L`objet et le cycle des habitudes et des changements d
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1. est alors le d but de la phase de doute qui est suivie par une phase de Crise elle m me suivie par une phase de recherche de solution puis par une phase d apprentissage de cette solution qui peut devenir une nou velle habitude Selon le principe pr c demment adopt nous allons pr senter ces phases et les principales tensions qui motivent la progression de phase en phase la proposition initiale de Peirce qui se limite au doute et la recherche nous avons ajout la phase de Crise qui est une forme de blocage et la phase d Ap prentissage qui accompagne l adoption ou le rejet d une nouvelle habitude De m me nous avons distingu deux types de recherche l exploration et l invention 153 OBJETS amp COMMUNICATION MEI 30 31 En voici le dispositif DOUTE inhibition de l action CRISE saut cr atif RECHERCHE solution APPRENTISSAGE adoption ou rejet NOUVELLE HABITUDE ou DOUTE etc Le doute Doubt it is not a habit but the privation of a habit CP 5 417 Chaque variation impr cision ambigu t provoqu e par l action d clenche notre per plexit et stimule le besoin plus ou moins pressant d en d coudre avec l irritation que provoquent l ind cision et le doute sur nos croyances habitudes ceci jusqu leur apaisement dans la r solution du probl me et la production d une nouvelle croyance habitude Cet apaisement lui m me n est qu une sorte de pause dans le mo2. d autonome Lors de la premi re tape le sujet d couvre ce qu il doit apprendre il t tonne et commet de nombreuses erreurs Puis il passe l tape associative phase transitoire au cours de laquelle il commence contr ler la t che effectuer sans pour autant l avoir automatis e Enfin pendant la troisi me tape les gestes sont automatiques et atteignent un niveau d efficacit maximale Gr ce des tudes de tomographie par mission de positron pendant l ex cution de t ches d apprentissage des chercheurs fran ais ont d montr qu chacune de ces trois tapes correspondait l implication d aires c r brales sp ci fiques Contrasted with a reference motor task the cognitive phase activated the prefrontal cortex cerebellum and parietal regions all of which became less active as learning progressed The associative phase was characterized by the activation of the occipital regions right thalamus and caudate nucleus During the autonomous phase new regions were involved including the left thalamus and an anterior part of the cerebellum The involvement of the occipital re gions during the associative and autonomous phase suggests the intervention of mental imagery Lastly the activation of the cerebellum during the autonomous phase is consistent with the fact that performance in this phase is determined by psychomotor abilities Hubert et al 2007 Ce sont donc diff rentes zones du cervea
3. enqu t s agissent sans h siter mais parlent difficilement de leurs actions et de la signification qu ils leur attribuent dans le second cas ils sont h sitants et 148 L OBJET ET LE CYCLE DES HABITUDES ET DES CHANGEMENTS D HABITUDES APPROCHE S MIOTIQUE dans le troisi me cas ils n ont aucun probl me pour verbaliser sur leurs actions qui sont en phase d apprentissage Confront s empiriquement la diversit de ces phases nous avons tent de les mod liser en recourant aux travaux de C S Peirce consacr s aux concepts d ha bitude de doute de recherche et de changement d habitudes qui sont l origine de sa th orie pragmatique de la signification Nous les avons ensuite affin s et organis s en un cycle des habitudes et du changement d habitudes Ce cycle s est av r suffisamment g n ral pour mod liser aussi bien les conduites des utilisa teurs que celle des designers mais plus largement il permet de mod liser les conduites de leurs communaut s interpr tatives En embo tant le cycle individuel dans le cycle de la communaut nous avons obtenu une sorte de double horloge capable de repr senter et de mod liser les synchronies et asynchronies des interactions d une communaut et de ses diff rents membres Nous avons ensuite int gr ce double cycle dans un sch ma g n ral pour mod liser dynamiquement la communication de l objet Voir ce sujet Darras amp Belkhamsa 2009 Le cycl
4. habitudes est applicable aussi bien en conception pro duction qu en r ception usage et consommation Elle l est aussi tant au niveau singulier du designer que de sa communaut de production elle l est aussi du c t de l exp rience individuelle et du contexte culturel des communaut s inter pr tatives et agissantes dans lesquelles l usage se d roule Toute tude d une exp rience consiste donc en un r glage de ces cycles embo t s en fonction des phases activ es Ex cution Action exp rience tests Projet d action Action et exp rience r ussie retour vers croyance ou perturbation resistance choc entr e dans le doute N Adoption ou rejet Inhibition de l action Y Saut cr atif Solution Cycle des habitudes communautaires et cycle des habitudes individuelles d apr s C S Peirce Belkhamsa amp Darras 2009 a Boucle de croyances et d habitudes Boucle de changement d habitudes 158 Boucle de S miose dynamique individuelle et collective Les phases des s mioses dynamiques S quence 01 Croyances Technologiques Culturelle Repr senta tions S quence 02 Habitudes Habitudes d action et usages S quence 03 Programme pragmatique bricolage ex cutif programme x cutif r sonnance motrice S quence 04 Doutes S quence 05 Crises d habitudes S quence 06 Recherche de solution et invention S quence 07 Apprentissage Figure 4 Les tensi
5. motechnique sont des programmes pragmatiques internes le mode d emploi la recette une carte routi re un plan de montage etc sont des programmes pragmatiques externes Par rapport la croyance qui est g n rale le Programme Pragmatique comprend la ma trise d un certain nombre d informations pratiques 151 OBJETS amp COMMUNICATION MEI 30 31 Le Bricolage ex cutif Ce programme pragmatique n est toutefois pas suffisant pour agir concr tement il n est qu une formule pr paratoire l action Pour tre mis en uvre il r clame une phase d interaction d ajustement et d improvisation avec le terrain que nous avons appel la phase de bricolage ex cutif H rit e des th ories de l action et de la cognition situ e cette approche permet d articuler la phase de pr paration du plan d action qu est le programme pragmatique avec le terrain o se d roule l exp rience Ce terrain qui est constitu d objets et d espaces organis s est lui m me consid r comme un lieu d intelligence distribu e et mat rialis e avec le quel le programme pragmatique se combine lors de la mise en uvre Suchman 1987 et 2007 Pour Bernard Conein 1990 101 102 l agent compte plus pour accompagner ses actions sur l quipement pr alable de son espace de travail que sur le livre de recettes ou sur un programme des t ches L organisation du terrain pr domine sur la d lib ration Le programme ex cut
6. L objet et Le cycle des habitudes et des changements d habitudes Approche s miotique Sarah BELKHAMSA Bernard DARRAS partir des travaux de C S Peirce sur les habitudes et Les changements d habitudes cet article pr sente le cycle des diff rentes phases qui se succ dent lors des inte ractions avec un objet Les concepts Peirciens de croyance d habitude de doute de recherche et de changement d habitudes sont organis s en un cycle dont les diff rentes phases sont explor es et affin es Cette mod lisation permet de comprendre les diff rents niveaux d interactions entre les actions individuelles et Les normes o perte de rep res des communaut s interpr tatives n fine cette tude aborde la ques tion de l impact de la classe cr ative sur la d finition des usages et des styles de vie Mors CL s APPRENTISSAGE CHANGEMENT D HABITUDES CLASSE CR ATIVE CRISE CROYANCE DOUTE HABITUDE HABITUDE D ACTION RECHERCHE Based on the work of C S Peirce on habits and habit changes this article presents the cycle of the different phases that follow one another during interactions with an object The Peircean concepts of belief habit doubt research and habit change are usually organized in a cycle whose phases are explored and refined This modelization allows us to understand the different levels of interaction between individual actions and standards or the loss of benchmarks by the interpretative communities Ultima te
7. able o dominent les croyances les habitudes et la tradition au profit d une valorisation positive du doute de l exploration et de la recherche de solution C est leur fa on de g rer le cycle des habitudes et des changements d habitudes mais surtout c est leur attitude constructive face l incertitude ainsi que leur habilet transformer positivement les tensions et le doute en recherche et en solution et non pas en crise ou en rigidit qui en font des individus cr atifs Darras 2009 La cr ativit attirant la cr ativit et les cr atifs attirant les cr atifs une classe cr ative se constitue dans les grands p les urbains Selon Richard Florida 2002 elle dispose du pouvoir essentiel de d finir les styles de vie du pr sent mais aussi ceux du futur et donc d orienter en grande partie l conomie et la production de biens et de services La classe cr ative a acc s aux produits dans leur phase de concept et de prototype et elle est la premi re les exp rimenter quand ils sont nouveaux La d sirabilit sociale fait le reste et la nouveaut des produits d cline mesure que des couches plus nombreuses de la population se les approprient les populations les plus d favoris es y ont finalement acc s et les utilisent quand les produits sont la fin de leur processus de massification voire quand ils sont diffus s sous forme de copies Le dispositif des cycles embo t s que nous avons propos ici perme
8. bitude d action celle ci tant ex cut e et viable dans le monde des actions concurrentes ou convergentes la croyance initiale est alors confort e et toute la boucle est valid e 150 L OBJET ET LE CYCLE DES HABITUDES ET DES CHANGEMENTS D HABITUDES APPROCHE S MIOTIQUE Le passage d une phase une autre n est pas spontan il est provoqu par des tensions internes ou externes que nous avons int gr es dans la boucle suivante CROYANCE projet d action CROYANCE HABITUDE action CROYANCE HABITUDE D ACTION validation CROYANCE etc Boucle de croyances et d habitudes Action et exp rience r ussie retour vers croyance Ex cution Action exp rience tests Viabilit en contexte Projet d action Adoption ou rejet Cycle des habitudes d apr s C S Peirce Belkhamsa amp Darras 2009 Figure 1 La confrontation concr te de ce mod le avec l exp rience nous a conduits en d composer la derni re phase Selon notre approche lorsqu elle est ex cut e la croyance habitude d action conna t au moins trois tapes que nous avons intitul es le programme pragmatique le bricolage ex cutif le programme ex cutif force de r p tition ce dernier peut m me devenir un automatisme Le Programme pragmatique Nous avons appel programme pragmatique ce que Peirce d crit comme une formule pr par e pour servir de guide l action Une table de multiplication un syst me mn
9. ces as are likely to arise but under such as might possibly occur no matter how improbable they may be What the habit is depends on when and how it causes us to act As for the when every stimulus to action is derived from perception as for the how every purpose of action is to produce some sensible result Thus we come down to what is tan gible and conceivably practical as the root of every real distinction of thought no matter how subtile it may be and there is no distinction of meaning so fine as to consist in anything but a possible difference of practice CP 5 400 En conclusion croyance habitude action motif et signification sont la fois mutuellement boucl s et mutuellement co d termin s Globalement cette th o rie pragmatique de la croyance habitude est applicable toutes les situations s miotiques et tout particuli rement aux situations qui engagent des humains et des objets ce titre les objets devraient tre consid r s comme des croyances des habitudes et des habitudes d action excorpor es et mat rialis es qui n attendent qu une action externe pour r v ler et d ployer leur potentiel d action et surtout d interaction Ces pr cisions th oriques initiales tant faites nous pouvons mod liser le proces sus des habitudes que nous avons organis sous la forme d une boucle compos e de diff rentes phases embo t es La croyance engendre une croyance habitude qui peut engendrer une croyance ha
10. e des habitudes et changements d habitudes La dynamique s miotique chez Peirce Qu il soit ordinaire ou savant le grand enjeu de tout dispositif s miotique humain consiste traiter les interactions avec l environnement afin de les int grer dans les actions pr sentes et futures en fonction des actions pass es Cette connaissance est stock e dans les diff rentes m moires internes et individuelles m moires s mantique pisodique et proc durale notamment mais aussi dans les m moires externes les objets et les m dias etc et collectives les normes et lois et le Mind dans toutes ses dimensions Tout processus s miotique contribue donc la stabilisation et la consolidation de ce que nous appelons commun ment les id es les opinions les convictions les certitudes les jugements et que Peirce appelle les Croyances Beliefs et les Habitudes Habits Mais par son action m me et l occasion de sa confrontation avec le monde des autres actions et des autres agences tout processus s miotique est potentiellement destin rencontrer ou provoquer une r sistance La r action cette r sistance peut provoquer un changement d orientation du processus s miotique et de nouvelles habitudes et croyances peuvent en merger Dans un premier temps int ressons nous la conception peircienne du monde de la pens e des croyances des habitudes et des actions Pour le philosophe prag maticien la pens e est direct
11. ement li e l action mais surtout la capitalisation 149 OBJETS amp COMMUNICATION MEI 30 31 et la g n ralisation de l action dans l habitude d action the whole function of thought is to produce habits of action CP 5 400 La croyance qui est une instance de supervision et de g n ralisation de l habitude est essentiellement une pr paration agir une d lib ration et m me une formule et un guide de l action a belief consists mainly in being deliberately prepared to adopt the formula believed in as the guide to action CP 5 27 Pour Peirce l habitude et la croyance sont non seulement mutuellement li es mais elles sont aussi li es l action et au motif de l action qui les conduit s ac tualiser c est ce qu il pr cise Readiness to act in a certain way under given circumstances and when actuated by a given motive is a habit and a deliberate or self controlled habit is precisely a belief CP 5 480 Enfin lorsque cette action finalis e s actualise la croyance l habitude et l habi tude d action sont renforc es et produisent la signification qui est la fois une r sultante de l action et sa destination To develop its meaning we have therefore simply to determine what habits it produces for what a thing means is simply what habits it involves Now the identity of a habit depends on how it might lead us to act not merely under such circumstan
12. en 2002 Le changement d habitudes Maintenant que nous avons tudi la boucle des croyances habitudes tudions sa face compl mentaire le changement d habitudes Ainsi que nous l avons vu pour Peirce la fonction de la pens e est de produire des habitudes d action d o manent les significations Mais l occasion de l action et en raison m me de l action dans le monde la croyance s alt re et c est ainsi qu merge le doute qui d stabilise la boucle des habitudes L apaisement du doute devient alors la princi pale motivation de la pens e Et c est ce processus que nous allons tudier Voir ce sujet Fisette 1996 Parce qu elle est destin e passer par l action la croyance n est qu une absence provisoire de doute qui porte en elle la possibilit des doutes venir Peirce syn th tise ce processus dynamique dans le passage suivant As it appeases the irritation of doubt which is the motive for thinking thought relaxes and comes to rest for a moment when belief is reached But since belief is a rule for action the application of which involves further doubt and further thought at the same time that it is a stopping place it is also a new starting place for thought That is why I have permitted myself to call it thought at rest although thought is essen tially an action CP 5 397 Le changement d habitudes d bute lorsqu une habitude d action est contrari e dans son mouvement C
13. if et l automatisation La phase de bricolage ex cutif est le plus souvent autosuffisante car elle permet de combiner de fa on intelligente c est dire reli e le plan du projet avec les variations du terrain ce titre elle permet de saisir les opportunit s offertes par le hasard et si l agent sait saisir sa chance d acc der la s rendipit ce qui peut m me conduire un saut cr atif et un changement d habitude nous y reviendrons Quand l articulation entre le bricolage ex cutif et le terrain se syst matise elle donne lieu ce que nous avons appel un programme ex cutif qui est une sorte de sc nario complexe fig S il est maintes fois r p t ce programme ex cutif peut m me tre automatis lors d une phase d apprentissage Nous pouvons r sumer cette boucle en l appliquant un cas concret Sur tous les claviers de t l phone et sur tous les pav s num riques la touche 5 dispose d un petit relief que seuls les malvoyants et les aveugles ont int gr dans leur programme pragmatique Bien que certains voyants aient rep r ce relief ils n ont pas transform cette information en connaissance croyance signification Quant ceux qui l ont fait ils ont ventuellement con u un programme prag matique du type si un jour je suis plong dans l obscurit je peux composer un num ro en prenant comme rep re ce 5 en relief Mais s ils ne l activent pas lors d une phase de bric
14. iotique in B Dar ras et S Belkhamsa Dir Objets et communica tion Paris L Harmattan MEI 30 31 Conein B 1990 Cognition situ e et coordina tion de l action La cuisine dans tous ses tats R seaux N 43 CNET p 99 110 Florida R 2002 The Rise of the Creative Class And How Its Transforming Work Leisure and Everyday Life New York Basic Books Francastel P 1956 Art et technique aux XIX et XXe si cles Paris d de Minuit Hubert V et al 2007 The dynamic network subserving the three phases of cognitive pro cedural learning Human brain mapping 28 1415 Peirce C S 1931 1935 Collected papers Cambridge Harvard University Press Peirce C S 1978 Ecrits sur le signe Traduits par G Deledalle Paris Editions du Seuil Suchman L 1987 et 2007 Human Machine Reconfigurations Plans and Situated Actions 2nd Edition Cambridge Cambridge Univerity Press Tiercelin C 2005 Le doute en question Paris Editions de l clat 160
15. les scientifiques 147 OBJETS amp COMMUNICATION MEI 30 31 Introduction Pour les tudiants de ce cours de design la consigne tait simple ils devaient concevoir une bicyclette en articulant deux ou trois th mes de leur choix et en choisissant des destinataires Parmi diff rentes propositions plus ou moins inven tives l une d elles a attir notre attention L tudiante avait consacr son projet aux jeunes et souhaitait les inciter d velopper des activit s physiques et sportives Elle avait concentr une grande partie de son travail sur la selle du v lo Dans une esth tique relevant des accessoires de la customisation elle avait quip cette selle d un porte paquet de cigarettes et d un support pour gobelet de caf Inter rog e par le jury sur la disjonction entre la vocation sportive et hygi nique de la bicyclette et l incitation consommer de la nicotine et des excitants l tudiante a rencontr quelques difficult s saisir la contradiction de sa proposition Pour elle introduire des accessoires faisant jeune dans son projet tait sans doute une r ponse attractive la demande Une telle situation est bien plus fr quente qu il n y para t y compris dans les lieux professionnels de la classe cr ative Faut il rappeler qu un tr s grand nombre de mat riaux sont utilis s de fa on inad quate et dangereuse que de nombreux pro duits ne trouvent pas de public que des emballage
16. ly this study addresses the impact of the creative class on the definition of usages and lifestyles KEYwWoRDs BELIEF CREATIVE CLASS CRISIS DOUBT HABIT HABIT OF ACTION HABIT CHANGE INQUIRY LEARNING 1 Sarah BELKHAMSA est chercheuse au Centre de Recherche Images Cultures et Cognitions EA LETA CRICC de l Universit Paris 1 Panth on Sorbonne et professeur assistante de design l Ecole Sup rieure des Sciences et Techniques du Design l universit de la Manouba Tunisie Ses recherches portent essentiellement sur l approche s miotique et syst mique du design produit ainsi que sur les design studies et les cultural studies En 2010 elle soutient son doctorat en Arts et sciences de l art sp cialit Design l universit Paris 1 Ses publications portent sur le design et la culture mat rielle 2 Bernard DARRAS est professeur de s miotique et de m thodologie de la recherche l Universit Paris 1 Panth on Sorbonne Il est actuellement directeur du Centre de Recherche Images Cultures et Co gnitions EA LETA CRICC du Master Multim dia Interactif du Master Etudes Culturelles et des formations professionnelles aux M tiers des Arts et de la Culture l Universit Paris 1 Ses recherches concernent prioritairement les approches s miotiques pragmatiques constructivistes syst miques et in teractionnistes de la culture visuelle et mat rielle Il a publi et dirig de nombreux livres et revues et de nombreux artic
17. magination simply as when I consider how I ought to act under imaginary circumstances will equally affect my real action should those circumstances be realized Thus when you say that you have faith in reasoning what you mean is that the belief habit formed in the imagination will determine your actions in the real case CP 2 148 L apprentissage et l automatisation Lorsqu un processus ex cutif est r p t un grand nombre de fois il devient un pro gramme ex cutif S il est enregistr dans la m moire proc durale il devient la 155 OBJETS amp COMMUNICATION MEI 30 31 fois automatique et cognitivement inconscient L exemple le plus pratiqu est sans doute celui de la conduite automobile mais c est aussi le cas quand on parvient taper un message sans penser aux touches activer Le fait de conna tre une action par corps dispense de la m diation d une repr sentation Celle ci devient m me g nante quand elle resurgit au milieu d une action automatis e Il faut en quelque sorte apprendre agir sans y penser Ce qui ne veut pas dire que l agent ne pense plus simplement sa pens e n est plus repr sentationnelle mais psycho motrice Les tudes des neurosciences et de psychologie cognitive permettent de v rifier ce ph nom ne Selon Beaunieux 2007 52 L apprentissage d une proc dure se d roule en trois tapes distinctes une tape cognitive une tape as sociative et une tape qualifi e
18. olage ex cutif en situation ils ne construiront pas un programme ex cutif et s ils n activent pas r guli rement ce programme ils ne constitueront pas un automatisme Ce sera une habitude sans habitude d action un programme pragmatique sans bricolage ex cutif sans programme ex cutif et sans automatisme 3 La d lib ration est l tat psychologique de suspension de l ex cution d une action programm e 152 L OBJET ET LE CYCLE DES HABITUDES ET DES CHANGEMENTS D HABITUDES APPROCHE S MIOTIQUE Plus g n ralement on peut agir de trois fa ons principales soit l action est planifi e par un programme pragmatique et d termin e par une intention ou un engagement agir soit l action se d termine lors de l interaction avec des sujets et ou des objets le plan se produit alors dans l interaction m me le chemin se construit en marchant selon la formule de Machado soit le programme pragmatique est en permanence n goci lors de l interaction Par moments il s impose par moments il est abandonn ou chang Dans tous les cas passer l action c est savoir fonctionner selon l un de ces trois modes et c est mettre en uvre un bricolage ou un programme ex cutif adapt Il faut soit disposer de repr sentations d action au moins des rudiments d un programme puis ma triser de nombreux micro programmes qui ne se mani festent que dans l action elle m me Voir sur ce sujet Chauvir et Ogi
19. ons des s mioses dynamiques 1 Perturbation resistance ou chocs 2 Inhibition de l action 3 saut cr atif 4 Solution S Adoption et rejet 6 Projet d action 7 Action exp rience tests 8 Ex cusion Chaque s quence fait appel un proces sus cognitif d interpr tation action et incorporation L OBJET ET LE CYCLE DES HABITUDES ET DES CHANGEMENTS D HABITUDES APPROCHE S MIOTIQUE En g n ral ce sont les habitudes qui dominent la vie quotidienne des humains Dans les environnements de vie con us pour tre stables et pr visibles il n est donc pas difficile de contr ler tr s vite les micros changements et de chasser le doute pour retrouver les bonnes vieilles habitudes Mais sur ce plan tous les individus n ont pas les m mes comportements ni les m mes attentes ainsi les individus cr atifs sont plus attir s par les tensions pro voqu es par le doute que par la stabilit Ils aiment les professions et les activit s plus risqu es o les habitudes sont souvent d stabilis es Ils appr cient de voir leurs certitudes mises en doute ils adorent avoir des probl mes r soudre et relever des d fis qui stimulent leur imagination leur cr ativit et leur esprit d invention Bref ils aiment tre confront s aux changements et ils en sont les principaux acteurs en cons quence ils adoptent vite les nouvelles solutions et les nouveaux produits et services Ils ont contribu bouleverser le mod le de la pens e st
20. s sont impossibles ouvrir que des interfaces sont inintelligibles etc Pourtant tout cela a t pens Dans toutes les branches de la production une grande partie des produits sont de v ritables paradoxes mat rialis s mais aussi des artefacts dont la conception et la r ception ne sont pas convergentes Du c t de la r ception de nombreux objets ne sont pas utilis s parce que leur fonctionnement r clame l laboration de nouvelles habitudes incompatibles avec des routines solidement ancr es Combien de mod les de magn toscopes d or dinateurs ou d appareils lectrom nagers sont les victimes de ces dissonances cognitives et pragmatiques M me si de nombreux objets rencontrent leurs usa gers le passage d une habitude une nouvelle habitude reste un enjeu pour les designers et les ing nieurs mais aussi pour les consommateurs Lors de nos enqu tes et tudes empiriques sur les objets nous avons constat qu il tait particuli rement important de prendre en consid ration ce niveau d habitua tion des utilisateurs Une routine et des situations de changement d habitudes ou d apprentissage ne sont pas comparables aussi ces carts ont non seulement un impact sur les m thodes d enqu te mais aussi sur la s lection des enqu t s Lors de l observation sur l usage d un objet les utilisateurs experts ne peuvent tre m lang s avec les usagers irr guliers et les primo utilisateurs Dans le premier cas les
21. t de mod liser ce genre de situation Mais aussi de nombreuses autres combinaisons telles que les situations de dissonance et de disjonction entre un produit innovant et une soci t en crise par exemple A ce titre nous pensons que cette mod lisation peut aussi bien servir aux concep teurs qu aux analystes des interactions avec les objets Nous avons fait de ces cycles et de leur embo tement une des bases de notre mod lisation de la commu nication des objets Voir Darras et Belkhamsa 2000 159 OBJETS amp COMMUNICATION MEI 30 31 R F RENCES Beaunieux H 2009 Comment se forment nos habitudes La recherche N 432 Belkhamsa S amp Darras B 2007 Culture mat rielle et construction de l identit cultu relle Discours repr sentations et rapports de pouvoir In Bernard Darras Dir Etudes Cultu relles amp Cultural Studies Paris L Harmattan MEI 24 25 201 212 Chauvir C et Ogien A 2002 La r gularit Habitude disposition et savoir faire dans l ex plication de l action Paris Editions de l EHESS Darras B 2009 Habit and habit change Se miotic modelization of change Image and Ima gination Proceedings of the International Forum for Technology Imagination and Future Yonsei University Press P 139 152 Avec la collabora tion de Sarah Belkhamsa Darras B amp Belkhamsa S 2009 Mod lisa tion dynamique de la communication de l objet Approche syst mique et s m
22. u qui g re la pens e en phase d apprentissage et d automatisation Ce basculement vers les r gions post rieures du cerveau le cervelet les ganglions de base et le thalamus expliquerait pourquoi nos automatismes sont si diffi ciles verbaliser l information la plus accessible ne se trouve plus l o nous la cherchons la m moire pisodique elle est stock e dans une zone du cerveau qui ne permet pas cette verbalisation Beaunieux 2009 53 Le sujet en phase d action pense diff remment pour continuer d agir et cette conomie proc durale lui permet de d dier une plus grande part de son activit d autres choses Dans la s miotique de Peirce la suppression des phases de la pens e repr sentationnelle ne constitue pas la fin du processus s miotique Mais qu un incident survienne qu un doute s immisce et tout le bel difice automatique c de la place un trouble et dans le meilleur des cas un retour de la m diation repr sentationnelle 156 L OBJET ET LE CYCLE DES HABITUDES ET DES CHANGEMENTS D HABITUDES APPROCHE S MIOTIQUE La nouvelle habitude Apr s l apprentissage la pens e entre dans une nouvelle zone de tension En effet la solution est candidate devenir une habitude mais pour cela elle va de voir passer un certain nombre de tests dont les plus redoutables sont ceux de la viabilit dans le monde physique et pratique d une part et dans la s miosph re d a
23. ution du probl me soulev Le plus souvent elle alimente une phase plus ou moins longue de trouble de regret de r sistance au changement d aveuglement d h sitation et d chec que nous avons appel e la phase de crise En attendant qu un saut cr atif et adaptatif ne soit fait on tente souvent de faire du neuf avec du vieux voire du vieux avec du neuf comme l a remarquablement montr Pierre Francastel 1956 dans son tude des techniques La sortie de crise r clame donc un saut cr atif car comme le disait Albert Einstein Les probl mes auxquels nous sommes confront s ne peuvent tre r solus au niveau et avec la fa on de penser qui les a engendr s La recherche La recherche de solution peut emprunter diff rentes voies qui vont de l imitation emprunt ou copie de solutions existantes la recherche m thodique et scienti fique de solutions in dites Entre ces deux extr mes l imagination et la cr ativit offrent une grande vari t de dispositifs d enqu te inquiry qui vont du surgis sement intuitif de solutions aux diff rents recyclages de blocs de pens es Que la finalit de cette enqu te soit concr te ou imagin e elle d bouche en g n ral sur une solution y compris celle qui consiste d clarer forfait L mergence d une solution peut se faire dans un temps tr s court ou tr s long et la solution peut tre plus ou moins viable Citons de nouveau Peirce A belief habit formed in the i
24. utre part Si la solution passe avec succ s ces preuves de viabilit et de coh rence cette dissipation du doute pourra devenir une nouvelle habitude Si dans la comp tition entre les habitudes disponibles elle parvient s imposer et tre valid e puis adopt e par la communaut interpr tative du sujet elle devient une habitude partag e consensus et ventuellement un habitus Elle est alors incorpor e indi viduellement et socialement jusqu la prochaine h sitation ind cision et jusqu au prochain doute qui engagera une nouvelle recherche e gt Boucle de croyances Action et exp rience r ussie retour vers croyance Boucle de changement ou F et d habitudes Perturbation d habitudes resistance choc entr e dans le doute Inhibition de l action Ex cution Action exp rience tests Saut cr atif Viabilit en Contexte Projet d action Solution Adoption ou rejet Cycle des habitudes d apr s C S Peirce Belkhamsa amp Darras 2009 Figure 3 Rappelons que dans notre mod lisation g n rale ce cercle repr sente la spirale du changement d habitudes et qu il est con u pour tre en rotation sur son axe pour caract riser la phase en relation avec le syst me des objets 157 OBJETS amp COMMUNICATION MEI 30 31 L articulation de l individuel et du collectif Ainsi que nous l avons signal cette tude des phases et tensions du cycle des habitudes et changement d
25. uvement une pause destin e tre toujours d pass e par la dynamique de l action Dans les cas graves la tension se transforme en sid ration qui d tourne la pens e voire en tat de choc qui bloque le processus de la pens e Au sujet du doute chez Peirce voir Tiercelin 2005 _ Boucle de changement Perturbation d habitudes Resistance choc entr e dans le doute Inhibition de l action Saut cr atif Solution Adoption ou rejet Cycle des habitudes d apr s C S Peirce Belkhamsa amp Darras 2009 Figure 2 154 L OBJET ET LE CYCLE DES HABITUDES ET DES CHANGEMENTS D HABITUDES APPROCHE S MIOTIQUE La crise La n cessit de cette distinction est apparue tr s t t dans nos recherches Tra vaillant partir de deux territoires et de deux ambiances culturelles sensiblement diff rentes la France et la Tunisie nous avons rencontr y compris dans notre exp rience de travail en collaboration des situations et des objets import s et export s dont l identit posait des probl mes Belkhamsa amp Darras 2007 plusieurs occasions nous avons constat que le passage de la phase du doute la phase de crise correspondait l apparition de diverses tensions qui vont de inhibition de l action l apparition de cercles vicieux en passant par toutes les formes du blocage En effet la phase de doute ne d bouche pas spontan ment sur une phase de recherche de solution ni sur la r sol
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