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Revue Humanitaire N15 - Hiver 2006

1. Art 1 17 Notre pratique de terrain associ e au devoir d analyse et de communication peut et doit parfois contribuer laborer une r ponse susceptible de profiter aussi aux populations au del de nos programmes 5 Humanitaires contre Alters un vrai faux d bat gt Par Julie Ancian decins du Monde MDM est l une des trop rares ONG humanitaires en France avoir fr quent ces lieux d change altermondialistes que sont les Forums sociaux mondiaux Lors du Forum Social Europ en de Saint Denis en 2003 MDM a organis et particip des s minaires par exemple sur l acc s aux soins des populations vuln rables en Europe sur la r glementation europ enne sur l usage des drogues et la r duction des risques sur les discriminations des Rroms migrants en Europe sur le droit la sant face la mondialisation ou encore sur l exclusion et la souffrance psychique gt Rapprochements Cela ne s est pas fait sans d bat au sein de l association ce rapprochement avec la dynamique altermondialiste ayant t per u comme heureux et profitable par certains mais galement risqu voire dangereux par d autres Dans ce cadre certes nouveau que constituent les Forums sociaux nous avons pourtant eu des activit s assez classiques des conf rences et des ateliers de r flexion sur nos principaux th mes de travail avec des partenaires habituels ONG humanitaires Secours C
2. Quels mots pour raconter le d go t que nous inspirent la guerre en Tch tch nie les morts les disparus les destructions et terrible le d ni de cette barbarie les plaies vives recouvertes d enduit de peinture et de pl tre dans un Grozny transform en chantier g ant Car les mots sont des armes c est bien connu et ils peuvent tuer ou plut t condamner mort Ils l ont prouv le 7 octobre en plein centre de Moscou Une femme qui venait de faire ses courses portait ses sacs de provisions dans son appartement Mais la sortie de l ascenseur l attendait un meurtrier Une balle dans la poitrine une autre dans la t te Vivante morte Elle tait journaliste Imm diatement quelques minutes apr s la d couverte de celle qui n tait plus une femme vivante mais d j un cadavre l information tait transmise publi e et on ne parlait plus d Anna Politkovskaya qu au pass Elle tait journaliste Elle tait courageuse Elle tait surprenante Elle tait d rangeante D s 2000 elle a ouvert non pas une autoroute mais un chemin un sentier pour les journalistes et les autres avides de v rit vers la Tch tch nie d vast e une deuxi me fois en dix ans par la guerre Elle a montr que c tait possible d y travailler en dehors des sentiers battus ses risques et p rils bien s r mais de parvenir tout de m me recueillir la v rit et la restituer briser le huis clos dans lequel les autorit s vo
3. d passer la logique du profit et de la comp tition et ceux qui disent qu il faut prendre le pouvoir et qu on changera le monde tout simplement en le d cr tant videmment il faut le discuter Les moments dans l histoire o nous avons voulu uniquement prendre le pouvoir a a donn Pol Pot par exemple Donc pour les altermondialistes c est un d fi norme On travaille on discute de ces alternatives on trouve des choses faire mais comment vraiment changer la logique qui domine le monde On n a pas la r ponse et ce ne sont pas non plus les humanitaires qui vont la trouver C est l affaire de tout l altermondialisme Gus Massiah Pour r pondre Michel Brugi re je lui dirai que j ai rencontr des altermondialistes sur le terrain par exemple en quateur o le mouvement des municipalit s indiennes Cotacachi sont au Forum et se revendiquent altermondialistes Et il y a beaucoup d autres exemples comme celui l et d autres situations interm diaires comme en R publique D mocratique du Congo o des comit s pour l annulation de la dette sont ancr s dans le mouvement paysan Intervention dans la salle Est ce que le fait que les organisations humanitaires comme M decins du Monde ou M decins sans Fronti res soient de plus en plus engag es dans la machine conomique du fait de leurs relations aux bailleurs de fonds d range les alters dans la mesure o quelque part ils participeraient au syst me Henri Rouill d
4. On peut rep rer en France quatre pisodes importants qui vont fournir les cadres principaux discursifs comme organisationnels du mouvement hexagonal la c l bration associative du Bicentenaire de la R volution qui en juillet 1989 d nonce les politiques des institutions internationales dans les pays du Sud t moigne d une recomposition de la mouvance tiers mondiste par le rapprochement de sa composante anti imp rialiste incarn e par le Cedetim et de sa composante chr tienne Peuple solidaire Terre des Hommes CCFD avec une orientation d veloppement oppos e au p le humanitaire sur le devant de la sc ne au cours des ann es 1980 les gr ves de novembre d cembre 1995 et la d fense du mod le social fran ais au travers de celle du r gime des retraites et plus tard des services publics qui officialisent la coupure du champ syndical et sa radicalisation autour des nouveaux syndicats de salari s les Marches europ ennes contre le ch mage et la pr carit de 1997 et 1999 organis es l initiative d Agir ensemble contre le ch mage AC qui viennent couronner le processus d mergence de la nouvelle question sociale celle de la pr carit et de l exclusion avec le p le des associations de sans le d montage du Mac Donald s de Millau par la Conf d ration paysanne le 12 ao t 1999 et plus pr cis ment ses suites avec sa relecture comme acte de r sistance contre la m
5. Pour que justice soit faite et que les principes humanitaires soient respect s Conscients des responsabilit s en jeu nous avons d cid de rester au Sri Lanka Ceci la fois pour tre aux c t s des familles et de nos quipes sri lankaises mais aussi pour suivre les proc dures li es l enqu te et r pondre aux besoins humanitaires des populations d plac es par le conflit Mais si nous maintenons notre pr sence c est au prix d une forte r duction de nos programmes sur place afin de limiter au maximum les risques li s l ins curit grandissante Face la barbarie nous sommes r volt s et d termin s D termin s voir condamner les responsables de ce massacre et d termin s nous battre pour un v ritable respect des principes humanitaires Car cet assassinat est symbolique de la d gradation de la situation au Sri Lanka les populations civiles sont les premi res victimes de ce conflit sanglant qui opposent les forces gouvernementales au groupe rebelle du LTTE Les organisations humanitaires qui tentent de leur porter secours travaillent dans un environnement de plus en plus hostile leur action et l acc s aux populations civiles reste tributaire du bon vouloir de toutes les forces en pr sence Malgr les pourparlers de paix qui se sont tenus Gen ve en octobre dernier la solution politique se trouve dans l impasse plus de 500 000 personnes vivant dans la presqu le de Jaffna sont soumises depu
6. en f vrier 2006 chez L Harmattan L expression est d Ignacio Ramonet qui dans un texte du Monde diplomatique dat de janvier 2001 affirmait Le nouveau si cle commence Porto Alegre Lire ce sujet l article de Samy Cohen Les ONG sontelles altermondialistes Humanitaire n 9 p 108 Humanitaire contre Alters Dossier pilot par Denis Maillard membre du Comit de r daction de la revue Humanitaire o t 1996 la Realidad capitale du Chiapas zapatiste 6 000 personnes viennent durant une semaine participer la premi re r union contre le n o lib ralisme et ses effets c est le v ritable acte de naissance de l altermondialisme appellation qui sera progressivement substitu e celle d antimondialisation Depuis les noms de Seattle G nes et plus r cemment Glenneagle sont venus s ajouter celui de Porto Alegre comme autant de lieux symboles de l internationale rebelle avec son lot de discussions enfi vr es de monde refaire et parfois de d bordements violents Lorsque ce mouvement prend forme et se d veloppe les m dias et travers eux une bonne partie des acteurs sociaux imaginent confus ment une communion avec le mouvement humanitaire qui pr existe Comme s il avait exist une solidarit une osmose de fait Or il est apparu rapidement que les th mes et les slogans du mouvement alter ne se rangeaient peut tre pas aussi facilement sous les cat gorie
7. l volution du mouvement humanitaire et amener une partie de ce mouvement converger avec l ensemble du mouvement de solidarit internationale La politique trang re des Etats met en avant l action humanitaire et les droits de l Homme Il s agit de faire coincider l id alisme et les int r ts go stes des monstres froids Cette volution modifie les rapports entre l humanitaire et le politique A l autonomie de d part succ de un jeu complexe d alliances conflictuelles Les Etats Unis partir de la pr sidence Carter font la promotion d une id ologie spectaculaire des droits de l Homme intrins quement li e la 29 d fense du march mondial r ellement existant Le droit d ing rence lie directement l humanitaire et le militaire Le droit humanitaire p se sur le droit international Il faudrait aussi insister sur les cons quences de l mergence du mouvement humanitaire sur l organisation et la structuration du mouvement de solidarit internationale En tant que mouvement associatif celui ci rencontre deux grandes contradictions la professionnalisation et l institution nalisation Pour intervenir l chelle des probl mes il faut se professionnaliser et si l on veut intervenir dans la dur e il faut d une certaine mani re s institutionnaliser Or les mod les dominants sont ceux des entreprises et des institutions surtout administratives il faudrait donc trouver le moyen de r pondre ces n ce
8. les donateurs ne sont pas tellement Il faut toucher beaucoup plus de gens et l j en suis s r il nous faut des m thodes car les gens sont absolument dispos s mais ne savent pas comment faire Au Br sil une enqu te r cente sur la question de l in galit sociale r v le que 97 des interview s consid rent que l in galit sociale au Br sil est grande m me tr s grande Autrement dit toute la population sait mais elle se sent impuissante Gagner ces gens l ces 97 c est a la question et je crois qu il nous faudrait faire des campagnes ensemble pour montrer qu il existe diff rentes fa ons de s engager sur l imm diat ou dans le long terme ici l bas etc Henri Rouill d Orfeuil Je suis compl tement d accord pour ne pas sch matiser et je ne dis pas que les humanitaires ne sont pas capables de r fl chir aux causes des probl mes qu ils traitent ni que les altermondialistes n ont pas d exp riences concr tes des probl mes d nonc s La plupart ont aussi les pieds dans la glaise C est vrai il y a beaucoup d exp riences de d marches concr tes certaines auxquelles j ai particip d ailleurs Je suis d accord pour dire qu il faut un espace ouvert j ai particip tous les Forums et chaque fois avec bonheur et j ai beaucoup appris Je n ai videmment aucun probl me avec la question des droits et avec celle de leur hi rarchie tous les droits sont bons n gocier et prendre Je suis d accord aussi
9. mi octobre 2006 L auteur Didier Cannet est responsable des missions RDC M decins du Monde 82 Actu alites Darfour l action humanitaire en sursis Nos repr sentations de la crise en question gt Par Pierre Salignon directeur g n ral de M decins Sans Fronti res Tout le monde l a vu L appel est r guli rement publi depuis plusieurs semaines dans de nombreux journaux nationaux et trangers On peut y voir une photo en noir et blanc sur laquelle on devine en premier plan au milieu d un paysage d sertique des dizaines de tombes non loin de ce qui ressemble un camp de r fugi s Une phrase en lettres capitales traverse la page On peut y lire When all the bodies have been buried in Darfur how will history judge US 7 Lanc e l initiative d un comit d ONG Global Day for Darfur Stop the slaughter cette campagne internationale vise provoquer une intervention militaire internationale pour mettre un terme au g nocide dont seraient victimes les populations du Darfour Si un g nocide est r ellement en cours seule une intervention militaire internationale est m me d y mettre un terme Pourtant sans minimiser la gravit de la crise et des violences terribles exerc es par le r gime soudanais contre les civils force est de constater que la situation est plus complexe que ne le sugg re cette qualification Ma visite r cente au Soudan a t en ce sens particuli rement clair
10. va bouleverser le fond et les formes du 27 d bat Elle commencera par une p riode de confrontation tr s vive li e l affirmation parfois exacerb e et sans nuances du nouveau cours de l action humanitaire Les questions pos es par le nouveau mouvement humanitaire sont tr s pertinentes elles soul vent des probl mes r els et fondamentaux Elles bousculent les ONG qui interviennent dans l humanitaire et qui ont entam le passage du caritatif au d veloppement Le choc est d autant plus vif que les nouvelles associations occupent le terrain de la solidarit sans m nagements et en affirmant une claire volont d h g monie Dans une situation marqu e par la crise de la d colonisation l volution pr occupante des r gimes issus des mouvements de lib ration nationale la g n ralisation des guerres internes et des conflits ethniques l apathie des pouvoirs publics et l indiff rence de l opinion l irruption du discours de l action humanitaire est salutaire On peut en discuter les termes non l importance de la r action d un mouvement humanitaire qui r affirme son autonomie par rapport aux institutions politiques et religieuses Le discours met en avant la priorit donn e la survie qui fonde l urgence Il affirme l universalit des droits humains et revendique la l gitimit de la solidarit humaine par rapport la souverainet nationale qui serait repr sent e exclusivement par les Etats ce serait le fo
11. volontairement parce qu on doit prendre en compte le travail et la s curit de nos quipes sur le terrain ACF par exemple on est intervenus au S nat am ricain sur la question de Tch tch nie on a sorti r cemment un rapport qui a jou un r le dans le processus de paix au Soudan et dans lequel on parlait de la question du droit la terre qui pour nous est essentiel Donc on travaille aussi sur les causes mais je dirais que les altermondialistes nous ont r veill s sur la 20 mobilisation citoyenne et sociale quelque chose qu on avait au d part avec Kouchner les French doctors et qu on a peut tre un petit peu perdu parce qu on tait partis dans notre petit train train Cela a provoqu un r veil parce que les humanitaires essaient beaucoup plus maintenant de mobiliser autour de ce discours alter Il est par ailleurs vident qu il faudrait qu on soit plus proches qu on travaille davantage en collaboration mais c est parfois difficile pour des raisons de financement et de donateurs nous avons besoin de vivre pour exister Et vivre c est avoir des donateurs sinon on ne pourra plus continuer nos actions Je pense que certaines organisations sont frileuses dans ces rapprochements parce qu elles pensent que les alters qui sont tr s mobilisateurs pourraient leur piquer des donateurs Chico Whitaker Le d fi pour nous tous c est de gagner plus de gens Or proportionnellement aux gens qui sont vraiment touch s
12. Automne hiver 2002 O n 7 Le Quai d Orsay et l humanitaire e Printemps t 2003 On 8 Guerre en Irak au p ril de l ing rence humanitaire e Automne 2003 n 9 Derri re les crises oubli es un monde fragment Hiver 2004 n 10 Le g nocide des Tutsis du Rwanda une abjection pour l Humanit un chec pour les humanitaires Printemps t 2004 O n 11 A l est de l Europe populations vuln rables et soci t civile e Automne 2004 O n 12 La question kurde et les humanitaires Printemps 2005 O n 13 L humanitaire en catastrophe s e Hiver 2005 O n 14 Logique d urgence et p rennit Printemps 2006 O n 15 Humanitaire contre Alters e Automne hiver 2006 Hors s rie n 1 L observatoire de l acc s aux soins de la Mission France M decins du Monde e Et 2004 EPUISE g n 2 Quelle sant pour les migrants en Europe e Et 2005 O n 3 M dias et plaidoyer comment faire porter la voix des ONG Et 2006 Prix de vente au num ro 9 15 g Adresse ci joint un ch que de l ordre de M decins du Monde O Souhaite recevoir une facture Please bill me Date et signature
13. Avec les intervenants qui ont accept de nous rejoindre j aimerais savoir si les mots ont encore un sens et ce que signifie aujourd hui humanitaire et altermondialiste Je me tourne d abord vers les humanitaires Estelle Kramer d ACF et Michel Brugi re de MDM pour vous l humanitaire c est quoi Qu est il devenu et quelles relations entretient il avec le mouvement altermondialiste qui l accompagne et d une certaine mani re peut tre le concurrence Michel Brugi re Les associations humanitaires existaient bien avant le mouvement qu on qualifiait dans un premier temps d antimondialisation Il est clair que la vocation de nos associations est de porter assistance sur le plan sanitaire aux populations qui sont en situation de pr carit soit par des causes naturelles soit par des conflits soit par la grande pauvret Notre premier contact M decins du Monde avec les antimondialistes comme on disait remonte 1996 quand nous avons t interpell s l occasion de cette convocation intergalactique que faisait le sous commandant Marcos dans le Chiapas L se sont retrouv s de nombreuses personnalit s des organismes des associations des mouvements qui mettaient des critiques tr s fortes sur la mondialisation qui se d roulait Apr s cet v nement on a effectivement suivi ce que faisait ce mouvement pass de l antimondialisation l altermondialisme changement assez significatif d ailleurs puisqu il exp
14. Julie Ancian e Faut il choisir entre humanitaires et altermondialistes par Chico Whitaker Revue dit e par M decins du Monde Automne hiver 2006 R dacteur en chef Boris Martin email boris martin medecinsdumonde net Directeur de la publication Pierre Micheletti pr sident de M decins du Monde Comit de r daction Claude Aiguesvives Karl Blanchet Didier Fassin e H l ne Flautre Pierre Gassmann Nathalie Herlemont Zoritchak e Sidiki Kabba Denis Maillard e Sami Makki Gustave Massiah Beno t Miribel e Fran ois Rubio Philippe Ryfman Pierre Salignon Olivier Weber Conception graphique Fran ois Despas Corrections Magali Martija Ochoa ISSN 1624 4184 D p t l gal novembre 2006 mprim avec des encres v g tales par l imprimerie Escourbiac Engag e dans le d veloppement durable cette imprimerie pr serve environnement et recycle tous ses d chets Toute reproduction int grale ou partielle de la pr sente publication quelle qu en soit la forme ou le support est interdite sans l autorisation pr alable et expresse de a revue ainsi que du ou des auteurs concern s Revue Humanitaire decins du Monde 62 rue Marcadet 75018 Paris T l phone 01 44 92 13 87 T l copie 01 44 92 14 40 email revue humanitaire medecinsdumonde net Regard Photo et texte issus du livre Altermondialistes de Chronique d une r volution en marche avec des photos de Herv Lequeux et Alexan
15. aujourd hui C est une r alit sociale qu on pourrait d finir comme un des modes d organisation de la soci t civile internationale Sur certains th mes comme le droit la sant il existe des chevauchements Mais une autre source de la confusion vient sans doute du fait que l humanitaire se d finit souvent en tension avec le politique Mais pour nous l humanitaire n a pas d autre fin que de sauver des gens Il n est pas l pour formuler des solutions Cela ne signifie pas qu au cours de notre action en tant en tension avec tel ou tel gouvernement ou l industrie pharmaceutique on ne va pas amener des changements de situation nous sommes avant tout des m decins qui allons sur des crises pour aider des personnes en souffrance et nous y allons avec nos comp tences notre thique et nos moyens pour tenter d avoir une influence sur un pic de mortalit ou une p riode de violence extr me On se d finit donc avec un r le qui par del les perceptions publiques reste tr s modeste RH Mais l image des m decins de sant publique qui un moment donn ont pris du recul par rapport leur travail pour envisager des logiques plus globales n aurait il pas t logique que MSF apr s trente ans d action de terrain voie dans le mouvement alter naissant un moyen de porter une r flexion globale sur les crises qu elle traitait PS Mais est ce qu il aurait t r aliste par rapport la situation des popula
16. ce travail en r seau Mais nous explique Chico Whitaker cette m thode n est pas toujours comprise et accept e A travers son histoire du FSM l auteur nous fait vivre les r ussites et les checs des forums Et dans le monde des humanitaires o en est le travail en r seau Quelle charte des principes guide les ONG dans leurs actions communes Et o va l altermondialisme Apr s avoir proclam la n cessit d un ordre plan taire qui ne soit pas domin par l int r t financier le mouvement est la recherche d un nouveau souffle La crise travers e par la branche fran aise de l association Attac le confirme La contestation des logiques n o lib rales n tait elle qu un feu de paille ph m re butant sur la force d un capitalisme capable de dig rer toutes ces contestations m me les plus radicales Cofondateur du FSM qui prit naissance en 2001 Porto Alegre au Br sil Chico livre ici son diagnostic et son projet L altermondialisme n a pas d avenir s il reste prisonnier des vieux r flexes politiques du XX si cle avant garde clairant le peuple r le dirigeant du parti programme unique de revendications et de directives appliquer par tous En utilisant ces vieilles recettes les partisans d une alternative la mondialisation se condamnent l chec A l inverse Chico nous pr sente le nouveau mode d emploi pour changer le monde par les forums sociaux mondiaux Tout en renfor ant l espace o se
17. changement de paradigme des politiques et notamment le passage de politiques de plein emploi des politiques de lutte contre l inflation en fait des politiques de revalorisation des profits Mais c est galement une p riode de crise de la d colonisation d une partie des pays du Sud et la fin en germe de la Guerre Froide C est une p riode tr s riche contradictoire o a lieu une prise de conscience du n o lib ralisme et des formes de r sistance Le mouvement altermondialiste se d veloppe ici et dans les pays du Sud Et Serge Cordellier a montr notamment dans L tat du monde les centaines de luttes contre les plans d ajustement structurel contre la famine contre la pauvret contre le FMI contre la Banque mondiale qui eurent lieu On tait l dans la phase antimondialisation par rapport aux cons quences de la mondialisation n o lib rale et de ses politiques notamment les effets sur les in galit s la pauvret Un deuxi me moment c est 1989 avec la chute du mur de Berlin qui se traduit par la victoire d une pens e dominante un dogme qu on peut tr s bien caract riser travers deux livres qui d finissent la doxa Le premier c est La Fin de l histoire de Fukuyama qui nous explique que ce n est pas la peine de penser un d passement puisqu on ne pourra pas faire mieux que le capitalisme et que c est le march mondial qui a gagn Et le deuxi me livre c est Le Choc des civilisations de Huntington qui expl
18. clients Destin aux professionnels de la coop ration internationale aux chercheurs aux tudiants et tous ceux qui s int ressent aux enjeux du d veloppement cet ouvrage dresse un tat des lieux de la microfinance dans les pays en d veloppement crit par trois praticiens de la microfinance ce livre est la fois une synth se des grands enjeux actuels et un expos des m thodes utilis es par les diff rents acteurs des plus proches du terrain aux plus institutionnels C est un guide facile consulter qui s appuie sur les exp riences de plus de cent acteurs de la microfinance dans le monde Pr sentation de l diteur gt S bastien Boy J r my Hajdenberg Christine Poursat Le guide de la microfinance Microcr dit et pargne pour le d veloppement Editions d organisation Eyrolles 2006 105 gt Am liorer la qualit des programmes Cet ouvrage r dig quatre plumes a en fait de nombreux contributeurs puisqu il capitalise un travail sur l criture et l valuation des Programmes de M decins du Monde initi il y a une dizaine d ann es notamment en partenariat avec l cole de sant publique de Nancy Le plan de l ouvrage suit le cycle de projet une premi re partie d crit le diagnostic de sant d une population contexte probl mes collectifs de sant besoins en mati re d intervention une deuxi me partie aborde la programmation conception construction d objectif
19. de jeunesse de chercheurs confrontent leurs luttes leurs pratiques leurs r flexions Mais travers les forums une 36 orientation commune se d gage galement celle de l acc s pour tous aux droits fondamentaux la d mocratie la paix C est la construction d une alternative la logique dominante A l vidence impos e qui pr tend que la seule mani re acceptable pour organiser une soci t c est la r gulation par le march nous pouvons opposer la proposition d organiser les soci t s partir de l acc s pour tous aux droits fondamentaux Cette orientation commune donne son sens la convergence des mouvements Cette orientation commune se traduit par une nouvelle culture de la transformation qui se lit dans une volution de chacun des mouvements La r f rence l acc s aux droits pour tous impr gne les mouvements Pour citer quelques exemples Amnesty International a d cid il y a trois ans de prendre en charge la d fense des droits conomiques sociaux et culturels M decins du Monde d finit ses objectifs par rapport au droit la sant les syndicats mettent en avant les quatre droits fondamentaux de l OIT Via Campesina prend en compte la d fense de la paysannerie de la souverainet alimentaire des risques cologiques et scientifiques etc Le mouvement de solidarit internationale en est transform Le mouvement associatif se saisit de la question de la transformation sociale pa
20. de guerre juste Le concept de guerre humanitaire est il op rant pour d finir les nouvelles pratiques militaro humanitaires et signifier l imbrication des deux champs Autant de questions au programme de la journ e de r flexion Pour y r pondre des intervenants issus d horizons professionnels diff rents ayant en commun d avoir prouv et observ sur le terrain ce type d exp rience ou bien de mener depuis longtemps des r flexions sur ces questions Universitaires repr sentants d ONG responsables militaires chercheurs philosophes etc se sont succ d s 68 Actu alites pour essayer de d nouer les fils d une probl matique qui trouve ses prolongements jusque dans l actualit la plus imm diate intervention militaire en Afghanistan guerre d Irak crise du Darfour C te d Ivoire tremblements de terre au Pakistan en Indon sie etc Humanitaire et militaire quelques tendances g n rales L un des objectifs du colloque tait d tudier ces relations entre acteurs humanitaires et militaires partir d une d marche empirique c est dire en se penchant sur des exp riences qui pouvaient appara tre comme autant d exemples types Dans ce registre la guerre du Kosovo en 1999 puis le Tsunami la fin du mois de d cembre 2004 nous ont paru repr senter des objets d analyse partir desquels il nous serait possible de tirer un certain nombre de conclusions susceptibles de servir l t
21. faisons Denis Maillard Gus Massiah je vous poserais la question sym trique l altermondialisme qu est ce que c est Autant l humanitaire a pu devenir au fil du temps un vaste fourre tout de nombreuses structures associatives institutionnelles et m me les militaires s en revendiquant alors est ce que l altermondialisme n est pas en train de devenir une marque Qu est ce que cela recouvre exactement Et puis tant donn que comme le rappelait Michel Brugi re l action humanitaire tait ant rieure au mouvement altermondialiste quel regard les alters ont ils port et portent ils aujourd hui sur les humanitaires Gustave Massiah Pas plus que les humanitaires les altermondialistes ne sont n s de rien Donc quant savoir ce qui les diff rencie videmment cela am ne revenir un peu en arri re et ce qui me semble int ressant c est de voir non pas pourquoi il y a pu y avoir division mais pourquoi il y a convergence aujourd hui D ailleurs s il y a eu division par ailleurs difficile mais f conde c est moins entre le mouvement altermondialiste et les humanitaires qu entre ces derniers et les d veloppementistes 14 vrai dire le mot altermondialiste se propose comme un d passement de ce qu ont t ces diff rentes contradictions donc comme un mouvement nouveau D abord ce mouvement na t en m me temps que la phase n o lib rale de la mondialisation entre 1978 et 1980 c est dire avec le
22. l analyse critique La vari t des th matiques qu il aborde 99 appellerait de nombreux d veloppements et commentaires D autant que visiblement il s adresse plusieurs groupes distincts de lecteurs est possible d en rep rer au moins trois Celui d abord du citoyen sensible aux causes d fendues par certaines ONG et qui leur t moigne sympathie et soutien mais sans bien ma triser des probl matiques complexes comme la mondialisation l tat pr sent des relations internationales ou le caract re composite que recouvre le terme trop g n rique d ONG Une seconde cat gorie de lecteurs comprend b n voles et sympathisants du milieu associatif de la solidarit internationale Ceux l m me s ils disposent de plus d informations ne comprennent pas toujours tr s bien pourquoi tel ou tel collectif d organisations et SUD elle m me participent aux Forums sociaux mondiaux comme ceux de Porto Alegre au Br sil ou de Mumba Bombay en Inde Enfin il s agit d une d fense et illustration aupr s des responsables ONG et des d cideurs publics fran ais et europ ens de la strat gie suivie par le pr sident de Coordination Sud et valid e par son conseil d administration Ces diff rents c urs de cibles se retrouvent et influent sur la construction formelle du livre Dans une premi re partie qui va de l introduction au chapitre trois inclus la d marche de l auteur est essentiellement p dagogique Elle vise
23. la suite de ses publications sur la Tch tch nie et le Caucase du Nord notamment son travail d enqu te sur la prise d otages au th tre de Moscou en 2002 Elle avait par ailleurs t l objet de graves repr sailles dans le cadre de son activit professionnelle au cours de ces derni res ann es arr t e puis d tenue par des militaires russes en Tch tch nie o empoisonn e dans l avion qui l emmenait en Oss tie pour participer aux n gociations avec les preneurs d otages de l cole de Beslan Elle avait remport plusieurs prix r compensant son travail d investigation Son assassinat est intervenu alors que devait para tre son article sur la pratique de la torture en Tch tch nie impliquant directement Ramzan Kadyrov vice premier ministre de Tch tch nie nomm par le Pr sident Poutine Anna Politkovskaya tait l auteur de plusieurs livres sur la guerre en Tch tch nie Voyage en enfer Robert Laffont 2000 Tch tch nie le d shonneur russe Buchet Chastel 2003 La Russie selon Poutine Buchet Chastel 2005 62 Anna Politkovskaya r duite au silence pour avoir parl gt Par Bleuenn Isambard Comment pourrait on exprimer tout ce qui bouillonne en nous la col re le d sespoir la tristesse la rage le sentiment d impuissance Comment dire cette envie d hurler et en m me temps cette pesanteur cet engourdissement de la volont devant une telle violence devant un tel arbitraire une telle impunit
24. le cas ce jour Les gros donateurs semblent avoir d cid d accro tre leur assistance financi re aux NU et aussi certaines ONG Si cela m rite cependant d tre regard de plus pr s dire aujourd hui que la situation se d graderait faute de financements institutionnels rel ve plus du slogan utile pour d montrer s il en tait besoin que la crise est grave Ceci dit une question revient souvent dans la bouche des volontaires Ne devenons nous pas malgr nous les agents du gouvernement en maintenant les d plac s dans les camps Je pense que c est en partie le cas comme dans de nombreuses situations caract ris es par des d placements de populations massifs mais avons nous un autre choix Notre r le n est il pas d assister les d plac s dans cette situation de crise que nous n avons pas cr e moins de d cider de quitter les camps et de laisser derri re nous des populations qui ne peuvent et ne souhaitent pas rentrer dans leur r gion d origine faute de s curit et qui se retrouveraient alors coup es faute de r solution politique du conflit de l assistance humanitaire Trancher ce dilemme en quittant les camps aujourd hui semble inenvisageable et inappropri l action des organisations humanitaires est importante pour les d plac s alors que de nouveaux pisodes guerriers s annoncent Nous devons sans aucun doute tre attentifs la politique men e par le gouvernement vis vis des d plac s
25. mondiaux et Europ ens ainsi qu d autres manifestations de la mouvance altermondialiste comme par exemple au Sommet Pour un Autre Monde SPAM Annemasse en 2003 en r ponse au G8 Certaines des associations internationales d urgence comme Caritas Internationalis ou OXFAM International participent m me de mani re tr s importante au financement des Forums sociaux mondiaux et sont membres du Conseil International des FSM 38 La convergence s est faite sur le fond sur la priorit donn e aux droits fondamentaux Elle a t explicit e la Conf rence de Vienne sur les Droits Humains en 1993 qui a pos le principe de l universalit et de la compl mentarit des droits civils et politiques et des droits conomiques sociaux culturels et environnementaux DESC Elle a t prolong e par la Commission des Droits Humains des Nations unies qui a d fini la justiciabilit et la garantie des droits travers l laboration du protocole additionnel sur les DESC La d cision de Amnesty International de prendre en compte la d fense des DESC confirme cette volution Le chantier reste ouvert avec l approfondissement de la liaison entre droits individuels et collectifs et entre droits individuels et droits des peuples Le rapport entre urgence et d veloppement suivant ses diff rentes acceptions est une des questions cl s de la p riode Nous savons bien qu il faut r pondre l urgence mais que la solution durable n est
26. par les terroristes islamiques Il y a l importance grandissante des consid rations financi res dans la gestion du journalisme et le r gne de comptables avant tout soucieux de rentabilit de r duction des co ts et de fusions de soci t s on comptait en 1983 aux Etats Unis cinquante groupes multim dias se partageant la plus grande partie de l audience il n en reste plus que cinq en 2006 Et aujourd hui mieux que jamais on a pris conscience que le journaliste n est pas seulement un t moin mais un acteur de l histoire que l information est la valeur reine dont d pendent toutes les autres pouvoir richesse et gloire N y a t il pas d j en France et aux Etats Unis plus d attach s de presse que de journalistes L auteur num re les failles d un journalisme o l autocensure fait plus de d g ts que la censure o le renom de l entreprise la sauvegarde du pouvoir politique auquel elle est adoss e l int r t des annonceurs qui la financent se conjuguent pour b illonner l informateur et le cantonner la pens e unique du r gne de l argent II voque aussi les dictatures qui corrompent emprisonnent ou tuent Mais il propose tout autant de raisons d esp rer le courage de nombreux journalistes en lutte contre les pouvoirs le succ s d organes de presse qui perp tuent les meilleures traditions du m tier le pluralisme et la concurrence qui progressent gr ce la prolif ration des vecteurs m diatiques d Al Jazira
27. pas un simple commentaire de celles ci mais bien une v ritable tude historique et une r flexion politique Chacun des modes photographiques et crits se soutiennent et se renforcent Au total un excellent ouvrage lire et regarder Fran ois Rubio Membre du Comit de r daction de la revue Humanitaire gt Altermondialistes Chronique d une r volution en marche Photos Herv Lequeux et Alexandre Girod Textes Lo c Abrassart et C dric Durand ditions Alternatives 2006 Voir galement une photo de Herv Lequeux extraite du livre la fin de ce num ro 98 gt Les ONG diplomates Voici un livre important et qui fera date A la fois par la double ambition dont il est porteur et les approbations comme les controverses qu il ne manquera pas de susciter Qu il suscite d j d ailleurs dans le milieu non gouvernemental et surtout gouvernemental particuli rement fran ais Cette aspiration duale s exprime d abord sur un plan th orique et intellectuel Par son titre m me qui de fa on provocante affirme l existence ou tout de moins la possibilit d une diplomatie qui ne rel verait pas de la sph re des seuls tats Or ces derniers en th orie comme en pratique des relations internationales sont normalement les seuls pouvoir recourir cet outil qu est d abord une diplomatie Et ce depuis le XVIIe si cle et le Trait de Westphalie qui mit fin la Guerre de Trente Ans On remarquera d ailleurs que le
28. que les ONG et les militaires travaillent ensemble et que par exemple quand les avions de l arm e arrivent les ONG occidentales soient sur le tarmac pour prendre le relais sachant disait il qu il serait pr f rable que ce soient les ONG qui aillent chercher les financements vu la diminution des budgets militaires Par ailleurs le mod le humanitaire m interpelle de par son rapport aux m dias qui conduit parfois ne plus tout fait ma triser ce que l on veut envoyer comme message Bref par ces exemples qui touchent la question de l efficacit et du professionnalisme je ne dis pas du tout que tout est jeter mais ce sont des l ments qui m interpellent sur ce mod le Henri Rouill d Orfeuil On ne peut pas nier que l humanitaire est teint d un tr s fort occidentalisme et c est li au type de travail savoir l absence de partenariat dans les situations d urgence en g n ral Par exemple au moment du Tsunami les Indiens ont bloqu l arriv e des humanitaires occidentaux et pris en charge eux m mes les secours Partant de l on organise un s minaire Pondich ry dans quelques semaines pour confronter les regards sur l humanitaire parce que ces populations indiennes ont assum des fonctions humanitaires dans un quilibre diff rent entre public priv collectivit s locales etc Je pense que plus g n ralement l humanitaire a besoin d une confrontation avec les op rateurs du Sud qui font le m me genre de tr
29. que telles minoritaires elles repr sentent moins d un quart de la trentaine des groupes fran ais r guli rement investis dans des mobilisations altermondialistes Les autres sont issus de g n rations militantes vari es et porteurs des causes les plus diverses Tous les mod les organisationnels sont pr sents des syndicats la Conf d ration paysanne les SUD et l Union syndicale solidaires des Organisations de solidarit internationale OSI comme le Cedetim le Crid Artisans du monde des groupes issus des Nouveaux mouvements sociaux NMS comme la CADAC coordination des associations pour le droit l avortement ou Les Amis de la terre des clubs intellectuels Fondation Copernic Espaces Marx des associations en tout genre et des r seaux L altermondialisme s apparente ainsi un mouvement de mouvements aux contours mouvants suivant le moment et l enjeu particulier de la mobilisation qui offrira telle ou telle famille de mouvement l occasion de pr parer et de mettre en musique l v nement par exemple plut t les OSI organisations de solidarit internationale pour organiser une campagne sur les institutions financi res internationales comme la campagne Jubil 2000 en faveur de l annulation de la dette du tiers monde ou plut t les syndicats et groupes de sans lors des manifestations contre les sommets europ ens Ces contours et par voie de cons quence l orientation
30. r vent serait souhaitable que ces espaces se multiplient partout dans le monde comme de grandes et petites coles de nouveaux rapports entre militants des diff rents types d organisation A c t de l altermondialisme qui l inverse n est pas un espace mais un mouvement ils conserveraient leur sp cifit et leur r le dans la recherche d une plus grande efficacit politique pour changer le monde Et pourquoi ne pas cr er des nouveaux types d instruments d action politique l image de ces espaces ouverts ceci afin de rompre avec les instruments traditionnels qui tout au long du si cle dernier n ont pas permis de bannir de la face de la terre l injustice l in galit et l oppression L auteur Chico Whitaker est architecte de formation Membre de la Commission Justice et Paix au sein de la conf rence nationale des v ques du Br sil il repr sente cette instance dans le secr tariat international du Forum social mondial qu il a cofond Son dernier ouvrage paru Changer le monde nouveau mode d emploi ditions de l Atelier septembre 2006 256 pages Lire dans ce num ro p 97 Actu alites La v rit tue Fran oise Torgue Anna Politkovskaya au Colloque M dias et humanitaire Grenoble 17 novembre 2005 Anna Politkovskaya journaliste correspondante du bi hebdomadaire russe Novaya Gazeta a t assassin e le 7 octobre 2006 Moscou Anna tait menac e depuis plusieurs ann es
31. rent la cr ation d ONG s urs en Roumanie charg es de prendre le relais de leurs activit s au moment de leur d part D autre part les ONG humanitaires notamment fran aises jou rent indirectement un r le de mod le pour une s rie d initiatives locales qui cherch rent par la suite s ins rer dans les r seaux d aide transnationaux Le silence relatif qui entoure aujourd hui l pisode humanitaire roumain est d aux zones d ombres et aux ambigu t s de l aide qu on lui associe Le jeu de dupes n des v nements de d cembre 1989 qui constitu rent la r volution roumaine et amen rent au pouvoir un r gime dont la nature cryptocommuniste apparut peu peu a consid rablement biais l intervention humanitaire port e l Ouest par une vague de solidarit populaire tr s puissante I n en demeure pas moins que cet pisode au regard des effets qu il a provoqu s tant dans le champ humanitaire que sur la soci t civile locale m rite bien qu on s int resse lui avec tout le recul aujourd hui possible L auteur Gautier Pirotte est charg de cours en socio anthropologie du d veloppement l Institut de sciences humaines et sociales l Universit de Li ge Cet article repose sur une recherche postdoctorale conduite sous la direction de Johanna Sim ant Paris Sorbonne et pr sent dans l ouvrage L pisode humanitaire roumain construction d une crise tat des lieux et modalit s de sortie publi
32. sur pied dans les semaines pr c dentes un pont humanitaire compos d quipes post es quelques encablures des postes fronti res en Bulgarie et en Yougoslavie De m me MSF Belgique et MSF France avaient organis dans les mois pr c dent la chute du Conducator de discr tes missions de reconnaissance sous couvert de s jours touristiques L aide fut si massive que les canaux de distribution classique furent bien vite d pass s par un r seau populaire L op ration Villages Roumains d s sa cr ation et son extension l chelon europ en donna naissance une multitude de comit s locaux o s activaient les autorit s locales et leurs administr s D s les premi res heures de la r volution ces comit s pouss s par la population locale se mobilis rent et organis rent parfois de vastes convois pour acheminer l aide par voie terrestre au moyen de v hicules de particuliers Les comit s d OVR r ditaient en quelque sorte l exp rience du porte porte humanitaire de l pisode polonais de d cembre 1980 mais avec plus d ampleur D apr s des chiffres officieux de l ambassade de Roumanie Bruxelles relay s par la coordination d OVR Bruxelles 30 000 Belges se seraient d plac s sous cette banni re et celle d Adoptie Dorpen Roemeni la section n erlandophone d OVR Belgique au cours des huit premiers mois de l ann e 1990 Au total environ 25 000 tonnes d aide ont ainsi t transport es via le r seau OVR
33. Humanitaire enjeux pratiques d bats gt Automne hiver 2006 N 15 uma i itaire gt Num ro 15 enjeux pratiq Avec Patrick Aeberhard Julie Ancian Jean Baisn e Michel Brugi re Didier Cannet Robert Chaouad Bleuenn Isambard Estelle Kramer e Herv Lequeux Denis Maillard e Gustave Massiah Hugues Maury Beno t Miribel Gautier Pirotte Henri Rou ill d Orfeuil e Fran ois Rubio Philippe Ryfman e Pierre Salignon Isabelle Sommier G n ral Thomann Fran oise Torgue Chico Whitaker Humanitaires contre Alters Revue dit e par M decins du Monde Humanitaire Automne hiver 2006 Num ro 15 Humanitaires contre Alters 9 15 NESE Barcelo 4 e a Les opinions mises dans la revue Humanitaire n engagent que leurs auteurs Sommaire B 2 Editorial gt par Boris Martin 4 Retour sur L pisode humanitaire roumain par Gautier Pirotte Humanitaires contre Alters e Table ronde anim e par Denis Maillard Avec Henri Rouill d Orfeuil Gustave Massiah Chico Whitaker Michel Brugi re Estelle Kramer e Humanitaires et altermondialistes par Gustave Massiah e La galaxie altermondialiste un espace coop ratif fait de rivalit s par Isabelle Sommier e On parle de choses diff rentes entretien avec Pierre Salignon directeur g n ral de M decins sans Fronti res France e Humanitaires contre Alters un vrai faux d bat par
34. Le mouvement altermondialiste est un espace de convergence par rapport ce qu ont t les mouvements anticolonialiste d veloppementiste humanitaire etc Il rassemble les mouvements de syndicats de paysans de consommateurs les 15 Table cologistes les mouvement des droits de l Homme et f ministes etc Tous ont converg mais petit petit dans les forums sociaux se d gage une orientation nouvelle qui f d re cette convergence de mouvements c est encore une fois Un autre monde est possible autrement dit par rapport au monde que nous connaissons r gul par les march s mondiaux des capitaux nous pouvons proposer une autre orientation la lib ralisation nous pouvons proposer l organisation des soci t s en fonction de l acc s aux droits pour tous mon avis c est le fondement de la convergence nouvelle Et c est l que le mouvement humanitaire qui portait aussi cette id e de l universalit des droits et le mouvement d veloppementiste qui est pass aussi la question des droits notamment conomiques sociaux et culturels ont volu par rapport cette nouvelle orientation On le voit quand Amnesty International d cide d adopter dans son programme la lutte pour les droits conomiques sociaux et culturels quand M decins du Monde met de plus en plus en avant la question du droit la sant quand Handicap International commence se poser aussi la question du partenariat Cela
35. Orfeuil Les associations ont un mod le conomique faible en ce qu elles vivent de la cotisation de leurs membres Alors a marche pour des associations de p cheurs la ligne qui n ont pas de permanents et se repr sentent eux m mes pour aller d fendre les zones de p che Mais d s qu on travaille pour des tiers que l on fait de grosses op rations il faut trouver d autres ressources faut alors faire du fund raising aupr s des citoyens des entreprises de l tat Cela fait partie du mod le conomique voil c est le jeu et tant qu on n est pas dans un autre jeu c est comme a Si demain on trouve la possibilit de redistribuer diff remment que ces fonctions deviennent des services publics internationaux a changera peut tre Gus Massiah Dans un d bat sur l humanitaire qui a eu lieu il y a deux ans je me suis retrouv une table avec un repr sentant de Care qui a expliqu qu ils s int ressaient vraiment la France parce qu une tude ayant r v l que la part de la collecte en France tait tr s faible cela pouvait tre pour eux un march tr s concurrentiel Incontestablement cette fa on de construire des r seaux d ONG 23 la mani re de multinationales peut conduire des d rives A la m me table un colonel du G nie expliquait qu il faudrait cr er des unit s humanitaires dans l arm e d une part parce que cela favorisait l avancement d autre part parce qu il estimait qu il tait temps
36. a les pieds rouges qui voudront appuyer les ind pendances Entre les tiers mondistes et les antiimp rialistes le d bat est vigoureux Les premiers trouvent les seconds trop politistes et m me trop politiques et leur reprochent leur soutien des Etats peu soucieux du respect des libert s Les seconds trouvent les premiers trop basistes localistes travers leurs micror alisations trop ruralistes et trop respectueux des autorit s traditionnelles et religieuses Ce clivage va s att nuer d s la fin des ann es 1960 Une nouvelle g n ration de responsables va tre porteuse d une culture politique nouvelle forg e dans les ann es de mobilisation qui vont suivre 1968 Les anti imp rialistes vont prendre conscience de l volution des r gimes issus de la d colonisation et les tiers mondistes vont mesurer les limites des actions locales lls vont se retrouver ensemble confront s l offensive des antitiers mondistes orchestr es par l association Libert s sans fronti res gt Les associations de solidarit internationale et le mouvement humanitaire C est que pendant ce temps une nouvelle g n ration d humanitaires a vu le jour partir de la cr ation de MSF M decins sans fronti res au moment de la guerre du Biafra en 1971 L affirmation de ce nouveau mouvement d action humanitaire autour de MSF avec plusieurs associations dont M decins du Monde Action Internationale Contre la Faim Equilibre et d autres
37. a dispos de cinq pages environ pour dire ce qui peut justifier l id e re ue ou en quoi elle doit tre revue nuanc e voire contest e Ceci a oblig chacun viter au maximum toute langue de bois Pr sentation de l diteur gt Georges Courade dir L Afrique des id es re ues ditions Belin Coll Mappemonde 2006 Bulletin d abonnement Tarifs d abonnement 4 num ros Subscription rates retourner M decins du Monde 62 rue Marcadet 75018 Paris T l phone 01 44 92 13 87 T l copie 01 44 92 14 40 email revue humanitaire medecinsdumonde net France Etranger g Particuliers 27 44 g Particuliers 33 54 g Institutions 32 01 g Institutions 38 11 g Etudiants 24 39 g Etudiants 30 49 joindre la photocopie de la carte d tudiant Prix de vente du num ro hors abonnement 9 15 g S abonne la revue Humanitaire quatre num ros partir du N O Adresse ci joint un ch que de l ordre de M decins du Monde g Souha ite recevoir une facture Please bill me Date et signature Je d sire recevoir On 1 Faut il normaliser l aide humanitaire e Hiver 2000 EPUISE n 2 La protection des populations civiles e Printemps 2001 O n 3 Violence et Humanitaire e Automne 2001 n 4 27 d cembre 1979 11 septembre 2001 Afghanistan e Hiver 2001 2002 On 5 Pauvret s en France Printemps t 2002 n 6 Le SIDA saisi par les ONG
38. ablir soit de fa on statique par l addition de ceux qui le constituent soit de fa on dynamique par le projet qu ils portent y a toujours un rapport entre projet et structure il est dialectique Le projet du mouvement est la solidarit internationale ses structures sont principalement les associations de solidarit internationale L ducation au d veloppement se transforme en ducation la solidarit internationale Ses enjeux sont pr cis s comprendre le monde pour le transformer dans le sens d un monde plus libre plus juste et plus solidaire comprendre le rapport entre les dynamiques internes de transformation des soci t s et la transformation du syst me international inscrire notre action dans la solidarit internationale et refuser la nature des rapports de discrimination et de domination dans chaque pays et entre pays notamment entre Nord et Sud analyser la situation du point de vue des mouvements sociaux et citoyens porteurs de la solidarit internationale gt Le mouvement altermondialiste et la transformation sociale Partons de l hypoth se que le mouvement altermondialiste en tant que mouvement historique prolonge et renouvelle le mouvement historique de la d colonisation Il inclut le mouvement de solidarit internationale et lui donne de nouvelles perspectives I modifie le cadre et le contenu de l ducation la solidarit internationale Le mouvement de solidarit internationale s inscrit da
39. actifs d un pros lytisme dangereux ou assujetties la politique trang re de tel ou tel gouvernement Il peut sembler d s lors bien artificiel de vouloir opposer les uns alters aux autres humanitaires tant les diff rences au sein d une m me famille peuvent tre grandes alors que les rapprochements entre certains membres des deux mouvements sont vidents au fait qu est ce que le mouvement humanitaire aujourd hui Le mouvement altermondialiste est une mosa que h t rog ne de gens du Nord et du Sud de syndicats d associations de femmes de paysans d ONG de mouvements confessionnels d organisations la ques environne mentalistes d lus locaux de juristes de chercheurs etc qui ont en commun leur combat pour un monde plus juste chacun le menant sa mani re Une manation de la soci t civile mondiale qui depuis trente ans s est toff e et enrichie de nouveaux acteurs Ce qui diff rencie ces deux mouvements semble davantage li au fait qu ils appartiennent par leur naissance 35 1 Mouvement pour la Sant des Peuples http www phmo vement org des poques diff rentes l un est apparu il y a plus de trente cinq ans dans un monde encore bipolaire qui pr nait la souverainet des Etats l autre il y a quelques ann es dans un monde unipolaire et globalis travers par des flux d informations d id es d hommes de marchandises qui mettent mal le cad
40. action life saving qui pour le CICR est la seule justifier cette prise de risque Car l aussi les acteurs militaires sont multiples dans une r gion frontali re avec le Tchad r gion sensible et dangereuse et lieu de tous les trafics C est pourquoi peu d ONG envisagent d y positionner des quipes permanentes Dans le Sud du Djebel Mara la s curit se d t riore galement et cette fois ci en raison de la d multiplication des groupes dits rebelles ou ex rebelles qui depuis les accords de paix sign s le 5 mai dernier Abuja s affrontent leurs dissensions d g n rant en conflit ouvert L ins curit est forte les responsables militaires difficiles identifier et multiples les revirements d alliance soudains et potentiellement meurtriers L encore une quipe de MSF Hollande s tait retrouv e au milieu des combats et dans une situation difficile d but octobre Enfin le CICR a arr t fin septembre toutes ses activit s dans l Est du Djebel Mara suite l ex cution de l un de ses chauffeurs apr s le vol par un commandant local identifi entre temps de plusieurs v hicules du CICR Le groupe auquel ce commandant serait affili a reconnu les faits et s en est excus publiquement Reste une absence de confiance chez les diff rents interlocuteurs identifi s dans cette r gion et aussi l absence d une situation humanitaire alarmante qui pourrait les amener revoir leur d cision peu de mo
41. albouffe et pour la souverainet alimentaire qui placent Jos Bov et travers lui son organisation en symbole hautement m diatique de la r sistance la mondialisation n o lib rale 45 2Les donn es statistiques utilis es ici sont issues d une enqu te collective Radiographie du mouvement altermondialiste Eric Agrikoliansky et Isabelle Sommier dir La Dispute 2005 gt Une participation g om trie variable Les acteurs de l altermondialisme viennent de deux types de trajectoires D un cot les nouveaux venus dans l espace des mouvements sociaux ont le plus souvent exp riment une position de dissidence dans leur pr c dente organisation qui les a conduits la scission ou l exclusion c est le cas des nouveaux syndicats CP et SUD mais aussi des associations de sans Il s agit de l autre de groupes anciens qui se sont radicalis s jusqu pour certains se placer sur un registre contestataire tr s loign de leur facture de d part II en va ainsi des groupes de d fense des droits de l Homme et des associations humanitaires et de d veloppement comme Oxfam dont la charte adopt e en 2000 entend lutter contre la nouvelle orthodoxie conomique aux c t s d un nouveau mouvement social notamment pour la souverainet alimentaire l acc s aux m dicaments et l annulation de la dette du tiers monde La FIDH F d ration internationale des droits de l Homm
42. ale et au motif humanitaire pour se l gitimer Cette table ronde a t l occasion de revenir sur la notion de devoir d ing rence popularis e et d fendue notamment par Bernard Kouchner et Mario Bettati Dans son introduction Patrick Aeberhard a rappel l origine de la notion d ing rence Apparue v ritablement dans les ann es 1980 cette notion a trouv l une de ses concr tisations dans la r solution 43 131 adopt e par l Assembl e g n rale des Nations unies le 8 d cembre 1988 relative au principe de libre acc s aux victimes Cette notion n a plus cess ensuite d tre au c ur des probl matiques internationales post guerre froide se reposant de mani re nouvelle apr s les attentats du 11 septembre 2001 C est depuis cette notion que s est trouv e repos e une probl matique d j ancienne bien que la philosophie politique s en ressaisisse nouveau ces derniers temps qui est la question de la guerre juste Alain Boinet a insist sur la responsabilit des politiques dans les situations de guerre en pr cisant que les militaires taient les repr sentants des politiques Il a critiqu par ailleurs les ONG embarqu es en Irak et r affirm le respect du mandat des ONG Dans son intervention le g n ral Vincent Desportes a choisi de faire porter son propos sur la question de la responsabilit de prot ger ou plut t comme il l a rappel sur la n cessit de prot ger et ce par rapport la missi
43. ant dans le monde humanitaire tr s proche de M decins du Monde Pour ACF ce qui est tr s important c est la notion de terrain d action et de relation directe avec les victimes qu on va secourir c est notre essence On s est peut tre positionn l origine de mani re un peu diff rente que MDM par rapport au monde altermondialiste Mais videmment dans notre action on rencontre des probl mes et nous lan ons des des actions de plaidoyer qui rejoignent certaines id es id ologies ou combats du monde altermondialiste Donc je dirais que c est plut t un accompagnement et un partage Les alters vont parfois nous apporter une autre vision de nos victimes et des situations dans lesquelles elles voluent parce qu on a parfois le nez dans le guidon C est assez int ressant pour nous car cela va nous permettre d tre plus efficaces au niveau du plaidoyer Parfois galement ils peuvent nous solliciter pour servir de leviers leurs propres actions de plaidoyer C est l qu on se rejoint mais il n y a videmment pas pour nous de fracture Reste que nous ne sommes pas une association humanitaire qui s engage r ellement dans le mouvement altermondialiste on est tr s souvent sollicit s pour diff rents forums actions altermondialistes et c est vrai que cela provoque beaucoup de discussions chez nous on h site souvent s engager parce qu il est vrai que ce n est pas au d part l essence m me de ce que nous
44. ante Elle a confirm d abord l accroissement des difficult s pratiques rencontr es par toutes les organisations de secours pour poursuivre leurs actions et assister les d plac s et ensuite la d t rioration actuelle des conditions de s curit Mais cette visite a surtout permis de souligner le d calage troublant existant entre le discours public sur la trag die du Darfour port par la plupart des repr sentants de la communaut internationale et des acteurs humanitaires et celui tr s diff rent qu ils tiennnent dans le huis clos des rencontres que j ai pu avoir 83 Texte crit la fin du mois d octobre 2006 2 Quand tous les corps auront t enterr s au Darfour comment l histoire nous jugera 3 Mon s jour dans la capitale soudanaise faisait suite l attaque extr mement violente dont a t victime une quipe m dicale de MSF le 11 septembre dernier dans la r gion de Niertiti dans l Ouest du Darfour alors qu elle venait de r aliser par la route un transfert de patients en urgence vers l h pital de Zalingei Il s agissait de faire part aux autorit s f d rales et locales de notre m contentement et de les appeler prendre leurs responsabilit s avec eux Ce n est pas un d tail quand on sait les effets n gatifs qu un tel discours visant provoquer une intervention arm e internationale peut avoir sur la perception de ceux qui tentent de porter secours a
45. apparaissant chaque chapitre Les difficult s de mise en uvre les pi ges sont voqu s avec la modestie n e de l exp rience Les notions de sant publique de sant communautaire de participation d attention la culture de l autre prennent ici du sens pour les volontaires d butants ancr s dans une pratique clinique souvent d connect e de ces notions et donc grand risque 106 d irrespect et d inefficacit les auteurs voquent avec lucidit l ethnocentrisme qui nous caract rise tous et le manque de savoir faire On peut cependant mettre quelques regrets La question de l conomie des programmes de sant est peine abord e en une seule page ceux ci reposent en effet essentiellement sur des conceptions occidentales de l offre de sant et sont donc co teux personnel qualifi structures quipements consommables la question du prix payer ou non par l usager ou la collectivit selon le contexte et selon quelles modalit s aurait m rit e d tre expos e et d battue De m me la question des partenariats et alliances est longuement expos e mais sans mettre clairement en relief l int r t potentiel de travailler avec des acteurs non professionnels de la sant eau habitat s curit alimentaire ducation mais dont la comp tence peut s av rer pr cieuse pour conduire un programme de sant Enfin la question de la s curit ou de l ins curit li e
46. ar un courant humanitaire qui trouve ses origines dans les r actions aux guerres La Croix Rouge est la premi re ONG organisation non gouvernementale au sens propre du terme reconnue par les Nations unies Le Secours Rouge qui deviendra le Secours Populaire Fran ais est cr en 1925 la CIMADE Comit inter mouvements aupr s des vacu s en 1939 le Secours Catholique branche fran aise de Caritas en 1947 C est aussi la p riode de cr ation des grandes ONG anglo saxonnes OXFAM en grande Bretagne en 1942 CARE en 1945 et World Vision en 1950 aux Etats Unis partir de la fin des ann es 1950 le th me dominant est celui de la lutte contre la faim Emma s international est cr en 1955 travers l Institut de recherche et d action sur la mis re du monde qui deviendra l IRAM Entre 1963 et 1965 on voit appara tre Terre des Hommes en France Medicus Mundi l AFVP et Fr res des Hommes La vague des ind pendances des ann es 1960 va amener ces associations associer la lutte contre la faim la pr occupation du d veloppement Ainsi en 1960 dans le sillon de la Campagne Mondiale contre la faim se situe la cr ation du CCFD Campagne Catholique contre la Faim et pour le D veloppement C est la p riode du proverbe chinois Donne moi un poisson je mangerai un jour apprends moi p cher je mangerai toujours En 1958 le P re Lebret cr e l IRFED Institut de Recherche et de Formation Education au D velo
47. arment etc Pourquoi Alors on commence agir aussi sur les causes et je crois que c est l toute la diff rence Denis Maillard M me si vous nous dites qu il y a des diff rences vous tes quand m me tonnamment dans le consensus Qu en pense Henri Rouill d Orfeuil Henri Rou ll d Orfeuil Rien n emp che videmment un humanitaire d tre altermondialiste mais rien ne l y oblige non plus Je pense que tous humanitaires compris ont int r t aller aux Forums sociaux mais est ce que le fait d y aller de d battre par exemple de la sant et de sa privatisation est en soi une marque d altermondialisme Franchement les Forums sociaux n ont pas le monopole d un tel sujet Une petite remarque sur l histoire contemporaine Depuis deux ou trois d cennies nous avons constat le d ferlement d une succession de diff rentes vagues g n rationnelles une vague anticolonialiste avant et pendant les ind pendances des anciennes colonies puis une vague tiers mondiste A la fin des ann es 1970 une vague humanitaire a pris forme et puissance N e petitement celle ci a grandi et s est cr un espace de mani re relativement agressive Je me rappelle par exemple des bagarres s v res avec la fondation Libert sans fronti res les attaques cibl es contre le CCFD et puis quand m me une bonne strat gie politique pour s inscrire dans l alternance de 1986 ce qui a permis Claude Malhuret et Xavier Emmanuelli d
48. articiper au financement de ces exp ditions pour compenser l ventuelle r duction des budgets militaires 30 gt La solidarit internationale le partenariat et l ducation au d veloppement Dans le d bat ouvert avec le nouveau mouvement humanitaire plusieurs associations de solidarit et ONG de d veloppement mettent en avant l ducation au d veloppement et le partenariat Ces formes d action avaient t d finies d s le milieu des ann es 1960 il s agissait alors de sensibiliser l opinion publique europ enne et plus sp cifiquement fran aise la n cessit de lutter contre la faim dans le tiers monde et pour l aide au d veloppement Porter secours aux victimes des famines et des conflits a fonctionn au d but comme une vidence Peut on accepter la non assistance des personnes ou des peuples en danger Mais pour tre la hauteur des d fis il faut pouvoir s appuyer sur une mobilisation de la soci t fran aise Cette mobilisation n cessite des moyens humains l engagement de b n voles et de salari s des moyens financiers dans les collectes et l acc s aux financements publics et des moyens politiques travers l action du gouvernement et des autorit s publiques fran aises L orientation pour le d veloppement dans les ann es 1960 est pass e par des prises de conscience et des ruptures La lutte contre la faim ne peut tre r solue par le caritatif elle doit s inscrire da
49. atholique Oxfam 32 International organisations de d fense des droits humains Amnesty International la FIDH ou associations vocation socio sanitaire Aides Emma s toutes incontestablement organisations de solidarit internationale En 2005 MDM participait aussi l Assembl e mondiale pour la Sant des Peuples Cuenca Equateur qui a r uni plus de 1500 personnes repr sentants d associations de sant communautaires de l OMS et d ONG chercheurs et professionnels de sant des pays du Sud principalement tous venus discuter des probl mes d acc s aux soins dans le monde On pourrait galement qualifier ce rendez vous d altermondialiste pourquoi pas Comment comprendre la participation de MDM aux lieux de r flexion dits alters La bonne question ne serait elle pas plut t d ailleurs comment comprendre que les pr occupations d une ONG humanitaire comme MDM qui uvre pour permettre l acc s aux soins aux plus vuln rables trouvent naturellement leur place dans des forums altermondialistes gt Changement de contexte la sant globalis e Il faut pour cela rappeler que le contexte international a chang depuis l apparition il y a plus de trente ans du mouvement des French doctors et que les modalit s d intervention des humanitaires se sont par cons quent adapt es aux volutions du monde contemporain Dans le contexte actuel de globalisation et d interd pendance d
50. ation troite avec des experts internationaux reconnus afin d identifier et de d f rer en justice les responsables du massacre des 17 travailleurs humanitaires d ACF Elles appellent galement les parties au conflit respecter le droit international humanitaire et les principes humanitaires notamment pour permettre et faciliter l acc s toutes les victimes et pour pargner les populations civiles Enfin elles demandent aux gouvernements et aux Nations unies d user de tous les moyens de pression diplomatiques possibles sur les parties en pr sence pour exiger d elles ce respect Reconnues pour leur r activit d intervention sur le terrain les ONG humanitaires telles qu ACF agissent essentiellement sur les cons quences de l inaction quelles qu en soient les raisons d un gouvernement vis vis de ses populations vuln rables C est dans ce type de contexte o la dimension politique est un enjeu essentiel que la fonction de plaidoyer prend toute son importance Pour ACF face au drame de Muttur il s agit de f d rer autour de nous tous ceux qui partagent les m mes convictions et de contribuer faire pression sur le politique partir des r alit s humanitaires observ es sur le terrain Le plaidoyer doit intervenir pour les b n fices des populations victimes et en faveur des travailleurs humanitaires de plus en plus pris pour cible sur le terrain Les ONG vont devoir se donner les moyens n cessaires pour d fendre les pr
51. au cours du premier semestre 1990 La valeur totale de ce mat riel fut estim e 100 millions de dollars Les orphelins de Nicolae Ceausescu Au cours des premi res semaines qui suivirent la r volution les quipes de m decins et de logisticiens d p ch s par les ONG 6 humanitaires en Roumanie s interrogeaient sur la pertinence de leur mission L identification de cas de sida p diatrique Constanta en f vrier 1990 et par extension la d couverte des orphelinats redonn rent un sens l action humanitaire Jacques Lebas pr sident de M decins du Monde l poque se souvient Traumatis s par la manipulation les faux morts et les vrais communistes les proc s truqu s et la mise en sc ne m diatique nous tions devenus m fiants Jurant qu au grand jamais nous ne serions pris nouveau par les lubies r volutionnaires M me s agissant de combattre le communisme Et lorsque Jean Gabriel Barbin rest sur place depuis le 23 d cembre me fait part au cours du mois de janvier d une pr tendue pid mie de sida touchant les enfants roumains je ne le crois pas Nous avons beaucoup h sit avant de nous rendre aux raisons de Jean Gabriel Que craignons nous encore de la Roumanie Lui ne se d courage pas et fait le si ge t l phonique de M decins du Monde Son moi est compr hensible bien s r Je tente de lui faire part de nos doutes Coup de toute information objective il lui sera
52. au programme et au contexte aurait m rit d tre approfondie dans l poque dangereuse que nous abordons Pour finir une question quels moyens incitations accompagnements l institution M decins du Monde met elle en uvre pour s assurer que l ensemble de ses personnels en lien plus ou moins direct avec la gestion du cycle de projet prennent effectivement connaissance de ces principes de base et les m tabolisent pour en faire le meilleur usage possible Un de mes ma tres en m decine avait coutume de dire Tout a t crit mais tout n a pas t lu Hugues Maury Groupe URD gt Chantal Mannoni Fr d ric Jacquet Carlos Wandscheer Pierre Pluye Manuel de planification des programmes de sant M decins du Monde ditions ENSP 2006 107 gt En bref derni res nouvelles du monde Journaliste lui m me Jean Paul Marthoz entreprend dans son dernier livre de d crire la constellation m diatique mondiale au moment m me o elle est soumise des mutations sans pr c dent Il y a la globalisation du monde qui rapproche les pays au point qu il ne s y passe gu re d v nement local qui ne subisse l impact de l international IIl y a les nouvelles technologies de l information qui permettent bien mieux qu autrefois de voir et de savoir chaque instant ce qui se passe au bout du monde Il y a le d placement de l Axe du Bien et du Mal avec le remplacement des communistes
53. aux et de sa rationalit un de ses moyens consistant par exemple annuler quasiment le co t des transports pour pouvoir produire n importe o et sous payer les mati res premi res il faut alors poser la question de la production que l on souhaite et des moyens par lesquels on souhaite y arriver Au niveau local par exemple c est la question de l acc s aux droits la sant l ducation l eau qui est d terminante On a assist ces derni res ann es une vraie r volution culturelle sur cette question des droits Je fais toujours partie d ailleurs de l association La Ligue internationale pour les droits des peuples o j ai pass des ann es discuter de la compatibilit des droits des peuples avec les droits individuels et des droits sociaux avec les droits civils et politiques Et on est arriv quand m me une nouvelle tape dans laquelle tout le travail men travers la conf rence de Vienne de 1993 sur le protocole additionnel la justiciabilit des droits montre qu on a reconstruit l universalit des droits C est une d marche extr mement int ressante parce que si elle est th orique elle s appuie sur des pratiques des innovations Il ne suffit pas effectivement de dire qu on va construire de bonnes conomies locales s occuper d assurer les droits aux gens On sait bien qu il y a des ruptures n cessaires parce qu il y a un lien entre les chelles aux niveaux local national des grandes r gions e
54. aux ph nom nes de pr dation de l assistance ainsi qu aux violences qui se poursuivent Rien n exclut que nous soyons contraints de nous retirer Mais ce sont peut tre d autres raisons qui nous am neront questionner les possibilit s de travailler au Darfour voire au Soudan Je pense des violences qui seraient commises contre les quipes de secouristes trangers et 85 Actu alites provoqueraient leur repli je pense aussi aux contraintes que fabrique le r gime pour mieux contr ler les ONG Une nouvelle loi pr voit par exemple que celles ci devront d sormais recruter leurs employ s suite une pr s lection r alis e par les autorit s f d rales sans parler d autres contraintes administratives L accepterons nous Quel est l objectif attendu Mieux surveiller les ONG Les remplacer par des ONG soudanaises comme une r union organis e Khartoum sur ce th me le sugg rait Sujets suivre s rieusement La poursuite des violences contre les civils Les violences se poursuivent dans et autour des camps de d plac s tout comme les abus commis par tous les acteurs du conflit Dans les sites de d plac s les tensions sont importantes pouvant conduire des irruptions de violence entre d plac s leurs leaders et les autorit s gouvernementales parfois avec des actions contre les acteurs des secours comme cela s est produit en juillet avec le lynchage dans un camp de d plac s de plusieu
55. avail qu eux 24 Humanitaires et altermondialistes gt Par Gustave Massiah ntendu dans son sens litt ral en tant qu adjectif l humanitaire qui vise au bien tre de l humanit pr te peu contestation En tant que nom commun d fini comme l ensemble des organisations humanitaires il pr te d j plus de discussions Le mouvement humanitaire occupe une place sp cifique dans l ensemble du mouvement de solidarit et particuli rement dans le mouvement de solidarit internationale Il s est diff renci des autres courants du mouvement de solidarit internationale des tiers mondistes des anti colonialistes et anti imp rialistes des d veloppementistes Il a aussi volu dans cette confrontation et s est partag dans ses conceptions et dans ses pratiques Nous ferons l hypoth se que la mouvance altermondialiste prolonge et renouvelle les courants et les formes de la solidarit internationale Elle propose une nouvelle coh rence et constitue un nouvel espace de convergence dans lequel se reconna t et se retrouve une partie du mouvement humanitaire 25 gt Des premi res ONG aux associations de solidarit internationale Le mouvement de solidarit internationale se construit partir de plusieurs courants qui sont amen s voluer avec la d colonisation Le courant caritatif trouve ses sources lointaines dans les congr gations et les ordres religieux Il est renouvel p
56. b ralisme Elle porte sur quatre questions qui constituent des coins aveugles de la conception du d veloppement centr e sur l conomie et la croissance l s agit des questions des discriminations sociales et culturelles de l imp ratif d mocratique et des libert s des conflits et des guerres Il s agit surtout de l irruption du paradigme cologique qui heurte de front le cousinage entre les mod les pr existants tous productivistes qu ils soient keyn siens n o lib raux sovi tiques ou d ind pendance nationale Ce paradigme cologique introduit un d placement de la dur e en mettant en avant les droits des g n rations futures et une limite celle de l cosyst me plan taire Dans cette situation le mouvement de solidarit internationale confirme l volution engag e et le choix de se d finir comme un mouvement de solidarit La d nomination Solidarit Internationale est une repr sentation assum e C est un choix amorc il y a une vingtaine d ann es qui remplace les 34 notions d ONG ou de tiers mondistes qui ont aussi leur histoire La solidarit comme valeur ne se limite pas au champ international elle trouve son application dans chaque pays C est l avantage de la formulation solidarit internationale par rapport au concept Nord Sud Elle affirme que la solidarit commence au sein de chaque pays y compris le sien La d finition du mouvement de solidarit internationale peut s t
57. beaucoup sur ces trajectoires parall les les articles de Gustave Massiah Julie Ancian ou Chico Whitaker mais ils en disent tout aussi long travers les articles d Isabelle Sommier ou l entretien avec Pierre Salignon sur les raisons pour lesquelles les droites ne 2 se rejoignent pas aussi facilement S il est une chose dont ce num ro t moigne avec force c est que les humanitaires et les altermondialistes doivent se parler davantage et renoncer la langue de bois qu ils d noncent souvent mais qu ils pratiquent volontiers Mais que vaut finalement une bataille d arguments dans le confort certes parfois relatif de nos organisations respectives face des v nements qui nous rappellent l engagement de certains d entre nous Au moins une salutaire le on d humilit Modestie oui face ceux qui agissent qu ils soient altermondialistes dans les Forums sociaux humanitaires sur leurs missions ou journalistes dans les colonnes de leurs journaux Dans ses films et ses livres en particulier l Etoile du Soldat qu il crivit avant de r aliser Christophe de Ponfilly compagnon de route des humanitaires d non ait sa mani re la logique des Etats qui prend en otage les hommes Nous lui rendions hommage dans notre pr c dent num ro Hors s rie n 3 t 2006 apr s avoir appris sa disparition Nous tions alors encore sous le choc de l annonce de l assassinat de dix sept employ s d Action contre la Faim a
58. bl me qu elles constataient au quotidien dans les institutions roumaines Les divisions s op r rent quant au diagnostic et au soutien psychologique apporter D autre part il s agissait galement de s ing rer dans un contexte post totalitaire particulier qui rendait particuli rement difficile le changement de comportement du personnel de ces institutions Dans un double contexte de paup risation g n rale et de centralisme d mocratique au sein des institutions d accueil un syst me de pr dation s tait tabli o l chelle des r mun rations s identifiait la hi rarchie institutionnelle Ce syst me ne tenait pas que sur un simple rapport d autorit au sein des eagan 0 3 ans et cam n spital 3 18 ans Cette pr dation organis e au m pris de la sant mentale et physique des enfants roumains abandonn s trouvait sa l gitimit dans le diagnostic d irr cup rabilit formul par le corps m dical de ces institutions Ce diagnostic tait l origine d un processus aboutissant en bout de course la d personnalisation des enfants autorisant ainsi ces pratiques pr datrices Les interventions des quipes multidisciplinaires d expatri s ne vont donc pas uniquement se centrer sur l enfant mais aussi sur le personnel soignant et le fonctionnement de ces institutions alors qu un chelon plus strat gique les politiques d institutionnalisation et de d sinstitutionalisation adoption placement dans des fami
59. c est pour les humanitaires mais on le voit aussi chez les syndicats qui mettent en avant les droits du BIT comme lorsque Via Campesina pose la question des droits la souverainet alimentaire et d fend l agriculture paysanne etc Cette nouvelle forme de culture c est ce qui caract rise le mouvement altermondialiste et qui en fait mon avis un mouvement historique qui prolonge et renouvelle tous ces mouvements pr existants Denis Maillard Chico Whitaker peut tre souhaitez vous prolonger cette r flexion et expliquer comment le Forum social mondial dont vous tes l un des cofondateurs int gre concr tement les diff rents mouvements et notamment les humanitaires Chico Whitaker J aurai d abord tendance dire que pour bien comprendre le Forum il faut le situer l int rieur de ces grands mouvements comme un instrument leur service D ailleurs c est toute la discussion depuis sa naissance le Forum c est un espace et non un mouvement Et cette notion d espace il faut bien la distinguer et la comprendre parce que c est elle qui permet la jonction de tous ces types d actions L id e du Forum au d but c est quoi a m ne de protester si l on ne dit pas ce que l on veut la place de ce qu on ne veut pas Le forum c est donc passer la recherche d une alternative concr te sachant que le monde ne sera pas transform par la seule action des gouvernements c est tout un ensemble d actions qui permettront de v
60. ccasion de se manifester dans une dynamique ascendante jusqu en 2004 date laquelle on peut percevoir un essoufflement relatif dans les pays du Nord au profit des pays du Sud Leur panoplie d action est large cort ges contre sommets forums mondiaux r gionaux ou th matiques actions spectaculaires dites de d sob issance civile lobbying mais aussi et c est sans doute une des particularit s pratiques de contre expertise diverses par le biais de think tanks et d observatoires mi savants mi activistes gt Un mouvement aux contours mouvants Cette vari t des modes d action n est que l expression de la diversit extr me des acteurs composant l altermondialisme Celui ci se pr sente en effet comme un espace coop ratif d organisations vari es qui alignent leurs griefs et des griefs co extensifs autour de la d nonciation de la globalisation conomique et financi re la mondialisation dans une 43 1 Marcos Ancelovici Organizing against globalization the case of ATTAC in France in Politics and society 2002 n 30 mobilisation caract re multisectoriel et suivant un cadrage qualifi par Marcos Ancelovici de politique contre march c est dire visant r habiliter la d cision et les choix politiques au d triment du libre jeu du march Les organisations sp cialis es sur cette nouvelle cause et par cons quent de cr ation r cente comme Attac sont en tant
61. cela soit assez rare et qu il faille en g n ral l une et l autre La conclusion du colloque est revenu Bernard Kouchner qui a dress un large panorama de ce qu a t de ce qu est et de ce que pourrait tre l avenir l action humanitaire dans la vie politique internationale Il a esquiss au pr alable quelques r flexions plus g n rales autour du th me 76 Humanitaire et militaire constatant tout d abord qu il n y a pas de guerre qui ne soit inhumaine et que les hommes sont capables de tout et surtout du pire Malgr cela des progr s immenses ont t r alis s dans la prise en charge de ces conflits qui sinon auraient perdur pendant des ann es Et cette volution on la doit dans une certaine mesure l action des humanitaires propos de la premi re table ronde il importe selon lui lorsque l on parle d humanitaire et de militaire de parler des hommes et des femmes qui sont ces acteurs et qui sont sur place pour rappeler que ce sont avant tout des personnes qui doivent travailler ensemble un moment donn propos du Kosovo Bernard Kouchner a rappel les conditions dans lesquelles s tait d roul e l action des militaires et des civils pr cisant que les militaires avaient toujours t aux c t s des civils et r ciproquement Et s il a pu y avoir des conflits ces divergences ont toujours t d pass es S agissant des th matiques abord es lors de la seconde table ronde Ber
62. compte l intime rapport entre les niveaux locaux nationaux r gionaux au sens des grandes r gions et mondiaux Cette prise de conscience commence d s le d but de la phase n o lib rale au d but des ann es 1980 dans les pays du Sud avec les luttes contre la dette le FMI la Banque mondiale les plans d ajustement structurel Elle met en lumi re d s 1989 le cadre institutionnel de cette phase de la mondialisation le G8 FMI et Banque mondiale OCDE OMC Elle se d ploie partir de 1994 en Europe Italie France Allemagne aux Etats Unis et en Cor e contre le ch mage la pr carisation et la remise en cause des syst mes de protection sociale A partir de Seattle en 1999 et de Porto Alegre en 2000 les forums vont tre les lieux de la convergence des mouvements des pays du Sud et du Nord Le mouvement altermondialiste dans ses diff rentes significations est porteur d un nouvel espoir n du refus de la fatalit c est le sens de l affirmation Un autre monde est possible Nous ne vivons ni La Fin de l Histoire ni Le Choc des civilisations La mouvance altermondialiste r sulte en effet de la convergence des mouvements de solidarit le mouvement syndical le mouvement paysan le mouvement des consommateurs le mouvement cologiste le mouvement f ministe le mouvement de d fense des droits humains le mouvement des associations de solidarit internationale sans compter les associations culturelles
63. de 1977 le contexte mondial change la phase n o lib rale de la mondialisation est une phase de reconqu te Elle trouve ses fondements dans la domination renouvel e par le Nord et la nature de l conomie mondiale l chec des r gimes issus de la d colonisation l chec du sovi tisme Elle s appuie sur une gestion agressive et criminelle de la crise de la dette 32 Le front des non align s s est effondr et une dizaine d ann es apr s en 1989 c est au tour de l Union sovi tique Le nouveau mod le dominant pr conise l ajustement des conomies au march mondial propose la lib ralisation c est dire la r gulation par les march s particuli rement du march mondial des capitaux et la r duction du r le de la r gulation publique dans l conomie la priorit donn e l exportation et l exploitation effr n e des ressources la lib ralisation des changes la priorit l investissement international et aux privatisations la flexibilit et la pression sur les salaires ainsi que la r duction des syst mes publics de protection sociale la r duction des d penses budg taires consid r es comme improductives qui se traduit par la r duction des budgets de sant et d ducation la d valuation des monnaies Pour achever la coh rence du mod le il faut construire l environnement international qui lui correspond D s le d part la gestion de la crise de la dette a esquiss le cadre instit
64. dre Girod photographe des textes de Lo c Abrassart et C dric Durand Editions Alternatives 2006 De l espoir plein les yeux La colombe dans nos c urs Subtile est notre r volte La revue Humanitaire remercie les ditions Alternatives et les auteurs de l ouvrage re 2 Actualit s e La v rit tue Anna Politkovskaya r duite au silence pour avoir parl par Bleuenn Isambard e Humanitaire et militaire par Patrick Aeberhard G n ral 2S Thomann et Robert Chaouad e Reconstruction post conflit des syst mes de sant le cas de la RDC par Didier Cannet e Darfour l action humanitaire en sursis Nos repr sentations de la crise en question par Pierre Salignon e R volt s et d termin s par Beno t Miribel 90 CT Mode d emploi pour changer le monde Altermondialistes en mots et en photos Les ONG diplomates La microfinance tat des lieux Am liorer la qualit des programmes En bref derni res nouvelles du monde e Renvoyer les id es re ues l l Abonnement Regard de photographe Herv Lequeux al omm Editor Les vrais ennemis gt Par Boris Martin R dacteur en chef umanitaires contre Alters Ce nouveau num ro de la revue Humanitaire se propose d examiner d interroger les relations entre le mouvement humanitaire et le mouvement altermondialiste Le titre volontairement provocateur que nous lui avons donn renvoie au d sir pourquoi le nier qu
65. e non tenue Cette attaque semble davantage correspondre un mot d ordre g n ral donn aux chefs de tribus au plus haut niveau du r gime ou alors la perte d influence du r gime sur certains d entre eux Les routes dans la r gion de Zalinjei sont par cons quent off limit pour tout le monde Les d placements ne sont plus possibles que par les airs pour les humanitaires Les Nations unies renforcent progressivement leurs capacit s en ce sens avec l aide de financements de l UE notamment Le trafic routier civil et commercial est limit mais existe faute de pouvoir faire autrement il a permis par exemple Mornay de r aliser des r f rences m dicales par la route en voiture priv e qui se sont bien d roul es faudra observer si cette tendance cibler les trangers se g n ralise d autres r gions du Darfour 90 Au Nord du Darfour les risques semblent d une autre nature toutes proportions gard es Le CICR a pu d but octobre envoyer une quipe chirurgicale volante une soixantaine de kilom tres au nord de Kutum et prendre en charge sur quelques jours une soixantaine de bless s de toutes origines soldats gouvernementaux rebelles civils La zone reste n anmoins tr s difficile d acc s en raison des combats entre forces gouvernementales et les rebelles obligeant le CICR quand c est possible des notifications aux parties identifi es ce qui semble parfois possible pour cette
66. e a quant elle commenc s inqui ter des atteintes aux droits sociaux dont se rendent coupables des firmes multinationales partir de 1996 et fini par rejoindre en 2000 le camp des promoteurs d une r forme des institutions financi res Amnesty international s est transform son tour lors d une r union tenue Dakar le 25 ao t 2001 quand elle d cide d largir son champ d intervention la d fense des droits sociaux et conomiques et non plus seulement civils et politiques La participation de ces vieilles dames au mouvement altermondialiste est toutefois variable et s lective comme elle l est aussi pour des organisations cologistes transnationales de type Greenpeace Leur public est proche de celui rencontr dans les forums sociaux les causes en grande partie communes et ce de fa on grandissante tant il est vrai que le succ s de l altermondialisme et sa logique de coop ration interorganisationnelle ont eu pour effet un gommage tendanciel des diff rences revendicatrices entre les groupes Le profil homog ne des altermondialistes ne d tonne gu re par rapport celui des militants humanitaires par exemple ils sont fortement dot s en capitaux scolaires 70 des participants au deuxi me Forum social europ en tenu en France en novembre 2003 sont dipl m s du sup rieur ils appartiennent dans leur tr s grande majorit aux professions interm diaires 44 des actifs interrog s et cadres et profess
67. e g n ral Thomann Apr s avoir expliqu la mani re dont s organisait la communaut internationale dans cette r gion et apr s avoir rappel la nature des liens entre l OTAN et l ONU il en est venu voquer les relations entre les acteurs humanitaires et militaires au Kosovo Comme nous l avons voqu plus haut il n a pas manqu de rappeler la n cessit de la coop ration et de la coordination entre acteurs militaires et humanitaires tout comme il a insist sur le caract re important de la compl mentarit qui pouvait exister entre eux toutefois il a galement rappel pour conclure que malgr cela il ne fallait pas perdre de vue les fonctions des uns et des autres et donc le fait qu un soldat demeurerait toujours un soldat De leur c t les acteurs civils pr sents cette table ronde n ont pas manqu de rappeler la mani re dont se construisait en situation cette relation avec les militaires Jean Louis Machuron a ainsi pu exposer des fragments de son exp rience lors de la crise du Kosovo notamment les difficult s rencontr es dans la mise en uvre d une coordination efficace des actions humanitaires De son c t Sonia Jedidi est revenue sur les forces et les faiblesses des acteurs militaires dans le cadre d intervention humanitaire Parmi les points forts outre les moyens logistiques elle notait que l arm e peut jouer un r le en tant que moyen de pression pour faciliter l action des ONG et qu elle p
68. e nous avions avec Denis Maillard le pilote de ce dossier de susciter la confrontation amicale entre deux mouvements qui se jugent se jaugent se c toient feignent parfois l union qu ils vivent souvent reculons pour mieux comprendre ce qui les rapproche ou les divise Oui rien de mieux sans doute que de voir en l autre un ennemi pour faire merger les piliers de l action commune tout en s appuyant sur les divergences fondatrices Dialectique h g liano marxiste basique que ne d mentiraient pas nombre d animateurs de l un et l autre des mouvements Las aurions nous pu hurler en recevant les articles de nos contributeurs et en coutant les interventions des invit s de notre table ronde Nous nous attendions nous esp rions oui peut tre de farouches empoignades des accusations de trahison la Cause de solides marquages de territoires et nous d couvr imes que finalement non tout le monde s appr ciait et qu avec le recul du temps les h sitations du d part r v laient une belle coh rence A croire en effet que tout va bien dans le meilleur des autres mondes possibles entre les humanitaires et les altermondialistes Caricature dont nous for cons bien s r le trait mais qui sugg re au lecteur de la revue les cl s d interpr tation des d bats qui s offrent ici lui Non tout ne va pas bien dans le pire des mondes dans lequel nous vivons Les textes qui forment ce dossier nous en ont appris
69. e se retrouver secr taires d tat Bien s r il s agissait simplement que chacun d finisse son identit et trouve sa place par rapport des mouvements plus anciens mais il faut avouer que l arriv e des humanitaires dans le monde des ONG a t loin d tre douce Et puis apr s est arriv e la fin des ann es 1990 une vague antimondialiste qui a correspondu l affirmation d une mondialisation agressive d un lib ralisme triomphant et destructeur d quilibre anciens Et bien s r cela a n cessairement et tr s heureusement entra n la production par le corps social d un antidote les antimondialistes sont arriv s et se sont organis s L antimondialisme de la fin des ann es 1990 ouvre un espace tr s large Avec la volont de ce mouvement de devenir altermondialiste le champ mon avis se resserre parce qu il est plus difficile de se mettre d accord sur une alternative que de s opposer l ordre dominant Or si je crois que la nouvelle construction 2Dernier livre paru La diplomatie non gouvernementale Les ONG peuvent elles changer le monde Les ditions de l Atelier Coll Enjeux Plan te Paris mars 2006 204 pages Lire dans ce num ro p 99 18 conomique et sociale doit se manifester par un acc s r el aux droits cet acc s est insuffisant pour d finir un altermondialisme La d clinaison des droits en tous cas sur le papier tait d j l Pour moi il n y aura alternative que si on s at
70. e un an plus t t une nouvelle gamme d expatri s arrive dans ce champ d activit s psychiatres psychologues p dopsychiatres infirmiers 7 Retour sur 2Ces orphelinats n accueillaient finalement que bien peu de v ritables orphelins et bien plus d enfants abandonn s par leurs parents Bien souvent les conditions d existence dans ces structures d accueil influen aient n gativement l volution physique et psychique de ces enfants que le r gime communiste puis postcommuniste avaient l habitude d appeler irr cup rables Lire galement sur ce sujet Fran ois de Combret Les enfants abandonn s de Roumanie Humanitaire n 7 p 5 3 Jacques Lebas la vie la mort M decin par temps d pid mies Paris Le Seuil 1998 4 Gautier Pirotte Une soci t civile post r volutionnaire Le cas du secteur ONG de lasi Louvain la Neuve Academia Bruylant coll Carrefours 2003 223 p psychiatriques modifiant la culture d entreprise des organisations non gouvernementales actives dans l humanitaire et domin es par la figure du m decin urgentiste Le probl me se posait au sein des quipes d expatri s dans la division des t ches la reconnaissance des comp tences professionnelles de chacun et les rapports de forces qui en d coulaient au sein des quipes se posait galement suite aux t tonnements des quipes param dicales face l ampleur du pro
71. ecours aux normes formul es dans la D claration Universelle des Droits de l Homme accompagne alors naturellement les revendications et le t moignage de M decins du Monde En 1986 M decins du Monde lance ses Missions France Apr s avoir port assistance bas nous aidons les populations vuln rables ici SDF migrants prostitu e s usagers de drogue en marge du syst me de sant ils ont besoin d un acc s aux soins L association se bat pour r int grer ces exclus dans le droit commun sur le terrain politique galement mobilisation de l opinion publique par des p titions sensibilisation des m dias avec des campagnes de communication dialogue avec les d cideurs politiques et les partenaires associatifs En France MDM est devenu un interlocuteur certes intempestif mais incontournable des autorit s pour toute action publique ayant des cons quences sur l acc s aux soins et l tat de sant des populations vuln rables r formes de l AME de la CMU du droit d asile h bergement des SDF etc gt Combats communs agir sur les causes Ce travail de plaidoyer en France qui repose sur une analyse des facteurs entravant l acc s aux soins des plus d munis MDM cherche depuis quelques ann es l tendre l chelle internationale On observe en effet sur nos terrains que l acc s aux soins des populations est de plus en plus souvent limit par des obstacles r currents d un pays l autre des services de
72. ent e D abord avec l usage d une grille de lecture appliqu e l ensemble des acteurs concern s et qui pour chacun d entre eux pose des questions types comme celle de la l gitimit dont es ONG peuvent se pr valoir p 127 ensuite de leur degr de repr sentativit p 135 et enfin de leur niveau d ind pendance p 136 A partir de l l auteur propose dans ce m me chapitre 5 de passer en revue ce qu il d signe comme des Acteurs Collectifs Internationaux ACI Il en identifie cinq grandes familles La premi re est compos e de ce qu il appelle les Organisations Internationales Non Gouvernementales OING et qui pour lui sont des associations originairement cr es sur une base nationale et qui se sont internationalis es puis transnationalis es s agit par exemple d Oxfam de M decins Sans Fronti res d Amnesty International ou encore de Greenpeace La deuxi me est constitu e par les mouvements f d ratifs d ONG appartenant une m me ob dience Il s agit avant tout d organisations confessionnelles qui se retrouvent dans une structure rassemblant pays par pays des associations de m me nature L exemple embl matique en est Caritas Internationalis Elle rassemble les Caritas de divers pays par exemple Le Secours Catholique pour la France Une autre moins connue mais pourtant influente est la CIDSE Coop ration Internationale pour le D veloppement et la Solidarit qui f d re au niveau euro
73. es l inverse le pr fixe alter est cens signifier que loin d tre hostile au processus de mondialisation ce mouvement se veut l expression et le moteur d une autre mondialisation d une mondialisation par le bas globalization from below qui serait ant rieure la mondialisation des flux conomiques et financiers vilipend e la fameuse globalisation En interne enfin ce bapt me devait lancer une nouvelle phase strat gique pourrait on dire la phase de propositions d alternatives succ dant la phase de d nonciation consid r e victorieuse puisque la question est non seulement bel et bien arriv e sur l agenda politique mais aussi consid r e comme un probl me par quasiment tout le spectre politique fran ais la diff rence des autres pays occidentaux Les militants altermondialistes vilipendent le consensus de Washington qui pr ne le retrait de l intervention de l tat en mati re conomique et sociale les privatisations et la lib ralisation des march s financiers et sur lequel s alignent depuis les ann es 1980 l ensemble des politiques nationales r gionales l Union europ enne l ALENA nord am ricain internationales G7 puis G8 FMI Banque mondiale OMC OCDE La tenue des r unions internationales officielles ou officieuses comme le forum conomique de Davos qui fournit le contre mod le du premier Forum social mondial Porto Alegre en janvier 2001 donne aux contestataires l o
74. es ph nom nes sociaux conomiques et politiques qui affectent la sant de nombreuses populations il appara t aujourd hui clairement qu on trouve dans l activit humanitaire de MDM et la mobilisation altermondialiste au moins un point commun qui effectivement rapproche les uns des autres l esprit militant anim par l id e que certaines situations peuvent et doivent tre chang es sa cr ation en 1980 M decins du Monde se fixe comme mandat soigner et t moigner c t des programmes de soins la d nonciation des atteintes flagrantes dont sont victimes les populations que nous aidons sur le terrain est une priorit sensibiliser et mobiliser l opinion publique afin de faire pression sur les responsables politiques concern s 33 pour que cessent les discriminations ethniques sexuelles ou religieuses les injustices sociales etc C est d abord sur le terrain humanitaire des conflits et des catastrophes naturelles que nous agissons et donc c est naturellement au droit international humanitaire que nous en appelons pour faire cesser les violations des droits humains constat es sur certaines missions notamment pour avoir acc s aux victimes et leur permettre d acc der aux soins Progressivement apr s les missions internationales d urgence MDM conduit de plus en plus de programmes dits de d veloppement aupr s des peuples autochtones des femmes victimes de violences des enfants des rues etc Le r
75. es 1990 dans le champ des relations internationales se trouve tre la multiplication des acteurs humanitaires Une sociologie de ces acteurs nous r v lerait le caract re divers et disparate de ces derniers davantage que leur uniformit Loin de constituer un ensemble homog ne d veloppant des modes d action totalement similaires et r agissant de mani re identique face aux v nements politiques ou aux catastrophes engendrant des crises humanitaires l tude de ces acteurs humanitaires fait merger au contraire des organisations aux ressources aux m thodes aux choix et aux domaines d intervention forts diff rents Ainsi les French doctors ont fait des mules hors du champ m dical Cette diversit se retrouve naturellement dans l attitude et le positionnement adopt s par les ONG humanitaires l gard des acteurs tatiques et donc par la m me occasion l gard des acteurs militaires Pourtant par del les postures et les discours des uns et des autres qui pourraient de mani re simpliste tre ramen s au couple ind pendance coop ration entre acteurs humanitaires et militaires ce que la pratique de l action humanitaire r v le en situation de crise c est en premier lieu la complexit des relations sociales l uvre L enjeu majeur d un tel objet d tude Humanitaire et militaire ne 66 Actu alites se r duit pas d s lors sa seule dimension normative c est dire une interrogat
76. esque du r gime culmina en mars 1988 avec l annonce de la reprise du plan de syst matisation qui au nom d une gestion plus rationnelle des terres cultivables pr voyait la destruction de 8 000 villages et leur remplacement par 558 cit s agro industrielles C est dans ce contexte que prit forme Bruxelles une initiative qui se r pandit dans plusieurs pays d Europe France Suisse Angleterre Pays Bas mais aussi Pologne et Hongrie Elle 1 Durant l ann e 1989 car la premi re d cision prise par le nouveau r gime du Front de Salut National fut de d noncer le plan de syst matisation consistait dans l adoption bouclier de villages roumains menac s par des communes europ ennes qui acceptaient ainsi de se porter garantes de leur avenir Si les effets de cette activation citoyenne furent peu ressentis en Roumanie communiste l op ration Villages Roumains OVR permit l Ouest d alimenter l int r t pour la situation v cue dans ce pays par de nombreuses activit s l chelon des municipalit s D s lors aussi subit que fut l effondrement du r gime de Ceausescu l opinion publique occidentale tait quelque peu pr par e la catastrophe Par ailleurs dans le champ humanitaire la r ponse la crise tait d j en pr paration au sein de certaines organisations quand l urgence survint M decins du Monde sans doute plus au fait de la situation roumaine par son insertion dans le mouvement OVR avait mis
77. et dangereuse sans rapport avec la situation sur le terrain Les combats ne sont pas quotidiens et restent limit s des zones tr s pr cises Aux Nations unies on souligne n anmoins le fait que des exactions graves contre les civils se poursuivent et que la reprise des combats n annonce rien de bon de part et d autre Avec des craintes multiples La premi re concerne la multiplication des acteurs arm s depuis la signature des accords de paix d Abuja et la r gionalisation des violences Tchad et R publique Centrafricaine La seconde concerne le fait que l arm e gouvernementale puisse investir de fa on plus agressive les camps de d plac s avec les risques que cela comporte de violences contre les civils Les tendances les plus dures du r gime accusent certaines ONG par leur pr sence de soutenir les leaders politiques dans les camps de d plac s et souhaitent remettre de l ordre La troisi me crainte part d un constat La solution militaire est ce stade la seule envisag e par le r gime la crise du Darfour La pr sence militaire du gouvernement ne cesserait de se renforcer Dans les 8 mois venir les combats vont tre plus violents avant de revenir on l esp re ensuite la table des n gociations soulignait un diplomate occidental Pendant cette p riode nos capacit s travailler seront r duites et les risques pris seront tr s lev s Dans un tel climat de violence il es
78. eut galement avoir un r le de protection Quant aux points faibles elle voquait entre autres la faible capacit de r activit de cet acteur court terme li pour partie la n cessit de planifier bien en avance ses sorties En conclusion Yann Braem tout en soulevant la question fondamentale des identit s des acteurs en pr sence a pu 72 relever pour synth tiser les diff rentes interventions que la priorit m me lors de missions humanitaires demeurait la s curit Ceci est d autant plus vrai que les forces arm es fran aises ont h rit du secteur le plus sensible du Kosovo au sein duquel se trouve la ville symbole de Mitrovica L arm e de terre y a jou plus qu un r le de simple interposition en participant galement de mani re efficace la reconstruction des Etats et de leurs institutions A ce sujet Yann Braem a insist sur ce passage du r le d interposition des forces arm es leur r le d intra position au sein m me des populations et des soci t s concern es et non plus entre elles Le th tre d op ration a ainsi int gr cette nouvelle dimension humanitaire L exemple du Kosovo aura au moins permis de tirer nombre d enseignements concernant les missions civilo militaires Il en ressort notamment que le but pr cis de l intervention doit tre clairement d fini d s le d part car au final ce but n est ni purement militaire ni purement humanitaire mais rel ve bien de
79. expliquer au lecteur le sens de certains mots comme celui de mondialisation chapitre 2 pr senter les diff rentes familles de n gociation internationale chapitre 3 et exposer le souci de l auteur de revisiter les fondements de la d mocratie et du d veloppement conomique et d appr cier les conditions dans lesquelles celle l et celui ci pourraient permettre de produire la fois de la croissance conomique du progr s social et du progr s environnemental p 44 45 Il s agit aussi de r pondre simplement quelques questions cl s que peut se poser un lecteur gu re inform des r alit s internationales et il en existe beaucoup m me si elles feront videmment sourire de par leur formulation les autres publics cibles Existe t il un pouvoir l gislatif international p 46 ou encore Existe t il un pouvoir ex cutif international p 51 Si le chapitre 4 est intitul Les objectifs de l action non gouvernementale p 91 et sert donc de transition ce n est 100 vraiment qu avec le suivant dont l intitul est d ailleurs tout un programme Les ONG et la gouvernance mondiale que l on entre v ritablement dans le c ur du sujet Certains reprocheront Rouill d Orfeuil cette construction tr s didactique Mais force leur sera de reconna tre que l essayiste ne se d partit jamais d un souci de coh rence interne forte La d monstration est solidement charp
80. g n rale de la galaxie altermondialiste varient galement d un pays l autre les OSI et les associations uvrant pour le commerce quitable sont moteurs en Grande Bretagne les premi res c toient les Nouveaux mouvements sociaux issus de l apr s 1968 pacifistes et cologistes au premier chef en Allemagne le mouvement italien est issu conjointement des associations de solidarit d empreinte catholique et des organisations du monde communiste La dimension sociale est nettement marqu e en France du fait du r le jou par les nouveaux syndicats et les associations de sans sans toutefois occulter les groupes de sensibilit tiers mondiste qui s av rent tre partout pr sents 44 Ces configurations particuli res chaque pays s expliquent par la dynamique militante nationale qui a rendu possible en amont la remobilisation des militants sans laquelle l espace altermondialiste n aurait pu voir le jour Avant la date fondatrice de Seattle 1999 plusieurs moments communs ou f d rateurs ont en effet soit scand l mergence sur des terrains revendicatifs diff rents des th mes qui deviendront centraux dans l altermondialisme soit permis des groupes de nouer des relations transnationales avec leurs homologues C est le cas par exemple du Sommet de la Terre de Rio Janeiro en 1992 pour les cologistes et les envi ronnementalistes ou de la lutte contre l Accord multilat ral sur l investissement en 1997 98
81. h Internet gr ce aux s paratismes aux r alignements r gionaux toutes ces fractures qui caract risent le monde postglobal 108 Pour avoir collabor avec Human Rights Watch et M dias pour la d mocratie en Afrique Jean Paul Marthoz est attentif aux relations des organisations humanitaires avec les m dias Si comme ce fut le cas pour le Darfour elles ne parviennent pas mobiliser les journalistes devenus souvent trop m fiants pour avoir t chaud s par les exag rations du pass les massacres continuent en toute impunit Si elles obtiennent les images choc capables de susciter l indignation elles risquent de se heurter l apathie du public car face tant de violence et de mis re le r flexe est de fermer les yeux de se replier sur son clocher o sa tribu de d sesp rer de comprendre L auteur estime par ailleurs que la cause des droits de l Homme et la morale de l ing rence sont moins mobilisatrices que les clivages du pass qui opposaient les r publicains aux fascistes ou les imp rialistes aux tiers mondistes D politis dit il l humanitaire n meut qu un temps Cet essai n avance aucune id e sans l appuyer d exemples pr cis qui t moignent d une rudition immense aussi famili re avec le monde asiatique qu avec l Am rique latine C est la richesse de son information qui fait le prix de ce livre touffu Pour voquer par exemple le r le de la pres
82. i d finir ce que pourraient tre les fondements d une diplomatie non gouvernementale p 169 Ainsi expose t il juste raison que les positions et propositions des ONG doivent tre m tabolisables par les appareils diplomatiques tatiques p 180 Mais sans suffisamment insister notre avis En outre r duire celles de ces ONG qui ne souhaitent pas cette m tabolisation des metteurs d utopiques id es ou des id es qui parent naturellement les processus diplomatiques et qui sont appropriables par le premier diplomate venu semble relativement court M me si le terme est s duisant l originalit et le contenu de ce que pourrait constituer cette diplomatie participative que l auteur appelle de ses v ux est insuffisamment explicit e notre sens Le lecteur reste ici quelque peu sur sa faim On peut aussi faire valoir Henri Rouill d Orfeuil une autre objection M me s il prend grand soin d expliquer qu il n est pas l pour distribuer de bons ou de mauvais points p 163 l empathie dont il fait preuve pour les coalitions internationales d ONG r sonne sans doute d un plaidoyer pro domo C est la loi du genre certes mais dans le m me temps elle l am ne des appr ciations trop sommaires sur les ONG transnationales celles qu il appelle OING S il les reconna t comme l gitimes et ind pendantes sa critique 102 quant leur d ficit de repr sentativit n est gu re conva
83. ialiste un espace coop ratif fait de rivalit s gt Par Isabelle Sommier altermondialisme est une cause tr s r cente dans l espace des mouvements sociaux qui a connu un succ s extr mement rapide au point d tre devenu en quelques ann es seulement une sorte de marque autour de laquelle s organisent ou du moins se positionnent un grand nombre d organisations associatives comme partisanes gt De l anti l alter Le terme m me est d apparition r cente il s est impos au cours de l ann e 2002 en rempla ant celui d antimondialisa tion n l automne 1999 au cours du sommet de l OMC Seattle contre lequel 1200 groupes d horizons divers s taient mobilis s en d non ant chacun dans sa sp cialit syndicale consum riste cologiste humanitaire droits de l Homme etc les effets humains sociaux et environnementaux de la mondialisation des flux conomiques et financiers Le passage d anti alter impuls avec succ s par les activistes eux m mes en particulier Attac avait plusieurs objectifs tout d abord se r approprier le pouvoir de se d finir l tiquette anti ayant t appos e de l ext rieur par les m dias Ensuite contrer l image n gative qu elle v hiculait celle d un mouvement simplement anim par une logique de d nonciation d fensif voire d suet qui pouvait l associer aux nostalgiques de 42 l Etat nation et ou aux souverainist
84. incante Ou en tout cas elle l est de moins en moins aujourd hui Elle repose notamment sur le fait que leurs actions concernant en premier chef des pays du Sud leur gouvernance resterait attach e leurs r gions d origines voire leurs pays p 148 Or ind pendamment m me de toute discussion sur la pertinence du crit re de plus en plus de ces ONG transnationales s efforcent justement de s ouvrir et de promouvoir des personnels originaires du Sud Le mouvement international de M decins Sans Fronti res est ainsi actuellement engag fortement l initiative notamment de sa section fran aise dans une nouvelle phase de sa construction interne qui abolirait entre autres la distinction traditionnelle entre personnel dit national et personnel expatri Bien d autres exemples assez remarquables pourraient encore tre cit s pour relativiser ici l argumentation de l auteur Tel celui de la secr taire g n rale actuelle d Amnesty International Ir ne Khan originaire d un pays du Sud Bangladesh et ayant elle m me succ d un ressortissant s n galais Pierre San Enfin tout en cr ditant Rouill d Orfeuil d un sens tr s subtil de la nuance et d un art pouss du compromis sa volont incontestable de lier la solidarit internationale l altermondialisme ressort assez clairement du cheminement de sa pens e Cependant cette id e n est pas unanimement partag e dans le milieu ONG en France c
85. incipes humanitaires qui fondent leurs actions Elles devront tre unies dans ce combat pour faire face tous ceux qui pourraient se satisfaire de nous voir reculer sur de nombreux terrains en conflits Action contre la Faim se propose de continuer faire un suivi de l volution de la situation au Sri Lanka et le communiquer dans ces colonnes 95 Actu alites 3 Sign le 6 octobre 2006 par Action contre la Faim International Acted Architectes de l urgence Aide M dicale Internationale Foundation Cooperazione e Sviluppo CESVI Comitato Internazionale per lo Sviluppo dei Popoli CISP Concern DanChurchAid Diakonie Emergency Aid FinnChurchAid German Agro Action Health Unlimited Ingenieros Sin Fronteras Islamic Relief Johanniter International Assistance Lutheran World Federation World Service M decins du Monde M decins Sans Fronti res Mensajeros de la Paz Mission East Muslim Aid Plan UK PMU InterLife Premi re Urgence Solidarit s Solidaridad Internacional Tearfund World Vision Dans ce num ro gt Chico Whitaker Changer le monde nouveau mode d emploi ditions de l Atelier septembre 2006 gt Altermondialistes Chronique d une r volution en marche Photos Herv Lequeux et Alexandre Girod Textes Lo c Abrassart et C dric Durand ditions Alternatives 2006 gt Henri Rouill d Orfeuil La diplomatie non gouvernementale Les ONG pe
86. ine doit elle s int resser Avec quels acteurs Pour qui Les r ponses apporter doivent tre adapt es chaque contexte sp cifique et chaque pays 79 Les politiques d ajustement structurel men es depuis les ann es 1980 n ont pas r solu tous les probl mes de d veloppement Les guerres et les conflits se sont multipli s en Afrique depuis la chute du mur de Berlin et une grande partie du continent a connu une crise de gouvernance Les bailleurs et les institutions internationales en particulier la Banque mondiale et le FMI ont modifi leur approche Les objectifs du mill naire pour le d veloppement semblent prendre le pas sur le consensus de Washington fond sur le postulat des bienfaits de la lib ralisation et de la privatisation Seront ils en mesure de lutter contre la pauvret et d assurer aux populations pauvres l acc s aux services de base ducation sant eau etc comme ils l affirment dans leur rapport de 2004 La R publique D mocratique du Congo pourrait bient t faire partie de ces pays sortant de conflit l issue du deuxi me tour des lections du 29 octobre 2006 c est un pays immense et vari grand comme l Europe des douze poss dant en son sol les plus grandes richesses mini res du continent Par sa situation g opolitique il pourrait devenir une pi ce ma tresse dans le d veloppement de l Afrique Cauchemardesque apocalyptique les intervenants au colloque n ont pas trou
87. ion sur la n cessit ou non de d velopper des relations entre ces diff rents acteurs Cette question garde bien videmment toute sa l gitimit et ce d autant plus qu elle se pose chaque fois de mani re singuli re pour les acteurs impliqu s dans des interventions N anmoins l objet du colloque organis l Universit Paris 8 par l institut du droit et des politiques de la sant IDPS ne se limitait pas cette probl matique Il s agissait galement d interroger la nature des relations et des dispositifs qui se d veloppent en pratique sur le terrain entre les diff rents acteurs humanitaires et militaires parties des interventions dont l objectif vise mettre un terme des situations de crise sanitaire et humanitaire L un des enjeux de cette rencontre consistait ainsi r fl chir et penser cette relation humanitaire militaire depuis des exp riences pratiques Autrement dit comment les fronti res entre ces deux champs r sistent elles l preuve des r alit s du terrain partir de cet axe de r flexion une s rie de questions pouvaient alors tre pos es au premier rang desquelles mergent deux probl matiques fondamentales que signifie dans le cadre de la g opolitique mondiale actuelle faire de l humanitaire Et comment se repose pour aujourd hui la question de a responsabilit de prot ger Les relations entre humanitaires et militaires en question La r solution 43 131 relat
88. ions intellectuelles sup rieures 42 ils ont des dispositions au cosmopolitisme par leur ma trise 46 des langues trang res les liens qu ils entretiennent dans d autres pays ainsi que par leurs exp riences de vie l tranger Il est difficile pour les organisations d ignorer une cause o se reconnaissent une partie importante de leur client le en raison du multipositionnement des militants altermondialistes Ceux ci affichent en effet une affiliation moyenne 2 4 organisations 41 d entre eux appartiennent une organisation altermondialiste stricto sensu 34 6 un syndicat 26 une organisation humanitaire Viennent ensuite autour de 17 19 l appartenance une association cologiste ou environnementaliste de d fense des droits de l Homme pacifiste un parti politique Si l on regarde o se nouent le plus souvent ces multi appartenances on voit tr s nettement se d gager un p le central structur autour des associations altermondialistes comme Attac et compos d organisations cologistes de d fense des droits de l Homme et de d veloppement Ce centre de gravit de la n buleuse des altermondialistes se renforce des motivations communes l engagement que partagent clairement les militants quelle que soit leur appartenance associative les relations Nord Sud et la d fense de l environnement figurent au premier rang des pr occupations d clar es par les participants au 2 FSE de novemb
89. ique que le social n est pas si fondamental que a et que ce qui est important c est la guerre Et c est l qu arrive la deuxi me phase du mouvement qui va devenir altermondialiste cette proposition qui na t petit petit face ces deux id ologies et c est Un autre monde est possible Ce n est pas une tautologie c est le refus de la fatalit Et il y a un lien tr s fort entre le d veloppement des luttes et cet espoir qui na t de la possibilit d un autre monde Et la troisi me phase c est en 1995 avec la reprise des luttes sociales dans les pays du Nord Cela commence en France en 1994 par cette lutte magnifique des infirmi res jusqu au mouvement social qui va se radicaliser et paralyser tout le pays Le mouvement n est pas sp cifique la France il touche l Allemagne ou les tats Unis il avait commenc en Italie en 1994 par la lutte contre la remise en cause de la protection sociale et des retraites Voici les trois tapes de ce qu est le mouvement antimondialiste Et puis un moment donn apr s Seattle on passe une autre tape dans laquelle un certain nombre de gens ont jou un r le comme Chico Whitaker ici pr sent en affirmant Bon on ne va pas passer notre vie manifester derri re les autres chaque fois que la Banque mondiale le FMI ou le G8 se r unit On pourrait peut tre nous m mes discuter de ce qu on voudrait faire C est la proposition du Forum social mondial de Porto Alegre
90. is trois mois un blocus alimentaire en raison de l chec r current des tentatives de dialogue entre les forces gouvernementales et les rebelles La communaut humanitaire internationale doit donc se mobiliser pour d fendre les principes humanitaires car personne d autre ne le fera aussi bien qu elle Cela am nera n cessairement une reconsid ration du droit humanitaire international et aux modalit s de protection des travailleurs humanitaires doit on laisser impunis les crimes commis contre les humanitaires Ne peut on pas envisager des modalit s de sanction du droit humanitaire l chelle internationale 94 Se mobiliser et faire pression les ONG s unissent pour poursuivre leurs actions Dans l imm diat les ONG humanitaires pr sentes au Sri Lanka se mobilisent pour diffuser un premier appel la communaut internationale Car depuis des mois comme il vient d tre dit l acc s aux populations est fortement entrav par les parties au conflit en compl te violation du droit international humanitaire Les ONG ne sont pas autoris es porter secours aux victimes du conflit et aujourd hui outre la situation Jaffna pr s de 200 000 d plac s ne re oivent qu une assistance sporadique et insuffisante Vingt huit organisations ont donc sign un communiqu commun demandant d abord au gouvernement sri lankais de tout mettre en uvre pour que le crime de guerre de Muttur ne reste pas impuni et ceci en collabor
91. isation La critique justifi e sans conteste des Etats du Sud tourne la diabolisation et le droit d ing rence s oriente vers une pression sur les Etats du Nord pour les pousser imposer des conditionnalit s qui m langent les revendications d mocratiques et l ajustement au march mondial Les Etats du Nord sont encore pr sent s comme des arbitres sans consid ration pour leurs d nis grandissants pour les droits humains leur responsabilit dans les guerres leur r le dans la structuration inique du syst me conomique et politique mondial La culture de l urgence d velopp e est fond e sur une vision du Sud occidentale et d complex e travers une politique m diatique audacieuse qui conteste frontalement les soci t s civiles et les associations de ces pays L opposition maintenue entre urgence et d veloppement fait l impasse sur les causes et sous estime la reprise en main par les grandes puissances qui prend les formes d une recolonisation d une partie du Sud Il existe fort heureusement un discours tr s diff rent dans le mouvement humanitaire Les positions courageuses et nuanc es de Rony Brauman et de tant d autres tranchent compl tement avec ces d rives De m me de nombreuses associations humanitaires sont aujourd hui sur une position qui combine de mani re heureuse le rapport entre urgence et transformation sociale D s le d but des ann es 1980 la mont e en puissance de l humanitaire d Etat va peser sur
92. it des autres alors que quand on se dispute le pouvoir on coute l autre dans le seul but de d couvrir ses points faibles ses erreurs ses insuffisances Quand on coute on cherche comprendre les arguments des autres comprendre leur v rit pour rejoindre nos propres v rit s et construire une nouvelle v rit sup rieure celle du consensus possible I ne s agit pas n cessairement d arriver l unanimit mais une position acceptable par tous pour continuer ensemble Bien s r il s agit l d un apprentissage difficile puisqu il oblige des changements profonds par exemple quand on ne voit pas que notre action bonne court terme a de mauvais r sultats long terme Accepter qu on est dans l erreur et chercher de nouveaux chemins se laisser valuer par d autres 60 qui peuvent tre ceux avec qui on se disputait avant l h g monie exige beaucoup de maturit Mais nous sommes l devant la condition fondamentale pour arriver construire l union Elle ne sera pas l homog n it o chacun fait la m me chose de la m me mani re en visant les m mes objectifs mais la diversit respecteuse des uns et des autres o chacun peut continuer son chemin en essayant de s unir d autres pour que la force de tous soit plus grande Cette dynamique des espaces ouverts est sans doute la plus grande contribution du processus des Forums sociaux mondiaux pour construire le monde auquel tous les tres humains
93. it du monde Il combine plusieurs d marches travers l intervention dans l urgence la r sistance aux logiques dominantes la recherche des alternatives la mise en uvre de pratiques innovantes la n gociation en situation La convergence des associations humanitaires et des autres composantes ouvre des perspectives nouvelles pour le mouvement de solidarit internationale L auteur Ing nieur et conomiste Gustave Massiah est pr sident du CRID Centre de Recherche et d information pour le D veloppement R f rences Michel Faucon Historique notion et d marche de l ADSI CRID 2006 R seau Polygone ducation au d veloppement ITECO Belgique 1999 Michel Doucin Les ONG acteurs agis des relations internationales Th se de sciences politiques Bordeaux 2005 Henri Rouill d Orfeuil La diplomatie non gouvernementale Les ONG peuvent elles changer le monde ditions Charles L opold Mayer 2006 Jean Marie Hatton Note sur la structuration des Organisations de Solidarit Internationale HCCI 2006 Bertrand Badie et Marie Claude Smouts Le Retournement du monde sociologie de la sc ne internationale Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques Dalloz 1992 Jean Christophe Rufin Le pi ge humanitaire Latt s 1993 Pierre Garrigue Article Action humanitaire Encyclop dia Universalis 1999 Maurice Torelli Le Droit international humanitaire Que sais je PUF 1989 La galaxie altermond
94. it difficile parfois de d m ler le vrai du faux J G Barbin est en fait entr en contact avec le professeur Patrascu directeur de l Institut de virologie de Bucarest Au cours de l ann e coul e le professeur Patrascu a pr lev du sang sur des centaines d enfants abandonn s des institutions d accueil du r gime Il affirme alors que des dizaines d enfants seraient porteurs du VIH sida L ensemble de l quipe sida de M decins du Monde se r unit rapidement et d cide de mettre sur pied en grand secret une mission d expertise Partis pour v rifier la pr sence de sida chez ces orphelins les humanitaires constatent un probl me plus vaste caract ris par le manque de soin donn aux enfants l absence totale d attention ou de tendresse mais aussi par des conditions d hygi ne et des pratiques professionnelles effroyables La question de l accueil des enfants abandonn s appara t alors comme un second souffle de l aide humanitaire en Roumanie postcommuniste au moment o l urgence alimentaire et sanitaire li e la r volution s puise Cet pisode renforce encore un peu plus le constat d chec de la gestion du social du r gime communiste roumain et l image n gative pr alable est alors restaur e Pour les ONG humanitaires deux difficult s relativement nouvelles apparaissent la faveur de l intervention dans les orphelinats roumains D une part l exception de l exp rience arm nienne survenu
95. ive au droit d acc s aux victimes adopt e par l Assembl e g n rale des Nations unies le 8 d cembre 1988 a contribu modifier le cadre des rapports entre humanitaire et militaire De l intervention militaire au Kurdistan d Irak apr s la premi re guerre du Golfe la Somalie en 1992 de la Bosnie la guerre du Kosovo en 1999 en passant par l op ration Turquoise au Rwanda en 1994 toutes ces op rations ont eu pour point commun d tre plac es sous le signe de la cause humanitaire et d avoir t men es sous la pression et le regard des ONG et des opinions publiques occidentales La probl matique de l ing rence a ainsi trouv cette p riode des terrains concrets d application Les ONG humanitaires auraient elles t efficaces au cours des ann es 1980 au point d imposer sur l agenda politique des Etats la n cessit d intervention militaire pour r pondre 67 des crises dites humanitaires Auraient elles r ussi au point de devoir partager d sormais leur monopole en mati re d action humanitaire Ce qui n est pas bien videmment sans poser quelques interrogations quant la nature des relations et des dispositifs civilo militaires qui peuvent se mettre en place cette occasion et surtout quant l action venir des ONG humanitaires L action des militaires r pond en effet des objectifs et des int r ts strat giques l int rieur desquels l humanitaire n es
96. la construction de la paix La deuxi me table ronde traitait de La coop ration humanitaire militaire dans la gestion des catastrophes naturelles le tsunami d cembre 2004 pr sid e par Philippe Ryfman professeur associ l Universit Paris l a r uni Guy Malgras le M decin chef des services du commandement des formations militaires de la s curit civile Beno t Miribel directeur g n ral d Action contre la faim ACF Andr Doren directeur de la communication de la F d ration internationale des Soci t s de la Croix Rouge et du Croissant Rouge et Jasmine Zerinini ma tre de conf rences l Institut d tudes politiques de Paris Cette table ronde a permis de montrer que la coop ration entre humanitaires et militaires ne se r duit pas aux zones de conflits Il arrive r guli rement qu l occasion de catastrophes naturelles des unit s militaires fran aises interviennent sur des terrains trangers pour des missions de secours et d aide aux populations civiles Dans ces occasions humanitaires et militaires sont donc conduits collaborer On retiendra notamment des diff rentes interventions l insistance sur la n cessit de rationaliser l action des militaires et des humanitaires afin que tous ne fassent pas la m me chose sur le terrain Philippe Ryfman a pu souligner ce sujet la n cessit d une meilleure connaissance entre les diff rents acteurs 79 Actu alites Au cours de s
97. le il est compl tement d cal par rapport ma r alit d acteur de l humanitaire RH Mais sur cette campagne pr cis ment vous vous tes alli s Oxfam qui elle assume son soutien au mouvement alter Comment vous positionnez vous sur ce partenariat alors que vous auriez pu y renoncer et tre seuls PS C est d abord une question de d multiplication de notre impact Et puis nous tions compl mentaires dans la fa on de poser la question de l acc s aux m dicaments C est une coop ration qui 49 fait preuve d un certain r alisme De notre c t nous parlions depuis notre r alit de terrain quels patients sont dans nos consultations quels m dicaments sont disponibles pour les soigner On s est rendu compte par exemple que de nombreux m dicaments n ont pas b n fici de recherche d veloppement depuis longtemps que sur certaines pathologies on pouvait r cup rer des brevets Mais il ne faut pas y voir ce qui n y est pas c est une d marche tr s pragmatique et op rationnelle Si nous d veloppons des contacts avec tout le monde alters entreprises pharmaceutiques entreprises priv es groupes militaire divers etc c est pour mener bien nos actions sur le terrain RH Alors laissons de c t cette Campagne mais qu est ce qui emp che MSF de rejoindre officiellement le mouvement altermondialiste PS Il ne s agit pas d tre pour ou contre les Alters mais qui sont les Alters
98. lles d accueil de ces enfants vont alterner Le soutien la soci t civile Apr s la vague d urgence de l hiver 1989 1990 la Roumanie fut l objet d une pluralit d actions m lant engagement humanitaire les convois se sont poursuivis dans certaines communes d veloppement local volont de renforcement des capacit s des acteurs politiques et sociaux locaux Si la vague humanitaire s est retir e elle a l gu en cume une myriade d associations locales tant l Ouest qu en Roumanie m me En France cet pisode humanitaire a jet les bases d une coop ration d centralis e avec la Roumanie Comme soulign ailleurs la vague humanitaire en Roumanie n a pas simplement eu pour Retour sur effet de fournir une aide alimentaire et sanitaire d urgence et de panser les quelques plaies d une r volution aussi m diatique qu ambigu L un de ses effets les plus notoires se trouve dans l encouragement volontaire ou non la cr ation d une soci t civile articul e autour d un nouveau champ associatif local orient surtout vers la gestion du social ou plus pr cis ment de certaines cat gories sociales les enfants abandonn s les vieillards les files m res Ce soutien l mergence d une soci t civile tr s orient e vers la gestion du social postcommuniste s est produit la fois de mani re directe et indirecte D une part nombre d ONG humanitaires occidentales dans la phase post urgence favoris
99. mais les populations se seraient peu d plac es ou alors en nombre limit Le malaise est tel que les repr sentants de la communaut humanitaire s inqui tent de la visite annonc e au Darfour de Jan Egeland le coordinateur des Nations unies pour les affaires humanitaires et des d clarations alarmistes qu il pourrait faire a ne va faire que brouiller d avantage les messages Son objectif est politique il n a rien d humanitaire La r duction de financements institutionnels serait une autre des causes de la d gradation de la situation humanitaire faute d argent les ONG ne pourraient plus faire 84 leur travail et de l extension rapide courant septembre de l pid mie de chol ra dans plusieurs localit s du Darfour comme on a pu le voir crit dans un communiqu de presse de MSF L aussi les avis sont plus pond r s et la r alit plus balanc e Mornay par exemple si l UNICEF a eu du mal faciliter la prise en charge des premiers cas de chol ra qui sont apparus ce n est pas li un probl me de financement comme cela a t voqu mais plus un d faut de r activit et d organisation notamment dans le suivi du travail de l association soudanaise qu elle finan ait ce qui a conduit en pratique une r duction de la quantit et de la qualit de l eau fournie aux d plac s D autre part si les rations ont t r duites en mai dernier faute de financement du PAM ce n est plus
100. men s agir 65 Autour du colloque organis le 9 juin 2006 par l Institut du Droit et des Politiques de la Sant IDPS de l Universit Paris 8 2x 25 2 section signifie que le g n ral Thomann n est plus en activit La relation humanitaire militaire se red finit en effet au contact des nouvelles r alit s internationales Celles ci se caract risent la fois par l irruption de nouveaux acteurs dans le champ international ONG organisations internationales acteurs conomiques mafias etc par l mergence de nouvelles probl matiques l chelle mondiale environnement justice internationale p trole sant etc et par de nouvelles formes de conflictualit Autant de transformations sociales et politiques qui leur mani re viennent alt rer le concept traditionnel de souverainet des tats Le d veloppement de ces acteurs transnationaux et le processus de moralisation l uvre dans les relations internationales avec notamment la notion de droit d acc s aux victimes nous obligent de la sorte reposer nouveau la question des relations entre humanitaire et militaire Ces relations peuvent d ailleurs se d velopper en France face aux catastrophes naturelles ou au bioterrorisme cet gard parler de l humanitaire au singulier peut appara tre comme une vue trompeuse En effet l une des caract ristiques majeures de la fin des ann es 1980 et plus encore des ann
101. mmune et v cue comme telle Les th mes de la solidarit internationale sont port s par le mouvement altermondialiste ils l ont pr c d et pr par et celui ci a permis de les r orienter Citons par exemple la question du droit international et de la lutte contre l impunit le cadre institutionnel de la mondialisation et la r forme radicale des institutions internationales les rapports entre migrations et mondialisation la d mocratie dans l entreprise et les normes internationales garantissant leur responsabilit sociale et environnementale l expertise citoyenne et la contestation du monopole de l expertise dominante le march mondial et les changes internationaux l annulation de la dette et l limination des paradis fiscaux la redistribution par les taxes globales l exploration des voies nouvelles de l conomie sociale et solidaire gt Les associations humanitaires et l altermondialisme De nombreuses associations humanitaires sont parties prenantes de la mouvance altermondialiste Tout d abord la distinction entre associations humanitaires et autres composantes de la solidarit internationale s est beaucoup att nu e De nombreuses associations du CRID se d finissent aussi comme associations humanitaires CCFD Secours Catholique Secours Populaire Secours Islamique Emma s International etc Ensuite de nombreuses associations humanitaires participent au Forums sociaux
102. nard Kouchner insistait sur les immenses progr s r alis s au cours des trente derni res ann es dans la gestion des crises sanitaires et humanitaires li es une catastrophe naturelle Pour terminer revenant sur l intitul m me de la derni re table ronde et plus pr cis ment sur l expression guerre humanitaire il n a pas manqu de rappeler les probl mes que posent les usages et les emplois tous azimuts du terme humanitaire qui contribue brouiller quelque peu les pistes Et ce avant d op rer un retour historique pour rappeler ce que repr sentait l humanitaire la fran aise c est dire le fait d accorder impartialement des soins tous sans pour autant consid rer que la neutralit devait tre la r gle car la neutralit c est une acceptation des bourreaux Or ne pas faire la diff rence entre les bourreaux et les victimes c est en effet insupportable pouvait il dire Donner des soins tous et en particulier ceux qui n en ont pas voil ce qu tait pour lui le credo des humanitaires la fran aise Il concluait son propos enfin en rappelant simplement ceux qui se plaignent des dangers encourus par l acte de prot ger de soigner et de porter secours que l humanitaire n est pas une assurance tous risques Quelques semaines seulement apr s la tenue du colloque le 9 juin 2006 la guerre d clench e au Liban est venue nous rappeler s il en tait encore besoin tout l int r t e
103. ndement du sans fronti risme et du droit d ing rence humanitaire II met en avant le professionnalisme la mobilisation des volontaires la rapidit d intervention la mobilisation sur les situations d urgence ce serait le fondement de l efficacit et la preuve de la cr dibilit et de l utilit de l aide Il met l accent sur la sensibilisation de l opinion travers les ressorts de l motion et du spectaculaire ce serait le fondement des rapports consubstantiels avec les m dias Ce discours s duit d s l abord et les nouvelles associations humanitaires s imposent parmi les plus importantes de la solidarit internationale Elles mobilisent de tr s nombreux volontaires en rencontrant le d sir d engagement imm diat et personnel de nombreux jeunes elles drainent des dons priv s tr s importants elles captent une part croissante des fonds publics de l aide au d veloppement elles sont appuy es de mani re constante par les m dias et touchent l opinion publique 28 Apr s la p riode d affirmation les discours se diversifient et perdent une partie de leurs asp rit s Une partie des associations et de leurs porte parole poursuit son offensive contre les autres composantes du mouvement de solidarit internationale Le refus justifi sur le fond de la culpabilisation et du masochisme d rape vers le relativisme et rejoint les secteurs qui dans nos soci t s revendiquent ouvertement la r habilitation de la colon
104. nisation ACTED relevait que d sormais l humanitaire n tait plus du seul ressort des ONG dites humanitaires Ainsi les tats les organisations internationales ou les arm es font aujourd hui de l humanitaire convient de signaler galement que si du c t des acteurs militaires pr sents ce jour l le travail et la coop ration avec les acteurs ONG humanitaires est une r alit que personne ne nie ni ne remet en question en revanche ces acteurs militaires pr sents n ont pas manqu de rappeler malgr tout que la fonction du militaire ne saurait se confondre avec celle de l humanitaire et qu un soldat restait un soldat comme ont pu le souligner le g n ral Yves de Kermabon qui a command la KFOR de septembre 2004 septembre 2005 ou bien le g n ral Vincent Desportes commandant le Centre de Doctrine d Emploi des Forces CDEF au minist re de la D fense et ce malgr les relations qui peuvent se nouer avec les acteurs civils humanitaires 70 Actu alites L existence reconnue de telles relations ne doit pas en effet nous induire en erreur L action des acteurs militaires ne saurait tre pens e en dehors de l action et des politiques des tats dont ces militaires sont issus R pondant des int r ts strat giques et des consid rations politiques relativement loign s de ceux qui animent l action des ONG la Realpolitik demeure encore malgr les changements qui l affectent l un de
105. notre pr sence et notre communication l volution de l environnement soudanais va nous falloir beaucoup de pragmatisme et de constance En engageant les tensions n cessaires avec les autorit s chaque fois que cela sera n cessaire ou que nous serons victimes d intimidations Il nous appartient aussi de ne pas contribuer une d gradation sup rieure de la situation notamment en reprenant notre compte un discours belliciste de circonstance loign bien souvent de la r alit de la situation sur le terrain et en contradiction avec nos engagements humanitaires Sans quoi il ne faudra pas s tonner de devenir des cibles de la part des diff rents acteurs arm s Maintenir le niveau requis de l aide aux populations d plac es du Darfour est une n cessit vitale pour elles Ce ne sera pas simple dans ce contexte nous d essayer de le faire en nous d marquant des appels des uns et des autres 92 Actu alites R volt s et d termin s gt Par Beno t Miribel Directeur g n ral d Action contre la Faim ls taient ing nieurs en eau et assainissement sp cialistes en agronomie gestionnaires de projets ou chauffeurs et ont tous trouv la mort ce matin du 4 ao t 2006 Muttur Quatre emmes et treize hommes tamouls et musulmans tous employ s d Action contre la Faim certains depuis de nombreuses ann es ont t assassin s de mani re d lib r e et de sang froid C est un drame sans p
106. ns Atteindre cet objectif n est pas toujours facile une pression s exer ant habituellement sur tous les organisateurs des Forums pour qu ils dictent des orientations A vrai dire certains participants sont tellement habitu s se d fendre les uns des autres batailler pour que leurs points de vue deviennent h g moniques qu ils en viennent parfois organiser des rencontres entre pairs dans un coin du Forum ou ne plus venir du tout parce qu ils ont le sentiment de ne pas r ussir faire valoir leurs points de vue sur ceux des autres En ce sens le Forum est une cole de nouvelles pratiques de respect de la diversit dans les actions les options les cultures de m me que dans les rythmes de chacun C est une cole pour entrer dans un autre monde dans lequel cette diversit sera essentielle Le deuxi me objectif des Forums est li directement au pr c dent il s agit de passer de la bataille pour le pouvoir l coute pour comprendre Une r gle a ainsi t accept e par tous la d cision par consensus Le respect de cette r gle est la base du d passement de cette tendance la division traditionnelle dans la gauche politique Elle signifie qu aucune d cision ne sera prise par le vote bien qu il soit l instrument democratique par excellence celui ci vise trop souvent garantir la volont de la majorit au d triment des minorit s La r gle du consensus oblige couter la v r
107. ns cette p riodisation De 1980 1989 il soutient les r sistances dans les pays du Sud qui marquent de plus en plus le partenariat Il participe aussi de plus en plus aux mobilisations internationales contre le G7 et les institutions internationales Le CRID Agir Ici et le Cedetim organisent en 1989 Paris le premier sommet des sept peuples parmi les plus pauvres et participent l organisation de la manifestation et du concert avec Renaud et Gilles Perrault Dette colonies apartheid a o5 suffat comme ci C est une pr figuration des manifestations altermondialistes L ducation la solidarit internationale peut s appuyer sur l largissement de la prise de conscience des cons quences dramatiques de la phase n o lib rale de la mondialisation Ces cons quences sont la mont e des in galit s et de leur liaison aux discriminations l aggravation de la domination du Nord sur les peuples du Sud et leur liaison avec les conflits et les guerres la mise en cause de l cosyst me plan taire et des droits des g n rations futures et leur lien avec le productivisme et la logique sp culative financi re la mont e des ins curit s sociales cologiques guerri res et leur lien avec les id ologies s curitaires et les doctrines des guerres pr ventives Cette prise de conscience largit la compr hension des liens entre les questions sociales les questions soci tales et la question mondiale Elle prend en
108. ns une perspective plus large qui a t appel e d veloppement Ce d veloppement ne peut se limiter des projets ou m me des secteurs sant ducation alimentation etc II s agit d un processus dont l l ment d terminant est la mobilisation des populations concern es L aide publique au d veloppement doit tre la fois augment e et remise en cause dans sa nature dans sa structure et dans ses fondements Cette orientation a donn naissance l apport le plus important de ce mouvement le partenariat AU d part la recherche de partenaires tait n cessaire pour assurer la viabilit des projets Ensuite s est impos e l id e qu il fallait partir de la demande des partenaires Puis qu il s agissait de cr er les conditions et l environnement permettant de renforcer les partenaires Et enfin que l objectif m me tait de travailler en commun et en r ciprocit avec des mouvements associatifs repr sentant ce qu on a appel pour simplifier des 31 soci t s civiles Le mouvement a invent avec le partenariat la coop ration de soci t soci t Il fallait faire partager cette conception dans la soci t fran aise D autant plus qu partir du d but des ann es 1970 avec MSF un marketing sans nuances flattait la g n rosit des donateurs et revendiquait l essentiel des ressources publiques Le refus du simplisme a conduit alors proposer l ducation au d veloppement pour donne
109. nt de l tat du secteur de la sant explique Hyppolite Kalambay charg de la direction d tudes de planification au minist re de la Sant de RDC La multiplication des structures parall les pour r pondre aux exigences des bailleurs pendant la guerre la commercialisation et la d shumanisation des soins pratiqu s au coin de la rue par des infirmiers pl thoriques et mal form s sont autant de probl mes majeurs ajoute t il Il a ensuite pr sent la strat gie pour le renforcement du syst me de sant qui doit tre mis en place apr s les lections Ce plan est salu par tous pour sa pertinence son approche globale des probl mes de sant et par sa mise en uvre d centralis e Ainsi la confiance est restaur e et le dialogue entre l Etat et les diff rents partenaires est amorc L Union europ enne la Banque mondiale les coop rations se pr parent contribuer au financement de cette nouvelle phase Cette strat gie pr voit un co t de 3 dollars 2 38 par habitant et par an alors que la Banque mondiale recommande 15 dollars 12 en g n ral Philippe Maughan chef de secteur Afrique centrale pour ECHO d plore qu une partie des soins soit actuellement payante et inaccessible l crasante majorit des Congolais 70 survit avec moins de 1 dollar par jour et propose dans cette phase de post urgence la gratuit des soins La soci t civile quant elle a montr qu elle est bien
110. nt distanci de Greenpeace ou d une autre association l altermondialisme se retrouve chez les conf d rations syndicales qui elles aussi craignent les ventuels d bordements gauchistes ou simplement n appr cient gu re de parler d gal gal avec des petits syndicats critiques leur gard et concurrents L altermondialisme est un espace coop ratif certes mais fait de rivalit s de concurrences de rapports de force le tout avec une obligation de r ussite lorsqu il s agit de monter un v nement comme un forum social Car dans un contexte qui malgr une embellie par rapport aux ann es 1980 reste difficile pour l action collective il permet aux organisations de faire des conomies d chelles offre une cure de jouvence certaines un brevet de combativit d autres et tous un d nominateur commun pour aligner leurs griefs autour d une m me cible L auteur Isabelle Sommier est ma tre de conf rences l Universit Paris directrice du Centre de Recherches politiques de la Sorbonne CRPS Elle est notamment l auteur de La France rebelle dir avec Xavier Crettiez Paris Michalon 2002 nouvelle dition octobre 2006 Le renouveau des mouvements contestataires l heure de la mondialisation Paris Flammarion coll Champs 2003 Officier et communiste dans les guerres coloniales Flammarion 2005 Radiographie du mouvement altermondialiste dir avec Eric Agrikoliansky La Di
111. nts taient sacrifi s Nous sommes tr s pragmatiques en nous concentrant sur des situations qu on rencontre aujourd hui et non pas sur ce que pourrait tre demain On a un r le diff rent mais sans doute compl mentaire de celui des alters Aujourd hui je crois qu on est plus clairs qu on ne l a jamais t on a arr t nos objectifs on a dit ce qui nous appartenait et ce qui ne nous appartenait pas et les limites Sinon on devrait avoir un avis sur tout on pourrait pr venir voire arr ter les conflits changer le monde etc Mais non Nous avons des op rations qui par le fait qu elles existent qu elles sont d limit es dans le temps et leurs objectifs fonctionnent comme de petits laboratoires RH Est ce que cette position est celle de tout le r seau mondial de MSF PS Aujourd hui oui et d autant plus depuis la Conf rence de la Mancha en mars 2006 au cours de laquelle toutes les instances du mouvement se sont r unies pour faire l tat des lieux et s entendre sur quoi le mouvement se retrouve Et c est beaucoup plus resserr sur l action de terrain Propos recueillis par Boris Martin R dacteur en chef de la revue Humanitaire 1 Extraits de l accord de la Mancha Art 1 9 Les actions de MSF peuvent co ncider avec certains des objectifs d organisations de d fense des droits par ex le droit aux soins Cependant notre but reste l action m dicale humanitaire et non la promotion de tels droits
112. omme ailleurs Loin de l Si un certain nombre d associations estiment avoir effectivement leur place dans les n buleuses altermondialistes d autres protestent vigoureusement qu elles ne sont en rien pr cis ment des organisations altermondialistes Ces d bats r els traversent les communaut s d ONG et prennent peut tre encore plus d acuit en France qu ailleurs l altermondialisme y tant fortement implant Reste que s il constitue le sujet central du livre le concept de diplomatie non gouvernementale articul selon l auteur autour de trois grands courants l environnement mondial les drames sociaux et la n gation de droits humains et la r forme des institutions internationales p 187 190 et 195 ne rencontrera pas non plus l adh sion g n rale Certains en r pudieront l id e m me en pr nant une autre conception de la diplomatie non gouvernementale ou en pr f rant des alternatives l actuelle 103 gouvernance mondiale des r ponses concr tes de la part des appareils d tat et intergouvernementaux pour appuyer l action op rationnelle d ONG face des situations dramatiques Darfour Niger Corne de l Afrique Proche Orient ou leurs plaidoyers sur certains th mes comme l acc s aux m dicaments essentiels ou les sous munitions Mais ces quelques observations montrent pr cis ment l actualit et la richesse qu apporte la confrontation d id es et l action concr te des ONG la th se sou
113. on confi e la force Mission militaire certes mais mission qui ne saurait avoir de sens en dehors de la finalit politique qui la motive A propos du concept de guerre juste sans s y attarder il a souhait rappeler n anmoins son avis sur ce sujet Pour lui le concept de guerre juste est un concept fondamentalement dangereux que ne saurait l gitimer la compassion contemporaine La guerre ne doit pas tre un outil moral m me s il existe d sormais une perception morale des situations internationales La guerre la force militaire doivent demeurer fondamentalement des outils amoraux Il a ainsi avanc que s il concevait l id e de guerre justifi e en revanche il ne concevait pas celle de guerre juste 75 Actu alites charg e de pr tention morale et qui pr te tous les exc s en raison du caract re absolu de ses objectifs La guerre justifi e pour des raisons humanitaires par exemple conserve elle sa valeur de neutralit morale la force militaire Apr s ce bref rappel il est revenu sur le r le la fonction et les objectifs d sormais assign s aux forces arm es face aux transformations contemporaines de la guerre face aux mutations des mani res de faire la guerre et de mener des interventions militaires Revenant sur une th matique d j esquiss e lors de la premi re table ronde Sami Makki s est int ress quant lui au mod le am ricain de collaboration civilo militai
114. on intervention le M decin chef des services Guy Malgras a rappel le r le de ses services lors de l intervention et a d crit le dispositif mis en place cette occasion De son c t Beno t Miribel a d montr combien lors des premiers instants d une situation d urgence la question de la logistique demeurait complexe et combien les moyens de transport notamment l h licopt re taient co teux Bandah Aceh gr ce aux h licopt res de l arm e fran aise la distribution de l aide en avait t facilit e Quant Andr Doren il a rappel comment la pr sence pr alable sur les lieux de la catastrophe de repr sentants des soci t s de Croix Rouge o d ONG permettait une r ponse plus efficace plus rapide et plus utile Dans sa conclusion Jasmine Zerinini synth tisait les diff rentes interventions en reposant une question centrale et r currente Comment am liorer l efficacit Comment am liorer l efficience des efforts conjugu s des nombreux acteurs au service de l objectif commun humanitaire Ce qui revient d une certaine mani re poser la question de la distinction des domaines de comp tences et d activit s La faiblesse des actions et des dispositifs en place lors de catastrophes naturelles tient souvent au fait qu au moment de ces catastrophes l afflux des acteurs sur le terrain se fait souvent en l absence de toute coordination Ils interviennent chacun leurs mani res chacun avec leurs inf
115. onn au r gime pour relancer ses op rations militaires et justifier un suppos r tablissement de la s curit contre ceux qui ont refus de signer et seraient d sormais responsables des violences au Darfour Les Nations unies et la communaut internationale sont discr dit es Se d veloppe le sentiment pour le personnel des NU lui m me de tenir un r le absurde dans un op ra comique Nous devenons avec tous les humanitaires des cibles alors que nos repr sentants NY sont aspir s dans une campagne de communication loign e des r alit s du terrain et qui nous expose Plus personne ne comprend rien ce qui se passe sur la sc ne diplomatique Le gouvernement soudanais de son cot poursuit ses objectifs et a lui de nombreuses cartes dans ses mains Sur la sc ne int rieure malgr son impopularit il se retrouve rel gitim dans sa lutte contre les crois s et les colonisateurs qui veulent envahir le pays ces derniers NU UE EU et Anglais etc agitant des moyens de pression qu ils n envisagent pas de mettre en uvre Et le discours public du r gime se radicalise tout comme sa volont de contr ler et d encadrer le travail des humanitaires Certains diplomates occidentaux s inqui tent Attention ce que la pression des m dias ne dicte pas des r actions irrationnelles nos gouvernements contre celui de Khartoum du type des bombardement
116. ormations leurs moyens effectuent leur propre valuation quand une coordination une rationalisation voire une planification de l ensemble de la cha ne d action se r v leraient plus efficaces Pour am liorer l efficacit et l efficience des actions il conviendrait selon Jasmine Zerinini de mettre en avant le r le des Nations unies par trop sous estim selon elle Les Nations unies poss dent en effet un m canisme de coordination Un bureau pour la coordination et l action humanitaire de l ONU existe qui devrait tre plac au c ur des dispositifs de r ponse aux crises La troisi me table ronde enfin abordait les Variations autour du concept de guerre humanitaire la responsabilit de prot ger Elle tait pr sid e par Patrick Aeberhard professeur associ l Universit Paris 8 et a r uni Sami Makki chercheur l cole des hautes tudes en sciences sociales EHESS le g n ral Vincent Desportes commandant le Centre de doctrine d emploi des forces CDEF au minist re de la D fense France Alain Boinet fondateur et directeur de Solidarit s Andr Glucksmann 74 philosophe et Bernard Kouchner ancien ministre titulaire de la Chaire Sant et d veloppement au CNAM Lors de cette table ronde on est revenu sur l actualit du concept de guerre juste et sur le th me de la justification de la guerre aujourd hui notamment lorsque les interventions militaires en appellent la mor
117. oublier de convertir la rage qui nous emplit aujourd hui en un d sir toujours plus accru de savoir L auteur Bleuenn Isambard est sp cialiste de la Russie l INALCO Institut National des Langues et Civilisations Orientales Elle est co auteur de l ouvrage Tch tch nie dix cl s pour comprendre La D couverte mars 2003 64 Actu alites Humanitaire et militaire gt Par Patrick Aeberhard G n ral 2S Thomann et Robert Chaouad a question des relations entre humanitaire et militaire n est pas r cente le Service de sant des arm es uvre en Afrique depuis plus de cent ans de nombreuses reprises d j du Biafra la mer de Chine du Liban au Tchad ces acteurs ont t amen s se rencontrer d veloppant des relations tant t difficiles tant t fraternelles Pourtant cette question se trouve pos e de mani re radicalement nouvelle depuis la fin de la Guerre Froide et plus encore peut tre depuis les attentats du 11 septembre 2001 Suivant en cela les mutations de la sc ne internationale le rapport entre humanitaire et militaire se r v le beaucoup plus complexe que ne le laisse accroire un sch ma binaire tenant l humanitaire et le militaire comme deux champs totalement herm tiques l un l autre Qu on le d plore ou qu on s en r jouisse ce sch ma ne r siste pas une analyse rigoureuse des conditions pratiques et symboliques dans lesquelles ces acteurs sont a
118. p en les organisations catholiques de solidarit internationale Le Comit Catholique contre la Faim et pour le D veloppement CCFD en est le membre fran ais Les f d rations nationales d ONG regroup es en coalitions forment la troisi me famille C est pr cis ment le cas de SUD qui elle Que nous pr f rons d signer pour notre part sous la d nomination d ONG transnationales 101 m me participe au niveau europ en CONCORD la coalition de f d rations nationales d ONG des pays de l Union europ enne p 153 Mais SUD a aussi tabli des liens forts de coop ration avec son alter ego br silienne ABONG ainsi qu avec les plus importantes f d rations d ONG indienne VANI ou encore s n galaise CONGAD Un quatri me acteur regroupe les coalitions th matiques internationales telle celle cr e la fin du XX si cle en vue de l institution d une Cour p nale internationale et qui continue aujourd hui d agir pour appuyer son d but d action Enfin le cinqui me et dernier type est repr sent par des r seaux internationaux de personnalit s par exemple des vedettes de la chanson ou des m dias tel Bob Geldof p 162 On aurait aim cependant que l auteur approfondisse et d veloppe plus finement ensuite les analyses assez descriptives de ce chapitre de m me que s agissant des th mes qu il voque dans le sixi me et dernier chapitre Il s essaye en effet pour en revenir au titre m me de l essa
119. pas dans la r ponse l urgence Il faut bien s attaquer la transformation sociale et aux alternatives De ce point de vue le lien est la strat gie comment fait on pour r agir dans l urgence par rapport une perspective Le d bat strat gique est le d bat essentiel du mouvement de solidarit internationale Plusieurs associations se sont engag es sur cette voie Handicap International et d autres associations intervenant dans l urgence travaillent avec Architecture et D veloppement sur l organisation d un habitat et de quartiers durables pour prolonger l abri et le relogement en p riode de catastrophe M decins du Monde est pass de la r ponse imm diate aux besoins l acc s au droit la sant et une r flexion sur la durabilit des structures de soins Ces associations pour s engager dans le d passement de la diff rence entre urgence et transformation dans la dur e se sont investies dans le partenariat Elles d veloppent des formes tr s avanc es de construction de partenariat La solidarit internationale s appuie sur le partenariat qui est la fois un objectif et un moyen Le mouvement altermondialiste permet de franchir un pas suppl mentaire dans le partenariat Comme nous pouvons le v rifier dans les forums sociaux il ne s agit pas d aider un partenaire vous ressembler mais de travailler ensemble un projet commun Les associations humanitaires s engagent aussi plus directement dans le mouvemen
120. ple je n ai pas de divergence avec M decins du Monde o ACF Je pense m me qu ils ont explor des voies par exemple quand M decins du Monde se trouve confront sur ses antennes m dicales en France aux politiques qui ne veulent pas entendre la question de la m decine pour tous se bat sur la CMU et participe donc un changement Par contre j ai une divergence quand M decins sans Fronti res d clare apr s le Tsunami que finalement la concurrence sur le march humanitaire fait que le niveau de collecte est atteint pour l urgence et que le d veloppement ne les concerne pas L il y a un vrai d bat Et quand une partie des porte parole de l action humanitaire nous explique qu il faut arr ter de culpabiliser arr ter le masochisme et que finalement face ces tats du Sud diabolis s il faut quand m me que les tats du Nord eux qui sont tellement respectueux des droits de l Homme et se battent contre la torture appliquent des conditionnalit s l aussi il y a des limites Et je suis d accord aussi pour dire qu au niveau de l altermondialisme nous avons des gros probl mes C est vrai que certains d entre nous cherchent des voies nouvelles et d autres non Pour ces derniers ce serait assez simple il suffirait de prendre des tats au besoin par un coup d Etat et d appliquer les nouvelles politiques C est vrai que ces questions sont pos es de fa on contradictoire au niveau du mouvement altermondialiste qui au momen
121. point d interrogation ne vient qu apr s le sous titre pour se demander si les ONG peuvent changer le monde et non pas pour s interroger sur le fait de savoir s il existe ou non une diplomatie non gouvernementale Mais l ouvrage traduit aussi une autre vis e de fa on souvent affirm e mais parfois seulement entre les lignes Il s agit pour son auteur en sa qualit de pr sident de Coordination Sud Solidarit Urgence D veloppement d expliciter et de justifier l orientation et la d marche qu il a souhait imprimer cette structure depuis qu il en a pris la t te Henri Rouill d Orfeuil ing nieur agronome et conomiste fut dans les ann es 1980 un haut fonctionnaire du minist re fran ais des Affaires trang res avant de travailler la Banque mondiale Puis apr s tre revenu la recherche il pr side donc depuis 2001 cette structure centrale de coordination des ONG fran aises de d veloppement et humanitaires Sous sa houlette SUD est pass e du statut de centre de ressources et de structure repr sentative de la communaut ONG vis vis des pouvoirs publics comme de l opinion celui plus ample d acteur collectif de la solidarit internationale pr tendant une diplomatie participative p 99 L ouvrage se veut donc galement le reflet de cette progressive construction et de l expos des objectifs qu elle s assigne Bien que son format soit assez court sa densit n en facilite pas
122. pour dire qu il faut soutenir de nouvelles d marches des exp riences des exp rimentations Nous en avons men es pas mal en ce qui nous concerne dans le domaine de la finance solidaire et la remise r cente du prix Nobel au fondateur de la Grameen Bank est une grande satisfaction mais le probl me actuel mondial d passe de beaucoup le microcr dit tout cela ne suffit pas atteindre et encore moins transformer le moteur conomique central On construit des espaces financiers locaux on m ne des actions de solidarit financi re mais d s que les circuits deviennent rentables alors ils sont accapar s par des acteurs autrement plus puissants qui r cup rent les bonnes ressources et concentrent la richesse que l on peut en tirer Donc la question reste bien d atteindre le c ur de ce que l on critique ce logiciel historique de la mondialisation d obliger les acteurs qui dominent la finance et l conomie 21 et tiennent aujourd hui le volant de l histoire respecter un cahier des charges social et environnemental I ne s agit pas seulement d un probl me d alter d marches aux marges du syst me mais de savoir comment on agit au c ur de celui ci Gustave Massiah Je sais que c est un peu redondant mais je le r p te encore je crois qu il y a des convergences tr s fortes entre humanitaires et alters N anmoins il peut y avoir des divergences l int rieur de ces deux sous ensembles Par exem
123. ppement il d veloppe une th orie de l animation et de la formation orient es en priorit dans les zones rurales Henri Desroches cr e le Coll ge Coop ratif qui fait le pont avec l ducation populaire D s le d but des ann es 1960 plusieurs mouvements de jeunesse et d ducation populaire interviennent en Afrique les Eclaireurs et Eclaireuses de France les Scouts et Guides de France la Ligue Fran aise de l enseignement et de l ducation permanente la F d ration L o Lagrange les CEMEA Centre d Entra nement aux M thodes d Education Active 26 Parall lement cette mouvance tiers mondiste il faut souligner l mergence d un courant issu des luttes anti coloniales I appara t dans le mouvement pour la paix en Alg rie les associations tudiantes africaines et maghr bines les comit s Vietnam l Association d amiti avec les peuples d Afrique d Asie et d Am rique Latine Il se d cline en comit s de soutien et de lutte A partir de 1965 le Cedetim Centre d tudes et de documentation sur les probl mes du tiers monde devenu en 1968 centre anti imp rialiste et aujourd hui centre d tudes et d initiatives de solidarit internationale en appuiera plusieurs parmi lesquels les comit s anti outspan qui deviendront le MAA mouvement anti apartheid et les comit s de soutien la lutte r volutionnaire du peuple chilien Le Cedetim regroupera un grand nombre de coop rants progressistes qu on appeller
124. que a conduit l association jouer un r le actif dans l adoption de la Couverture Maladie Universelle CMU Le mouvement altermondialiste tire sa force du soutien de l opinion publique dans chaque pays et au niveau international I pose la question de la formation de l opinion publique mondiale et de son rapport avec l hypoth se d une conscience universelle L l ment le plus important de la derni re p riode c est l irruption d une opinion publique dans les pays du Sud comme on a pu le constater avec la crise des m dicaments g n riques contre le sida au Br sil en Inde et en Afrique du Sud Le mouvement est alors confront la question difficile de la formation de l opinion et notamment du r le des m dias Sans n gliger la n cessaire critique des m dias elle permet de tenir compte des contradictions des m dias pour viter au maximum d en tre instrumentalis Les associations humanitaires peuvent apporter au mouvement de solidarit internationale une compr hension renouvel e et largie du rapport avec les 40 m dias Les deux composantes peuvent aussi s enrichir dans la construction d une expertise citoyenne largie aux mouvements sociaux civiques et citoyens Cette expertise citoyenne permet de contester le monopole des expertises dominantes Le mouvement altermondialiste est riche de sa diversit de la multiplicit des courants de pens e qui le composent Il permet de mieux appr hender la complex
125. r c dent pour une ONG humanitaire Face la barbarie nous sommes r volt s cibl s en tant qu acteur de la solidarit dans un pays en proie la violence et l injustice ils ont pay de leur vie leur engagement humanitaire laissant leurs proches dans la souffrance et la col re Que s est il pass Qui a commis ce crime Pourquoi eux Toutes ces questions nous hantent et nous devons pour l instant laisser les autorit s sri lankaises conduire leur travail d enqu te Les quelques l ments collect s jusqu pr sent par les autorit s polici res ne permettent pas de d gager une quelconque piste de responsabilit Bien que l ancien repr sentant du SLMM UIf Henricsson a accus les forces gouvernementales d avoir commis cet assassinat Colombo a fait le choix de discr diter ses 27ken i f Monitoring d clarations plut t que d y r pondre en s appuyant sur des Mission en l ments concrets de r ponse charge diwsuivi f m de l accord de Bien que nous n ayons que peu d espoir sur l issue de cette cessez le feu enqu te les cas similaires de violation des droits de l Homme ne 93 Liberation Tigers of Tamil Eelam le mouvement ind pendantiste tamoul font que tr s rarement l objet d un examen par une cour p nale au Sri Lanka nous nous devons d puiser toutes les voies de recours internes de fa on pouvoir nous tourner en temps voulu vers la justice internationale
126. r proposer une nouvelle coh rence Il a tir profit de la contestation g opolitique du mod le sovi tique qui s est effondr d finitivement en 1989 il a r duit travers la gestion de la crise de la dette les marges d ind pendance obtenues par la d colonisation il a remis en cause les avanc es sociales du salariat travers les politiques de pr carisation et la mise en crise des syst mes de protection sociale Cette volution a d montr que les dynamiques l uvre dans les soci t s ne sont pas seulement conomiques elles sont aussi sociales politiques id ologiques culturelles et militaires Le mouvement de solidarit ne peut se d sint resser de la pens e du d veloppement qui implique aujourd hui sa remise en cause La pens e du d veloppement se traduit dans des mod les qui explicitent une conception l chelle du syst me monde Les politiques de d veloppement sont une mani re de la mettre en uvre dans une situation donn e Les concepts ne sont pas toujours explicites pour les d cideurs politiques ou techniciens ils fonctionnent comme des vidences d finissent les politiques possibles et la repr sentation du r alisme Ce sont les r sistances et les crises qui rendent visibles le sens et la relativit des solutions propos es Le mouvement de solidarit est confront une remise en cause fondamentale de la notion de d veloppement qui d passe tr s largement la critique du n o li
127. r un autre visage au tiers monde expliciter les enjeux les d marches et les solutions possibles mettre en vidence les apports formidables du partenariat Cette ducation au d veloppement n cessitait une recherche et une pr sentation des causes de cette situation de ce qu on a appel alors le sous d veloppement ou le mal d veloppement Ren Dumont avec son livre L Afrique noire est mal partie y a beaucoup contribu Il fallait revenir la colonisation et aux checs des Etats postcoloniaux aux responsabilit s de la politique fran aise europ enne et des institutions internationales Cette approche critique indispensable n a pas fait l unanimit dans la soci t fran aise mais elle a fait progresser les prises de conscience Les militants des associations de solidarit internationale ont trouv dans l ducation populaire les bases m thodologiques de l ducation au d veloppement Ils se sont appuy s sur les mouvements d ducation populaire et notamment sur l IRFED l IRAM et le Coll ge Coop ratif Ils se sont aussi appuy s sur l exp rience d Am rique latine et particuli rement sur les actions et les travaux de Paulo Freire Ils ont repris P dagogie des opprim s et Education pratique de la libert deux de ses ouvrages les plus connus les id es de conscientisation et d autoformation individuelle et collective gt Le d veloppement confront ses limites et au n o lib ralisme partir
128. raiment changer le monde Dans cette perspective le Forum s est sp cialis dans une client le d acteurs ce que nous avons appel la soci t civile c est dire qu on exclut de l organisation du Forum pas dans la participation en tant que telle les gouvernements et les partis On s est dit que la soci t civile n ayant pas d instance o se rencontrer tous les gens individuellement ou appartenant aux associations humanitaires d velopementistes ou aux 16 syndicats doivent pouvoir aller au Forum pour raconter ce qu ils font d passer les pr jug s et tre capables de se comprendre les uns les autres de voir les choses qu ils ne voient pas d valuer les autres et de s auto valuer afin de retrouver de nouvelles convergences sur des actions tr s concr tes soit sur un probl me imm diat soit sur un probl me long terme Donc le Forum pr sente cette grande potentialit d tre un instrument au service de toute cette mouvance Seattle d ailleurs c tait le premier mouvement d ampleur mondiale qui a montr qu il y avait la possibilit d agir en tant que soci t civile Cela apr s le mouvement n ici en France commenc aux tats Unis pour d noncer l Accord multilat ral sur l investissement On a montr cette occasion que la soci t civile existait qu il tait possible de travailler en r seau et c est de l que vient cette m thodologie diff rente d un v nement absolument horizontal ou
129. re tatique Si les campagnes de plaidoyer de MDM semblent aujourd hui faire cho aux revendications alters c est que l association est sensible l volution du contexte international et a su adapter ses modes d action aux d fis contemporains L auteur Julie Ancian est charg e de mission Sant Globale M decins du Monde 56 Faut il choisir entre humanitaires et altermondialistes gt Par Chico Whitaker ous savons tous ce que sont les actions humanitaires men es dans des situations de d tresse engendr es par l homme ou la nature et que le developpement des moyens de communication rend chaque fois plus visibles Nombreux sont ceux qui s engagent pour r pondre aux besoins imm diats de ceux qui souffrent Souvent de courte dur e de telles actions sont et seront toujours n cessaires partout dans le monde Mais un autre type d actions anim e aussi par le sens de solidarit s int resse davantage aux causes de ces souffrances et de ces situations de d tresse Elles sont d une nature plus proprement politique puisqu elles visent les structures sociales et conomiques dominantes qui engendrent les souffrances collectives et vont aujourd hui jusqu mettre en p ril la vie sur la Terre L altermondialisme englobe ces actions qui s attaquent des m canismes et des institutions de dimension mondiale comme r sultat de la mondialisation de l conomie Il est videmment aussi n ces
130. re Il s est attach montrer la fois l mergence de nouveaux acteurs dans cette relation entre civil et militaire mais galement le processus de militarisation l uvre selon lui dans les dispositifs humanitaires am ricains De son c t c est en philosophe engag qu Andr Glucksmann est revenu sur la probl matique des rapports entre humanitaire et militaire et sur le concept de guerre juste R interrogeant la question humanitaire partir d une r flexion sur l homme il s est attach retracer la mani re dont cette probl matique s est trouv e pos e la fin des ann es 1970 et au d but des ann es 1980 Comment justifier l humanitaire alors qu on n a pas vraiment une id e de l homme et qu on ne cherche surtout pas en imposer une aux autres L id e extr mement simple selon lui consistait au fond avancer que ce qui justifie la n cessit de l humanitaire c est l inhumanit Partant de ces analyses et avec de nombreux exemples l appui Tch tch nie Somalie Lib ria etc il s est attach d crire les ressorts du d sordre mondial actuel depuis la r f rence l id e de somalisation de la plan te et depuis la place occup e par la violence dans les soci t s Avant de conclure que c est pour arr ter des guerres impitoyables des guerres inhumaines qu il faut de temps en temps soit simplement une intervention humanitaire soit parfois simplement une intervention militaire encore que
131. re 2003 ou les protestataires contre la tenue du G8 Evian au printemps pr c dent Mais en France tout du moins les ONG peuvent galement craindre d tre associ es un mouvement pr sent comme politique voire gauchiste Dans la r alit l orientation massive des altermondialistes la gauche de l chiquier politique n est pas si diff rente de celle des militants d Al ou de la LDH l image parfois tr s radicale qui en est renvoy e du fait des m dias et de la visibilit de personnalit s d extr me gauche ne correspond gu re l orientation lectorale nettement plus r formiste de l ensemble La vari t des sensibilit s politiques se refl te galement dans les diff rentes alternatives au processus de globalisation vilipend d fendues par les groupes s agit il de la dompter ou de la ma triser pour lui donner un visage humain en s appuyant sur les institutions europ ennes voire internationales Oxfam ou en r habilitant les r gulations l chelle nationale Attac Ou faut il envisager au moyen d une politique de relocalisation un processus inverse de d globalisation comme le pr conisent Walden Bello et l IFG International Forum on Globalization qui regroupe depuis 1994 des intellectuels activistes d une A7 8 Voir IFG Alternatives to economic globalization A better world is possible Berrett Koehler 2002 vingtaine de pays En fait l engageme
132. rencontrent ceux qui dans leur diversit font d j l exp rience de changer le monde il repousse l id e de transformer les forums en une nouvelle internationale Loin d un grand soir qui r volutionnerait la plan te d en haut l esp rance de Chico repose sur la mise en r seau de tous ceux qui dans leur pratique privil gient l humain par rapport au profit financier en combinant changement social et changement personnel partir de la pr sentation diteur gt Chico Whitaker Changer le monde nouveau mode d emploi ditions de l Atelier septembre 2006 256 pages Cet ouvrage paru au Br sil en 2005 a galement t publi en espagnol et en italien 97 gt Altermondialistes en mots et en photos Les ouvrages sur les alter sont nombreux Il est vrai que la galaxie la n buleuse des altermondialistes est complexe et que ce mot recouvre de multiples r alit s Cet ouvrage se distingue des autres en ce qu il allie le texte l image ou plut t l image au texte Altermondialistes est avant tout un album photos la fois de la famille alter et aussi des grands v nements qui depuis une dizaine d ann es balisent son chemin De Seattle Porto Alegre en passant par G nes Evian ou plus r cemment Ath nes l ouvrage nous plonge au c ur des grands moments qui fa onnent l actualit de la mondialisation modifient sa route voire m me lui donnent un coup d arr t Le texte qui accompagne les photos n est
133. rimait ainsi ne pas s inscrire uniquement contre mais se voulait capable de pr senter des alternatives Et c est quelque chose auquel MDM on a t attach s On a effectivement particip aux rencontres mondiales Porto Alegre et ailleurs et on a trouv l des th mes d expression qui nous taient chers et qu on a partag s avec des acteurs de toutes origines professionnelles et g ographiques Donc pour moi il n y a pas de fracture entre les humanitaires et le mouvement alter Nous sommes aujourd hui toujours actifs dans des r seaux qui concernent la sant et notamment une question qui nous est ch re savoir la privatisation des syst mes de sant en lien avec une multitude d acteurs en particulier au Sud Il est par contre clair que pour nous ce n est pas un mode de fonctionnement habituel puisqu on est plut t des acteurs de terrain Et c est 13 partir de ce que nous voyons sur le terrain que nous pouvons t moigner et faire ce que l on appelle maintenant du plaidoyer Mais en tout cas dans ces rencontres nos visions r ciproques s enrichissent mutuellement puisqu on trouve des gens venant de diff rents pays et prouvant des difficult s propres leur culture et leur sociologie En tout cas pour nous M decins du Monde on ne se sent pas en dehors de ce mouvement Estelle Kramer Je suis tout fait d accord avec ce que vient de dire Michel Brugi re Ce n est pas tonnant ACF t
134. rs employ s soudanais d une ONG accus s d empoisonner l eau alors qu ils la chloraient Les frustrations sont fortes parmi les d plac s contre les repr sentants de la communaut internationale et ceux faisant la promotion des accords de paix sign s d but mai De la m me fa on l adoption de la r solution des NU pour le d ploiement d une force arm e des NU au Darfour a cr des attentes chez les d plac s qui ne comprennent pas les atermoiements de la communaut internationale La frustration est croissante contre ceux qui ne tiennent pas leurs promesses Les quipes humanitaires tr s limit es dans leurs d placements ont peu de visibilit sur ce qui se passe autour d elles Par exemple on sait que les viols sont sous comptabilis s Les agents de sant sont sous la pression constante de la police forc s ne pas rapporter les cas de viols identifi s au risque de repr sailles individuelles Les pressions polici res et sociales sont telles que les patientes sont peu nombreuses se faire identifier Dans les zones o des combats se d veloppent au Nord du Darfour et au Sud de Nyala difficile de dire ce qui se passe Tout le monde est tr s prudent faute d acc s pour valuer et 86 Actu alites d crire la situation des populations Reste le sentiment que la dramatisation m diatis e de la situation humanitaire relay e par certains m dias ONG et responsables tatiques est excessive
135. rtir de la recherche d alternatives celles qui correspondent l acc s aux droits fondamentaux pour tous et l galit en droit La base du mouvement change Il n y a pas les militants de la solidarit internationale qui s adressent l opinion publique il y a tous ceux qui dans les mouvements et la convergence des mouvements sont convaincus de l importance de la solidarit internationale et la pratiquent Cette volution est visible travers le CRID et son adaptation en tant que collectif au contexte mondial notamment depuis l mergence des Forums sociaux Sur 54 membres du CRID 29 y sont entr s depuis moins de 4 ans ce ne sont plus seulement des associations de d veloppement travaillant quasi exclusivement sur la solidarit internationale au Sud On constate ainsi un largissement de l espace de la solidarit internationale ax sur la transformation sociale et la construction des alternatives et non plus seulement ax sur une solidarit Nord Sud Actuellement merge une discussion autour de l orientation et des valeurs que repr sente la solidarit internationale Qu il s agisse de citoyennet d ducation populaire ou de 674 partenariats la solidarit internationale est une des dimensions de la solidarit tout court Le mouvement altermondialiste esquisse une nouvelle approche mondiale qui inclut la contradiction Nord Sud sans s y limiter La solidarit est plus forte parce que la situation est co
136. s description des activit s et ressources implantation mise en uvre d crit le suivi et l valuation du programme une derni re partie traite de l exit strat gie p rennisation ou retrait Enfin des annexes importantes plus de cent pages et tr s int ressantes proposent une initiation diff rents sujets essentiels pour une bonne mise en uvre des programmes la sant communautaire le recueil et le traitement des informations les apports de l anthropologie m dicale dans l analyse du contexte la question du partenariat etc L objectif affich de cet ouvrage est d am liorer la qualit des programmes de M decins du Monde en proposant les connaissances et les principes l mentaires leur conduite afin de nous doter d un lexique commun Cette ambition est la fois l mentaire fondamentale et pourtant rarement r alis e Confucius tait le conseiller d un puissant Seigneur qui vint un jour le trouver Le Seigneur voisin m annonce qu il va me d clarer la guerre Dis moi que dois je faire Confucius r pondit Seigneur faites crire un dictionnaire Il faut saluer et recommander vivement cet ouvrage pour ses nombreuses qualit s il est bien crit bien pr sent rigoureux et agr able lire la p dagogie est claire progressive jamais fastidieuse s appuie sur une longue exp rience et aussi sur trois exemples fictifs servant illustrer la m thode et r
137. s a riens sans intervention terrestre comme ceux qui ont frapp le Kosovo alors que l arm e de S Milosevic en chassait les habitants musulmans C est ce que sugg rent d sormais des d mocrates am ricains dans la presse outre manche Le mandat des forces de l Union Africaine a t r cemment prolong jusqu en d cembre prochain Le gouvernement du Soudan a rapidement laiss entendre que ce mandat ne 88 Actu alites serait pas prolong et qu il pr parait l envoi de 20 000 hommes pour pacifier le Darfour sans l aide de la communaut internationale Khartoum n a pas h sit menacer les Etats africains et arabes qui participeraient au renforcement des forces de l Union Africaine actuellement compos e de 7 000 hommes Les humanitaires pris au pi ge Rien d tonnant dans ce contexte ce que les humanitaires soient d crits tant t comme des crois s agents colonisateurs aux ordres des Etats Unis et de tous ceux qui militent pour une intervention arm e tant t comme des agents au service du r gime de Khartoum s ils ne prennent pas position pour une intervention arm e internationale et contre le g nocide Difficile de se d marquer de communiquer sans tre aspir dans un sens ou l autre Le gouvernement soudanais en joue et en abuse poursuit sa politique sans faillir et accro t la pression sur les ONG d s qu elles protestent quand elles le font bien s r Tous les pr textes pour le faire l
138. s et les valeurs du sans fronti risme de type french doctors Dans les premi res ann es de ce mouvement les ONG humanitaires fran aises se m fient h sitent manifestement passer le pas d une collaboration avec les Alters et lorsqu elles le font c est manifestement en ordre dispers Pass ce flottement et cette m fiance on assiste au tournant des ann es 2000 un ph nom ne singulier pour ces ONG humanitaires qui avaient t trois d cennies durant la pointe de combats de soci t il fallait absolument tre de ce mouvement alter qui incarnait la soci t civile internationale sous peine d imaginer une disqualification de la part de l opinion de leurs militants ou pire de leurs donateurs MSF ouvrait la voie avec sa campagne consacr e aux m dicaments certains aspects avaient t n goci s Seattle en pleine ferveur altermondialiste tout en se d fendant il est vrai qu elle rel ve d une r flexion aussi globale Plus largement et dans la droite ligne de la conf rence d Alma Ata qui quelques ann es plus t t avait fait de l acc s la sant pour tous et de l radication de la 10 pauvret les objectifs des ann es 2000 les ONG humanitaires semblaient peu peu admettre sans se l avouer que l altermondialisme rejoignait leurs pr occupations et qu il tait possible de s entendre tant sur les objectifs que sur les moyens Pr s d une d cennie plus tard alors que Politis titrai
139. s o ceux qui restent au niveau le plus bas des pyramides sociale conomique et politique Pour ceux qui th orisent l id ologie dominante la comp tition est m me le moteur de la r ussite de chacun et du syst me Elle est mise en valeur jusque dans les activit s de d tente et de loisir Chacun doit tre meilleur que l autre conqu rir plus d espaces En politique comme dans l humanitaire dans les pays d velopp s comme dans les autres chacun cherche augmenter toujours plus son propre pouvoir L est l un des probl mes puisque l on observe cette logique l int rieur m me du camp de ceux qui s opposent au syst me Dans leur lutte permanente ils vont jusqu se tromper d ennemis s affaiblissant les uns les autres Et ce n est pas mieux dans le champ politique o ceux qui portent les projets et les espoirs de changement social ne cessent de donner le spectacle de leur division pour la plus grande joie de la minorit qui domine le monde et souhaite qu il reste tel qu il est Dans ces conditions comment instaurer entre humanitaires entre humanitaires et politiques et entre politiques l id ologie de la coop ration dans les actions qui visent changer les conditions de vie des tres humains Oui comment faire 58 entre les ONG qui vont aupr s de ceux qui souffrent et celles qui cherchent cr er des conditions de d veloppement comment faire entre les mouvements voulant assurer le respect des droi
140. s ressorts de l action des tats Et il s agit l d un l ment qui contribue complexifier s rieusement les relations des ONG humanitaires avec les acteurs militaires Et si Jean Louis Machuron a pu revenir sur le th me de l humanitaire d tat c est principalement pour se demander s il existait justement un humanitaire d tat et de s interroger alors au point de savoir Qui s occupe de l humanitaire d tat Qui coordonne le mouvement Tous ces l ments ont t abord s dans des registres diff rents et sous des angles diff rents au cours des trois tables rondes qui ont compos cette journ e de colloque l ments de synth se des travaux La premi re table ronde portait sur Interventions militaires actions humanitaires et processus de retour la paix dans les zones de conflit Le cas du Kosovo pr sid e par le g n ral 2S Thomann ancien commandant de la Force d action terrestre et adjoint au g n ral commandant la KFOR de juin 1999 janvier 2000 a r uni Sonia Jedidi pr sidente de l ONG ACTED le g n ral Yves de Kermabon commandant de la KFOR de septembre 2004 septembre 2005 Jean Louis Machuron fondateur de Pharmaciens sans fronti res et Yann Braem doctorant l Institut fran ais de g opolitique Universit Paris 8 Dans son introduction pr liminaire le g n ral Thomann s est attach baliser les grandes lignes de la th matique en rappelant la complexit des s
141. saire que l action humanitaire Opposer ces deux s ries d actions est donc un faux d bat 57 Le v ritable enjeu consiste d une part lever le niveau de conscience quant au besoin de solidarit qu il s exprime dans des actions humanitaires ou dans des actions altermondialistes et d autre part de combiner ces deux s ries d action pour que les r sultats des unes et des autres ne s annulent pas r ciproquement mais se renforcent mutuellement En d autres termes comment faire pour que des actions envisageant le d veloppement ou le changement des structures conomiques et politiques puissent s appuyer sur des actions humanitaires et que ces derni res renforcent l action politique de lib ration des opprim s Il s agit de faire en sorte que ceux qui participent l un des deux types d action soient capables d appuyer et m me de participer l autre ou que l angoisse devant les probl mes visibles n efface pas le besoin de s attaquer leurs causes L union fait la force comme le veut la sagesse populaire M me si elle constitue une condition de r ussite des luttes pour rendre le monde plus juste cette union davantage que l unit qui peut se satisfaire de l organisation et de la discipline est difficile construire L id ologie du syst me conomique qui domine aujourd hui le monde est fondamentalement comp titive Son contraire la coop ration n est vue que comme un r ve port par les vaincu
142. sant quasi inexistants p nurie de personnels soignants et faiblesse des ressources allou es la sant ou quand ils existent trop chers et excluant les plus pauvres Le 54 respect du droit la sant tel qu il est nonc dans le Pacte International relatif aux Droits Economiques Sociaux et Culturels est donc galement devenu l un de nos objectifs et c est sur ce socle que s appuient nos revendications concernant l acc s aux soins de tous C est galement le combat port par le People s Health Movement PHM Ce r seau informel cr l initiative de m decins indiens et sud africains constitue une soci t civile mondiale de soignants principalement du Sud aux revendications communes C est peut tre un mouvement altermondialiste c est en tout cas un mouvement de professionnels de sant individus et organisations qui d une part mettent en uvre et d veloppent des programmes de soins comme MDM et d autre part t moignent et se mobilisent par des actions de plaidoyer en faveur d un acc s aux soins pour tous comme MDM Est il par cons quent si trange dans ce contexte d interd pendance o les probl mes de sant sont globalis s de voir merger une dynamique qui rapproche les acteurs et met en commun leurs moyens d action et d interpellation MDM se reconna t davantage d affinit s avec le PHM qu avec certaines organisations dites humanitaires mais qui se trouvent tre des agents
143. se en temps de guerre il raconte une une et de ce seul point de vue les conflits qui ont marqu notre poque depuis 1940 jusqu l Irak en passant par le Vietnam l Alg rie le Golfe et bien d autres Et cette r trospective passionnante d bouche sur un constat r confortant L information menace moins les int r ts long terme des d mocraties que la d sinformation gouvernementale Jean Baisn e gt Jean Paul Marthoz Et maintenant le monde en bref Les m dias et le nouveau d sordre mondial pr face de Bernard Kapp GRIP et Editions Complexe 2006 109 gt Renvoyer les id es re ues L Afrique re oit plus d argent qu elle n en rembourse Ce sont les Africains les plus pauvres qui migrent vers l Europe Le tribalisme explique tous les conflits L Afrique n est pas pr te pour la d mocratie La solidarit africaine rel ve de la g n rosit Les Africains sont tous polygames L agriculture africaine est archa que et fig e Les cultures de rente concurrencent les cultures vivri res Les Africaines font trop d enfants et sont soumises L conomie informelle est la voie pour un d veloppement l africaine Qui n a pas entendu ou lu ce floril ge d id es re ues sur l Afrique subsaharienne Si elles cherchent expliquer le naufrage du sous continent elles traduisent aussi souvent peurs arrogance ou m pris et d sesp rance Tout ceci d bouche sur des visions de l Afrique criminelle ou vic
144. sode humanitaire roumain mais sans doute faudrait il en parler au pluriel On peut en effet d gager deux p riodes distinctes de l intervention des acteurs de l humanitaire en Roumanie postcommuniste Tout d abord une premi re intervention s organise d s l effondrement du r gime de Nicolae Ceausescu le 25 d cembre 1989 Ce premier pisode pr sente des caract ristiques remarquables Rappelons tout d abord qu en 1989 la Roumanie fut le seul pays de l ancien Pacte de Varsovie conna tre un changement de r gime aussi violent et m diatis Cette violence fut exprim e en direct la t l vision un peu partout dans le monde l occasion des f tes de fin d ann e Retour sur 1989 Cette brutalit contrastant avec la r volution de velours tch coslovaque notamment et cette m diatisation en plein c ur de No l eurent le m rite d attirer la compassion La r ponse humanitaire fut rapide et massive En quelques semaines des milliers de tonnes de v tements de nourriture de m dicaments de jouets furent achemin s cr ant de v ritables embouteillages et une g ne dans la distribution sur place Cette aide massive et rapide s explique par plusieurs facteurs Outre l poque particuli re de No l il existe galement un sfumato autour des v nements de d cembre 89 et plus particuli rement sur le d compte du nombre de victimes lors de la r pression de la manifestation de Timisoara du 22 d cembre et du so
145. spute 2005 48 On parle de choses diff rentes gt Entretien avec Pierre Salignon directeur g n ral de M decins Sans Fronti res France Revue Humanitaire Posons la question franchement quel est le probl me de M decins Sans Fronti res avec le mouvement altermondialiste Pierre Salignon Je ne suis pas s r qu il y ait un probl me Simplement on parle de choses diff rentes Nous sommes une organisation humanitaire m dicale internationale avec 19 sections travers le monde et pr s de 70 nationalit s dans notre personnel Il a pu y avoir des confusions notamment avec le lancement de la Campagne d acc s aux m dicaments essentiels o certains ont cru que l on prenait des positions contre l conomie de march et ses logiques Or c tait un raccourci rapide et d cal Cette campagne visait et vise toujours s assurer que l on ait les m dicaments disponibles pour traiter les patients dont on a la responsabilit Par effet bien souvent certaines avanc es en termes d acc s des m dicaments ou certaines mol cules un certain prix accessible peuvent b n ficier au plus grand nombre Mais nous restons sur quelque chose de tr s pratique qui part d une r alit op rationnelle Nous ne sommes pas dans une posture vis vis du capitalisme de la mondialisation et de son absence de r gulation En tant que citoyen le discours des altermondialistes peut m int resser mais dans ma pratique professionnel
146. ssit s en tant qu associations de fa on construire une professionnalisation qui ne soit pas une r duction des associations des quasi entreprises et viter la bureaucratie des administrations Le secteur associatif de solidarit internationale est aussi confront au probl me de la concentration et la multinatio nalisation des ONG Les grandes associations repr sentent un quilibre possible par rapport aux grandes entreprises et aux Etats cette volution n est pas sans dangers Les associations humanitaires ne sont pas seulement les plus importantes par la taille elles sont aussi les plus sensibles ces volutions Le mod le d efficacit emprunte aux entreprises mais aussi au militaire les logisticiens trouvent leur mod le dans les unit s sp cialis es des arm es Et les arm es se r organisent avec des unit s humanitaires En 2004 lors d un d bat organis par l hebdomadaire La Vie sur l action humanitaire deux interventions avaient tenu une place importante Le repr sentant de CARE avait expliqu que les m thodes devaient tre adapt es pour avoir acc s en situation tr s concurrentielle aux parts du march des capitaux destin es l humanitaire Et un colonel du G nie expliquait que la coordination entre ONG et corps exp ditionnaire laissait beaucoup d sirer que les ONG occidentales devraient tre pr sentes sur les a roports avant le d barquement pour le faciliter et qu elles devraient p
147. t mondial mais ce qui est int ressant c est de savoir comment construire des politiques pour mettre en place cette nouvelle d marche puis s appuyer sur celle ci Donc pour r pondre Henri Rouill d Orfeuil nous ne sommes pas seulement dans l invocation 19 La question des alliances est galement essentielle car nous ne vivons pas dans un monde sans contradictions ni conflits ni probl mes ethniques religieux ou sociaux Si tout le monde avait le m me int r t il n y aurait aucun probl me Nous savons bien qu un certain moment il faut faire des choix en situation par rapport des projets contradictoires et des alliances Par exemple le n o lib ralisme s est construit par la critique du social lib ralisme du keyn sianisme du fordisme etc Mais aujourd hui dans l altermondialisme des gens pensent qu il faudrait reconstruire le Kkeyn sianisme tabler sur la redistribution et que tout rentrerait dans l ordre C est un vrai probl me qui correspond des vrais d bats de soci t ouverts et permis dans l espace altermondialiste Quand Stiglitz rompt avec le FMI se fait remercier par la Banque mondiale et vient Porto Alegre il sait bien qu il y a un espace ouvert de discussion Michel Brugi re Je vais r pondre par rapport ce qu a dit Henri Rouill d Orfeuil Les humanitaires ne se cantonnent pas au caritatif et il y a quand m me derri re leur action une conception du monde des relations entre les hommes en
148. t de solidarit et 39 d veloppent des positions offensives par rapport aux pouvoirs publics Les plate formes et les campagnes sont des formes aujourd hui particuli rement int ressantes de l mergence de nouvelles pratiques de formes de luttes de propositions et de n gociations Les associations humanitaires sont parties prenantes actives de ces plate formes comme on a pu le voir avec la participation de M decins du Monde Action Contre la Faim et Handicap International la campagne 2005 plus d excuses contre la pauvret Le rapport l opinion publique ne se restreint pas l influence sur les institutions et les acteurs conomiques et au lobbying L objet principal du mouvement de solidarit internationale est d tre reconnu comme un acteur du changement et de n gocier en situation d assurer le renforcement des associations des mouvements et des soci t s Les associations humanitaires s engagent par rapport aux pouvoirs publics Ainsi Handicap International a pu faire changer la r glementation internationale sur les armes avec l interdiction des mines anti personnel Un exemple particuli rement int ressant est celui de la campagne de M decins du Monde d sireux de ne pas limiter son action aux zones de d tresse du tiers monde et qui avait ouvert une puis plusieurs antennes m dicales en France pour amener l Assistance Publique soigner tout le monde L chec de cette action qui se voulait symboli
149. t du passage au politique a souvent des r ponses tr s faibles et pas toujours innovantes Intervention dans la salle Auriez vous d autres exemples concrets o les humanitaires peuvent g ner les alters mais galement o les alters d rangent les humanitaires Henri Rouill d Orfeuil Je pense qu il n y a pas de d rangement d autant que personne n est vraiment au pouvoir Le jour o je ne sais quelle tendance de l altermondialisme sera au pouvoir il y aura peut tre du d rangement pour certains mais actuellement on est tous Porto Alegre a se passe tr s bien La question de d part c est plut t de savoir si ces deux familles sont fusionnelles ou si ce sont deux plan tes qui font toutes les deux des choses int ressantes mais ne se rencontrent pas beaucoup sinon Porto Alegre Michel Brugi re faut tre franc on n a jamais crois d altermondialiste au fond d une brousse africaine ou d une jungle de Birmanie mais c est vrai que les rencontres dans les grandes capitales sont plut t sympas en dehors des violences dans les premi res manifs 22 Denis Maillard Reste quand m me la question pos e par Gus d une faille au sein du mouvement humanitaire Il est vrai par exemple que M decins sans Fronti res affirme mordicus ne rien avoir faire avec l altermondialisme Chico Whitaker S il y a vraiment un probl me r soudre l int rieur de l altermondialisme c est la diff rence entre ceux qui cherchent
150. t l il s agissait de r pondre une situation d urgence dans laquelle l humanitaire prenait toute sa place L id e de Geldof tait d utiliser ce concert pour l humanitaire cette initiative refl tant parfaitement le d veloppement que connut cette poque l l action humanitaire et lui donnerait la place qu il a encore aujourd hui Vingt ans plus tard en juillet 2005 l occasion du sommet du G8 Glenneagjle le m me Geldof fait encore un grand concert et dit cette fois que ce n est plus pour intervenir en urgence mais pour annuler une partie de la dette des pays les plus pauvres et passer comme il le dit lui m me de la charit la justice 12 Ce glissement est assez symptomatique du cheminement que l humanitaire d un c t et de l autre le mouvement altermondialiste ont eu en vingt ans Il explique au moins la mani re dont dans l opinion les choses ont t per ues On est pass s de l urgence humanitaire l altermondialisme mais qui va au del de la notion de durabilit pour interroger les causes des crises qu elles soient humanitaires au sens strict sociales voire soci tales Et nous nous sommes pos la question de savoir si les humanitaires avaient vocation rejoindre ce mouvement altermondialiste ou si au contraire il existait des caract ristiques propres chaque mouvement source d ventuelles oppositions Est ce que finalement les humanitaires ne sont pas contre les alters et vice versa
151. t notable qu aucune des personnes que j ai rencontr es ne semble adh rer au discours d non ant le g nocide en cours depuis 2004 au Darfour notamment parmi les responsables des NU Oui des ex cutions massives ont t commises depuis 2004 et des violences se poursuivent aujourd hui Mais la rh torique du g nocide rel verait plus de ce que certains observateurs avis s appellent ironiquement la diplomatie du m gaphone La diplomatie du m gaphone L important n est pas le r sultat mais ce que les opinions publiques en comprennent C est en substance ce que l on entend dans les cercles diplomatiques et onusiens Khartoum avec un sentiment de frustration voire d incompr hension sur ce que font et d clarent les 87 principaux Etats membres du Conseil de s curit des Nations unies et un discours de rejet de la politique trang re am ricaine vis vis du Soudan qui ne r pondra it qu des objectifs de politique int rieure Comment est il possible d adopter si facilement une r solution appelant au d ploiement d une force arm e internationale de l ONU alors que tout le monde sait que c est irr aliste et improbable M me questionnement teint d ironie sur l accord de paix d Abuja sign sous pression des Etats Unis d but mai L accord a t arrach en derni re minute avec un suppos repr sentant des mouvements rebelles C est dans les faits un blanc seing bien opportun d
152. t pas une priorit Si une abondante litt rature dans le champ des relations internationales s est d j empar e de cette question il n est pas vain cependant de la relancer nouveau et de tenter d en saisir toutes les dimensions Assiste t on d s lors une confusion des r les entre acteurs humanitaires et acteurs militaires L autonomie ch rement acquise et d fendue par les ONG est elle menac e L efficacit de l aide m dicale et sanitaire lors de crises politiques o de catastrophes naturelles entra nant une situation d urgence humanitaire la responsabilit de prot ger et de soigner en somme passe t elle par une coop ration et un partenariat accrus entre diff rents acteurs Et dans cette hypoth se avec quelles cons quences pour l ind pendance des ONG La s curit des acteurs humanitaires est elle ce prix Le pragmatisme doit il gouverner les conduites des acteurs humanitaires en situation de crise c est dire consentir des collaborations par souci d efficacit Les dispositifs institutionnels civilo militaires sont ils au contraire pour l avenir le gage d actions humanitaires plus efficaces L humanitaire est il d voy quand il sert de l gitimation ou de justification la guerre ou des actions militaires r pondant en premier lieu des consid rations politico strat giques la Realpolitik humanitaire La r f rence au motif humanitaire marque t elle le retour du concept
153. t pas de la m me fa on de m me qu il ne se d ploie pas de mani re 69 identique en situation d urgence dans la phase de reconstruction ou bien dans la p riode de pr vention des crises La volont affich e par l ensemble des intervenants de r fl chir toutes ces questions de mani re constructive n a pas conduit pour autant esquiver les d saccords Bien au contraire c est dans le cadre de d bats francs que les diff rences d approches ont t abord es Si l on consid re les d bats dans leur globalit on peut rep rer quelques tendances de fond Parmi ces tendances on pourra noter le rappel constant qui a t fait la complexit des situations d intervention li e la multitude des acteurs pr sents dans ces moments de crises Non seulement des acteurs ext rieurs la zone de crise tats organisations internationales ONG humanitaires etc mais aussi une multitude d acteurs locaux o se m lent selon les situations population autorit s locales milices organisations criminelles ou mafieuses etc Une deuxi me tendance qui ressort des d bats et des diff rentes interventions est la difficult voire l impossibilit donner une d finition claire de l humanitaire Lors de la premi re table ronde Jean Louis Machuron fondateur de Pharmaciens sans fronti res se demandait au sujet de l action humanitaire qui fait quoi quand de son c t Sonia Jedidi pr sidente de l orga
154. t son dito du 6 janvier 2005 Raz de mar e en Asie tous altermondialistes y voit on plus clair sur les relations entre les mouvements humanitaire et altermondialiste La revue Humanitaire souhaite faire le point sur leurs divergences ou leurs points de ralliement leurs objectifs et leurs cultures propres mais aussi tirer le bilan de leurs relations dans ce dossier intitul de fa on volontairement provocatrice et interrogative Humanitaires contre Alters es Humanitaires contre Alters gt Table ronde organis e le 16 octobre 2006 Anim e par Denis Maillard membre du Comit de r daction de la revue Humanitaire jal nd chico white rum social M uf Henr Pr sident q Roui gr e Coorg Orfeuil ofondate nation sug Michel Brugi re directeur g n ral Gustave Masia de M decins du Monde ai CRID Centre de pr sident Au iioa Douni E he et d Information p stelle Kra Recherc D veloppement secr taire a n rale d Action contre la Fa im Denis Maillard J ai envie de commencer cette nouvelle table ronde sur les relations entre les humanitaires et les altermondialistes en revenant ce jour de juillet o eut lieu l initiative de Bob Geldof un immense concert pour l thiopie Il s agissait l poque de venir en aide la population thiopienne et d alerter la population mondiale sur cette situation de famine en qui touchait ce pays de la Corne de l Afrique ce momen
155. t toute la FF Actu alites pertinence des questions soulev es ce jour l questions auxquelles les travaux de la journ e ont tent d apporter un clairage singulier Les auteurs Patrick Aeberhard est professeur associ l Universit Paris 8 Le G n ral 2S Thomann est ancien commandant de la Force d action terrestre Robert Chaouad est attach temporaire d enseignement et de recherche l Universit Paris 8 78 Actu alites Reconstruction post conflit des syst mes de sant le cas de la RDC gt Par Didier Cannet decins du Monde a organis un colloque portant sur la reconstruction post conflit des syst mes de sant la Biblioth que Nationale de France le 6 octobre 2006 La R publique D mocratique du Congo tait pris pour exemple mais les recommandations pourraient tre transposables d autres pays Les diff rents acteurs de cette reconstruction y participaient gouvernement et institutions publiques institutions internationales et ba lleurs secteur priv ONG internationales mais galement soci t civile et organisations non gouvernementales congolaises dont MDM avait financ le d placement Humanitaires nous portons assistance aux populations dans les contextes de guerres comme en Afghanistan au Lib ria en Angola au sud Soudan et en RDC La paix venue se posent alors les questions autour de la reconstruction quelle forme doit elle prendre A quel doma
156. taque vraiment au moteur conomique central Ce moteur tait justement d nonc par les antimondialistes mais les altermondialistres doivent dire comment on peut cr er autrement de la richesse avant de dire comment la redistribuer Et l cela devient plus compliqu quelle est la nouvelle conomie qui va permettre six milliards et demi d tres humains d acc der tous les droits L est la vraie question parce que s il s agit seulement de c l brer des droits alors on est tous d accord et tout le monde est altermondialiste Denis Maillard R pondre aux questions que pose Henri c est entrer dans le champ politique est ce que le droit ne masque pas un peu la diff rence entre les humanitaires et les alters et est ce que la possibilit d un autre monde interroge vraiment les humanitaires ou prennent ils le monde tel qu il est avec une vision anthropologique de l homme somme toute n gative quand les alters eux expriment une forme d optimisme Gustave Massiah videmment le probl me de tous les mouvements de solidarit c est toujours la question de l chelle Mais il n y a pas de solution miracle Les seuls qui osent le dire ce sont ceux qui ont construit le n o lib ralisme Nous on ne peut pas r pondre cette vidence qu ils prof rent sans une certaine d marche Et c est la question des droits qui le permet Si on fait l analyse que la politique actuelle s est construite autour du march mondial des capit
157. tenue par l auteur Ce livre provoque provoquera d range d rangera suscite suscitera adh sion ou rejet Mais c est justement ce qui fait son int r t majeur Il faut donc fortement inciter les lecteurs de la Revue se le procurer leur tour le lire sans tarder et ainsi participer ce grand d bat qui ne saurait laisser indiff rent la communaut des ONG et tout citoyen int ress Philippe Ryfman Professeur et chercheur associ Universit Paris Panth on Sorbonne gt Henri Rouill d Orfeuil La diplomatie non gouvernementale Les ONG peuvent elles changer le monde Les ditions de l Atelier Collection Enjeux Plan te 2006 204 pages A noter que ce livre est publi dans le cadre du programme Le livre quitable soutenu par l Alliance des diteurs ind pendants Voir Humanitaire n 9 p 137 104 gt La microfinance tat des lieux Aujourd hui plus de 92 millions de personnes dans le monde b n ficient de services de microfinance Pour ces familles et ces tr s petites entreprises exclues des banques classiques pouvoir pargner o emprunter c est avoir les moyens de d velopper des activit s autonomes et d chapper la pauvret Depuis plus de trente ans de nombreuses organisations ont t cr es pour offrir ces services Ces institutions de microfinance ont prouv qu elles pouvaient la fois tre rentables et avoir un impact r el sur le niveau de pauvret de leurs
158. time exploit e ou suicidaire selon le type de responsabilit s que l on veut tablir devant le tribunal de l Histoire En utilisant les savoirs acquis et en identifiant la part de v rit et d erreur que les id es re ues peuvent receler cet ouvrage sans complaisance mais avec lucidit donne voir une Afrique complexe et plurielle qui ne peut se r duire des repr sentations sch matiques Ce travail collectif environ trente co auteurs Ndlr labor partir de r flexions souvent entendues dans le public chez les experts ou hommes politiques clich s simplifications remarques de sens commun etc tente de faire la part du vrai et du faux du simplifi et du d form d apporter des r ponses claires et succinctes sur les probl mes qu affrontent l Afrique et l Europe dans nos rapports avec elle dette migrations croissance d mographique statut de l levage conflits religieux gen se du sentiment ethnique conomie informelle ou devenir des jeunes enclavement contr le social Le traitement de ces cinquante id es re ues met la port e d un public associatif travaillant avec ce continent d tudiants et d enseignants des disciplines de sciences humaines sociales et plus g n ralement d un public cultiv l tat d une question Pour poursuivre l information une bibliographie et des r f rences sur Internet ont t propos es Chaque id e a t prise en charge par une personne sp cialis e qui
159. tions sur le terrain Cela peut para tre trop d limit trop ferm mais cela renvoie la d finition de notre champ de responsabilit on ne peut pas tout faire et ce que nous faisons est d j une t che immense notre pratique m dicale les secours en situation de conflit la r ponse des pid mies de grande envergure ou notre r flexion sur les standards de l aide qui ne nous paraissent 50 pas de bonne qualit etc Nous sommes sur ces champs parce que cela a un effet imm diat sur les populations qu on assiste Si de temps en temps dans le cadre de cette tension avec le politique il y a des conjonctions d int r t que ce soit avec des gens de la mouvance alter ou d autres et bien on verra C est comme lorsqu on passe un accord avec Sanofi pour le d veloppement d un nouveau m dicament pour lutter contre le paludisme en lien avec la DNDi Drugs for Neglected Diseases initiative lanc e sous l gide de MSF avec des partenaires br siliens indiens africains et du Sud Est asiatique ainsi que l institut Pasteur RH Est ce que cette tension entre action et r flexion ne finit pas par vous poser un probl me en interne PS Elle est constamment en d bat dans l association et c est normal C est comme la tension entre urgence et d veloppement qui est permanente Au Niger en intervenant lors d un pic de malnutrition s v re on nous a accus de casser les logiques de d veloppement au nom desquelles des enfa
160. tis il a une nature differente c est un espace ouvert dont les responsables ne sont pas propri taires et qui est mis disposition des gens et des organisations dispos s l ouvrir et assurer que chacun peut rencontrer librement les autres sans hi rarchies dans l horizontalit des rapports Pourquoi se rencontrer et de cette fa on D abord pour que tous ceux qui luttent pour un monde diff rent dans leur propre diversit puissent se reconna tre mutuellement Il est impressionnant de constater combien les uns ne savent pas ce que les autres font alors qu ils ont parfois les m mes objectifs et que cette m connaissance s accompagne en g n ral de m fiance et de prejug s Un premier objectif de la cr ation des espaces ouverts des Forums est donc le d passement de cette fragmentation Chacun peut y aller pour dire ce qu il fait entendre ce que les autres font et puis pour dialoguer d battre chercher 59 apprendre les uns des autres trouver des convergences b tir d ventuelles actions communes tout en tant assur s par les organisateurs de ces espaces qu aucune personne ou organisation ne tentera d acheminer les gens vers une initiative pour combattre un ventuel enemi commun C est pour cela que les Forums n ont pas de document final qui serait adopt par tous On peut se mettre d accord pour une initiative d termin e mais personne n est oblig de signer ni m me de discuter de telles propositio
161. tre eux c est une dimension minemment politique que l on retrouve c est vrai dans l altermondialisme Estelle Kramer videmment que les humanitaires souhaitent sinon changer du moins faire voluer le monde m me pour les humanitaires type M decins sans Fronti res M decins du Monde ou Action contre la Faim qui sont tr s urgentistes et je dirais puristes dans leur approche Mais c est vrai qu on se place peut tre d abord sur le plan de la solidarit et qu avec le temps on a volu vers les droits fondamentaux m me si les alters ont une palette de droits beaucoup plus large que la n tre Chico Whitaker Quand on cherche r soudre les probl mes imm diats urgents on finit par ne plus voir les causes mais quand on travaille sur les causes c est vrai on ne voit pas l autre et on ne s int resse pas assez aux gens qui sont l proches Et combiner les deux choses je crois que c est a le d fi I faut trouver des moyens pour que les gens qui sont dans l urgence les humanitaires puissent d une fa on ou d une autre travailler sur les causes des situations Le Forum social mondial offre la possibilit aux humanitaires et aux alters de se retrouver Nous sommes dans une p riode o il faut inventer Estelle Kramer Je voudrais quand m me rappeler qu on s int resse nous humanitaires aux causes puisqu on m ne depuis une dizaine d ann es des actions de plaidoyer Elles ne sont pas toujours tr s visibles
162. ts et ceux qui font de l action ducative long terme le chemin vers une conscience de citoyennet ou m me comment faire entre partis politiques luttant pour la mise en place d autres syst mes politiques et conomiques et des gouvernements engag s dans la construction de soci t s plus justes Il est certain que si tous arrivent s unir aucune force ne pourra abattre ceux qui sont d cid s changer le monde ils sont tous bien plus nombreux que les privil gi s C est bien vers ce r sultat que le processus engag par les Forums sociaux mondiaux tend Quelle pr tention Certainement mais pourquoi ne pas essayer Cette d marche peut repr senter une lumi re au bout du tunnel pour ceux qui veulent changer le monde au moment o l on assiste un affrontement meurtrier entre le gouvernement du pays le plus puissant du monde et les groupes terroristes Mais en quoi consiste pr cis ment ce processus enclench la premiere ann e du nouveau si cle pour qu il devienne celui de l humanisation effective du monde Tout d abord il faut bien distinguer les Forums sociaux de l altermondialisme en tant que mouvement social des organisations politiques ou des ONG Il s agit d un nouvel instrument d action politique qui englobe toute action en lien avec l organisation des rapports entre les tres humains Cet instrument n est pas une institution o une organisation comme les mouvements sociaux les syndicats les ONG les par
163. u Sri Lanka Entre temps nous apprenions l assassinat Moscou d Anna Politkovskaya journaliste russe dont le travail courageux et acharn avait t d une aide incommensurable pour tous ceux qui tentent de sortir le conflit tch tch ne des mors de l oubli Alors oui nous avons feint le temps d un num ro d opposer dos dos ceux qui de mani re diff rente parfois concurrente tentent de replacer l humain au centre de nos soci t s Mais ne nous trompons pas de cible les vrais ennemis de l humanitaire et derri re celui ci de l Homme ce sont ceux qui ont abattu froidement Anna Politkovskaya et les employ s sri lankais d Action contre la Faim Retour sur L pisode humanitaire roumain gt Par Gautier Pirotte ans la chronologie des hauts faits de l action humanitaire l pisode roumain tient bien peu de place coinc entre l intervention li e au tremblement de terre en Arm nie de d cembre 1988 et le soutien aux populations kurdes du Nord de l Irak dans la foul e de la premi re guerre du Golfe en avril 1991 Pourtant cet pisode n est pas d nu d int r ts pour qui s int resse l volution du secteur de l aide humanitaire On voudrait ici replacer cet pisode dans les m moires et tenter de le resituer dans l historiographie de l action humanitaire en soulignant quelques unes de ses caract ristiques les plus importantes L urgence post r volutionnaire On traite ici de l pi
164. ude de ph nom nes similaires o tout le moins d tre des points d ancrage partir desquels requestionner d autres ph nom nes du m me ordre Le troisi me temps du colloque rompant quelque peu avec la m thode utilis e pr c demment a davantage mis l accent sur une approche philosophique et conceptuelle en interrogeant la mani re dont se repose pour aujourd hui la question de la justification de la notamment lorsque les interventions militaires en appellent la morale et au motif humanitaire pour se l gitimer Ces propos ont t aliment s par la r f rence constante des exemples v cus ou des situations internationales dont l actualit ne manque pas guerre d Irak Tch tch nie Darfour Proche Orient etc Rompant avec un certain simplisme de l analyse visant opposer syst matiquement les acteurs militaires aux acteurs humanitaires ou bien inversement tablir une relation de pure d pendance les travaux de la journ e ont surtout insist sur la n cessit de tenir compte des contextes chaque fois singulier dans lesquels ces relations trouvent se concr tiser En effet de la guerre du Kosovo la crise humanitaire li e au Tsunami du 26 d cembre 2004 mais aussi dans les nombreuses situations de crise qui ont t voqu es au cours de la journ e pour tayer les discussions on a pu relever que le jeu des relations entre acteurs humanitaires et acteurs militaires ne se d ployai
165. ui sont donn s par les Nations unies et les dirigeants des Etats occidentaux Veut il pour autant se d barrasser des ONG en tant que telles Cela ne semble pas le cas m me s il en a expuls certaines depuis le d but de l ann e si les ONG sont per ues comme des ennemis ou des espions et les contraintes s accroissent sur elles et certains ressortissants notamment am ricains D autre part il ne cache pas qu il souhaite faire porter le poids financier de la crise des d plac s et de leur retour demain chez eux sur les ONG et les donateurs internationaux Reste un discours anti trangers port s par le r gime qui fait peur beaucoup laisse le champ libre aux plus extr mistes et pourrait produire des r actions anti occidentales dont les humanitaires seront les premi res cibles La s curit des acteurs de secours en question C est l inqui tant constat qu il faut dresser La s curit se d grade et la liste des incidents des derniers mois contre les ONG leur personnel ou les convois commerciaux affr t s par les acteurs humanitaires est longue 89 Les risques sont tr s importants pour toutes les quipes humanitaires alors que les combats s intensifient lls sont n anmoins diff rents d une zone l autre qu ils soient plus li s aux op rations militaires en cours dans le Nord du Darfour par exemple aux actes de banditisme qui se g n ralisent sur les axes routiers un peu partout la m
166. ul vement populaire dans les jours suivants Bucarest Les nouvelles autorit s du Front du Salut National ont donn dans un premier temps des chiffres pour le moins fantaisistes 4 360 morts pour les v nements initiaux Timisoara plus de 5 000 Bucarest durant les jours de la R volution et m me pr s de 60 000 victimes sur tout le pays En r alit les victimes seront bien moins nombreuses en juin 1990 le d compte tait de 1 033 morts et 2 198 bless s au point que tr s rapidement les m decins et chirurgiens d p ch s en toute h te sur les lieux furent r duits au ch mage technique Ces chiffres alarmistes furent d abord pris au s rieux parce qu ils venaient en apparence objectiver une vision mis rabiliste de ce pays commun ment admise depuis la seconde moiti des ann es 1980 Un pays l image mis rabiliste En effet alors que depuis quelques ann es soufflait sur l Est de l Europe le vent de la glasnost transparence et de la perestroika restructuration le r gime de Nicolae Ceausescu apparaissait de plus en plus comme le dernier bastion du stalinisme dans cette partie du monde A l Ouest la presse ne cessait de souligner les situations de p nuries auxquelles taient confront s quotidiennement les Roumains au nom d un plan d aust rit li la politique de r duction de la dette ext rieure z ro Les d nonciations des entorses aux droits de l Homme se multipliaient et le caract re ubu
167. ulaient maintenir le conflit Elle a prouv que l humain avec toutes ses faiblesses et avec toute sa grandeur peut r sister la machine infernale au rouleau compresseur du pouvoir arm d cid en finir avec l ennemi auto proclam en l occurrence les Tch tch nes dans leur ensemble Elle a sans rel che d nonc les crimes commis par l arm e russe en Tch tch nie contre des civils au nom de la lutte antiterroriste mais aussi par les combattants tch tch nes puis par les hommes de Kadyrov l homme fort de Tch tch nie depuis plusieurs mois maintenant Premier ministre autocrate et h ritier de son p re 63 Actu alites Akhmad Kadyrov pr sident tch tch ne pro russe assassin en mai 2004 Grozny devenu un mythe fabriqu de toutes pi ces Que nous reste t il devant ce crime Evitons de pleurer sur notre sort pensons plut t aux proches la famille et aux coll gues d Anna Politkovskaya Et t chons d apporter tout notre soutien ceux qui comme elle se battent pour que la v rit soit dite sorte clate Pour que les meurtriers leurs commanditaires et tous ceux qui avaient int r t ce que cette femme se taise pour toujours ne dorment pas sur leurs deux oreilles Pour dire ceux qui ne se disent pas concern s combien il nous semble vital de se battre pour la justice Et contre la barbarie Pour que ce meurtre la mort de cette grande femme ne reste pas impuni faisons en sorte de ne jamais l
168. ultiplication des acteurs militaires faisant suite l accord de paix sign Abuja le 5 mai dernier et les dissensions entre les rebelles qu il a provoqu es ou des attaques plus cibl es contre les voitures et les personnels humanitaires par des nomades miliciens arm s le plus souvent affili s au gouvernement de Khartoum comme c est le cas dans l Ouest Darfour De l avis de nombreux contacts certains incidents s rieux dans cette r gion dont celui qui a concern MSF semblent d sormais li s ce que l on peut appeler une politique de terreur contre les trangers visant les cantonner dans les principales villes et sites d installation des d plac s et r duire leur espace d intervention voir leur nombre sur le terrain La nature des actes semble voluer avec le risque d sormais reconnu par tous de violences physiques graves contre les expatri e s et non plus seulement contre le personnel national Le message se veut clair Si on tombe sur vous vous serez tu s o humili s Vous n avez rien faire ici Les trangers et ceux qui travaillent avec eux doivent partir M me si ce sont des m decins Malgr les efforts d ploy s par certains ONG pour aller la rencontre des nomades rien n a pr venu l attaque dont MSF a t l objet dans la r gion de Niertiti ce stade des investigations nous n avons pas l impression que MSF ait t cibl en tant que tel ou pour telle ou telle promess
169. utionnel autour du FMI de la Banque mondiale du Club de Paris et du Club de Londres Le plus important reste la primaut du march des capitaux la r gulation des investissements et l organisation du commerce mondial II s agit d organiser le cadre contraignant pour les Etats qui lib rerait les march s internationaux et les op rateurs privil gi s du d veloppement les entreprises internationales La mondialisation se traduit par l ajustement de chaque soci t au march mondial par la mont e des in galit s entre le Nord et le Sud et dans chaque pays par la pr carisation dans les soci t s du Nord et l explosion de la pauvret dans les pays du Sud La prise en compte des diff rences de situation des in galit s des discriminations des formes de domination et d oppression n est pas pour nous une question secondaire une cons quence qu il faudrait corriger Elle fait partie de la raison de la transformation sociale et la caract rise elle fait donc partie de ce que nous voulons comprendre de notre fa on de voir et d analyser les soci t s et le syst me international Pourquoi et comment le mod le n o lib ral s est impos Nous n entrerons pas ici dans la discussion Le mod le n o lib ral est en fait un mod le de reconqu te Il d montre que la bataille intellectuelle est une des formes de la lutte sociale Il a tir les le ons des checs et des faiblesses des mod les 33 pr c dents pou
170. uvements de population des distributions de nourriture suspendues mais qui ne r pondaient aucune situation de crise des combats ponctuels et sporadiques La s curit des quipes de secours est un r el enjeu pour poursuivre les op rations Ce n est pas nouveau mais cela devient plus aigu Si les humanitaires ne circulent plus par la route ils ne sont pas n anmoins l abri d irruption de violences dans les camps de d plac s ni de possibles attaques sur leur 91 Actu alites 4 Les personnels des ONG utilisent les h licopt res du Programme Alimentaire Mondial pour se d placer dans le Darfour Certaines comme MSF envisagent d affr ter leurs propres a ronefs Mais utiliser un avion ou un h licopt re n est pas sans risques sur un tel th tre de combats compound comme cela s est d j produit dans le courant de l t Si les quipes se sentent en s curit actuellement sur les sites o elles sont concentr es faute de mouvement possible il convient d tre extr mement attentif l volution de la situation Perspectives Comment tre optimiste dans de telles conditions La crise est grave et reste sans solutions simples qui puissent tre administr es par la communaut internationale Les quipes humanitaires font un travail utile et important et notre responsabilit est de continuer Mais les risques et les difficult s sont nombreux et nous aurons adapter nos op rations
171. uvent elles changer le monde Les ditions de l Atelier Collection Enjeux Plan te 2006 gt S bastien Boy J r my Hajdenberg Christine Poursat Le guide de la microfinance Microcr dit et pargne pour le d veloppement ditions d organisation Eyrolles 2006 gt Chantal Mannoni Fr d ric Jacquet Carlos Wandscheer Pierre Pluye Manuel de planification des programmes de sant M decins du Monde ditions ENSP 2006 gt Jean Paul Marthoz Et maintenant le monde en bref Les m dias et le nouveau d sordre mondial pr face de Bernard Kapp GRIP et Editions Complexe 2006 gt Georges Courade dir L Afrique des id es re ues ditions Belin Coll Mappemonde 2006 96 gt Mode d emploi pour changer le monde Dans son dernier livre Chico Whitaker cofondateur du Forum social mondial Porto Alegre et ancien secr taire ex cutif de la commission Justice et Paix de l piscopat br silien livre son diagnostic sur l essoufflement de l altermondialisme et ses projets pour changer le monde D apr s lui le FSM n est pas un nouveau mouvement et encore moins un mouvement de mouvements I se veut une m thodologie pour changer le monde commencer par soi m me Le FSM repr sente une nouvelle mani re de mettre en uvre les actions r formatrices de mani re horizontale et en r seau La charte des Principes du FSM est le document de base de cette m thodologie de
172. ux victimes du conflit et leur s curit et les blocages auxquels cela peut conduire dans l acheminement des secours Dramatisation de la situation sanitaire au Darfour Malgr les d clarations r p t es et toujours plus alarmantes de d l gu s en vue des Nations unies sur la situation humanitaire au Darfour les observations en provenance du terrain sont plus rassurantes Les indicateurs de mortalit dans les camps de personnes d plac es sont loin d tre inqui tants La malnutrition ne flambe pas ce jour L pid mie de chol ra dans certaines r gions est rest e limit e m me si plusieurs centaines de cas ont t pris en charge notamment dans les localit s de Mornay et de Niertiti Certes des zones sont inaccessibles en raison de la reprise des combats mais tant au CICR qu aux Nations unies on exprime un certain malaise sur les d clarations alarmantes faisant tat de 350 000 personnes priv es d aide alimentaire et de centaines de morts chaque jour Sans nier les risques de d gradation en raison de l ins curit si les ONG devaient r duire leurs activit s la situation n a rien voir avec celle de 2003 2004 et les pics de mortalit qui ont caract ris cette p riode Elle est plut t sous contr le II n y a pas de crise sanitaire au Darfour aujourd hui selon un repr sentant d OCHA Et dans les r gions o se d roulent des combats la situation est incertaine faute de t moins
173. v de mots assez forts pour d crire la situation et l ampleur du d fi que repr sente la reconstruction Ce pays t travers par la plus grande crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale quatre millions de Congolais sont morts au cours de ces huit derni res ann es des cons quences directes du conflit et de massacres mais pour 85 d entre eux de maladies banales telles le paludisme ou la diarrh e associ s la malnutrition selon les enqu tes d nternational Rescue Committee Et pourtant cette catastrophe fait partie de ces crises oubli es trop peu relay es dans les m dias La r duction de l acc s aux soins comme dans de nombreux autres pays africains est bien ant rieure la guerre M decins du monde a port assistance aux r fugi s chass s du Shaba en 1993 au Kasa D j cette poque nous constations que la population avait de grandes difficult s se soigner les structures publiques sanitaires taient effondr es suite la crise conomique et aux pillages Les guerres de 1996 et 1998 n ont fait que renforcer cette situation travers tout le pays depuis 2002 dans les zones de sant que nous soutenons dans le Katanga ou le Kasa nous constatons que les gens n osent plus se rendre dans certains dispensaires pour des raisons d ins curit 80 Le syst me de sant s est croul au fil des ann es de mauvaise gouvernance et des conflits arm s marqu s par le d sengageme
174. vant l homme tomb et dit que des gens l attendent pour la messe qu il doit y aller il part aussi Et arrive un troisi me homme un Samaritain qui l poque appartenait au peuple pauvre m pris le moins important de la soci t s arr te et se dit qu il ne peut pas le laisser Alors il le prend dans ses bras le met sur sa mule et le ram ne une maison d h te o il demande qu on le soigne et qu on lui donne m me un peu d argent Et dans la parabole habituellement racont e par J sus celui ci demande alors Qui a vu le prochain On peut retirer beaucoup de choses de cette parabole D abord on peut en retirer qu il ne faut pas partir quand on voit des situations de d tresse qu il Chico Whitaker Changer le monde nouveau mode d emploi ditions de l Atelier septembre 2006 Lire p 97 de ce num ro IZ Table faut s arr ter Mais si on fait a au Br sil par exemple on passe son temps le faire car on rencontre en permanence des gens pauvres souffrants bless s Le second enseignement de cette parabole c est que si on s attaque chaque cas on ne s arr te plus sp cialement quand les situations sont difficiles comme dans le tiers monde C est l o dans notre travail avec les communaut s de base on a dit aux gens qu il fallait s attaquer aux causes pourquoi les gens sont ils l que s est il pass pour qu ils soient abandonn s comme cela que l ouvrier soit attaqu que les hommes s
175. vert J tais r cemment une r union du conseil international du Forum et on a pris un bon nombre de d cisions m thodologiques qui donneront un souffle tr s important au prochain Forum de Nairobi J ai d ailleurs crit un livre pour raconter toutes ces d marches dans lequel je parle aussi les tensions qui existent sur les visions que nous avons de pratiquer la politique autrement c est dire sans repr sentants sans chefs dans l horizontalit Au Br sil vous savez qu il y a des urgences permanentes qui touchent la vie des gens Et nous avons l bas une institution laquelle j appartiens tr s engag e politiquement l glise catholique br silienne Et l un de ses efforts depuis le coup d tat en 1964 c est de montrer aux gens que la religion et la politique ne sont pas s par es alors que des gens disaient le contraire L glise catholique a m me longtemps t une force d appui aux luttes politiques Alors on stimulait le travail d ducation populaire par les communaut s de base et on utilisait souvent la parabole du bon Samaritain qui sert merveilleusement ce que je veux vous expliquer C est l histoire d un homme qui est sur le bord de la route parce qu il a t attaqu par des bandits il est bless mourant Passe un homme qu on pourrait dire du gouvernement et qui voit cet homme terre I regarde dit qu il ne peut pas s en occuper parce que des gens l attendent et s en va Ensuite un pr tre passe de
176. vivante et active dans toutes les r gions Elle se restructure au travers de nombreuses associations qui auront besoin d tre soutenues et appuy es financi rement La mise en place d un Etat l gitime n est pas une fin en soi mais une tape pr alable toute reconstruction Ce gouvernement doit ensuite exercer une bonne gouvernance qui garantira le fonctionnement d institutions publiques performantes capables de jouer leur r le dans la r solution des probl mes du pays Dans le rapport sur la r forme de l ONU mars 2005 Koffi Annan pr cise Il n y a pas de d veloppement sans s curit de s curit sans d veloppement et il ne peut y avoir ni s curit ni d veloppement si les droits de l Homme ne sont pas respect s Ainsi la paix la s curit et la justice sont des pr alables A cela s ajoutent l ducation et la sant qui constituent des 81 Actu alites d terminants essentiels de la reconstruction y compris sur le plan conomique Au Mali en Ouganda ou en Tanzanie l l vation du niveau de sant et d ducation de la population a un effet d entra nement sur les autres secteurs Les Congolais victimes de privation et de violence depuis de nombreuses ann es veulent sortir de la guerre et de la crise Comme en t moigne ce colloque ils sont pr ts relever le d fi de la reconstruction de leur pays Les lections de fin Texte crit la octobre 2006 vont elles leur redonner l espoir
177. yst mes d acteurs qui interviennent des moments diff rents de la crise Qu il s agisse des organisations internationales comme l Organisation des Nations unies ONU de l Organisation de s curit et de coop ration en Europe OSCE du Fonds mon taire international FMI ou de la Banque mondiale des organisations civiles gouvernementales ou non gouvernementales des organisations religieuses des forces de l ONU de l OTAN de l Union europ enne ou de l Union africaine ou encore de la pr sence de soci t s militaris es de service comme on en voit l uvre aujourd hui en Irak Mais sont galement pr sentes les autorit s locales les 71 forces de police les milices et enfin la population De m me entre autres l ments le g n ral Thomann est revenu sur la complexit des mandats qui sont donn s officiellement aux acteurs institutionnels de la gestion de crise I explique le caract re souvent extr mement vague de ces mandats par la n cessit de concilier et de rallier de tels projets une multitude d acteurs aux cultures diff rentes et aux int r ts souvent divergents Le g n ral de Kermabon qui a pris la parole ensuite a propos une r flexion en trois temps ll s est attach cadrer imm diatement son intervention en prenant la peine de rappeler les v nements li s la crise du Kosovo et donc en repla ant le contexte dans lequel voluaient les diff rents acteurs d crit pr c demment par l

Revue Humanitaire N15 - Hiver 2006

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