syst matiques entre les deux pays Le texte d Isabelle Marchand et al porte sur 3 g n rations de 30 femmes g es de 65 plus de 85 ans Une premi re partie s int resse aux modes d appropriation par
26. foray into the sociological approaches to time and more precisely into social time The first part is devoted to a critical perspective of sociological approaches to time while the second is concerned with the temporal experiences of the elderly as seen through sociological theories of aging Keywords Aging Time Temporality Sociology of ages Gender C est le grand jour qui se fait vieux Je me regarde et je m tonne De ce voyageur inconnu Aragon Nos soci t s connaissent de profondes mutations temporelles qui reconfigurent les ges de la vie et relativisent le sch ma ternaire et lin aire de l ordonnancement du temps propre aux soci t s industrielles Les fronti res deviennent plus floues entre les diff rents temps sociaux et l augmentation de l esp rance de vie rend plus pr gnante la pr sence des personnes a n es Cependant l encadrement normatif du parcours de vie par les politiques publiques continue rendre efficaces les cat gories d ge La polarisation sur la probl matique de la d pendance associ e au grand ge et parall lement l injonction l utilit sociale des s niors concourent recr er une opposition dans le grand ge lui m me entre les plus vieux et les moins vieux ou les encore jeunes Dans ce contexte on s int resse peu aux exp riences temporelles des plus g s la mani re dont ils et elles vivent quotidiennement leur devenir Je me propose dans
27. gir changer les choses c est tre dans la vie rapportent Anne Qu niart et Mich le Charpentier 2009 167 comme si les plus vieux et les plus vieilles d entre nous se trouvaient devant le paradoxe de devoir justifier leur emploi du temps Les aveux de d bordement des jeunes retrait s comme souvent encore de ceux et celles qui se situent plus en aval dans le parcours de vie t moignent de la domination du mod le temporel de l activit sociale Les injonctions ne pas vieillir ou rester jeune le plus longtemps possible marquent les esprits et les comportements et il n est pas tonnant que les images de la vieillesse immobile et d pendante vieillesse souvent f minine d ailleurs dont la projection appara t plus ou moins lointaine fassent figures de repoussoir j en vois beaucoup de mon ge elles sont l croupir dans la maison Mon Dieu Moi je ne peux pas hein Faut que je bouge un peu Je vous dis pourtant la jambe elle m en donne mais je marche quand m me Vous savez si vous commencez vous englutiner dans le fauteuil et dire je ne bouge plus vous tes foutu Madame G 87 ans Salord 2007 5 De la routinisation la d structuration du temps Parmi les exp riences temporelles au grand ge l imposition de rythmes appara t comme une strat gie pour s assurer une s curit ontologique un contr le sur sa vie et sur le monde autour de soi Bal
28. illesse ordinaire Pr venir n 33 Marseille p 169 176 CLEMENT S 2003 Le vieillissement avec le temps et malgr le monde Empan n 52 Vieillir entre proches et professionnels d cembre 2003 p 14 22 M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca xvii xviii CLEMENT S 2007 Le discours sur la mort l ge de la vieillesse dans Le vieillissement au grand ge Retraite et Soci t n 52 p 64 81 CLEMENT S et J MANTOVANI 1999 Les d prises en fin de parcours de vie G rontologie et Soci t n 90 p 95 108 CLEMENT S et M MEMBRADO 2010 Exp riences du vieillir g n alogie de la notion de d prise dans Sylvie Carbonnelle coord Penser les vieillesses Regards anthropologiques et sociologiques sur l avanc e en ge Seli Arslan 2010 p 109 128 CLEMENT S J MANTOVANI et M MEMBRADO 1995 Vieillissement et espaces urbains modes de spatialisation et formes de d prise Rapport pour le PIRVilles CNRS CIEU UTM et CJF INSERM 9406 Toulouse 189 p CLEMENT S M DRULHE et M MEMBRADO coord 1998 Formes et sens du vieillir Pr venir n 35 COLLIN F 1996 Citoyennet et g n ration dans Citoyennet et travail social EMPAN n 22 juin p 26 31 CRIBIER F 1992 Vivre ailleurs vivre autrement Quand les parisiens
29. iment toujours accru de pr carit temporelle Cl ment 2000 Selon Caradec on peut consid rer que les moments de transition constituent des occasions d activation particuli re du processus de construction identitaire ils sont propices au retour r flexif sur soi ils se caract risent par une transformation dans les engagements ils se traduisent par des transformations dans l environnement relationnel Caradec 2010 95 Quand on s int resse aux personnes a n es il convient de ne jamais perdre de vue la singularit de leur situation dans le parcours de vie la plus grande proximit de la mort Cl ment 2007 qui imprime et donne du sens leurs exp riences et oriente fortement les d cisions et les modes de vivre au quotidien Plus on s loigne de la p riode de la vie active et plus son empreinte s estompe plus le rapport aux temporalit s qui la caract risent se transforme Entre le moment de la retraite et celui de la plus grande vieillesse si la vie reste inventer Lalive d Epinay 1991 dans un temps enfin lib r des contraintes professionnelles et en partie familiales le constat se fait qu arriv e un certain ge on ne peut plus se projeter Madame D 75 ans S il existe le plus souvent une tension et m me un d calage entre l ge chronologique et 6 Entretien r alis dans le cadre de la recherche de Cl ment Serge et al Les produits techniques dans les changes entre l
30. iologie du temps est elle possible Sue 1994 27 question suivie par une affirmation Le temps n existe pas son objectivit n est qu une fiction sa mesure n est qu une simple convention Presque tous s accordent finalement pour consid rer qu il est urgent de passer d une conception du temps comme cat gorie universelle abstraite objective et enveloppante une conception des temporalit s qui laisserait la place la multiplicit des exp riences la multiplicit des temps sociaux selon Gurvitch et leur dimension subjective Il s agit de s int resser au temps tel qu il est v cu et parce que cette 1 Cit par Cynthia Fleury La fin du courage Fayard 2010 p 12 2 Tripartition instaur e par la soci t industrielle entre formation emploi et retraite M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca exp rience constitue une dimension essentielle du rapport de l homme au monde Mercure 1995 La rupture avec les cat gories unificatrices du temps pr suppose comme le rappelle Dubar 2004 que la substitution du pluriel temporalit s au singulier le temps n est pas une simple convention de style L introduction d une conception qualitative du temps des temps sociaux li s aux activit s sociales permet de s int resser aux temps concrets et h t rog nes des modes de vie
31. ion du lien social familial Revue du Mauss n 11 p 55 71 BOUISSON J 2007 Vieillissement vuln rabilit per ue et routinisation dans Le vieillissement au grand ge Retraite et Soci t n 52 p 108 128 CARADEC V 1994 Le probl me de la bonne distance conjugale au moment de la retraite Revue Fran aise de Sociologie XXXV p 101 124 CARADEC V 1998 Les transitions biographiques tapes du vieillissement Pr venir n 35 p 131 137 CARADEC V 2004 Vieillir apr s la retraite Approche sociologique du vieillissement Paris PUF CARADEC V 2005 S niors et Personnes g es R flexion sur les modes de cat gorisation de la vieillesse dans F Cribier et E Feller coord Regards crois s sur la protection sociale de la vieillesse Cahier d Histoire de la S curit Sociale n 313 p 326 1 CARADEC V 2007 L preuve du grand ge dans Le vieillissement au grand ge Retraite et Soci t n 52 p 12 37 CARADEC V S PETITE et T VANNIENWENHOVE T 2007 Quand les retrait s partent en vacances Villeneuve d Ascq Presses Universitaires du Septentrion CHESNEAUX J 2004 Cinq propositions pour appr hender le temps Temporalit s n 1 p 92 99 CLEMENT S 1994 Les temps du mourir changements et permanence Cahiers Internationaux de Sociologie vol XCVII Paris p 355 371 CLEMENT S 1997 Qualit s de vie la vie
32. irs Guichard Claudic et al 2001 L habitude qu ont d velopp e les femmes jongler avec les divers temps du travail r mun r du soin et du souci des autres leurs parcours plus marqu s que celui des hommes par les transitions corporelles K risit 2000 les rendent plus aptes que les hommes construire ce nouveau rapport au temps plus libre des contraintes du travail marchand Si certaines parmi celles ayant occup des emplois responsabilit retardent le plus possible le retour la maison et se retrouvent dans des responsabilit s associatives qui prennent le relais Pennec 2009 d autres plus investies dans le temps familial n gocient dans ce temps libre un temps pour les enfants et la famille et un temps pour soi qu elles sont de plus en plus nombreuses dans les nouvelles g n rations revendiquer r f article de Petit Pourtant ce sont elles en majorit qui sont prises dans les filets du devoir de filiation Guberman et al 1993 Attias Donfut 2009 Membrado 2009 l gard de leurs petits enfants comme l gard de leurs ascendants 9 Le temps long filiation et transmission La sociologie n a pas encore suffisamment pens le temps long dans lequel s inscrivent les soci t s Les exp riences des personnes a n es en manifestent pourtant la pr sence travers le travail de filiation de m moire et de transmission La sociologie du vieillissement a permis indirectement de r introduire l
33. isque de se priver des moyens de penser le temps autrement que sur le mod le de l homme actif productif et de plus en plus d vor par l acc l ration et les pressions temporelles d une soci t orient e sur le pr sent isme L exp rience du vieillir comme les exp riences des femmes Kergoat 1984 Collin 1996 M da 2008 peuvent constituer des r serves de r sistance la rigidit et la hi rarchisation des temps sociaux et ouvrir sur la profondeur historique individuelle et collective celle de la g n ration longtemps n glig e en sciences sociales kkX Ce dossier est compos de quatre articles dont trois portent explicitement sur les exp riences temporelles des femmes dans le vieillir Dans la premi re partie nous pr sentons deux textes plus orient s sur le chez soi et les relations familiales les deux autres textes traitent plus pr cis ment des articulations entre les divers engagements des femmes Le texte d Elsa Ramos s int resse au processus de d prise pr coce puisque sa population enqu t e par entretiens 20 hommes et 20 femmes est g e de 30 50 ans Une de ses hypoth ses originales et c est pourquoi nous avons retenu cet article est que les chocs que peuvent repr senter les d c s des ascendants am nent les individus reformuler leur rapport aux lieux et au monde en particulier se penser autrement dans une histoire et autrement dans une famille De la
34. le PUG p 207 220 KERISIT M 2000 Les figures du vieillissement des femmes en g rontologie dans Frigon S et M K risit Du corps des femmes Contr les surveillances et r sistances Les Presses Universitaires d Ottawa p 195 228 KHOLI M 1989 Le cours de vie comme institution sociale Enqu te Biographie et cycle de vie lt http enqueterevues org document78 html gt LALIVE D EPINAY C 1991 Vieillir ou la vie inventer Paris L Harmattan MALLON I 2007 Le travail de vieillissement en maison de retraite dans Le vieillissement au grand ge Retraite et Soci t n 52 p 40 61 MARTUCCELLI D 2005 Les trois voies de l individu sociologique Espacestemps net Textuel 08 06 2005 lt http espacestemps net document1414 html gt MEDA D 2008 Le temps des femmes Pour un nouveau partage des r les Paris Flammarion Edition revue MEMBRADO M 2009 Le soutien aux personnes g es et les relations interg n rationnelles enjeux de d finition et de genre dans Agn s Martial dir La valeur des liens Hommes femmes et transactions familiales Editions des Presses Universitaires du Mirail Collection Les Anthropologiques p 163 180 MEMBRADO M et Tristan SALORD 2009 Exp riences temporelles au grand ge dans Marie Wierink coord Temps sociaux concordances et discordances Informations Sociales n 153 p 30 37 MEMBRADO M 2002
35. ncrage et leur continuit dans le monde N est secondaire que ce lieu o l on va et d o l on repart ce lieu qu on n habite pas de mani re centrale o l on n est pas assign r sidence un espace dont l entrevue seulement peut rendre acceptable le principal Membrado 1998 96 On va vivre ailleurs pour vivre autrement Cribier 1990 mais aussi pour chapper de fa on plus ou moins explicite l assignation identitaire Dans le maintien de cet entre deux plus ou moins pr sent selon les trajectoires des uns et des autres la maison et le risque de repli sur le domestique au moment de la retraite sont au c ur des enjeux de genre et des tensions temporelles dans le couple conjugal Caradec 1994 Si beaucoup de femmes la recherche d une libert sur le tard trouvent dans cet entre deux un tremplin pour fuir les t ches domestiques d autres se retrouvent plus ou moins pi g es avec un conjoint qui veut enfin profiter de la maison r f article de Serfaty Gazon D autres encore dans la continuit d une vie fond e sur 7 Selon les donn es de 2003 50 des hommes de 85 ans et plus vivent en couple contre 10 de femmes du m me ge Delb s C et J Gaymu Pass 60 ans le plus souvent en couple Population et Soci t s n 389 2003 M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13
36. nnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca vi individus selon leur situation dans l organisation sociale et selon leur situation dans le parcours de vie De plus la conception lin aire d un temps unificateur des conduites semble r sister l approche par les dynamiques et la multiplicit des configurations temporelles et ce malgr la reconnaissance de la mutation des ges Gaullier 1990 et de l clatement des cadres normatifs de l organisation temporelle Bessin 2009 Les contributions de Pierre Zarifian l enrichissement conceptuel de la sociologie du temps me semblent d terminantes pour renouveler nos points de vue sur les mod les et la hi rarchisation des temps sociaux La critique du temps spatialis qu il op re avec la production du concept de devenir est particuli rement int ressante pour alimenter une sociologie des parcours de vie Au temps spatialis qu il d finit comme une succession de pr sents d tats qui autorise que nous mesurions les espaces qui s parent ces tats et o nous pouvons appeler pass le pr sent d pass et futur le pr sent venir Zarifian 2001 46 il oppose le temps subjectif qui est devenir et conscience de la dur e la forme sociale du temps abstrait qui si elle a pour c ur le travail salari a envahi l ensemble de la vie il oppose le devenir qui est transformation et n
37. on succession Ces propositions ne sont pas sans rappeler le travail du sinologue Fran ois Jullien pour qui notre soci t occidentale n a pas pens le vieillir parce qu elle ne pense pas la transition mais les changements d tat Jullien 2005 Le sociologue s inscrit manifestement dans cette forme de pens e o les critiques des cat gories d ge per ues comme de simples vues de l esprit des arr ts possibles le long de la continuit d un suppos progr s p 71 de l enfance l ge m r s accompagnent logiquement d une approche critique de la notion d identit une sociologie du devenir s carte n cessairement d une sociologie de la r gulation et de l identit p 33 Cette conception du temps qui concurrence la conception t l ologique dominante de nos soci t s occidentales le zukunft heideggerien laisse la place une analyse qualitative des changements et permet de percevoir le vieillir comme une mutation permanente et non comme un changement d tat Dans ce sens le devenir s oppose l tre alors que l avenir est une notion prisonni re du temps spatialis p 89 Cette perspective rencontre un certain nombre de questions pos es par la sociologie du vieillissement II Les exp riences temporelles des personnes a n es les apports de la sociologie du vieillissement Un des apports majeurs de la sociologie du vieillissement est sans doute d avoir contribu rompre avec
38. pass et aux multiples liens qui composent une vie permet aux personnes du grand ge de se rassembler de constituer de soi une image coh rente qui puisse donner du sens sa vie une mani re d assurer son int grit face l irr versibilit du temps 10 Se raconter donner du sens sa vie Le r cit de soi la vieillesse manifeste un certain nombre de caract ristiques qui sont pr sentes de mani re g n rale au c ur de l identit narrative le proc d r flexif de l identit est ins parable de sa mise en r cit de sa mise en intrigue dirait Ricoeur qui d finit ainsi l identit narrative La compr hension de soi est une interpr tation qui trouve dans le r cit une m diation privil gi e cette derni re emprunte l histoire autant qu la fiction faisant de l histoire d une vie une histoire fictive ou si l on veut une fiction historique Ricoeur 1990 138 Cette volont et cette capacit certes in galement r parties socialement r pondent la n cessit de reconna tre le temps coul et de se situer sereinement dans une histoire familiale ou collective La reconstruction narrative de soi peut consister donner une image valorisante de soi et le plus souvent se d finir comme autre que vieux Le recours au pass dans la mise en r cit est une mani re de mettre en sc ne les multiples faces de son identit les multiples fragments de sa vie qui rendent compte d
39. r n est donc ni attributif ni distributif ni distinctif ni additif Ainsi vieillir d fait il jusqu au fond la condition de possibilit de toute identit Jullien 2009 71 Cette proposition de Fran ois Jullien alimente comme celle de Zarifian la critique de l approche pr dicative et identitaire ce th me de l identit qui va hanter et empoisonner la sociologie Zarifian p 33 1 tre et ou devenir vieux les formes du vieillir Ce th me de l identit comme une d finition d un tat stable qui constitue un obstacle l appr hension des transformations individuelles ou soci tales a t mis l preuve et renouvel par plusieurs auteurs Giddens 1991 entre autres propose de l analyser comme un processus r flexif par lequel l individu moderne prend conscience de ce qu il est Les travaux de Ricoeur galement travers la notion d identit narrative prennent en compte la construction de soi dans le temps et enrichissent les analyses des sociologues sur les processus de relecture de vie au grand ge Ricoeur 1990 Puijalon 1996 Dubar dans ses travaux sur la construction identitaire et les temporalit s puis Caradec en sociologie du vieillissement ont contribu dynamiser cette approche C est notamment l introduction des notions de transaction biographique et relationnelle Dubar 2000 puis de transition Caradec 1998 qui permet un renouvellement des approches sur la const
40. res sociales et de genre Dans ces transactions avec soi m me ce que l on est devenu et ce que l on tait avec les autres pr sents et disparus avec l entourage mat riel et relationnel qui contribue ce travail sur soi il s agit de n gocier avec le temps qui passe C est ce processus que certains sociologues ont appel la d prise qui malgr son pr fixe privatif veut rendre compte d une r organisation de sa vie autour d int r ts et de liens principaux en proc dant une s lection et une conomie des forces Cl ment et al 1988 1998 et 2010 Caradec 2004 2008 Ce processus de r ajustement identitaire tant biographique que relationnel n est pas lin aire il proc de par paliers selon les situations et consiste s assurer le plus longtemps possible de sa continuit identitaire Cependant sauvegarder ce que l on a t se d cline de multiples fa ons et les formes transitionnelles personnelles se combinent plus ou moins bien avec les transitions institutionnalis es 4 Vieillir apr s la retraite un temps sans destinataire M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca C est toujours au regard du temps productif que s valuent les autres temporalit s m me si dans notre soci t de plus en plus complexe ce temps du travail dit productif est de plus en plus con
41. ruction identitaire et qui favorise le rapprochement entre sociologie du vieillissement sociologie des parcours de vie et sociologie du temps Les r cits du vieillir t moignent des diverses mani res de se d finir ou de se situer dans les temps du parcours de vie soit les personnes se disent vieilles et se per oivent en rupture avec leur vie pass e comme si vieillir consistait changer d tat soit elles ont le sentiment d accumuler des ann es dans une continuit revendiqu e et accept e d un passage d une transition vers un soi transform Entre ces deux p les id aux types Caradec 2004 139 les expressions sont multiples Cl ment 1999 et traduisent des n gociations plus ou moins r ussies entre le sentiment intime personnel de l avanc e en ge et l incorporation du regard des autres Mais de mani re g n rale renforc par un contexte social o perdurent les mod les en ext riorit des cat gories d ge le sentiment que le vieux est un autre imprime les exp riences du vieillir C est ce fait qu expriment des personnes qui refusent de se rendre dans les clubs 3e ge parce qu il n y a que des vieux et surtout que des vieilles Les hommes plus que les femmes r sistent la fr quentation des lieux marqu s des sceaux de l ge Simone de Beauvoir exprime ainsi cette tranget La vieillesse est particuli rement difficile assumer parce que nous l avions toujours
42. s transformations du monde autour de soi Ce sont ces transformations modul es selon les moments de la trajectoire de vie selon le genre et selon les cat gories sociales que tant les repr sentations exog nes de la vieillesse que les th ories sociologiques du d sengagement ne peuvent restituer parce qu elles se donnent comme des arr ts sur image 3 Du d sengagement la d prise pour une sociologie des transitions Parmi les critiques formul es ces premi res th ories sociologiques du vieillissement Cumming et Henry 1961 la principale concerne son androcentrisme et sa focalisation sur le travail ext rieur r mun r C est Arlie Hotschild 1975 qui a la premi re mis l accent sur les limites de ce mod le du d sengagement li la cessation d activit professionnelle Cette approche s est d velopp e dans un contexte o les recherches sur la retraite la d finissaient comme une mort sociale Guillemard 1970 Ce mod le d interpr tation du vieillissement comme retrait du monde du travail d une part concernait essentiellement les hommes et d autre part excluait les autres dimensions participant du processus d avance en ge L arr t sur le facteur activit professionnelle est un obstacle une analyse dynamique et plurielle du vieillissement parce qu il ne prend pas en compte notamment les arrangements avec soi et les multiples transitions et transactions v cues diff remment selon les trajectoi
43. se retirent la campagne G rontologie et Soci t n 63 p 43 56 CUMMING E et W HENRY 1961 Growing Old The Process of Disengagement New York Basic Books DECHAUX J H 1997 Le souvenir des morts Essai sur le lien de filiation Paris PUF DUBAR C 2000 La crise des identit s L interpr tation d une mutation Paris PUF DUBAR C 2004 R gimes de temporalit s et mutations des temps sociaux Temporalit s n 1 1 semestre p 100 119 ELIAS N 1997 Du temps Paris Fayard FABIAN J 1983 Le Temps et les Autres Comment l anthropologie construit son objet Toulouse ditions anacharsis coll Essais FELLER E 2005 Histoire de la vieillesse en France 1900 1960 Du vieillard au retrait Paris Seli Arslam FRIEDMANN G 1956 Le travail en miettes Paris Gallimard id es FROMAGE B 1994 Sens du temps et vieillesse Temporalistes n 27 p 14 19 GAULLIER X 1990 La mutation des ges Le d bat n 61 p 116 138 GIDDENS A 1991 Modernity and Self identity Self and Society in the Late Modern Age Londres Stanford University Press GORZ A 1991 M tamorphoses du travail Qu te du sens Paris Galil e GROSSIN W 1974 Le temps de la vie quotidienne Paris Mouton Guberman N P Maheu et C Maill 1993 Et si l amour ne suffisait pas Femmes familles et adultes d pendants Montr al Ed du Remue m nage GUICHARD CLAUDIC Y
44. t Serge Jean Mantovani Monique Membrado Vieillissement et espaces urbains Modes de spatialisation et formes de d prise Rapport pour le PirVilles CNRS Cieu Universit de Toulouse le Mirail CJF INSERM 9406 1995 M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca xiv cette fin de parcours font que la nature est plus pr sente dans les r cits des personnes Cl ment 1994 Membrado et Salord 2009 Ce cheminement vers la fin de la vie semble s accomplir plus tranquillement pour les femmes que pour les hommes Est ce que comme le sugg rait Marie Rouanet cit e par Elise Feller 2005 les femmes ont appris plus t t renoncer plus t t vieillir les transitions marquent elles plus leurs parcours Les investigations restent encore faire dans ce domaine Toujours est il que l on peut puiser dans diverses recherches dans des donn es encore clat es des l ments de compr hension de ces diff rences souvent le faire des hommes s oppose la sociabilit des femmes Le pays disait un vieil homme de 90 ans c est nous qui l avons tenu Mais le deuil du pouvoir est sans doute plus difficile faire que celui des liens qui restent m me diminu s longtemps vivaces consid rer les vieux comme des immigr s dans le temps Attias Donfut 2005 le monde social court le r
45. temps construit sur un principe androcentr et focalis sur l emploi Daniel Mercure Mercure 1995 consacre en particulier un chapitre de son ouvrage une critique des cat gories d analyse des temporalit s sociales Il y montre notamment que les cat gories construites partir des rythmes d activit s ne prennent pas en compte les tensions et les d calages temporels dans la vie quotidienne en particulier selon le genre 2 1 Le temps des femmes des br ches dans la lin arit Se demandant si les cat gories d analyse des temporalit s v cues chappent l emprise de la temporalit dominante diffus e par les cadres sociaux du temps Mercure 1995 131 le sociologue prend l exemple des femmes et s appuie sur les travaux des f ministes sur le sexe du travail qui remettent en cause une analyse des temps des femmes fond e sur la s paration des diff rents champs d activit Les travaux d Anne Marie Daune Richard entre autres rappellent la forte interd pendance entre les sph res de la vie professionnelle relevant du temps lin aire et la sph re familiale relevant d un mod le plus cyclique et fragment La prise en compte des dynamiques des temps familiaux ou des discontinuit s dans les trajectoires de vie met au jour les lacunes m thodologiques et pist mologiques li es la fausse neutralit des cat gories usuelles d analyse Les preuves de la vie en deux Ha icault 1984 o s
46. temps quotidiens et en assurer la responsabilit n tait pas une forme d emprise sur le temps p 142 Les d bats sur le temps partiel s inscrivent dans de v ritables enjeux politiques Entre temps partiel subi ou choisi les enjeux autour de la division sexu e des activit s sont centraux Sans entrer dans ces d bats je voudrais dans le cadre de cet article faire part de l hypoth se audacieuse de Chantal Nicole Drancourt pour qui le temps de travail partiel serait une aubaine pour penser de mani re non genr e les p riodes de pluriactivit dans les parcours de vie Nicole Drancourt 2009 L auteure part du constat de l extension du travail temps partiel TTP o les femmes sont toujours majoritaires 32 9 en France en 2006 pour environ 6 d hommes mais dont le spectre des usages est de plus en plus large Ce processus de diversification am ne deux formes d usage soit le TTP est consid rer comme une simple situation d emploi temporaire dans un contexte de pr carit professionnelle soit l usage du temps partiel est un mode d emploi C est dans ce deuxi me cas de figure que prend forme l aspiration un temps pour soi Selon l auteure l inscription de plus en plus importante de ce mode de TTP dans les dispositifs publics peut repr senter une des expressions d un r gime temporel alternatif venir Ce processus attaquerait selon elle deux r f rences majeures du paradigme fordiste le mod
47. tion peut para tre incongrue tant ils font figures de vacanciers ternels Si certains s alignent sur le temps de loisir des actifs pour ne pas se sentir part ce qui leur est parfois reproch ou qui suscite au moins un regard amus les chercheurs font remarquer que la plupart des voyages organis s pour les vieux sont fond s sur une s gr gation des ges et des temps de la vie Caradec et al 2007 207 citent Urbain Quand tout le monde est rentr car ils n appartiennent d j plus ce monde ils partent group s de plus en plus nombreux comme pour se faire oublier Urbain 1983 139 Si la formule est abrupte elle donne cependant r fl chir sur la s gr gation et la hi rarchisation des temps sociaux Les vacances comme rupture avec les activit s de la vie quotidienne font partie de ce que nous avons appel la suite de Sansot 1978 des ph nom nes de secondarit La secondarit est cette structure anthropologique qui permet de maintenir au moins deux p les dans sa vie entre un ici et un ailleurs quilibre gr ce auquel la mobilit tant imaginaire que r elle ouvre une br che dans le temps quotidien C est en maintenant la possibilit d aller et venir entre la maison ou l h bergement principal et les espaces ext rieurs r sidence secondaire mais aussi tout autre lieu qui inscrit une distance avec la r sidence principale que les vieilles personnes assurent leur a
48. une approche stratifi e des ges de la vie en montrant l int r t d une approche g n rationnelle sur une approche statutaire Cette contribution a t possible gr ce de nombreux travaux empiriques dont l ambition tait de recueillir et de restituer la parole de celles et ceux qui taient d sign s par les d mographes ou les politiques comme appartenant la cat gorie des personnes g es Un des premiers apports de ces analyses a donc consist interroger et renouveler les d finitions du vieillir Les critiques formul es l encontre des constructions exog nes des cat gories de la vieillesse personnes g es retrait es du 3e ge du 4 ge etc en visant d abord leur caract re homog ne et statique ont permis de r introduire de la pluralit et du temps dans l approche du vieillissement Cl ment et al 1998 Le vieillir est d s lors per u comme une qualit intrins que l ensemble du parcours de vie comme un processus dont les exp riences de fin de parcours s clairent au regard des trajectoires ant rieures En lisant et liant ensemble les diff rents temps de la vie cette posture de recherche permet d viter l impasse essentialiste qui fait de la vieille ou du vieux un autre que soi m me M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca vii vieilli
49. vail comme paradigme un mod le excluant Cette remise en cause du temps spatialis comme forme sociale dominante d appr hension moderne du temps au centre de la captation conomique du temps humain selon la d finition de Zarifian 2001 28 met elle pour autant fin l id e de l existence d un temps dominant Autrement dit la reconnaissance de l h t rog n it des configurations temporelles de la cohabitation au sein de nos soci t s de divers r gimes temporels lin aire cyclique objectif subjectif implique t elle une quivalence entre ces divers modes et supprime t elle l id e que peut exister un r f rentiel dominant Quand Chesneaux 2004 semble regretter la fin d un temps englobant ext rieur et sup rieur un temps compagnon duquel nous serions devenus orphelins fait il allusion ces formes collectives qui donnent le ton d une poque historique ou d une soci t le temps sacr des soci t s premi res le temps religieux du moyen ge occidental ou alors le temps spatialis de nos soci t s modernes qui par sa traduction chronologique dans les montres et les calendriers a servi de rep res dat s communs un groupe social Sommes nous orphelins de cadres temporels normatifs Certes non Et la lecture des travaux sociologiques sur le temps conduit au moins un constat flagrant c est l aune du temps de travail que s analysent les temporalit
50. ves autour de la distribution des temps sociaux 2 2 La place du temps de travail dans la vie Cependant les valeurs sociales font leur chemin et force est de reconna tre que le temps consacr au travail r mun r a largement baiss au moins en France dans la M Membrado Les exp riences temporelles des personnes a n es des temps diff rents Enfances Familles G n rations n 13 2010 p i xx www efg inrs ca r alit concr te de l exercice comme dans les structures mentales des individus Mais malgr ces volutions ind niables si on raisonne en termes de dur e pour mesurer un temps dominant le temps de travail ne l est plus aujourd hui mais il le reste pourtant dans sa valeur symbolique C est ce que constate Roger Sue Le temps libre s est objectivement substitu au temps de travail comme temps dominant mais dans l absence de repr sentation sociale en accord avec cette nouvelle production de la soci t le nouveau temps dominant n est pas encore le plus structurant retardant ainsi l apparition d un nouvel ordre social Sue 1994 251 Le sociologue d veloppe sa vision utopique autour du temps lib r une chance pour les acteurs sociaux de se r approprier individuellement le temps en reprenant possession de son temps l individu reprend possession de lui m me faisant cho travers les si cles aux recommandations de S n que Oui c est cela mon cher Lucilius
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