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PDF gratuit - ISBN 8792760634961 - Les Presses de l`Université de

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1. Adler Ken 2005 Mesurer le monde 1792 1799 l incroyable histoire de l invention du m tre Paris ditions Flammarion The Measure of All Things The seven year odyssey and hidden error that transformed the world The Free Press 20021 Desrosi res Alain 2008 Gouverner par les nombres Mines ParisTech coll Les sciences sociales 1993 La politique des grands nombres Paris La D couverte Kuhn T S 1961 The function of measurement in modern physical science dans H E Woolf dir Quantification A History of the Meaning of Measurement in the Natural and Social Sciences New York Bobbs Merrill Co p 31 63 Musil Robert 1956 L homme sans qualit s Paris ditions du Seuil Pire Bernard 2011 Mesure Encyclopedia Universalis Porter Theodore 1986 The Rise of Statistical Thinking 1820 1900 Princeton University Press Qu telet Adolphe 1835 Sur l homme et le d veloppement de ses facult s Paris Fayard Sorokin Pitirim 1959 Tendances et d boires de la sociologie am ricaine Paris Aubier ditions Montaigne coll Sciences de l homme 188 RECHERCHE ET D VELOPPEMENT R D Recherche et d veloppement R D Jorge Niosi Avant 1850 sauf de rares exceptions la recherche tait le fruit des efforts de savants travaillant isol ment comme Antoine Lavoisier en France ou Charles Darwin en Angleterre et des lieux de rencontre o ils se r u nissaient
2. 1997 The Complexity of Cooperation Princeton University Press Commons J R 1934 Institutional Economics New York Macmillan Minsky H P 1986 Stabilizing an Unstable Economy New Haven Yale University Press Nelson R R et S Winter 1982 An Evolutionary Theory of Economic Change Boston Belknap Press Sterman J 2000 Business Dynamics Systems Thinking and Modeling for a Complex World Chicago Irwin Stiglitz J 2011 The failure of macro economics in America China and the World Economy vol 19 n 5 p 17 30 Veblen T 1898 Why economics is not an evolutionary science Quarterly Journal of Economics vol 12 n 3 p 273 297 1915 1899 The Theory of the Leisure Class An Economic Study of Institutions Londres Macmillan Whalen C J 2008 J R Commons and J M Keynes on economic history and policy the 1920s and today Journal of Economic Issues vol XLII n 1 p 25 42 conomie science et technologie Franck Jovanovic et Christophe Schinckus Le traitement de la technologie et de la science par les sciences cono miques est devenu l l ment le plus important des mod les de croissance et de la sp cialisation des pays dans le commerce international Cette probl matique am ne s interroger sur les conditions techniques d obtention d une croissance Dans cette perspective la science et la technologie sont aujourd hui des l ments cl s pou
3. Explanatory Pluralism in the Medical Sciences Theory and Practice Theoritical Medical Bioethics vol 31 p 371 390 Hempel C G 1965 Aspects of Scientific Explanation and Other Essays in the Philosophy of Science New York Free Press 240 TRANSFERT DE TECHNOLOGIE Hempel C G 1994 Fundamentals of Taxonomy dans J Sadler O Wiggins et M Schwartz dir Philosophical Perspectives on Psychiatric Diagnostic Classification Baltimore Johns Hopkins University Press p 315 331 Murphy D 2010 Complex Mental Disorders Representation Stability and Explana tion European Journal of Analytical Philosophy vol 6 n 1 p 28 42 Suppe F 1989 The Semantic View of Theories and Scientific Realism Chicago University of Illinois Press Thagard P 1999 Explaining Disease Correlations Causes and Mechanisms Mind and Machines vol 8 p 61 78 Woodward J 2009 Scientific Explanation dans Edward N Zalta dir The Stanford Encyclopedia of Philosophy Transfert de technologie Hocine Khelfaoui Le transfert de technologie TT est un processus par lequel un capital de connaissances acquis par une partie par exemple une universit est transf r vers une autre partie par exemple une entreprise en vue d tre appliqu et exploit commercialement voir Diffusion de la technologie et Gestion de la technologie Le TT repose sur plusieurs outils tous plus ou moins li s
4. 2002 La science et la guerre 400 ans d histoire partag e La Recherche hors s rie n 7 Roland Alex 1995 Science Technology and War Technology and Culture vol 36 n 2 hors s rie p 83 100 Swettenham John 1969 McNaughton 3 vol Toronto Ryerson Press Van Creveld Martin 1989 Technology and War From 2000 B C to the Present New York Free Press Histoire des sciences Peter Keating Les premi res tudes d histoire des sciences ont t crites par des scientifiques qui d sireux de situer leurs propres r sultats dans une filiation ou inversement de se d marquer des connaissances ant rieures produisirent des r cits sur les origines de leurs pratiques et sur les accomplissements de leurs pr d cesseurs Ainsi d s l Antiquit l auteur anonyme d un trait hippocratique intitul M decine ancienne env 410 av J C retrace les d veloppements progressifs du savoir m dical de mani re discr diter la nouvelle doctrine d Emp docle 490 430 av J C sur les quatre humeurs Cette utilisation de l histoire 119 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S comme critique des contenus de connaissance comme retour vers les origines d une pratique ou comme revendication de rupture et d originalit fera date On la retrouve par exemple dans la Physique d Aristote ou encore toute condens e dans une formule c l bre reprise par Isaac Newton dont les recherches qui b n ficiai
5. 71 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S canaux les innovations sont elles principalement diffus es Un premier programme de recherche concerne le taux d adoption d une innovation Bien que le rythme de diffusion puisse tre plus ou moins rapide ce taux suit une m me forme symbolis e par une courbe en S l adoption est lente dans un premier temps puis s acc l re pour finalement se stabiliser un rythme nettement plus lent Des profils d acteurs parti culiers sont associ s chaque phase de ce processus de diffusion Nous retrouvons d abord les adopteurs pr coces early adopters puis la majorit pr coce et la majorit tardive et enfin les retarda taires Ladoption d une innovation d pend de diff rents param tres en particulier les caract ristiques per ues de l innovation par ceux et celles qui souhaitent l adopter avantages relatifs de cette nouveaut compatibilit avec les technologies existantes complexit d usage du dispositif possibilit de tester l objet technique etc voir Taux d adop tion de l innovation La nature de la diffusion est modul e galement par diff rents facteurs comme les relations sociales entre les agents concern s les normes sociales et culturelles le r le des leaders d opinion dans une communaut donn e le niveau de d veloppement des infrastructures conomiques dans cette communaut le degr de contr le social sur le d veloppement des innovations
6. conomie La technologie est traditionnellement associ e l entreprise et aux diff rents modes de production des biens et maintenant des services L articulation entre technologie et innovation accentue cette asso 230 TECHNOLOGIE ciation avec l conomie un travail que Babbage avait amorc dans son trait sur l conomie des machines et des manufactures en 1834 L innovation se pr sente alors comme l outil incontournable pour retrouver la croissance conomique et la maintenir dans le temps Les politiques scientifiques se muent en politiques technologiques ou de l innovation pour mobiliser ressources et acteurs en faveur du d ve loppement conomique D o l attention port e au d veloppement de la R D et au soutien d industries fond es sur les nouvelles technologies comme les TIC les biotechnologies les nanotechnologies etc voir conomie de l innovation et Politique des sciences et des technologies La derni re dimension moins usuelle associe la technologie une communaut de praticiens partageant des savoirs communs La technologie est consid r e comme une connaissance sur les techniques les m thodes les conceptions de produits les capacit s d intervention sur les objets et partag e par un collectif Breton a ainsi propos dans cette veine d analyser la communaut des informaticiens comme une tribu voir Normes et standards et Connaissance tacite En somme la technologie est loin d tre un
7. des activit s de formation l intention des chercheurs pour expliquer la nature des risques et les co ts associ s un comportement malhonn te On peut aussi faire la promotion d une thique personnelle et professionnelle responsable en mati re de recherche et d int grit scientifique aupr s de tous les acteurs concern s c est dire les universit s les industries et les chercheurs Enfin d autres mesures peuvent tre valoris es par les universit s les journaux scientifiques les politiques publiques pour punir les individus qui commettent des fraudes Selon la nature de la fraude commise et des cons quences qui en d coulent ces p nalit s pourraient prendre diff rentes formes sen tence criminelle renvoi d une institution ou encore simple r primande 113 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Albrecht C et al 2010 The Debilitating Effects of Fraud in Organizations dans R J Burke C L Cooper et E C Tomlinson dir Crime and Corruption in Organizations Why it occurs and what to do about it Gower Pub Co Edwards J Gordon 2004 DDT A Case Study in Scientific Fraud Journal of American Physicians and Surgeons vol 9 n 3 p 83 88 Fanelli Daniele 2009 How Many Scientists Fabricate and Falsify Research Plos mai vol 4 n 5 e5738 Franzen Martina Simone R dder et Peter Weingart 2007 Fraud Causes and Culprits as Perceived by Science and
8. la colla boration entre le monde de la science et le monde de l industrie Cette collaboration tend d ailleurs devenir une priorit des politiques natio nales de d veloppement industriel voir Syst mes d innovation Le TT repose ainsi sur un ensemble d activit s intersectorielles articul es et fond es sur l ad quation recherche industrie la cr ation et l essaimage d entreprises les technop les ou parcs scientifiques les incubateurs etc Il existe diff rents itin raires de TT d un laboratoire de recherche vers une entreprise d une entreprise vers une autre entreprise au sein d un m me pays ou d un pays vers un autre voir Internationalisation de la R D Dans ce dernier cas le TT n implique g n ralement que des entreprises strat giques les r sultats scientifiques ne se c dent ni ne se vendent g n ralement d une universit une entreprise trang re Le TT met en jeu non seulement l apprentissage technique de l objet transf r mais les formes d organisations de relations professionnelles et de cultures locales L aboutissement final des TT d pend largement 241 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S des particularit s de chaque contexte social c est pourquoi le TT se heurte des conditions de r alisation qui varient d un milieu social un autre et surtout d une soci t une autre Historiquement le TT s est r pandu pour la premi re fois pendant les ann es 1960 1970 Il a t
9. la recherche qualitative en g n ral et celle de Yin qui insiste au contraire pour la d marquer des m thodes purement qualitatives et inductives C est surtout la premi re approche que l on retrouve en STS plusieurs traditions de recherche dont celles mentionn es plus haut accordant une place importante l ethnogra phie dans leur d marche d enqu te Cela se traduit notamment par le souci d une description dense du terrain dans le menu d tail et l paisseur de ses diff rentes couches telle que pr n e par l anthropo logue Clifford Geertz Par del leurs divergences ces sp cialistes s accordent voir dans l tude de cas bien plus qu une m thode de collecte de donn es Pour Yin il s agirait plut t d une strat gie de recherche globale recouvrant une logique de conception de la recherche des techniques de collecte de donn es et des approches sp cifiques en regard de l analyse des don n es 2009 p 18 Hammersley et Gomm notent que certains auteurs consid rent m me l tude de cas comme un paradigme de recherche part enti re Quoi qu il en soit l appellation tude de cas recouvre un arc en ciel de variantes selon le niveau de d tail de l tude l ampleur et le nombre de cas aspect comparatif le degr de prise en compte du contexte sociohistorique ainsi que la posture du chercheur dans un continuum qui va de la description explication la prescription valuation et jusqu
10. tous les champs du savoir L ambition du philosophe paraissait alors celle de fonder l difice de la science en 172 PHILOSOPHIE DES SCIENCES lui fournissant des principes et des modes d explication et en circons crivant l objet de ses recherches Consid rons de m me les nombreuses analyses philosophiques qui ont balis l invention et la critique des m thodes empiriques en science en promouvant la logique de l exp rience et la validation des raisonnements exp rimentaux appliqu s aux ph nom nes Un cheminement pist mologique se trace ainsi de Francis Bacon et des experimental philosophers de la Royal Society les Boyle Locke et Newton au 17 si cle jusqu aux promoteurs du d terminisme exp rimental au 19 si cle tel Claude Bernard ou de l empirisme logique au 20 si cle tels les Carnap Reichenbach Hempel et autres successeurs du Cercle de Vienne M me si les perspectives fondationnelles et m thodologiques perdurent dans la recherche philosophique contemporaine le profil principal de la philosophie des sciences s affiche de fa on tant soit peu diff rente dans le panorama actuel Locke avait pr fac son Essay concerning Human Understanding 1690 en avan ant l id e que la science poss de ses propres architectes et que le philosophe doit d sormais se subordonner cette entreprise d dification pour l essentiel sa t che doit consister r fl chir sur les moyens de connaissance dont nous
11. 1986 Doing Things Together Selected Papers Evanston IL Northwestern University Press Clarke A E et S L Star 2008 The Social Worlds Framework A Theory Method Package dans E J Hackett O Amsterdamska M Lynch et J Wajcman dir The 164 OBJET TECHNIQUE Handbook of Science and Technology Studies 3 dition Cambridge MA MIT Press p 113 137 Fujimura J H 1992 Crafting Science Standardized Packages Boundary Objects and Translation dans A Pickering dir Science as Practice and Culture University of Chicago Press p 168 211 Star S L 2010 Ceci n est pas un objet fronti re R flexions sur l origine d un concept Revue d anthropologie des connaissances vol 4 n 1 p 18 35 Publi la m me ann e en anglais dans Science Technology Q Human Values vol 35 n 5 p 601 617 Star S L et J R Griesemer 1989 Institutional Ecology Translations and Boundary Objects Amateurs and Professionals in Berkeley s Museum of Vertebrate Zoology 1907 39 Social Studies of Science vol 19 n 3 p 387 420 Traduction fran aise Star S L et J R Griesemer 2008 cologie institutionnelle traductions et objets fronti res des amateurs et des professionnels au mus e de zoologie vert br e de Berkeley 1907 1939 dans B Lahire et C Rosental dir La cognition au prisme des sciences sociales Paris ditions des Archives Contemporaines p
12. Face l accumulation des connaissances dans des domaines tanches les uns par rapport aux autres et face l acc l ration du rythme d obsolescence des connaissances l actualisation des connaissances de quiconque ne peut s envisager qu en fonction de pr occupations professionnelles d int r ts personnels de contraintes ponctuelles ou de pr occupations du moment La trajectoire individuelle est jug e d terminante L essor d Internet concourt cette tendance la cyber culture voit merger de nouveaux acteurs et marginalise les modalit s traditionnelles de m diation scientifique La diversification des moyens de communication r unit le scientifique et l amateur passionn en pas sant par le m diateur professionnel les uns comme les autres engag s dans la production et la mise en circulation de nouvelles scientifiques voir M dias et technologie Il s ensuit que la fronti re entre les scientifiques et les profanes tend aujourd hui s estomper De plus si la m diation scientifique tradi tionnelle visait le grand public le nouveau r gime de communication tend mettre en contact des groupes d int r ts particuliers Cet aspect est d autant plus important que la recherche d information s effectue partir de moteurs de recherche tr s large spectre et que les m dias se diversifient portails e zines forums pages personnelles groupes de 52 CONNAISSANCE TACITE discussion blogues au rythme o les usag
13. accroissement du capi tal social propre chacun des utilisateurs En m me temps il existe une fonction latente au dispositif les activit s autour de ce type de plateformes engendrent une collecte par les firmes propri taires des plateformes de donn es personnelles sur les utilisateurs Quatre dimensions apparaissent importantes prendre en compte pour conduire toute analyse sociologique des sites de r seaux socionu m riques La premi re de ces dimensions est l architecture technique de la plateforme Le design de l interface contient par les choix techniques qui ont influenc sa construction une s rie de postulats implicites qu il appara t primordial de d busquer Une d cision technique exprime en effet le plus souvent des choix plus ou moins explicites et qui sont de nature thique et politique Le dispositif n est pas neutre Il y a des fonctionnalit s qui sont permises par l interface et d autres qui ne le sont pas Ces possibilit s et contraintes sont telles en raison des choix des concepteurs de l interface Ces choix d entreprise restent invisibles la plupart des utilisateurs Or ils sont importants expliciter afin 198 R SEAU SOCIONUM RIQUE de d velopper une meilleure ma trise du dispositif voir Construction sociale des technologies et D terminisme technologique Une seconde dimension est la structure des interactions sociales qui sy d roulent Di Gangi et Wasco ont dress une liste d indica
14. de risques L exposition au risque et la perception qu en a la collectivit voluent voir Repr sentations sociales Les d bats autour du risque de sa mesure de son acceptabilit et de la responsabilit peuvent mettre en cause la l gitimit de certaines technologies et des entreprises qui les d veloppent Par exemple m me si toutes les sources d nergie comportent des risques un barrage hydro lectrique peut c der ou une centrale thermique peut exploser l nergie nucl aire est celle qui a tou jours fait le plus peur La d finition de crit res d acceptabilit du risque technologique est donc une tape cl dans le processus de gestion du risque dans la mesure o elle motive la n cessit de consid rer de nou velles mesures de r duction du risque et r troactivement influence les fa ons de mener l analyse et l valuation du risque voir Controverse et volution de la r glementation Canadian Standard Association Association Canadienne de Normalisation CSA ACNOR 1991 Exigences et guides pour l analyse de risques CAN CSA Q634 91 Toronto ON Chauveau A et J J Ros 2003 La soci t du risque L entreprise responsable ditions d Organisation chapitre 5 Conseil r gional des accidents industriels majeurs CRAIM 2007 Guide de Gestion des risques d accidents industriels majeurs De Marcellis Warin N I Peignier 2012 La perception des risques au Qu bec Barom tre CIR
15. induire un tiers en erreur au d triment d une r alit ou d un 111 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S fait scientifique La fraude peut prendre la forme de diff rentes actions consid r es comme des actes d inconduite scientifique telles que la fabrication ou l omission de donn es la falsification de r sultats exp ri mentaux ou encore l appropriation des donn es produites par un tiers Au sein de la communaut scientifique la fraude constitue une pr occupation r elle en raison des dommages qu elle peut entra ner dans le domaine des savoirs qui sont au c ur de la science moderne Toute fraude risque de porter atteinte la cr dibilit de la science dans sa globalit et des innovations qui en d coulent voir Controverse et Relativisme Elle a pour effet de g n rer un gaspillage des ressources humaines et conomiques voire sociales puisqu une fois d montr e elle peut rendre invalides des donn es acquises au cours de plusieurs ann es de recherche obliger reprendre des travaux de recherche forcer des r tractations dans la litt rature scientifique voir valuation par les pairs et Science Non seulement la fraude vient elle miner la confiance des chercheurs entre eux mais elle a aussi pour cons quence de cr er aupr s des gouvernements de l industrie et du public en g n ral un scepticisme r el par rapport la communaut scientifique Lorsque des actions frauduleuses sont commises elles peuv
16. l intervention Si l on se r f re Yin une tude de cas est une recherche empi rique qui traite d un ph nom ne contemporain en le rapportant son contexte Cependant Michel Wieviorka estime qu une tude de cas caract re historique peut tre utile au sociologue pour isoler un ph nom ne ou encore pour laborer de nouveaux concepts et outils th oriques voir Sociologie des sciences Et c est son inscription dans un double contexte th orique et historique qui d finirait et constituerait la singularit d un cas Nous retrouvons ces divergences chez les chercheurs en STS Ainsi certains sont de par leur formation des historiens des sciences et des techniques comme Thomas Hughes et ont recours des m thodes historiques En revanche la th orie de l acteur r seau d fendue par Latour et Woolgar pr conise l tude de la science en train de se faire et l tude des objets techniques l tat naissant voire l tat de projet par opposition aux tudes r trospectives Elle privil gie donc les 95 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S m thodes ethnographiques Quant l approche SCOT qui affectionne T tude d artefacts d j stabilis s elle recourt largement l analyse de documents d archives Enfin signalons que l acc s que permet le Web des traces de conversations lectroniques ouvre la voie une ethno graphie asynchrone et tend ainsi brouiller la ligne de d m
17. ments pour l histoire des techniques n 14 http dht revues org 1106 Territoires et sciences St phane Castonguay Les lieux de production de la connaissance la circulation des savoirs et des scientifiques dans l espace ainsi que l activit cartographique constituent autant de dimensions territoriales de la science Sociologues et historiens ont cherch comprendre comment le fait scientifique a trouv une l gitimit et une validit universelles ind pendamment des contextes socio historiques ou politiques de son mergence L institution du laboratoire depuis les r sidences des premiers exp ri mentalistes jusqu aux environnements contr l s situ s dans les univer sit s ou les cliniques hospitali res a constitu un m canisme sp cifique de production des connaissances car dans ces lieux se concentraient le mat riel et les acteurs attestant la validit du fait scientifique Le laboratoire a permis galement de d marquer des sites propices la conduite de l activit scientifique m me si certaines poques les lieux d changes et de d couvertes ont pu inclure des espaces de sociabilit comme les pubs anglais les caf s ou les salons ainsi que des endroits moins mondains mais tout aussi h t roclites de prime abord comme le cabinet de curiosit le jardin zoologique ou le mus e L tude de labo ratoires contemporains a men inscrire ces tablissements dans des r seaux pour examiner les mod
18. proposer des solutions La compagnie b n ficie ainsi de la cr ativit de l intelligence et du savoir faire d un grand nombre d internautes Apr s un certain temps la solution gagnante est choisie r compens e produite et commercialis e La plateforme Innocentive www innocentive com est un exemple bien connu du crowdsourcing Contrairement au crowdsourcing qui fait appel une foule anonyme l innovation ouverte par des communaut s souvent des communaut s d utilisateurs fait appel une communaut connue et balis e voir Amateurs et Usager figures de l usager Il s agit de cr er de la valeur en impliquant les clients pour mieux comprendre leur exp rience et leurs attentes envers un produit ou un service On mise sur des plate formes sur lesquelles des communaut s de clients et d utilisateurs sont amen es cr er d velopper de nouveaux produits et services et en discuter dans le but pr cis de stimuler la cr ativit et d exploiter les sources diverses de connaissances pour innover Non seulement peut on partager les id es ouvertement et sans co t mais celles ci 130 INNOVATION OUVERTE se voient am lior es du fait d tre chang es entre les membres de la communaut Il en r sulte un produit plus robuste titre d exemple l industrie du jeu vid o s appuie fortement sur la mobilisation de ses communaut s d usagers pour son d veloppement Dans ce contexte la fid lisation des utilisate
19. 153 163 166 235 hi rarchie 34 38 43 108 213 215 235 236 homog ne 37 63 153 190 Hooke Robert 120 hypoth se 20 63 67 83 108 134 192 193 203 204 205 217 242 id ologie 64 65 98 173 192 212 246 induction inductif 34 36 95 120 203 204 industrie industriel 14 22 23 24 25 29 30 31 51 55 72 73 77 80 88 89 92 99 100 101 112 113 121 125 131 136 137 139 140 142 155 156 158 178 179 182 184 189 190 191 201 207 209 221 225 229 230 231 232 241 242 245 246 256 informatique 15 30 41 55 127 147 164 187 223 ing nieur ing nierie 28 58 59 91 112 115 116 117 119 135 137 139 140 161 196 208 229 innovation 13 21 23 25 27 30 31 40 48 49 50 69 70 71 72 73 74 75 76 78 79 80 84 89 92 93 100 101 102 109 112 115 116 117 125 127 129 130 131 132 142 150 164 177 178 179 189 200 201 223 224 225 226 227 229 230 231 234 242 243 245 interaction 17 23 46 51 77 101 115 125 142 146 147 156 166 183 184 185 198 199 204 229 240 247 248 interactionniste 39 163 int r t 22 38 39 52 53 60 64 68 76 91 92 93 113 127 151 157 171 182 197 207 219 220 235 236 international 13 27 31 44 48 83 84 90 102 107 116 128 133 136 137 138 155 158 218 225 242 245 Internet 17 27 28 52 64 96 127 130 146 147 166 197
20. 199 223 jeu 16 30 39 63 70 82 131 227 236 Kuhn Thomas 54 61 62 86 87 122 123 152 168 169 170 171 187 188 193 194 206 214 laboratoire 14 75 89 112 113 114 128 130 136 137 139 140 176 178 185 189 190 214 215 223 224 225 232 241 244 langage 60 97 146 168 180 181 235 Latour Bruno 40 61 62 63 95 96 123 140 167 214 215 218 234 236 237 Lavoisier Antoine 189 l gal l galit 30 91 99 141 Leibniz Gottfried 144 172 205 lib ral lib ralisme 90 208 lin aire mod le ou approche lin aire 47 48 71 89 146 178 Linn Carl von 43 161 189 Locke John 173 INDEX logiciel 16 25 26 33 74 131 140 165 223 machine 24 30 67 88 127 147 154 155 166 230 231 248 MacLuhan Marshall 157 Manuel d Oslo 142 143 224 Manuel de Frascati 190 191 224 marxisme 24 53 212 math matique 20 30 117 118 143 144 153 154 169 172 180 193 203 204 216 Maxwell James 169 m decine 17 19 42 119 175 176 181 196 221 244 m dias sociaux 17 198 249 m dicament 99 Merton Robert K 39 42 43 97 159 170 213 m taphysique 43 144 145 169 172 militaire 88 89 90 117 118 119 177 mod le 18 19 22 33 38 39 47 48 50 51 57 60 68 71 73 76 79 80 83 84 89 97 99 136 142 145 146 149 150 151 152 153 154 155 163 164 169 170 175 178 180 181 185 2
21. 233 276 Strauss A L 1978 A Social World Perspective dans N Denzin dir Studies in Symbolic Interaction Greenwhich CT JAI Press p 119 128 Objet technique artefact instrument machine dispositif Guillaume Latzko Toth Le vocable objet technique est couramment employ comme terme g n rique pour d signer indiff remment un outil un instrument une machine un logiciel ou plus g n ralement tout artefact consid r du point de vue de sa technicit voir Technologie Cest justement pour tenter de cerner l essence de la technique que le philosophe Gilbert Simondon a propos une ontologie de l objet technique qui a mis en vidence les difficult s inh rentes toute tentative de d finition Selon les traditions disciplinaires ou les approches th oriques on lui pr f re ou non la notion d artefact technique plus courante en anglais tech nological artifact ou encore celle de dispositif technique S il se fait discret dans le vocabulaire de la sociologie des sciences et des techniques de langue fran aise le concept d artefact se retrouve au c ur de l approche anglo saxonne fonctionnaliste d Herbert Simon sur les sciences de l artificiel Pour Simon un artefact est une entit d origine humaine con ue dans le but de r pondre un besoin Il peut tre abstrait ou concret physique ou symbolique mat riel ou logiciel 165 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S mais dans tou
22. B H 2002 The Financing of Research and Development Oxford Review of Economic Policy vol 18 n 1 p 35 51 Hall B H et J Lerner 2010 The financing of R amp D and innovation document de travail n 2010 012 United Nations University Miller M H et F Modigliani 1961 Dividend Policy Growth and the Valuation of Shares Journal of Business vol 34 p 411 433 Modigliani F et M H Miller 1958 The Cost of Capital Corporation Finance and the Theory of Investment American Economic Review vol 48 p 261 297 Nelson R R 1959 The Simple Economics of Basic Scientific Research Journal of Political Economy vol 49 p 297 306 OCDE 2011 Principaux indicateurs de la science et de la technologie PIST dition 2011 1 Paris Direction de la Science de la technologie et de l industrie Schumpeter J 1942 Capitalism Socialism and Democracy New York Harper and Row Fraudes scientifiques Bryn Williams Jones Ghislaine Mathieu et Elise Smith Selon le Law Dictionnary de 2002 la fraude peut tre d finie comme tout geste ayant pour fins de g n rer un gain au d triment d un tiers par l usage de proc d s trompeurs ou injustes Plus sp cifiquement au sein de la communaut scientifique ce qui diff rencie la fraude de l erreur commise de bonne foi ou des biais en recherche tient au fait que la fraude d pend d une action volontaire et intentionnelle faite en vue d
23. Barthe 2001 Agir dans un monde incertain essai sur la d mocratie technique Paris Seuil Ceccarelli L 2011 Manufactured Scientific Controversy Science Rhetoric and Public Debate Rhetoric Public Affairs vol 14 n 2 p 195 228 Chateauraynaud F et D Torny 1999 Les sombres pr curseurs une sociologie pragmatique de l alerte et du risque Paris ditions de l cole des hautes tudes en science sociale Engelhardt H T et A L Caplan dir 1987 Scientific Controversies Case Studies in the Resolution and Closure of Disputes in Science and Technology Cambridge University Press Lahsen M 2005 Technocracy democracy and U S climate politics the need for demarcations Science Technology and Human Values vol 30 p 137 169 Martin B et E Richards 1995 Knowledge controversy and public decision making dans S Jasanoff G E Markle J C Petersen et T Pinch dir Handbook of Science and Technology Studies Londres Sage Publications p 506 526 Mulkay M 1997 The Embryo Research Debate Science and the Politics of Reproduction Cambridge University Press Nelkin D 1992 Controversy Politics of Technical Decisions 3 d Londres Sage Publi cations Raynaud D 2003 Sociologie des controverses scientifiques Paris PUF 65 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S D terminisme technologique Pierre Doray et Florence Millerand Plusieurs chercheurs s int
24. Cambridge MA MIT Press Approches d entr e sortie L Martin Cloutier De par le monde les gouvernements investissent dans la R D pour soute nir les activit s d innovation dans le but d am liorer la performance co nomique et d tablir un avantage concurrentiel durable voir conomie science et technologie Toutefois l issue des activit s de R D est porteuse d incertitudes car les projets de R D n aboutissent pas n cessairement aux r sultats souhait s l tape de la recherche ou du d veloppement voir Externalit s de la R D Par exemple les retomb es spillovers en anglais de la R D ne se font souvent sentir qu tr s long terme apr s dix quinze ans ou plus tard encore Des milliers d tudes sont men es sur les retomb es de la R D dans une m ta analyse portant uniquement sur la question de l agriculture Alston et ses collaborateurs ont ainsi pu utiliser les r sultats d environ 2 000 tudes sur le sujet La mesure de l impact macro conomique des activit s de R D constitue une probl matique m thodologique de taille Les co ts de la R D sont g n ralement d bours s en amont et les r sultats qui passent par la constitution d un stock de connaissances suffisant pour mener l adoption et la diffusion des innovations peuvent s chelonner sur de longues ann es voire des d cennies La situation typique est que l activit de recherche prend beaucoup de temps avant d influencer la produc
25. L Actualit conomique vol 64 n 3 p 396 415 Mansfield E J Rapoport A Romeo S Wagner et G Beardsley 1977 Social and Private Rates of Return from Industrial Innovations Quarterly Journal of Economics vol 72 mai p 221 240 Mohnen P 1992 The Relationship Between RQD and Productivity Growth in Canada and other Major Industrialized Countries Ottawa minist re de l Approvisionnement et des Services Canada Rosenberg N 1982 Inside the Black Box Cambridge University Press 103 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Facteur d impact Vincent Larivi re Cr dans les ann es 1960 par Eugene Garfield l un des fondateurs de la scientom trie voir Bibliom trie le facteur d impact est un indicateur qui depuis une dizaine d ann es fait couler beaucoup d encre dans la communaut scientifique une mesure de l impact scientifique des revues l origine cet indicateur avait t mis au point pour aider les biblioth caires choisir leurs abonnements des p riodiques scienti fiques Graduellement il est cependant devenu au cours des ann es 1990 un indicateur servant valuer la recherche et les chercheurs Thomson Reuters est la firme d indexation qui compile le facteur d impact des revues qu il recense en sciences naturelles m dicales et sociales Si l on adopte l ann e 2010 comme ann e de r f rence on peut dire que Thomson proc de au calcul suivant Nombre de citati
26. Reward Persuasion and the Sokal Hoax A Study in Citation Identities Scientometrics vol 60 n 1 p 93 120 Wouters P 2006 Aux origines de la scientom trie La naissance du Science Citation Index Actes de la recherche en sciences sociales vol 164 p 11 22 Classification St phane Moulin La classification est l op ration qui consiste regrouper dans des cat gories des individus qu il s agisse de sujets vivants personnes animaux ou v g taux d objets mat riels min raux toiles produits livres ou id els activit s maladies r gimes politiques Pour tre valides les cat gories doivent tre collectivement exhaustives et mutuellement exclusives On parle de syst me de classification lorsque les cat gories servant classer sont hi rarchis es en niveaux rangs taxons etc Une nomenclature est une classification qui fait autorit et sert de r f rence dans des milieux scientifiques ou professionnels voir Cat gorie Enfin la taxinomie ou taxonomie d signe la th orie des classifications Au 4 si cle avant notre re Aristote est l un des premiers pro c der des classifications hi rarchiques syst matiques tant des connaissances division des sciences entre biologie m taphysique etc que des objets de connaissance classification des animaux ou des r gimes politiques Mais les crit res de classification utilis s jusqu au d but du 18 si cle sont multi
27. cialis s et l mergence de revues disciplinaires ont t des l ments centraux de l organisation sociale des disciplines La discipline scientifique ainsi consid r e pr sente de multiples visages L un est l imbrication de la recherche et de l ducation dans une m me structure qui assure la fois la reproduction du corps scien tifique et le renouvellement du champ de connaissance La capacit de la discipline s autoreproduire par l enseignement est d ailleurs un th me clef dans l tude sociale de la r gulation des sciences Par l valuation la formation et la s lection la discipline incorpore le pouvoir de discipliner faisant cho aux techniques de contr le des soci t s modernes d crites par Foucault voir valuation par les pairs Selon les auteurs la mati re inculqu e se pr sente comme un corpus de connaissances ou de valeurs comme un syst me d activit une culture technique et discursive ou une d finition des enjeux et des exigences impos s par les acteurs dominants de la discipline voir Champ et Paradigme Un autre visage est la constitution de revues et d associations disci plinaires qui assure un support la diffusion des connaissances et per met de coordonner une communaut de savants Le contr le qu exerce cette communaut se r percute sur la distribution des espaces de publication des prix et des subventions de recherche Les pairs se font juges de la valeur d une d co
28. conomie les entreprises et autres organisations instituent des routines c est dire des modes de comportement r currents visant la production le recrutement la promotion les ventes ou la R D qui sont l origine des capacit s mais aussi des rigidit s des organisations voir Alliances technologiques et Diffusion de l innovation L approche volutionniste est mod lisable en utilisant la dynamique des syst mes comme l a montr Sterman mais aussi la th orie des jeux et les cha nes de Markov comme l ont montr respectivement Axelrod ou Nelson et Winter Cette approche a bien des qualit s mais aussi des lacunes La plus importante est la macro conomie Au moment o les th ses keyn siennes reviennent hanter l conomie n oclassique la suite des crises de 2000 et de 2008 les volutionnistes ont peu de choses dire sur la situation macro conomique actuelle Ils auraient int r t se rapprocher des id es de n okeyn siens comme Joseph Stiglitz et de postkeyn siens comme Hyman P Minsky Cependant leur approche m me incompl te repr sente l une des voies les plus prometteuses pour sortir la science conomique de son actuel manque d int r t Certains auteurs comme Whalen explorent cette voie en soulignant les conver gences entre les perspectives institutionnalistes et keyn siennes 82 CONOMIE SCIENCE ET TECHNOLOGIE Axelrod R 1984 The Evolution of Cooperation New York Basic Books
29. des objectifs particuliers des scientifiques des outils pour les atteindre et de l valuation du succ s les accomplir En passant de l assise de la loi celle du mod le plusieurs philo sophes des sciences esp rent fournir une meilleure description des pratiques scientifiques tout en offrant une meilleure caract risation formelle des outils th oriques des scientifiques soit l importance crois sante de la mod lisation en sciences sociales ou en sciences naturelles Pour la philosophie des sciences on pourrait dire que de mani re 153 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S g n rale le consensus est pass d une logicisation des nonc s scien tifiques approche syntaxique une math matisation des nonc s scientifiques approche s mantique Notons rapidement que ce passage s est aussi accompagn d un changement de l objet d tude privil gi des philosophes des sciences alors que la physique apparemment r gie par des lois universelles tait l objet prioritaire jusque dans les ann es 1970 la philosophie des sciences s int resse de mani re marqu e depuis les quarante derni res ann es aux sciences dites sp ciales comme la biologie o les mod les math matiques jouent un r le crucial pour la formalisation scientifique et o les lois sont rares ou absentes Beatty J 1987 On Behalf of the Semantic View Biology Q Philosophy 2 p 17 23 Cartwright N 1983 How the Laws of Phys
30. dicale dans le traitement des leuc mies cet outil con u par la recherche biologique se combine avec un ensemble de conventions et de standards propres au diagnostic clinique et permet de reconna tre diff rentes esp ces de leuc mies en fonction de certaines configurations sp cifiques d antig nes plut t que par un d compte mol culaire Ainsi dans la d termination des ph nom nes patholo giques le seul cart quantitatif s efface une nouvelle fois derri re la variation qualitative Cambrosio Alberto Peter Keating Pascale Bourret Philippe Moustar et Susan Rogers 2009 Genetic Platforms and Hybrid Formations dans Paul Atkinson Peter Glasner et Margaret Lock dir Handbook of Genetics and Society Mapping the New Genomic Era Londres Routledge p 502 520 Canguilhem Georges 1943 Essai sur quelques probl mes concernant le normal et le pathologique Clermont Ferrand La Montagne Faber Knud 1930 Nosography The Evolution of Clinical Medicine in Modern Times New York Paul B Hoeber Gaudilli re Jean Paul 2002 L invention de la biom decine la France l Am rique et la production des savoirs du vivant apr s 1945 Paris La D couverte Greene Jeremy 2007 Prescribing by Numbers Drugs and the Definition of Disease Baltimore Johns Hopkins University Press Keating Peter et Alberto Cambrosio 2003 Biomedical Platforms Realigning the Normal and the Patholoigical in Late Twentieth century
31. e Les change ments dans les habitudes de financement varient selon les nations et n influencent pas toutes les disciplines de la m me fa on De plus le gros de la production scientifique et de la socialisation la recherche demeure attach aux universit s et des standards d velopp s en contexte disciplinaire Les logiques de production de diffusion d va luation et de transmission de connaissances institu es avec l mer gence des disciplines sont donc loin d tre r volues m me en contexte interdisciplinaire La discipline demeure une unit d analyse pertinente pour mesurer l tendue des transformations en cours dans le syst me des sciences Bourdieu Pierre 1975 La sp cificit du champ scientifique et les conditions sociales du progr s de la raison Sociologie et soci t s vol 7 n 1 p 91 Fabiani Jean Louis 2006 quoi sert la notion de discipline dans Jean Boutier Jean Claude Passeron et Jacques Revel dir Qu est ce qu une discipline Paris ditions de l cole des hautes tudes en sciences sociales p 1134 Foucault Michel 1975 Surveiller et punir naissance de la prison Paris Gallimard Gibbons Michael Camille Limoges Helga Nowotny Simon Schwartzman Peter Scott et Martin Trow 1994 The New Production of Knowledge The Dynamics of Science and Research in Contemporary societies Sage Publications Gingras Yves 1991 L institutionnalisation de la reche
32. et finalement les caract ristiques sociales des individus sexe statut social niveau de formation atteint valeurs partag es etc Un autre th me pris en compte par la recherche a t celui du canal de diffusion cet gard Rogers distingue le r le des m dias de masse de celui des relations interpersonnelles Alors que les m dias apparaissent surtout efficaces pour informer et sensi biliser les individus propos de l existence m me des innovations la mobilisation des r seaux de relations personnelles l est davantage pour persuader l adopteur du bien fond de l innovation voir M dias et technologie D autres travaux de recherche ont port sur les variations dans l appropriation de l innovation selon les contextes de vie quotidienne des individus et des groupes styles et niveau de vie comportements familiaux dans la vie quotidienne empreintes des coutumes et des valeurs li es une culture donn e etc Des travaux conomiques ont mis en vidence la sp cificit des pratiques industrielles dans la percep tion des innovations Par exemple des entreprises ont saisi l occasion 72 DIFFUSION DE LA TECHNOLOGIE ET DES INNOVATIONS de concevoir les technologies li es aux travaux domestiques comme des technologies de masse partir de la d cennie 1950 ce qui constitua la base du d veloppement des industries de l lectrom nager L importante litt rature de sciences sociales et conomiques sur
33. gies pragmatiques il n est plus question de d finir le contexte comme un c t ou une toile de fond la nouvelle posture des observa teurs pragmatiques laisse aux usagers eux m mes le soin de d signer ce qui est pertinent pour leurs actions L on passe ainsi d un ancien point de vue centr sur un usager agissant dans un contexte d fini a priori par l observateur une d marche d observation qui laisse aux acteurs eux m mes le soin de d finir le contexte de leurs actions Cet usager fait des choses dans un environnement en mobilisant ou non des technologies de communication dans la r alisation de ses actions voir tude de cas Lobservateur abandonne ainsi la logique d un face face entre l usager et le dispositif perspective longtemps dominante dans les tra ditions de recherches concern es par les interactions humain machine Ces nouvelles approches seraient alors plus m me de pouvoir penser la multi modalit multitasking dans l activit ou encore l entrelace ment des technologies mobilis es par les acteurs Les agents individuels construisent des identit s plurielles en fonction des types de situations v cues couple famille travail lieux publics Les agents effectuent des passages entre diverses logiques d action et divers r gimes d enga 248 USAGER FIGURES DE L USAGER gement selon leurs d placements entre les situations Enfin dans le contexte des m dias sociaux des usa
34. la science c est dire de soutenir que les propositions scientifiques ne peuvent pas tre justifi es empiriquement de mani re objective et que la cr dibilit d une hypoth se ou d une th orie scientifique est fonction de d terminants sociaux voir Sociologie des sciences et pist mologie Pour bien saisir la nature du d fi relativiste pos par les STS il est utile de noter que certaines formes de relativisme sont tout fait compatibles avec la conception traditionnelle de la science con ue comme discours objectif justifi empiriquement Ainsi quand Auguste Comte le fondateur du positivisme moderne affirme tout est relatif voil le seul principe absolu l enqu te scientifique est certes recon duite sa dimension anthropologique la connaissance scientifique est celle d un sujet humain et par l m me rapport e aux conditions gnos ologiques propres l humanit mais sans qu il faille y voir un danger pour l objectivit de la science dans la mesure o d une part cette relativisation doit nous pr munir contre tout dogmatisme et nous dissuader de formuler des explications absolues inv rifiables et d autre part parce qu elle fournit la pierre de touche empirique nous permettant d prouver la v rit de nos propositions en soumettant nos th ories au moyen de pr dictions ou d exp rimentations au verdict des ph nom nes De la m me mani re quand l empirisme logique op re la distinction entre contex
35. la science la technologie et les innovations dont les applications sont aussi bien civiles que militaires voir tat pouvoir et science Les savants ne sont pas trangers la guerre Archim de s implique dans la d fense de Syracuse L onard de Vinci se fait ing nieur mili taire Nicolo Tartaglia pose les fondations de la balistique partir de trois concepts de la physique dynamique l inertie la gravitation et la v locit Newton ajoute la r sistance du milieu ces connais sances D autres apports importants pour les militaires viendront de la physique comme la t l graphie les transmissions les mesures et contremesures lectroniques la cryptographie L histoire de la chimie ne peut viter Vannocio Biringuccio qui s attaque au 16 si cle la pr paration des poudres et la m tallurgie des canons La m tallurgie est d ailleurs pr sente tr s t t dans les armes Hom re nous les d crit en bronze m tal qui au fil des si cles fera place au fer puis l acier et aux mat riaux composites actuels alliant robustesse et l g ret Physique chimie math matiques entre autres se combinent dans l arme nucl aire et dans les diff rentes fa ons de la projeter partir de la terre de la mer et des airs ainsi que de mettre en orbite des satellites espions Au total la recherche portant sur la production des armes et de leurs supports visera toujours la puissance de leur impact leur port e leur pr c
36. laboration de cartes conceptuelles Le r le du chercheur en est alors un de facilitateur du processus de cartographie conceptuelle ce titre les recherches r centes nous autoriseraient red finir la cartographie conceptuelle comme le r sultat d un processus individuel descendant ou en groupe ascendant de construction syst mique d une repr sentation conceptuelle spatiale d un objet en utilisant les analogies m taphores et repr sentations cognitives des individus qui forgent des interpr tations de ces repr sentations en contexte sp cifique Charreire S et F Durieux 2003 Explorer et tester deux voies pour la recherche dans R A Thi tart dir M thodes de recherche en management 2 dition Dunod p 57 81 Cossette P et M Audet 2004 Qu est ce qu une carte cognitive dans P Cossette dir Cartes cognitives et organisations ditions de l ADREG p 31 60 Kane M et W M K Trochim 2007 Concept Mapping for Planning and Evaluation Thousand Oaks CA Sage Publications Rosas S R et M Kane 2012 Quality and rigor of the concept mapping methodology A pooled study analysis Evaluation and Program Planning vol 35 p 235 246 Sterman J W D 2000 Business Dynamics New York Iwin McGraw Hill Stigliani I et D Ravasi 2012 Organizing thoughts and connecting brains Material practices and the transition from from individual to group level prospective
37. le futur usager est le plus souvent incorpor implicitement ou explicitement dans le processus m me de production l objectif industriel tant non seu lement de faciliter ultimement l adoption du dispositif innovant mais aussi d impliquer directement l usager dans la d marche d innovation Ce qui veut dire que l usager ne fait pas qu adopter une technolo gie d j stabilis e avant le moment de sa diffusion l appropriation constitue un moment de r orientation de l usage et d une possible r invention de l objet technique voir Objet technique et Usager figures de l usager Ces ph nom nes de participation des usagers au processus m me de l innovation s av rent particuli rement pr sents dans le cas des technologies de l information et de la communication TIC o les usagers disposent de marges de man uvre plus importantes que par 13 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S exemple dans le cas des lectrom nagers En d autres mots la distinc tion entre le moment de la production et celui de l usage s amoindrit L appropriation des innovations par les usagers se fait plus active et cr ative Aujourd hui la diffusion des logiciels libres est r v latrice de cette fusion partielle entre la production et la diffusion des innovations Bush Vannevar 1945 Science The Endless Frontier United States Government Printing Office Washington Cohen W et D Levinthal 1989 Innovation and learning th
38. offrent un exemple plus r cent de statistisation Les deux cas s inscrivent dans un processus plus g n ral de rationalisation du gouvernement des soci t s modernes au moyen de r gles s appuyant sur des informations caract re empirique une fois que l on s est entendu sur le caract re raisonnable de la r gle la discussion porte exclusivement sur l exacti tude des r sultats fournis par les indices retenus Mais la vie est plus complexe que cela et l espoir que l on pourrait dissoudre le politique dans le technique est videmment d u d s que l on cherche traduire en termes op rationnels les concepts sur lesquels on a pu s entendre des ambigu t s apparaissent et l on voit bien vite que les interpr tations diff rentes de ces ambigu t s ne sont pas ind pen dantes de perspectives politiques divergentes Le cas de la Gr ce dont on sait d sormais qu elle a recouru toute une s rie de dissimulations et de manipulations pour tre admise dans la zone euro a montr ces limites de mani re spectaculaire De mani re moins dramatique les indices du co t de la vie et les indices des prix la consommation les deux ne se confondant pas n cessairement ont constamment donn lieu des d bats th oriques fondamentaux notamment entre les approches fond es sur les biens ou sur l utilit ainsi qu des discus sions sur la validit de la mesure quand ce n est pas sa contestation en bonne et due forme
39. pour tous les types d investissements y compris la R D par cons quent compte tenu du risque non diversifiable le rendement anticip doit tre gal pour tous les investissements Ce th or me est toutefois contest et il semble que sa validit soit particuli rement limit e notamment en ce qui concerne la ST En th orie le co t du capital de la R D pourrait tre relativement bas surtout lorsque les march s des capitaux sont d velopp s En r alit les d penses en R D sont souvent excessivement lev es et ni les march s des capitaux ni les fonds propres ne suffisent les financer Dans ce cas des syndics financiers compos s des banques et autres institutions financi res peuvent financer ces projets Dans le cas de start ups les anges blancs les investisseurs aguerris qui cherchent des rendements lev s peuvent aussi devenir une source de finance ment majeure Ces m canismes de financement alternatifs appel s galement des solutions de march s libres ne toutefois suffisent pas pallier le sous financement de la ST Les raisons en sont le co t du capi tal qui varie selon la source de financement et l existence d un risque moral d une asym trie de l information et d une incertitude combin e des march s incomplets voir conomie volutionniste Devant les d faillances des march s les r sultats ne sont pas opti maux du point de vue social Un financement public est alors jug de
40. pratiqu essentiellement par certains pays du tiers monde gypte Mexique Alg rie etc anim s d une politique d veloppementiste inspir e du mod le occidental voir Clivage technologique D importants quipements industriels ont d abord t acquis dans le cadre d un programme de TT dit cl en main apr s l chec de la formule on a poursuivi cette politique sous une forme dite produit en main qui connut le m me sort Faute d appropriation sociale les usines import es ont fonctionn pendant un temps comme des isolats avant de sombrer dans l obsolescence D o l mergence de l hypoth se de non transf rabilit de la technologie des auteurs comme Samir Amin et Andr Gunter Frank avaient d j anticip l chec de ce mod le d industrialisation Des agences internationales continuent cependant soutenir le TT vers les pays en d veloppement en largissant son domaine d action Ainsi pour l Agence canadienne de d veloppement international le transfert de technologie inclut la transmission de proc d s industriels et ou d informations le transfert d quipements de comp tences et de connaissances permettant d uti liser et d exploiter la technologie ainsi que toutes les strat gies et poli tiques connexes n cessaires l appui d un objectif de d veloppement La deuxi me forme de TT s est d velopp e partir des ann es 1990 notamment depuis que le foyer de la concurrence conomique est
41. r au si cle suivant respectaient aussi les pr occupations et les int r ts de la soci t dominante consommation ducation relations industrielles marketing m dias Il n est donc pas tonnant que les inscriptions en sciences sociales aient cr de mani re spectaculaire depuis cinquante ans le glissement de plus en plus d activit s humaines dans la sph re publique avec l inscription scolaire obligatoire la mont e de la culture de masse l interventionnisme croissant des gouvernements etc a offert aux praticiens des sciences humaines un domaine in dit tu dier mais aussi g rer et policer Les sp cialisations disciplinaires et sous disciplinaires ont suivi la demande sociale pour davantage de connaissances th oriques et d expertises concr tes voir tat pouvoir et science et Sociopolitique de la statistique Les observateurs ont t nombreux d noncer cette d rive Il leur semblait que la fonction critique et r flexive des sciences sociales avait t d voy e dans des op rations purement manag riales Au lieu de contribuer l l vation de la conscience citoyenne les disciplines actuelles auraient recherch la pure efficacit des manipulations pos sibles du r el dont l opinion publique ou les ressources humaines Il est vrai que les praticiens des sciences humaines se sont d sor mais infiltr s partout et servent au progr s des organisations qui les emploient technique d inter
42. radicales typiquement l uvre d entrepreneurs et source de leur richesse personnelle fa onnent les grandes mutations du monde alors que les innovations incr mentales souvent le r sul tat de la R D routini re alimentent de mani re continue le processus de changement Les deux types d innovation sont compl mentaires et d pendent de l tat des connaissances scientifiques L environnement institutionnel les politiques et les organisations cr ent un syst me national r gional et sectoriel plus ou moins favorable l innovation voir Syst mes d innovation Depuis vingt ans la plupart des agences statistiques mesurent l activit d innovation voir Syst me statistique national Le Manuel d Oslo produit par l OCDE d finit l innovation et recommande la m thodologie de collecte de donn es sur les divers aspects de l innova tion Le manuel est implicitement fond sur le mod le dit interactif de l innovation On consid re qu une entreprise a introduit une innovation dans le secteur des entreprises qui comprend le secteur de l industrie et des services si elle a introduit sur le march un produit bien ou service ou un proc d de production nouveau ou am lior du point de vue technologique Les produits et proc d s nouveaux du point de vue technologique peuvent aussi inclure les changements organisation nels n cessaires leur r alisation voire l tablissement de nouveaux mod les d affaires Pou
43. rimentale en Russie ou encore sur le fil du rasoir entre l universit et le monde profane la science g n tique qui se dissocie du politique Ces r cits d crivent alors les strat gies d un groupe pr cis de savants pour se tailler une place l int rieur m me de l universit et du champ scientifique Cette polys mie du concept de professionnalisation appliqu la science est un probl me en soi ceux qui l emploient devraient pr ciser de quoi ils parlent Mais ce probl me en soul ve un autre le concept est il bien appropri pour embrasser l ensemble de ces diff rents r cits L application du terme la science remonte aux ann es 1960 qui inaugurent l ge d or de la sociologie des professions Le mot pro fessionnalisation d signe alors l mergence de corps de m tiers qui comme la m decine ou le droit revendiquent un monopole sur un segment pr cis du march des services Les sociologues des professions n ont toutefois pas fa onn le concept dans le but pr cis d y inclure les scientifiques de m tier bien souvent en fait ils ont au contraire d crit les professionnels comme des consommateurs de science bien distincts des producteurs de savoir que sont les savants voir Sociologie des sciences ce titre appliquer la notion de professionnalisation aux scientifiques eux m mes rel ve plus de l analogie spontan e que d un usage r ellement orthodoxe du concept original qui n est pas c
44. sentation sociale dans J C Deschamps et J L Beauvois dir Des attitudes aux attributions sur la construction de la r alit sociale Presses universitaires de Grenoble p 137 150 Mariotti F 2003 Tous les objets sociaux sont ils objets de repr sentations sociales Questions autour de la pertinence JIRSO vol 1 n 1 p 2 18 Moscovici S 1961 La psychanalyse son image et son public Paris Presses universitaires de France Orfali B 2000 Les repr sentations sociales un concept essentiel et une th orie fondamentale en sciences humaines et sociales L ann e sociologique vol 50 n 1 p 235 254 R seau socionum rique Serge Proulx Un nouveau type de sites Web a merg au d but de la d cennie 2000 les sites de r seaux socionum riques SRS appel s aussi sites de r seaux sociaux Selon Boyd trois l ments fondamentaux constituent ce dispositif sociotechnique Le premier attribut est la pr sence de profils d utilisateurs comportant un identifiant nom pseudonyme et des renseignements personnels ge sexe lieu de r sidence scolarit go ts et int r ts etc Ces profils peuvent contenir des photos des vid os ou des textes ainsi que des informations concernant la derni re connexion de l utilisateur Le second attribut est que ces profils sont connect s au moyen d une technologie de r seau chaque utilisateur peut d signer 197 SCIENCES TECHNOLOGIES ET
45. techno centr es Les observateurs se sont plut t attach s d crire la totalit de l activit en situation o la mobilisation d un dispositif technique par l agent humain n est qu une dimension parmi d autres Dans le cadre de ce paradigme les observateurs ont plut t d crit la fa on dont les agents se coordonnent entre eux et avec les dispositifs sociotechniques en habitant de fa on durable un environnement quip de technologies de communication voir Infrastructure sociotechnique Lobservateur consid re ainsi d embl e l usager non plus dans son r le strict d utilisateur d un dispositif sociotechnique mais bien plu t t en tant qu agent d ployant une activit et mobilisant des com p tences sp cifiques dans une situation donn e La sociologie des usages est ainsi renouvel e par un recours syst matique de nouvelles conceptions du travail de l organisation et de l activit Selon Christian Licoppe un nouveau programme de recherche s est constitu autour de quatre grandes orientations ethnographiques le mod le de la cognition distribu e la th orie de l activit les courants d inspiration ethno m thodologique analyse de conversation action situ e workplace studies des d veloppements r cents de la sociologie des sciences et des techniques th orie de l acteur r seau tournant pragmatique atta chements agencements sociotechniques Les agents dont parlent les observateu
46. 1 p 3 36 Gingras Y 2010 Sociological reflexivity in action Social Studies of Science vol 40 n 4 p 619 631 Hagstrom W 1965 The Scientific Community New York Basic Books Hong W 2008 Domination in a Scientific Field Capital Struggle in a Chinese Isotope Lab Social Studies of Science vol 38 n 4 p 543 570 Latour B et S Woolgar 1982 The cycle of credibility dans B Barnes et D Edge dir Science in Context Cambridge MIT Press p 35 43 Citation Jean Pierre Robitaille et Vincent Larivi re La citation ou l acte de faire r f rence une uvre est consid r e en sociologie des sciences comme un marqueur de capital symbolique voir Champ et Sociologie des sciences Elle constitue aussi en bibliom trie un concept de base sur lequel reposent les mesures d impact scienti fique voir Bibliom trie En raison d une innovation technique majeure r alis e dans les sciences de l information les citations se sont impos es ces derni res ann es comme un objet de recherche central dans le champ des tudes sociales de la science Cette innovation le Science Citation Index SCT a en effet ouvert la voie des analyses de citations beaucoup plus syst matiques et extensives que celles qui avaient t pratiqu es manuellement jusque l Elle a aussi relanc les d bats et les r flexions sur la fonction et la signification de la citation dans le processus de communication sava
47. 19 si cle puis pr vaut en Am rique et dans la plupart des pays europ ens sauf ceux qui choisissent de concentrer la recherche dans des institutions s par es comme la France avec le CNRS et la Chine avec ses acad mies des sciences L int gration de la recherche l universit s labore sur plusieurs d cennies Elle implique que la recherche soit structur e au sein de d partements et produite dans un contexte disciplinaire La diffusion des connaissances fondamentales est assur e par des publications scientifiques valid es par les pairs voir valuation par les pairs Si ce mod le a connu au d but ses d tracteurs qui les activit s de recherche et d enseignement paraissaient incompatibles sa pertinence s est peu peu construite autour de l id e de la stimulation mutuelle de l enseignement et de la recherche chaque activit enrichissant l autre Jusque dans les ann es 1980 le financement de la recherche est essen tiellement assur par des fonds publics voir Financement de la science Le contexte conomique des ann es 1980 am ne l mergence d un nouveau paradigme ax sur l innovation et la valorisation conomique de la recherche L intensification de la rivalit internationale dans les affaires et l industrie le d veloppement d une conomie bas e sur le savoir et le d clin du financement public repr sentent les conditions d mergence de l universit entrepreneuriale un troisi me mo
48. 43 44 45 46 47 67 68 70 71 76 77 82 98 99 100 110 115 123 126 127 128 133 139 141 142 166 169 185 187 190 209 210 212 213 215 222 223 224 225 230 238 239 technologie de l information 67 91 130 137 147 224 230 246 technoscience 51 89 94 122 123 156 v rit 39 40 53 61 144 170 171 192 195 205 235 Weber Max 172 213 258 TABLE DES MATI RES Remerciements Parlez vous STS Alliances technologiques Amateurs Analogie et m taphore en sciences Approches d entr e sortie Appropriation des technologies Bibliom trie Brevets et d veloppement de la propri t intellectuelle Cartographie conceptuelle Cat gorie Champ Citation Classification Clivage technologique Communication publique des sciences et des technologies Connaissance tacite Construction sociale des technologies Constructivisme social Controverse D terminisme technologique D veloppement et technologie Diffusion de la technologie et des innovations Discipline 13 15 18 21 24 26 29 32 35 37 40 43 47 49 53 57 61 63 66 69 71 74 conomie de l innovation innovation croissance et productivit conomie volutionniste conomie science et technologie pist mologie tat pouvoir et science thique et d ontologie tudes de cas en STS valuation par les pairs volution de la r glementation en science et technologie Externalit s de R D Fac
49. Black Box Technology Economics and History Cambridge University Press Schumpeter J A 1942 Capitalism Socialism and Democracy Londres Routledge Solow R M 1956 A Contribution to the Theory of Economic Growth Quarterly Journal of Economics vol 70 n 1 p 65 94 Swan T W 1956 Economic growth and Capital Accumulation Economic Record vol 32 n 2 p 334 361 Tobin J 1955 A Dynamic Aggregative Model Journal of Political Economy vol 63 p 103 115 Warsh D 2006 Knowledge and the Wealth of Nations A Story of Economic Discovery New York W W Norton amp Company pist mologie Alexandre Guay et Fr d ric Bouchard Il faut toujours tre prudent dans la traduction litt rale d un terme d une langue une autre en particulier lorsque l ancrage disciplinaire de ce terme diff re d une communaut de recherche nationale une autre Un exemple de polys mie important pour les STS est la diff rence entre le terme pist mologie en fran ais et le terme epistemo logy en anglais du moins pour les communaut s de philosophie des 85 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S sciences francophones et anglophones Tout nonc descriptif du genre est vuln rable des contre exemples et risque toujours de tomber dans une anthropologie na ve et malavis e mais nous essaierons bri vement ici d expliquer en quoi les usages de ces termes diff rent de mani re g
50. Ces crit res peuvent tre envisag s comme les conditions de r alisation d un id altype dans la trajectoire d appropriation Par ailleurs l appropriation collective d un dispositif technique d signe sa mise en uvre utilisation conception d veloppement par un groupe ou une cat gorie sociale dans le but d accro tre son auto nomie ainsi que sa capacit d agir empowerment vis vis des autres composantes de la soci t L appropriation individuelle est li e une 25 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S appropriation collective de la technologie puisque sans une repr sen tation politique ad quate par exemple association d automobilistes mouvement du logiciel libre le rapport de forces entre producteurs et usagers reste largement en faveur des premiers Akrich M 1998 Les utilisateurs acteurs de l innovation ducation permanente vol 134 p 79 89 Breton P et S Proulx 2002 Usages des technologies de l information et de la commu nication dans P Breton et S Proulx dir L explosion de la communication l aube du XXI si cle Paris La D couverte p 251 275 Certeau M de 1990 L invention du quotidien 1 Arts de faire Paris Gallimard Hippel E Von 2005 Democratizing Innovation Cambridge MA MIT Press Jaur guiberry F et S Proulx 2011 Usages et enjeux des technologies de communication Toulouse r s Jou t J 2000 Retour critique sur la soc
51. ET STANDARDS pr cision et l importance de la mesure s opposaient l application de normes puisque l uniformisation des proc dures diminuait limpor tance des v rifications par un tiers L adoption de normes peut m me emp cher que deux populations se c toient Langdon Winner affirme que certains viaducs Long Island taient construits en suivant une norme qui limitait la hauteur de sorte que les autobus qui transpor taient des citoyens moins nantis ne pouvaient emprunter des routes vers des quartiers plus hupp s Contrairement aux normes un standard ne fait pas l objet d un r f rentiel publi mais plut t d une convention adopt e par une bonne proportion d utilisateurs ou de producteurs La pratique selon laquelle les fichiers de traitement de texte sont sauvegard s en format doc offre l exemple d un tel standard voir Objet fronti re Le standard d signe en fait souvent ce qui est devenu habituel pour une communaut de praticiens Le terme peut s appliquer des valeurs Robert Merton a ainsi d fini l thos de la science par ses attentes en mati re d universalisme de communalisme de d sint ressement et de scepticisme organis voir Sociologie des sciences Lorsque la communaut scientifique int riorise ces principes elle peut r sister aux influences politiques et progresser en suivant une m thode usuelle reconnue par les pairs voir Discipline et Champ Les standards bien qu ils ne soient pas sanct
52. Lois scientifiques Ayant rompu avec les grandes eschatologies historicistes la r flexion sur la politique scientifique va au 20 si cle se faire plus modeste et tenter de penser un mod le vis e pragmatique de la connaissance du social Les conceptions pluralistes de la connaissance d Otto Neurath en sont une bonne illustration Se fera ainsi jour toute une s rie d interrogations m thodologiques sur la possibilit d une politique scientifique exp rimentale voir Sociopolitique de la sta tistique Si ce qui caract rise la science moderne c est la volont de mettre l preuve le r el pour d couvrir toutes ses virtualit s alors on ne peut qu tre tent de penser la politique scientifique comme le moyen d tablir exp rimentalement les moyens du vivre ensemble ins titutions politiques syst mes ducatifs organisations conomiques de mani re progressiste demain ne sera pas toujours la r p tition d hier et rationnelle en valuant objectivement les r sultats des diff rentes alternatives qui s ouvrent nous Pour ce faire il a fallu r fl chir aux obstacles m thodologiques pouvant entraver l approche exp rimentale de la connaissance de la soci t et de sa r forme une enqu te d j engag e par Comte et par Mill au 19 si cle op rationnaliser les dif f rents probl mes techniques suscit s par de telles entreprises quand elles s appliquent des sujets humains comme Mayo analysant le
53. Par ailleurs des changements historiques et contingents dans le syst me des brevets affectent le comportement 30 BREVETS ET D VELOPPEMENT DE LA PROPRI T INTELLECTUELLE des indicateurs et donc la comparabilit des donn es dans le temps Autrement dit les tendances du brevetage ne traduisent pas n ces sairement de fa on fid le les tendances de l activit inventive et de l innovation L utilisation des donn es d un bureau national pose aussi le probl me des comparaisons internationales puisque les inventeurs du territoire national y sont nettement surrepr sent s ce qu on appelle l avantage domestique home advantage Enfin puisque toutes les inventions ne sont pas n cessairement brevet es m me parmi celles qui sont th oriquement brevetables les donn es sur les brevets ne livrent pas n cessairement un portrait complet de l activit inventive Ces limites ne compromettent toutefois pas de fa on majeure la validit des indicateurs brevets puisque des m thodes ont t d ve lopp es afin d en r duire les effets Par exemple les statistiques sur les familles de brevets une m me invention brevet e aupr s de plusieurs bureaux nationaux corrigent significativement l avantage domestique en plus de produire des mesures ax es davantage sur les inventions dot es du meilleur potentiel d innovation ou du meilleur potentiel commercial Puisque le fait de d tenir un bon portefeuille de brevets conf re des avan
54. Stay Poor Londres Constable and Robinson Communication publique des sciences et des technologies Bernard Schiele L histoire des relations entre sciences et soci t est la fois celle d une int gration croissante et celle d une prise de conscience progressive de l impact grandissant des sciences Si ces impacts taient autrefois limit s ils r volutionnent aujourd hui tant le quotidien que les mots pour le nommer C est cette dynamique qui claire les strat gies valori s es pour rapprocher les sciences du grand public Si l appropriation des connaissances scientifiques est per ue depuis plus d une quarantaine 49 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S d ann es comme une n cessit sociale c est que l adaptation des popula tions un environnement sociotechnique en renouvellement perp tuel implique de nouvelles comp tences qui sont un pr alable indispensable au maintien de la capacit collective d innovation voir conomie de l innovation Cette exigence mobilise les gouvernements redoublent d efforts pour promouvoir l alphab tisation scientifique du public En fait la production des connaissances scientifiques et leur publi cisation ont toujours vogu de concert Bien que la communication entre les savants pr sume une certaine fermeture du champ scienti fique sur lui m me et donc un refus d changer avec le public cette dissociation m me a fait na tre l id e d une m diation entre les deux
55. Transfert de technologie Universit Usager figures de l usager Liste des collaborateurs Index 165 168 171 174 177 180 183 186 189 191 194 197 200 203 206 209 212 216 219 221 223 226 228 232 234 237 241 244 247 251 255 Autres titres en libre acc s aux Presses de l Universit de Montr al Am nagement du paysage urbain cole d architecture du paysage 2003 2013 Nicole Valois dir L id e d universit Anthologie des d bats sur l enseignement sup rieur au Qu bec de 1770 1970 Claude Corbo avec la collaboration de Marie Ouellon L interculturel au Qu bec Rencontres historiques et enjeux politiques Lomomba Emongo et Bob W White dir Montr al en paysages Philippe Poullaouec Gonidec et Sylvain Paquette Un nouvel ordre mondial made in China Mamoudou Gazibo et Roromme Chantal Petit guide de survie des tudiants Marie Lambert Chan Pratiques de l dition num rique Marcello Vitali Rosati Micha l Eberle Sinatra dir Le Qu bec en jeu Comprendre les grands d fis G rard Daigle et Guy Rocher dir Le savoir des livres Beno t Melan on dir Les scientifiques et la paix La communaut scientifique internationale au cours des ann es 20 Brigitte Schroeder Gudehus Les visages de la police Pratiques et perceptions Jean Paul Brodeur Vaccination OGM pid mies contraception changements clima tiques voil des sujets portant controverse o la s
56. a une influence sur le bien tre d un autre sans que cette interaction fasse l objet d une transaction Le cas qui nous int resse ici est la diffusion de la nouvelle techno logie L innovation technologique est le r sultat des activit s de R D et peut prendre plusieurs formes un produit ou un proc d de production de bien ou de service nouveau ou am lior ou une combinaison de ces cas La diffusion de la nouvelle technologie est le processus par lequel une innovation se propage dans l espace conomique en traversant des fronti res r gionales et nationales entre les entreprises les industries et les consommateurs priv s et publics voir Diffusion de la technologie Cette diffusion affecte aussi bien la production que la demande de nouvelle technologie La nouvelle connaissance incorpor e dans une innovation a plu sieurs attributs d un bien public Elle n est pas rivale c est dire que l utilisation des nouvelles connaissances par les tiers n en r duit pas la quantit initiale Par contre m me si elle est prot g e par un brevet ou autre instrument de la propri t intellectuelle son appropriation ne peut tre totalement limit e l innovateur initial voir Brevets et propri t intellectuelle 101 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S La diffusion de nouvelles technologies issues de la R D donne lieu deux types d externalit s Le premier type est celui des externalit s de connaissances Ce type d
57. auteurs distinguent quatre grands types d objets fronti res le r pertoire le mus e en tant que banque de sp cimens l id altype une d finition du concept d esp ce l enve loppe ou objet dont les fronti res co ncident la carte de la Californie le format standard un formulaire servant standardiser les informa tions relatives la collecte de sp cimens Ainsi le formulaire utilis pour documenter des sp cimens sert de trait d union entre le monde des scientifiques experts en zoologie et celui des amateurs qui eux capturent les sp cimens et ont une connaissance du terrain que les scientifiques n ont pas Les objets fronti res facilitent la coop ration et les interactions entre des acteurs h t rog nes sans imposer une signification unique 163 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S de l objet comme dans le mod le de l acteur r seau Leur souplesse ou flexibilit interpr tative une id e d riv e du mod le SCOT leur per met de prendre des significations diff rentes pour diff rents acteurs et d accommoder des perspectives parfois divergentes Elle explique aussi que certains de ces objets puissent para tre l observateur incoh rents ambigus voire illogiques pour reprendre les mots de Fujimura 1992 p 175 Le concept d objet fronti re contribue clairer les processus de coop ration et de r solution collective de probl mes l uvre dans l activit scientif
58. centralisation gr ce l av nement de microordinateurs capables d op rer de puissants logiciels de traitement de donn es et d Internet l aube du 21 si cle l aspiration un monopole de l autorit statistique l gitime a laiss place un r gime o la coop ration la coordination le partenariat l harmonisation des pratiques et parfois la comp tition r gulent les rapports entre producteurs de donn es Porter T M 1995 Trust in Numbers The Pursuit of Objectivity in Science and Public Life Princeton University Press Syst mes d innovation Jorge Niosi Il y a quelques d cennies l invention et l innovation taient encore vues comme le r sultat de g nies isol s travaillant dans leur laboratoire Ce point de vue est encore malheureusement trop r pandu voir Invention et innovation Depuis pr s d un demi si cle divers auteurs ont sugg r que l inno vation impliquait d autres facteurs que le g nie cr atif de quelques individus Schmookler a propos que l innovation tait en partie le r sultat des forces du march et donc d termin e par la demande en l absence de march pour les innovations comme dans nombre de pays sous d velopp s il ny aurait pas d innovation Rosenberg pour sa part a mis l accent sur l offre de connaissances selon lui bon nombre d innovations r sultent de l offre de connaissances scientifiques et 223 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S techniques
59. cet gard la distinction entre mesure et quantification permet d examiner au plus pr s certains aspects du processus de statistisation L id e que l on puisse mesurer un ph nom ne de la vie conomique ou sociale suppose en effet l existence pr alable et presque tangible d un objet qui n attendrait que cette op ration pour se r v ler nous Or 220 SYST ME STATISTIQUE NATIONAL cette m trologie r aliste occulte compl tement toutes les conven tions qui permettent justement de produire les nombres dont on parle En revanche quantifier c est dire exprimer et faire exister sous une forme num rique ce qui auparavant tait exprim par des mots et non par des nombres comme l indique Desrosi res suppose que l on porte attention l ensemble des comparaisons compromis traductions n gociations codages proc dures et calculs qui rendent possible cette transmutation On voit d s lors dans quelle mesure toute tentative de traduction d un probl me politique en probl me technique demeure pr caire et l accord qu elle peut ventuellement susciter provisoire voir Quantification et mesure et Scientisme et politique Desrosi res A 2008 Pour une sociologie historique de la quantification L argument statistique I Paris Mines ParisTech Stapleford T A 2009 The Cost of Living in America A Political History of Economic Statistics 1880 2000 Cambridge Cambridge University Press Syst
60. comme Salter et Martin distinguent les r sultats imm diats interm diaires et ultimes tandis que Godin et Dor parlent tout simplement d impacts tant donn le manque de consensus sur le plan de la terminologie la d finition pr sent e ici se veut plus englobante que restrictive La notion d impact est multidimensionnelle et peut inclure les effets de nouvelles connaissances sur l conomie et la population les effets de nouvelles technologies sur les pratiques la culture et les com portements les effets environnementaux de nouveaux processus ou les effets de politiques sur la croissance conomique et l am lioration de la qualit de vie voir Externalit s de la R D Directs ou indirects les impacts possibles de la science de la technologie et de la recherche sont donc vari s Ils peuvent tre class s en trois grandes familles les impacts technologiques conomiques et sociaux Alors que les impacts conomiques ont fait l objet de nombreuses tudes les impacts sociaux culturels politiques et organisationnels ont t largement n glig s Certains comme Dasgupta et David parlent ainsi plut t d impacts socio conomiques en mettant les impacts sociaux sous l ombrelle des impacts conomiques Parmi les impacts sociaux envisageables on d nombre le bien tre de la population l am lioration de la qualit de vie ou la cr ation d emploi aussi un impact conomique ces impacts peuvent aus
61. comme la Soci t royale de Londres ou la Soci t linn enne en Angleterre M me des chercheurs reli s l industrie comme James Watt taient en fait des inventeurs individuels voir Inventeur Les uni versit s taient consacr es essentiellement l enseignement comme la c l bre Universit de Bologne en Italie Au milieu du 19 si cle la recherche et le d veloppement R D deviennent des activit s institutionnalis es gr ce des innovations organisationnelles allemandes l universit de recherche le laboratoire industriel de recherche dans des entreprises comme Bayer et Siemens et le centre public de recherche voir Universit L Allemagne veut alors combler ce qu elle per oit comme son retard en mati re de science et de technologie vis vis de l Angleterre et de la France Au cours des d cen nies suivantes ce type d organisation s tend en Europe occidentale et en Am rique du Nord Ainsi le Canada et les tats Unis cr ent d s les ann es 1860 les premiers instituts publics de recherche agricole puis les premiers laboratoires de recherche industrielle avant ou pendant la Premi re Guerre mondiale Parall lement on voit surgir les premi res universit s de recherche tandis que des entreprises europ ennes et nord am ricaines cr ent des laboratoires internes de R D Aux tats Unis la recherche industrielle merge ainsi en 1900 avec la cr ation du premier laboratoire priv de R D par General Elec
62. compr hension plus th orique et donc de l emploi d un vocabulaire surtout observa tionnel l introduction d entit s th oriques postul es selon la for mule de Hempel plus ou moins loign es de l observation directe Ainsi une g n ralisation ou loi empirique de la chimie pourrait d crire la formation r guli re d un certain compos la suite de la r action entre deux substances chimiques avant qu une loi plus th orique n invoque des concepts comme ceux de liaison ionique d lectron de valence et de couche lectronique afin d expliquer pourquoi ces substances peuvent former un compos Selon ce mod le expliquer un ph nom ne consiste le d duire d une loi ou d une conjonction de lois et d un ensemble de conditions initiales Ce mod le d ductif nomologique ne va pas sans pro bl me il n glige certains patrons causaux et ne d crit pas bien l usage concret des th ories par les scientifiques dans nombre de domaines 238 TH ORIE SCIENTIFIQUE des lacunes largement d battues parmi les philosophes voir Lois scientifiques Le second mod le est le mod le m caniste Dans ce mod le une th orie est une repr sentation d crivant un m canisme et sa contribu tion au ph nom ne que l on souhaite expliquer Un m canisme peut tre con u comme un ensemble d entit s ou de parties et d activit s ou de processus organis es de telle fa on qu elles produisent conjointement dan
63. d un acte de sp culation visant tendre la compr hension de l ordre des 204 SCIENCE choses au del de la zone des vidences acquises Lorsque Newton pro fesse qu il ne fabrique pas d hypoth ses il convient d entendre qu il ne sp cule pas de fa on arbitraire sans possibilit de validation empirique R fl chissant sur la m thode de la science Leibniz tablit pour sa part que l hypoth se peut tre un succ dan acceptable pour une certitude d monstrative que l on ne saurait atteindre pourvu que l hypoth se soit corrobor e par les faits empiriques attest s qu elle soit conforme aux normes les plus lev es d intelligibilit th orique et surtout qu elle serve d couvrir de nouvelles v rit s empiriques largissant ainsi la sph re des connaissances scientifiques valid es La validation de toute hypoth se de science est une op ration qui se justifie en partie logique ment en partie pragmatiquement Or de la formulation des hypoth ses d coule la d termination des lois et celles ci se situent au c ur de l explication scientifique voir Th orie scientifique On ne s tonnera donc pas que se produise un foisonnement d inter rogations justifi es sur la science objet de recherche probl matique de second degr comme l illustrent nombre d tudes contemporaines sur ce th me Certes d un point de vue philosophique le 20 si cle nous a offert une repr sentation quasi standard de la scienc
64. d r glementation ont supprim toute contextualisation et laiss la porte ouverte une am ricanisation du monde sous couvert d une mondialisation mystificatrice Dans les pays de la p riph rie le capitalisme mondialis a mis fin au mode de vie traditionnel qui assurait l quilibre social sans pour autant g n rer de nouvelles formes de sociabilit s locales Plong es dans le d sarroi la recherche d un soi m me introuvable les soci t s de la p riph rie se lancent dans de perp tuelles guerres civiles m diatiquement c l br es sous la belle appellation de printemps 70 DIFFUSION DE LA TECHNOLOGIE ET DES INNOVATIONS Amin S H Ben Hammouda et B Founou Tchuigoua 1995 Afrique et Monde Arabe chec de l insertion internationale Forum du Tiers Monde L Harmattan Bourdieu P 1986 Habitus code et codification Actes de la recherche en sciences sociales septembre p 40 44 Castoriadis C 1975 L institution imaginaire de la soci t Paris Seuil Certeau M de 1990 L invention du quotidien tome 1 Arts de faire Paris Gallimard Emery F E et E L Trist 1960 Sociotechnical Systems dans C W Churchman et M Verhurst dir Management Science Models and Techniques Londres Pergamon Press vol 2 p 83 97 Hours B 1998 L id ologie humanitaire ou le spectacle de l alt rit perdue L Harmattan Latouche Serge 1985 Faut il refuser le d veloppement PU
65. d attaquer l universalit des lois scientifiques tout en continuant d offrir des descriptions g n rales et conceptuelles de l activit scientifique L attaque se fit d abord par la d monstration par la philosophe Nancy Cartwright que les lois universelles apparemment les mieux tablies soit les lois de la physique taient en fait des nonc s particuliers rendus vrais seulement en excluant une s rie de faits toute loi ne serait donc qu un nonc ceteris paribus Si les lois pr sum es ne sont ainsi que des caract risations d uniformit locale de certains ph nom nes ou processus ce que Hempel ne consid rait pas comme des lois mais comme des g n ralisations accidentelles un mod le plus idiosyncrasique de l explication scientifique devient n cessaire C est ce 152 MOD LES SCIENTIFIQUES que le philosophe Bas Van Frassen entre autres a sugg r en d velop pant l id e que la fondation de notre compr hension de la science devait tre l interpr tation des mod les utilis s par les scientifiques Un mod le est une repr sentation d un ph nom ne ou d un proces sus En physique les mod les sont la plupart du temps math matiques mais ils peuvent aussi prendre une autre forme mat rielle ou picturale par exemple Or le mod le lui m me ne contient pas les r gles de son interpr tation L interpr tation d un mod le lui est externe mais n ces saire pour valuer son utilit ou son ad quation empiri
66. de celle ci voir conomie science et technologie et Diffusion de la techno logie D s 1966 l OCDE a labor un syst me d indicateurs du clivage technologique pour identifier la nature et les causes des carts tech nologiques entre ses pays membres et doter les d cideurs politiques d instruments d intervention efficaces menant vers la convergence technologique Les indicateurs du clivage technologique mesurent trois choses soit les diff rences entre les capacit s nationales de d ve loppement de la science et de la technologie les diff rences en mati re d activit innovante les diff rences en mati re d effets sur l conomie nationale des activit s scientifiques et technologiques voir Syst mes d innovation Le concept de clivage technologique est largement associ aux dichotomies Nord Sud centre p riph rie pays industrialis pays non industrialis pays riche pays pauvre En effet selon une approche lin aire du d veloppement technologique qui a longtemps impos un mod le de d veloppement lent graduel cumulatif et unidirectionnel le progr s technologique se diffuse invariablement des pays d velop p s vers les pays en d veloppement Selon la th orie du cycle de vie du produit un pilier de l approche lin aire un produit novateur est g n r dans un pays leader il est adopt localement d abord puis par d autres pays industrialis s les pays en d veloppement se chargent finalement de sa prod
67. de l OCDE 1962 qui d finit la R D et les m thodes statistiques usit es pour recueillir des informations Dans la seconde approche celle d un Lundvall par exemple les syst mes d innova tion comprennent plut t toutes les institutions dot es d une capacit d innovation m me si elles ne font pas de R D Cette perspective est plus proche du Manuel d Oslo La premi re version du concept s applique aux pays elle traite de syst mes nationaux d innovation Des d bats ont oppos ceux qui consid rent que les syst mes nationaux d innovation mergent de fa on spontan e et ceux qui pensent que l tat joue un r le central dans leur naissance et leur cr ation D autres d bats portent sur le nombre d ins titutions n cessaires pour qu un syst me d innovation existe ou sur leur niveau d int gration Pour les uns comme Arocena et Sutz le sys t me des pays sous d velopp s est fragment tandis que pour d autres comme Niosi il est inefficient et inefficace voir Clivage technologique 224 SYST MES D INNOVATION Vers le d but des ann es 1990 le concept a t appliqu des r gions plut t qu des espaces nationaux comme dans les travaux de Cooke ou Howells Certaines r gions industrielles o existent des universit s de recherche des laboratoires publics et des entreprises actives en R D se pr senteraient ainsi comme des syst mes r gionaux d innovation Franco Malerba a aussi appliqu le concept de syst
68. des l ments de contenu ou de m thode des faits des hypoth ses ou des th ories voir Champ Les acteurs en pr sence ont le plus souvent des formations homog nes car ils font partie de la m me discipline et partagent ainsi un certain vocabulaire technique et la connaissance tacite des r gles du jeu voir Discipline et Paradigme Ainsi le d bat est en g n ral relativement bien encadr et limit et finit par mener court ou moyen terme un consensus au sein de la discipline ou du domaine de recherche C est d ailleurs le caract re relativement ferm et homog ne des champs scientifiques qui assure ce contr le relatif du d roulement des d bats les agents trop d viants ou remettant en cause trop d acquis au m me moment tant souvent rejet s l ext rieur et exclus du champ voir valuation par les pairs Ainsi les d bats entourant l existence de 63 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S particules l mentaires nomm es quarks ou la quantit de neutrinos produite par le Soleil se sont d roul s au sein de petits groupes de cher cheurs sp cialis s dans ces domaines et se sont tenus dans des revues sp cialis es sans que le public ne s y int resse vraiment et encore moins y participe activement Au contraire les controverses publiques font intervenir une diver sit d acteurs groupes de pression citoyens repr sentants politiques entreprises m dias Ces acteurs poss dent des savoirs tr
69. des agents pr sentant un stock variable et imparfait de connaissances mettront en place des strat gies tr s diff rentes les unes des autres Les entreprises par exemple 81 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S appliquent diverses strat gies de financement de commercialisation ou de recherche et de d veloppement Ces strat gies un peu comme les mutations biologiques comportent une part de hasard car les agents ne disposent jamais d une information compl te De fa on compl mentaire le principe de s lection veut que les agents conomiques mettant en jeu diverses strat gies et technologies les march s priv s et publics font un choix parmi ces strat gies eux aussi avec une connais sance limit e Contrairement aux conomistes n oclassiques les vo lutionnistes estiment ainsi que puisqu aucun agent ne dispose d une information compl te et parfaite il n est pas possible d en arriver une situation d optimum c est dire une situation d quilibre stable et durable comme l quilibre de Nash ou de Pareto Au contraire les sys t mes conomiques des volutionnistes peuvent tre tant en quilibre y compris un quilibre entre ch mage et sous emploi que dans un d s quilibre permanent ou encore peuvent faire coexister plusieurs syst mes diff rents sur le plan de l quilibre Enfin les volutionnistes notent que pour contrer la rationalit limit e et l incertitude inh rentes l
70. des analogies mat rielles Il existe galement des analogies formelles ou structurales Ainsi lorsque deux syst mes physiques par exemple un pendule et un oscil lateur lectrique ob issent aux m mes quations math matiques Hesse affirme qu il existe une analogie formelle entre les deux syst mes Finalement Hesse introduit une distinction entre les analogies posi tives les analogies n gatives et les analogies neutres Les propri t s partag es par la source et le but constituent des analogies positives alors que les propri t s qui distinguent la source du but forment l en semble des analogies n gatives Les propri t s du but que l on ne peut classer du c t des analogies positives ou n gatives sont des analogies neutres Selon Hesse ces derni res jouent un r le important dans la recherche scientifique car elles peuvent guider les chercheurs vers de nouvelles hypoth ses originales C est d ailleurs probablement lorsqu elles concernent la cr ativit et la recherche scientifique que les tudes sur le r le des analogies et des m taphores s av rent les plus fructueuses Des recherches historiques ou men es aupr s de chercheurs contemporains portent ainsi sur le raisonnement des scientifiques et r v lent l importance des analogies dans l laboration des concepts des hypoth ses et des th ories voir Th orie scientifique Blanchette I et K Dunbar 2000 How analogies are generated The roles o
71. donn es publiques Les m thodes de classification automatique sont le plus souvent descriptives et reviennent d finir un crit re de proximit ou de distance et un crit re d agr gation Les classifications descrip tives conduisent la construction d arbres de classification dendro grammes D autres m thodes probabilistes se fondent sur l estimation du maximum de vraisemblance ou sur des approches bay siennes Si ces diff rentes m thodes de classification automatique sont utiles pour identifier des cat gories elles tendent cependant aussi g n rer des entit s abstraites Dans la th ologie m di vale les op rations qui conduisent cr er des entit s collectives ont t vivement critiqu es par les nominalistes tel Guillaume d Occam qui recommandait de ne pas multiplier les entit s abstraites sans n cessit d o le principe du rasoir d Occam ou de parcimonie On risque ainsi de r ifier les clas sifications en attribuant une existence objective des cat gories abs traites D contextualis es elles font par ailleurs oublier les dynamiques d interaction et les processus d institutionnalisation l uvre dans la constitution des classifications qui seuls permettent de restituer leur logique et leur port e voir Statistisation Bowker Goeffrey et Susan Leigh Star 1999 Sorting Things Out Classification and Its Consequences Cambridge MIT Press Degenne Alain Catherine Marry et St p
72. du monde industrialis Dans les ann es 1980 la l gitimit de ce pouvoir est cependant remise en question Pour reconna tre le droit constitutionnel la libert individuelle et encourager la libre concurrence sur les march s les gou vernements cherchent plut t r duire l emprise de la r glementation Une premi re vague de changement visant r duire le contr le de la FDA survient dans les ann es 1980 alors que les ravages du sida aux tats Unis poussent des groupes de pression comme Act Up revendi quer un acc s plus rapide aux m dicaments exp rimentaux L volution de la r glementation est ainsi influenc e par l implication de parties prenantes Dans le cas de la protection de l environnement 99 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S par exemple l autor glementation et la cor glementation prennent de l ampleur Le principe de l autor glementation est d inciter les pro ducteurs d manations toxiques par exemple mettre au point eux m mes des syst mes de surveillance et de v rification ponctuelle des audits pour d celer des probl mes de pollution et ainsi viter des amendes La cor glementation quant elle implique les parties pre nantes dans la cr ation des r glements en cr ant des comit s consul tatifs compos s d experts industriels On reproche ces syst mes la possibilit d influence des industries sur le gouvernement De mani re g n rale les modernisations
73. dune poque tant t l id ologie de groupes sociaux Dans la tradition marxiste on cherche comme dans l tude de 1931 que Boris Hessen consacre aux Principia de Newton relier le d veloppement des concepts scientifiques au d veloppement conomique Pour sa part Karl Mannheim en 1929 associe la connaissance et l id ologie mais consid re que les intellectuels n appartiennent aucune classe sociale 212 SOCIOLOGIE DES SCIENCES et exclut de son champ d analyse les connaissances scientifiques Enfin Ludwik Fleck d fend dans son tude de la Gen se et d veloppement d un fait scientifique 1935 le caract re essentiellement collectif de la recherche scientifique introduisant la notion de style de pens e c est dire d un ensemble de normes de concepts et de valeurs qui seraient propres aux savoirs et aux croyances une poque donn e voir Repr sentation sociale Si Robert K Merton peut tre consid r comme le fondateur de la sociologie des sciences c est qu avec lui s op re le glissement de la socio logie de la connaissance dont il d gage les principaux traits en 1945 la sociologie des sciences et que se cr e une nouvelle sp cialit avec son objet ses m thodes puis ses revues Science Studies Social Studies of Science et ses colloques comme ceux de la 4S Society L un de ses pro fesseurs Harvard Talcott Parsons s tait interrog sur les conditions d institutionnalisation de la
74. e du mat riel et du social et la cohabitation d humains et de non humains dans des r seaux complexes coh rents et gali taires Akrich M M Callon et B Latour 2006 Sociologie de la traduction textes fondateurs Paris Les Presses des mines Callon M 1986 l ments pour une sociologie de la traduction La domestication des coquilles Saint Jacques et des marins p cheurs dans la baie de Saint Brieuc L ann e sociologique vol 36 p 169 208 236 TH ORIE SCIENTIFIQUE Callon M et B Latour 1991 R seaux technico conomiques et irr versibilit s dans R Boyer B Chavanche et O Godard dir Les figures de l irr versibilit en conomie Paris ditions de l EHESS Latour B 1991 Nous n avons jamais t modernes Essai d anthropologie sym trique Paris La D couverte 1996 Petites le ons de sociologie des sciences Paris La D couverte Latour B et S Woolgar 1996 1979 La vie de laboratoire La production des faits scienti fiques Paris La D couverte Latour B 2005 1989 La science en action Introduction la sociologie des sciences Paris La D couverte Th orie scientifique Luc Faucher La notion de th orie est centrale la compr hension de l activit scien tifique En effet une bonne partie de l activit scientifique consiste dans l laboration la mise l preuve la d fense ou la r vision des th ories Les th ories sont emp
75. en 1945 le mod le de la cha ne qui lie la science l innovation L usage contemporain du terme tel qu on le retrouve dans les dis cours publics associe la technologie diff rents univers s mantiques qui recoupent quatre dimensions de la vie sociale et conomique La premi re dimension revient sur les liens entre sciences et techniques les technologies tant consid r es comme des techniques complexes qui int grent de nombreux savoirs formels ou scientifiques Les sciences 229 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S produisent alors des savoirs g n raux qui sont mat rialis s dans des dispositifs des syst mes et des objets voir Objet technique Nous sommes devant une classe d objets particuliers qui maneraient de la mise en forme des savoirs scientifiques la suite d une s rie d tapes Rappelons que cette liaison entre science et technique est contest e Par exemple Sebestik souligne que pour Canguilheim la technique industrielle ne rel ve pas de la science mais plut t d un assemblage de savoirs provenant de diff rentes sources dont la science avec qui l emprunt potentiel est d ailleurs r ciproque La seconde dimension tient la mat rialit des technologies Les technologies ont d abord t caract ris es par leur mat rialit c est dire par l inscription de connaissances et de savoirs dans des outils des quipements et des machines de plus en plus agenc s les uns aux autres dans des syst m
76. et explicatif qui tablissent une sorte d hom ostasie imparfaite entre elles et 3 l unit hom ostatique qu elles d montrent imparfaitement est un facteur important du point de vue causal et explicatif des syst mes complexes que nous tudions 2003 p 104 105 Boyd propose donc que les membres d une esp ce poss dent une essence dite causale c est dire un ensemble de m canismes auxquels il faut faire r f rence pour expliquer la cooccurrence m me imparfaite des propri t s typiques de ceux ci 36 CHAMP Prenons pour exemple l eau Tous les chantillons d eau poss dent une structure mol culaire identique H 0 Les propri t s de surface de l eau son caract re aqueux le fait qu elle bout 100 degr s Celsius etc s expliquent par r f rence cette structure Savoir qu un objet x est membre de l esp ce naturelle X permet de faire des pr dictions quant aux propri t s de cet objet si x est un chantillon d eau alors il devrait bouillir 100 degr s De m me si on d couvre une propri t en tudiant un seul ou quelques chantillons d eau on sera justifi de s attendre ce que les autres chantillons que nous n avons pas tudi s poss dent galement cette propri t c est ce que l on nomme la pro jectibilit une propri t caract ristique des cat gories scientifiques Si dans le cas de l eau ce qui permet de faire des g n ralisations au sujet des chantillons du
77. fa on accidentelle Une partie importante du travail scientifique consiste pour cette raison chercher et d couvrir cette essence D couvrir que contrairement ce que l on pensait des objets que l on croyait former une cat gorie naturelle n ont pas d essence com mune a souvent conduit dans l histoire l abandon de cette cat gorie voir Th orie scientifique Il existe en philosophie de nombreuses fa ons de d finir ce qu est une essence Une des conceptions contemporaines les plus sophis tiqu es de l essentialisme est celle de Richard Boyd Selon Boyd les membres d une esp ce naturelle tendent pr senter des groupes de caract ristiques typiques qui n ont pas tre des conditions n ces saires d appartenance au groupe par exemple les chiens ont typique ment quatre pattes mais un chien qui n en a que trois est encore un chien qui peuvent tre expliqu es causalement par des m canismes des processus ou des structures qui peuvent tre internes ou externes Comme l ont crit Keller Boyd et Wheeler au sujet de leur th orie des esp ces naturelles th orie dite des grappes hom ostatiques de pro pri t s ou Homeostatic Property Cluster Kinds les termes d esp ce naturelle r f rent des familles de propri t s telles que 1 celles ci tendent tre imparfaitement cooccurentes dans la nature 2 leur cooccurrence est expliqu e par des m canismes importants du point de vue inductif
78. guid s par la concurrence Depuis une vingtaine d ann es la notion de coop ration brouille toutefois cette image darwinienne de la lutte pour la survie entre les agents conomiques individus entreprises et organisations y compris gouvernementales De nouveaux modes de gestion bas s sur les routines des firmes asiatiques et une analyse plus empirique et plus fine de la vie conomique ont remis la coop ration l ordre du jour notamment sur le plan technologique Les raisons qui expliquent l existence de ces alliances techno logiques sont nombreuses r aliser des conomies d envergure et de vari t acc der de nouveaux march s r duire les co ts de la recherche d veloppement recevoir des connaissances et des techno logies compl mentaires ou obtenir du financement pour la R D voir Recherche et d veloppement SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Les alliances technologiques entre les entreprises sont de divers types horizontales lorsqu elles ont lieu entre des entreprises de la m me industrie par exemple entre PXW Canada et l Allemande MTU pour produire des moteurs d avion verticales lorsqu elles surviennent entre un assembleur ou usager et un fournisseur de pi ces ou de com posantes par exemple Hydro Qu bec et ABB ou bien Bombardier et P amp W Canada ou lat rales lorsqu elles surviennent entre des soci t s provenant de secteurs industriels diff rents et qui coop rent pour don ner une nouvelle
79. innovation institutionnelle pour orga niser et reproduire les champs de recherche qui structurent l appro priation collective de domaines intellectuels Lenoir lui distingue les programmes de recherche qui organisent les champs d tudes autour de probl matiques particuli res et les programmes disciplinaires qui tablissent les assises institutionnelles les canaux de diffusion et les clients universitaires ou non n cessaires l organisation et la repro duction d un champ de recherche bien des gards la notion de discipline gagne en clart lorsqu on la con oit dans une perspective historique comme une mani re par ticuli re d organiser la production la transmission et la diffusion des connaissances savantes qui merge avec l institutionnalisation de la recherche dans les universit s partir du 19 si cle voir Universit Plut t qu un trait naturel de la science la discipline est donc une forme sp cifique qui se caract rise par son assise dans l autor gulation et l autoreproduction d une communaut de pairs la fois producteurs diffuseurs et consommateurs de connaissances On ne peut donc institutionnaliser une discipline qui serait pr existante on devient une discipline en s institutionnalisant Historiquement la diffusion 75 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S du mod le universitaire prussien qui introduit la recherche dans les universit s la circulation d quipements sp
80. la pr sence ou l absence des destinataires devant le poste par opposition aux publics ces derniers ayant une conscience r flexive de leur existence en tant que publics Dans les ann es 1940 et 1950 les sociologues regroup s autour de Paul Lazarsfeld l Universit Columbia de New York ont tudi 146 M DIAS ET TECHNOLOGIE les contenus v hicul s messages par les m dias presse et radio et l influence de la diffusion de ces contenus sur les attitudes et comporte ments des individus et des groupes sur leurs d cisions en mati re lec torale et dans le domaine de la consommation Ces chercheurs ont mis en vidence des m canismes de filtrage dans les processus d influence o des leaders d opinion jouaient un r le d interm diaires dans le pro cessus d influence personnelle two step flow Cette approche des cher cheurs de Columbia appel e aussi paradigme des effets limit s s est impos e dans les milieux universitaires pendant pr s d un demi si cle en rupture avec les perspectives qui attribuaient un pouvoir manipula toire aux m dias effets directs Pendant les ann es 1960 le chercheur canadien Marshall McLuhan en introduisant le slogan The Medium is the Message a contribu une red couverte de la port e du medium dans les situations de communication Il sugg rait de consid rer les m dias comme des extensions de l homme c est dire le prolonge ment technique de l huma
81. liquide est la microstructure du liquide dans le cas des esp ces biologiques species ces m canismes peuvent tre des m canismes physiologiques ou comportementaux causant l isolation reproductive de certaines populations Dans le cas des cat gories de sciences humaines par exemple les classes sociales ou l ethnie ce qui expliquerait la coh sion des membres des groupes et qui fait en sorte que l on peut noncer des g n ralit s assez robustes leur sujet pourrait tre des m canismes psychologiques ou sociaux comme l int riorisation de certains st r otypes ou l existence de barri res institutionnelles emp chant l acc s certaines ressources Boyd R 1999 Homeostasis Species and Higher Taxa dans Robert Wilson dir Species New Interdisciplinary Essays Cambridge MA M L T Press p 141 185 Keller R A R N Boyd et Q D Wheeler 2003 The illogical Basis of Phylogenetic Nomenclature Botanical Review vol 69 n 1 p 93 110 Mill J S 1995 1965 Syst me de logique d ductive et inductive Paris Mardaga Champ Yves Gingras Voulant rompre avec l image idyllique dune communaut scientifi que implicitement homog ne uvrant de fa on collective au progr s de la science et r gie par les r gles de don et de contre don caract ristiques 3T SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S d apr s Warren Hagstrom des soci t s pr capitalistes le sociologue
82. me d innovation des secteurs industriels Ainsi envisag es les industries ne naissent pas dans un vide institutionnel elles se d veloppent au sein d institutions de recherche mais aussi de cadres r gulateurs comme les syst mes de brevets les incitations publiques l innovation et les politiques indus trielles voir Financement de la science Universit et Brevets et propri t intellectuelle Au fil des ann es de nombreux chercheurs ont ainsi d velopp le concept de syst me d innovation qui a t adopt par de multiples gouvernements nationaux et r gionaux ainsi que par des organisations internationales comme l OCDE Amable B et al 1997 Les syst mes d innovation l re de la globalisation Paris Economica Arocena R et J Sutz 2000 Looking at national systems of innovation from the South Industry and Innovation vol 7 n 1 p 55 75 Boorstin D 1983 The Discoverers New York Vintage 1992 The Creators New York Vintage 1998 The Seekers New York Vintage Cooke P 1992 Regional innovation systems Geoforum vol 23 p 365 382 Freeman C 1987 Technology Policy and Economic Performance Londres Pinter Howells J 1999 Regional systems of innovation dans D Archibugi et al dir Innovation Policy in a Global Economy Cambridge University Press Lundvall B A dir 1992 National Systems of Innovation Londres Piter Malerba F 2
83. me statistique national Jean Guy Pr vost Il est d sormais largement admis que l action publique devrait tre d finie mise en uvre et ses r sultats valu s sur la base d une connais sance ad quate de la r alit sociale et conomique Cette croyance rel ve selon le mot de Porter d une confiance dans les nombres et dans l objectivit m canique qui depuis le milieu du 19 si cle constitue un trait marquant aussi bien du monde de la science que de la vie publique dans son ensemble tablissement de standards dans un nombre croissant de domaines contr le de la qualit industrielle application du calcul co ts b n fices la prise de d cision m decine des preuves etc Aussi l existence d un syst me statistique national par quoi l on entend l ensemble des organismes publics produisant des donn es statistiques sur la population l conomie et la vie sociale d un pays appara t aujourd hui comme une composante incontournable de tout tat moderne voir tat pouvoir et science 221 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S La mani re d organiser un tel syst me la nature pr cise de ses activit s son degr d ind pendance professionnelle ou scientifique par rapport aux autorit s politiques ont certes vari grandement au fil du temps et d un pays l autre Mais on peut ais ment rep rer pour la plupart des pays occidentaux quelques tapes communes dans le d ve loppement des s
84. mise pour combler le probl me g n r par l absence du march Or le financement public de la ST fait l objet d un vif d bat qui a trait l efficacit des politiques gouvernementales et m me au bien fond de l intervention de l tat Des r sultats d tudes empiriques sont utilis s pour confirmer ou infirmer l un ou l autre argument Des chercheurs dressent le portrait des performances technologiques de pays ayant des syst mes nationaux de ST et les comparent des pays qui n ont pas de tels syst mes voir Syst mes d innovation et Territoires et sciences Le 110 FRAUDES SCIENTIFIQUES fait que le Japon tr s actif au niveau du financement public de la R D mais qui pr sente une performance assez m diocre depuis les quinze derni res ann es est utilis comme une illustration de l efficacit limit e des politiques de financement public de la R D Le financement public n est en fait qu un l ment parmi d autres qui contribuent pal lier le probl me de sous financement de la ST Arrow K J 1962 Economic Welfare and the Allocation of Resources for Invention dans Richard Nelson dir The Rate and Direction of Inventive Activity Princeton NJ Princeton University Press Champagne C et F Coggins 2009 Information Asymmetries in the Syndicated Loan Market the Cost of the Distribution Method Conf rence annuelle de la Northern Finance Association Winnipeg Canada septembre Hall
85. paradigme ou de r volution scientifique L acception kuhnienne du mot paradigme n en conna t pas moins beaucoup de succ s Apr s l avoir employ de fa on polys mique dans la Structure Kuhn en pr cise le sens dans la postface de la seconde dition en 1970 Il souligne la nature collective d un paradigme qui n a de sens que partag par une communaut pour laquelle il fait office de matrice disciplinaire en lui fournissant le cadre m taphysique th orique m thodologique moral qui autorise une pratique norma lis e ax e sur la r solution de probl mes aux contours d finis puzzle solving Le mot paradigme peut galement prendre un sens plus restreint pour d signer l exemple typique ou fondateur qui illustre la marche suivre pour la communaut des savants la math matisation des champs lectromagn tiques par Maxwell ou l tude du mouvement par Aristote ont chacune offert de telles figures paradigmatiques des communaut s de savants voir Analogie et m taphore en sciences Dans tous les cas le paradigme fournit le cadre de pens e de la science normale soit la formulation de questions de recherche et de crit res pour valuer les solutions propos es M me si Kuhn lui m me 169 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S offre une histoire proprement intellectuelle le concept de paradigme parce qu il regroupe la fois des composantes cognitives et sociales a pu encourager une lecture p
86. partir des ann es 1960 plusieurs d cri rent la capacit d une approche nomologique d crire l activit r elle de la plupart des scientifiques Cette mouvance mena plusieurs philosophes des sciences adopter une approche fond e sur la description des mod les plut t que des lois scientifiques voir Mod les scientifiques et Th ories scientifiques Carroll John W 2012 Laws of Nature The Stanford Encyclopedia of Philosophy Edward N Zalta dir http plato stanford edu archives spr2012 entries laws of nature Godfrey Smith Peter 2003 Theory and Reality An Introduction to the Philosophy of Science University of Chicago Press Hempel Carl G 2012 l ments d pist mologie trad B Saint Sernin Paris Armand Colin 145 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S M dias et technologie Serge Proulx Dans son acception la plus courante m dia d signe le moyen de diffu sion ou le moyen de communication que des agents utilisent dans diff rents types de situations soit ils souhaitent transmettre des infor mations sur un mode personnel ou organisationnel diffusion d infor mation soit ils cherchent convaincre autrui argumentation soit ils veulent changer et interagir symboliquement avec autrui communi cation Lorsqu il s agit de diffusion de masse le m dia remplit d abord une fonction de transmission d information Dans les situations de com munication interpersonnelle le
87. pass de la production quantitative la production qualitative soit de la reproduction l innovation Elle concerne surtout les pays ayant acquis une base minimale en mati re de ma trise sociale des technologies Ce mod le de TT consiste souvent transmettre des connaissances issues d une universit vers un centre de recherche d veloppement ce dernier ayant en assurer en restant en relation avec les concepteurs et les producteurs l adaptation l exp rimentation et les essais des fins com merciales En somme il ny a de TT que s il y a collaboration entre les trois milieux impliqu s soit l universit le centre de recherche d veloppement et l entreprise de production Dans les parcs scientifiques ou technop les les trois milieux peuvent resserrer leurs liens jusqu fusionner 242 TRANSFERT DE TECHNOLOGIE Dans cette situation la technologie constitue une innovation issue d une invention scientifique ou plus rarement d une d couverte Elle peut tre aussi le r sultat d une transformation qualitative d une tech nologie existante Invention d couverte ou id e ne se traduisent en innovation qu apr s leur reproduction et leur marchandisation C est dans le champ de la production marchande que na t l innovation Plus r cemment le TT s effectue galement d une entreprise une autre au sein d une m me soci t il peut d signer une nouvelle technologie en cours de mat rialisation ou une technologie
88. planification la psychologie la gestion de processus l arch ologie ou la g olocalisation La repr sentation des objets par des cartes attire galement les chercheurs et les consultants en gestion des organisations de m me que les chercheurs et gestionnaires int ress s par les approches de la prospective et la recherche action participative utiles aux processus de d cision La mise en place de cadres m thodo logiques descendants top down en anglais ou ascendants bottom up permettent de repr senter divers concepts sur une carte et les chercheurs sont souvent des acteurs au centre de la production de ces repr sentations Les cartes conceptuelles ou cognitives peuvent tre instables parce qu elles demeurent la traduction d un discours et demeurent ce titre sujettes de multiples interpr tations par les parties prenantes au processus de repr sentation Elles peuvent n anmoins servir de point de d part pour dynamiser voire tester l interpr tation d une repr sentation initialement statique d un objet En effet les r sultats obtenus par les mod les de simulation par ordinateur peuvent contribuer sta biliser les cartes mentales des individus qui fournissent seuls ou en groupe les connaissances tacites expertises donn es et informations utiles la compr hension de ph nom nes de processus de structures et de comportements voir Mod les scientifiques et Connaissance tacite Les appro
89. point de vue la science appara t donc tant t comme une institution tant t comme une communaut et tan t t comme un champ voir Champ et Histoire des sciences Une question se pose quelle est l autonomie de la science L activit scientifique est incontestablement une activit sociale ins r e en raison m me de ses conditions de r alisation laboratoires ressources financi res chercheurs dans le syst me des rapports sociaux et politiques propres chaque soci t La question de la fonction sociale de la science s est pos e tr s t t aux sociologues comme dans l ouvrage de J D Bernal The Social Functions of Science paru en 1939 Entre la th se de la d pendance totale de la science par rapport aux forces conomiques politiques et religieuses et celle de sa compl te ind pendance il y a place pour T tude sur la base de donn es empiriques de l articulation complexe entre les diverses instances que sont les gouvernements les entreprises et les universit s ou mieux comme le propose Bourdieu entre les champs politique conomique religieux et scientifique voir Politique des sciences et des technologies Trop souvent postul e l autonomie de la science est le r sultat d une longue histoire et elle est loin d tre jamais garantie Ben David Joseph 1971 The Scientist s Role in Society University of Chicago Press Bourdieu Pierre 1975 La sp cificit du champ scientifique et les condit
90. pour former un dispositif au sens fort du terme et non dans le sens ordinaire de ruse machina ou d agencement mat riel apportant une solution pratique un probl me un artefact doit tre articul d autres l ments et s inscrire dans une dynamique sociale Un m me objet technique peut tre d crit en tant qu artefact et en tant que dispositif selon l angle d analyse que l on privil gie Quinton souligne la diff rence entre artefact et dispositif de communication en d finissant ce dernier comme l ensemble relationnel qui se construit entre l artefact ses acteurs en production r ception ses utilisateurs ainsi que les contextes dans lesquels prennent place ces interactions S effor ant de r duire la distance entre le naturel et l artificiel la th orie de l acteur r seau situe l artefact technique stabilis sur le m me plan que le fait scientifique ce qui est per u par les acteurs comme une chose aux contours d finis serait en fait un assemblage h t rog ne d actants humains et non humains ayant subi un processus de mise en bo te noire ou ponctualisation Autrement dit l arte 166 OBJET TECHNIQUE fact serait l aspect visible d un dispositif sociotechnique dont il est indissociable Latour pr cise par ailleurs qu un objet technique n existe pas autrement que sous la forme d un quasi objet insaisissable dont le mode d existence fluctue Il devient artefact au sens d
91. premiers inventeurs du feu de la pierre taill e de la domestication restent inconnus leurs successeurs ont joui d une reconnaissance publique dont l ampleur moderne constat e pour Edison comme pour Jobs s enracine dans l Antiquit L inventeur tait alors un personnage h ro que mule de Prom th e et bienfaiteur de l humanit L Histoire naturelle de Pline l Ancien attribue plus d une invention telle ou telle d it de m me qu des fils de Saturne Jupiter ou Mars et pr cise que C r s a t divinis e pour son inventio de la culture du bl La Renaissance renoue avec cette tradition en voulant honorer les responsables des nouvelles inventions mais la paternit du proc d technique in dit prend aussi une valeur commerciale d abord dans le contexte des guildes et corporations m di vales puis sous la forme des privil ges exclusifs accord s par des tats europ ens aux innovateurs Une loi v nitienne de 1474 nonce les principes du brevet d invention Lorsque les syst mes de brevets se g n ralisent pendant la R volution industrielle ils confirment le r le de l inventeur voir Brevets et propri t intellectuelle Au 19 si cle l inventeur entre dans le panth on des gloires natio nales En Europe il est concurrenc par les grands entrepreneurs les savants ou les auteurs Aux tats Unis toutefois les Fulton Morse et Bell sont port s aux nues par une culture techniciste qui s enthou siasm
92. quant eux sont affich s dans une autre section disciplinaire C N U Section 17 philosophie On peut relever une autre diff rence connexe En anglais on parle de philosophy of science sugg rant que la science constitue un ph no m ne unifi notons le singulier de science alors qu en fran ais la dimension plurielle des sciences est pr f r e dans l expression philo sophie des sciences Sans tomber dans une s miologie hasardeuse on pourrait sugg rer qu en fran ais l pist mologie des sciences expres sion redondante en fran ais de par sa pr f rence m thodologique pour les explications ancr es dans l histoire de la pratique scientifique a t plus marqu e par l h t rog n it des pratiques scientifiques Inversement la philosophy of science en vertu de son h ritage provenant de l empirisme logique a tenu souligner l uniformit r elle ou per ue des pratiques scientifiques voir Philosophie des sciences Notons finalement que l anglicisation croissante des publications semble encourager progressivement un glissement du sens anglais du terme epistomology en fran ais Il est ainsi de plus en plus fr quent que les deux termes soient utilis s de mani re interchangeable Bachelard Gaston 1934 Le nouvel esprit scientifique Paris F Alcan Bitbol Michel et Jean Gayon dir 2006 L pist mologie fran aise 1830 1970 Paris PUF Chalmers Alan 1987 Qu est ce que la Sci
93. radicalement diff rentes quoique d gale pr tention la validit Selon Ian Hacking pour un X quel conque pr sentement tenu pour acquis le constructivisme social s op pose la th se de son in vitabilit en soutenant plut t que X pourrait 61 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S ne pas tre ou n est en rien d termin Un argument g n alogique l appui de la th se que X pourrait ne pas tre consiste d montrer l ori gine historique de X de mani re exposer sa gen se et les contingences qui ont pu l entourer Hacking souligne toutefois que conclure de cette origine historique l absence de n cessit de X est un non sequitur la r alit peut rendre vraie de fa on n cessaire la th orie de la gravitation m me si celle ci a une origine historique En fait la th se selon laquelle nos concepts ont une origine sociale est triviale en soi le constructivisme social n aurait aucun mordant s il sy limitait Aussi les constructivistes font ils appel un argument contrefactuel selon lequel l accord de la communaut scientifique pr c de et cr e les faits les choix des scientifiques ne seraient donc pas sp cialement contraints par une r alit ind pendante et objective voir Histoire des sciences et Relativisme Cette forme d id alisme ouvre la porte au relativisme de la connais sance Toujours selon Hacking les d fenseurs du constructivisme social proposent souvent pour de
94. s de rente La plupart des tudes concluent que le rendement priv de l inves tissement en R D est g n ralement bien sup rieur au rendement du capital investi en quipement et b timents Par contre en raison des externalit s de R D le rendement priv de l innovateur est souvent significativement inf rieur au rendement social de la R D Cependant en raison des difficult s li es la mesure l imperfection des donn es et la diversit des approches conom triques utilis es l estimation des rendements sociaux et donc de l effet des externalit s de R D varie encore beaucoup d une tude l autre voir Approches d entr e sortie Bernstein J 1 1989 The structure of Canadian interindustry spillovers and the rates of return to R amp D Journal of Industrial Economics vol 37 n 3 p 315 328 Griliches Z 1992 The Search for R amp D spillovers Scandinavian Journal of Economics Supplement vol 94 p 29 47 1979 issues in Assessing the Contribution of Research and Development to Productivity Growth Bell Journal of Economics vol 10 n 1 p 92 116 Hanel P 2000 R amp D interindustry and international spillovers of technology and the total factor productivity growth of manufacturing industries in Canada 1974 1989 Economic Systems Research vol 12 n 3 p 345 361 1988 L effet des d penses en R D sur la productivit de travail au Qu bec
95. s diversifi s et ne partagent pas n cessairement de normes communes Les contro verses publiques sont peu encadr es donc peu pr visibles dans leur d roulement Aucune r gle commune d valuation ne s applique l en semble des acteurs en pr sence et la convergence vers un consensus est d autant moins probable comparativement ce que l on observe dans les d bats scientifiques que les d bats publics font toujours intervenir des points de vue id ologiques politiques religieux ou moraux qu au cune m thode sp cifique ne peut vraiment trancher Et alors que les controverses scientifiques se d roulent avant tout dans le petit monde des revues savantes sp cialis es peu accessibles au citoyen ordinaire les controverses publiques occupent au contraire l espace public via les m dias habituels que sont les journaux magazines missions de radio et de t l et maintenant les sites Internet blogues et autres fils Twitter Il n existe pas de mode standard de d clenchement d une contro verse publique Celle ci peut tre lanc e par un acteur remettant en question un consensus scientifique comme ce fut le cas de la contro verse entourant l usage du DDT ou encore na tre d une controverse scientifique et s tendre un espace social plus large parce que l objet du litige touche des int r ts ext rieurs au champ scientifique Pensons aux controverses entourant la reproduction m dicalement assist e ou les impacts enviro
96. s technologique Le r sultat surprenant de son tude tait que la croissance de l emploi et du capital n expliquaient qu une petite fraction 12 5 de la croissance observ e du PIB Trouvant la majeure partie de la croissance non expliqu e par le mod le Solow en a conclu qu il s agissait de la contribution du progr s technologique c est dire du r sultat cumulatif de la diffusion de nouvelles connaissances et d innovations Les r sultats de Solow qui lui ont valu le prix Nobel d conomie en 1987 ont t reproduits dans de nombreux pays pour des p riodes diff rentes et par des m thodes statistiques plus sophistiqu es voir Approches d entr e sortie Toutefois le mod le de Solow n a pas expliqu l origine de la crois sance de la productivit globale des facteurs Le progr s technolo gique reste un facteur exog ne et en r ponse au mod le de Solow Paul Romer a propos en 1986 le mod le de croissance endog ne Dans ce mod le la croissance est Le r sultat de quatre facteurs cl s savoir les rendements d chelle le capital humain l action publique et l inno vation L innovation est alors vue comme une activit rendement croissant qui augmente le stock de connaissances le d bordement de ces connaissances finissant par tre b n fique pour tous Les firmes tant sur ce point interd pendantes la course l innovation de 79 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S chaque firme b n
97. science positive des Lumi res aux comportements humains mile Durkheim a sans doute le mieux marqu cette ambition avec la publication de R gles de la m thode sociologique 1894 un livre directement inspir par l Introduction l tude de la m decine exp rimentale 1865 du m decin Claude Bernard 206 SCIENCES SOCIALES Dans un premier temps malgr parfois de grandioses d clarations pensons Auguste Comte les travaux des praticiens ont continu se situer la fronti re de la philosophie morale et de la science voir en conomie ceux d Adam Smith Ce n est que peu peu que les sciences sociales ont conquis leur autonomie relative par rapport d autres disciplines d j bien tablies comme la philosophie ou le droit voir Discipline La difficult d analyse des diverses branches de la famille des sciences humaines tient cependant ce que cette autonomisation ne s est pas r alis e partir d un principe unique de distinction Dans le cas de l conomie ce principe fut davantage une ontologie l homo economicus dans le cas de l anthropologie davantage une m thode le terrain et un objet les peuples dits archa ques dans le cas de la science politique davantage une notion le pouvoir etc Au 19 si cle cette autonomisation a eu tendance suivre les grandes divisions internes de la soci t moderne l conomie la politique l individu Cependant les sous disciplines ayant prolif
98. sense making Academy of Management Journal vol 55 n 5 p 1232 1259 34 CAT GORIE Tolman E C 1948 Cognitive maps in rats and men Psychological Review vol 55 n 4 p 189 208 Trochim W M K 1989 Concept mapping Soft science or hard art Evaluation and Program Planning vol 12 n 1 p 87 110 Cat gorie Luc Faucher Il existe plusieurs fa ons de cat goriser les objets du monde Par exemple en regardant le champ qui s tend devant moi je peux regrou per les objets selon leur couleur il y a des fleurs jaunes des arbres au feuillage vert des pierres grises selon certaines propri t s qui m int ressent certaines fleurs sont comestibles d autres toxiques ou selon leur appartenance des esp ces biologiques cet arbre est un rable gigu re ou acer negundo cette fleur un lys des prairies ou lilium philadelphicum cette pierre un granit celle l une quartzite Comme le remarquait Mill dans son Syst me de logique Quelques classes n ont rien ou presque rien en commun qui puisse servir les caract riser si ce n est pr cis ment ce qui est connot par le nom Les choses blanches par exemple n ont pas d autre propri t commune que la blancheur mais des centaines de g n rations n ont pu puiser les propri t s communes des animaux et des plantes du soufre ou du phos phore Nous ne les supposons m me pas puisables et nous poursuivons nos observations e
99. si cle postkantien avait v cu l efferves cence d une m taphysique que l on peut qualifier de sp culative Ainsi contrairement la philosophie de la nature des si cles pr c dents la m taphysique et les d veloppements positifs et exp rimentaux des sciences taient devenus des projets ind pendants du moins du point de vue de la philosophie acad mique La m taphysique divor ait ainsi compl tement de ce que la science surtout empirique pouvait offrir Le rejet philosophique de celle ci s inspirait de l id e que observation induisait en fait l erreur par rapport la v rit constitutive du r el La philosophie allemande de la fin du 19 et du d but du 20 si cle tait domin e par cette m taphysique sp culative Or plusieurs philo sophes de mouvance empiriste th se selon laquelle seule l exp rience sensible est garante de connaissance justifi e souvent oppos e au rationalisme s inscrivirent en faux contre ce courant et en propos rent un autre nomm positivisme puis empirisme logique qui en vint dominer la philosophie des sciences anglo saxonne Pour ces philo 144 LOIS SCIENTIFIQUES sophes comme Carnap Reichenbach ou Hempel la m taphysique sp culative n est pas en mesure d offrir des connaissances justifi es et la philosophie devrait donc consacrer tous ses efforts d voiler les relations logiques entre les nonc s fournis par la science qui elle seule par sa m thode empiri
100. signe les cas o la diffusion de la nouvelle technologie d habitude le r sultat de l investissement en R D par un innovateur donne lieu l imitation et l mulation Quand les autres chercheurs ou entreprises assimilent imitent ou utilisent la nouvelle technologie sans compenser l innovateur initial il s agit d externalit s de connaissances Comme en t moigne l histoire de la technologie les externalit s de connaissances scientifiques et technologiques sont omnipr sentes et m me l une des principales sources du d veloppe ment technologique Si on exclut les innovations susceptibles d tre utilis es des fins antisociales drogues armesillicites etc les exter nalit s de connaissances sont en g n ral positives Le rendement social de l investissement en R D est dans ce cas sup rieur au rendement priv obtenu par l innovateur initial voir Objet technique Le second type est celui des externalit s p cuniaires Ce terme d signe les cas o la diffusion de la nouvelle technologie prend plusieurs formes elle int gre le march de nouveaux produits et proc d s dont elle am liore la qualit et la performance et se diffuse l chelle r gionale nationale et internationale Ce type d externalit est la principale source de la croissance et du d veloppement conomique voir Impacts cono miques Dans ce cas de figure l innovateur se trouve au d part dans une situation de monopole qui lui perm
101. sur des manuels compos s au Moyen ge Ce mod le qui tablissait un cloisonnement entre enseignement et recherche a persist jusqu au 19 si cle Les activit s de recherche men es avant ce moment ont donc t r alis es hors de l universit quoique le plus souvent par des hommes ayant une formation uni versitaire c est dire dans les acad mies les cours princi res et les soci t s savantes les institutions qui d fendaient promouvaient et stimulaient alors les progr s de la science voir Territoires et sciences La recherche s institutionnalise l universit partir du milieu du 19 si cle En Allemagne d abord sous l impulsion de Wilhelm von Humbolt notamment l institution universitaire se transforme de fa on radicale en int grant en son sein la recherche et assume d s lors la fonction de production du savoir en plus de celle de l enseignement L universit s ouvre alors de nouvelles disciplines dont les math ma tiques la physique la chimie la philologie ou l histoire voir Discipline Elle modifie ses formes d enseignement en organisant en plus des cours magistraux des s minaires et des laboratoires Ces transfor mations majeures donnent naissance au professeur chercheur qui uvre pour le bien commun et jouit d une grande autonomie dans ses 244 UNIVERSIT travaux de recherche Le mod le universitaire allemand commence s imposer aux tats Unis dans le dernier quart du
102. sur l tude sociale du fait scientifique et technique ce que l on appelle le champ STS pour science technologie et soci t Sciences 1 Ian Hacking Introductory Essay Thomas S Kuhn 2012 1962 The Structure of Scientific Revolutions University of Chicago Press p vii 2 Le manuel de Dominique Vinck et le Guide de Michel Wautelet et de ses collaborateurs offrent des travaux de belle qualit quoique de facture diff rente Dominique Vinck 2007 Science et soci t Sociologie du travail scientifique Paris A Colin 302 p Michel Wautelet Damien Duvivier Pierre Ozer et Bernard Querton 2014 Sciences technologies et soci t Guide pratique en 300 questions Bruxelles De Boeck 4 dition SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S technologies et soci t s de A Z remplit cet office Activement parcouru il r v le la trame le vocabulaire les questions et la mouvante unit d une communaut de pens e et de recherche vou e la saisie cri tique des sciences et des technologies entendues comme ph nom nes humains et sociaux force de le parcourir en tous sens d en exploiter les renvois et d en cumer l index on pourrait bien se surprendre le lire d un trait Chaque entr e pr sente l tat des recherches sur un aspect pr cis de l tude des sciences et des technologies en rendant compte tant des acquis de la recherche que des d bats th oriques ou m thodologiques en cours Travai
103. surtout leurs utilisations ne sont ni purs ni statiques Qui s approprie ces concepts Comment quelles fins Ces questions furent largement n glig es par plusieurs philosophes mais prises au s rieux par les sociologues les historiens et d autres pist mologues La perspective de la migration conceptuelle se concentre sur l tude de la logique des th ories tout en tenant compte de l aspect dynamique et social de l internalisation de cette logique L tude des processus de migration conceptuelle permettrait ainsi aux pist mologues de divers horizons de se rejoindre 149 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S La migration conceptuelle peut tre envisag e de deux mani res On peut d une part constater que les concepts se d placent de mani re verticale l int rieur des champs disciplinaires Les concepts sont alors transform s l int rieur des disciplines mais sont souvent maintenus plut t que remplac s pour diverses raisons pour assurer la coh rence d un champ cause de la m compr hension de la nouveaut d une d couverte etc Un exemple frappant est la notion de g ne qui se transforma radicalement en passant du concept pens par Mendel au 19 si cle la notion de g ne mol culaire issue des travaux de Watson et Crick sur la structure de l ADN au milieu du 20 si cle L tude de la r duction d une th orie une autre offre aussi un exemple d tude de migration conceptuelle mi
104. un standard de description dans un projet de grande base de donn es en cologie peut privil gier un certain type de donn es par exemple des donn es d cologie physique plut t qu un autre par exemple des donn es d cologie biologique en facilitant l acc s aux premi res simplement par la fa on dont celles ci sont class es et cat goris es La question du r le performatif des infrastructures informationnelles constitue l une des pistes de recherche pertinentes des tudes d infrastructure en invi tant le chercheur d une part s interroger sur les dimensions thiques 128 INNOVATION OUVERTE et politiques des dispositifs et d autre part aborder les modalit s pratiques des processus de repr sentation des cat gories de la science voir Cat gories Abbate J 1999 Inventing the Internet Cambridge MA MIT Press Bowker G C K S Baker F Millerand et D Ribes 2010 Towards Information Infra structure Studies Ways of Knowing in a Networked Environment dans J Hunsinger J M Allen et L Klastrup dir International Handbook of Internet Research Springer p 97 117 Bowker G C 2000 Biodiversity Datadiversity Social Studies of Science vol 30 n 5 p 643 684 1994 Science on the Run Information Management and Industrial Geophysics at Schlumberger 1920 1940 Cambridge MA MIT Press Edwards P N S J Jackson G C Bowker et R Williams 2009 Intro
105. une fois celui ci termin Toutefois certains philosophes ont argument que les mod les scientifiques eux m mes seraient des m taphores ou des analogies voir Mod les scientifiques Notons gale ment qu elles r apparaissent dans l enseignement des sciences aspect 18 ANALOGIE ET M TAPHORE EN SCIENCES dont nous ne discuterons pas ici Avant de commenter ces diff rentes dimensions clarifions bri vement la nature des termes impliqu s tant donn un objet ou syst me X ayant les propri t s Al An et un objet ou syst me Y ayant les propri t s B1 Bn une analogie entre X et Y est une correspondance souvent partielle entre les attri buts de X et les attributs de Y On dit que X est la source de l analogie et qu Y en est le but le but est souvent le syst me que le chercheur tente de comprendre gr ce l analogie Ainsi on pr sente souvent le mod le de l atome de Bohr comme une analogie entre le syst me solaire et l atome De m me on parle du mod le des boules de billard pour les gaz comme d une analogie entre les gaz et des boules de billard qui se d placeraient dans l espace On se contente parfois de dire que des syst mes X et Y sont analogues s ils sont semblables ou similaires sous certains aspects pertinents Une m taphore par ailleurs est g n ralement entendue comme une analogie dans laquelle la correspondance s effectue par le biais d une fusion c est dire qu on attribue di
106. utilis s de plus en plus fr quem ment pour mesurer la notori t l impact voire la qualit des articles scientifiques et donc des chercheurs quiles produisent Cette tendance s est toutefois accompagn e de nombreuses critiques Sur un plan strictement quantitatif on a soulign que le nombre absolu de citations re ues ne traduit pas n cessairement la valeur scientifique intrins que de l article cit puisque ce nombre est aussi d termin par plusieurs fac teurs extrins ques Mentionnons entre autres le temps coul depuis la parution de m me que la discipline de publication toutes choses tant gales par ailleurs les articles plus anciens et qui appartiennent des disciplines dot es d une forte densit de publication la biom decine par exemple accumulent davantage de citations que les autres et ce ind pendamment de leur valeur scientifique En bibliom trie toutefois ces probl mes sont corrig s par l emploi de proc dures de normalisa tion appropri es Sur le plan qualitatif d autre part la signification m me de l acte de citer a aussi t mise en doute Critiquant l approche normative de Merton selon laquelle la citation traduit la reconnaissance explicite des pairs l approche constructiviste met plut t en vidence la multiplicit des motivations citer parmi lesquelles la reconnaissance du travail cit c toie des intentions moins d f rentes de distanciation de correc tion d invalidatio
107. vue sociologique c est dire du point de vue des pratiques associ es leur d veloppement cherchant ainsi d passer les visions purement techniques voir Objet technique Les tudes d infrastructure infrastructure studies se sont d velopp es autour de cette notion Dans la lign e des analyses sociohistoriques de grands syst mes technologiques ces travaux mettent l infrastructure au premier plan des analyses et font de ces syst mes habituellement invisibles et peu attrayants des objets d int r t pour les chercheurs en STS qui visent en comprendre les dynamiques d innovation technique et les usages En adoptant une vision pragmatique Star et Ruhleder consid rent l infrastructure comme tant fondamentalement relationnelle pour un administrateur de r seau par exemple la maintenance du r seau informatique d une organisation gestion des comptes usagers et des machines est au c ur de son activit quotidienne alors que ces t ches restent invisibles pour les usagers Le travail de l un constitue l infra structure de l autre Par analogie la question d Engenstr m When is a tool laquelle Engenstr m r pond en termes de r seau d usages et d actions Star et Ruhleder proposent la question quand sommes nous en pr sence d une infrastructure plut t que qu est ce qu une infrastructure Il revient au chercheur d valuer l int r t analytique d examiner un ph nom ne en tant qu infrastructu
108. 0 Ptol m e 169 public espace et d bat publics 13 14 15 22 29 44 45 46 49 50 51 52 53 63 64 65 79 82 84 89 90 92 101 110 111 112 113 116 124 125 130 131 137 139 146 157 175 177 178 189 190 191 194 198 207 208 211 220 221 224 225 229 232 245 248 Qu telet Adolphe 188 rapports sociaux 60 67 68 117 158 166 215 recherche appliqu e 125 178 recherche fondamentale 50 89 109 178 229 245 246 r duction 16 125 150 175 202 227 240 r gional 13 22 27 79 84 101 102 142 222 225 religion 64 182 215 Renaissance 88 139 r seau 23 31 72 93 94 95 108 114 125 126 127 128 146 153 158 163 164 166 167 198 199 214 226 228 232 234 235 236 239 240 247 249 r volution industrielle 99 121 139 155 229 r volution scientifique 54 122 123 168 169 170 193 203 214 revue 27 28 41 42 64 76 104 105 116 120 122 134 138 213 226 robot 55 91 Royal Society 97 120 173 189 Schumpeter Joseph 81 85 111 115 140 141 142 143 scientom trie 27 104 213 Simondon Gilbert 165 166 168 singularit 87 92 95 Sokal Alan 214 Sorokin Pitirim 188 212 sp cialiste sp cialisation 52 65 83 84 90 95 108 133 134 139 207 strat gie 14 15 24 31 32 38 39 48 49 62 67 82 89 94 95 115 131 132 136 147 181 220 227 241 242 syst me 19 20 22 30 35 36
109. 000 Social Constructivism and the Philosophy of Science Londres Routledge Latour B 2004 Why has critique run out of steam From matters of fact to matters of concern Critical Inquiry vol 30 p 225 248 Latour B et S Woolgar 1986 1979 Laboratory Life The Construction of Scientific Facts Princeton University Press Traduction fran aise La vie de laboratoire La production des faits scientifiques Paris La D couverte 1988 Lorber J et S A Farrell 1991 The Social Construction of Gender Newbury Park CA Sage Publications Nelson A 1994 How could facts be socially constructed Studies in History and Philosophy of Science vol 25 p 535 547 Pickering A 1984 Constructing Quarks A Sociological History of Particle Physics Edin burgh University Press Controverse lisabeth Gauthier et Yves Gingras Dans la langue courante une controverse est un d saccord entre des acteurs qui provoque une discussion une dispute Dans le champ des tudes sur les aspects sociaux des sciences et des technologies il est utile de distinguer deux types id aux de controverses soit les contro verses scientifiques et les controverses publiques Les controverses scientifiques se d roulent dans un espace relati vement clos le champ scientifique et opposent des experts reconnus d une m me discipline ou dun m me domaine de recherche chimie physique sociologie nanotechnologie etc sur
110. 002 Sectoral systems of innovation and production Research Policy vol 31 n 2 p 247 264 dir 2004 Sectoral Systems of Innovation Cambridge University Press Nelson R R 1993 National Innovation Systems Oxford University Press Niosi J 2002 National systems of innovation are x efficient and x effective why some are slow learners Research Policy vol 31 n 2 p 291 302 Niosi J B Bellon P P Saviotti et M Crow 1993 National systems of innovation in search of a workable concept Technology in Society vol 15 n 2 p 207 227 Rosenberg N 1983 Inside the Black Box Cambridge University Press Schmookler J 1966 Invention and Economic Growth Cambridge MA Harvard Uni versity Press 225 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Taux d adoption de l innovation Catherine Beaudry La diffusion de l innovation est le comportement agr g d entreprises ou d individus qui adoptent ou pas une technologie ou une inno vation voir Diffusion de la technologie L adoption est alors d finie comme le comportement d un agent qui d cide d adopter une tech nologie ou une innovation un moment pr cis Les diverses revues de litt rature de Baptista Geroski Rogers ou Stoneman proposent des retours exhaustifs sur les travaux r alis s ce sujet depuis les uvres pionni res de Griliches et Mansfield La litt rature sur la diffusion vise comprendre le taux d a
111. 03 204 205 209 210 217 218 222 226 227 229 233 237 238 239 242 244 245 246 247 mondialisation 70 90 136 morale 44 57 64 110 169 187 207 209 235 national 15 22 27 28 31 47 76 80 85 89 101 102 110 115 119 133 137 142 175 190 217 218 222 224 225 233 234 Newton Isaac 117 120 143 144 169 170 172 173 187 193 205 212 normatif 42 44 55 92 133 193 203 213 233 norme 39 55 57 58 64 70 72 91 100 158 159 162 196 201 205 213 219 Occam Guillaume d 46 251 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S OCDE 13 47 80 109 137 142 190 191 201 224 225 organisation 13 14 15 33 45 66 67 68 70 73 74 75 76 77 78 82 115 124 125 127 128 130 131 133 142 146 158 164 172 179 187 189 198 200 201 207 208 210 211 212 225 230 239 241 243 247 248 Parsons Talcott 213 participation 15 16 17 33 34 73 88 100 107 127 156 pharmaceutique 92 99 107 Polanyi Karl 53 54 56 Popper Karl 86 174 192 205 Porter Roy 181 182 Porter Theodore 158 160 162 188 208 218 221 223 positivisme 144 152 192 209 210 preuve 29 99 141 196 221 229 probabilit 46 105 201 204 218 226 228 programme fort 61 193 214 progr s 37 47 50 51 66 79 83 84 98 100 120 122 155 157 168 171 201 207 209 244 psychologie 33 54 209 psychologique 37 192 210 24
112. 1 48 71 82 83 84 88 89 125 130 131 139 141 142 158 179 222 241 245 246 comparaison 19 31 95 187 221 Comte Auguste 120 172 192 194 207 209 210 211 212 Condillac tienne Bonneau de 172 conflit 39 57 74 92 152 175 consommateur 59 75 92 100 101 102 177 181 226 228 consommation 24 101 147 207 220 226 239 coop ration 13 14 15 130 137 147 163 164 185 223 corroboration 145 149 192 205 cr ation cr ativit 11 18 20 24 25 59 60 69 70 74 88 125 130 141 142 255 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S 155 156 190 195 199 223 236 241 246 Darwin Charles 13 64 150 189 d couverte 16 35 36 37 41 76 84 88 130 139 143 144 147 149 150 156 170 178 187 192 205 209 210 232 243 d duction d ductif 34 145 151 153 203 205 238 d mocratie 93 155 211 Descartes Ren 88 120 172 204 209 description dense 95 diffusion 21 27 28 48 71 72 73 74 75 76 77 78 79 101 102 142 146 147 157 181 192 224 226 227 244 245 dispositif 24 25 44 72 73 94 128 129 146 156 165 166 167 183 184 185 197 198 199 211 230 232 247 248 Durkheim mile 172 195 206 212 218 chelle 79 80 90 102 116 164 166 185 198 220 222 223 Einstein Albert 92 132 empirisme 121 170 empirisme logique 87 144 151 173 192 entrepreneur 139 140 142 163 229 24
113. 140 INVENTION ET INNOVATION TECHNOLOGIQUE Gilfillan S C 1935 The Sociology of Invention An Essay in the Social Causes of Technic Invention and Some of Its Social Results Especially as Demonstrated in the History of the Ship Follett Publishing Company Long P O 2001 Openness Secrecy Authorship Technical arts and the Culture of Knowledge from Antiquity to the Renaissance Johns Hopkins University Press Schumpeter J 1934 The Theory of Economic Development Cambridge Harvard Univer sity Press Invention et innovation technologique Petr Hanel et L Martin Cloutier L invention est la cr ation et la d monstration d un concept ou d une id e sous la forme d un produit objet ou proc d nouveau ou am lior rendu possible gr ce la combinaison de nouvelles connaissances ou de connaissances existantes Bien qu elle puisse tre motiv e par les besoins d usagers une invention se mat rialise en marge de tout aspect commercial dans le but de satisfaire un besoin intellectuel de comprendre ou par simple curiosit voir inventeur Certaines inven tions peuvent tre radicales et satisfaire un besoin d une mani re totalement unique et nouvelle plut t qu incr mentale Parfois l utilit d une invention ne devient apparente que des ann es suivant sa cr a tion Les inventions peuvent d finir de nouveaux contours ou tablir de nouvelles possibilit s pour l activit humaine voir Objet technique Th o
114. 1914 La Th orie physique Son objet sa structure 2 dition Paris Vrin Falcon Andrea 2005 Aristotle and the Science of Nature Unity without Uniformity Cambridge University Press Grmek Mirko Drazen 1997 Le legs de Claude Bernard Paris Fayard Guicciardini Niccol 2009 Isaac Newton on Mathematical Certainty and Method Cambridge MA MIT Press Kuhn Thomas S 1983 La structure des r volutions scientifiques Paris Flammarion Van Fraassen Bas C 1980 The Scientific Image Oxford University Press Sciences sociales Jean Philippe Warren Les sciences sociales sont des instruments de savoir autant que de pou voir c est donc dans ces deux sens qu elles doivent tre d finies D une part elles permettent d analyser avec les m thodes de la science la r alit humaine afin de mieux saisir les m canismes qui la r gissent au niveau conscient et inconscient D autre part elles ordonnent forc ment par leurs discours et leurs pratiques les pens es et les comportements des hommes et des femmes en soci t On peut faire remonter l apparition des sciences sociales l Antiquit La Politique d Aristote commence ainsi par une enqu te empirique des cit s grecques et se prolonge en une classification id al typique de leurs constitutions Cela dit il vaut mieux r server le terme sciences sociales une p riode plus r cente c est dire l poque o l on a voulu appliquer les principes de la
115. 22 238 Objectivit et r gulation Peter Keating En tenant pour fondamentale l opposition de l objectivit et de la sub jectivit la philosophie des sciences reconna t traditionnellement pour objective une forme de connaissance dont toute trace de subjectivit aurait t purg e voir Science Suivant cette conception la connais sance ne pourrait tre dite objective qu la condition que son objet soit universellement accessible c est dire accessible ind pendamment de la position du sujet connaissant Ce point de vue n est pas partag par les historiens des sciences pour lesquels la notion d objectivit a plut t une teneur pist mique devenant d s lors sujette des variations his toriques mais n implique plus de supposer un monde peupl d objets ou de concepts transcendantaux voir Histoire des sciences et Relativisme L objectivit r f re alors moins l tat ontologique d un fait scientifique dit objectif qu au processus contextuel et concret qui le rend tel savoir le travail d objectivation Dans un ouvrage qui syst matise les conclusions d une s rie d tudes entreprises depuis les ann es 1990 Lorraine Daston et Peter Galison identifient quatre r gimes successifs d objectivit dans l volution his torique de la science moderne Pour eux chacun de ces r gimes se distingue la fois en fonction du type d images que produit la recherche scientifique durant la p riode qui lui correspond e
116. 5 246 entreprise 13 14 30 31 51 64 67 68 69 72 73 78 79 80 81 82 84 89 90 101 102 109 110 113 114 115 125 132 136 137 141 142 178 179 189 190 198 202 215 224 225 226 227 230 241 242 243 246 tat 11 14 44 45 88 89 90 97 110 139 175 177 178 179 184 187 216 217 221 224 234 245 tats Unis 64 68 81 89 97 99 107 115 122 136 137 138 139 140 156 175 184 189 190 191 229 245 ethnographie 61 95 96 128 214 235 247 ethos 159 213 eug nisme 187 expert expertise 17 33 45 63 87 88 100 108 161 163 178 182 194 195 199 207 211 Fleck Ludwig 121 123 213 Foucault Michel 61 76 77 91 166 167 218 230 fronti re technologique 47 48 Galil e 118 143 169 172 193 204 Garfield Eugene 26 41 42 43 104 213 g n ralisation 36 37 152 203 238 g ographie 15 21 33 118 146 164 201 233 gestion gestionnaire 13 33 42 51 59 67 68 90 92 93 114 115 116 127 164 175 202 222 gouvernement 13 14 21 50 89 90 92 99 100 110 112 115 124 133 137 175 177 178 190 207 215 220 225 230 245 246 guerre 41 70 76 81 88 89 90 99 117 118 121 122 136 175 177 178 189 208 habitus 39 Hacking lan 45 46 61 62 123 169 171 174 218 Hempel Carl 145 152 153 173 174 205 238 240 241 Hessen Boris 212 h t rog ne 77 87 126 140 147 152
117. 54 MUS ES DE SCIENCE ET CENTRES DE SCIENCE d buts ce qu il y a de nouveau ce qui est le plus propre tre d montr par des exp riences puis explorer l tat de la question et y ramener tout ce qui peut s y ramener des arts et des machines Ce go t du spec taculaire mis au service de la technique et de l industrie est magnifi par le gigantisme des expositions universelles troisi me filiation des mus es des sciences et des techniques Avec le recul en effet on peut consid rer que le v ritable d clen cheur des mus es des sciences et des techniques est la tenue des grandes expositions universelles qui accompagnent la R volution industrielle Dans cette p riode euphorique de progr s technique les expositions universelles qui c l brent les r alisations de l esprit humain visent montrer comment l art et la science peuvent tre mis contribution dans la production d objets industriels Elles illustrent comment les multiples applications de la machine am liorent le sort des humains et contribuent leur bien tre Anim e de cette conviction la premi re exposition internationale The Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations tenue Londres en 1851 compare le progr s industriel de diff rentes nations Une fois ces expositions termin es la cession des objets et quelquefois m me celle des b timents rig s pour l occasion servent souvent tablir un nouveau mus e Mais
118. 90 Cosmopolis the Hidden Agenda of Modernity University of Chicago Press thique et d ontologie Bryn Williams Jones et Marie Jos e Potvin La d ontologie et l thique sont habituellement consid r es comme tant en opposition La premi re de nature l gale se pr sente sous la forme de r glements et de directives r gissant par exemple les com portements des membres d une profession La deuxi me plus r flexive invite un effort d analyse prenant en compte les particularit s de chacune des situations contexte partenaires ressources afin de d ter miner les meilleures mani res d agir incluant la non action La d ontologie impose donc le respect par l agent de r gles et de normes adopt es par un groupe partageant des int r ts communs et collig es sous forme de codes d thique comme c est le cas chez les pro fessionnels de la sant les ing nieurs les professionnels en technologie de l information les directeurs administratifs et m me les robots Ces codes mettent en lumi re les valeurs et les principes que partagent les membres d une profession ou d un groupe d int r t d terminent les fronti res thiques responsabilit s prohibitions de la pratique Ils sont donc des incontournables pour soutenir la r flexion sur ce qui doit 91 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S ou devrait tre fait l gard de situations particuli res voir Normes et standards Des situations d extr me co
119. 993 Ethnography of a High Tech Case About Aramis dans P Lemonier dir Technological Choices Transformation in Material Cultures since the Neolithic Londres New York Routledge p 372 398 Pinch T et W E Bijker 1987 The Social Construction of Facts and Artifacts Or How the Sociology of Science and the Sociology of Technology Might Benefit Each Other dans W E Bijker T P Hughes et T Pinch dir The Social Construction of Technological Systems New Directions in the Sociology and History of Technology Cambridge MA MIT Press p 17 50 Quinton P 2007 L artefact un objet du faire Les Enjeux de l information et de la communication http ww u grenoble3 fr les_enjeux 2007 meotic Quinton Rabardel P 1995 Les hommes et les technologies une approche cognitive des instruments contemporains Paris Armand Colin 167 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Simon H A 1996 1969 The Sciences of the Artificial 3 dition Cambridge MA MIT Press Simondon G 1989 1958 Du mode d existence des objets techniques Paris Aubier Star S L 1999 The Ethnography of Infrastructure American Behavioral Scientist vol 43 n 3 p 377 391 Paradigme Yves Gingras et Julien Prud homme Le mot paradigme est d usage ancien D signant un exemple type que l on invoque pour convaincre il para t dans la Rh torique d Aristote et au d but du 20 si cle dans les tra
120. ANO 2012 Presses Internationales Polytechnique De Marcellis Warin N I Peignier B Sinclair Desgagn et E Cl ment 2004 Mesure du risque industriel majeur dans B Aubert et J G Bernard dir Mesure int gr e du risque dans les organisations Presses de l Universit de Montr al octobre p 163 212 OCDE 2001 OECD Environmental Outlook for the Chemicals Industry rapport Ostiguy C B Roberge C Woods et B Soucy 2010 Les nanoparticules de synth se Connaissances actuelles sur les risques et les mesures de pr vention en SST tudes et recherches Rapport R 646 Montr al IRSST Pat Cornell M E 2002 Risk and uncertainty analysis in government safety deci sions Risk Analysis vol 22 n 3 p 633 646 Sinclair Desgagn B D Feigenbaum et A Nsamirizi 2006 Les nanotechnologies b n fices et risques potentiels Rapport Bourgogne 2006 RB 02 CIRANO 202 SCIENCE Science Fran ois Duchesneau Le terme science est polys mique toutes les poques il a connu une pluralit de sens il a t galement sujet maintes alt rations dia chroniques en particulier suivant les r f rents auxquels il s est trouv successivement li Selon la le on des philosophes de l Antiquit le terme science para t renvoyer un discours rationnel c est dire d monstrative ment articul quel que soit l objet sp cifique sur lequel il porte et dont il constitue
121. Barry Barnes David Bloor David Edge Steven Shapin Andrew Pickering et du programme empirique du relativisme l Universit de Barth en Angleterre Harry Collins David Travis Trevor Pinch Les premiers pri vil gient une approche macrosociologique et les seconds une approche plut t microsociologique Dans les ann es 1980 on voit se multiplier les tudes ethnographiques des laboratoires celles de Latour et Woolgar de Linch ou de Knorr Cetina et appara tre ce que l on appelle en raison de son radicalisme la nouvelle sociologie des sciences On cherche alors penser les relations entre la science la technique et la soci t l aide de notions parfois floues comme l acteur r seau la non cl ture la traduction la m diation La pol mique est ouverte et les changes souvent rudes comme le montre l affaire Sokal L enjeu la difficult est alors d introduire une perspective constructiviste sans tomber dans le relativisme absolu voir Relativisme et Objectivit et r gulation La vie scientifique comprend tout un ensemble d activit s infor melles de coll ges invisibles et de r seaux elle repose aussi sur l assise institutionnelle de disciplines de laboratoires d instituts de recherche 214 SOCIOLOGIE DES SCIENCES et d universit s enfin elle se d ploie dans l espace social relativement autonome qu est le champ scientifique avec ses rapports de force ses luttes ses hi rarchies Selon le
122. Biomedicine Cambridge MA MIT Press 176 POLITIQUE DE LA SCIENCE ET DE LA TECHNOLOGIE L wy Ilana 1997 Between Bench and Bedside Science Healing and Interleukin 2 in a Cancer Ward Cambridge MA Harvard University Press Sinding Christiane 1991 Le clinicien et le chercheur Des grandes maladies de carence la m decine mol culaire 1880 1980 Paris Presses universitaires de France Politique de la science et de la technologie Pierre Doray et Yves Gingras La science et la technologie ont rapidement fait l objet de l attention gouvernementale par de multiples voies politiques militaires en temps de paix comme en temps de guerre politiques de financement de la recherche universitaire usage des march s publics pour favoriser l closion de certaines technologies financement des projets de big science etc voir tat pouvoir et science Globalement il est possible de distinguer trois modes d intervention des puissances publiques en mati re de science et de technologie L tat peut tre un producteur de savoirs scientifiques et de tech nologies C est le cas des centres de recherche gouvernementaux qui r alisent de la recherche et de l innovation dans diff rents domaines comme la g ologie la commission g ologique du Canada par exemple la conqu te de l espace la NASA l armement le projet Manhattan les technologies civiles nucl aires les r acteurs nucl aires l agricul ture la produc
123. CHNOLOGIES r ussi autant que des checs restituant le principe de sym trie cher la sociologie des sciences Elle oblige aussi regarder l action de tous les acteurs et non seulement celle des ing nieurs et des techniciens Par exemple les cadres technologiques ne sont pas uniquement port s par ces derniers mais aussi par des gestionnaires des sportifs des action naires des consommateurs etc voir Usager et figures de l usager Les critiques ont toutefois t vives confrontant souvent diff rentes approches sociologiques voir Sociologie des sciences Une premi re porte sur la transposition des approches pour l tude des sciences celles portant sur les technologies Une seconde a cherch pr ciser le concept de groupe significatif par une interrogation sur leur identifi cation et leur apport dans le processus de s lection des composantes Au sujet de leur identification une question a t de savoir s il ne faut retenir que les cat gories directement impliqu es dans la construction des objets ou s il faut ouvrir davantage l analyse voir Cat gories Pour sa part Russell rappelle que des groupes sociaux comme les femmes ou les fractions de classe ont une influence in gale sur le modelage des technologies car ils ont un pouvoir social in gal Se trouve ainsi pos l enjeu de l usage de cat gories sociales classiques comme les classes sociales pour comprendre le d veloppement des technologies pa
124. COMMUNICATION PUBLIQUE DES SCIENCES ET DES TECHNOLOGIES no conomiques Les cas r ussis de rattrapage technologique rapide technological leapfroging ou d innovations technologiques et organisa tionnelles moindre co t frugal innovation peuvent servir d exemples dans cette direction Arthur B 1994 Increasing Returns and Path Dependence in Economy University of Michigan Press Dosi G 1982 Technological paradigms and technological trajectories a suggested interpretation of the determinants and direction of technological change Research Policy vol 2 n 3 p 147 162 Freeman C 2008 Systems of Innovation Selected Essays in Evolutionary Economics Edward Elgar Publishing Ltd Giuliani E A Morrison et R Rabellotti 2011 Innovation and Technological Catch Up The Changing Geography of Win Edward Elgar Lall S 1992 Technological Capabilities and Industrialization World Development vol 20 n 2 p 165 186 North C D 1990 Institutions Institutional Change and Economic Performance Cambridge University Press Perez C et L Soete 1988 Catching Up in Technology Entry Barriers and Windows of Opportunity dans Dosi et al dir Technical Change and Economic Theory Londres Francis Pinter p 458 479 Prahalad C K 2004 The Fortune at the Bottom of the Pyramid Wharton School Publishing Reinert E 2007 How Rich Countries Got Rich and Why Poor Countries
125. D Management vol 39 n 3 p 247 258 Penin J C Hussler et T Burger Helmchen 2011 New shapes and new stakes a portrait of open innovation as a promising phenomenon Journal of Innovation Economics n 7 p 11 29 Raymond E S 1999 The Cathedral and the Bazaar Musings on Linux and Open Source by an Accidental Revolutionary Sebastopol CA O Reilly Von Hippel E 2005 Democratizing Innovation Cambridge MA MIT Press 132 INTERDISCIPLINARIT Interdisciplinarit Julien Prud homme Vincent Larivi re et Yves Gingras Au cours des quarante derni res ann es et plus sp cifiquement depuis la parution de l ouvrage fondateur The New Production of Knowledge sign par Gibbons et ses collaborateurs l interdisciplinarit et ses concepts apparent s que sont la transdisciplinarit et la multidis ciplinarit a t consid r e comme une pratique positive devant tre encourag e tant dans la recherche que dans l enseignement voir Financement de la science et conomie de l innovation Bon nombre de documents gouvernementaux nationaux et internationaux en font la promotion Or ce concept abstrait demeure g n ralement mal d fini ce qui m ne certains chercheurs se replier sur une d finition minimale de la recherche interdisciplinaire Klein par exemple se limite y voir l usage de plus d une discipline dans la r alisation d une enqu te donn e Ouverte diverses interpr tat
126. ECHNOLOGIES ET SOCI T S Enfin dans l approche volutive deux effets peuvent tre distin gu s l effet boule de neige et l effet de distinction Le premier est en quelque sorte un effet de r seau le fait qu un consommateur A adopte une technologie augmente la probabilit qu un consommateur B l adopte aussi Le second document par Swann d crit l effet inverse lorsque l adoption d une technologie par A r duit la probabilit que B l adopte B voulant se distinguer de A Baptista R 1999 The diffusion of process innovations A selective review Interna tional Journal of the Economics of Business vol 6 p 107 129 Geroski P A 2000 Models of technology diffusion Research Policy vol 29 p 603 625 Griliches Z 1957 Hybrid Corn An Exploration in the Economics of Technological Change Econometrica vol 25 n 4 p 501 522 Hall Bronwyn 2004 Innovation and Diffusion NBER Working Paper n 10212 Karshenas M et P Stoneman 1995 Technological diffusion dans P Stoneman dir Handbook of the Economics of Innovation and Technological Change chapitre 7 p 265 297 Lissoni F et S Metcalfe 1994 Diffusion of Innovation Ancient and Modern A Review of the Main Themes dans M Dodgson et R Rothwell dir The Handbook of Indus trial Innovation chapitre 9 p 106 141 Mansfield E 1961 Technical Change and the Rate of Imitation Econometrica vol 29
127. F 2003 Les mirages de l occidentalisation du monde Le Monde diplomatique novembre Rist G 1996 Le d veloppement Histoire d une croyance occidentale Paris Presses de Sciences Po Diffusion de la technologie et des innovations Pierre Doray Jorge Niosi et Serge Proulx La question de la diffusion des technologies et en particulier celle des innovations a t tr s diversement discut e et ce depuis plusieurs ann es dans les diff rentes disciplines associ es aux STS Dans un premier temps des travaux en sociologie rurale et en conomie ont associ la diffusion des innovations aux derni res phases d un mod le lin aire de production des technologies et des innovations Ce mod le synth tis en 1945 par Vannevar Bush nonce les principales tapes de la production de l innovation et de sa commercialisation D un point de vue th orique ces premi res approches consid raient que la diffusion d une technologie ne survenait qu une fois la technologie d j cr e et stabilis e voir conomie de l innovation Rogers a d crit cette diffusion comme le processus par lequel une innovation est commu niqu e avec le temps et par certains canaux parmi les membres d un syst me social 1983 p 5 Cette premi re g n ration de chercheurs voulait r pondre des questions telles que comment se diffuse une innovation quel rythme Qui adopte le plus rapidement les innovations Par quels
128. IES ET SOCI T S Comme il le revendique dans Tacit and Explicit Knowledge Collins en arrive donc renverser les deux caract ristiques attribu es par Polanyi la notion de connaissance tacite D une part la connaissance tacite qui n est pas toujours une connaissance personnelle n est plus un attribut individuel Plut t la base des connaissances personnelles incorpor es par des individus il existe des formes de connaissance tacite collective voir Infrastructure sociotechnique Et par exemple la conduite automobile implique non seulement une ma trise personnelle du v hicule mais encore une ma trise des r gles collectives parfois implicites du code de la route D autre part Collins sugg re de consi d rer la connaissance tacite plut t comme la limite de la connaissance explicite que comme son fondement voir Analogie et m taphores Car en effet ce n est qu apr s avoir puis les possibilit s d explicitation d une connaissance que l on se tourne vers la connaissance tacite qui devient donc visible dans le projet d objectivation et de r gulation des connaissances que sont les sciences modernes Cambrosio Alberto et Peter Keating 1988 Going Monoclonal Art Science and Magic in the Day to Day Use of Hybridoma Technology Social Problems vol 35 p 244 260 Collins Harry 1985 Changing Order Replication and Induction in Scientific Practice Chicago University Press 2010 Tacit and Explic
129. M C Marra P G Pardey et T J Wyatt 2000 A Meta Analysis of Rates of Return to Agriculture RQD Ex Pede Herculem Washington D C Internatio nal Food Policy Research Institute IFPRI Research Report 113 DeBresson C 1996 Economic Interdependence and Innovative Activity An Input Output Analysis Cheltenham UK Edward Elgar Leontief W 1936 Quantitative input and output relations in the economic system of the United States Review of Economic and Statistics vol 18 p 105 125 Miller R E et P D Blair 2009 Input Output Analysis Foundations and Extensions 2 dition r vis e Boston MA Cambridge University Press Mohnen P 1997 Introduction Input Output Analysis of interindustry R amp D spillo vers Economic Systems Research vol 9 n 1 p 3 8 Scherer F M 1982 Inter industry technology flows and productivity growth Review of Economics and Statistics vol 64 p 627 634 Terleckyj N E 1974 Effects of RQD on the Productivity Growth of Industries An Explora tory Study Washington D C National Planning Association 23 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Appropriation des technologies Guillaume Latzko Toth et Serge Proulx La notion d appropriation d signe la fois un processus individuel et collectif cognitif culturel et social dans le rapport aux objets tech niques et une approche de la sociologie des techniques qui met en vidence le r le actif
130. Masp ro 68 D VELOPPEMENT ET TECHNOLOGIE Ellul Jacques 1977 Le syst me technicien Paris Calmann Levy Hughes Thomas P 1983 Networks of Power Electrification in Western Society 1880 1930 Baltimore Johns Hopkins University Press 1986 The seamless Web Technology Science Etcetera Etcetera Social Studies of Science vol 16 p 281 292 Kling R 1991 Computerization and Social Transformations Science Technology and Human Values vol 16 n 3 p 342 367 Marglin Stephan 1971 Origines et fonctions de la parcellarisation des t ches dans A Gorz dir Critiques de la division du travail Paris Seuil coll Le Point Mumford Lewis 1950 Civilisation et technique Paris ditions du Seuil Noble David F 1984 Forces of Production A Social History of Industrial Automation New York A A Knopf Woodward Joan 1965 Industrial Organization Theory and Practice Oxford University Press D veloppement et technologie Hocine Khelfaoui La notion de d veloppement est troitement li e aux politiques de rattra page conomique men es avec plus ou moins de succ s par les pays dits sous d velopp s Dans nombre de ces pays l objectif de d veloppement est associ celui d industrialisation per ue dans un pass r cent comme l unique moyen de se d velopper Cette association d id es tend pourtant se dissiper car l offre ayant exc d la demande s
131. Petr Hanel L innovation est la force dynamique qui change l conomie en four nissant de nouveaux produits et proc d s de production La diffusion d innovations am liore la productivit condition n cessaire pour la croissance d une conomie au del des limites impos es par la dis ponibilit de la main d uvre voir conomie science et technologie et Impacts conomiques L innovation peut prendre trois formes l introduction sur le march d un produit ou service nouveau ou am lior l introduction sur le mar ch ou dans la production pour le march d un proc d de production nouveau ou am lior y compris une am lioration de l organisation de l entreprise ou des activit s de marketing une combinaison des deux Dans le premier cas l innovation augmente la productivit par laug mentation de la quantit et ou de la qualit des produits mis sur le mar ch sans changement de la quantit et de la qualit des intrants Dans le second cas le produit ne change pas mais l innovation de proc d de production r duit la quantit et ou la qualit des intrants requis et donc le co t de production Le troisi me cas est la combinaison des deux cas pr c dents La production d un nouveau produit ou service utilise d habitude un nouveau proc d de production voir Gestion de la technologie L impact positif de l innovation sur la croissance conomique pro vient du fait que gr ce la diffusion de nouvelles te
132. Presses de l Universit de Montr al Ostrom E 2010 Beyond markets and states polycentric governance of complex economic systems American Economic Review vol 100 n 3 p 641 672 Pearce D W dir 1983 The Dictionary of Modern Economics Boston MIT Press Amateurs Lorna Heaton La participation des amateurs la production scientifique n est pas un ph nom ne nouveau particuli rement dans les sciences de terrain o la dimension descriptive tient une place importante En botanique comme en astronomie elle remonte au 19 si cle La production de cartes g ographiques est li e aux pratiques d amateurs au moins depuis que Waldseem ller a dessin et nomm l America en 1507 Cependant le d veloppement de l informatique et la prolif ration des outils et supports num riques depuis la fin des ann es 1990 permettent d envisager la participation des amateurs et du grand public la recherche scientifique comme une strat gie de recherche r aliste pour certains probl mes scientifiques En fait le nombre de projets qui sollicitent la partici pation des amateurs explose au point o nous avons vu l mergence de portails sp cialis s afin de connecter projets et contributeurs Les technologies num riques ont jou un r le structurant dans l mergence d une pratique amateure structur e Elles permettent la multiplication 15 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S d enceintes informelles de part
133. S TECHNOLOGIES ET SOCI T S 22 25 d articles pendant la m me p riode Il est possible que les barri res linguistiques et la taille du pays soient des obstacles difficiles franchir pour bien des universitaires chinois En utilisant une m tho dologie l g rement diff rente Engels et Ruschenburg ont montr que le pourcentage des articles crits par des auteurs d un seul pays avait diminu consid rablement entre 1993 et 2002 et que les articles ayant des auteurs de pays multiples avaient augment Les facteurs qui favo risent cette collaboration internationale sont l acc s des ressources trang res donn es quipements talents la stimulation mutuelle la possibilit de publier dans de meilleures revues voir Facteur d impact et la possibilit d ouvrir une fen tre sur le monde universitaire d autres pays comme les tats Unis et de plus en plus la Chine Cantwell J 1989 Technological Innovation and Multinational Corporations Oxford Basil Blackwell Cantwell J et Y Zhang 2011 Innovation and location in the multinational firm International Journal of Technology Management vol 15 n 1 p 29 68 Engels A et T Ruschenburg 2008 The uneven spread of global science international collaboration in global environmental change research Science and Public Policy vol 35 n 5 p 347 360 Kuemmerle W 1999 The drivers of foreign direct investment into research and develop
134. SOCI T S un autre profil comme ami ou contact et dans la mesure o ces demandes sont confirm es se constituer ainsi un r seau personnel de contacts Un graphe de ce r seau peut tre visible l utilisateur lui m me ou ses contacts en fonction de l architecture technique propre de chaque site Il devient alors possible pour un utilisateur de circuler transversalement dans l ensemble du circuit en passant par le r seau personnel de chacun de ses contacts d amis en amis d amis Un param trage de confidentialit rattach chaque profil peut bloquer l acc s certains r seaux personnels Le troisi me attribut est que des commentaires publics ou semi publics sont ajout s par les utilisateurs sur les diff rents profils de leurs contacts Ces commentaires peuvent perdurer sur le site peuvent tre effac s si l architecture technique du site le permet et se succ dent r tro chronologiquement la mani re d un blogue Ces changes et ajouts permettent des interactions entre les utilisateurs d un m me site Devant l ampleur du ph nom ne en 2011 le site Facebook comp tait 750 millions d inscrits nous pourrions le d crire comme l mer gence d un loisir de masse l chelle du globe La fonction manifeste du dispositif consiste rendre possible la constitution de cercles damis et l organisation d v nements Cette fonction manifeste est assur e par un double processus de mobilisation et d
135. Sous la direction de Julien Prud homme Pierre Doray et Fr d ric Bouchard C L CIO N C OC OC N N ANIOQC a WAD i JI O m lt 2 CI T T D J Le C U CU J a Atis da Aa etes de AZ A No l mn NY en collaboration avec la Direction des biblioth ques de UdeM Les Presses de l Universit de Montr al SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S DE Z Sciences technologies et soci t s de A Z Sous la direction de Julien Prud homme Pierre Doray et Fr d ric Bouchard Les Presses de l Universit de Montr al Mise en pages Yolande Martel Catalogage avant publication de Biblioth que et Archives nationales du Qu bec et Biblioth que et Archives Canada Vedette principale au titre Sciences technologies et soci t s de A Z Comprend des r f rences bibliographiques ISBN 978 2 7606 3495 4 1 Sciences Aspect social Dictionnaires fran ais 2 Technologie Aspect social Dictionnaires fran ais I Bouchard Fr d ric 1975 II Prud homme Jocelyn Q175 5 53422 2015 30348303 C2015 940519 X D p t l gal 2 trimestre 2015 Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Les Presses de l Universit de Montr al 2015 ISBN papier 978 2 7606 3495 4 ISBN ePub 978 2 7606 3497 8 ISBN PDF 978 2 7606 3496 1 Les Presses de l Universit de Montr al reconnaissent l aide financi re du gouvernement du Canada par l entremise du Fonds du liv
136. University of Chicago Press 2 dition 1974 Second Thoughts on Paradigms dans F Suppe dir The Structure of Scientific Theories Urbana IL University of Illinois Press p 459 482 1977 The Essential Tension Selected Studies in Scientific Tradition and Change Univer sity of Chicago Press 2000 The Road Since Structure James Conant et John Haugeland d University of Chicago Press Margolis H 1993 Paradigms and Barriers How Habits of Mind Govern Scientific Beliefs University of Chicago Press Masterman M 1970 The nature of a paradigm dans I Lakatos et A Musgrave dir Criticism and the Growth of Knowledge Londres Cambridge University Press p 59 89 Nickles T 2003 Normal science From logic to case based and model based reaso ning dans T Nickles dir Thomas Kuhn University of Cambridge Press p 142 177 Sankey H 1993 Kuhn s changing concept of incommensurability British Journal of the Philosophy of Science vol 44 p 759 774 Philosophie des sciences Fran ois Duchesneau La philosophie des sciences a pour objet la science ou plus pr cis ment les diverses disciplines et pratiques scientifiques voir pist mologie Il s agit pour le philosophe des sciences d analyser la formation les modes d volution les m thodes la logique interne les proc d s d invention et de justification de la connaissance scientifique dans toute la
137. a Deuxi me Guerre mondiale cette cole est repr sent e par Joseph Schumpeter un conomiste autrichien migr aux tats Unis et devenu professeur l Universit Harvard Ces conomistes volutionnistes et institutionnalistes s opposaient la pens e n oclassique et marginaliste qui prenait de plus en plus d ascendance sur la discipline mais ils n ont jamais r ussi renverser la tendance Ils constituaient un courant certes minoritaire mais cout de la science conomique Le v ritable d marrage du courant volutionniste moderne a t la publication du livre de Richard R Nelson et Sydney Winter An Evolutionary Theory of Economic Change 1982 Cet ouvrage condense de nombreuses id es h t rodoxes de la science conomique et leur donne une unit remarquable voir Mod les scientifiques Il pose divers principes de base Lun est la rationalit limit e des agents cono miques dont on ne peut consid rer qu ils manifestent une rationalit parfaite comme le pr sument les n oclassiques et dont la rationalit est plut t limit e par des connaissances imparfaites et des capacit s de calcul restreintes Un principe corollaire est celui d apprentissage d duit du fait que les agents sont contraints d apprendre par divers moyens dont la pratique la recherche et la consultation Le concept d apprentissage crucial la th orie volutionniste s accompagne de celui de variation qui indique que
138. age des connaissances au point de transformer des amateurs en travailleurs invisibles de la science L mergence de ces nouvelles pratiques est aussi directement li e de nouveaux outils d observation GPS personnels par exemple de production d agr gation et de partage de donn es Ces technologies permettent une stabilisation de certaines connaissances en les stan dardisant sous forme de donn es mises en bases interop rables voir Infrastructure sociotechnique et R seau socionum rique Dans la majorit des projets nord am ricains les amateurs sont rarement impliqu s dans la d finition des questions ou dans l interpr tation des r sultats Ils joueraient plut t un simple r le de capteurs les amateurs sont mobilis s pour former un r seau de senseurs humains pour la collecte de donn es projets eBird et Monarch Watch ou le traitement de donn es Stardust Home Galaxy Zoo Les projets de traitement de donn es s appuient sur des capacit s de reconnais sance de motifs et de r solution de probl mes Foldit qui d passent la capacit d ordinateurs individuels titre d exemple dans Galaxy Zoo des amateurs aident la r duction des donn es en classifiant des images de galaxies selon leurs formes M me si la contribution des amateurs est g n ralement restreinte et cadr e dans les projets d finis et g r s par des quipes de scien tifiques leur participation peut permettre une v ritable produ
139. ales des revues scientifiques voir Facteur d impact Baumol W 2002 The Free Market Innovation Machine Analyzing the Growth Miracle of Capitalism Princeton University Press Drejer A 1997 The discipline of management of technology based in considerations related to technology Technovation vol 17 n 5 p 253 265 Fabricant S 1954 Economic Progress and Economic Change 34 Annual Report of the National Bureau of Economic Research New York Lefebvre E L A Lefebvre et A Le Luel 1993 La gestion de la technologie un choix ou une n cessit Conseil de la science et de la technologie Nambisan S et D Wilemon 2003 A global study of graduate management of tech nology programs Technovation vol 23 n 12 p 949 962 National Research Council 1987 Management of Technology The Hidden Competitive Advantage Washington D C National Academy Press Nelson R et S Winter 1982 An Evolutionary Theory of Economic Change Belknap Press Yanez M T M Khalil et S T Walsh 2010 IAMOT and Education Defining Technology and Innovation Management TIM Body of Knowledge BoK for graduate education TIMBoK Technovation vol 30 n 7 8 p 389 400 116 GUERRE SCIENCE ET TECHNOLOGIE Guerre science et technologie Serge Bernier Derri re les combats et les armements nous retrouvons un arsenal de relations de connaissances et d objets comme les rapports sociaux
140. alibr pour rendre compte des particularit s du fait scientifique Il y a trente ans Porter s irritait d j de l inad quation du concept qui l emp chait d envisager sa guise l apparition de carri res universitaires en g ologie Gingras a montr que l emploi de la cat gorie profession nalisation pour d signer l autonomisation de la recherche dans des institutions d di es et des langages exclusifs ne parvenait pas saisir la sp cificit du processus qui m ne la formation des disciplines scientifiques en milieu universitaire Gingras disait pr f rer le concept de discipline justement et celui de champ scientifique au sens de Bourdieu voir Discipline et Champ Est ce dire que la professionnalisation de la science n est qu une expression vide On peut en recenser des usages utiles Gieryn et ses collaborateurs ont ainsi us de mod les tir s de la sociologie des profes sions pour expliquer la revendication par les savants consid r s comme 181 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S groupe g n rique d un monopole de la d finition du savoir dit naturel au d triment d une parole religieuse ou profane voir Controverse D autres auteurs qualifient de professionnelle la communaut des universitaires qui toutes disciplines confondues partagent une m me structure d emploi et des int r ts conomiques convergents Enfin cer tains parlent de savants professionnels p
141. alit s d acquisition de cr dibilit et de v racit des nonc s scientifiques l ext rieur des seuls cercles scienti fiques voir Sociologie des sciences et Histoire des sciences Ainsi des ta blissements industriels des soci t s financi res ou des voies publiques sont apparus comme des points de passage oblig s pour la reproduction de dispositifs exp rimentaux la standardisation des techniques de mesure ou la disciplinarisation des habilet s et des comportements des techniciens de laboratoire voir Discipline et Normes et standards Plus r cemment le tournant spatial en histoire des sciences a men montrer le caract re situ situatedness de la connaissance scientifique 232 TERRITOIRES ET SCIENCES ou relever les contraintes mat rielles nomm ment environnemen tales pesant sur le travail des scientifiques engag s dans des travaux sur le terrain notamment en contexte d exploration et de colonisation voir Objet technique Cette incursion des historiens et des sociologues sur le terrain de la g ographie a men la production de travaux sur la circulation des savoirs et des scientifiques voir Migration conceptuelle L enjeu ici est de comprendre comment un nonc ou un fait scientifique est diffus depuis son lieu de production tout en maintenant sa robustesse et son universalit dans ses d placements La solution r siderait dans la capacit mettre en circulation parall lement des con
142. ance de singularit s subjectives sur les sites de r seaux sociaux Sociologie vol 1 n 1 p 25 43 Livingstone S 2008 Taking risky opportunities in youthful content creation teena gers use of social networking sites for intimacy privacy and self expression New Media Q Society vol 10 n 3 p 393 411 Millerand F S Proulx et J Rueff dir 2010 Web social mutation de la communication Presses de l Universit du Qu bec Proulx S et M J Kwok Choon 2011 L usage des r seaux socionum riques une int riorisation douce et progressive du contr le social Herm s vol 59 Paris p 105 111 Tufekci Z 2008 Grooming Gossip Facebook and MySpace What can we learn about these sites from those who won t assimilate Information Communication Q Society vol 11 n 4 p 544 564 Risques technologiques Nathalie de Marcellis Warin et Ingrid Peignier Les risques technologiques sont engendr s par l activit humaine Ils peuvent tre d finis selon trois dimensions la technologie elle m me le danger qu elle repr sente et l incertitude qui d coule de l innovation technologique Les technologies se retrouvent partout Elles facilitent les activit s des organisations mais les rendent aussi d pendantes En effet les technologies sont devenues une composante critique de n importe quelle op ration et l une des cl s pour atteindre des objectifs voir conomie science et
143. ans les disciplines de la sociologie et de la linguistique Une plus grande sp cialisation selon cette auteure avantagerait les hommes en donnant l image d une plus grande expertise profession nelle source de plus d autorit de prestige et d influence AC S 2011 39 rapport statistique Ottawa AC S AUCC 2007 Tendances dans le milieu universitaire vol 2 Corps professoral Ottawa AUCC Conf rence des recteurs et des principaux des universit s du Qu bec CREPUQ 2010 Les professeures et les professeurs des tablissements universitaires qu b cois principales caract ristiques de l ann e 2007 2008 Montr al CREPUQ Frietsch R I Haller M Funken Vrohlings et H Grupp 2009 Gender specific patterns in patenting and publishing Research Policy vol 38 n 4 p 590 599 Larivi re V Vignola Gagn C Villeneuve P G linas et Y Gingras 2010 Finance ment productivit et impact scientifique des chercheurs qu b cois selon le genre dans Institut de la statistique du Qu bec Compendium d indicateurs de l activit scientifique et technologique du Qu bec dition 2010 Qu bec Gouvernement du Qu bec p 35 54 Leahey E 2007 Not by Productivity Alone How Visibility and Specialization Contri bute to Academic Earnings American Sociological Review vol 372 p 533 561 108 FINANCEMENT DE LA SCIENCE ET TECHNOLOGIE Stack S 2004 Gender Children and Researc
144. arcation entre tudes de cas contemporaines et historiques Bowden G 1995 Coming of Age in STS Some Methodological Musings dans S Jasanoff G E Markle J C Petersen et T Pinch dir Handbook of Science and Technology Studies Thousand Oaks CA Sage Publications p 64 79 Callon M 1986 l ments pour une sociologie de la traduction La domestication des coquilles Saint Jacques et des marins p cheurs dans la baie de Saint Brieuc L Ann e sociologique vol 36 p 170 208 Hammersley M et R Gomm 2000 Introduction dans R Gomm M Hammersley et P Foster dir Case Study Method Key Isssues Key Texts Londres Sage Publications p 1 16 Hess D 2002 Ethnography and the Development of Science and Technology Stu dies dans P A Atkinson A J Coffey S Delamont J Lofland et L H Lofland dir Handbook of Ethnography Londres Sage Publications p 234 245 Latour B et S Woolgar 1988 1979 La Vie de laboratoire La production des faits scien tifiques Paris La D couverte Pinch T et W E Bijker 1987 The Social Construction of Facts and Artifacts Or How the Sociology of Science and the Sociology of Technology Might Benefit Each Other dans W E Bijker T P Hughes et T Pinch dir The Social Construction of Technological Systems New Directions in the Sociology and History of Technology Cambridge MA MIT Press p 17 50 Wieviorka M 1992 Case studi
145. ations sont connus depuis le 16 si cle sur les champs de bataille ainsi que certaines techniques l mentaires d extraction de projectiles chez les bless s On apprend combattre les infections fer rouge asepsie compter du 18 si cle on accorde une importance grandissante la sant des combattants Hygi ne et alimentation saine liminent le scorbut La classification des groupes sanguins 1900 permet que les transfusions sanguines soient courantes d s 1917 En 1915 on entreprend l ablation des tissus endom masg s technique qui r duira la proportion des morts par la gangr ne durant et apr s la Premi re Guerre mondiale Les acad mies savantes fond es au 17 si cle tudient plusieurs propositions but militaire concernant le recul des armes de tir les propri t s du salp tre ou la d termination de la longitude en mer Les militaires toutefois avaient d j conclu que l aide ext rieure qu ils recevaient devait tre compl t e par des connaissances internes d o le d veloppement d coles militaires Galil e qui enseignait l art des forteresses Padoue propose ainsi un programme d instruction des officiers base de math matiques et de physique Au si cle suivant la formation des officiers inclut des sciences humaines langues histoire g ographie en plus de sciences exactes et de techniques comme les math matiques de base la g om trie les fortifications la castram ta tion le dess
146. atistique l affinement progressif et logique d outils arithm tiques puis math matiques de plus en plus complexes rupture avec une histoire institutionnelle aussi ancienne que les premiers bureaux de chiffres qui voyait le d veloppement des activit s et organismes statistiques comme l accompagnement logique de l expansion des attributions de l tat Un second principe est le 216 SOCIOPOLITIQUE DE LA STATISTIQUE refus d une position purement externaliste qui verrait la statistique comme une cons quence ou un effet de transformations totalement ext rieures au champ de la science Cette position n a gu re eu de v ri tables d fenseurs chez les statisticiens ou historiens de la statistique Elle fonctionne toutefois comme une sorte d horizon de point de rep re ou m me de point critique qui rappelle tous que les chiffres produits ne sont jamais innocents voir Sfatistisation et Quantification et mesure Il y a une quarantaine d ann es paraissaient les premiers travaux v hiculant ces ruptures Les classifications statistiques en taient un peu partout les premiers objets d analyse un choix qui exprime bien ce que ces premiers chercheurs tendent appr hender la traduction chiffr e n cessairement imparfaite dun monde en changement Un peu partout on montre que les classements statistiques doivent tre d construits comme l avaient d j t d autres fa ons de nommer d signer et assigner les individus Da
147. atory Design and the Aim of Science Andreas Libavius versus Tycho Brahe Isis vol 77 n 4 p 584 610 Harley J B 2001 The New Nature of Maps Essays in the History of Cartography Baltimore Johns Hopkins University Press Kohler Robert 2002 Landscapes and Labscapes Exploring the Lab Field Border in Biology University of Chicago Press Kuklick Henrika et Robert E Kohler dir 1996 Science in the Field vol 11 Osiris Latour Bruno 1993 Le topofil de Boa Vista ou la r f rence scientifique montage photo philosophique Raison Pratique n 4 p 187 216 Livingston David 2003 Putting Science in Its Place Geographies of Scientific Knowledge University of Chicago Press Smith Crosbie et Jon Agar dir 1998 Making Space for Science Territorial Themes in the Shaping of Knowledge New York NY St Martin s Press Th orie de l acteur r seau Aziza Mahil et Diane Gabrielle Tremblay La th orie de l acteur r seau aussi appel e sociologie de la traduc tion a t d velopp e par les chercheurs du Centre de sociologie de l innovation de l cole des mines de Paris au d but des ann es 1980 Bruno Latour Michel Callon et Madeleine Akrich ont voulu mettre en 234 TH ORIE DE L ACTEUR R SEAU lumi re les conditions de la production du savoir en s int ressant la gen se des objets scientifiques et techniques et leur r le en action voir Objet technique et Construct
148. aturelles ces d veloppements trouvent leurs origines dans la fin du 18 si cle et l apparition du lib ralisme comme mode de gouver nement des soci t s Les connaissances sur la population notamment la statistique sociale donnent lieu la constitution d espaces de libert encadrant les comportements individuels dans une perspective de gestion rationnelle du social voir Syst me statistique national et Sciences sociales Sans maner pr cis ment d un corps organis comme l administration publique le pouvoir relationnel mis en forme par cette biopolitique trouve sa puissance dans les cat gories savantes et les sujets humains que produisent les sciences dans les domaines sociaux et vitaux Si l av nement du n olib ralisme et la fin de la Guerre froide entra nent une d mobilisation de l entreprise scientifique publique au cours des ann es 1980 de nouveaux sites de pouvoir fond s sur la science prolif rent dans les institutions internationales gouvernemen tales ou non D j les corporations multinationales et certaines insti tutions multilat rales la fin du 19 si cle ont recours la connaissance scientifique pour asseoir leur autorit centraliser l information et laborer des r glements ou des conventions internationales La globali sation des changes conomiques et la mondialisation des enjeux envi ronnementaux encouragent la mise en forme de forums internationaux et d organismes multilat raux qui recou
149. ce scientifique voir Science Un constat de cette d marcation dans l usage peut tre trouv dans les manuels d introduction les cours et les descriptions de postes Ainsi un manuel d Introduction to epistemology traitera par exemple des conditions de justification des nonc s exprimant des croyances th me traditionnel de la th orie de la connaissance mais ne traitera pas du crit re de scientificit de Popper th me traditionnel de la phi losophie des sciences Un manuel d introduction l pist mologie au contraire ne traitera pas du premier sujet en dehors de la d marche scientifique mais traitera s rement du second Ceci se refl te aussi dans le cursus o en fran ais on parlera par exemple d un s minaire sur l pist mologie des sciences de la vie sugg rant que l tude des sciences 86 PIST MOLOGIE biologiques est un objet de l pist mologie alors qu on ne trouverait pas en anglais un cours d epistemology of the life sciences on parlerait plut t de philosophy of the life sciences ou de philosophy of biology Finalement dans le recrutement professoral am ricain epistemology et philosophy of science sont deux domaines d expertise compl tement distincts alors que lors du recrutement des ma tres de conf rences en France ils paraissent sous le m me intitul C N U Section 72 pist mologie histoire des sciences et des techniques Les postes en th orie de la connaissance
150. ces d information scientifique et technique la collecte des donn es d int r t g n ral les tudes de faisabilit les travaux de normalisation la production et autres Selon les derni res donn es publi es les tats Unis ont d pens en 2009 plus de 400 milliards de dollars en R D l Europe des vingt sept quelque 300 milliards le Japon quelque 137 milliards et la Cor e du Sud 190 RELATIVISME quelque 47 milliards Parmi les pays mergents la Chine avait d pens 154 milliards et la Russie 34 milliards chiffres en dollars am ricains courants et en parit de pouvoir d achat LOCDE dans son ensemble avait d pens 968 milliards au cours de cette ann e En pourcentage du PIB Isra l y consacrait 4 46 de sa production int rieure la Finlande 3 92 la Su de 3 61 et la Cor e du Sud 3 56 parmi les grands pays les tats Unis atteignaient la barre des 2 9 l Allemagne 2 82 et la Chine 1 7 Le Canada lui n investissait que 1 92 de son PIB en R D Il faut cependant noter que les chiffres provenant de pays comme la Chine la Russie ou Singapour qui ne sont pas membres de l OCDE ne sont pas construits avec les m mes d finitions et m thodes Par ailleurs tous les pays consacrent des parts de pourcentage diff rentes aux diff rents types de R D soit la R D industrielle universitaire ou publique Le Canada cet gard est de ceux qui d pensent le plus en recherche universitaire et le moins en rec
151. cette d finition usuelle mais le sens de cette rupture varie selon les points de vue La place octroy e aux aspects pratiques cogni 74 DISCIPLINE tifs et organisationnels du concept notamment diff re d un auteur l autre Trop souvent en fait la conceptualisation des disciplines demeure confuse Ainsi plusieurs th ses sur la professionnalisation des disciplines tendent confondre en une seule entit organisation sociale et syst matisation des r gles de production du savoir voir Professionnalisation de la science Par contraste d autres parlent de la discipline uniquement comme d un corpus de connaissances qui ferait l objet d une tension entre sa transmission par l enseignement et son renouvellement par la recherche une d finition trop abstraite met alors la mat rialit de la discipline en sourdine Un probl me similaire na t d approches constructivistes et d tudes de laboratoires qui entendent examiner les multiples sites de la science en action comme si celle ci pouvait tre divorc e de sa structure organisationnelle Un travail de clarification s impose pour mieux d crire les interac tions entre les activit s de connaissance et les formes organisation nelles qui permettent leur reproduction Des auteurs comme Gingras ou Guntau et Laitko parlent de pratiques scientifiques qui peuvent ou non faire l objet d une institutionnalisation Dans la m me veine Whitley con oit la discipline comme une
152. ch nom trie voir Bibliom trie Un avantage reconnu des brevets est que pour des raisons administratives et l gales ils sont r pertori s dans des banques de donn es depuis de nombreuses ann es ce qui facilite beaucoup leur rep rage et leur traitement en nombre comme indicateur de la ST Puisqu il sagit de documents l gaux les informations qu ils contiennent sont g n ralement tr s pr cises Mieux que les donn es sur l investissement en R D les brevets permettraient aussi de mesurer l invention et l innovation dans les petites entreprises Plus important la fiabilit des donn es sur les brevets comme indicateurs d innovation technologique a t d montr e par plusieurs enqu tes Les entreprises brevetteraient en effet une large portion de leurs inventions et il sem blerait qu une bonne part des inventions brevet es poursuivraient effectivement le cycle de l innovation jusqu devenir des produits ou des proc d s r ellement utilis s voir Recherche et d veloppement Les indicateurs brevets comportent toutefois des limites au nom bre de quatre Tout d abord si de nombreux brevets d bouchent effecti vement sur des innovations plusieurs inventions brevet es n atteignent pas le stade de la mise en valeur ou de la commercialisation soit parce que le concept n offre qu un faible potentiel commercial ou que pour une raison ou une autre le d tenteur du brevet pr f re s abstenir de d velopper son invention
153. ches li es aux cartes conceptuelles labor es en groupes m ritent que l on s y attarde car elles ont r cemment fait l objet d appli cations formelles dans de nombreux domaines Dans une perspective participative la repr sentation conceptuelle de groupes par des cartes 33 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S offre de nombreuses possibilit s Trochim par exemple a introduit une approche qualitative et quantitative de cartographie de concepts visant l laboration de cartes conceptuelles par l entremise de calculs statistiques pouvant favoriser le dialogue entre les membres de groupes et de sous groupes ainsi que l valuation de consensus sous jacents L approche syst mique de Trochim permet la formalisation d un processus participatif de groupe souvent en mode prospectif o des nonc s fournis par les participants sont ensuite class s par concepts et trait s par la m thode d chelonnage multidimensionnel et une clas sification ascendante hi rarchique Elle permet la formalisation d un processus d laboration de la cartographie conceptuelle dont la logique ne rel ve ni de la d duction ni de l induction mais plut t d un proces sus inf rentiel d abduction selon le mot de Charreire et Durieux Des d veloppements r cents de cette approche permettent d valuer et de v rifier la coh rence des r sultats par des tests statistiques de fiabilit ce qui peut limiter l introduction de biais dans le processus d
154. chnologie Malgr le fait que la d ontologie et l thique sont g n ralement consid r es comme tant en opposition l une par rapport l autre certains auteurs contemporains comme Paul Ricoeur proposent des th ories thiques qui int grent les deux approches et offrent des rep res utiles l analyse de ce qui est et la r flexion sur ce qui devrait tre au sein de contextes particuli rement complexes comme ceux que l on retrouve en sciences et technologies la lumi re de cette approche int grative et dans le contexte de la recherche et de l innovation la d ontologie est incontournable pour r gir les comportements et r duire les pr judices potentiels pour les patients participants la recherche et pour la soci t L thique pour sa part offre des outils r flexifs qui permettent de consid rer la particularit des situations afin de propo ser des solutions qui respecteront la fois les demandes impos es par la d ontologie et les imp ratifs au respect de la dignit humaine voir Fraude et Risques technologiques Finalement l thique et la d ontologie sont toutes deux au service d une meilleure compr hension et gestion de la complexit des situa tions propres au contexte de l innovation et s inscrivent dans une perspective de r flexion globale pour participer au d veloppement des politiques des processus et des structures tout en cr ant un espace plus thique transparent quitable d mocra
155. chnologie et organisation est elle m me modul e par l influence d autres dimensions sociales conomiques ou organisationnelles Par exemple l impact de la technologie est diff rent dans les petites entreprises comparative ment aux grandes entreprises en raison des propri t s conomiques et organisationnelles sp cifiques des PME Pour sa part Kling propose une autre variante l effet social des technologies dans ce cas pr cis les technologies de l information et de la communication est tributaire des syst mes techniques en jeu ainsi que du type d organisation dans lequel elles s inscrivent voir Infrastructure sociotechnique Le trait commun de ces diverses propositions th oriques consiste soutenir que la rela tion technologie organisation est li e l influence de tierces variables appartenant aux syst mes ou organisations en pr sence D autres propositions th oriques ont interrog la production des techniques et des technologies ouvrant sur l hypoth se d un d termi nisme social Les techniques auraient un impact sur le social parce qu il y aurait une incorporation de rapports sociaux dans leur constitution mat rielle Expression d une mat rialisation du social elles ont une influence car elles sont porteuses de choix sociaux et organisationnels La technique prolongerait le d veloppement politique de la soci t elle serait la mat rialisation de l organisation sociale et politique de la soci t Ainsi l
156. chnologies l cono mie devient plus productive voir Externalit s de la R D La productivit est une mesure de l efficacit de la transformation des facteurs de 78 CONOMIE DE L INNOVATION production ou intrants le travail le capital et autres intrants en la production d un bien ou d un service La mesure la plus commune de la productivit est la productivit au travail soit le rapport de la valeur ajout e au nombre d heures travaill es elle est d termin e par l intensit d utilisation du capital la composition et la qualit de la main d uvre et par la productivit globale des facteurs producti vit multifactorielle La productivit globale des facteurs est le rapport de la valeur ajout e au volume des deux facteurs capital et travail Elle est en grande partie d termin e par la diffusion des innovations dans l conomie voir Diffusion de la technologie Dans la mesure o l innovation fait augmenter la productivit le pays la r gion ou l entreprise peuvent conna tre une croissance cono mique plus rapide m me sans augmentation de ressources humaines et mat rielles engag es dans la production L importance de l innovation en tant que source de croissance de la productivit a t d montr e par Robert Solow en 1957 analysant la croissance de l output de l conomie am ricaine de 1909 1949 Solow a d compos les sources de la crois sance entre le capital le travail et le progr
157. chnologique le calcul des articles scientifiques brevets et citations permet de retracer l intensit des activit s scientifiques et d en 125 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S faire l analyse l aide d outils bibliom triques L examen par les pairs de ces indicateurs et des r sultats de la recherche peut donner une indica tion de l impact de la recherche dans le monde scientifique Malgr la vari t des outils disponibles plusieurs critiquent en fait le caract re jug anecdotique des tudes d impacts sociaux L h t rog n it m me des m thodes d valuation r v le la difficult standardiser l tude des impacts sociaux voir Statistisation Blume Kohout M K Kumar et N Sood 2009 Federal life sciences funding and university RQD NBER Working Paper n 15146 Dasgupta P et P David 1994 Towards a New Economics of Science Research Policy vol 23 n 5 p 487 521 Geisler E 2000 The metrics of science and technology Quorum Books tats Unis Godin B et C Dor 2005 Measuring the Impacts of Science Beyond the Economic Dimension INRS Urbanisation Culture et Soci t Lepori B R Barr et G Filliatreau 2008 New perspectives and challenges for the design and production of S amp T indicators Research Evaluation vol 17 n 1 p 33 44 Olsen S 2003 Social Return on Investment Standard Guidelines Berkeley University of California Center fo
158. choses qui se g rent de plus en plus d ailleurs Une troisi me veine de r flexion pense l optimisation de cette gestion La propri t intellectuelle la valorisa tion de la technologie et la mesure des performances scientifiques des fins acad miques ou commerciales mobilisent beaucoup d efforts et comportent des cueils viter Les quilibres d licats entre la collabo ration la comp tition et le contr le entre le local le national et le mon dial entre l organisationnel l conomique et le politique supposent une r flexion fine et inform e Cette br ve typologie puise t elle les possibles d une interrogation critique des sciences et des technologies dans leur contexte social Le champ est si f cond qu il faut s attendre des mutations continues Anticiper cet avenir exige aussi des outils pour rendre intelligible le mou vement des sciences et des techniques Les quatre vingt deux entr es offertes ici dressent un panorama englobant des r flexions en cours et un portrait suffisamment structur et accessible pour s y rep rer Un tel compendium rappelle l importance d un dialogue ancr dans un vocabulaire pr cis et une curiosit partag e entre tous les penseurs d sireux d entretenir une relation intelligente et polic e ce fait social sans pr c dent qu est l essor des sciences et des technologies Ce dialogue est exigeant mais la ma trise de notre avenir commun ne requiert elle pas une meilleure c
159. ciale des technologies Steve Woolgar y voit le souci des STS d appuyer la th orie sur de minutieuses recherches empiriques voir Th orie de l acteur r seau et Construction sociale des technologies L histoire du d veloppement du champ des STS est ainsi jalonn e d tudes de cas c l bres qui sont devenues paradigmatiques pour expo ser certaines th ories et en expliquer les concepts cl s voir Paradigme Par exemple l tude de la culture de la coquille Saint Jacques par Callon est devenue incontournable dans l enseignement des principes de la th orie de l acteur r seau L tude de l volution du design de la bicyclette par Pinch et Bijker constitue l arch type de la th orie de la construction sociale des technologies Dans ces deux exemples ce statut de cas paradigme n a pas t attribu r trospectivement mais bien par les auteurs eux m mes comme l indiquent les titres de leurs articles Ils devaient ainsi tablir une tradition intellectuelle largement suivie par la suite consistant articuler la production de nouveaux concepts et l nonciation de principes g n raux l analyse fine d une controverse technoscientifique souvent li e la gen se r ussie ou non d un artefact ou d un dispositif On retrouve deux visions distinctes de l tude de cas dans la lit t rature scientifique Celle de Hammersley et Gomm qui l associent 94 TUDES DE CAS EN STS troitement l ethnographie et
160. cience et de la technologie et donc appliqu aux documents scientifiques On utilise galement les termes scientom trie scientometrics ou infom trie nformetrics comme synonymes La pr misse de la bibliom trie est que les nouvelles connaissances sont incorpor es dans la litt rature scientifique et qu en mesurant les caract ristiques de cette litt rature on mesure certains attributs de la production des connaissances Lutilisation actuelle de la bibliom trie va de la sociologie des sciences aux sciences de l information en pas sant par les tudes conomiques sur l innovation et l valuation de la recherche voir Sociologie des sciences Les donn es bibliom triques proviennent en g n ral des bases de donn es ce jour deux bases sont principalement utilis es le Web of Science de Thomson Reuters anciennement ISI et la base Scopus de Elsevier Alors que la premi re indexe les articles publi s dans environ 11 500 revues les plus cit es de leurs domaines respectifs la seconde couvre un ensemble de revues plus large soit environ 17 500 sans avoir de crit res d indexation bien d finis La diff rence quant au nombre d articles et de citations est toutefois plus faible les revues couvertes uniquement par Scopus sont de petite taille et la corr lation entre les deux bases de donn es pour ce qui est des publications et des citations est tr s lev e Bien que ces sources de donn es recensent plusieu
161. cience semble autant juge que partie Mais que sait on vraiment du fonctionnement de la science et de la technologie Lou es ou honnies elles font intimement partie de notre vie sans que nous ne comprenions toujours comment ou pourquoi Ce dictionnaire unique en son genre cartographie nos liens com plexes avec la science et la technologie envisag es comme ph nom nes humains Il d taille le vocabulaire et les questions de la STS Sciences technologies et soci t s champ des sciences humaines vou la compr hension critique des savoirs et de leurs usages Chaque entr e pr sente l tat des recherches sur un aspect pr cis des sciences et des technologies et rend compte des acquis th oriques des m thodes d enqu te et des d bats en cours Fruit du r seau d expertise du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie CIRST ce livre mobilise plusieurs disciplines sociologie philosophie management communication science politique histoire conomie et scientom trie tout en mettant l avant des concepts communs Le grand public les tudiants les d cideurs et les chercheurs y trou veront un outil de r f rence n cessaire pour r fl chir autrement ces questions qui nourrissent nos inqui tudes et nos plus grands espoirs LES DIRECTEURS Julien Prud homme est chercheur associ au CIRST et professeur associ l Univer sit du Qu bec Montr al Pierre Doray est p
162. comment les chercheurs par leurs demandes de subvention construisent une RS de la nanotechnologie qui une fois convertie en d finitions par les organismes subventionnaires red finit la com munaut des chercheurs en nanotechnologie voir Objet fronti re et Interdisciplinarit C est l efficace des RS leur pouvoir de modifier en retour le contexte social qui les cr e 196 R SEAU SOCIONUM RIQUE Bauer M W et G Gaskell 1999 Towards a Paradigm for Research on Social Represen tations Journal for the Theory of Social Behaviour vol 29 n 2 p 163 186 2008 Social Representations Theory A Progressive Research Programme for Social Psychology Journal for the Theory of Social Behaviour vol 38 n 4 p 335 353 Bloor D 1997 Collective Representations dans G Forrai dir mages and Reality Proceedings of the 1996 Miskolc Conference on Science and Representations Miskolc 13 15 juin 1996 Miskolc p 13 23 Doise W 1982 L explication en psychologie sociale Paris Presses universitaires de France 1990 Les repr sentations sociales dans J F Richard R Ghiglione et C Bonnet dir Trait de psychologie cognitive Paris Dunod vol II p 113 174 Doise W 1993 Debating Social Representations dans G Breakwell dir The Empi rical Study of Social Representations Oxford University Press p 157 180 Elejabarrietta F 1996 Le concept de repr
163. concept univoque Le terme est plut t cheval entre d une part une science de la technique et d autre part une classe d objets pr sents dans notre vie quotidienne et qui incorporent des savoirs scientifiques Bigelow Jacob 1829 Elements of Technology Boston Hiliard Cray Little et Wilkins Breton Philippe 1990 La tribu informatique Enqu te sur une passion moderne Paris M taili Ewald Fran ois 1986 L tat providence Paris ditions du Seuil Gras Alain 1993 Grandeur et d pendance Paris ditions du Seuil Guilhon B 2000 Les dimensions actuelles du ph nom ne technologique Paris L Harmattan Guillerme Jacques et Jan Sebestik 1966 Les commencements de la technologie Thal s n XII Hughes Thomas P 1983 Networks of Power Electrification in Western Society 1880 1930 Baltimore Johns Hopkins University Press Lamard Pierre et Jean Claude Lequin 2005 La technologie entre l universit Labora toire RECITS Universit de Bedford Montb liard Perrin Jacques 1991 Construire une science des techniques Limonest L interdisiciplinaire 1988 Comment naissent les techniques la production sociale des techniques Paris Publisud 231 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Rosenberg Nathan 1982 Inside the Black Box Technology and Economics Cambridge University Press Sebestik Jan 2004 Les commencements de la technique postface pr face Docu
164. ct factor Contingencies and consequences Scientometrics vol 79 n 3 p 639 653 Falagas M et V Alexiou 2008 The top ten in journal impact factor manipulation Archivum Immunologiae et Therapiae Experimentalis vol 56 n 4 p 223 226 Fuyuno l et D Cyranoski 2006 Cash for papers Putting a premium on publication Nature vol 441 p 792 Larivi re V et Y Gingras 2010 The impact factor s Matthew effect a natural expe riment in bibliometrics Journal of the American Society for Information Science and Technology vol 61 n 2 p 424 427 Lozano G A V Larivi re et Y Gingras 2012 The weakening relationship between the Impact Factor and papers citations in the digital age Journal of the American Society for Information Science and Technology vol 63 n 11 p 2140 2145 Moed H F et T N Van Leeuwen 1995 Improving the accuracy of Institute for Scientific Information s journal impact factors Journal of the American Society of Information Science vol 46 p 461 467 Seglen P O 1992 The skewness of science Journal of the American Society for Information Science vol 42 p 628 629 Smith R 1997 Journal accused of manipulating impact factor British Medical Journal vol 314 p 463 Femmes et sciences Catherine Beaudry et Vincent Larivi re Les femmes comptent pour une part de plus en plus importante du corps professoral qu b co
165. ction de connaissances scientifiques voir Innovation ouverte Au del du traitement d images les participants de Galaxy Zoo ont fait des d cou vertes tel le Voorwerp de Hanny un nouvel objet astronomique d couvert en 2007 ce qui a soulev de nouvelles questions scientifiques Dans un autre cas le jeu vid o Foldit sur le repliement de prot ines est bas sur des algorithmes connus Dans certains cas de figure le jeu a permis de r soudre des probl mes pineux en seulement quelques jours Ces solutions fournissent des pistes pour la conception de nou velles prot ines telles que de nouveaux catalyseurs pour la photo synth se ou des prot ines capables de s attaquer des virus comme ceux du sida ou de la grippe HINI Enfin comme il existe une multi tude de fa ons de r soudre des probl mes de ce type les chercheurs esp rent am liorer les algorithmes employ s par les logiciels de pliage des prot ines en analysant les solutions propos es par de multiples contributeurs 16 AMATEURS Les amateurs prennent une place nouvelle dans la production des connaissances scientifiques Leur participation renvoie davantage des formes de division du travail dans la cha ne de production des connaissances scientifiques Ces formes de participation ne sont pas exactement celles qu avaient caract ris es les interactions entre savoirs profanes et savoirs experts ayant donn lieu l mergence plus ou moins r ussie de forums
166. d j prouv e mais dont le droit de propri t est d tenu par l institution qui en assure le transfert Dans ce cas l entreprise qui l acquiert n a qu un droit d utilisation voir Alliances technologiques Cependant au del des droits de propri t il ny a pas de rela tion unilat rale de cause effet entre le sort de la technologie et ses objectifs initialement prescrits Le TT ne conduit pas n cessairement c est dire ind pendamment du contexte social culturel conomique juridique environnemental et politique une ma trise sociale de la technologie Au final en effet ce sont toujours les usagers groupes ou organisations sociales qui donnent leur pleine signification aux tech nologies et qui font r ussir chouer ou neutraliser l objet technique voir Objet technique Il y a toujours comme le note Victor Scardigli une flexibilit voire une impr visibilit des usages C est cette r alit qui est au c ur du TT et qui a conduit l chec d exp riences co teuses tent es par certains pays du tiers monde C est la raison pour laquelle le TT n est pas un gage de ma trise sociale des technologies Alter N 2000 L innovation ordinaire Paris PUF Debresson C 1989 Les p les technologiques de d veloppement Revue Tiers Monde vol 30 n 118 p 245 270 Gunter Frank A 1978 L accumulation d pendante Paris Anthropos Perrin J 1992 Pour une r vision de la science
167. d le uni versitaire qui a pour corollaire la naissance du chercheur entrepreneur Institution de production du savoir et de diffusion de la connaissance l universit est d sign e comme le moteur de l innovation capable d assurer sur la longue dur e la prosp rit de l tat voir conomie de l innovation Jug e auparavant distante et isol e d o l image d une tour d ivoire l universit est d s lors propuls e sur la sc ne cono mique Aussi les pouvoirs publics mettent ils en place des politiques de valorisation de la recherche et de ses potentialit s commerciales et cherchent tisser des liens plus troits entre l universit et les indus tries L universit sous financ e par le secteur public se tourne vers les fonds priv s pour financer la recherche Le ph nom ne est global et touche l ensemble des universit s peu importe le degr d intensit de leurs activit s de recherche Les gouvernements mettent en place des fonds cibl s et comp titifs de nouveaux programmes universitaires 245 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S et adoptent des l gislations dont le Bayh Dole Act am ricain fournit le mod le La valorisation de la recherche est alors comprise comme un processus de capitalisation du savoir les savoirs fondamentaux doivent se transformer en produits commerciaux Elle prend plusieurs formes contrats de recherche entre l universit et l industrie brevets licences mobilit des cherc
168. d livre du monde r dig en langue math matique Descartes d veloppa sa m taphysique pour atteindre les principes d une philosophie de la nature formant les racines d un arbre dont la physique devait constituer le tronc et d o sortiraient les branches des divers champs d application de la science Sans doute a t on trouv la philosophie pr sente aux sources de la linguistique avec Dumarsais et Condillac ou de la sociologie avec Comte Durkheim ou Max Weber pour ne donner que ces exemples parmi tant d autres possibles Quant aux questions cosmologiques d essence philosophique telle celle de la r alit ou de l id alit de l espace et du temps vivement pr sente dans la controverse entre Leibniz et les Newtoniens au d but du 18 si cle n ont elles pas aliment les analyses qui ont men la th orie de la relativit au c ur de la physique contemporaine De telles approches fondationnelles aux fronti res de l ontologie philosophique et de la science s illustrent encore aujourd hui dans nombre de recherches th oriques de pointe Certes il est arriv au philosophe de traiter de la science en g n ral notamment dans la perspective d un examen des m thodes rationnelles que devrait incarner toute pratique scientifique Pensons au Descartes du Discours de la m thode 1637 d veloppant l id e d une mathesis c est dire d un cheminement de la raison et d une mise en ordre des objets conna tre applicables
169. des usagers dans la construction sociale des technologies et de leurs usages La notion a d abord t labor e dans le cadre d une r flexion sociopolitique pour souligner l autonomie que l usager peut d montrer vis vis des objets techniques En ce sens elle s inscrit dans une double filiation celle de la notion marxiste d appro priation des moyens de production et donc des machines dans un refus d ali nation d nonc e jadis par les luddites et celle emprunt e la sociolinguistique d appropriation de la langue par ses locuteurs Cette deuxi me ascendance qui trouve chos dans la th orie litt raire et la th orie de l art s est notamment nourrie des id es de Michel de Certeau sur les rapports entre consommation et production Pour ce dernier les usagers se trouvent en position de facticien face au d ploiement des strat gies industrielles leurs moyens sont plus modestes et leur champ d action plus restreint Toutefois il leur est possible de se constituer un propre autrement dit de s approprier un domaine au sein du dis positif technique qui leur est propos ou impos Pour de Certeau c est la pratique qui constitue ce domaine o s ex prime la cr ativit des pratiquants qu il appelle poiesis C est sur cette fondation th orique que se construit dans la sph re francophone le concept d appropriation des dispositifs techniques par les usagers non sans que d autres dimensions sociologiques ne lui
170. devient important pour elles de chercher et d exploiter les d couvertes d autres organisations plut t que de se fier exclusivement sur leurs ressources internes Ainsi l id e de l innovation ouverte repose sur une d marche coop rative qui implique une vari t d acteurs et de sources externes clients fournisseurs concurrents laboratoires universitaires agents de brevets organismes de financement public etc Le d fi pour l organisation innovante est l int gration de l ensemble de ces acteurs dans une d marche flexible d passant la notion traditionnelle d alliance ou de contrat de recherche L innovation ouverte ne repr sente pas une nouveaut radicale Les firmes ont compris depuis longtemps l importance de s appuyer sur les connaissances externes voir Externalit s de la R D et Alliances technologiques L l ment le plus novateur consiste dans la multiplicit des modalit s de collaboration qui se sont d velopp es surtout gr ce la facilit avec laquelle l information peut tre partag e au moyen des technologies d information et de communication TIC Une dimension importante de l innovation ouverte est l implica tion des utilisateurs dans le processus de co cr ation Le crowdsour cing approvisionnement par la foule est une modalit d innovation ouverte qui s appuie fortement sur les TIC Typiquement une compagnie pose un probl me ou un d fi sur une plateforme Web et invite tout le monde la foule
171. disposons pour atteindre la repr sentation objective des ph nom nes et pour viter les obstacles inh rents la conceptualisation scientifique De fa on peine diff rente les auteurs d un r cent Pr cis de philosophie des sciences paru en 2011 affirment La philosophie des sciences a pour t che de comprendre et d valuer la formidable entreprise qu est la science p 5 Ce mandat se d taillera donc en recherches sur les objectifs les m thodes les principes et l interrelation des disciplines scientifiques Mais plus fondamentalement sans doute la philosophie des sciences visera tablir le rapport la r alit des concepts hypo th ses lois et th ories que les diverses sciences laborent dans leur d marche explicative de l ordre des choses et d terminer comment s op rent la r vision la rectification la subversion le remplacement des repr sentations en jeu dans ce dialogue entre agents et objets de la connaissance scientifique voir Classification et Th ories scientifiques De l l attention du philosophe se portera de fa on r flexive et critique sur le discours scientifique m me et sur les pratiques qu il int gre Ce discours se veut rationnel logiquement articul objectif explicatif et id ologiquement neutre voir Mod les scientifiques et Objectivit et 173 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S r gulation Mais dans quelle mesure et sous quelles conditions peut il soutenir cett
172. diversit de ses champs d application Sa t che implique un int r t particulier pour l interrelation des disciplines scientifiques ainsi que pour les valeurs intellectuelles et sociales qu elles v hiculent et quiles animent souvent de fa on non r fl chie voire ambivalente ces valeurs sont la recherche de la v rit le progr s des connaissances le d veloppement technologique 171 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S la transformation des conditions de vie et de l organisation en soci t voir Discipline Tout compte fait l attention du philosophe des sciences se concentre primordialement sur l activit multiforme la fois th o rique et pratique de l esprit humain activit qui s accomplit de fa on sans cesse renouvel e dans l uvre de science La relation de la philosophie aux sciences a souvent t travers l histoire celle dun g niteur sa prog niture Les sciences se sont en g n ral form es dans le sein de la philosophie voir Lois scienti fiques Leurs objets respectifs taient relativement indistincts il fal lait sans doute concevoir la nature des entit s constituant le mobilier de lunivers avant de se livrer l investigation d taill e de celui ci et il convenait de baliser rationnellement les d marches entreprendre cette fin Aristote fut ainsi la fois philosophe et biologiste Galil e con ut une philosophie m caniste de la nature qui lui permettait de lire dans le gran
173. dop tion de l innovation Des travaux portant sur la demande et la consom mation cherchent cerner les facteurs qui influencent les d cisions des consommateurs bien que ces deux litt ratures aient volu ind pen damment elles demeurent n anmoins interreli es La vitesse laquelle une innovation est adopt e d pend des facteurs qui influencent les d cisions individuelles de consommation des agents ainsi que de la rapidit avec laquelle ces facteurs voluent Les facteurs affectant le taux d adoption d une technologie ou d une innovation donn e sont les b n fices qu apporte son adoption la pr sence ou non de produits substituts ou compl ments les effets de r seaux et de standards qui accroissent les b n fices d une adoption les co ts d adoption de la technologie y compris l investissement compl mentaire et l apprentis sage la capacit d absorption et les co ts d opportunit l incertitude quant l utilit de la technologie la taille et la structure du march voir Gestion de la technologie Il existe un bon nombre de mod les pour d terminer le taux d adop tion et de diffusion de l innovation Parmi ceux ci les mod les pid miques prennent leur source dans la similarit entre la diffusion d une maladie infectieuse et la diffusion d une nouvelle technologie parmi la population d utilisateurs voir Mod les scientifiques Chaque fois qu un consommateur est expos une innovation il
174. du pouvoir de l tat comme 44 CLASSIFICATION l illustrent particuli rement le r le des cat gories ethniques et raciales des recensements ou l histoire des cat gories d activit voir Statis lisation et Sociopolitique de la statistique ce titre le choix des classes est plus qu un simple choix technique les classes constituent des ins truments de l action publique et induisent des effets propres ind pen dants de la volont de ceux qui les ont con ues Bowker et Star conceptualisent les syst mes de classification comme des infrastructures technologiques qui sont la fois conven tionnelles et encastr es dans la pratique mat rielles et symboliques organisationnelles et informationnelles Par exemple le syst me inter national de classification des maladies ICD mondialement utilis par les tats partir des certificats de d c s par les compagnies d assurance et par les h pitaux est une infrastructure informationnelle tr s tendue qui op re de mani re invisible comme support au travail m dical Ces structures informationnelles ne sont pas des toiles de fond passives mais au contraire elles fa onnent les repr sentations voir Infrastructure sociotechnique Selon Ian Hacking les classifications des gens peuvent aller jusqu modifier la mani re dont ils se per oivent Les personnes sont ainsi des cibles mouvantes car elles sont fa onn es par les classifications ce qui induit des modificati
175. duction An Agenda for Infrastructure Studies Journal of the Association for Information Systems vol 10 n 5 p 364 374 Engestr m Y 1990 When is a tool Multiple meanings of artifacts in human activity dans Y Engestr m dir Learning Working and Imagining Twelve Studies in Activity Theory Helsinki Orienta Konsultit Goffman E 1973 La mise en sc ne de la vie quotidienne 1 La pr sentation de soi Paris ditions de Minuit trad fran aise de l dition de 1959 Hughes T P 1983 Networks of Power Electrification in Western Society 1880 1930 Baltimore MD Johns Hopkins University Press Millerand F et G C Bowker 2009 Metadata Standards Trajectories and Enactment in the Life of an Ontology dans S L Star et M Lampland dir Standards and Their Stories Cornell University Press p 149 165 Star S L 1999 The Ethnography of Infrastructure American Behavioral Scientist vol 43 p 377 391 Star S L et K Ruhleder 1996 Steps Toward an Ecology of Infrastructure Design and Access for Large Information Spaces Informations Systems Research vol 7 n 1 p 111 134 Innovation ouverte Lorna Heaton L innovation ouverte se base sur la pr misse que les connaissances per tinentes l innovation sont distribu es et souvent produites de mani re collaborative Dans ce contexte si les compagnies veulent innover il 129 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S
176. e et collective des normes prescrites aux pratiques sociales autonomes L antagonisme entre les normes prescrites et les pratiques sociales peut se trouver doublement amplifi Il l est d une part par le d calage entre le syst me sociotechnique surtout s il est import et le milieu social local Il l est d autre part par la persistance d un imaginaire inhibant marqu par une certaine tendance d ifier la technologie Entretenue de l ext rieur la technologie tend alors s imposer comme une entit a historique ind pendante de soi et fond e sur un individu ne jouissant pas de cette autonomie responsable n cessaire la cr ation dont parle Cornelius Castoriadis Bourdieu en met nu le sens profond tandis que les dirigeants s puisent mettre en forme les r gles du jeu les agents sociaux se chargent de mettre les formes qui sont autant de jeux avec la r gle du jeu Se situant dans le contexte de la domination conomique et de la mondialisation des auteurs mettent en cause le concept m me de d veloppement Pour Serge Latouche Bernard Hours et d autres le d veloppement surtout celui des pays riches assurant l essor des pays pauvres n a plus de sens L opposition entre d veloppement et sous d veloppement tendrait plut t dispara tre tous les pays du monde tant en d veloppement et donc en comp tition f roce Selon Latouche la d r gulation et la
177. e capitalisme a permis l mergence de la machine vapeur qui elle m me a modifi les modes de fabrication La techno logie combin e d autres modalit s organisationnelles peut alors tre consid r e comme un instrument de contr le social structurant les modes de travail et les entreprises Cette alternative au d termi nisme technologique propose une relation invers e le social serait producteur de la technique qui par incorporation du social culture des 67 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S organisations objectifs ou int r ts des producteurs de technologies agirait sur le social voir Construction sociale des technologies Un dernier ensemble de travaux refusent l existence m me de la posture d terministe Nous nous retrouverions devant une double construction le social produirait le technique et ce dernier fa onnerait le social Le changement technologique en entreprise est ainsi con u comme la rencontre de technologies porteuses d un design de l organi sation souvent modul e pour faire place aux nouvelles technologies et des modes de gestion des changements qui pr valent d j dans l entreprise voir Gestion de la technologie Hughes propose le mod le de la toile sans couture seamless web pour comprendre le d veloppement technologique produit dans l enchev trement de diff rents l ments techniques sociaux conomiques Ainsi l analyse du processus d lec trification des tats Unis soulig
178. e ceux de la physique des ondes gravitationnelles de la parapsychologie ou de la fabrication du laser Collins observait des chercheurs se confronter ce qu il nommait le paradoxe de la r gression exp rimentale paradoxe auquel la connaissance tacite serait loin d tre trang re 54 CONNAISSANCE TACITE Selon Collins en effet puisque toute pratique exp rimentale implique un certain nombre d habilet s enracin es dans la connais sance tacite il demeurerait toujours possible d attribuer un chec dans la reproduction d une proc dure exp rimentale et de ses r sultats une ma trise inad quate de la part d un scientifique de ces l ments difficilement pond rables Devant de tels cas qui conduisent en r gle g n rale vers une controverse scientifique les chercheurs doivent envi sager de tenir une nouvelle exp rience de contr le pour valider les conditions de la premi re reproduction exp rimentale et ainsi de suite potentiellement jusqu l infini Pour viter une telle r gression et sortir de la controverse la communaut scientifique doit faire un choix soit elle d cide d abandonner l exp rience soit elle se dote par convention d un cadre explicitant les standards d une reproduction exp rimentale acceptable Mais de la m me mani re que tout sch me normatif valid en vient s incorporer dans une forme de vie prescrivant justement la r gle ces conventions entre chercheurs en viennent d t
179. e dynamique essentiel lement interne la technique produit la technique D s lors l analyse porte sur la nature des changements produits la technologie tant consid r e comme une bo te noire le sociologue l historien ou le phi losophe n ayant pas r ellement de prise pour en comprendre le d ve loppement Les critiques de cette posture d terministe sont nombreuses D abord la qualit et la pr cision des variables utilis es pour caract ri ser les technologies sont jug es souvent trop l ches Le lien de causalit fait aussi l objet de contestations quand pour une technologie similaire on constate des usages ou des formes organisationnelles diff rentes laissant penser que d autres dimensions interviennent pour moduler le 66 D TERMINISME TECHNOLOGIQUE lien entre la technique et le social Mais surtout on critique l absence de r flexion sur la production m me des technologies Les postures alternatives changent l angle d approche Certaines inscrivent l influence de la technique dans un ensemble plus vaste de d terminations Il est alors possible de parler de d terminisme multiple L organisation par exemple serait fa onn e non seulement par les techniques adopt es mais aussi par les strat gies des acteurs les modes de gestion du changement technologique le type de march conomique dans lequel l entreprise baigne etc voir Diffusion de la technologie Dans un autre cas de figure la relation entre te
180. e par contre partir de donn es tatsuniennes que les femmes re oivent des subventions proportionnelles au nombre de propositions qu elles soumettent l cart en faveur des hommes dans le financement global obtenu pourrait par cons quent tre attribuable une diff rence dans le nombre de demandes soumises En ce qui a trait la productivit de la recherche mesur e par le nombre de publications le survol par Xie et Shauman 2003 de la vaste majorit des tudes publi es depuis les ann es 1990 montre un cart syst matique en faveur des hommes d environ 20 30 Autrement dit le volume d articles publi s par des femmes repr sente entre 70 et 80 de celui des hommes Il s agit l d une am lioration importante par rapport aux diff rences observ es pr c demment En effet une synth se de Zuckerman effectu e dix ans plus t t montrait que les femmes publiaient alors en moyenne de 40 50 moins d articles que les hommes Les r sultats rapport s sont semblables tant pour les tats Unis que le Qu bec L impact scientifique de ces articles mesur par le nombre de citations re ues est discut certaines tudes sug g rent des r sultats similaires pour les deux sexes tandis que d autres avancent que l impact des hommes est sup rieur voir Bibliom trie et Facteur d impact Bien que la participation des femmes des demandes de brevet ait augment de fa on importante entre 1991 et 2005 celles ci so
181. e pour les exploits du sorcier de Menlo Park La fondation des premiers laboratoires consacr s la recherche annonce pourtant l effacement de l inventeur solitaire voir Invention et innovation Les conomies industrialis es lui font de moins en moins de place La conception m me de la recherche et du d veloppement vacue le d fi de l invention et pr suppose des finalit s connues Les ing nieurs sont form s non exercer leur inventivit mais analyser un syst me 139 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S technique afin de l am liorer Les laboratoires industriels des compa gnies tablies se soucient d abord de prot ger leur pr carr tandis que les start ups se pr occupent surtout du lancement d un produit concret Le travail en quipe suffit engendrer les perfectionnements et les variantes techniques qui int ressent les grandes compagnies privant les inventeurs ind pendants d un important d bouch En 1931 les corporations engrangent plus de brevets aux tats Unis que les inven teurs ind pendants En 1940 le bureau du recensement aux tats Unis limine la profession d inventeur de sa liste d occupations Les inventeurs se fondent d s lors dans une cat gorie indiff ren ci e qui m le entrepreneurs d tenteurs de brevets et bricoleurs du dimanche Comme activit l invention est tenue pour acquise trait e comme une bo te noire ou r duite un processus qu un logiciel peut reproduire
182. e pr tention Comment et par quels ressorts internes et externes volue t il de fait Barberousse Annick Denis Bonnay et Mika l Cozic dir 2011 Pr cis de philosophie des sciences Paris Vuibert Hacking lan 2000 Entre science et r alit La construction de quoi Paris La D couverte Hempel Carl G 1965 Aspects of Scientific Explanation and Other Essays in the Philosophy of Science New York The Free Press Popper Karl R 1978 La logique de la d couverte scientifique Paris Payot Rosenberg Alex 1995 Philosophy of Social Science Oxford Westview Press Wagner Pierre dir 2002 Les philosophes et la science Paris Gallimard Plateformes biom dicales Peter Keating Dans sa c l bre th se de 1943 sur Le normal et le pathologique le philo sophe fran ais Georges Canguilhem s est attaqu l une des principales doctrines de la pens e m dicale du 19 si cle selon laquelle les maladies comme expressions pathologiques des ph nom nes du vivant ne repr sentaient rien d autre qu une modification quantitative des processus normaux de l organisme voir Quantification et mesure En tudiant le cas du diab te infantile Canguilhem soulignait que la maladie ne correspondait pas simplement comme l avait cru Claude Bernard 1813 1878 une production excessive de sucre par le foie d passant les capacit s r nales et provoquant par l de la glycosurie mais qu elle correspondait p
183. e qu a p rennis e le mod le d ductif nomologique de Hempel Suivant ce mod le les nonc s de loi sont pr sum s fournir les pr misses d arguments qui associ s d autres pr misses stipulant les conditions circonstancielles d application permettraient de d duire les nonc s descriptifs des corr lations empiriques correspondantes Or force est de constater que ce style d argument n est formellement valide que sous le mode de l infirmation ou falsification modus tollens La limitation effective d une telle approche a pu d ailleurs donner lieu une diff renciation marqu e des logiques pr sum es de la d couverte et de la justifica tion notamment selon Popper Mais plus largement tant en mati re d invention et d volution qu en mati re de logique interne le discours scientifique appara t comme un ensemble complexe d l ments dont l analyse requiert la prise en compte de param tres multiples les uns relatifs la base empirique les autres relatifs la structure th orique et aux mod les explicatifs mais certains tout aussi fondamentaux se rapportant aux pratiques des communaut s humaines impliqu es et aux valeurs qui les animent 205 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Anstey Peter 2011 John Locke and Natural Philosophy New York Oxford University Press Duchesneau Fran ois 1993 Leibniz et la m thode de la science Paris Presses Universi taires de France Duhem Pierre 1981
184. e r sident pour reprendre un autre mot de Bourdieu les conditions sociales du progr s de la raison voir Professionnalisation de la science Aguilar Alfredo Torbj rn Ingemanson St phane Hogan et Etienne Magnien 1998 Peer Review evaluation of proposals in the biotechnology programme of the European Union Research Evaluation vol 7 n 3 d cembre p 141 146 Bourdieu Pierre 1975 La sp cificit du champ scientifique et les conditions sociales du progr s de a raison Sociologie et Soci t s vol 7 n 1 mai p 91 118 2001 Science de la science et r flexivit Paris Raison d agir Chubin Daryl E et Edward J Hackett 1990 Peerless Science Peer Review and U S Science Policy Albany State University of New York Press Cole Stephen 1992 Making Science Between Nature and Society Cambridge MA Harvard University Press Fisher Donald Janet Atkinson Grosjean et Dawn House 2001 Changes in Academy Industry State Relations in Canada The Creation and Development of the Networks of Centres of Excellence Minerva n 39 p 299 325 Fournier Marcel Yves Gingras et C Mathurin 1988 L valuation par les pairs et la d finition de la recherche universitaire Actes de la recherche en sciences sociales Paris p 47 55 98 VOLUTION DE LA R GLEMENTATION EN SCIENCE ET TECHNOLOGIE GOA 1994 Peer Review Reforms Needed to Ensure Fairness in Federal Agency Grant Sel
185. e relique arch ologique lorsqu il est expos dans un mus e voir Mus e de science et technologie Pour sa part l approche constructionniste con oit plut t l artefact comme une actualisation parmi d autres d un objet technique sujet la flexibilit interpr tative des acteurs avant que sa signification ne soit stabilis e L artefact est donc situ dans un r seau constitu la fois d acteurs et d autres artefacts en concurrence avec lui Le r seau est articul autour de probl mes ou controverses dans lesquels les acteurs sont parties prenantes et pour lesquels les artefacts sont autant d interpr tations de l objet technique offrant des solutions ces probl mes voir Th orie de l acteur r seau et Objet fronti re Callon M 1991 Techno economic networks and irreversibility dans J Law dir A Sociology of Monsters Essays on Power Technology and Domination Londres Routledge p 132 161 Dodier N 1995 Les hommes et les machines La conscience collective dans les soci t s technicis es Paris M taili Forest J 2007 Artefact les apports de l approche simonienne Les Enjeux de l infor mation et de la communication http lesenjeux u grenoble3 fr 2007 meotic Forest Foucault M 1994 1977 Le jeu de Michel Foucault dans D Defert F Ewald et J Lagrange dir Dits et crits 1954 1988 Vol III 1976 1979 Paris Gallimard p 298 329 Latour B 1
186. e sont des mod les de comptabilit nationale mais sont galement utilis s en conomie r gionale voir Syst me statistique national et Syst mes d innovation Ces approches servent mesurer les impacts des indus tries en amont donc des fournisseurs G n ralement les indicateurs conomiques d int r t de ces tudes sont les effets macro conomiques directs d un secteur ou d un sous secteur qu il s agisse de ses effets directs indirects ou induits ou encore d une combinaison de ces types d effets sur l emploi le produit int rieur brut PIB et la production La structure des tableaux d entr e sortie est actualis e environ quatre ou cinq ans suivant un recensement Pour compenser ce d ca lage diverses m thodes permettent d actualiser sur une base annuelle les valeurs des matrices de comptabilit nationale en tenant compte de l volution des donn es sur la structure technologique du pays Ces actualisations annuelles des matrices d entr e sortie n actualisent tou tefois pas la fonction de production de Leontief qui structure le mod le Au Canada par exemple les mod les d entr e sortie sont structurel lement donc technologiquement pour les fonctions de production de Leontief actualis s environ tous les cinq ans en r f rence aux donn es collig es lors des ann es de recensement Les multiplicateurs d emplois ou de PIB peuvent tre actualis s plus fr quemment Les approches d entr e sortie ont p
187. e two faces of R amp D Economic Journal vol 99 p 569 596 1990 Absorptive capacity a new perspective on learning and innovation Administrative Science Quarterly vol 35 n 1 p 128 152 Feldman M et D Audretsch 1999 Innovation in cities science based diversity specialisation and localized competition European Economic Review vol 43 p 409 429 Rogers Everett M 1983 Diffusion of Innovations 3 d New York The Free Press Ryan B et N C Gross 1943 The Diffusion of Hybrid Seed Corn in Two lowa Commu nities Rural Sociology vol 8 p 15 24 Von Hippel E 2005 Democratizing Innovation Cambridge MIT Press Discipline Julien Landry Dans son sens courant la notion de discipline sert classifier les aires de connaissance qui d coupent le monde et son tude Ainsi con ues les disciplines forment des corpus de connaissances fond s sur un classement de la nature et une division du travail scientifique Cette repr sentation des divisions disciplinaires qui repose sur des configu rations abstraites et par ailleurs incertaines ignore toutefois souvent la mat rialit et l historicit de ces unit s d organisation des sciences modernes Elle peint aussi un portrait idyllique qui ignore les hi rar chies les conflits et les contradictions qui accompagnent la formation de disciplines Les auteurs en STS se veulent g n ralement en rupture avec certains aspects de
188. ection Report ot the Chairman Committee on Governmental Activites US Senate General Accounting Office Washington D C Hartmann I et F Neidhart 1990 Peer Review at the Forschungsgemeinschaft Scientometrics vol 19 n 5 6 p 419 425 Lamont Mich le 2009 How Professors Think Inside the Curious World of Academic Judgment Cambridge Harvard University Press volution de la r glementation en science et technologie Marc Banik Dans les derni res d cennies la r glementation des industries de la science et de la technologie a volu au m me rythme que l implica tion des instances gouvernementales voir Financement de la science Alors que les gouvernements s y taient peu int ress s au d but de la r volution industrielle la relance conomique suivant la Seconde Guerre mondiale voit la cr ation d agences r glementaires auxquelles sont accord s d importants pouvoirs discr tionnaires pour contr ler les secteurs industriels cl s comme l agriculture la pharmaceutique les transports les t l communications et la production d nergie C est ainsi dans les ann es 1950 que la Food and Drug Administration FDA instaure un syst me d approbation des m dicaments qui oblige les promoteurs de ces produits fournir la preuve scientifique de leurs pr tentions th rapeutiques Le mod le de la FDA qui rend ill gale la vente des m dicaments non homologu s est ensuite adopt par presque tous les pays
189. en 2005 les tats Unis accordent un premier brevet une invention con ue par les algorithmes volutionnaires de la programma tion g n tique L thologie a m me revendiqu pour certains animaux la capacit d inventer que la sociologie occulte chez les humains La personnalit des inventeurs conserve n anmoins sa pertinence explicative P trie d ing niosit de pers v rance et d optimisme elle se caract rise par un opportunisme aussi flexible qu adaptable doubl d un impitoyable sens critique Ces traits n excluent nullement les collaborations qui b n ficient de la diversit des points de vue et des exp riences de chacun Si l inspiration est forc ment individuelle la crois e du savoir scientifique et du savoir faire pratique elle peut s enrichir de celle des autres et profiter d une adroite division du travail collectif Cest en conciliant ces contraires que les inventeurs qu ils soient entrepreneurs schump t riens intrants conomiques acteurs latouriens ing nieurs h t rog nes ou parties prenantes de cadres technologiques continuent cr er notre monde voir Sociologie des sciences Bijker W E 1995 Of Bicycles Bakelites and Bulbs Toward a Theory of Sociotechnical Change Cambridge MA MIT Press Committee for Study of Invention 2004 Invention Enhancing Inventiveness for Quality of Life Competitiveness and Sustainability Lemelson MIT Program et National Science Foundation
190. ence Popper Kuhn Lakatos Feyerabend Paris La D couverte Godin Christian 2004 pist mologie Dictionnaire de philosophie Paris Fayard Nadeau Robert 1999 Vocabulaire technique et analytique de l pist mologie Paris PUF 87 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S tat pouvoir et science St phane Castonguay Source de prestige pour les princes de la Renaissance la science est devenue avec le d veloppement des tats nations source de pouvoirs multiples touchant la fois les sph res militaires conomiques et sociales Si les historiens se plaisent retracer dans les machines de guerre d Archim de pour le roi Hi ron une premi re alliance entre science et pouvoir tandis que les philosophes r citent les aphorismes de Francis Bacon et Ren Descartes qui ont chacun leur fa on envisag le pouvoir de la connaissance comme outil de contr le et de domination de la nature les rapprochements syst matiques entre science et pouvoir sont beaucoup plus r cents et ont t conditionn s par les d veloppe ments historiques m mes de ces deux entit s et de leurs institutions La mise en place des acad mies a certes permis au Prince par del la notori t du patronage d acqu rir des connaissances pratiques pour la balistique et les fortifications et de se doter d une expertise pour attaquer des probl mes tant t techniques tant t sociaux de son royaume Cette alliance trouve une autre manifes
191. ensit de citation le seront moins Bref la mesure r elle des racines concr tes du rayon nement et de l attractivit pour les chercheurs de l interdisciplinarit qui se fait reste encore tablir Abbott A 2001 Chaos of Disciplines Chicago University Press Braun T et A Schubert 2003 A Quantitative View of the Coming of Age of Interdisci plinarity in the Sciences 1980 1999 Scientometrics vol 58 n 1 p 183 189 Bromme R 2000 Beyond One s Own Perspective The Psychology of Cognitive Interdisciplinarity dans P Weingart et N Stehr dir Practising Interdisciplinarity University of Toronto Press p 115 133 COSEPUP 2004 Facilitating Interdisciplinary Research Washington D C The National Academies Press Frodeman R J Thompson Klein et C Mitcham 2010 The Oxford Handbook of Interdis ciplinarity Oxford University Press Gibbons M C Limoges H Nowotny S Schwartzman P Scott et M Trow 1994 The New Production of Knowledge The Dynamics of Science and Research in Contemporary Societies Londres Sage Publications Klein J T 1990 Interdisciplinarity History Theory and Practice Detroit Wayne State University Press Larivi re V et Y Gingras 2006 On the relationship between interdisciplinarity and scientific impact Journal of the American Society for Information Science and Techno logy vol 61 n 1 p 126 131 OCDE 1998 Interdisciplinar
192. ent aussi avoir des incidences sur les sujets humains qui ont particip une recherche sur le bien tre des humains et des animaux sur les insti tutions qui encadrent la recherche mais aussi sur la sant publique lorsqu elles ont pour effet d entra ner des d cisions publiques n fastes voir Politique des sciences et des technologies Parmi les cas de fraudes les plus remarquables et les plus m dia tis s on trouve la r v lation des activit s frauduleuses du chercheur sud cor en Hwan Woo Suk dans le domaine des cellules souches ou encore la falsification des r sultats des travaux men s par le D Andrew Wakefield pour d montrer que la vaccination pouvait entra ner des risques d autisme chez les enfants La fraude ne se limite toutefois pas la recherche m dicale ou environnementale elle est pr sente dans tous les domaines d activit s scientifiques C est le cas en sciences et g nie comme en t moigne la manipulation des donn es des travaux de l ing nieur Hendrik Sch n au sein de Bell Laboratories dans le champ de la supraconductivit de certains mat riaux c est aussi le cas dans les sciences humaines et sociales o des fraudeurs ont pu enterrer des 112 FRAUDES SCIENTIFIQUES artefacts ou des ossements pour valider la pr sence d une occupation humaine ou animale ancienne dans une zone donn e Certaines fraudes peuvent n tre jamais r v l es si elles ne sont pas rapport es ou si les r sultats de rec
193. ent de celles de Ren Descartes et de Robert Hooke taient dites mont es sur des paules de g ants La r f rence de Newton ses pr curseurs s inscrivait cependant dans le contexte d une transformation profonde des institutions scien tifiques Au cours du 17 si cle avec la fondation des cercles scientifiques italiens d abord puis celle des acad mies en France et en Angleterre par la suite la pratique de la science tendit rev tir plut t la forme d une entreprise collective que celle d une t che individuelle Les r cits d histoire des sciences ne demeur rent pas inalt r s par cette muta tion dans l organisation du travail scientifique Et alors m me que de son propre chef Newton inscrivait ses travaux dans le prolongement d une tradition sp cifique la Soci t royale d Angleterre fond e en 1660 mandatait Thomas Sprat pour crire une histoire de la jeune institution sp cifiant qu il s agissait d en d crire la mission comme un projet collectif de ses membres Le r sultat L histoire de la Soci t royale de Londres 1667 en serait un trait tout aussi programmatique qu historique une caract ristique peut tre surprenante mais qu il gardera n anmoins en commun avec bien des revues plus actuelles de la litt rature scientifique Il faut dire que le contenu alors accord la notion d histoire elle m me n est plus d usage aujourd hui n ayant pas encore int gr les dimensions de d veloppemen
194. ent de la science On y retrouve le mod le lin aire de d veloppement des innovations o la premi re tape est la recherche fondamentale suivie par la recherche appliqu e le d veloppement de prototypes les analyses de march la production des innovations et enfin leur mise en march voir Diffusion de la technologie Dans de nombreux pays ce type de politique a contribu financer la recherche dans les universit s et les laboratoires Les universitaires y jouaient un r le d experts dans la d termination des objectifs atteindre Ils taient juges de la pertinence et de la qualit des travaux par l valuation par les pairs En m me temps ils taient aussi responsables de l ex cution D s les ann es 1980 un revirement doctrinal suit la crise cono mique et la recherche d un retour une croissance conomique sou tenue Comme cette poque est galement celle de l informatisation des milieux de travail il s agit aussi de soutenir les entreprises dans l implantation de nouvelles technologies L action publique se concentre davantage sur la production directe de technologies comme source de d veloppement conomique Cette tendance se poursuit dans la d cen nie suivante alors que les tats proposent des politiques de l innovation Ce passage de la science la technologie et l innovation comme objet central des politiques induit de nombreux changements intellectuels et institutionnels voir conomie de l innova
195. erminer tacitement les normes de la pratique scientifique Depuis la publication en 1986 de Changing Order o il synth tise ses travaux ant rieurs Collins a largi l ventail de ses recherches sur la connaissance tacite en s int ressant notamment aux recherches sur l intelligence artificielle Sur ce terrain il s est oppos aux th ses du philosophe Hubert Dreyfus concernant les limites du d veloppement informatique Selon Dreyfus un ordinateur ou un robot programm par un ordinateur demeurera toujours incapable de reproduire une action humaine si cette action d pend d habilet s et de connaissances tacites puisqu un programme informatique ne peut que r pondre des r gles explicites Collins sugg re plut t que les actions humaines sont d abord et avant tout sociales savoir qu elles n ont de sens que si elles sont prises dans le contexte d un rapport d termin De telle sorte que m me si un robot ne reproduisait pas parfaitement une action humaine pour laquelle il aurait t programm il pourrait suffire de modifier le contexte o cette action se produit pour qu il devienne raisonnable de soutenir que l action humaine a en effet t fonctionnellement rempla c e par la sienne Ainsi un exemple tout fait concret de remplacement fonctionnel est celui o dans le contexte social de l industrie automo bile les peintres humains quittent la ligne de montage au profit des robots 55 SCIENCES TECHNOLOG
196. ermis d examiner l impact de l accumulation du stock de connaissances en R D dans un secteur donn sur la performance d un autre secteur en mati re de croissance d exportation de brevetage ou du nombre d innovations Ces mod les ont donc t utilis s pour mesurer l impact des d penses de R D sur 22 APPROCHES D ENTR E SORTIE l conomie titre d exemple Terleckyj a mesur l impact des flux de R D sur la croissance et la productivit alors que Scherer a examin l impact des flux de brevets interindustriels DeBresson a aussi utilis les matrices d entr e sortie pour valuer les liens entre les activit s co nomiques les interactions sociales et les r seaux d innovations Bien que les enjeux m thodologiques demeurent importants les approches d entr e sortie ont permis de mesurer les retomb es d activit s de R D d tablir que certains secteurs sont fournisseurs de R D alors que d autres sont plus m me de tirer profit de ces retomb es interindus trielles et que ces retomb es varient entre les secteurs de l conomie entre les juridictions et dans le temps Les approches d entr e sortie peuvent ainsi servir d outils d aide la d cision en guidant le finance ment de la R D vers des retomb es plus productives voir Gestion de la technologie Alston J M 2002 Spillovers Australian Journal of Agricultural and Resource Econo mics vol 46 p 315 346 Alston J M C Chan Kang
197. errogent sur le r le des non humains dans le d veloppement de la science et de la technologie voir Th orie de l acteur r seau Ces travaux toutefois ne confrontent pas la question des rapports entre humains et non humains avec d autres perspectives qui cherchent aussi articuler les liens entre la technique et le social comme le d terminisme technologique et les postures pist mologiques alternatives En effet pendant plusieurs ann es la sociologie des tech niques et la sociologie du travail se sont interrog es sur le statut des outils et des objets dans l analyse du d veloppement des technologies et sur leur impact dans la vie sociale cet gard diff rentes postures ont t propos es Une premi re posture le d terminisme technologique pense les relations sur le plan des impacts des technologies dans la vie sociale Le progr s technique le type de production ou l mergence des m dias lectroniques par exemple auraient des effets directs sur la vie au travail la structure des organisations ou la dynamique de la vie domes tique Dans tous les cas l argument consiste consid rer que par sa seule pr sence l objet technique influence le social dans une logique causale o le premier est la variable ind pendante et la seconde la variable d pendante Cet argument en suppose un second souvent implicite l volution technique serait autonome ou ind pendante de l organisation du social car produite dans un
198. es Il a aussi permis de fixer des balises m thodologiques pour le d velop pement d tudes de cas qui ont soulign la vari t des processus de cr ation des technologies Bijker Wiebe E 1995 Of Bicycles Bakelites and Bulbs Toward a Theory of Sociotechnical Change Cambridge MA MIT Press 1993 Do not Despair The Is Live after Constructivism Science Technology and Human Value vol 18 n 1 p 113 138 Bijker Wiebe E Thomas Parke Hughes et Trevor J Pinch dir 1987 The Social Construc tion of Technological Systems New Directions in the Sociology and History of Technology Cambridge MA MIT Press 60 CONSTRUCTIVISME SOCIAL Bijker Wiebe E et John Law dir 1992 Shaping Technology and Building Society Cam bridge MA MIT Press Pinch Trevor 1996 The Social Construction of Technology A Review dans Robert Fox dir Technological Change Methods and Themes in the History of Technology Amsterdam Harwood Academic Puplishers p 17 35 Pinch Trevor J et Wiebe E Bijker 1984 The Social Construction of Facts and Artefacts Or How the Sociology of Science and the Sociology of Technology Might Benefit Each Other Social Studies of Science vol 14 n 2 p 399 441 1986 Science Relativism and the New Sociology of Technology Reply to Russell Social Studies of Science vol 16 n 2 p 399 441 Rosen Paul 1993 The social construction of Mountain B
199. es d sign s par Bertrand Gilles par le concept de sys t me technique qui regroupe plusieurs technologies Plus r cemment Gras et Hughes ont soulign les sp cificit s des syst mes techniques complexes aussi appel s macro syst mes techniques En gagnant en complexit et en mettant en relation des objets et des organisations les technologies ainsi envisag es perdent toutefois de leur mat rialit les macro syst mes n tant pas uniquement compos s d objets L tude du d veloppement des technologies de l information et des communi cations a poursuivi dans cette voie en cr ant son tour une nouvelle classe les technologies virtuelles En parall le le concept de tech nologies sociales ou de technologies de gouvernement de Foucault a aussi contribu d mat rialiser le concept de technologie Cette classe de technologies se compose en effet de dispositifs de diverses natures lois r glements mesures administratives nonc s scientifiques qui pements etc qui construisent du contr le social Il en est ainsi de la discipline ou des technologies de l assurance La r flexion s ouvre ainsi aux enjeux politiques des technologies par exemple par le concept de biopouvoir Ces concepts assoient d ailleurs un ensemble de recherches sur les impacts politiques du d veloppement technologique voir tat pouvoir et science et Infrastructure sociotechnique La troisi me dimension concerne l articulation avec l
200. es history or sociology dans C C Ragin et H S Becker dir What Is a Case Exploring the Foundations of Social Inquiry New York Cambridge University Press p 159 172 Woolgar S 1997 Science and Technology Studies and the Renewal of Social Theory dans S P Turner dir Social Theory and Sociology The Classics and Beyond Cambridge MA Blackwell p 235 255 Yin R K 2009 Case Study Research Design and Methods 4 dition Thousand Oaks CA Sage Publications 96 VALUATION PAR LES PAIRS valuation par les pairs Marcel Fournier L valuation par les pairs c est dire le recours syst matique au juge ment critique de scientifiques pour valuer le travail d autres scienti fiques s est progressivement impos e comme mode de r gulation des instances savantes voir Sociologie des sciences Les premi res formes institutionnelles d valuation par des pairs ont vu le jour en 1665 dans un cadre ditorial lors de la cr ation des deux premiers journaux scientifiques le Journal des S avans sis Paris et les Philosophical Transactions de la Royal Society Il s agissait alors de favoriser la commu nication scientifique tout en mettant en place des mesures de contr le de la qualit Aux tats Unis qui deviendront par la suite un mod le pour les autres pays ce n est que bien plus tard en 1937 avec la cr ation du National Advisory Cancer Council qu est institutionnalis e l valua ti
201. es du Net se diversifient eux aussi en fonction des int r ts de ces groupes voir Amateurs et Usager figures de l usager Par cons quent une information sp cialis e m me destin e des professionnels d un domaine est aussi accessible au grand public ou tout le moins un public int ress Bauer W M N Allum et S Miller 2007 What can we learn from 25 years of PUS survey research Liberating and expanding the agenda Public Understanding of Science vol 16 p 79 95 Bodmer W 1985 The Public Understanding of Science Londres The Royal Society Castells E 1996 The Rise of the Network Society Cambridge MA Oxford Blackwell Publishers Ltd L vy Leblond J M 2002 Science culture et public faux probl mes et vraies ques tions Quaterni vol 46 p 95 103 Meadows J 1986 Histoire succincte de la vulgarisation Impact science et soci t vol 144 Moles A A et J M Oulif 1967 Le troisi me homme vulgarisation scientifique et radio Diog ne vol 58 Moscovici S 1976 La psychanalyse son image et son public Paris Presses Universitaires de France p 22 Raichwarg D et J Jacques 1991 Savants et ignorants Une histoire de la vulgarisation des sciences Paris Seuil Salomon J J 1999 Survivre la science Paris Albin Michel Connaissance tacite Peter Keating Le concept de connaissance tacite a t formul en 1958 par le chimis
202. es enjeux de l analyse des RS la d finition du groupe voir Champ Des caract ristiques communes plusieurs individus suffisent elles les constituer en tant que groupe aux fins de l tude des RS ou leur faut il interagir partager des normes des valeurs Wagner estime que les RS ne se cr ent que dans les groupes r flexifs dont les membres connaissent leur appartenance au groupe et disposent de crit res pour savoir qui d autre en fait partie Par opposition un groupe nominal n a de r alit que du point de vue d un observateur ext rieur qui cr e des cat gories voir Cat gorie Ce qui n emp che pas selon Doise de d finir un groupe au pr alable par des crit res externes pour ensuite v rifier de fa on empirique quel point ses membres pr sum s partagent une repr sentation commune De m me l objet de la repr sentation r pondra certains crit res Il sera id alement nouveau ou complexe beaucoup d objets scientifiques le sont Il aura valeur d enjeu pour un groupe en particulier pour son identit sa coh sion ou ses rapports avec d autres groupes La th orie des RS trouve ais ment sa pertinence dans le champ des STS qu il s agisse de comparer les RS de la biotechnologie chez des groupes d ing nieurs et d cologistes d tudier le travail de d fi nition des fronti res boundary work d infirmi res pour se d finir comme corps professionnel autour d une repr sentation des soins ou d observer
203. essionnelles 115 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S ou de revues sp cialis es voir Discipline Plusieurs programmes d tudes sur la gestion de la technologie de deuxi me et troisi me cycles sont offerts l chelle mondiale Nambisan et Wilemon mentionnent quelques 200 de ces programmes offerts principalement par des coles de gestion mais aussi par des coles d administration publique ou des coles d ing nieurs Au cours de la m me p riode plusieurs associa tions professionnelles internationales ont merg SPRU Science and Technology Policy Research DRUID International Association for Management of Technology LAMOT PICMET Portland International Center for Management of Engineering and Technology La presti gieuse American Academy of Management a galement cr sa Division de la gestion de technologie et d innovation Au Canada le Centre interuniversitaire de recherches sur la science et la technologie CIRST est le principal regroupement interdisciplinaire de chercheurs dont les travaux sont consacr s l tude des dimensions historiques sociales politiques philosophiques et conomiques de l activit scientifique et technologique Par ailleurs certaines revues sp cialis es sur la gestion de la technologie comme Research Policy Technovation Industry and Innovation R amp D Management ou IEEE Transactions on Engineering Management se positionnent tr s bien dans les classifications interna tion
204. et de demander un prix plus lev que celui des produits auxquels se substitue son innovation Cependant la rente monopolistique que lui procure l innovation n est que temporaire par le jeu de la concurrence le prix de l innovation initiale finit par baisser et l innovateur ne peut conserver int gralement la rente d inno vation On parle dans ce cas d une externalit p cuniaire positive qui dis tribue une partie du b n fice de l innovateur aux imitateurs mulateurs et consommateurs Du point de vue de l innovateur qui perd une partie du rendement sur son investissement en R D la concurrence cr e une externalit n gative La perspective de ne pas pouvoir b n ficier pleine ment de l investissement en R D m ne donc un sous investissement en R D C est pourquoi laiss aux seules forces du march l investissement priv en R D est insuffisant du point de vue du bien tre de la soci t La soci t cherche donc compenser le sous investissement en subvention nant la R D voir Financement de la science 102 EXTERNALIT S DE R D Notons qu une externalit p cuniaire est une cons quence d imper fection de mesure Si les prix refl taient parfaitement la qualit de pro duits et services les externalit s p cuniaires n existeraient pas Enfin bien que les externalit s de connaissances soient r elles en pratique il est difficile de les isoler des externalit s p cuniaires aussi appel es externalit
205. et non d une demande Les vagues d innovations dans le domaine des technologies de l information et de la communication qui ont suivi l invention du semi conducteur ne sont pas le r sultat de la demande mais bien de l offre des connaissances produites dans des entreprises des universit s et des laboratoires publics voir Recherche et d veloppement Entretemps l OCDE a condens dans le Manuel d Oslo de 1982 des d finitions et des m thodes statistiques pour l tude empirique de l innovation Ces outils ont permis le lancement d enqu tes sur l inno vation dans presque tous les pays de l OCDE et dans plusieurs pays mergents voir conomie de l innovation Vers la fin des ann es 1980 ces avanc es ont fait merger le concept de syst me d innovation Cette th orie a t mise sur pied plus ou moins simultan ment par trois conomistes le Britannique Christopher Freeman 1987 le Su dois Bengt Ake Lundvall 1992 et l Am ricain Richard R Nelson 1993 Elle oppose deux points de vue Pour les uns comme Nelson les syst mes d innovation sont des ensembles d institutions dont l objectif est la production le trans fert et la diffusion de connaissances scientifiques et technologiques Les institutions concern es sont essentiellement les universit s de recherche les laboratoires publics et les entreprises dot es de capacit s de R D Cette premi re approche repose davantage que d autres sur le Manuel de Frascati
206. f rences et citations entre 1975 et 2005 mais nuance le tout en montrant que cette interdisciplinarit est surtout le fait de disciplines tr s proches les unes des autres Ce r sultat peut ainsi tre diversement interpr t comme les premi res secousses d une volution lente vers plus d interdisciplinarit ou comme une it ration parmi d autres d un ph nom ne de sp cialisation aux racines d abord disciplinaires Enfin ce constat pose un troisi me probl me celui des retomb es de l interdisciplinarit pour les chercheurs concern s S il est tabli que la collaboration interdisciplinaire exige des chercheurs un investisse ment suppl mentaire en temps et en nergie ainsi que des compromis sur le plan de la formulation des questions de recherche les cons quences de cette collaboration sur la production et l impact scientifique des chercheurs demeurent mal connues Certaines tudes bibliom triques ont montr que l interdisciplinarit tait en moyenne li e un plus faible impact scientifique mais d autres travaux expliquent ce r sultat par les d calages entre les pratiques de citation de diff rentes disciplines voir Bibliom trie et Citation Par exemple les articles de 134 INTERDISCIPLINARIT physique citant des recherches du domaine m dical haute intensit de citation seront plus cit s que la moyenne des articles de physique alors que ceux qui citent du g nie domaine faible int
207. f structural and superficial similarity Memory Q Cognition vol 28 n 1 p 108 124 Dunbar K 1995 How scientists really reason Scientific reasoning in real world laboratories The Nature of Insight p 365 395 2001 What scientific thinking reveals about the nature of cognition dans K D Crowley C D Schunn et T Okada dir Designing for Science Implications from Everyday Classroom and Professional Settings Lawrence Erl baum p 115 140 Guay A et Y Gingras 2011 The uses of analogies in seventeenth and eighteenth century science Perspectives on Science vol 19 n 2 p 154 191 Hallyn Fernand 2000 Metaphor and Analogy in the Sciences vol 1 Origins Studies in the Sources of Scientific Creativity Dordrecht Kluwer Academic Publishers Helman David Henry 1988 Analogical Reasoning Perspectives of Artificial Intelligence Cognitive Science and Philosophy vol 197 Dordrecht Kluwer Academic Publishers Hesse M B 1980 The explanatory function of metaphor Revolutions and Recons tructions in the Philosophy of Science p 111 124 20 APPROCHES D ENTR E SORTIE 1966 Models and analogies in science vol 7 University of Notre Dame Press Holyoak Keith James et Robert G Morrison 2005 The Cambridge Handbook of Thinking and Reasoning New York Cambridge University Press Holyoak Keith James et Paul Thagard 1995 Mental Leaps Analogy in Creative Thought
208. fesseur au d partement de philosophie Universit du Qu bec Montr al Marcel Fournier professeur au d partement de sociologie Universit de Montr al lisabeth Gauthier directrice de recherche Ressources naturelles Canada Anastassios Gentzoglannis professeur au d partement de finances Universit de Sherbrooke Yves Gingras professeur au d partement d histoire de l Universit du Qu bec Montr al titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences directeur scientifique de l Observatoire des sciences et des technologies Alexandre Guay professeur l Institut sup rieur de philosophie Univer sit catholique de Louvain Vincent Guillin professeur au d partement de philosophie Universit du Qu bec Montr al Petr Hanel professeur m rite au d partement d conomique Universit de Sherbrooke Lorna Heaton professeure au d partement de communication Universit de Montr al Franck Jovanovic professeur l cole de management Universit de Leicester Peter Keating professeur associ au d partement d histoire Universit du Qu bec Montr al Julien Landry doctorant en Science technologie et soci t Universit du Qu bec Montr al Vincent Larivi re professeur l cole de biblioth conomie et des sciences de l information de l Universit de Montr al titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la com
209. fic Knowledge A Sociological Analysis Londres Athlone Bloor D 1991 1976 Knowledge and Social Imagery 2 dition University of Chicago Press Comte A 1929 1851 1854 Syst me de politique positive Paris Soci t positiviste 4 tomes Dubois M 2001 La nouvelle sociologie des sciences Paris PUF Gross P R et N Levitt 1994 Higher Superstition The Academic Left and Its Quarrels with Science Baltimore Johns Hopkins University Press Hollis M et S Lukes dir 1982 Rationality and Relativism Cambridge MIT Press Kuhn T S 1983 1962 1970 La structure des r volutions scientifiques Paris Flammarion Newton Smith W 1981 The Rationality of Science Londres Routledge Reichenbach H 1938 Experience and Prediction University of Chicago Press Repr sentations sociales lisabeth Gauthier Suivre la trajectoire sociale des id es scientifiques tel est le projet du public understanding of science qui s tend de l analyse de la litt ra tie celles de la communication scientifique et des controverses voir Controverse et Communication publique des sciences Ces traditions de recherche s opposent parfois sur le statut du savoir profane qu elles prennent pour objet tant t con u comme distorsion des savoirs experts 194 REPR SENTATIONS SOCIALES voir Scientisme et politique tant t comme r sistance cr atrice ces savoirs voir Usager figures de l usager L ana
210. ficie l ensemble des firmes et tire l conomie vers la croissance L effet positif de l innovation sur la productivit l chelle de l en treprise a t analys et d montr par plusieurs auteurs Le mod le le plus influent aujourd hui est celui de Cr pon et de ses collaborateurs souvent appel le mod le CDM Ce mod le a notamment inspir la r alisation d tudes similaires dans dix huit pays de l OCDE dont le Canada Le mod le canadien largi confirme que les entreprises qui enregistrent des ventes li es l innovation plus lev es par employ ont une productivit du travail plus lev e m me en tenant compte de la taille de l entreprise de l utilisation du capital humain et physique et de la productivit du travail en d but de p riode Des tudes ant rieures ont d montr l effet positif de l investissement en R D le facteur principal de l activit innovatrice sur la croissance et la productivit au sein des industries et de plusieurs conomies nationales y compris du Canada Baldwin John R et P Hanel 2003 Innovation and Knowledge Creation in an Open Economy Cambridge University Press 512 p Cr pon B E Duguet et J Mairesse 1998 Research Innovation and Productivity An Econometric Analysis at the Firm Level Economics of Innovation and New Technology vol 7 p 115 158 Hall B H J Mairesse et P Mohnen 2010 Measuring the returns to RQD Washington NBER Work
211. fondamentalement le r el au del de notre exp rience de tous les jours mobilisait l appareillage th orique et exp rimental de la m thode scientifique naissante et inversement toute d couverte scientifique exp rimentale sugg rait une v rit plus profonde sur le fonctionnement m me de l univers Ceci est vident chez Newton et Leibniz pour lesquels m taphysique cosmologie math matique et observations se trouvent intimement li es et reste vrai pour la plupart des scientifiques de cette p riode Or la plupart des philosophes de la nature pr sumaient que l univers tait r gi par des lois universelles le monde naturel tait gouvern par une forme de n cessit qui expliquait les r gularit s observ es dans l exp rience de tous les jours Ainsi l invention et la formalisation de lois scientifiques signifiaient en fait la d couverte et la mise en forme de lois de la nature d origine divine ou non en leur efficience causale Une grande partie du d veloppement de la philosophie moderne s est donc fait en parall le la recherche de lois de la nature Pendant quelques si cles la notion de loi et la formula tion de lois n ont donc pas constitu des objets externes la philosophie mais ont fait partie int grante de cette discipline Outre cette explication g n alogique la philosophie des sciences a trouv au 20 si cle une autre raison de focaliser ses efforts sur la notion de loi scientifique Le 19
212. fran ais Pierre Bourdieu propose en 1975 le mod le d une soci t capi taliste dans laquelle les agents sont en comp tition pour le monopole de l autorit scientifique Il applique ainsi au cas de la science sa th orie g n rale des champs sociaux Le mod le propos par Bourdieu se fonde sur une analogie explicite et syst matique avec l conomie capitaliste fond e sur l accumulation du capital voir Analogie et m taphores La diff rence majeure r side dans le fait que dans le champ scientifique par opposition au champ conomique le r le moteur n est pas jou par le capital conomique mais par le capital symbolique c est dire le capital de reconnaissance scientifique au sein du champ La science m me la plus pure est pour Bourdieu un champ social comme un autre avec ses rapports de force et ses monopoles ses luttes et ses strat gies ses int r ts et ses profits mais o tous ces invariants rev tent des formes sp cifiques 1975 p 91 Elle est un espace social relativement autonome fortement hi rarchis et structur en fonction des ressources diversifi es des agents qui en font partie voir Universit Le monopole de l autorit scientifique ins parablement d finie comme capacit technique et comme pouvoir social est l enjeu sp ci fique au champ scientifique enjeu qui le distingue des autres champs sociaux Bien s r ce monopole est une situation limite jamais atteinte et le c
213. garisation Soulignons au passage les affinit s de la th orie des RS et de la sociologie du savoir scientifique Toutes deux adoptent une approche constructiviste des savoirs sans juger a priori de leur valeur ou de leur v rit toutes deux se penchent principalement sur le discours sans exclure d autres lieux de lecture comme les pratiques sociales ou les images Bloor pr sentera d ailleurs la th orie de l atome de Bohr et la th orie g ologique du mouvement des continents comme des repr sentations collectives c est dire des concepts groupes d images similaires communs une pluralit d individus produits d une com munaut plus ou moins sp cialis e de savants et d acteurs voir Th orie scientifique et Paradigme Un groupe mis en pr sence d un objet nouveau l associera des images et des m taphores processus d objectivation et des cat go ries symboliques pr existantes processus d ancrage le transformant 195 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S ainsi en savoir familier utilisable La RS servira au groupe identifier ses membres et en exclure les intrus par exemple la repr sentation que construisent les m decins de concepts comme la science ou la sant leur permet de se reconna tre comme scientifiques et de se distinguer des charlatans Une repr sentation partag e est aussi la preuve de l existence du groupe qui la produit Ce constat peut sembler vident mais rejoint en fait un d
214. gers collectifs formant des r seaux et des communaut s d usagers ont tendance jouer un r le de plus en plus structurant dans les activit s voir Amateurs et Innovation ouverte Denis J 2003 La combinaison des outils de communication l interface de la relation client dans les TPE R seaux vol 121 p 71 92 Engestr m Y 1990 Learning Working and Imagining Twelve Studies on Activity Theory Helsinki Orienta Konsultit Oy Hutchins E 1995 Cognition in the Wild Cambridge MIT Press Jaur guiberry F et S Proulx 2011 Usages et enjeux des technologies de communication Paris r s ditions Licoppe C 2008 Dans le carr de l activit perspectives internationales sur le travail et l activit Sociologie du travail vol 50 p 287 302 Norman D 1993 Les artefacts cognitifs Raisons Pratiques n 4 p 15 35 Proulx S M Millette et L Heaton dir 2012 M dias sociaux enjeux pour la communi cation Presses de l Universit du Qu bec Suchman L A 2007 Human Machine Reconfigurations Plans and Situated Actions 2 dition New York Cambridge University Press Th venot L 2006 L action au pluriel Sociologie des r gimes d engagement Paris La D couverte Vygotsky L S 1978 Mind in Society The Development of Higher Psychological Processes Cambridge Harvard University Press 249 Liste des collaborateurs Marc Banik professe
215. gration conditionn e par des facteurs logiques et sociaux Lorsque les r ductions inter th oriques chouent on peut y voir des migrations conceptuelles plus radicales les change ments de paradigme seraient alors des migrations conceptuelles d une plus grande ampleur allant jusqu l abandon des concepts d origine voir Paradigme et Discipline Les concepts migrent aussi de mani re horizontale lorsque deux champs connexes mais non apparent s empruntent changent et adaptent des concepts trangers Pensons par exemple l emprunt de la caract risation darwinienne de la s lection naturelle et de son adop tion par certains conomistes pour d crire les processus d innovation et la domination de certains march s Ces migrations ont souvent un r le qui rel ve plus de l analogie ou de la m taphore et jouent un r le heuristique plut t que d monstratif Mais elles jouent parfois le r le d une grille d analyse universelle o l on relativise la sp cificit d un ph nom ne particulier l aune d une th orie plus g n rale par exemple par la proposition d un darwinisme universel op rant autant et de la m me mani re sur le plancton que sur les soci t s actions L tude de ces migrations est n cessairement sociologique historique et philosophique car nous devons comprendre quelles sont les propri t s des contextes qui rendent possibles ces appropriations de concepts tout en tudiant galement en quoi les m
216. h Productivity Research in Higher Education vol 345 n 8 p 891 920 Xie Y et K A Shauman 1998 Sex Differences in Research Productivity New Evidence about an Old Puzzle American Sociological Review vol 363 n 6 p 847 870 2003 Women in Science Career Processes and Outcomes Cambridge Harvard University Press Zuckerman H 1987 Persistence and Change in the Careers of Men and Women Scientists and Engineers dans L Dix dir Women Their Underrepresentation and Career Differentials in Science and Engineering Washington National Research Council 1991 The Careers of Men and Women Scientists A Review of Current Research dans H Zuckerman J R Cole et J T Bruer dir The Outer Circle Women in the Scientific Community New York W W Norton amp Company p 27 57 Financement de la science et technologie Anastassios Gentzoglannis La science et technologie ST joue un r le conomique majeur influant lourdement sur la croissance et le d veloppement d un pays La science est d finie comme les connaissances syst matiques accumul es par la recherche fondamentale et l exp rimentation La recherche et d velop pement est le processus formel d accumulation des connaissances qui aboutissent des innovations et de nouvelles techniques de produc tion voir Recherche et d veloppement Compte tenu de son importance les responsables des politiques accordent une attenti
217. hamp scientifique est toujours le lieu d une lutte plus ou moins in gale entre des acteurs in galement pourvus de capital scientifique donc in galement en mesure de s approprier le produit du travail scien tifique que produisent par leur collaboration objective l ensemble des concurrents en mettant en uvre l ensemble des moyens de production scientifique disponibles ibid p 102 Aussi la structure du champ scientifique est d finie chaque moment par l tat du rapport de forces entre les protagonistes de la lutte agents ou institutions c est dire par la structure de la distribution du capital sp cifique r sultat des luttes ant rieures qui se trouve objectiv dans des institutions et des dispo sitions et qui commande les strat gies et les chances objectives des diff rents agents ou institutions dans les luttes pr sentes ibid p 100 la diff rence de l conomie capitaliste qui ne conna t que le capital conomique la dynamique du champ scientifique comme des 38 CHAMP autres champs d pend en plus du capital conomique de la distribu tion de trois sortes de capitaux social constitu de relations mobili sables culturel form de savoirs accumul s et symbolique capital de reconnaissance et de cr dibilit Les strat gies des chercheurs choix des objets d tude des lieux de publication se comprennent dans ce mod le comme des investissements en r f rence une anti cipa
218. hane Moulin 2011 Les cat gories sociales et leurs fronti res Qu bec Presses de l Universit Laval Desrosi res Alain 1993 La politique des grands nombres Paris La D couverte 2001 Entre R alisme m trologique et conventions d quivalence les ambigu t s de la sociologie quantitative Gen ses n 43 p 112 127 Duris Pascal et Pascal Tassy Classification du vivant dans Encyclop die Universalis Hacking lan 2006 Types de gens des cibles mouvantes Coll ge de France Kertzer David et Dominique Arel 2002 Census and Identity The Politics of Race Ethnicity and Language in National Censuses Cambridge University Press Lascoumes Pierre et Patrick Le Gales 2004 Gouverner par les instruments Paris Presses de Sciences Po Salais Robert Nicolas Baverez et B n dicte Reynaud 1986 L invention du ch mage Paris PUF 46 CLIVAGE TECHNOLOGIQUE Clivage technologique Majlinda Zhegu La notion de clivage technologique fait tat des disparit s entre les pays ou communaut s pour ce qui est de la capacit cr er d ve lopper assimiler adapter utiliser et diffuser les connaissances scientifiques et technologiques En fonction de ce clivage les pays se regroupent en pays leaders qui se positionnent pr s de la fronti re technologique le niveau le plus avanc de la technologie un moment donn et en pays retardataires quise situent relativement plus loin
219. he voir Bibliom trie La r union de nombreuses donn es quantitatives permet 213 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S l laboration de projets ambitieux comme celui d une science des sciences dont l objectif serait de d terminer les lois de d veloppement scientifique tel que le propose Solla Price et celui d une sociologie historique du r le des scientifiques et des diff rentes formes d organi sation de l activit scientifique depuis le 17 si cle comme le propose Ben David Par del son ancrage dans une soci t globale une communaut scientifique est aussi un groupe de savants partageant au sein d une discipline un certain nombre d id es communes L ouvrage le plus influent des ann es 1960 est sans aucun doute La structure des r volu tions scientifiques de Thomas Kuhn paru en 1962 Tout en introduisant une perspective discontinuiste en histoire Kuhn ouvre la voie une sociologie de la connaissance scientifique il ny a pas de corps de connaissance ici un paradigme sans support social sans une commu naut ou un groupe de scientifiques pourvus de leurs modes d appren tissage et de leurs dogmes propres voir Paradigme La sociologie se trouve ainsi l gitime d adopter des approches rela tivistes et de r aliser des tudes des d terminants sociaux des savoirs scientifiques c est le cas des promoteurs du programme fort en socio logie de la connaissance scientifique l Universit d dimbourg
220. herche industrielle voir Financement de la science Bush V 1945 Science the Endless Frontier Washington US Government Printing Office http www nsf gov about history vbush1945 htm Hounshell D A 1996 Evolution of industrial research in the United States dans R S Rosenbloom et W J Spencer dir Engines of Innovation Boston MA Harvard Business School Press p 13 85 Niosi J 2000 Canada s National System of Innovation Montr al McGill Queen s University Press OCDE 2003 Manuel de Frascati 2002 M thode type propos e pour les enqu tes sur la recherche et le d veloppement exp rimental Paris 2011 Principaux indicateurs de la science et de la technologie Paris vol 2 Solow R 1956 A Contribution to the Theory of Economic Growth Quarterly Journal of Economics vol 70 n 1 p 65 94 Relativisme Vincent Guillin Pour nombre de ceux qui tiennent la science pour la meilleure source de connaissance objective justifi e sur le monde l apparition et le d ve loppement partir des ann es 1960 de ce que l on d signe aujourd hui 191 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S sous le vocable STS a t le synonyme d une remise en cause ill gitime du statut d exceptionnalit pist mologique qu on avait jusque l accord l entreprise scientifique Cette r action tient principalement au fait que l on accuse les STS de v hiculer une conception relativiste de
221. herche ne sont pas contest s Des tudes empiriques sur les activit s de fabrication de falsification et de manipulation de donn es d montrent que celles ci sont r pan dues dans la communaut scientifique et que ceux qui les commettent reconnaissent avoir des pratiques discutables par exemple en excluant certains indicateurs de leurs analyses de laboratoire ou en agissant comme auteurs cach s ghost writers de publications auxquelles collaborent des entreprises Il est toutefois souvent difficile de prouver le caract re intentionnel d induire des tiers en erreur en outre l erreur humaine est beaucoup plus r pandue qu on ne le croit g n ralement Certains facteurs peuvent constituer des incitatifs commettre une fraude la comp tition l int r t personnel la pression de publier les attentes sociales les besoins financiers des chercheurs voire les pressions institutionnelles associ es aux promotions dans la carri re professorale voir Financement de la science et Champ Il devient donc important de pr venir les possibilit s de fraude par la mise en place de bonnes pratiques professionnelles l tablissement d une culture thique en mati re de d veloppement scientifique qui tende vers les plus hauts standards le d veloppement de politiques de r glements de lois pour tablir des mesures concr tes afin de g rer les situations de fraude qui pourraient se produire voir thique et d ontologie On peut penser
222. heurs en stage dans les entreprises cr ation d entreprises par les chercheurs eux m mes cr ation d incubateurs d entreprises et de parcs scientifiques et si elle touche certes des domaines privil gi s ayant des applications concr tes et commercia lisables comme la biotechnologie la technologie de l information et les communications cette recherche de valorisation s tend aussi d autres secteurs L universit entrepreneuriale renvoie galement la gouvernance m me de l institution qui int gre les exigences et l id ologie du march en tant motiv e par des attentes de profit et en se comportant comme une entreprise concurrentielle et non plus comme une corporation Certains universitaires se montrent favorables une telle transforma tion de l universit y voyant l av nement d une seconde r volution de l institution universitaire voire l mergence d une universit nouvelle Ils laborent le mod le de la triple h lice o le chevauchement Universit Industrie Gouvernement est per u positivement et o l ajout d une troisi me fonction universitaire celle du d veloppement cono mique aux fonctions traditionnelles d enseignement et de recherche renforce leurs dynamiques respectives D autres chercheurs accueillent avec plus de circonspection cette transformation et y voient une sorte de capitalisme acad mique une menace pour l int grit tradition nelle de l universit dont les effets perve
223. hnologies et de processus la formation de r seaux et la stimulation d interactions sociales et l mergence de nouvelles compagnies Ces retomb es sont jug es distinctes d impacts ultimes comme l impact de la science sur la population la sant les capacit s organisation nelles les comportements l environnement etc Le financement priv de la recherche industrielle se traduit g n ralement par l augmentation des activit s innovantes de nouveaux produits et services en d coulant de nouvelles parts de march ou l entr e sur de nouveaux march s L impact du financement priv de la recherche publique est souvent associ la r solution de probl mes industriels la commercialisation de la recherche appliqu e au par tage de la propri t intellectuelle et l mergence d entreprises d riv es voir Invention et innovation Geisler estime que la s lection des m thodes de mesure d impact de la R D n cessite une analyse du ph nom ne en partant du g n ral au sp cifique afin de comprendre les concepts sous jacents de la recherche et l tendue possible des b n fices Il para t en effet crucial de com prendre ce que l on veut mesurer Les m thodes conomiques elles seules ne peuvent brosser un portrait global des impacts de la R D en se limitant des groupes pr cis de retomb es comme le profit la produc tivit et l emploi voir Approches d entr e sortie Parmi les indicateurs d impact te
224. hybrides dans l environnement m dical nous pensons ici aux interactions entre malades devenus porte parole de leur propre maladie et m decins soignants Les amateurs semblent vouloir se sp cialiser dans la production et la circulation de connaissances scientifiques se situant en amont ou c t des connaissances acad miques classiques Ces domaines de connaissances rel vent de la vulgarisation scientifique de l instrumen tation technique ou des infrastructures informationnelles bases de donn es Cette participation est troitement li e l usage des m dias sociaux et du Web 2 0 Tout en cr ant des espaces de communication facilitant les interactions entre professionnels et amateurs coll ges invisibles et petite science ces nouvelles plateformes offrent des possibilit s pour la participation du plus grand nombre la coproduc tion des connaissances scientifiques Benkler Yochai 2007 The Wealth of Networks How Social Production Transforms Markets and Freedom New Haven CT Yale University Press Bonney R H Ballard R Jordan E McCallie T Phillips J Shirk et C Wilderman 2009 Public Participation in Scientific Research Defining the Field and Assessing Its Potential for Informal Science Education A CAISE Inquiry Group Report Center for Advancement of Informal Science Education CAISE Washington D C Charvolin F A Micoud et L K Nyhart dir 2007 Des sciences citoyennes La que
225. i ait t effectivement r alis e ou soit rest e un concept crit Une invention brevetable doit aussi tre non triviale non obvious ou faire preuve d une conception inventive c est dire qu elle doit se distinguer de fa on significative de l tat des connaissances ou tat de l art dans son domaine d application Elle doit enfin tre concr tement utile ou pouvoir donner lieu une application industrielle c est dire repr senter un gain tangible et substantiel aux yeux de 29 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S personnes comp tentes dans ce domaine d application voir Gestion de la technologie Au del de ces trois crit res l invention propos e doit aussi faire partie du domaine des choses brevetables ce qui inclut les machines les m canismes les proc d s les produits manufactur s les compos s mat riels et m me le mat riel vivant dans la mesure o il r sulte de l industrie humaine Le domaine des choses brevetables exclut par contre les programmes informatiques les algorithmes math matiques les th ories scientifiques les jeux d finis comme des ensembles de r gles les contrats d affaires etc Bien qu ils soient d abord et avant tout des instruments l gaux de propri t intellectuelle les brevets offrent aussi compte tenu de leurs liens vidents avec l invention et l innovation de pr cieuses donn es pour l tude quantitative du d veloppement technologique ou te
226. i de stabilisation structurelle pour distinguer les situations peu porteuses de changements des situations portant essentiellement sur les usages et le langage o les changements sont plus pr gnants L id e du renvoi la structure sociale a aussi fait l objet de quelques critiques L une estime que le mod le sous estime le poids de cette structure dans le processus de cr ation des objets Par exemple Rosen soutient que la distinction entre les trois moments est probl matique dans la mesure o le troisi me moment est n cessaire pour comprendre les deux premiers voir Constructivisme social Il voque en guise d exemple en quoi le passage l conomie postfordiste est un facteur essentiel pour saisir le d veloppement du v lo de montagne Russell avait pr c demment soulign l int r t de recourir la th orie du proc s de travail labour process theory pour comprendre le d veloppement des technologies en milieu de travail voir Diffusion de la technologie En d autres mots il ne suffit pas d une description fine ou microsociolo gique des controverses sur le design d un objet pour saisir la dynamique compl te de cr ation il faut aussi chercher comprendre l influence des tendances macro ou structurelles Depuis sa premi re formulation le mod le SCOT a donc contribu sur le plan th orique saisir comment les relations sociales voire les rapports sociaux contribuent la production des technologi
227. ible pour l usager Il s agit d aller voir dans les coulisses pour regarder l infrastructure en train de se faire et de pratiquer l inversion infrastructurelle selon le mot de Bowker La notion d infrastructure sociotechnique met l accent sur le fait que la technologie au sens d une configuration mat rielle joue un r le important non pas en soi mais parce qu elle est ench ss e dans un ensemble complexe d artefacts de syst mes et d autres infrastruc tures Le biologiste qui utilise une base internationale de donn es sur la biodiversit a recours en fait une constellation de dispositifs protocoles et standards techniques qui inscrivent la base de donn es dans des arrangements sociaux politiques institutionnelles de partage des donn es scientifiques techniques protocoles de transmission de donn es et scientifiques nomenclatures de collections Mettre au jour ces configurations sociotechniques permet de comprendre la nature du travail d infrastructuring et ainsi de d voiler les choix politiques thiques et sociaux qui ont t faits tout au long de son d veloppement Si l on admet que toutes les infrastructures font l objet de n gociations et de d bats ne serait ce que sur des options techniques ou cono miques cette perspective sur l infrastructure invite en examiner les ramifications sociales organisationnelles voire scientifiques voir Construction sociale des technologies Ainsi l adoption d
228. ics Lie New York Basic Books Frigg Roman et Stephan Hartmann 2012 Models in Science dans Edward N Zalta dir The Stanford Encyclopedia of Philosophy http plato stanford edu archives fall2012 entries models science Lloyd E 1984 A Semantic Approach to the Structure of Population Genetics Philo sophy of Science 50 p 112 129 Monton Bradley dir 2007 Images of Empiricism Essays on Science and Stances with a Reply from Bas C van Fraassen Oxford University Press Thompson P 1989 The Structure of Biological Theories Albany SUNY Press Van Fraassen Bas 2004 Sauver les ph nom nes dans S Laugier et P Wagner dir Philosophie des sciences Naturalismes et r alismes Paris Vrin p 147 163 1980 The Scientific Image Oxford University Press Mus es de science et centres de science Bernard Schiele Le mus e des sciences et des techniques a trois filiations La premi re s inscrit dans le droit fil de l mergence de la pens e scientifique qui conduit les sciences naturelles occuper le devant de la sc ne tout au long du 19 si cle La seconde est l essor des cabinets de physique et de chimie Dans ces cabinets on trouve aussi des machines et des automates ce qui t moigne d s l origine d une troite association entre sciences et techniques voir Technologie D ailleurs comme l indique Torlais la mus ologie des sciences et des techniques choisit d s ses 1
229. ifique de recherche G n ralement transmise sous forme non verbale elle constituerait pour Polanyi le fonds partir duquel des savoirs explicites peuvent merger et expliquerait pourquoi l on en sait toujours plus sur un sujet que ce que l on peut en dire En ce sens la distinction que sugg re Polanyi entre connaissance tacite et connaissance explicite est similaire celle que Gilbert Ryle esquissait entre conna tre que tel est le cas et conna tre comment faire quelque chose dans La notion d esprit 1949 L assimilation de telles conceptions par les STS n aura lieu que dans les ann es 1970 par le truchement des travaux de Thomas Kuhn de Jerome Ravetz et d Harry Collins Kuhn en effet se r f rait Polanyi dans la Structure des r volutions scientifiques 1962 notant que l ab sence de r gles formelles parcourant un paradigme se conformait l id e selon laquelle une large part des connaissances acquises dans la pratique scientifique demeure impossible articuler explicitement voir Paradigme C est l emphase sur l aspect artisanal du travail scien tifique que r cup rait quant lui Ravetz proposant de voir les objets de recherche comme des construits intellectuels Mais ce sont surtout les travaux de Collins sur le r le de la connaissance tacite dans le transfert de connaissances qui ont retenu l attention Dans une s rie d tudes portant sur la reproduction de l exp rience dans des domaines aussi vari s qu
230. ikes Technology and Post modernity in the Cycle Industry Social Studies of Science vol 23 n 3 p 479 514 Russell Steward 1986 The Social Construction of Artefacts A Response to Pinch and Bijker Social Studies of Science vol 16 n 2 p 331 346 Sismondo Sergio 1993 Some Social Constructions Social Studies of Science vol 23 n 3 p 515 559 Winner Langdon 1993 Opening the Black Box and Finding It Empty Social Construc tivism and the Philosophy of Technology Science Technology and Human Values vol 18 n 3 p 362 378 Constructivisme social Mathieu Marion Le terme constructivisme social recoupe de nombreuses th ses en philosophie et sociologie des sciences portant sur une grande vari t de sujets comme le genre ou les quarks Ces th ses ont leur origine en sociologie des sciences la fois dans la critique de l approche inter naliste par Thomas Kuhn dans le courant de l ethnom thodologie de Latour et Woolgar ou dans le programme fort de l cole d dimbourg voir Paradigme et Sociologie des sciences Les sources philosophiques sont aussi vari es allant de la ph nom nologie la philosophie fran aise Foucault en particulier et Wittgenstein voir Philosophie des sciences Le constructivisme social proc de la fois d une d fiance l gard de la v rit et de la th se selon laquelle il existerait plusieurs mani res de conna tre le monde qui seraient
231. ill Lois scientifiques Fr d ric Bouchard Le terme loi est au c ur de l histoire des sciences Ainsi Newton dans un effort de math matisation du monde naturel postula trois lois du mouvement axiomata sive leges motus et une grande partie du d veloppement de la physique a consist dans la recherche de telles lois de la nature On parle par exemple de la loi de la chute des corps de Galil e Mais le d sir de d couvrir les lois universelles de la nature ne se confine pas la physique En fait la plupart des disciplines scientifiques que l on parle des sciences naturelles ou des sciences sociales ont pro pos un moment ou un autre de leur histoire des nonc s identifi s comme des lois voir Discipline et Paradigme Pour bien comprendre la sp cificit de la d marche scientifique il est donc essentiel de comprendre et d analyser l usage du terme loi Pour diverses raisons la philosophie des sciences est la discipline vou e l tude des sciences qui a montr le plus grand int r t pour l analyse du concept de loi voir Philosophie des sciences Pendant une grande partie de l histoire des sciences en gros du 16 si cle au milieu du 19 si cle la d marche scientifique exp rimen tale ou th orique a servi de base la philosophie de la nature Ainsi 143 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S durant cette p riode toute d marche m taphysique s interrogeant sur ce qu est
232. in et la topographie En somme nous devons reconna tre que les guerres sans tre l origine de toutes les inventions ont souvent servi d aiguillon au pro gr s scientifique Corr lativement cela a impliqu une volution dans la professionnalit des militaires modernes qui doivent conna tre les sciences leurs applications ainsi que les phases qui accompagnent la 118 HISTOIRE DES SCIENCES fabrication la distribution et l utilisation d armes souvent de plus en plus co teuses et en rapide renouvellement Ils doivent aussi poss der de solides notions en politique en conomie et en administration Nous pouvons consid rer le g n ral Andrew McNaughton comme la figure exemplaire d un militaire canadien scientifique succ s arm d une ma trise en g nie il se porte volontaire en 1914 et devient un brillant artilleur avant de pr sider le Conseil national de la recherche scienti fique 1935 de retourner sous les drapeaux 1939 et de commander la 1 Arm e canadienne 1943 Boot Max 2006 War Made New Technology Warfare and the Course of History 1500 to Today New York Gotham Books Dahan Damedico Amy et Dominique Pestre dir 2004 Les sciences pour la guerre 1940 1960 Paris dition de l cole des hautes tudes en sciences sociales McNeill William H 1982 The Pursuit of Power Technology Armed Force and Society since A D 1000 University of Chicago Press Pestre Dominique dir
233. in permettant de construire la r alit partir de nouveaux rapports entre les sens contraints par le m dia compter des ann es 1970 le paysage m diatique se transforme progressivement en raison de l arriv e de plus en plus massive des technologies de l information et de la communication TIC c ble satellite Minitel micro informatique t l matique Internet etc voir R seau socionum rique La question de la technologie comme l ment structurant des rapports de communication devient l objet de plusieurs nouveaux courants de recherche La d cennie 1980 voit ainsi merger trois courants de recherches interdisciplinaires l tude des interac tions humain machine human computer interaction HCI l tude du travail coop ratif s appuyant sur l informatique computer supported cooperative work CSCW et enfin le champ de la communication m diatis e par ordinateur computer mediated communication CMC C est ce dernier domaine d tude qui aura les r percussions les plus importantes pour le champ de la sociologie des techniques de commu nication et qui aboutira en 1999 sous l impulsion du chercheur am ri cain Steve Jones la cr ation de l Association of Internet Researchers AolR et la naissance des Internet Studies Les perspectives d analyse iront en se multipliant elles sont devenues h t rog nes du point de vue des probl matiques abord es plus complexes quant aux strat gies m thodolog
234. ine l Inde et le Br sil exige d y installer des activit s de R D et de sous traiter des activit s technologiques voir Financement de la science La recherche d id es nouvelles pousse galement les entreprises internationaliser leurs activit s de R D Cantwell et Zhang ont montr que les entreprises cherchent avoir des laboratoires expatri s dans les pays qui sont consid r s comme les chefs de file dans une industrie l Allemagne attire ainsi la R D de l industrie chimique tandis que les tats Unis attirent les activit s innovantes des entreprises dans les technologies de l information et des communications voir Syst mes d innovation La R D industrielle n est pas la seule s internationaliser La recherche universitaire le fait aussi voir Universit et Territoires et sciences En t moignent les chiffres sur la croissance du volume d ar ticles crits par des auteurs de pays diff rents Entre 1988 et 2007 l Union europ enne a multipli les articles crits en coop ration inter nationale qui passent de 22 50 de tous les articles publi s en science et g nie en 2007 30 des articles sign s par des auteurs am ricains avaient des coauteurs trangers contre 10 en 1988 L Inde et le Japon ont connu des augmentations semblables seule la Chine n a connu qu une augmentation modeste de l internationalisation de ses activit s de recherche universitaire visible dans une proportion de 137 SCIENCE
235. inement la plus significative En fait le champ des mus es s est compl tement recompos autour de l id e de visiteur La tendance s est cristallis e partir des ann es 1970 principalement en Am rique du Nord Trois l ments au moins y ont contribu la communication s est impos e comme r f rent le statut du visiteur a chang sous la pouss e du d veloppement de l valua tion qui mettait en cause les pratiques mus ales alors commun ment admises l interactivit est devenue le moyen privil gi de r ussite de l appr hension des contenus mus aux par le visiteur Le statut actuel du visiteur et plus g n ralement du public ne se comprend pas sans ces changements Le mouvement de recomposition des mus es doit beaucoup l arri v e des centres de science dont l Exploratorium de San Francisco et le Centre des Sciences de l Ontario de Toronto sont les arch types Ouverts l un et l autre en 1969 ils servent de points de rep re ayant marqu de leur empreinte presque tous les mus es qui se sont ouverts depuis Ce sont les premiers avoir r solument fait de la communication avec leurs visiteurs le principal objectif de leur mission en transformant le mus e en un espace de m diations multiples Corollairement ils ont con u et r alis des dispositifs essentiellement interactifs pour provoquer stimuler et engager les visiteurs dans une d marche active de visite voir Mus es de scie
236. ing Paper n 15622 www nber org papers w15622 Kaci M 2006 Comprendre la productivit un pr cis Statistique Canada Division de l analyse micro conomique cat 15 206 XIF OCDE 2009 Innovation in Firms A Microeconomic Perspective Paris OCDE Romer P 1990 Endogenous Technological Change Journal of Political Economy vol 95 p 71 102 Solow R 1957 Technical Change and the Aggregate Production Function The Review of Economics and Statistics vol 39 n 3 p 312 320 Therrien P et P Hanel 2011 Innovation and Productivity Summary Results for Canadian manufacturing establishments International Productivity Monitor vol 22 p 11 28 80 CONOMIE VOLUTIONNISTE conomie volutionniste Jorge Niosi L conomie volutionniste et institutionnaliste est une cole h t rodoxe de la science conomique Ses origines remontent la fin du 19 si cle avec les travaux de l conomiste am ricain Thorstein Veblen 1857 1929 critique de l conomie du march et des th ories n oclassiques Parmi ses principaux travaux on trouve l article Why Economics Is Not an Evolutionary Science 1898 et l ouvrage The Theory of the Leisure Class an Economic Study of Institutions publi en 1899 Un autre pr curseur est John R Commons 1862 1945 professeur l Universit de Wisconsin Madison et auteur de nombreux ouvrages dont Institutional Economics 1934 l approche de l
237. iologie des usages R seaux vol 100 p 487 521 Millerand F 1999 Usages des NTIC les approches de la diffusion de l innovation et de l appropriation 2 partie COMMposite 99 1 Proulx S dir 1988 Vivre avec l ordinateur les usagers de la micro informatique Boucherville Qu bec ditions G Vermette Rabardel P 1995 Les hommes et les technologies une approche cognitive des instruments contemporains Paris Armand Colin Silverstone R et L Haddon 1996 Design and the Domestication of Information and Communication Technologies Technical Change and Everyday Life dans R Mansell et R Silverstone dir Communication by Design The Politics of Information and Communication Oxford University Press Bibliom trie Vincent Larivi re La bibliom trie est l analyse quantitative des caract ristiques des docu ments articles actes de conf rences etc publi s par les chercheurs voir Quantification et mesure D abord cr e par les biblioth caires au milieu du 19 si cle afin de g rer leurs collections la bibliom trie s est diffus e plus largement avec la cr ation par Eug ne Garfield de l Insti tute for Scientific Information ISI au milieu du 20 si cle Bien que le terme bibliom trie puisse s appliquer la mesure de n importe quel type 26 BIBLIOM TRIE de litt rature romans journaux ou p riodiques scientifiques il est g n ralement utilis pour la mesure de la s
238. ion sociale des technologies Michel Callon dans un article fondateur a montr que les objets techniques mergent en englobant les int r ts d un ensemble d acteurs humains et non humains et aussi les composants mat riels qui y sont associ s voir Infrastructure sociotechnique Ainsi cette th orie red finit le social en y ins rant des cat gories jusqu ici fortement distingu es par l pist molo gie classique comme les humains et les non humains Tous peuvent tre consid r s sym triquement comme des actants interagissant dans des r seaux hybrides une sym trie qui s av re une condition essentielle de la dynamique sociotechnique En privil giant une approche ethnographique les auteurs de la th orie de l acteur r seau s int ressent moins la v rit des r sultats de la science qu l analyse du processus dont d coulent ces r sultats en misant sur la sym trie entre les actants voir tudes de cas en STS Cette sym trie permet de traiter sur un m me plan conceptuel tous les facteurs contextuels les causes sociales et les causes techniques le discours de tous les acteurs les humains et les non humains et les impartialit s dans l enregistrement du contexte Toutes les compo santes du r seau sociotechnique s entrem lent sans hi rarchie ni dis tinction quant leur nature La technique merge avec la constitution d un r seau complexe d actants chappant la logique des a priori et se nourr
239. ionn s par un organisme de certification v hiculent donc les m urs d une commu naut technologique ou scientifique alors qu une norme correspond une convention portant sur la fonction ou des sp cifications techno logiques Dasgupta P et P David 1994 Towards a new economics of science Research Policy vol 23 n 5 p 487 521 David P A 1995 Standardization Policies for Network Technologies The Flux Between Freedom and Order Revisited dans Richard Hawkins Robin Mansell et Jim Skea dir Standards Innovation and Competitiveness Politics and Economics of Standards in Natural and Technical Environments Aldershot Edward Elgar European Telecommunications Standards Institute 2013 What are standards http bit ly 1AHXAtv Merton R K 1973 The Normative Structure of Science 1942 dans N W Storer dir The Sociology of Science University of Chicago Press p 267 278 159 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Porter T M 1995 Precision and Trust Early Victorian Insurance and the Politics of Calculation dans N Wise The Values of Precision Princeton University Press p 173 197 Taylor F W 1911 The Principles of Scientific Management New York NY Harper amp Brothers Wise M N 1995 Precision Agent of Unity and Product of Agreement Part II The age of Steam and Telegraphy dans M N Wise The Values of Precision Princeton University Press p 2
240. ions cette d finition reporte le probl me de la d finition vers la discussion plus ancienne et mieux contr l e sur ce qu est une discipline scientifique La d finition de l interdisciplinarit en vient ainsi reposer sur une r flexion sur le devenir d une organisation disciplinaire de la science voir Discipline La question de l interdisciplinarit est g n ralement abord e sous deux angles tr s diff rents D une part certains auteurs pr sentent l in terdisciplinarit comme une dissolution de l organisation disciplinaire traditionnelle des sciences dans le but d en optimiser l application des probl mes pratiques D autres d crivent au contraire la tendance l interdisciplinarit comme la cons quence normale d un ph nom ne de sp cialisation intrins que l organisation disciplinaire de la science De ce point de vue l interdisciplinarit servirait essentiellement de v hicule temporaire l mergence de nouveaux espaces disciplinaires et elle reconduit le syst me des disciplines plus qu elle ne le dissout La litt rature existante sur les pratiques de l interdisciplinarit converge autour de trois probl mes clefs Le premier concerne les vis es de l entreprise interdisciplinaire Ces vis es ne font pas consensus Un certain discours normatif pr sente l interdisciplinarit comme une n cessit pratique la r sultante de demandes pratiques externes la science et exigeant la r
241. ions sociales du progr s de a raison Sociologie et soci t s vol 7 n 1 mai p 91 118 2001 Science de la science et r flexivit Paris Raison d agir Dubois Michel 2001 La nouvelle sociologie des sciences Paris PUF Etzkowitz H et L Leydesdorff 2000 The dynamics of innovation from National Systems and Mode 2 to a Triple Helix of university industry government relations Research Policy vol 29 n 2 p 109 123 Knorr Cetina Karin 1981 The Manufacture of Knowledge An Essay on the Construction and Contextual Nature of Science Pergamon Press Latour Bruno et S Woolgar 1979 Laboratory Life Paris Londres Sage Publications trad fran aise Paris La D couverte 1988 Lynch David 1985 Art and Artefact in Laboratory Science A study of shop work and shop talk in a research laboratory Londres Routledge amp Kegan Paul Martin Olivier 2000 Sociologie des sciences Paris Nathan Universit 215 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Solla Price D J de 1972 Little Science Big Science New York Columbia University Press Storer W N 1966 The Social System of Science New York Holt Rinehart amp Winston Whitley Richard D 1984 The Intellectual and Social Organization of Sciences Oxford Clarendon Press Sociopolitique de la statistique Jean Pierre Beaud Durant les ann es 1970 s est structur un champ de recherche qu il est malais de cerner pa
242. ipit e la fois par les th ses d Albert Einstein sur la relativit au tournant du si cle et par l imbrication in dite des sph res jusqu alors distinctes de la recherche et de l conomie qu inaugurait la seconde r volution industrielle les travaux de Bachelard en his toire et philosophie des sciences r orientaient l tude de la dynamique historique des sciences dans le sens d une analyse de ses caract res techniques et sociaux voir Science Entre autres choses Bachelard a montr que les th ories scientifiques ne flottaient pas dans des propo sitions et des crits mais qu elles s incarnaient dans des techniques Pour lui la science n tudie jamais des ph nom nes naturels tout faits plut t elle les produit par l utilisation d instruments et la r alisation d exp riences En cons quence de quoi il ne peut y avoir une m thode unique de la science mais plut t une pluralit m thodologique corres pondant au d veloppement multiforme des techniques exp rimentales se soldant dans la forme d une ph nom notechnique o le rapport entre concept et technique en devient un d changes constants Or si le d veloppement des techniques ne saurait tre isol du d veloppement industriel ni plus g n ralement de lunivers social o il s int gre cela ne signifie pas qu il s y r duise tout fait La diff renciation des dis ciplines et des sp cialit s se produisant au sein de la cit scientifique correspond u
243. ique et technique Il invite aussi un renversement de perspective sur les fins et les moyens de l innovation les artefacts ne constituent pas n cessairement la finalit de l activit scientifique et technique ils en sont aussi les points d appui les charni res qui lui permettent de s articuler et de se perp tuer en tant que pratique Par cons quent l approche des mondes sociaux se d marque d autres tra ditions de recherche en STS en ce sens qu elle n envisage pas le devenir et la f licit des artefacts en termes de durcissement de stabilisation et de cl ture Enfin si tout objet peut tre a priori un objet fronti re Star pr cise que l chelle laquelle le concept trouve sa plus grande pertinence est celle de l organisation Il s agit d tudier les processus par lesquels des objets fronti res se constituent autrement dit comment un objet devient un objet fronti re plus que de savoir ce que signifie tel objet fronti re pour tel groupe d acteurs ou quel type il appartient voir Objet technique Plus de vingt ans apr s son introduction le concept d objet fronti re a fait sa marque Il est en effet l un des concepts parmi les plus cit s non seulement en STS mais aussi en sciences de la gestion en sciences de l information en informatique et en g ographie o il a suscit un nombre consid rable de travaux Becker H S 1982 Art Worlds Berkeley University of California Press
244. iques comme la fuite de dioxine dans une usine chimique de Seveso en 1976 l explosion d une usine chimique Bhopal en 1984 ou les catastrophes nucl aires de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011 Avec l innovation technologique les risques technologiques sont devenus plus complexes plus diffus susceptibles de toucher des zones g ographiques des populations et des organisations qui jusque l ne se sentaient pas concern es Par exemple malgr les progr s r alis s ces derni res ann es dans le contr le du rejet de substances toxiques l OCDE s inqui te de plus en plus de d celer dans l environnement des produits chimiques persistants bio accumulatifs et ou toxiques Ainsi l mergence de technologies telles que les biotechnologies les nanotechnologies ou la g nomique pose la question des nou veaux risques technologiques Par exemple les nanotechnologies sont porteuses d un norme potentiel technologique qui toucherait de nombreux secteurs d activit tout en comportant encore de grandes incertitudes et un fort d ficit de connaissances sur par exemple les risques sp cifiques des nanoparticules pour la sant L incertitude s est ainsi paradoxalement immisc e au sein de soci t s qui au d part avaient choisi les progr s technologiques pour diminuer les risques voir Gestion de la technologie 201 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Les risques technologiques rassemblent donc une grande vari t
245. iques mobilis es et davantage interdisciplinaires 147 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Abbate J 1999 Inventing the Internet Cambridge MIT Press Breton P et S Proulx 2012 L explosion de la communication Introduction aux th ories et aux pratiques de la communication 4 dition Paris La D couverte coll Grands Rep res Eisenstein E 1979 The Printing Press as an Agent of Change Communications and Cultural Transformations in Early Modern Europe Cambridge University Press Jaur guiberry F et S Proulx 2011 Usages et enjeux des technologies de communication Toulouse r s Jones S G dir 1999 Doing Internet Research Critical Issues and Methods for Examining the Net Londres Sage Publications McLuhan M 1964 Understanding Media The Extensions of Man New York McGraw Hill Ong W 1982 Orality and Literacy The Technologizing of the Word Londres Methuen Thompson J B 1995 The Media and Modernity A Social Theory of the Media Cambridge Polity Press Thurlow C L Lengel et A Tomic 2004 Computer Mediated Communication Social Interaction and the Internet Londres Sage Publications Wellman B 2004 The Three Ages of Internet Studies Ten Five and Zero Years Ago New Media and Society vol 6 n 1 p 123 129 Migration conceptuelle Fr d ric Bouchard et Fran ois Duchesneau Migration conceptuelle n est pas encore une expressio
246. iques semblait plus utile et pertinente pour comprendre la science actuelle que l analyse de la coh rence logique des th ories scientifiques Ainsi non seulement le terme loi ne devenait il qu un des nombreux aspects potentiels d un paradigme scientifique mais il en tait souvent absent car plusieurs communaut s scienti fiques ne sont pas la recherche de lois Alors que les philosophes des sciences s taient surtout int ress s la description des th ories scientifiques o les lois jouaient souvent un r le fondationnel les descriptions sociologiques et historiques les forc rent s int resser la multiplicit la diversit et l h t rog n it des pratiques des scientifiques Or loin de l unit de la science avanc e par les positivistes et les empiristes l h t rog n it des pratiques scientifiques a contraint les philosophes des sciences remettre en cause la primaut pist mique des lois dans la d marche scientifique Ainsi quand plusieurs paradigmes sont en conflit l int rieur m me d une discipline com ment pr sumer de la validit de lois universelles id ales sous tendant toutes les explications En fait alors que l incommensurabilit des paradigmes a fortement inspir sociologues et historiens des sciences les philosophes ont continu privil gier des approches misant sur la coh rence des objets th oriques Au d but des ann es 1980 plusieurs philosophes ont tent
247. is et des tudiants universitaires toutes disciplines confondues voir Universit Toutefois de nombreuses dif f rences subsistent encore entre les sexes selon les programmes et niveaux d tudes de financement des activit s de recherche et de production et d impact scientifique Sur le plan des inscriptions aux cycles sup rieurs les femmes repr sentent depuis 1994 la majorit des tudiants des programmes de ma trise et en 2008 pr s de 47 des tudiants au doctorat Toutefois leur distribution varie selon les disciplines les sciences naturelles 106 FEMMES ET SCIENCES et appliqu es sont encore domin es par les hommes alors que les sciences sociales et humaines regroupent une plus grande proportion de femmes De m me le poids des femmes est pass de 14 33 du corps professoral canadien entre 1976 et 2006 tout en montrant des carts entre les disciplines similaires ceux observ s chez les doctorants En mati re de financement des activit s de recherche plusieurs tudes internationales montrent une diff rence entre hommes et femmes Stack montre partir d une enqu te tatsunienne qu une proportion plus faible de femmes que d hommes b n ficie d un soutien financier Larivi re et ses collaborateurs ont observ une tendance simi laire au Qu bec sp cifiquement chez les chercheures en milieu de car ri re et uvrant dans les sciences naturelles appliqu es et de la sant Zuckerman soulign
248. ision la vitesse de leurs tirs leur robustesse et leur l g ret Dans ces domaines on est dans une course constante entre la der ni re nouveaut et sa contremesure voir Diffusion de l innovation et D terminisme technologique Nombre d innovations port e militaire ont vu le jour gr ce des praticiens de g nie inconnus surtout jusqu au 17 si cle On ignore qui a mis au point l trier de fer qui en offrant une assise solide aux cavaliers joue un r le essentiel dans l existence de la chevalerie m di vale et l effi cacit des archers mont s On ne sait trop qui en Chine a commenc utiliser une boussole primitive l instrument voluera sur plus de mille 117 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S ans le GPS l inclut et sera d usage militaire sur mer sur terre et dans les airs jusqu nos jours voir nventeur D autres techniques sont aussi mises contribution par les mili taires Ainsi en est il de la cartographie qui passera par le dessin avant d arriver au 17 si cle la triangulation l usage de la lunette astronomique et au calcul des angles de vis e La m t orologie joue un r le primordial dans le d barquement de Normandie en 1944 Le moteur explosion et l h lice servent aux op rations militaires depuis plus d un si cle L hydrodynamique et l a rodynamique conna tront aussi de grands d veloppements du fait des n cessit s militaires Du c t m dical garrots et amput
249. issant amplement des controverses La formule acteur r seau d signe la fois un r seau h t rog ne d int r ts align s entre eux et le processus qui m ne ventuellement la production d un artefact sociotechnique Ce cadre th orique repose sur certaines notions cl s Lune est justement la distinction entre le concept d acteur central dont d pendent d autres l ments dont il traduit la volont dans son propre langage et celui d actant d si gnant la fois les humains et les non humains d un m me r seau Une autre notion cl est la controverse qui est une condition n cessaire la constitution du r seau et sa traduction par l acteur le terme d signe un d bat sur des connaissances scientifiques ou techniques qui ne sont pas encore assur es et dont l apport se trouve donc com pliquer plut t qu simplifier les incertitudes ambiantes du social de la politique de la morale 235 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Le moment central de la production du r seau est celui de la tra duction processus qui comporte trois moments Le premier est la construction du probl me alors que l acteur central d finit pour les autres acteurs des identit s et des int r ts qui sont coh rents avec ses propres int r ts tout en d terminant un point de passage oblig c est dire une situation qui doit avoir lieu pour que tous les acteurs satisfassent les int r ts qui leur sont a
250. it Knowledge Chicago University Press 1992 Hubert L Dreyfus Forms of Life and a Simple Test for Machine Intelli gence Social Studies of Science vol 22 p 726 739 Dreyfus Hubert 1992 Response to Collins Artificial Experts Social Studies of Science vol 22 p 717 726 Polanyi Michael 1958 Personal Knowledge Towards a Post Critical Philosophy University of Chicago Press Ravetz Jerome R 1971 Scientific Knowledge and Its Social Problems Oxford University Press Ryle Gilbert 2005 La notion d esprit pour une critique des concepts mentaux Paris Payot Selinger Evan 2003 The Necessity of Embodiment The Dreyfus Collins Debate Philosophy Today vol 47 p 266 279 Wittgenstein Ludwig 1953 Philosophical Investigations Oxford Blackwell 56 CONSTRUCTION SOCIALE DES TECHNOLOGIES Construction sociale des technologies Pierre Doray Pinch et Bijker s inscrivent de plain pied dans le changement de para digme qui a pos comme objet principal la production sociale des technologies plut t que l analyse des impacts sociaux des technolo gies voir Technologie et D terminisme technologique Ils ont propos d s 1982 l occasion d un colloque l Universit Twente l approche SCOT pour Social Construction of Technology ou construction sociale des technologies dans l esprit d un rapprochement avec l approche dite EPOR pour Empirical Program of Relativism propo
251. ity in Science and Technology Paris OCDE Porter A L et I Rafols 2009 Is Science Becoming More Interdisciplinary Measuring and Mapping Six Research Fields Over Time Scientometrics vol 81 n 3 p 719 745 Rinia E J Th N van Leeuwen et A F J van Raan 2002 Impact measures of interdis ciplinary research in physics Scientometrics vol 53 n 2 p 241 248 Van Raan A F J 2000 The Interdisciplinary Nature of Science Theoretical Framework and Bibliometric Empirical Approach dans P Weingart et N Stehr dir Practising Interdisciplinarity University of Toronto Press p 66 78 Weingart P 2000 Interdisciplinarity The Paradoxical Discourse dans P Weingart et N Stehr dir Practising Interdisciplinarity University of Toronto Press p 25 41 135 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Internationalisation de la R D Jorge Niosi La recherche industrielle a commenc s internationaliser d s les premi res d cennies du 20 si cle par le truchement des activit s des entreprises multinationales EMN Pourtant la phase de grande expan sion des activit s internationales de R D que nous connaissons a pris naissance apr s la Deuxi me Guerre mondiale sous l effet combin de la forte croissance de la R D universitaire et industrielle et de la mondiali sation acc l r e de l conomie voir Invention et innovation Mais il ny a pas que l intensit de l internationalisatio
252. l action de l tat sont abolis Il en est de m me d organismes d valuation des impacts de la science et de la technologie le congr s am ricain a aboli l Office of Technology Assessment Des organismes de liaison et de transfert des connaissances entre les cher cheurs et les usagers les bureaux de liaison entreprise universit sont cr s pour assurer le rapprochement avec les entreprises et les organisations Des organismes de soutien des entreprises en recherche d veloppement sont cr s afin d accro tre l effort des entreprises en ce sens Des transformations institutionnelles sur la propri t intellec tuelle comme la loi Bayh Dole sont introduites pour faciliter le trans fert de connaissances vers l industrie Des modalit s d acc s au capital de risque sont aussi pr cis es pour accro tre la capacit d innovation des entreprises et des organisations En somme les politiques de l innovation ont substantiellement modifi l espace intellectuel de la recherche par la pr sence de nou veaux modes de production et l largissement des crit res d valuation Elles ont aussi modifi les modes de gouvernance en cr ant un tissu d acteurs et d organismes interm diaires afin de faciliter le passage du savoir l innovation Bush Vannevar 1945 Science The Endless Frontier Washington United States Govern ment Printing Office Gibbons Michael Camille Limoges Helga Nowotny Simon Schwartzman Peter Sc
253. l la mesure d signe l va luation empirique d un objet par un instrument La mesure permet de comparer les th ories entre elles en les confrontant au monde Mesurer est aussi une pratique usuelle dans la vie quotidienne quand il s agit de d terminer le rapport qualit prix des choses ou la quantit d insuline s injecter en fonction d un taux de glyc mie La quantification sup pose donc tout un travail de conception alors que la mesure s appuie sur ce travail sans n cessairement le prendre en compte Nous n avons pas besoin ou ne pensons pas avoir besoin dans la vie courante de conna tre les conventions l origine d un outil de mesure comme le taux de ch mage ou le PIB pour agir d cider choisir La mesure semble suf fire Comme l indique Alain Desrosi res quantifier c est convenir puis mesurer voir Normes et standards et Sociopolitique de la statistique Oublier ou confondre ainsi ces tapes conduit quelques pro bl mes qu une sociohistoire des sciences a mis en vidence Par exemple m me si l on peut s agissant d un objet comme la hauteur d une montagne adopter un point de vue r aliste et parler d une hau teur vraie et ignorer ainsi l histoire riche en d bats de la m trisation du monde on ne peut en revanche ignorer la s rie de controverses et de choix la base d une mesure du ch mage Un point de vue r aliste peut ainsi tre distingu comme le fait Desrosi res d un point de
254. l collectif fruit du r seau d expertise de la culture de l change et des projets communs du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie CIRST l ensemble mobilise plusieurs disciplines sociologie philosophie management commu nication science politique histoire conomie ou scientom trie tout en mettant en avant les concepts transversaux et les changes interdis ciplinaires qui transcendent ces divisions Le territoire couvert est vaste Les sciences et les technologies forment un ensemble tendu constitu de savoirs et de concepts int gr s dans des th ories des pratiques et des objets physiques qui orientent l action sociale et plus pr cis ment interagissent avec les acteurs sociaux concepteurs et usagers individuels et collectifs qui s emploient pour leur part de mani re continue les produire et les transformer Production diffusion mise en uvre et valuation r flexive des sciences et des technologies se m lent ainsi constamment g n rant des situations complexes que les individus et les collectivit s doivent s approprier Au del d un dictionnaire nous offrons en quelque sorte un atlas du rapport contemporain la science et la technologie Ces situations sont abord es de multiples mani res On peut distin guer trois veines principales de r flexion et de recherche La premi re est une sociologie historique et une pist mologie en contexte elle raconte la f
255. l explicitation De ce point de vue les math matiques et plus particuli rement la g om trie euclidienne semblaient fournir le paradigme de la science La science ainsi comprise consisterait en un ensemble syst matique de th or mes d ductivement interreli s et d pendant ultimement de principes intelligibles savoir des d fi nitions et axiomes portant sur des id es ou formes math matiques connaturelles l esprit humain la proc dure d ductive qui caract rise le mod le de la science se conformerait aux lois fondamentales de la raison repr sent es par le principe de contradiction Notamment chez Aristote la logique et dans une certaine mesure la philosophie sp cula tive voire par la suite certains domaines des math matiques appliqu es comme la statique d Archim de entreprendront de se rattacher cette conception formelle et normative de la science voir Philosophie de la science Dans le champ des connaissances humaines la science s opposait alors l histoire savoir d observation et de description des occurrences particuli res formant le monde contingent des ph no m nes ces occurrences s appliquerait l inf rence inductive qui m ne de simples g n ralisations empiriques sans force d monstrative mais l induction ainsi entendue et l analogie qui en tend la sph re d applica tion permettraient de formuler des conjectures plus ou moins vraisem blables sur l ordre inh rent aux ph nom nes na
256. la diffusion de la technologie reconna t que celle ci d pend de l informa tion rendue disponible aux entreprises qui pourraient ventuellement l adopter Plus les entreprises ont acc s de l information sur les tech nologies disponibles plus elles ont de chances de les adopter Ainsi les entreprises directement impliqu es dans la R D ont plus de chances de se trouver parmi les premi res adopter de nouvelles technologies voir Gestion de la technologie Selon l expression heureuse de Cohen et Levinthal l innovation et l apprentissage constituent les deux visages de la recherche et du d veloppement Enfin l innovation sera diffus e plus rapidement dans les grandes agglom rations urbaines puisque l information y circule plus rapidement et plus intens ment que dans les petites villes ou les campagnes La repr sentation classique du pro cessus de diffusion reprend globalement le mod le de la propagation pid miologique selon lequel une innovation tel un virus se diffuse dans le tissu social ou conomique au gr des circonstances et des situations Cette propagation s av re plus ou moins rapide selon les caract ristiques des acteurs concern s et des organisations impliqu es Des travaux plus r cents ont tendance rompre avec ces visions classiques qui distinguent fortement le moment de la production des innovations technologiques de celui de leur diffusion et enfin de leur appropriation Dans ces nouvelles configurations
257. la d couverte des lois de la nature permettra le d veloppement des moyens mat riels les plus efficaces dans l optique d une production optimis e S inspirant de ce mod le les sciences morales chercheront elles aussi gouverner les hommes en d terminant les lois qui r gissent les ph nom nes 209 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S psychologiques sociaux ou historiques C est cette ambition nomo logique qui explique la multiplication des tentatives pour induire du pass des soci t s humaines la fin immanente le bonheur du plus grand nombre le rayonnement de la nation l essor de la race le triomphe du prol tariat qui r gle leur d veloppement et en fonction de laquelle l action politique devait se r gler ne pas intervenir tort dans le cours de l histoire au pire ne pas le ralentir au mieux l acc l rer la suite de l chec de ces grands sch mes explicatifs positivisme comtien mat rialisme dialectique volutionnisme spenc rien incapables de satisfaire aux exigences minimales de scientificit testabilit et pr dic tibilit s est alors pos e la double question de savoir comment penser les bases scientifiques d une politique ayant rompu avec les espoirs d une th orie englobante de la destin e humaine et celle de savoir com ment d terminer dans des soci t s dont on n a plus d assurance qu elles convergent vers un certain point final les valeurs qui devraient guider nos choix voir
258. larges dans l analyse cet gard ces derniers fa onnent les normes et les valeurs des diff rents groupes qui elles m mes influencent la signification attribu e un objet En compl mentarit ce cadre analytique Bijker propose un con cept qui se trouve l interface des moments pr c dents celui de cadres technologiques technological frame Ceux ci sont constitu s d un ensemble d entit s comme des concepts des th ories des savoirs tacites des pratiques d ing nierie des m thodes de fabrication et de concep tion des proc dures de test et de manipulation et des usages voir Connaissance tacite et Normes et standards Cet ensemble poss de une certaine unit qui se r v le dans les interrelations entre les diff rents groupes significatifs chacun d entre eux construisant un cadre sp ci fique qui produit des significations particuli res attribu es l objet concern voir Objet fronti re D s lors l laboration d un objet peut se n gocier dans les relations entre cadres port s par un ou plusieurs groupes Ce concept articule le deuxi me et le troisi me moment car il permet de saisir comment l environnement social structure l objet C est le cas quand un groupe domine les relations et impose son cadre et donc son interpr tation Pour ses partisans cette approche pr sente plusieurs avantages Elle permet de rendre compte des technologies utilis es celles qui ont 58 CONSTRUCTION SOCIALE DES TE
259. le genre dans Institut de la statistique du Qu bec Compendium d indicateurs de l activit scientifique et technologique du Qu bec dition 2010 Qu bec Gouvernement du Qu bec p 35 54 Moed H F 1996 Differences in the construction of SCI based bibliometric indicators among various producers a first overview Scientometrics vol 35 n 2 p 177 191 Moed H F 2005 Citation analysis in research evaluation Dordrecht Springer Nederhof A J R A Zwaan R E Debruin et P J Dekker 1989 Assessing the Use fulness of Bibliometric Indicators for the Humanities and the Social and Behavioral Sciences A Comparative Study Scientometrics vol 15 n 5 6 p 423 435 Wouters P 1999 The Citation Culture th se de doctorat Universit d Amsterdam Brevets et d veloppement de la propri t intellectuelle Jean Pierre Robitaille et Pascal Lemelin Les brevets d invention sont des titres de propri t intellectuelle conf rant leurs titulaires le monopole d exploitation d une dur e limit e d environ vingt ans pour une invention cr e en change de la divul gation publique de ses caract ristiques et de son mode de fonctionne ment voir Invention et innovation Pour tre brevet e et donc prot g e une invention doit respecter trois crit res Elle doit d abord tre nouvelle ou originale c est dire ne pas dupliquer une invention ant rieure brevet e ou non que celle c
260. les ont besoin de plusieurs ann es avant de recevoir un nombre significatif de citations Finalement comme la distribution des citations re ues par les articles d une revue est non param trique une minorit d articles re oit la grande majorit des citations le facteur d impact de la revue a un faible pouvoir pr dictif sur l avenir des articles eux m mes un pouvoir pr dictif qui diminue d ailleurs depuis le milieu des ann es 1990 Certains travaux r cents ont montr qu il existait n anmoins une relation entre les facteurs d impact des revues et les citations re ues par les articles ind pendamment de la qualit intrins que de l article Il est donc g n ralement pr f rable lorsque l on veut mesurer l im pact scientifique de la recherche d utiliser les citations effectivement re ues par les articles plut t que le facteur d impact des revues o ils sont publi s Cela tant mentionnons finalement que le facteur d impact pr sente n anmoins un avantage sur la mesure des citations re ues En effet puisqu il est bas sur les articles pr c demment publi s par la revue il est disponible d s la publication de l article Les citations 105 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S r ellement re ues elles prennent un certain nombre d ann es avant de s accumuler et de pouvoir tre mesur es ce qui retarde d autant l valuation Archambault et V Larivi re 2009 History of journal impa
261. les expositions universelles vont au del de la cr ation ou de l enrichissement de la collection de certains mus es elles fondent le rapport que ces mus es cherchent tablir avec leurs visiteurs Fondamentalement elles se veulent p dagogiques et d mocratiques Elles s efforcent donc d tre compr hensibles pour tous des visites guid es et des conf rences sont organis es en plusieurs langues et l enseignement est mati re exposition le pavillon su dois de l Expo sition de Vienne 1873 pr sente m me une cole mod le En parall le leur mission p dagogique les expositions se veulent aussi des espaces ludiques qui offrent loisirs et distractions aux visiteurs on recherche des attractions spectaculaires Ces trois traits ponts avec l cole pr sentations dramatiques et spectaculaires th tralit souci d du quer et de distraire en m me temps auront une influence d cisive sur l volution des mus es de sciences et de techniques au point d en tre la principale caract ristique aujourd hui voir Communication publique des sciences et des technologies 155 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Les expositions universelles c l brent les applications techniques et industrielles des sciences glorifiant un machinisme spectaculaire et dont la science pure r put e froide et aride est g n ralement absente Un renversement de perspective se produit toutefois avec l ouverture du Palais de la d c
262. lication qu elle est r ductionniste si elle privil gie un niveau fondamental du m canisme les g nes par exemple qu elle est koliste si elle stipule qu il faut donner un poids gal chaque niveau ou qu elle est pluraliste si elle n accorde pas de privil ge explicatif a priori un niveau en particulier c est dire si le choix d un niveau particulier ou l int gration de plusieurs niveaux d pend des questions auxquelles le scientifique tente de r pondre on parle alors parfois de pluralisme pragmatique ou de pluralisme sur une base empirique Bechtel W 2009 Looking Down Around and Up Mechanistic Explanation in Psychology Philosophical Psychology vol 22 p 543 564 Bickle J 2006 Reducing Mind to Molecular Pathways Explicating Reductionism Implicit in Current Cellular and Molecular Neuroscience Synthese vol 151 n 3 p 411 434 Carnap R 1966 An Introduction to the philosophy of science New York Dover Publi cations Chakravartty A 2001 The Semantic or Model Theoretic View of Theories and Scien tific Realism Synthese p 325 345 Craver C F 2002 Structures of Scientific Theories dans P K Machamer et M Silberstein dir Blackwell Guide to the Philosophy of Science Malden MA Blackwell p 55 79 Craver C F 2007 Explaining the Brain Mechanisms and the Mosaic Unity of Neuroscience Oxford University Press De Vreese L E Weber et J Van Bouwel 2010
263. lle s int resse aux conditions d appropriation des techniques par ceux qui les con oivent et les utilisent Cet usage du mot ne s est pas r pandu et l approche s est essouffl e au milieu du 19 si cle Sebestik attribue deux facteurs le sort r serv en France au concept de technologie comme science de la technique D une part le public potentiellement int ress ing nieurs techni ciens entrepreneurs etc a manifest peu d int r t pour cette science D autre part les programmes d tudes de l cole polytechnique taient ax s sur les sciences fondamentales sans lien avec le monde technique Pour preuve de l essoufflement du concept Sebestik indique que le mot avait presque disparu en fran ais la fin du 19 si cle Il est revenu Espinas en 1897 de le r introduire dans la vie intellectuelle Une autre conception et un autre usage pr sents d s la fondation de l cole polytechnique de Paris en 1794 et repris par Bigelow en 1829 se sont r pandus en Europe comme aux tats Unis en m me temps que la r volution industrielle transformait les modes de production La technologie y est plut t consid r e comme une application pratique des sciences exactes Institutionnellement cette conception de la techno logie est mise en uvre au Massachusets Institute of Technology d s sa cr ation en 1860 Pr s d un si cle plus tard Vannevar Bush conceptua lise l articulation entre science et technologie en pr sentant
264. loy es pour d crire contr ler pr dire expliquer et ou comprendre les ph nom nes appartenant un domaine particu lier Comprendre ce que sont les th ories c est donc clairer une bonne partie de l activit scientifique Les philosophes se sont int ress s aux th ories scientifiques pour plusieurs raisons D abord ils ont cherch d crire de fa on abstraite leur structure commune et la fa on dont elles participent l expli cation et la compr hension scientifiques Ensuite ils ont tent de comprendre comment s op raient les r visions et les changements th o riques comment on modifie une th orie pour la rendre plus conforme aux faits et ou comment et dans quelles conditions on passe d une th orie une autre voir Paradigme Ils ont finalement tent de pr ciser les types de rapports pouvant exister entre les th ories appartenant des domaines diff rents c est dire les modalit s du pluralisme th o rique voir Discipline et Migration conceptuelle Dans ce qui suit on ne s int ressera qu la premi re question soit celle de la structure des th ories et de leur contribution l explication et la compr hension scientifiques Je pr senterai deux fa ons de concevoir ces structures l une ayant eu cours jusqu tout r cemment le mod le syntaxique 237 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S et une autre qui s impose de plus en plus aupr s des philosophes le mod le m caniste Pou
265. ls l ont fait d abord en modifiant les lois anti trust qui auraient emp ch la collaboration entre soci t s de la m me industrie voir volution de la r glementation Ils ont aussi modifi plusieurs politiques de science technologie et inno vation afin de susciter la coop ration non seulement entre les entre prises mais aussi entre les universit s et les entreprises les laboratoires publics et les entreprises et entre les universit s et les laboratoires d tat voir Universit L Union europ enne par exemple a multipli les pro 14 AMATEURS grammes en vue d accro tre la coop ration entre organisations de divers pays organisations qui jusqu la fin des ann es 1980 s taient canton n es des alliances purement nationales voir nternationalisation de la R D Il s agit de programmes cadres dont le dernier le septi me est actuellement en cours avec une dotation de plus de 50 milliards d euros t moignant de l importance croissante attribu e la coop ration Alic J 1990 Cooperation in R amp D Technovation vol 10 n 5 p 319 332 Bannock G R E Baxter et Evans Davis 1998 Dictionary of Economics Londres Wiley Chun H et S B Mun 2012 Determinants of R amp D cooperation in small and medium sized enterprises Small Business Economics vol 39 n 2 p 419 436 Niosi J 1995 Vers l innovation flexible les alliances technologiques de l industrie cana dienne
266. lus explicitement sociologique de l volution des sciences Sugg rant une division moins nette qu on ne l avait cru entre les facteurs cognitifs et sociologiques internes et externes qui influencent les savants le concept laisse entrevoir en quoi la sociologie pourrait s int resser aux contenus conceptuels des sciences et non plus se limiter par exemple aux contextes institutionnels orientant le choix des objets de recherche comme le faisait jusque l la sociologie des sciences d inspiration mertonienne En ce sens et bien que le mod le de Kuhn demeure essentiellement internaliste les crises naissent du parcours de la science normale r gie par un paradigme et non d un contexte social ou politique ext rieur l imbrication d une communaut sociale et d un paradigme cognitif a ouvert la voie une nouvelle r flexion sur les liens entre contexte social et contenu scientifique voir Sociologie des sciences Histoire des sciences et Mod les scientifiques Alors que Kuhn appliquait l id e de r volution des changements de grande envergure comme les moments copernicien newtonien ou einsteinien la notion de changement de paradigme peut aujourd hui s appliquer des micro r volutions au cours desquelles un paradigme plus limit est remis en cause comme dans le cas de la d couverte de l helicobacter pylori qui a remis en question au cours des ann es 1980 et 1990 l interpr tation dominante des causes des ulc res d est
267. lut t une absence totale d lots de Langerhans dans le pancr as et cons quemment une impossibilit pour le m tabolisme de produire de l insuline Bref plut t que sur une surproduction quan titative de sucre l tiologie du diab te reposerait sur une l sion histo logique qualitative D o ces deux propositions centrales la pens e de Canguilhem voulant que le normal soit irr ductible au pathologique et que toute tentative de restreindre les causes de la maladie des exc s ou des insuffisances quantitatives des processus physiologiques soit d embl e vou e l chec 174 PLATEFORMES BIOM DICALES Port s par l espoir d radiquer les maladies et de promouvoir la sant publique les tats occidentaux ont investi massivement depuis la fin de la Deuxi me Guerre mondiale dans la recherche biologique et clinique Par exemple le Conseil m dical de recherche en Grande Bretagne 1948 et les Instituts nationaux de la sant aux tats Unis 1948 ont b n fici d une croissance exponentielle de leurs budgets de recherche au cours des 25 ann es ayant suivi la fin du conflit l engage ment du gouvernement f d ral am ricain envers la recherche biom dicale passant de 27 millions 1 7 milliard de dollars et le nombre de cliniciens engag s dans la recherche universitaire explosant de 1000 12 000 voir Financement de la science Entre autres choses ces fonds ont promu l utilisation d outils biologi
268. lyse des repr sentations sociales RS se situe r solument dans la seconde mouvance Elle veut saisir comment des groupes construisent un savoir propre propos d objets de concepts de technologies ou de terminologie scientifique La th orie des RS est n e de la curiosit de Serge Moscovici pour les relations science soci t en particulier pour l appropriation des notions psychanalytiques dans divers contextes sociaux On pourrait en fait parler d une renaissance car le concept se situe en effet dans la filiation des repr sentations collectives de Durkheim La formule repr sentation sociale d signe un savoir commun construit par un groupe propos d un objet et qui permet au groupe de se d finir et d orienter ses actions Les d finitions usuelles v hiculent deux accep tions de ce savoir commun La premi re est celle de bon sens de sens commun qui r f re au savoir populaire et le distingue des savoirs experts La seconde parle de savoir partag au sein d un groupe sans associer d embl e ce groupe aux profanes ou au peuple Doise estime ainsi qu il ny a pas lieu d accentuer la s paration entre repr sentations sociales et savoirs scientifiques puisque les premi res interviennent dans l laboration des seconds et peuvent se confondre en partie avec eux Ailleurs il note leur pr sence sous la forme de th ories na ves en amont de la production scientifique et en aval dans le travail de vul
269. m dia se pr sente comme un dispositif de m diation qui conditionne contraint rend possible les interactions entre les interlocuteurs voir D terminisme technologique Le terme m dia peut enfin recouvrir des entit s naturelles telles que le langage par exemple le choix des mots ou l usage de m taphores sp cifiques dans les conversations sont fortement connot s et li s la biographie de l interlocuteur ses exp riences individuelles et sociales pass es ses appartenances culturelles son ancrage socio conomique Plus g n ralement m dias au pluriel renvoie une s rie de moyens techniques utilis s dans les pratiques de communication et ou de diffusion depuis le 19 si cle presse photographie cin ma t l phone radio t l vision Web etc Au 20 si cle les expressions communication de masse et m dias de masse ont t utilis es pour rendre compte des ph nom nes d industrialisation de la commu nication et de la culture La notion de mass media recouvre un mod le unilin aire de diffusion de masse o un petit nombre de grands r seaux diffusent le m me type de messages des grands groupes d auditeurs ou de t l spectateurs qui peuvent tre r partis sur de vastes territoires g ographiques Pour d signer ces instances de r ception en situation de communication de masse les analystes parlent des audiences auditoires d finis partir de statistiques d coute fond es sur
270. m Conservation to Crowdsourcing A Typology of Citizen Science HICSS vol 44 Analogie et m taphore en sciences Jean Pierre Marquis Les analogies et les m taphores jouent un r le central dans la pens e humaine en g n ral et dans les sciences en particulier En sciences elles ont un statut ambigu D une part puisqu elles constituent un outil central ou fructueux de la pens e humaine il n est pas tonnant de voir les analogies jouer un r le important dans la pens e scientifique surtout lorsqu on explore cette derni re sous l angle de la cr ativit Cette fonction des analogies qui appara t d s la naissance de la science occidentale y prend un statut particulier de par la nature des analogies exploit es par les scientifiques puisque ces analogies n ont pas la m me profondeur pour ainsi dire que la majorit des analogies employ es au quotidien D autre part le raisonnement par analogie tant mani festement invalide et n apportant de ce fait aucune justification aux conclusions qu il entend d fendre les analogies et les m taphores sont en g n ral proscrites du discours scientifique officiel voir Science et Connaissance tacite Bref bien qu indispensables dans le processus de cr ation scientifique les analogies et les m taphores doivent tre pur g es de la justification du discours scientifique Elles seraient comme les chafauds permettant de construire un difice et que l on fait dispara tre
271. ment an empirical investigation Journal of International Business Studies vol 30 n 1 p 1 24 National Science Foundation 2010 Science and Engineering Indicators Washington National Academies Press Niosi J 1999 The Internationalization of Industrial R amp D From Technology Transfer to the Learning Organization Research Policy vol 28 n 2 3 p 107 117 Ronstadt R 1984 R amp D abroad by US multinationals dans R Stobaugh et L T Wells Jr dir Technology Crossing Borders Boston Harvard Business School Press p 157 176 Inventeurs Jean Louis Trudel L inventeur individuel n est plus L invention est maintenant comprise comme un acte collectif puisque la d marche novatrice peut se d com poser en tapes distinctes de l id ation la r alisation tandis que son 138 INVENTEURS r sultat ne se r sume plus un objet unique complet et suffisant d s son apparition Elle n est pas s parable de ce qui la pr pare en amont projets bauches d couvertes scientifiques ou des perfectionne ments successifs qui s encha nent en aval nourris par les pr f rences des usagers ou des savoir faire compl mentaires voir Diffusion de la technologie Plurielle et mall able elle est le fait d une communaut et ce sont les inventeurs dans leur ensemble que les sp cialistes tudient en tant que groupe social Pourtant l inventeur solitaire a t honor pendant des si cles Si les
272. ment sans pr c dent de r alisations techniques et industrielles qui paraissent tre les fruits de la connaissance scientifique et de l essor de nouvelles sciences alors appel es sciences morales qui prennent pour objet l ensemble des ph nom nes humains psychologie cono mie sociologie anthropologie voir Sciences sociales S impose alors la conviction que l ordre politico social doit tre gouvern autrement que ce n est plus la force ou la tradition de r gner mais la science de pr sider aux fins des soci t s humaines on ne gouvernera plus les hommes par le sabre et le goupillon mais par le compas et l querre voir tat pouvoir et science Or cet id al d une politique scientifique son d veloppement les diff rentes r alisations concr tes auxquelles il a pu donner lieu depuis le 19 si cle les obstacles qu il a pu rencontrer et les remises en question dont il a t l objet peuvent tre abord s dans le cadre d une interrogation sur les relations entre science technologie et soci t d au moins trois fa ons diff rentes pist mologique m thodo logique et axiologique voir Philosophie des sciences Si par politique scientifique on entend politique fond e sur la science la question pist mologique se pose alors de savoir sur quel type de science devra s appuyer l action politique Au 19 si cle on fait le pari que pour l administration des choses
273. mme perdurera Les pr misses de la technologie ducationnelle ouvrent la porte au rapprochement de l cole et du mus e Celui ci devient le laboratoire et la vitrine de l cole transform e celle o l apprenant est le ma tre d uvre de son pro cessus d apprentissage et o l enseignant m diateur de ce processus a pour t che de faciliter l acc s aux sources d informations recel es par les coles les biblioth ques et les mus es L interactivit se caract rise par le d veloppement de dispositifs quelles qu en soient l chelle et la port e dont le potentiel ne se r alise que lorsque le visiteur ou l apprenant assume la posture centrale qu ils lui assignent Nous retrouvons l reformul le projet des p dagogies dites actives alter natives communautaires coop ratives au c ur des r formes contem poraines des syst mes d enseignement Ces p dagogies sont aussi au fondement des techniques d animation si pris es par les mus es Le troisi me groupe de facteurs concerne l valuation mus ale Chandler Screven soutenait en 1976 que l exposition devait tre con ue et r alis e en fonction d objectifs pr d termin s dont il fallait mesurer l atteinte chaque tape de la production Transposant dans le champ mus al un mod le emprunt aux sciences de l ducation il proposait un train de proc dures pour optimiser la relation d apprentissage instaur e par l exposition et mesurer s
274. mondes une volont de faire exister les sciences dans le discours social voir Champ et Professionnalisation de la science La communication publique des sciences et des technologies CPST longtemps appel e vulgarisation ou popularisation appara t ainsi au 19 si cle alors que le progr s scientifique s acc l re C est alors que la vulgarisation prend son essor comme l indique Meadows on voit se multiplier non seulement les ouvrages destin s propager les id aux scientifiques mais aussi les crivains y consacrant l essentiel de leur activit p 396 cette poque la recherche est surtout fondamentale et l objectif des savants est de rendre la nature intelligible et den proposer une vision unifi e voir Science et Lois scientifiques Cet id al se perp tue dans la premi re moiti du 20 si cle usant de la presse et des mus es de science pour mettre en avant les savoirs scientifiques dans une logique d ducation de la population Le mod le privil gi est celui du rapport ma tre l ve les scientifiques jouent la fois le r le de ma tres et de m diateurs et s adressent un public r put ignorant qui il faut enseigner des rudiments de science pour lever son esprit et l arracher sa condition L approche est encyclop dique l accession au savoir est con ue comme une accumulation de parcelles de connaissances jug es essentielles pour quiconque se veut scientifiquement culti
275. mplexit impliquant une multitude de partenaires aux int r ts vari s et souvent conflictuels par exemple acteurs de l industrie pharmaceutique gouvernements chercheurs cliniciens participants de la recherche consommateurs y compris dans la recherche et le d veloppement de sciences et de technologies par exemple stimulation c r brale nano pharmacologie g n tique peuvent pr senter un risque significatif d abus et de pr judices pour les individus et la soci t Or les rep res d ontologiques de ces diff rents acteurs varient d une profession ou d un groupe l autre certains comme les chercheurs et les techniciens m dicaux n tant d ailleurs pas r gis par des codes d thique formels Cette situation complexifie les processus d cisionnels et peut ventuellement g n rer des conflits thiques interprofessionnels Il existe n anmoins des d nominateurs communs l ensemble de ces codes comme le respect de la dignit humaine et l obligation d agir en regard du bien commun ou de l int r t public L thique imp ratif r flexif et analytique implique la fois une analyse externe comment les personnes agissent elles Pourquoi une situation est elle probl matique et une r flexivit interne comment mieux faire pour prendre en compte la singularit des situations L analyse thique des innovations des pratiques et des politiques scien tifiques et technologiques suppose donc une r flexion c
276. munication savante Guillaume Latzko Toth professeur au d partement d information et de communication Universit Laval 252 LISTE DES COLLABORATEURS Pascal Lemelin agent de recherche l Observatoire des sciences et des technologies Aziza Mahil doctorante au d partement d organisation et ressources humaines cole des sciences de la gestion Universit du Qu bec Montr al Mathieu Marion professeur au d partement de philosophie Universit du Qu bec Montr al Jean Pierre Marquis professeur au d partement de philosophie Universit de Montr al Annie Martin doctorante au d partement de math matiques et de g nie industriel cole Polytechnique de Montr al Ghislaine Mathieu doctorante en bio thique au d partement de m decine sociale et pr ventive Universit de Montr al Florence Millerand professeure au d partement de communication sociale et politique Universit du Qu bec Montr al St phane Moulin professeur au d partement de sociologie Universit de Montr al Jorge Niosi professeur au d partement de management et technologie cole des sciences de la gestion de l Universit du Qu bec Montr al titulaire de la Chaire de recherche du Canada en gestion de la technologie Ingrid Peignier vice pr sidente du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations Marie Jos e Potvin doctorante en bio thique au d partement de m de cine sociale et pr ven
277. n cette fin elles cr rent leurs propres laboratoires de R D tablirent des r seaux externes d changes technologiques et mirent en uvre des alliances de R D voir Alliances technologiques L effervescence des changements technologiques au cours du 20 si cle et les avantages comparatifs qu ils procuraient aux entre 114 GESTION DE LA TECHNOLOGIE prises et aux pays innovants ont attir l int r t de la recherche univer sitaire Joseph Schumpeter a plac l innovation au c ur de l conomie en l indentifiant comme le moteur de la croissance Selon Solomon Fabricant 1953 le changement technologique serait responsable de 90 de la croissance du produit int rieur brut par habitant des tats Unis pendant la p riode de 1871 1951 Plusieurs autres tudes empruntent alors ce filon de recherche la fin des ann es 1980 la gestion de la technologie se consolide autour d un champ d tude mul tidisciplinaire qui relie la science l ing nierie et la gestion pour soutenir la planification le d veloppement et la mise en uvre des comp tences technologiques afin d laborer et d accomplir les objectifs strat giques et op rationnels d une organisation La gestion de la technologie s est d abord int ress e la gestion de la R D en focalisant sur les sources les m canismes et les processus qui influencent le changement technologique Le champ d tude s est par la suite ramifi vers la gestion de l innovatio
278. n 4 p 741 766 Rogers E 1995 Diffusion models 4 dition New York Free Press Stoneman P 2002 The Economics of Technological Diffusion Oxford Blackwell Swann G M P 2002 There s more to the economics of consumption than almost unrestricted utility maximisation dans A McMeekin M Tomlinson et V Walsh dir Innovation by Demand An Interdisciplinary Approach to the Study of Demand and Its Role in Innovation Manchester University Press p 23 Technologie Pierre Doray Une premi re acception du concept de technologie est le discours sur la technique et plus tard sur la science des techniques Ce sens forg entre le 17 et le 19 si cle en faisait le champ de savoir et de connais sances relatif la gen se et l volution des techniques elles m mes 228 TECHNOLOGIE d finies comme des savoirs et des savoir faire sp cifiques propres aux moyens d exploitation des forces et des ressources naturelles dans le cadre de la production Cette science comporterait selon Perrin qui reprend cet gard le programme disciplinaire lanc par Johannes Beckmann 1739 1811 lors de la fondation de l Universit de G ttingen 1770 trois voies de recherche D abord elle cherche une explicitation des rapports entre sciences et techniques de production Ensuite elle doit rendre compte de la dynamique des changements techniques et des interactions entre la technique et la soci t Enfin e
279. n Michel 1991 Techno economic networks and irreversibility dans J Law dir A Sociology of Monsters Essays on Power Technology and Domination Londres Routledge and Kegan Paul p 132 64 Cambrosio Alberto et Peter Keating 2000 Of Lymphocytes and Pixels The Techno Visual Production of Cell Populations Studies in History and Philosophy of Science Part C 31 p 233 270 Cambrosio Alberto Peter Keating Thomas Schlich et George Weisz 2006 Regulatory objectivity and the generation and management of evidence in medicine Social Science Q Medicine 63 p 189 199 Daston Lorraine et Peter Galison 2007 Objectivity New York Zone Books Giere Ronald N 1996 Visual Models and Scientific Judgment dans Brian Baigrie dir Picturing Knowledge University of Toronto Press p 269 302 Lynch Michael 1985 Discipline and the Material Form of Images Social Studies of Science 15 p 37 66 Nadeau Robert 1999 Objectivit dans Dominique Lecourt dir Dictionnaire d his toire et philosophie des sciences Paris Presses universitaires de France p 698 706 Porter Theodore M 1995 Trust in Numbers The Pursuit of Objectivity in Science and Public Life Princeton University Press 162 OBJET FRONTI RE Objet fronti re Guillaume Latzko Toth et Florence Millerand Un objet fronti re est une entit qui sert d interface entre des mondes sociaux et des acteurs ayant des perspec
280. n etc voir valuation par les pairs Il faut souligner par contre que les cas de travaux scientifiques abondamment cit s de fa on n gative sont plut t rares et que cela t moigne encore malgr tout d un impact certain En cons quence les indicateurs de citations demeurent g n ralement consid r s comme des outils valables d va luation de la recherche Bornmann L et H D Daniel 2008 What do citation counts measure A review of studies on citing behavior Journal of Documentation vol 64 n 1 p 45 80 Brooks T A 1985 Private Acts and Public Objects An Investigation of Citer Motiva tions Journal of the American Society for Information Science vol 36 n 4 p 223 229 Garfield E 1955 Citation Indexes for Science A New Dimension in Documentation through Association of Ideas Science vol 122 n 3159 p 108 111 42 CLASSIFICATION Garfield E 1964 Science Citation Index A New Dimension in Indexing Science vol 144 n 3619 p 649 654 Garfield E 1990 How ISI Selects Journals for Coverage Quantitative and Qualitative Considerations Current Contents vol 22 p 5 12 Merton R K 1979 The Sociology of Science Theoretical and Empirical Investigations University of Chicago Press Moravcsik M J et P Murugesan 1975 Some Results on Function and Quality of Citations Social Studies of Science vol 5 n 1 p 86 92 White H D 2004
281. n la planification de la technologie et la gestion strat gique de la technologie Lors de cette volution les activit s de la gestion de la technologie traditionnelle ment ancr es dans un d partement de R D se greffent progressive ment aux autres fonctions organisationnelles comme la planification strat gique la production le marketing les finances et la gestion des ressources humaines voir Diffusion de la technologie et Cartographie conceptuelle Au d but des ann es 1990 Bengt Ake Lundvall et Christopher Freeman lancent le concept des syst mes nationaux d innovation Selon cette perspective le changement technologique d pendrait de la nature des interactions entre les entreprises les gouvernements les centres de recherche les universit s et les institutions d une soci t Ainsi la gestion de la technologie d passe les fronti res organisationnelles et devient la r sultante d un effort commun G rer la technologie dans le contexte d un syst me implique le d veloppement continu de la capacit d absorption d une organisation c est dire son aptitude apprendre adopter et exploiter les nouvelles connaissances qui se d veloppent in situ ou chez les autres acteurs du syst me voir Syst mes d innovation Au cours des deux derni res d cennies l identit disciplinaire de la gestion de la technologie se mat rialise par l apparition de nombreux programmes d tudes universitaires d associations prof
282. n rale Dans la philosophie de langue fran aise l pist mologie est selon la d finition de Godin la d iscipline philosophique traitant des condi tions de la nature de la m thode et des r sultats de la connaissance scientifique Lorsqu on veut d signer l tude philosophique de la connaissance commune ou de la connaissance en g n ral on dit plut t philosophie ou th orie de la connaissance ou encore plus rarement gnos ologie En anglais le terme epistemology r f re exclusivement la philosophie ou la th orie de la connaissance alors que l tude des sciences est plut t nomm e philosophy of science Cette diff rence de terminologie n est pas anodine car elle d pend implicitement de l interpr tation dominante que l on donne au terme epist m la racine grecque d pist mologie En France ce terme renvoie plut t la science tandis que dans le monde anglophone on l interpr te g n ralement comme renvoyant au savoir ou la connaissance L interpr tation fran aise sugg re que la connaissance scientifique pourrait tre de nature diff rente que celle associ e la vie ordinaire qui elle r f rerait gn sis en grec Une telle rupture fut d ailleurs d fendue bien avant Thomas Kuhn par entres autres Gaston Bachelard Les anglophones en ne distinguant pas syst matiquement la science de la connaissance en g n ral sugg rent une continuit entre connaissance ordinaire et connaissan
283. n consacr e en STS L expression qu on voit appara tre p riodiquement autant en philosophie qu en histoire et en communications voque intuitive ment l tude d un concept hors de son contexte original d mergence parfois compris comme borrowed knowledge Cet horizon g n ral refl te une nouvelle perspective pour l pist mologie des sciences voir pist mologie L id e de migration conceptuelle se veut une mani re de penser la navigation entre le Charybde d une approche pist mologique compl tement d sincarn e du contexte d introduction et d op ra tion des nonc s scientifiques et le Scylla d une approche qui voit le contexte comme tant le seul objet digne d tude et pour qui les th ories n auraient aucune valeur pist mique hors de ce contexte L approche f conde encourager en pist mologie est bien s r entre les deux voir Histoire des sciences 148 MIGRATION CONCEPTUELLE La philosophie des sciences de tradition anglo saxonne a beaucoup tudi la structure logique des th ories scientifiques puis le r le pis t mique des mod les utilis s en science Ces analyses se d ployaient la plupart du temps de mani re anhistorique dans la mesure o cette structure bien qu ayant un contexte de d couverte historiquement d termin offrait un contexte de justification logique qui devrait tre relativement imperm able l preuve du contexte sociologique et historique voir Th orie scie
284. n et de s lection Les images produites au cours de ce pro cessus le plus souvent des photographies repr sentent des objets sp ci fiques et se trouvent d lest es de toute pr tention l universalit Dans la premi re moiti du 20 si cle le scientifique expert fait son appari tion et impose son expertise comme mode privil gi d interpr tation des images m caniques et de leurs motifs Les objets de la connaissance qui cessent d tre con us comme des particuliers sans s lever tout fait leur ancien statut d universaux se regroupent en familles d objets apparent s la fin du 20 si cle la distinction fondamentale entre une repr sentation de l objet et une intervention sur lui tend devenir floue alors que s imposent des techniques de simulation et de production d images manipulables comme la nanotechnologie et la cytofluorom trie Cette nouvelle forme de la repr sentation objective s accompagne n cessairement d un type idoine du sujet connaissant cet hybride du scientifique ing nieur dont les productions sont la fois des artefacts et des outils voir Objet technique et Plateformes biom dicales sa mani re chacun de ces r gimes d objectivit a particip la r gulation des activit s scientifiques Suivant cet esprit Cambrosio et ses coll gues ont r cemment d fini un nouveau mode d objectivit qu ils nomment objectivit r gulatrice et qui insiste sur l aspect col lectif de la pr
285. n mouvement interne des pratiques de recherche qui rompant avec le sens commun avancent sur le plan historique en recti fiant constamment des erreurs persistantes voir Discipline Nomm en 1940 directeur de l Institut d histoire des sciences et des techniques de Paris fond en 1932 Bachelard contribuerait aussi l institutionnalisation de l histoire des sciences en tant que discipline acad mique George Canguilhem lui succ derait ce poste en 1955 faisant de l Institut lun des centres de l pist mologie historique les 121 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S plus r put s mondialement Aux tats Unis le personnage central du d ploiement de la nouvelle discipline serait l historien d origine belge George Sarton fondateur en 1919 de la revue Jsis qui demeure encore aujourd hui la publication phare du domaine premier profes seur d histoire des sciences l Universit Harvard et fondateur de son Department of the History of Science l une des plus importantes institutions du domaine Son d c s en 1956 devait laisser sans suite le vaste projet synth tique qu il avait caress et qui consistait en un survol historique mondial de toutes les disciplines scientifiques indiquant quel point le projet disciplinaire demeurait une coquille vide dans le monde anglo saxon de l apr s guerre Mais il s agissait d une situation que les travaux d un enseignant du d partement de Harvard durant les ann es 1950 de
286. n qui ait chang ses mod les ont subi des transformations importantes Ainsi avant la Deuxi me Guerre mondiale ainsi que dans l imm diat apr s guerre les entreprises multinationales b tissaient des centres de R D outremer pour transf rer la technologie qu elles avaient d velopp e pour leur march interne et l exploiter ailleurs voir Clivage tech nologique La v ritable R D tait cantonn e au centre notamment aux tats Unis au lieu du si ge social tandis que les unit s expa tri es jouaient un r le auxiliaire il s agissait d unit s de transfert de technologie avec quelques activit s de modification pour adapter la technologie au march local du pays r cepteur Les voitures produites en Am rique latine ou en Asie par des entreprises am ricaines ou euro p ennes par exemple taient rendues plus simples et moins co teuses Cependant comme une certaine convergence rapprochait l Europe occidentale le Canada le Japon et les tats Unis les EMN commen c rent internationaliser leurs activit s selon d autres mod les Certaines entreprises ont adopt un mod le d centralis o diverses filiales ex cutaient de la R D pour leurs propres lignes de produits D autres soci t s avaient des laboratoires centraux pour faire de la R D sur des lignes futures de produits et diverses unit s de d veloppe ment technologique dans diff rents march s outremer IBM et Nortel avaient adopt ces mod les De mani re s
287. nce et centres de science Cette mise en m diation g n ralis e joue sur diff rents registres Les mus es d art ont tendance dissimuler toute trace de m diation 183 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S bien qu ils en instaurent n anmoins une avec les programmes de visite les publications les brochures les conf rences etc Les mus es de sciences et techniques eux rendent cette m diation manifeste dans leurs dispositifs Les mus es de territoire d histoire d anthropologie et de soci t oscillent entre ces deux registres quoiqu avec un penchant marqu pour des dispositifs de m diation visibles Ces trois types de mus es renvoient donc trois conceptions de la culture et trois moda lit s de sa mise en exposition Ainsi le mus e d art cherche par le face face avec l uvre provoquer l exp rience individuelle de la trans cendance hors de tout discours et de toute r f rence sociale Le mus e de sciences et techniques entend plut t favoriser la rencontre avec le savoir vrai des sciences en l affranchissant des conditions sociales de son mergence la m diation s exhibe pour mieux marquer son carac t re transitoire Par contre les autres mus es li s au r f rent social mettent l accent sur ce qui est commun et partag Ces conceptions de la culture subsument la fois les mises en m diation et les mises en rapport des destinataires avec les savoirs et les repr sentations L a
288. ne bien ce travail de construction de grands syst mes techniques qui se r alise sur diff rents fronts Dans ce cadre le d veloppement technique n est pas exog ne aux rapports sociaux tant sur les plans culturel qu conomique En m me temps il y a ici reconnaissance de l impact des objets dans la vie sociale bien que le concept d impact ne soit plus tout fait le m me que celui qui pr vaut dans la posture d terministe En r sum la relation entre le monde technique et le monde social a fait l objet de nombreuses propositions permettant d en saisir mieux les articulations Les techniques ont une influence sur le social parce qu elles incorporent des designs organisationnels et des l ments cultu rels pr sents tout au cours de leur laboration leur appropriation conduit des recompositions institutionnelles puisque des acteurs sociaux modulent les technologies et les organisations Sans aller jusqu appr hender les objets et la nature travers une dialectique humains non humains au risque de les anthropomorphiser ces dif f rentes propositions ont montr qu elles permettaient d en saisir les apports et les contraintes la fois sur les relations entre acteurs et sur les structures institutionnelles et organisationnelles Als ne Eric 1990 Les impacts de la technologie sur l organisation Sociologie du travail vol XXX n 3 p 321 337 Braverman Harry 1976 Travail et capitalisme monopoliste Paris
289. niste la science conna t elle aussi une p riode faste dans les universit s les instituts pri v s de recherche et les laboratoires gouvernementaux et industriels De grands programmes de recherche pour conqu rir l espace ou vaincre le cancer jouxtent la mobilisation technoscientifique en contexte de Guerre froide pour situer la science au c ur d une administration publique et militaire en pleine expansion voir Politique des sciences et des technologies et Territoires et sciences Articul e avec force aux tats Unis sous l gide du conseiller scien tifique Vannevar Bush dans Science The Endless Frontier 1945 et institutionnalis e dans la National Science Foundation la politique de la recherche et la mise en forme du mod le lin aire qui fait de la recherche fondamentale la condition essentielle du d veloppement technologique t moignent de la pr pond rance de la science comme 89 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S source de pouvoir militaire et conomique dans la seconde moiti du 20 si cle Elle devient aussi un outil de pouvoir social avec la mon t e en puissance de l tat providence et l largissement des grandes corporations Les sp cialistes des sciences sociales sont alors appel s g n rer des connaissances pour trouver des solutions aux enjeux soci taux et manag riaux auxquels font face les gouvernements et les entreprises priv es Soulignons toutefois que comme dans le cas des sciences n
290. nnementaux de l exploitation des gaz de schiste voir Risques technologiques et Normes et standards Enfin elle peut surgir malgr l existence d un consensus scientifique comme la controverse aux tats Unis sur l enseignement de la th orie de l volution de Darwin Tout comme l tude de la d viance permet de mettre en vidence des r gles soci tales souvent implicites et surtout invisibles en temps normal de m me les controverses scientifiques rendent visibles la dynamique sociale des changes entre scientifiques et les r gles qu ils tiennent souvent pour acquises sans toutefois toujours les appliquer 64 CONTROVERSE Les controverses publiques constituent quant elles des occasions d observer les multiples filtres qui interviennent entre la production d un savoir dit scientifique et sa r ception dans l espace public c est dire en dehors du petit monde des savants sp cialistes de la question voir Professionnalisation de la science Elles montrent aussi que ce qui est pr sent comme scientifique par les uns est plut t per u comme politique ou id ologique par les autres voir Scientisme et poli tique Toutes ces controverses cr ent ainsi comme par inadvertance des fen tres d observation sur la science et ses acteurs et sur la fa on dont les m dias les repr sentent et les citoyens les comprennent voir Communication publique des sciences et des technologies Callon M P Lascoumes et Y
291. normative de l application des concepts aux objets et l absence de d monstrations convaincantes de l universalit des r gles d inf rence traditionnellement associ es la pens e rationnelle C est sur la base de ce constat que les sociologues partisans du Programme fort ont fait du relativisme la position m thodologique la plus appropri e pour l tude des discours scien tifiques dans la mesure o tout crit re de jugement objectif faisant d faut il faudrait chercher dans le contexte social dans lequel une th orie ou une hypoth se a t d velopp e et diffus e les causes de son 193 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S succ s ou de son chec c est dire de sa cr dibilit voir Th orie de l acteur r seau Cette approche qui a grandement contribu au d veloppement du mouvement STS a fait l objet de vives critiques par certains scienti fiques qui refusent de voir le discours scientifique r duit n tre qu un discours socialement d termin comme les autres Elle a aussi t critiqu e par des philosophes qui rejettent ses conclusions sceptiques quant l objectivit et la rationalit de la connaissance scientifique voir Objectivit et r gulation Barnes B et D Bloor 1982 Relativism Rationalism and the Sociology of Knowledge dans M Hollis et S Lukes dir Rationality and Relativism Cambridge MIT Press p 21 47 Barnes B D Bloor et J Henry 1996 Scienti
292. ns une p riode de transition les vieux classements et l chafaudage politique qui les solidifiait per daient de leur utilit pour repr senter le monde Le livre de Desrosi res et Th venot sur les cat gories socioprofes sionnelles pose bien les principes d une telle analyse des artefacts statis tiques qui r cuse le vieil objectivisme cher aux statisticiens d tat Il dit aussi l originalit du moment fran ais symbolis par l appartenance d un Desrosi res la fois au bureau statistique national l INSEE et au monde universitaire Il faudrait sans doute s interroger sur la v ritable originalit de ce mod le de collaboration voir Universit On peut faire toutefois l hypoth se qu une collaboration entre statisticiens et sp cia listes des sciences sociales est aujourd hui chose plus fr quente qu il y a quarante ans au Br sil par exemple un Nelson Senra occupe une posi tion analogue celle de Desrosi res en France Le livre de Desrosi res et Th venot nonce aussi certains des principes de la nouvelle histoire de la sociohistoire de la sociopolitique de la statistique les d coupages y lit on sont fabriqu s li s aux op rations de repr sentation d une soci t repr sentation statistique repr sentation politique repr sentation cognitive p 7 cela tant le regard port sur le travail de classement et de d finition des variables servant d crire le monde social ne vise pa
293. nt en t te des cat gories semblables pour valuer les individus ou les projets bon 97 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S mauvais original banal et bien qu ils adoptent habituellement les m mes crit res il est loin d tre certain qu ils interpr tent de la m me fa on ces crit res voir Paradigme et Discipline La d finition d un bon texte dun bon projet ou d un dossier solide peut varier d une g n ration une autre ou d une discipline une autre L tude de l valuation par les pairs permet donc d analyser ce que Pierre Bourdieu appelle les cat gories de l entendement professoral et de montrer que leurs modes d usage ou leurs interpr tations varient d une poque une autre d une institution une autre et d une discipline une autre selon le degr de comp titivit de chacune d entre elles Un tel syst me d valuation demeure doublement paradoxal Il y a d abord comme le rel ve Bourdieu le fait que les producteurs tendent n avoir pour clients que leurs concurrents ce qui est pour lui le point archim dien sur lequel on peut se fonder pour rendre raison scientifiquement de la raison scientifique 2001 p 108 Il y a ensuite le fait que si la foi en l valuation par les pairs rel ve en partie de l id ologie il reste qu il s agit d une id ologie productive puisque c est dans cette pratique et dans la fermeture sur soi de la science qui en r sulte qu
294. nt entra n une v ritable remise en cause du d veloppement scientifique Ce changement de sensibilit s est traduit par une mont e des pr occupations environ nementales et l inscription de celles ci dans l ordre du jour des centres de science Enfin ces attentes du public entrent en tension avec un dernier changement d sormais c est moins la science qui est mise en sc ne que ses retomb es voir Science et Invention et innovation C est l angle d approche adopt notamment par la Cit des Sciences et des Techniques de Paris en 1986 et depuis les ann es 1980 presque tous les centres de science se sont progressivement reconvertis cette vision Le Centre des sciences de Montr al va d ailleurs encore plus loin l inno vation seule occupe le devant de la sc ne La science n est donc voqu e qu l occasion comme r f rence lointaine Cassirer Ernst 1997 1932 La philosophie des Lumi res Paris Fayard p 41 48 passim Hein Hilde 1990 The Exploratorium The Museum as Laboratory Washington Smith sonian Institution Press La di Zaki 1999 La tyrannie de l urgence Qu bec Mus e de la civilisation MacLuhan M H Parker et J Barzun 1969 Exploration of the Ways Means and Values of Museum Communication with the Visiting Public New York Museum of the City of New York Mauri s Patrick 2002 Cabinets of Curiosities Londres Thames amp Hudson Papon Pierre 1989 Les logiques du f
295. nt toujours minoritaires en 2005 une proportion atteignant un maximum de 21 pour le domaine pharmaceutique voir Brevets et propri t intellectuelle 107 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Plusieurs raisons peuvent expliquer ces diff rences notamment l ge moyen plus lev des hommes associ un rang sup rieur dans la hi rarchie scientifique et donnant acc s davantage de ressources humaines ou physiques ainsi que les r seaux de collaboration moins tendus des femmes D autres facteurs sont l tat civil et la pr sence d enfants En effet le r le de m re et la division sociale du travail qui s ensuit s accompagnent d un plus grand fardeau que les activit s domestiques typiquement masculines Cette situation entra ne une disponibilit r duite des femmes pour le travail de recherche et les rend moins productives que leurs coll gues masculins De plus elles travaillent plus souvent dans des universit s moins grande intensit de recherche occupent des postes de rang inf rieur ceux des hommes et consacrent plus de temps l enseignement et l administration que les hommes au d triment de la recherche Finalement une hypoth se int ressante sugg re que les femmes se sp cialisent en g n ral moins que les hommes en choisissant de se pencher sur une plus grande vari t d objets de recherche au cours de leur carri re Les observations de Leahey appuient tout le moins cette hypoth se d
296. nte 40 CITATION Lorsqu Eugene Garfield et son quipe de l Institute for Scientific Information ISI cr ent le SCI au d but des ann es 1960 leur objectif consiste d velopper une nouvelle m thode d indexation des publica tions scientifiques mieux adapt e au besoin de l heure dans le domaine de la communication savante Face au rythme acc l r de la production scientifique de l apr s guerre il sagit alors d indexer un flot croissant de publications et pour ce faire de d passer deux limites importantes des m thodes classiques par sujets et mots cl s Ces derni res d une part requi rent beaucoup de temps de travail de biblioth caires sp cialis s qui doivent proc der l analyse du contenu cognitif de chacun des articles recens s D autre part puisqu elles supposent aussi l utilisation d un vocabulaire contr l issu des disciplines scientifiques elles tardent rendre compte du d veloppement des objets de recherche interdisci plinaires voir Classification et Interdisciplinarit Partant du principe que les r f rences bibliographiques sont en rapport direct avec le contenu de l article o elles apparaissent et qu elles expriment donc en quelque sorte des associations d id es Garfield et son quipe proposent de les ajouter de fa on syst matique aux informations des fiches bibliographiques standards auteur titre ann e etc des publications recens es dans le SCI Inspir e des index du d
297. ntexte socioculturel de production voir Controverse Depuis les ann es 1980 lorsqu elle n est pas d tourn e par le champ voisin de l histoire sociale et culturelle l histoire des sciences est aux prises l interne avec ses propres tendances rivales qui tant t se chevauchent tant t se contredisent Ainsi les tenants de la techno 122 HISTOIRE DES SCIENCES science rejettent toute distinction marqu e entre science et technolo gie pr f rant traiter les deux objets sur un continuum affectant par l de contourner la distinction entre science et soci t voir Technologie Au contraire les h ritiers du projet de l pist mologie historique consi d rent que c est dans la science exp rimentale elle m me et notam ment dans le creuset des syst mes exp rimentaux que la d marcation entre l objet technique et l objet pist mique ou scientifique surgit Entre ces deux tendances d autres travaux ont marqu un tournant pratique dans l histoire des sciences dont ceux sur les sciences exp rimentales Plus int ress e l analyse des outils et des routines de la science telle qu elle se fait que par l tude des r volutions scientifiques ou la succession des concepts cette derni re tendance permet de faire appara tre de nombreuses passerelles possibles entre science et soci t rest es jusqu alors insoup onn es Bachelard Gaston 1934 Le nouvel esprit scientifique Paris PUF Canguilhem Ge
298. ntifique Cette approche logiciste de T tude des sciences fut largement remise en question par les philo sophes eux m mes mais surtout par les autres approches en STS qui soulign rent l absurdit de divorcer le contexte de d couverte du reste du processus d exploration scientifique Cette critique l gitime mena toutefois d autres exc s l tude de la structure logique des th ories ainsi que l tude des d pendances conceptuelles entre divers mod les scientifiques furent n glig es par l pist mologie des sciences non philosophique Pr sumons de mani re provisoire que les th ories et mod les scien tifiques visent offrir une description du r el qui lorsqu accompagn e de corroboration empirique offre une caract risation du monde naturel ayant une certaine autorit pist mique voir Science Ceci ne veut pas dire que les autres modes d acquisition de connaissance sont sans valeur mais seulement qu il est plus ardu d offrir des justifications pis t miques pour l autorit de ces nonc s Si on accepte cette id e alors l tude de la structure conceptuelle des th ories et des mod les scienti fiques est essentielle pour comprendre la justification pist mique des nonc s Ceci offre une justification de base pour la n cessit de l tude des concepts invoqu s en science et constitue la pierre d assise du tra vail de plusieurs pist mologues et philosophes des sciences Toutefois ces concepts et
299. odifications conceptuelles n cessaires cette appropriation modifient la structure logique des th ories et des mod les d accueil L id e de migration conceptuelle permet donc d envisager en quoi la philosophie l histoire et la sociologie peuvent se rejoindre dans leurs 150 MOD LES SCIENTIFIQUES m thodes et int r ts Cette perspective permet de rendre compte du fait que les th ories mod les et concepts ont une structure logique propre dont l tude a une valeur pist mique intrins que et relativement ind pendante du contexte tout en reconnaissant que les translations et appropriations de concepts se font de mani re dynamique et ne peuvent pas tre tudi s de mani re purement logique Les milieux d acquisi tions de ces concepts surd terminent les choix conceptuels mais aussi les transformations apport es aux concepts Bref r fl chir en termes de migrations conceptuelles semble promettre un juste milieu aux tudes STS entre un r alisme na f qui r ifie l importance des th ories et mod les scientifiques et un relativisme absolu o la structure de ces concepts n a aucune valeur pist mique propre ind pendante des agents qui les manipulent Les concepts ont une certaine existence en science et c est aux pist mologues de les identifier et d tudier les conditions entre autres sociales et logiques de leurs migrations Gingras Yves 2013 Sociologie des sciences Paris PUF Godfrey Smith Pete
300. oduction des connaissances et l tablissement n cessaire de conventions balisant aussi bien la r gulation du travail de recherche que l interpr tation des donn es Le plus souvent explicite bien que 161 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S parfois tacite le processus par lequel ces conventions s tablissent implique des niveaux de r flexivit et de coordination jusqu alors incon nus et g n re donc des conventions qui d passant leur vocation r gu latrice premi re deviennent rapidement constitutives des objets de la connaissance eux m mes Dans ce r gime de l objectivit r gulatrice il s agit donc d tablir autre chose que de simples standards de mesure puisqu il est question de conventions qui rendent la fois possibles la mesure elle m me et les normes du jugement qu il sera possible de poser sur elle D sormais le porteur de l objectivit n est plus chercher dans l objet lui m me il ne l est d ailleurs m me plus dans son image il est construit par une convention du collectif qui le manipule et le maintient C est sans doute la pratique de l essai clinique qui en fournit l exemple le plus net dont les r sultats sont constitu s par des proto coles et des conventions qui pour tre tout fait d terminants dans la pratique m dicale d pendent pour leur signification de cette collecti vit qui les maintient et qu elle contribue unifier voir Construction sociale des technologies Callo
301. oir Syst me statistique national Il existe aussi des tudes portant sur l internationalisme statistique congr s internationaux institut international et sur les passeurs de mod les comme Quetelet ainsi que des tudes plus g n rales encore sur l avalanche des chiffres depuis le 19 si cle Le recensement exhaustif des tudes de sociopolitique de la statistique dans le monde est sans doute devenu impossible r aliser N anmoins au del des diff rences d appellation des divergences th oriques accepte t on ou non l influence latourienne et des sp cificit s des exp riences statistiques nationales un noyau commun de fa ons de penser et de faire s est cr Malgr leurs diff rences les travaux sont souvent marqu s par les principes de r flexivit de d construction ils font r f rence au moment Bielefeld et aux travaux de Daston de Porter et de Hacking pour le monde anglophone et ger manique Le mouvement de d construction qui s tait d abord tra duit par un examen des classements statistiques ou des pratiques de recensement s est ensuite tendu l ensemble du travail statistique il demeure un principe solide qui caract rise l ensemble du travail en sociopolitique de la statistique et qui renvoie minimalement un constructivisme m thodologique voir Classification D autres prin 218 STATISTISATION cipes caract risent cette sociopolitique comme la prise en compte des liens entre le
302. olvable la production qualitative fond e sur l innovation technologique l emporte sur la reproduction quantitative Allant au del de la notion de crois sance utilis e en sciences conomiques la notion de d veloppement int gre par ailleurs des dimensions sociales et culturelles D s lors la notion de d veloppement se mesure au rythme du renouvellement technologique Mat rialisation d une invention ou d une transformation qualitative la technologie nait de l innovation Cependant la technologie ne peut se d velopper si le processus de cr ation se limite des nonc s th oriques et pratiques qui pouvant aller jusqu aux prototypes ne se traduisent pas en produits marchands Par exemple dans les pays sous d velopp s des centres de recherche et m me des entreprises parviennent des inventions scientifiquement solides mais apr s cette tape voient le processus d innovation qui 69 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S implique des changements socio organisationnels se heurter des rigidit s politiques Les termes d veloppement et technologie sont donc indissociables de l innovation Des programmes de trans fert de technologie ont certes permis des pays acqu reurs d utiliser des technologies de pointe mais ces derniers restent d pendants des cr ateurs Michel de Certeau souligne la difficult d embrayer pour passer de l utilisation passive et individuelle l appropriation activ
303. omac Le passage d une conception fond e sur l id e d acidit celle de la pr sence d une bact rie pouvant survivre dans le milieu acide de l esto mac a ainsi chang compl tement notre compr hension de cet organe et modifi en cons quence les moyens de gu rison de ces ulc res Cette d couverte a d ailleurs valu un prix Nobel ses auteurs Enfin l id e kuhnienne selon laquelle il existe une incommensu rabilit litt ralement une absence de commune mesure entre les propositions issues de paradigmes diff rents successifs ou concurrents a t critiqu e par certains comme une invitation au relativisme radi cal Kuhn lui m me a vigoureusement rejet cette lecture et d fendu une compr hension pragmatique plut t qu id alis e de la recherche de la v rit rappelant que l tude des sciences sous un angle social n implique pas en soi la d fense d une position relativiste quelle qu elle soit voir Relativisme 170 PHILOSOPHIE DES SCIENCES Bird Alexander 2013 Thomas Kuhn The Stanford Encyclopedia of Philosophy Edward N Zalta dir http stanford io INXPSA Hacking lan 2012 19621 Introductory Essay dans Thomas S Kuhn The Structure of Scientific Revolutions University of Chicago Press p vii xxxvii Hoyningen Huene Paul Reconstructing Scientific Revolutions University of Chicago Press 1993 Kuhn Thomas S 1970 1962 The Structure of Scientific Revolutions
304. omaine juridique cette proc dure conf re au SCI sa valeur unique puisqu en reliant les fiches des articles citants qui font r f rence une publication ant rieure aux fiches des articles cit s utilis s comme r f rences dans une publication subs quente le SCI retrace en fait la toile du savoir en production De proche en proche il permet ainsi de remonter dans la litt rature scientifique aux origines d une d couverte ou d un concept ou encore de d couvrir en aval les utilisa tions subs quentes des id es scientifiques voir Paradigme et Migration conceptuelle Au del de cette fonction premi re d indexation et de recherche documentaire le SCI est aussi devenu assez rapidement un outil de mesure de la litt rature scientifique Gr ce l informatique des cen taines de millions de liens entre articles citants et articles cit s ont t tablis pour calculer par exemple le facteur d impact des revues scientifiques soit le nombre moyen de citations re ues par article publi voir Facteur d impact Utilis par l ISI pour identifier les revues les plus visibles et donc celles qu il convient de recenser en priorit le facteur 41 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S d impact constitue aussi un outil d aide la d cision dans la gestion des collections de revues des biblioth ques scientifiques Suivant la croissance des besoins en valuation de la recherche les comptes de citations sont aussi
305. ommaire Kuemmerle quali fie de strat gie d exploitation l tranger de la technologie propre celle qui a pr domin avant les ann es 1960 et qualifie de strat gie d apprentissage et d exploration technologiques la strat gie qui s est impos e depuis ce temps 136 INTERNATIONALISATION DE LA R D Les entreprises valuent les arguments pour et contre l internatio nalisation de leurs activit s de R D Les arguments pour la centralisa tion pr s du si ge social sont solides l indivisibilit de bien des activit s de R D milite en faveur des grands laboratoires centraux les liens avec les gouvernements du pays o si ge la maison m re sont g n ralement plus solides qu avec les pays h tes les risques de nationalisation et d imitation de la technologie sont plus lev s dans des pays trangers Par contre les facteurs favorables l expatriation des activit s de R D sont galement puissants les march s trangers en particulier ceux des pays mergents croissent plus rapidement que ceux des pays de l OCDE la scolarisation de la main d uvre y augmente aussi les grands bassins de travailleurs hautement qualifi s ne se trouvant plus uniquement dans les pays du Nord Les projets n cessitant de grandes contributions publiques comme le design de nouveaux avions sont risqu s et d passent souvent les capacit s de financement des pays les plus riches tandis que mettre contribution des pays comme la Ch
306. ompr hension du potentiel et des limites de la science 11 Alliances technologiques Jorge Niosi Il y a quelques ann es le mot coop ration ne figurait pas dans les dic tionnaires de sciences conomiques comme ceux de Pearce ou encore de Bannock et de ses collaborateurs La coop ration est pourtant omnipr sente dans l conomie Les employ s de chaque organisation coop rent r guli rement entre eux Les gouvernements de divers pays coop rent dans des organisations internationales comme l OCDE TONU PONUDI l UNESCO mais aussi dans des march s r gionaux comme l Union europ enne le MERCOSUR ou l ALENA M me dans la th orie conomique le concept de coop ration gagne du terrain avec les travaux d Elinor Ostrom une conomiste am ricaine qui a montr que les agents conomiques peuvent coop rer pour viter la destruction des biens publics et g rer collectivement ces biens Les entreprises priv es coop rent aussi entre elles Elles le font pour partager certaines ressources et certains quipements au sein de coop ratives agricoles par exemple pour conclure des accords commerciaux comme les alliances entre compagnies a riennes mais aussi pour cr er de nouvelles technologies ou pour en maximiser les rendements voir Invention et innovation et conomie de l innovation L conomie traditionnelle n oclassique affirme que la producti vit et l quilibre la main invisible de l conomie sont
307. on of Science from Non Science Strains and Interests in Professional Ideologies of Scientists American Sociological Review vol 48 n 6 p 781 795 Gieryn T F G M Bevins et S C Zehr 1985 Professionalization of American Scien tists Public Science in the Creation Evolution Trials American Sociological Review vol 50 n 3 p 392 409 Gingras Y 1991 L institutionnalisation de la recherche en milieu universitaire et ses effets Sociologie et soci t s vol 23 n 1 p 41 54 Kjaergaard P C 2002 Competing Allies Professionalisation ant the Hierarchy of Science in Victorian Britain Centaurus vol 44 p 248 288 Porter R 1978 Gentlemen and Geology The Emergence of a Scientific Career 1660 1920 The Historical Journal vol 21 n 4 p 809 836 182 PUBLIC ET PUBLICS DES MUS ES Waller J C 2001 Gentlemanly Men of Science Sir Francis Galton and the Profes sionalization of the British Life Sciences Journal of the History of Biology vol 34 n 1 p 83 114 Whittington K B 2011 Mothers of Invention Gender Motherhood and New Dimensions of Productivity in the Science Profession Work and Occupations vol 38 n 3 p 417 456 Public et publics des mus es Bernard Schiele Parmi les changements qui ont marqu l volution des tablissements culturels au cours des quarante derni res ann es la prise en compte syst matique des publics est certa
308. on par les pairs cette fois dans le cadre du financement tatique de la recherche voir Universit et Financement de la science L valuation par les pairs peer review au c ur des divers m ca nismes de reconnaissance scientifique et universitaire ne va pas de soi et risque toujours de comporter une part d arbitraire Il ne faut donc pas s tonner qu elle soit l objet de plusieurs tudes qui souvent bas es sur la dichotomie mertonnienne entre particularisme et universalisme soul vent la question de l quit il s agit alors de savoir si le processus est entach par des biais et si des caract ristiques particularistes comme l ge le sexe ou la renomm e d un chercheur influencent l va luation que les coll gues font de son travail voir Femmes et sciences Les avis divergent D un c t on reconna t qu il existe un effet cumulatif de la reconnaissance l effet Matthews et que selon l expression de Bourdieu le capital va ce qui a d j du capital voir Champ De l autre on d fend statistiques en main l id e que le processus d va luation n est pas entach par des biais comme le statut acad mique l affiliation institutionnelle le genre ou le domaine de recherche et que l valuation d un texte ou d un projet de recherche par des pairs repose sur sa qualit En r alit bien que les chercheurs parlent un langage commun en mati re d valuation des pairs c est dire qu ils aie
309. on particuli re son financement Afin de mesurer la performance d un pays dans le domaine de la ST l OCDE a ainsi d velopp des principaux indica teurs de la science et de la technologie publi s annuellement voir Statistisation Depuis longtemps le financement ou le manque de financement de la ST est consid r comme un probl me capital Le sous financement de la R D funding gap en anglais est pr sent tant dans les PME et dans les grandes entreprises Il s explique par diverses raisons dont le rende ment anticip relativement faible des inventions et le risque associ aux divers projets de R D La pr sence de capital de risque semble amoindrir le probl me mais elle demeure insuffisante particuli rement dans les pays o les march s des capitaux ne sont pas d velopp s ad quatement voir Clivage technologique 109 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Le financement d un projet d investissement notamment en R D est intimement li son co t en capital En th orie financi re il existe un d bat sur la structure optimale du capital c est dire sur sa com position en fonds propres et en fonds emprunt s connu sous le nom de th or me de Modigliani Miller Dans la version la plus r pandue du th or me une entreprise ne doit pas se pr occuper de sa structure de capital tant qu elle choisit un niveau d investissement optimal Le th or me avance aussi que le co t de financement doit tre le m me
310. on rendement L accent mis sur la relation de communication et donc sur les modalit s de m diation ne s appr hende d s lors dans la perspective d valuation destin e les soutenir que par une double d marche a une tentative de d crire l volution du comportement des visiteurs et b une transformation de la notion m me de visiteur Le Marec J 2002 Les mus e en devenir Une interrogation paradoxale dans B Schiele dir Patrimoines et Identit s Qu bec ditions MultiMondes Mus e de la civilisation p 15 39 Screven Chandler 1976 A Goal Referenced Approach Curator vol 19 n 4 p 271 290 United States House Committee on Education and Labor 1970 To Improve Learning A Report to the President of the United States by the Commission on Instructional Techno logy Washington U S Government Printing Office mars 185 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Quantification et mesure St phane Moulin et Jean Pierre Beaud Dans une optique classique la quantification et la mesure peuvent tre con ues comme deux moments importants de la d marche scientifique La quantification est une action qui conduit transformer des qualit s en quantit s Quantifier c est donc mettre en nombre un ph nom ne en adoptant un talon et en construisant un instrument par exemple l intensit d un courant lectrique est conventionnellement quantifi e en amp res avec un amp rem tre En ava
311. ons re ues en 2010 par tous les documents d une revue donn e publi s en 2008 et 2009 divis par Nombre d articles notes de recherche et articles de synth se parus dans la revue en 2008 et 2009 Le r sultat est r put repr senter la notori t des textes parus dans cette revue voir Citation et valuation par les pairs Malgr sa grande utilisation dans l valuation de la recherche le facteur d impact ainsi calcul n est pas exempt de probl mes Cinq limites lui sont g n ralement attribu es Premi rement il y a une asym trie entre ce qui est inclus au num rateur et ce qui est inclus au d nominateur ce qui influe principalement sur les revues haut taux de citations En effet alors que l on compte les citations re ues par l ensemble des types de documents publi s par la revue articles notes mais aussi ditoriaux lettres l ments de nouvelles etc on ne compte que les articles notes et articles de synth se au d nominateur Ainsi une revue qui publie beaucoup d ditoriaux et de lettres qui sont ensuite cit s augmente son facteur d impact par rapport une revue qui ne publie que des articles C est le cas des revues Nature et Science qui lorsque l on corrige cette asym trie voient leur facteur d impact passer en 2009 de 34 480 22 770 et de 29 747 20 902 respectivement Autrement dit chaque citation un document qui n est pas consid r au d nominateur est un bonus pour la revue Mieu
312. ons qui rendent n cessaire en retour de r viser les classifications Ce sont les experts qui jouent dans ce cadre d analyse le r le cl dans la mesure o ce sont eux qui produisent la connaissance travaillent au sein d institutions qui contribuent leur l gitimit et donnent des avis sur le contr le des gens qui sont classifi s voir tat pouvoir et science et Scientisme et politique L expertise statistique est fondamentale dans la mesure o le d nombrement la quantification et les corr lations contribuent pro duire les connaissances Ainsi dans le cas de la corpulence la quanti fication par l indice de masse corporelle IMC a permis de construire la cat gorie d ob se en d gageant des corr lations avec l apparition de maladies cardiovasculaires au del d un certain seuil d IMC Des institutions aussi diverses que l Organisation mondiale de la sant et les compagnies d assurance ont contribu asseoir la l gitimit et l autorit de la classification des ob ses Avec le d veloppement des statistiques et des technologies informa tiques des m thodes de classification automatique se sont d velopp es 45 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Leurs capacit s de traitement de volumes importants de donn es expliquent qu elles sont aujourd hui plus utilis es que les m thodes manuelles par exemple dans le s quen age de l ADN dans les syst mes d information ou dans l exploitation des grandes bases de
313. orges 1968 tudes d histoire et de philosophie des sciences Paris Vrin Fleck Ludwik 1981 1935 The Genesis and Development of a Scientific Fact University of Chicago Press Forman Paul 2007 The Primacy of Science in Modernity of Technology in Post modernity and of Ideology in the History of Technology History and Technology vol 23 p 1 152 Hacking lan 1983 Representing and Intervening Introductory Topics in the Philosophy of Natural Science Cambridge University Press uhn Thomas 1962 The Structure of Scientific Revolutions University of Chicago Press Latour Bruno 1989 La science en action Paris La D couverte Rheinberger Hans J rg 2010 On Historicizing Epsitemology Stanford University Press Sarton George 1927 1948 Introduction to the History of Science 3 vols Baltimore Williams amp Wilkins Zhmud L 2006 The Origin of the History of Science in Classical Antiquity trad A Cherno glazov Berlin De Gruyter 123 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Impacts conomiques de la science de la technologie et de la recherche Catherine Beaudry et Annie Martin Les termes impacts b n fices effets et r sultats sont souvent utilis s de fa on interchangeable Walter et ses collaborateurs classent ainsi des b n fices court moyen et long terme comme tant respecti vement des produits output des impacts et des r sultats outcomes D autres
314. ormation des id es et des institutions savantes d crit les cadres intellectuels et sociaux des propositions scientifiques identifie les ressorts du changement dans la pratique de la science la fois une histoire des id es et un rappel du poids des contextes elle fait voir autrement les trajectoires actuelles de la pens e et de l universit Elle dialogue avec des approches plus normatives en qu te de meilleures 10 PARLEZ VOUS STS r gles pist mologiques ou thiques pour penser la tension entre les normes id elles et l historicit des pratiques Une seconde veine de questions concerne la cr ation et le devenir de l objet technique Des approches vari es r v lent une technologie la fois produite diffus e et appropri e La recherche peut adopter une facture ethnographique et documenter le poids des interactions sociales dans ces processus Elle peut aussi se concentrer sur l influence d acteurs plus institu s comme l tat ou l entreprise priv e sur le dyna misme de l innovation D autres s attardent l impact des technologies sur la participation sociale identifiant les demandes croissantes pour une plus grande interaction entre producteurs et usagers qu il s agisse de firmes commerciales ou de communaut s d internautes On peut aussi se pr occuper des lieux pratiques de la diffusion du savoir comme l cole le mus e ou les m dias de masse Les sciences et les technologies enfin sont des
315. ott et Martin Trow 1994 The New Production of Knowledge The dynamics of Science and Research in Contemporary Societies Londres Sage Publications Goggin Malcolm L et William A Blanpied 1986 Governing Science and Technology in a Democracy Knoxville University of Tennessee Press 179 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Hiskes Anne L Deckard et Richard P Hiskes 1986 Science Technology and Policy Decisions Boulder CO Westview Press Jansen Dorothea 1995 Convergence of Basic and Applied Research Research Orien tations in Geman High Temperature Superconductor Research Science Technology and Human Values vol 20 n 2 p 197 233 Kay W D 1994 Democracy and Super Technologies The Politics of the Space Shuttle and the Space Station Freedom Science Technology and Human Values vol 19 n 2 p 47 69 Kraft Michael E et Norman J Vig dir 1988 Technology and politics Durham NC Duke University Press Malissard Pierrick Yves Gingras et Brigitte Gemme 2003 La commercialisation de la recherche Actes de la recherche en sciences sociales n 148 p 57 67 Salomon Jean Jacques Science guerre et paix Paris Economica 1989 Professionnalisation de la science Julien Prud homme La professionnalisation de la science est dabord une notion de sens commun Plusieurs historiens et sociologues des sciences m me parmi les plus exigeants l emploient d ailleurs cou
316. ou des hypoth ses ne pouvait s op rer en fonction d une suppos e plus grande capacit expliquer les faits valu e selon une mesure empirique plus ou moins complexe parce qu en passant d un paradigme un autre une r volution scientifique nous ferait litt ralement changer de monde aussi bien du point de vue ontologique les ph nom nes propres au kosmos aristot licien sont irr ductibles ceux caract ristiques du monde de la physique classique qu pist mologique la quantification math matique n est pas perti nente pour l explication des ph nom nes mat riels dans la physique aristot licienne alors qu elle est au c ur de l investigation scientifique chez Galil e ou Newton Il ny aurait donc plus de crit re factuel de r f rence ind pendant et objectif qui nous permettrait de d partager deux th ories concurrentes relevant de paradigmes diff rents et il faudrait se r soudre tenir th ories et hypoth ses pour relatives au paradigme dont elles d pendent ce dernier tant lui m me soustrait par principe toute valuation empirique objective voir Paradigme et Th orie scientifique D autre part une approche philosophique inspir e de Wittgenstein et nourrie de travaux sociologiques et anthropologiques a largi la perspective pr c dente en soulignant la fois l impr gnation th o rique des propositions qui semblent pourtant se r f rer le plus direc tement des tats de fait la dimension
317. our d signer la proactivit de chercheurs se mettre au diapason des demandes politiques et co nomiques ou encore pour amalgamer les chercheurs universitaires et industriels en une seule cat gorie d analyse voir Politique des sciences et des technologies Une partie du d fi r side dans la n cessit de distinguer la science en tant qu espace social g n rique distinct du profane et la science en tant que mosa que de disciplines Mais il est probable que le croise ment entre l tude des sciences et la sociologie des professions prenne d autres formes l avenir Aujourd hui la sociologie des professions se pr occupe beaucoup des usages sociopolitiques de l expertise en milieu de travail voir Scientisme et politique Dans ce contexte l analyse des changes pr cis entre professions de terrain et disciplines scienti fiques consid r es comme des entit s diff rentes se r v lera sans doute plus f conde que le recours de simples analogies de sens commun Abbott A 2005 Linked Ecologies States and Universities as Environments for Professions Sociological Theory vol 23 n 3 p 245 274 Beer J J et W D Lewis 1963 Aspects of the Professionalization of Science Daedalus vol 92 n 4 p 764 784 Freidson E 1986 Professionnal Powers A Study of the Institutionalization of Formal Knowledge University of Chicago Press Gieryn T F 1983 Boundary Work and the Demarcati
318. ouverte l Exposition de Paris en 1937 Fleuron de la mus ologie scientifique fran aise le Palais incarne le nec plus ultra de la modernit Comme tous les mus es et centres de science qui ont vu le jour depuis il se donne pour mission d initier la pens e scienti fique Pour ce faire il vise comme l indiquait Jean Perrin tel que le cite Roussel faire comprendre la part d terminante que la D couverte a prise dans la cr ation de la civilisation en r alisant des expositions vivantes o sont r p t es de fa on spectaculaire les d couvertes fondamentales qui ont largi notre intelligence assur notre emprise sur la mati re ou augment notre s curit physiologique Il est tout entier organis autour du savoir disciplinaire et des sciences fondamen tales voir Discipline Un nouveau d placement du centre de gravit se produit au tour nant des ann es 1970 Il correspond la mont e des technosciences et entra ne un bouleversement de l institution mus ale L arriv e des centres de science avec leur volont d ouvrir une fen tre sur le savoir faire technique et industriel caract rise cette reconfiguration Aux tats Unis et au Canada l ouverture de l Exploratorium de San Francisco et du Centre des sciences de l Ontario inaugur s l un et l autre en 1969 incarnent ce renversement de tendance Ils sont les premiers faire r solument de la communication avec leurs visiteurs leur objec
319. ow montre avec des donn es empiriques que la majeure partie du d ve loppement conomique vient non pas de l investissement en capital ou de l agrandissement du bassin de main d uvre comme on le pensait alors mais de l augmentation de la productivit attribuable la tech nologie voir conomie science et technologie et Externalit s de la R D Depuis une grande quantit de recherches ont confirm le r le central de la technologie dans le d veloppement En 1963 l OCDE tient une r u nion dans la ville de Frascati et d cide de rendre homog nes les mesures statistiques sur la R D Le Manuel de Frascati issu de cette rencontre en est sa sixi me dition parue en 2003 Gr ce lui les concepts de base ont t clarifi s et les pays membres de l OCDE ont commenc collecter des donn es homog nes sur leurs activit s de R D De plus les statistiques sur la R D ont t rendues compatibles avec celles du Syst me des comptes nationaux voir Syst me statistique national D finis dans ce cadre la recherche et le d veloppement exp rimental R D englobent les travaux de cr ation entrepris de fa on syst matique en vue d accro tre la somme des connaissances y compris la connaissance de l homme de la culture et de la soci t ainsi que luti lisation de cette somme de connaissances pour de nombreuses applica tions OCDE 2003 p 34 Cette d finition exclut donc l enseignement et la formation les servi
320. pitre parce qu il est incomp tent Une autre fa on de pr senter les choses serait de dire que si les interactions constantes entre les sciences et la soci t transforment cette derni re en se transformant la soci t infl chit sa relation avec 51 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S les sciences Du coup il faut r viser la conception courante du savoir et de l ignorance S ajoute cela la question de la parcellisation du savoir Car ce que l on croyait tre le r sidu d une science encore inachev e s est r v l la v ritable tendance du d veloppement scientifique on sait maintenant que les sciences composent un archipel bien plus que l le id ale dont on avait r v Ainsi les disciplines continuent elles de se scinder en sp cialit s de plus en plus autonomes les unes par rapport aux autres au fur et mesure que les connaissances progressent voir Discipline et Interdisciplinarit Il s ensuit comme l indique L vy Leblond que le niveau d ignorance concernant un domaine particulier est prati quement aussi lev dans la collectivit scientifique que parmi les profanes On n a donc pas affaire un large foss unique qui s parerait les scientifiques et les non scientifiques mais une multitude de hiatus particuliers s parant des sp cialistes Ainsi l utopie d une CPST vis e encyclop dique con ue pour combler le foss entre les chercheurs et les profanes est elle sans issue
321. ples et les pratiques taxinomiques restent confuses jusqu ce que le Su dois Carl von Linn propose en 1735 une classification scientifique des tres vivants Des entreprises clas sificatoires se sont multipli es par la suite dans tous les domaines scientifiques donnant naissance des taxinomies sp cialis es et des 43 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S nomenclatures internationales code international de nomenclature botanique syst me international de classification des maladies etc Si la classification rel ve de la d marche scientifique fond e sur des proc dures ou m thodes explicites elle rel ve aussi du discours normatif ou philosophique ce qui explique pourquoi la taxinomie est p riodiquement l objet de controverses dont l histoire des sciences permet de mieux comprendre les enjeux Ainsi en biologie les contro verses portent sur la question de l existence objective d esp ces ou sur l existence de discontinuit s dans la nature Dans bien des cas il ny a pas de d limitations tanches entre les cat gories comme le montre l exploration des fronti res entre les cat gories d activit socioprofes sionnelle ou entre personnes malades ou en bonne sant Les r visions des nomenclatures donnent souvent lieu des p riodes intenses de d bats qui t moignent de la multiplicit des approches taxinomiques Dans l ensemble des entreprises classificatoires les classifications des personnes ou de leur
322. ppel notent l importance de la modularit comme strat gie d organisation et de coordination pour r aliser de grands projets colla boratifs Diff rents modules peuvent tre labor s ind pendamment et en parall le et les parties composantes rassembl es ensuite Les innovations par les utilisateurs constituent une partie impor tante de l innovation ouverte et possiblement la partie la plus radicale En plus de recherches consid rables sur les ead users et sur les asy m tries d information et de pouvoir entre d veloppeurs et utilisateurs des tudes r centes sur la micro innovation ou sur l innovation incr mentale examinent comment les innovations g n r es par les utilisa teurs sont transform es en produits commerciaux Par exemple Hyssalo souligne l importance des utilisateurs pour valuer les prototypes pour 131 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S sensibiliser les concepteurs aux contextes d utilisation et de pratique et pour pr voir les tendances et imaginer de nouveaux produits voir Gestion de la technologie P nin et ses collaborateurs identifient deux autres modalit s d in novation ouverte appuy es davantage sur les strat gies d affaires que sur les relations avec les utilisateurs l acquisition d une nouvelle tech nologie par lachat de la compagnie qui l a d velopp e spin in ou la cession de la technologie pour assurer le d veloppement de nouveaux projets qui ne peuvent tre r alis
323. que La n ces sit d une interpr tation exog ne au mod le a sugg r l appellation d approche s mantique de l explication scientifique par contraste une approche syntaxique par exemple l approche d ductive nomologique de Hempel o la structure logique elle m me impose la structure du raisonnement scientifique Ainsi l approche s mantique d value la coh rence logique des nonc s en faveur de l ad quation d un mod le un ph nom ne jug l aune de notre interpr tation du mod le Par exemple les mod les math matiques de la g n tique des populations sont interpr t s par certains philosophes comme Mohan Matthen et Denis Walsh comme n attribuant pas explicitement un r le causal la s lection naturelle alors que d autres comme Roberta Millstein croient que les mod les sont incompr hensibles sans interpr tation causale voir Th ories scientifiques Ce d bat souligne l aspect instrumentaliste de l approche s mantique la justesse d un mod le d pend de notre interpr tation et de nos besoins et non de son insertion coh rente dans un r seau logique homog ne Cette approche particulariste de l explica tion comblait une grave lacune de l approche d ductive nomologique soit son incapacit rendre compte de l activit scientifique lorsque celle ci ne recherche pas de lois L approche s mantique se montre plus souple cet gard en raison de l int r t explicite pour l h t rog n it
324. que est en mesure d offrir des connaissances sur le r el de mani re justifi e Hempel a propos l une des th ories les plus influentes concernant la sp cificit de l explication scientifique Dans son approche d ductive nomologique nomos signifie loi en grec toute bonne explication scientifique devrait tre traduisible sous la forme d un syllogisme d ductif o la loi scientifique serait l nonc universel qui sous tend l argument meubl par les nonc s empiriques particuliers Ainsi seules les explications scientifiques fond es sur des lois universelles auraient un statut explicatif certain Ces lois devraient tre universelles capables de corroborer des contrefactuels ne pas tre tautologiques ce qui implique qu elles ont un contenu empirique et tre coh rentes avec nos autres th ories les mieux tablies En fait l existence de lois universelles garantirait la coh rence logique interne une th orie scientifique Cette coh rence ainsi que l aspect d ductif de l explication scientifique expliqueraient la sup rio rit pist mique de la science comme source de connaissance par rap port d autres types de connaissances qui ne peuvent se fonder sur des lois La recherche de lois est donc pass e du statut d id al r gulateur en science celui de n cessit pist mique pour le philosophe des sciences du moins jusqu la premi re moiti du 20 si cle Ce consensus large commen a s effriter
325. ques dans la recherche clinique en m me temps qu inversement ils encourageaient un investissement de la recherche biologique par des mod les heuristiques issus de la pathologie bact riologie virologie oncologie etc L intrication de la recherche biologique et de la clinique est devenue telle qu en 1980 aux tats Unis plus de 40 des doctorats en biologie taient d cern s par des facult s de m decine En ce sens l o Canguilhem avait vu se creuser un foss infranchissable entre pathologie et biologie les gestionnaires de la recherche ont plut t vu une possibilit de le combler Pour autant l histoire n a pas donn totalement tort Canguilhem puisque cette ascension de la biom decine dans l apr s guerre n a pas produit de r elle r duction de la pathologie la biologie se limitant fa onner une nouvelle forme de pratique m dicale Le terme de bio m decine d signait au d part l tude des impacts que des facteurs environnementaux pouvaient faire peser sur la sant humaine dont les radiations atomiques ou le stress impliqu par les voyages spatiaux mais il en est rapidement venu partir des ann es 1960 recouvrir aussi l ensemble de la recherche effectu e dans le champ m dical Moins une r duction d finitive d une pratique l autre qu un encerclement de l une par l autre la biom decine laisse entendre que la nouvelle langue du monde m dical sera la biologie sans que cela implique q
326. r tre prise en compte la nouveaut de l inno vation doit tre vidente sur le plan des caract ristiques objectives mesurables les modifications qui font appel des pr f rences subjec tives esth tiques ou autres ne se qualifient pas comme innovations L impact conomique d une innovation se mat rialise par la diffusion de l innovation voir Diffusion de la technologie 142 LOIS SCIENTIFIQUES Freeman C 1982 The Economics of Industrial Innovation Pinter Kline S J et N Rosenberg 1986 An Overview of Innovation dans R Landau et N Rosenberg dir The Positive Sum Strategy Harnessing Technology for Economic Growth National Academy Press Washington D C p 275 305 Lundquist G 2003 A rich vision of technology transfer technology value manage ment Journal of Technology Transfer vol 28 n 3 4 p 265 284 Markham S K S J Ward L Aiman Smith et A I Kingon 2010 The valley of death as context for role theory in product innovation Product Development Management Association vol 27 n 3 p 402 417 OCDE 2005 Manuel d Oslo Principes directeurs pour le recueil et l interpr tation des donn es sur l innovation 3 dition Rosenberg N 1994 Exploring the Black Box Technology Economics and History Cambridge University Press Schumpeter J 1939 Business Cycles A Theoretical Historical and Statistical Analysis of the Capitalist Process McGraw H
327. r 2003 Theory and Reality An Introduction to the Philosophy of Science University of Chicago Press Kellert Stephen H 2008 Borrowed Knowledge Chaos Theory and the Challenge of Learning Across Disciplines University of Chicago Press Mod les scientifiques Fr d ric Bouchard La philosophie des sciences a accord un r le pist mique primordial aux lois en sciences durant la premi re moiti du 20 si cle Cette priorit tait fond e sur une perspective logiciste de la d marche scientifique Ainsi les nonc s th oriques devaient tre formalisables comme nonc s logiques reli s de mani re d ductive des nonc s au contenu empirique Pour que le syllogisme d ductif soit possible pour une explication particuli re un de ces nonc s th oriques devait avoir la forme d une loi universelle L empirisme logique est le courant philosophique selon lequel cette n cessit de trouver des lois scienti fiques universelles est apparue comme une urgence pist mique il a 151 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S domin la philosophie des sciences pendant plusieurs d cennies voir Lois scientifiques Ce consensus pist mologique s est effrit au cours des ann es 1960 Apr s le pav lanc par Thomas Kuhn en 1962 la contingence de l entre prise scientifique est venue occuper le premier plan voir Paradigme et Histoire des sciences La description historique ou sociologique des communaut s scientif
328. r centes du syst me r glementaire de la science et de la technologie dans de nombreux pays industrialis s visent r duire les obstacles l innovation La modernisation signifie galement encourager la participation des parties prenantes et le cas ch ant permettre aux organismes priv s de s autor glementer ou de mettre au point des instances de vigilance financ es et g r es par l industrie elle m me voir Risques technologiques La r glementation volue aussi en fonction des d veloppements technologiques L volution r glementaire suit ainsi un processus de co volution o l innovation cr e de nouveaux besoins r glementaires Les promoteurs d un nouvel appareil par exemple laborent des normes de performance et d efficacit qui seront ensuite la base d une nouvelle r glementation voir Normes et standards Dans ce processus de construction sociale ce qui pourrait passer pour un processus pure ment technique ou scientifique est ainsi soumis l influence de divers acteurs comme les consommateurs les experts scientifiques et les groupes de pression voir Controverse et Th orie de l acteur r seau De mani re g n rale l volution de la r glementation dans les industries de technologie comme dans d autres industries est motiv e d une cer taine mani re par le progr s scientifique mais surtout par les objectifs de protection du consommateur de la libre concurrence dans le march et de la n cessi
329. r gionale L approche par les milieux Revue canadienne des sciences r gionales vol 15 p 155 197 Proulx S 2002 Trajectoire d usage des technologies de communication les formes d appropriation d une culture num rique comme enjeu d une soci t des savoirs Annales des t l communications vol 57 n 3 4 p 180 189 Scardigli V 1996 Innovation et changement social Sciences Humaines vol 59 p 20 23 243 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Schartz Y 1991 La dimension anthropologique de la technique et ses d fis dans Jacques Perrin dir Construire une science des techniques Limonest L Interdiscipli naire Technologie s p 87 109 Trist E et F Emery 1960 Sociotechnical Systems dans C W Churchman et M Verhurst dir Management Science Models and Techniques Londres Pergamon Press vol 2 p 83 97 Universit Lyse Roy La science entendue dans le sens g n ral de connaissance est au c ur de la mission originelle de l universit La conception m di vale du savoir excluait toutefois de sa mission explicite les activit s de produc tion de connaissance L universit m di vale avait essentiellement pour mission la diffusion de la culture savante Les connaissances transmises dans la facult des arts et les facult s sup rieures de m decine de droit et de th ologie taient donc fond es sur les crits canoniques des autorit s de l Antiquit ainsi que
330. r Responsible Business https bitly 1909Tko Pisano G 1990 The R amp D boundaries of the firm an empirical analysis Administra tive Science Quaterly vol 35 p 53 177 Ro essner J D 2002 Outcome Measurement in the USA State of the Art Research Evaluation vol 11 n 2 p 85 93 Salter A J et B R Martin 2001 The economic benefits of publicly funded basic research a critical review Research Policy vol 30 p 509 532 Walter A l S Helgenberger A Wiek et R W Scholz 2007 Measuring societal effects of transdisciplinary research projects Design and application of an evaluation method Evaluation and Program Planning vol 30 p 325 338 Infrastructure sociotechnique Florence Millerand Le terme infrastructure voque spontan ment les quipements routiers ferroviaires maritimes le syst me d lectricit ou le r seau hydraulique En science les infrastructures de recherche r f rent aux grands quipements scientifiques observatoires astronomiques syn chrotrons r seaux de surveillance de l environnement aux collections 126 INFRASTRUCTURE SOCIOTECHNIQUE mus es d histoire naturelle ou encore aux infrastructures informa tionnelles Internet et grandes bases de donn es Sur le plan th orique la notion d infrastructure sociotechnique a t propos e au milieu des ann es 1990 par Star et Ruhleder pour tudier l infrastructure d un point de
331. r des raisons d espace nous ne d crirons pas un autre mod le important soit le mod le s mantique des th ories voir Mod les scientifiques Le premier mod le est le mod le syntaxique des th ories Selon celui ci les th ories sont des syst mes axiomatiques d ductifs par tiellement interpr t s empiriquement Les th ories sont des structures linguistiques compos es d un vocabulaire logique et extra logique Le vocabulaire logique comprend des op rateurs de calcul des pr dicats de premier ordre et ou etc et des quantificateurs tous aucun Le voca bulaire extra logique comprend les pr dicats qui forment les termes descriptifs de la th orie Les pr dicats des th ories comprennent un vocabulaire observationnel Vo d crivant des entit s et leurs attributs et un vocabulaire th orique Vt qui pose des r gles de correspondance Ce sont ces r gles qui donnent le contenu empirique des th ories On dit le syst me partiellement interpr t empiriquement parce que la signification ultime des th ories se ram ne ce qu elle dit du monde m me si une th orie peut faire des pr dictions non encore r alis es et qui ne se r aliseront peut tre jamais d o le caract re partiel de l interpr tation empirique Dans le mod le syntaxique les th ories sont construites par un pro cessus de g n ralisation abstraction qui passe d une tape de descrip tion et de g n ralisation empiriques une volont de
332. r expliquer et stimu ler les performances conomiques et le bien tre social Ce sont les mod les de croissance endog ne d velopp s au cours des ann es 1980 qui ont cherch expliquer l origine de ce progr s tech nique voir conomie de l innovation et Alliances technologiques Ces mod les principalement d velopp s par Paul Romer Robert E Lucas et Robert Barro ont abandonn l hypoth se d un progr s technologique exog ne et reconnaissent que le changement technologique constitue un produit de l activit conomique et figure parmi les sources fonda mentales de la croissance Le progr s technologique d pend alors du comportement des initiatives et du d veloppement des comp tences 83 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S des agents conomiques voir Gestion de la technologie et Diffusion de la technologie Ces mod les supposent que la production globale d une conomie ne repose pas uniquement sur la somme des facteurs de production mais aussi sur l ensemble des r sultats issus des travaux de recherche et de d veloppement priv s et publics voir Universit et Financement de la science et techonologie Laccumulation de connais sances et de capital humain favorise l innovation et se manifeste sous la forme de nouveaux biens et services qui contribuent am liorer la productivit ou le bien tre des agents De plus les agents acc dent aux retomb es des d couvertes scientifiques et technologique
333. r rapport des groupes d acteurs imm diatement mobilis s dans la construction de l objet Plus r cemment Humphreys a propos de distinguer quatre cat gories de groupes significatifs en fonction de leur contribution au processus de conception des objets les producteurs les promoteurs les usagers et les spectateurs Quant l apport des diff rents groupes sociaux significatifs plusieurs commentateurs dont Winner et Russell ont not qu il ne suffit pas d examiner leurs repr sen tations et la signification qu ils accordent l objet en construction mais qu il faut aussi prendre en compte leur capacit d agir et d influencer le processus de cr ation L encore on est ipso facto renvoy au position nement politique et conomique des diff rents groupes sociaux dans la soci t en g n ral En ce qui concerne les m canismes de cl ture et de stabilisation plusieurs critiques soulignent que les fermetures ou les cl tures ne sont pas irr versibles comme l a soutenu Bijker mais temporaires car un groupe social significatif peut remettre l ordre du jour un probl me et ainsi ouvrir la controverse sur le design d un objet Une 59 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S critique analogue a vis le concept de stabilisation Rosen a notamment soulign la flexibilit structurelle associ e l conomie capitaliste ce qui a conduit Bijker introduire le concept de degr de stabilisation et Humphreys celu
334. r une appellation unique Si l expression histoire de la statistique est celle qui rallierait le plus d acteurs du champ elle a le d faut ou l avantage c est selon d tre tr s g n rale et surtout th oriquement peu pr cise Si l histoire de la statistique est presque aussi ancienne que la statistique ce n est que r cemment qu elle a pris un virage plus externaliste tentant d int grer les acquis de l histoire internaliste tout en s appuyant sur une posture constructiviste ou r flexive et critique Malgr des diff rences r elles entre les approches de chacun certains tant plus internalistes ou plus externalistes plus r alistes ou plus relativistes il reste qu un certain consensus caract rise le champ voir Histoire des sciences et Champ La sociologie la sociohistoire la sociopolitique de la statistique ou des statistiques ne sont pas des appellations totalement synonymes la premi re pose un rapport direct avec la sociologie alors que les deux suivantes le m tinent d un lien avec l histoire et le politique et chacune peut mettre l accent soit sur la discipline la statistique comme savoir la fois th orique et pratique organisant la mise en chiffres du monde soit sur la pratique les statistiques comme production de chiffres sur le monde Toutes partagent toutefois sensiblement les m mes principes Lun est une double rupture rupture avec une conception internaliste qui liait le d veloppement de la st
335. ramment sans juger bon de l expliciter Souvent cette formule r f re en gros au mouvement historique qui a favoris l autonomisation des sciences modernes Cette histoire raconte une double trajectoire D une part la science se nor malise s unifie autour de langages math matiques ou autres qui favorisent le partage des probl mes dans des communaut s plus coh rentes mieux d finies voir Paradigme D autre part la science s insti tue en pousant la forme de l universit de recherche dont l Allemagne donne le mod le au 19 si cle voir Universit Tout cela facilite la repro duction d un corps de vrais savants de scientifiques de formation et de m tier devenus bien distincts de l amateur du curieux du profane Dans ce r cit qui s tend disons de 1780 1920 la professionnalisation de la science d signe la diff renciation d un groupe social g n rique celui des scientifiques par rapport au monde profane Dans d autres cas cependant sous d autres plumes et parfois les m mes l expression prend un sens diff rent Ces plumes racontent plut t la professionnalisation d une science en particulier qui se distingue des autres Sous cette rubrique on raconte alors l mergence 180 PROFESSIONNALISATION DE LA SCIENCE de nouveaux secteurs du savoir dans l universit en g n ral l apparition de la sociologie dans les universit s d un pays donn la diffusion de la chimie exp
336. rche en milieu universitaire et ses effets Sociologie et soci t s vol 23 n 1 p 41 Godin Benoit et Yves Gingras 2000 The place of universities in the system of knowledge production Research Policy vol 29 n 2 p 273 278 Goldstein Doris S 1983 The Professionalization of History in Britain in the Late Nineteenth and Early Twentieth Centuries Storia della Storiografia vol 3 p 326 Guntau Martin et Hubert Laitko 1991 On the Origin and Nature of Scientific Dis ciplines dans William R Woodward et Robert S Cohen dir World Views and Scientific Discipline Formation coll Boston Studies in the Philosophy of Science 134 Pays Bas Springer p 17 28 Hessels Laurens K et Harro van Lente 2008 Re thinking new knowledge production A literature review and a research agenda Research Policy vol 37 n 4 p 740 760 77 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Knorr Cetina K 1999 Epistemic Cultures How the Sciences Make Knowledge Cambridge MA Harvard University Press Leclerc Michel 1989 La notion de discipline scientifique Politique n 15 p 23 Lenoir Timothy 1997 Instituting Science The Cultural Production of Scientific Disciplines Stanford University Press Whitley Richard 2000 The Intellectual and Social Organization of the Sciences 2 dition Oxford University Press conomie de l innovation innovation croissance et productivit
337. re autrement dit de poser des questions comme sur quoi repose le travail de telle per sonne Qui et qu est ce qui le rend possible Une infrastructure merge in situ pour des individus et des groupes en relation des activit s et des structures voir tudes de cas en STS Comprendre comment merge une infrastructure c est mettre au jour un processus d infrastructuring Hughes 1983 c est dire un processus complexe de conception et de d veloppement actif et continu qui s oppose la vision d une infrastructure inerte et d j l Concr tement il s agit de prendre en compte l ensemble des mat rialit s des activit s et des personnes associ es son d veloppement standards techniques d veloppeurs participation d usagers au d ve loppement d une bio banque L adoption de cette perspective permet 127 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S de mettre au jour la diversit des ressources mat rielles ainsi que le travail d acteurs souvent invisibles ou peu consid r s dans des envi ronnements sociotechniques complexes travail technique dans les laboratoires de recherche travail infirmier dans les tablissements de sant Les travaux sur les infrastructures ont souvent insist sur la dimension d invisibilit de certaines activit s en mettant l accent sur la m thode ethnographique pour observer les moments de panne ou de rupture lorsque le r seau est en panne il devient tout coup tr s vis
338. re du Canada pour leurs activit s d dition et remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Soci t de d ve loppement des entreprises culturelles du Qu bec SODEC IMPRIM AU CANADA Remerciements Derri re chaque projet collectif se cache une histoire de collaborations et de curiosit s partag es Le pr sent ouvrage est le fruit d un travail de longue haleine qui a mis profit les r seaux de collaboration inter disciplinaire propres au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie CIRST Le CIRST rassemble une quarantaine de chercheurs provenant d une dizaine d institutions et d autant de disciplines des sciences humaines et sociales Parmi plusieurs parte naires pr cieux soulignons en particulier l UQAM et l Universit de Montr al ainsi que le Fonds de recherche du Qu bec Soci t et culture Le soutien de nos partenaires nous permet d apporter une contribution concr te la recherche fondamentale en sciences humaines et sociales recherche qui s av re un guide essentiel pour comprendre et g rer les transformations de nos soci t s L id ation du volume et la r vision des textes ont largement profit de l apport d un comit scientifique compos de Jean Pierre Beaud Yves Gingras Serge Proulx et Majlinda Zhegu dont le travail remarquable a constitu la pierre d assise du projet Martine Foisy coordonnatrice au CIRST a aussi jou un r le essentiel dan
339. rectement au but certaines propri t s de la source ou encore que la comparaison est laiss e impli cite ce qui donne le m me r sultat Un exemple classique de m taphore litt raire est l homme est un loup Les philosophes ont r introduit les analogies et les m taphores dans leur analyse du discours scientifique en affirmant que les mod les scientifiques taient des m taphores nous dirions aujourd hui que certains mod les sont analogiques et qu il existe d autres types de mod les scientifiques Max Black et Mary Hesse ont t dans les ann es 1960 les instigateurs de cette approche Ainsi Hesse a sugg r une classification des analogies pertinentes en sciences Les analogies les plus simples et superficielles sont celles o les syst mes X et Y poss dent des propri t s communes ainsi on pourrait affirmer que les requins sont analogues aux baleines puisqu ils vivent dans la mer ont des nageoires etc On peut galement exploiter des relations entre des parties de la source et du but pour tablir l analogie Ainsi en m decine on a longtemps affirm que la constitution du corps humain tait analogue la constitution de l Univers et que comme ce dernier comporte quatre l ments fondamentaux eau terre air et feu le corps humain devait comprendre lui quatre l ments fondamentaux 19 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S phlegme bile noire sang et bile jaune Selon Hesse ces analogies sont
340. rent la science pour cerner les probl mes et trouver des pistes de solution En d finissant concurrem ment les conduites des tats des entreprises et des populations ces institutions et leurs scientifiques reprennent une nouvelle chelle un travail de mise en ordre orchestr par les savants de l Empire d s le 16 si cle voir Scientisme et politique 90 THIQUE ET D ONTOLOGIE Anderson Warwick 2006 Colonial Pathologies American Tropical Medicine Race and Hygiene in the Philippines Durham Duke University Press Bret Patrice 2002 L tat l arm e la science L invention de la recherche publique en France 1763 1830 Presses universitaires de Rennes coll Carnot Desrosi res Alain 2000 La politique des grands nombres Paris La D couverte Foucault Michel 2004 S curit territoire population Cours au Coll ge de France Paris Gallimard Seuil coll Hautes tudes Gillespie C C 1980 Science and Polity in France at the end of the Old Regime Princeton University Press Mukerji Chandra 1989 Fragile Power Scientists and the State Princeton University Press Pestre Dominique 2003 Science argent et politique Paris INRA ditions Salomon Jean Jacques 1970 Science et politique Paris Seuil Scott James C 1998 Seeing like a State How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed New Haven Yale University Press Toulmin Stephen 19
341. rique des publications en SSH en provenance des pays n ayant pas l anglais comme langue principale de communication Archambault D Campbell Y Gingras et V Larivi re 2009 Comparing Bibliometric Statistics Obtained from the Web of Science and Scopus Journal of the American Society for Information Science and Technology vol 60 n 7 p 1320 1326 Gingras Y 2002 Les formes sp cifiques de l internationalit du champ scientifique Actes de la recherche en sciences sociales n 141 142 p 31 45 Gingras Y V Larivi re B Macaluso et J P Robitaille 2008 The Effects of Aging on Researchers Publication and Citation Patterns PLoS ONE vol 3 n 12 28 BREVETS ET D VELOPPEMENT DE LA PROPRI T INTELLECTUELLE Hicks D 2004 The Four Literatures of Social Science dans H F Moed W Gl nzel et U Schmoch dir Handbook of Quantitative Science and Technology Research Dordrecht Kluwer Academic p 476 496 Larivi re V Archambault Y Gingras et Vignola Gagn 2006 The Place of Serials in Referencing Practices Comparing Natural Sciences and Engineering with Social Sciences and Humanities Journal of the American Society for Information Science and Technology vol 57 n 8 p 997 1004 Larivi re V Vignola Gagn C Villeneuve P G linas et Y Gingras 2010 Finance ment productivit et impact scientifique des chercheurs qu b cois selon
342. riquement si elles respectent certains crit res de nouveaut par fois tablis diff remment selon les juridictions les inventions peuvent alors tre brevet es et ainsi les droits de propri t de ses inventeurs s en trouvent l galement prot g s voir Brevets et propri t intellectuelle En contraste avec l invention qui consiste en la cr ation et d mons tration d un concept ou d une id e de produit ou de proc d nouveau ou am lior r alisable et d utilit pratique l innovation est l introduction d un nouveau produit proc d ou syst me dans les activit s commer ciales ou sociales habituelles d une entreprise Pour qu une invention devienne une innovation une preuve de concept proof of concept ou d monstration de faisabilit est n ces saire En effet l invention doit satisfaire de nombreux crit res techno logiques conomiques et commerciaux l gaux permettant ainsi de 141 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S r aliser une valeur conomique de commercialisation Il est g n rale ment accept qu une tr s faible proportion des inventions donnera lieu des innovations voir Gestion de la technologie Nous devons Schumpeter l analyse de l innovation comme source du d veloppement conomique voir conomie science et technologie Dans sa conception le capitalisme peut seulement tre compris comme un processus continu d innovation et de destruction cr ative Les innovations
343. ritique qui s amorce dans une description de la situation quoi et qui volue ensuite vers le d veloppement d arguments prescriptifs en faveur de ce qui doit tre et du comment bien faire dans des situations sp cifiques Cette dimension prescriptive ou normative s enracine dans une argu mentation rationnelle inspir e par des th ories principes ou valeurs partag s ou non l thique est in vitablement un lieu de dialogue et de d bat voir Controverse et Scientisme et politique L thique des sciences et technologies s int resse des questions particuli res soulev es par l innovation elle m me par sa nature et par le contexte dans laquelle elle s inscrit Ces objets de r flexion peuvent inclure des risques pour les utilisateurs et la soci t la gestion de l incertitude scientifique l analyse l gard des co ts sociaux cono miques pour les utilisateurs et la soci t la distribution in quitable 92 THIQUE ET D ONTOLOGIE des b n fices du d veloppement technologique L thique suppose aussi une r flexion sur le r seau des acteurs impliqu s et plus sp cifique ment une analyse des valeurs des int r ts des obligations et des res ponsabilit s que ces acteurs contestent ou tentent d imposer travers l innovation Il est donc n cessaire de cerner et d analyser en tenant compte de la sp cificit des contextes les questions et d fis propres au processus d innovation voir Gestion de la te
344. rofesseur au D partement de sociologie l Universit du Qu bec Montr al Fr d ric Bouchard est directeur du CIRST et le premier titulaire de la chaire SOPE de philosophie l Universit de Montr al Cet ouvrage est aussi le fruit d un comit scientifique compos de Jean Pierre Beaud Yves Gingras Serge Proulx et Majlinda Zhegu ISBN 978 2 7606 3495 4 Couverture Le grand collisionneur de hadrons CERN WWW 9 782760 634954 pum umontreal ca
345. rriv e du visiteur dans le champ mus al n a t ni fortuite ni soudaine voir Communication publique des sciences Trois groupes de facteurs convergeant au tournant des ann es 1970 rendent visible la place grandissante du visiteur dans les repr sentations et les pratiques du mus e Le premier facteur est li au d veloppement des industries culturelles Celles ci se nourrissent de la mont e en puissance de la communication dont le poids sur les appareils culturels est ressenti d s la fin des ann es 1960 Cette pression s exerce de deux fa ons par un questionnement au sujet du soutien de l tat aux appareils culturels et par l imposition de crit res de performance calqu s sur ceux du secteur priv La recherche de la satisfaction du visiteur devient dans cette logique une composante cl des formes de m diation recherch es par le mus e Au premier plan de celles ci l interactivit qui s impose comme mode de m diation et moyen d optimiser la communication elle aussi partir des ann es 1970 Elle d rive d un mouvement de r forme de l du cation n aux tats Unis Un rapport paru en 1970 To Improve Learning donne le ton la technologie ducationnelle gr ce l audiovisuel bien utilis int gr l enseignement et soutenu par la recherche augmen tera l efficacit de l cole Bien que l audiovisuel ne tiendra pas ses 184 PUBLIC ET PUBLICS DES MUS ES promesses l esprit qui animait le progra
346. rs types de documents seuls les articles les notes de recherche et les articles de synth se sont g n ralement utilis s dans les tudes biblio m triques parce qu ils repr sentent les principaux canaux de diffusion des connaissances nouvelles voir valuation par les pairs Ces bases de donn es indexent les adresses de chacun des auteurs des publications ce qui permet la r gionalisation de la production scientifique et la compilation de taux de collaboration nationale et internationale voir Internationalisation de la R D Plusieurs types d indicateurs peuvent tre compil s avec les m tho des bibliom triques tels des indicateurs relatifs la fa on dont les recherches sont conduites collaboration volution des th matiques de recherche ainsi que des indicateurs d impact scientifique bas s sur les citations re ues par les articles On consid re ainsi que les articles les plus cit s ont davantage d impact scientifique que ceux qui le sont 27 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S moins voir Citation et Facteur d impact En outre lorsque jumel es des donn es sociod mographiques ge sexe statut professionnel etc ou conomiques les donn es bibliom triques permettent l analyse des d terminants de l activit de recherche voir Femmes et sciences En raison de la couverture diff rentielle de ces bases de donn es aucune n indexe l ensemble de la litt rature publi e la fiabilit de
347. rs contemporains par del des postures pist mologiques divergentes ne sont plus les acteurs mis en sc ne par la premi re 247 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S sociologie des usages les usagers sont d sormais consid r s en tant qu agents et les observateurs d crivent les activit s de ces agents en situation plut t que les usages d utilisateurs consid r s uniquement dans leurs interactions en face face avec les dispositifs voir Th orie de l acteur r seau et Mod les scientifiques Du point de vue des transformations des figures de l usager les observateurs li s ces courants d finissent un usager consid r comme agissant dans la situation dans laquelle le dispositif technique inter vient un degr plus ou moins important ce dispositif n tant plus consid r comme central ni dans la description ni dans l explication sociologique de la situation L usager est investi de comp tences sp cifiques non seulement il poss de une ma trise relative du disposi tif technique mais surtout il agit de mani re la fois autonome et contrainte compte tenu des dispositions et comp tences acquises dans le contexte organisationnel de la situation L usager est par cons quent consid r comme un acteur en situation qui poss de des habilet s sp cifiques et partage des pratiques de travail avec ses coll gues Une autre diff rence tient la notion de contexte Dans le cadre des sociolo
348. rs sont perceptibles sur les plans de l autonomie acad mique de la qualit de la recherche fondamentale et de la formation des tudiants Charle Christophe et Jacques Verger 1994 Histoire des universit s Paris Presses Universitaires de France coll Que sais je Etzkowitz H et al 2000 The Future of the University and the University of the Future Evolution of Ivory Tower to Entrepreneurial Paradigm Research Policy vol 29 n 2 p 313 330 Malissard Pierrick Yves Gingras et Brigitte Gemme 2003 La commercialisation de la recherche Actes de la recherche en sciences sociales n 148 p 57 67 246 USAGER FIGURES DE L USAGER Slaughter S et L L Leslie 1997 Academic Capitalism Politics Policies and the Entrepre neurial University Baltimore Johns Hopkins University Press Tuunaien Juha 2005 Hybrid Practices Contributions to the Debate on the Mutation of Science and University Higher Education vol 50 n 2 p 275 298 Usager figures de l usager Serge Proulx et Lorna Heaton Dans les ann es 1990 les mod les th oriques d ploy s pour d crire l ac tivit des usagers de dispositifs sociotechniques ont paru insuffisants bon nombre de chercheurs voir D terminisme technologique Les approches dominantes centr es sur l interaction entre les usages du dispositif et les pratiques ou repr sentations des usagers ont alors laiss place des approches moins
349. rt parce qu elle risque de favoriser des projets ou des recherches dont les cons quences ou applications seront les plus importantes et de n gliger les pistes d investigation plus long terme ou celles qui n auraient pas de traductions pratiques voir conomie de l innovation et Politique de la science et de la technologie Autrement dit parce que la recherche scientifique ne se r duit pas la qu te d applications pure fin pragmatique en la focalisant sur l utile on risque juste ment de compromettre la f condit m me de la contribution sociale de la science Bref parce que la politique scientifique appelle aussi une organisation politique de l activit scientifique selon le mot de Kitcher s impose la n cessit de concilier contr le d mocratique de la science et autonomie intellectuelle de la recherche dans le cadre d un processus de d cision rationnel et critique Banerjee A V et E Duflo 2012 Repenser la pauvret Paris Seuil Comte A 1975 1830 1842 Philosophie premi re Cours de philosophie positive le ons 1 45 Paris Hermann 211 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Gross M 2010 Ignorance and Surprise Science Society and Ecological Design Cambridge MIT Press Kitcher P 2010 Science v rit et d mocratie Paris PUF Lippmann W 2008 1925 Le public fant me Paris D mopolis Mayo E 1933 The Human Problems of an Industrial Civilization Ne
350. rtographique s emploie tout aussi bien remplir cette mission En outre la carte a une fonction minemment nationaliste en ce qu elle vise donner une unit et une coh rence un territoire dont elle souhaite diffuser la repr sentation cartographique aupr s de populations autrement dispers es dans une s rie d espaces discrets Fond e sur des travaux en anthropologie politique et culturelle l tude 233 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S de la production scientifique des cartes nationales et nationalistes per met de consid rer les modalit s de constitution du territoire de l tat nation par les sciences mobilis es pour en d limiter les contours voir tat pouvoir et science cet effet la production de l tat nation par l activit scientifique d passe la seule cartographie et inclut galement les statistiques et les travaux d inventaire qui fournissent une descrip tion du territoire et lui assignent des fonctions productives en rapport avec les ressources humaines et naturelles recens es Anderson Benedict 1991 Imagined Communities Reflections on the Origin and Spread of Nationalism New York Verso Edney Matthew H 1997 Mapping an Empire The Geographical Construction of British India 1765 1843 University of Chicago Press Hannah Matthew 2000 Governmentality and the Mastery of Territory in Nineteenth century America Cambridge University Press Hannaway Owen 1986 Labor
351. s en d noncer les r sultats mais plut t les replacer dans un ensemble plus vaste de fa ons de conna tre p 110 217 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S L tude des classifications statistiques s inscrit dans le cas fran ais au moins dans le cadre d une tradition assez ancienne remontant aux travaux de Durkheim et Mauss Elle rejoint une pr occupation parfois bien tablie pour l tude des recensements pr sente chez les historiens comme chez les d mographes voir Objet fronti re L analyse nouvelle des outils statistiques incorpore toutefois un nouveau corpus th orique et empirique issu des recherches d un Foucault ou d un Bourdieu De fait aujourd hui l unit relative du champ de la sociopolitique de la sta tistique peut tre attest e par le recours aux m mes sources Du Br sil l Espagne en passant par un bon nombre de pays les bibliographies se ressemblent passablement du moins si l on carte les r f rences aux tudes nationales Un bon exemple peut tre trouv chez Desrosi res bien s r qui par le r le qu il a jou dans l mergence du champ est bien plac pour citer les travaux marquants Le champ s est d velopp Les tudes nationales sont maintenant relativement nombreuses et portent aussi bien sur les classifications les recensements les enqu tes statistiques les statistiques m dicales la notion de probabilit les bureaux statistiques les soci t s savantes etc v
352. s Yves et Jean Philippe Warren 2007 Job Market Boom and Gender Tide The Rise of Canadian Social Sciences in the 20th Century Scientia Canadensis vol 30 n 2 p 5 21 Kuper Adam et Jessica Kuper dir 1985 The Social Science Encyclopedia Londres Routledge amp Kegan Paul Lundqvist sa et Klaus Petersen dir 2010 In Experts We Trust Knowledge Politics and Bureaucracy in Nordic Welfare States Odense University Press of Southern Denmark Porter Theodore M et Dorothy Ross dir 2003 The Modern Social Sciences Cambridge University Press Smelser Neil J et Paul B Baltes dir 2001 International Encyclopedia of the Social Q Behavioral Sciences Amsterdam Elsevier 208 SCIENTISME ET POLITIQUE Scientisme et politique Vincent Guillin Science d o pr voyance pr voyance d o action crivait Auguste Comte cette maxime positiviste r sume une certaine conception de l articulation entre connaissance et action qui tient la pratique pour une application sans reste de la th orie et qui fait le pari que le progr s des savoirs scientifiques ira de pair avec un accroissement de l efficacit de l agir M me si on peut lui trouver des pr curseurs dans le prom th isme cart sien ou l utopie baconienne cet id al se cristallise v ritablement en Occident au 19 si cle la fois en raison de l affaiblissement des anciens syst mes de croyances et de r gulation sociale du d velop pe
353. s e par Harry Collins en 1981 Globalement le mod le SCOT consid re la technologie comme une bo te noire dans laquelle il faut entrer afin de saisir comment le social a influenc son laboration ou son modelage Ainsi le succ s d une tech nologie ne doit donc pas d pendre de ses qualit s intrins ques celles ci tant justement en laboration Une technologie est donc consid r e comme un assemblage produit la suite d un processus de s lection entre diff rentes options possibles L analyse de la constitution de l arte fact phare du mod le SCOT la bicyclette est particuli rement int res sante cet gard Les auteurs distinguent trois moments analytiques Le premier consiste rep rer les diff rentes repr sentations et interpr tations port es par divers groupes significatifs relevant groups c est dire des groupes qui participent au d bat pour attri buer des significations sp cifiques un objet en laboration Il s agit de mettre en vidence la flexibilit interpr tative dont font montre diff rents acteurs individuels ou collectifs regroupements formels ou informels au cours de la construction d un artefact Se jouent dans cette controverse des visions diff rentes de l usage de l artefact des correspondances diverses entre l objet mat riel et la signification que des groupes sociaux attribuent l objet et la constitution mat rielle des objets Les diff rences les oppositions o
354. s exp riences Hawthorne et d velopper des mod les d valuation des 210 SCIENTISME ET POLITIQUE politiques publiques et des dispositifs concrets adopt s ou pr conis s comme dans les r centes avanc es de l conomie exp rimentale du d veloppement Cette volont de transformer scientifiquement la soci t les tudes STS ont aussi contribu en expliquer les checs en r v lant par exemple l inefficacit de r formes venues d en haut ne s appuyant pas sur les savoirs locaux ou traditionnels ou les limites en soulignant les dimensions de risque qui lui sont inh rentes et les l ments de surprise et d ignorance qui sont propres tout processus de transformation Une derni re question reste n anmoins en suspens celle des valeurs qui guident cette politique scientifique On pourrait penser que dans le cadre des soci t s d mocratiques une division du travail pourrait s op rer entre le public qui d finirait les objectifs atteindre et la com munaut des experts scientifiques qui valueraient les moyens les plus appropri s pour les satisfaire voir Professionnalisation de la science et Statistisation Or l id e d une d termination d mocratique de l acti vit scientifique est probl matique parce que d une part elle repose sur le mythe d un citoyen omniscient capable de se prononcer de mani re inform e sur les choix qui lui sont soumis voir Controverse et d autre pa
355. s g n rant ainsi des externalit s positives qui assurent la croissance conomique des pays long terme voir Externalit s de la R D Autre conclusion de ces mod les l effet de rattrapage et l utilisation que l on peut en faire pour expliquer la sp cialisation des pays dans le commerce international Ces mod les permettent d expliquer et de pr voir la sp cialisation des pays partir de la technologie et de la science voir Mod les scientifiques Pour maintenir une croissance conomique les pays d velopp s doivent augmenter sans cesse leurs investissements dans la technologie et la science En revanche un pays moins d velopp peut assurer une croissance conomique forte sans pourtant faire d investissements technologiques ou de recherche et d veloppement des investissements en capital physique suffisent De plus les pays moins d velopp s profitent des retomb es des investisse ments scientifiques et technologiques faits par les pays plus d velopp s Ainsi les mod les conomiques ont ils contribu la sp cialisation du commerce international que l on conna t aujourd hui poussant les pays d velopp s une course vers l innovation et le capital humain voir Clivage technologique Cette course aux connaissances scientifiques et la technologie que l on observe pousse les pays les plus d velopp s se sp cialiser dans la production d id es laissant les pays moins avanc s produire les biens ph
356. s certains contextes des changements r guliers d un point de d part tat initial un tat final L explication proc de donc en repr sentant les entit s et leurs activit s ainsi que les tapes par lesquelles on passe de l tat initial l tat final Ces explications peuvent aider comprendre comment le syst me se comporte mais aussi comment il pourrait se comporter dans une vari t de situations contrefactuelles sile syst me avait cet intrant ci il se comporterait de cette fa on ci s il avait celui l il se comporterait plut t de cette fa on l Selon ce mod le le scientifique cherche d abord identifier les parties du m canisme et d crire le type d activit qui les caract rise Dans un second temps il cherche comprendre l organisation particu li re de ces parties et la fa on dont se coordonnent leurs activit s pour produire le ph nom ne Dans certains cas il pourra aussi chercher reconna tre les contextes dans lesquels le m canisme fonctionne normalement ou chercher comprendre la contribution de l environ nement au fonctionnement du m canisme L explication m caniste consid re habituellement le ph nom ne tudi comme une vari t d un type id alis de m canisme on explique donc le fonctionnement d un m canisme particulier en disant qu il est un m canisme de tel ou tel type On pourrait partir de la repr senta tion du fonctionnement typique d un c ur e
357. s dans la structure existante spin off Moins radicaux mais de m me nature sont l achat et la vente de licences et de brevets voir Brevets et propri t intellectuelle Tous ces moyens accroissent la perm abilit des fronti res de l entreprise la caract ristique centrale de la d finition de l innovation ouverte Baldwin C Y et E von Hippel 2011 Modeling a Paradigm Shift From Producer Innovation to User and Open Collaborative Innovation Organization Science vol 22 n 6 p 1399 1417 Burger Helmchen T et C Guittard 2008 Are Users the Next Entrepreneurs A Case Study on the Video Game Industry International Review of Entrepreneurship vol 6 p 57 74 Chesbrough H M 2003 Open Innovation The New Imperative for Creating and Profiting from Technology Boston MA Harvard Business School Press Dasgupta P et P A David 1994 Toward a new economics of science Policy Research vol 23 n 5 p 487 521 Franke N et M Schreier 2002 Entrepreneurial opportunities with toolkits for user innovation and design International Journal on New Media Management vol 4 n 4 p 225 234 Franke N et S Shah 2003 How Communities Support Innovative Activities An Exploration of Assistance and Sharing Among End Users Research Policy vol 32 n 1 p 157 178 Hyssalo S 2009 User innovation and everyday practices micro innovation in sports industry development R
358. s indicateurs bibliom triques varie selon les domaines Ils sont g n ralement tr s fiables pour les sciences naturelles biom dicales et du g nie mais le sont beaucoup moins pour les sciences sociales et les humanit s En effet les m dias de diffusion et par extension l ensemble des m dias de communication sont plus vari s en sciences sociales et humaines SSH que dans les sciences naturelles et le g nie SNG Plusieurs chercheurs ont soulign ces diff rences fondamen tales entre les pratiques de communication des chercheurs en SNG et des chercheurs en SSH voir Champ et Sciences sociales Cela se refl te dans le r le plus grand que jouent les monographies les actes de colloques et la litt rature non scientifique en SSH Selon la discipline les articles peuvent n tre qu un mode de publication relativement mineur compar d autres tels les livres Malheureusement aucune base de donn es ne couvre ces autres formes de publications de fa on aussi syst matique et exhaustive que ne le font le Web of Science ou Scopus pour les articles de revues Les sujets de recherche en SSH sont aussi souvent plus locaux et cons quemment les chercheurs des SSH publient davantage dans leur langue nationale et dans des revues dis tribution plus limit e Or ces revues plus locales non anglophones ne sont que rarement index es dans les bases de donn es anglo saxonnes ce qui a d importantes cons quences sur la couverture bibliom t
359. s la bonne marche des op rations J en profite finalement pour remercier les deux autres codi recteurs de r daction Julien Prud homme et Pierre Doray sans qui ce volume n aurait pas vu le jour FR D RIC BOUCHARD Parlez vous STS Julien Prud homme Sautez cette introduction crivait Ian Hacking en pr sentant la Structure des r volutions scientifiques de T Kuhn revenez y plus tard si vous le souhaitez Un sage conseil lorsque l on tient un ouvrage atypique entre ses mains Quand a t on commenc r fl chir sur la science sur ce que nous faisons du savoir et sur ce qu il fait de nous en retour Quand cessera t on de penser la technologie avec qui nos contacts s intensifient chaque jour Le projet de ce livre est de r capituler cette pens e curieuse de la stimuler et de la diffuser Le public les tudiants les d cideurs et les chercheurs devraient y voir tant un outil de r f rence pratique qu une occasion de r flexion En l abordant depuis leurs propres pr occupa tions ils y trouveront des rep res des d finitions des bilans sur l tat de la recherche des probl mes non r solus des propositions originales des bibliographies des indications succinctes et claires pour s y retrou ver dans une vaste litt rature et guider en connaissance de cause leur r flexion sur la dimension humaine des sciences et des technologies Il n existe pas vraiment de dictionnaire accessible et en fran ais
360. s les cas il est architectur c est dire qu il pr sente une structure interne non contingente et que les divers l ments dont il est fait ont t agenc s de mani re coh rente en vue de servir une fin Pour qu il soit consid r comme un instrument il faut en outre qu il soit associ un sch me d utilisation Un artefact peut exister diverses chelles ou niveaux de com plexit On peut ainsi parler de macro artefact pour d signer une ville ou le r seau Internet dans son ensemble Un tel artefact peut constituer un substrat pour d autres artefacts il devient alors d un point de vue relationnel une infrastructure voir Infrastructure socio technique et D terminisme technologique Le terme machine d signe g n ralement des artefacts compacts hautement architectur s et dot s d une capacit de fonctionnement autonome Simondon d finit l auto nomie des machines en tant qu affranchissement vis vis de l op rateur comme source d nergie et d information Un concept voisin celui de dispositif correspond un niveau d chelle interm diaire entre le macro et le micro Mais le dispositif n est pas une entit en soi il est articulation mise en relation sans pour autant avoir la coh rence d un syst me Le dispositif est d fini par Foucault comme un r seau h t rog ne d artefacts au sens le plus large mat riels ou symboliques dont certains cristallisent des rapports sociaux Ainsi
361. s les pays d ob dience communiste la statistique s est largement confondue avec l appareil de planification conomique et son r le dans la gestion proprement dite tait plus affirm avec les distorsions que pouvait entra ner une telle proximit partir des ann es 1980 1990 plusieurs traits de ce mod le ont t mis l preuve Dans bien des pays une demande accrue d informa tions l chelle infranationale r gionale provinciale locale a conduit mettre en cause la pertinence d une organisation du travail statistique et de priorit s d finies d abord l chelle nationale De nouvelles auto rit s statistiques autonomes ont t cr es comme dans les r gions espagnoles tandis que d autres ont connu un second souffle comme 222 SYST MES D INNOVATION l Institut de la statistique du Qu bec L accroissement des changes conomiques et financiers entre nations a galement constitu une source de tension appelant une meilleure int gration des donn es l chelle supranationale et donnant lieu l apparition d institutions comme Eurostat ou plus pr s de nous de syst mes de classification adapt s l existence de l Accord de libre change nord am ricain voir Internationalisation de la R D L informatique qui jusqu aux ann es 1980 pouvait appara tre comme un facteur favorisant la concentration de l autorit et des activit s a galement pouss la diss mination et la d
362. s normes les structures et les pratiques statistiques agenc es en un r gime statistique et le rejet d une conception de la statistique qui n en ferait que la traduction chiffr e de ph nom nes externes Beaud Jean Pierre et Jean Guy Pr vost 2010 L histoire de la statistique canadienne dans une perspective internationale et panam ricaine dans Nelson Senra et Alexandre de Paiva Rio Camargo dir Estatisticas Nas Am ricas Por uma agenda de estudos hist ricos comparados Rio de Janeiro IBGE p 37 65 Desrosi res Alain 1993 et 2000 La politique des grands nombres Histoire de la raison statistique Paris La D couverte Desrosi res Alain et Laurent Th venot 1988 Les cat gories socioprofessionnelles Paris La D couverte Statistisation Jean Guy Pr vost Ce n ologisme peu l gant on en conviendra vise attirer l atten tion sur les processus par lesquels un ensemble de pr occupations d interrogations de probl mes ou d enjeux sont identifi s rassembl s et d finis d une mani re qui permet de substituer l affrontement direct des acteurs sur le fond un m canisme pouvant susciter leur agr ment et faciliter la prise de d cision voir Construction sociale des technologies Un exemple clairant de statistisation nous est offert par le d velop pement des indices du co t de la vie et des m canismes d indexation des revenus qui fournissent aux parties la n gociation un poin
363. s ou une organisation de normalisation comme l Organisation internationale de normalisation ISO Les normes techniques ont plusieurs fonctions dont l une des plus importantes est d assurer la compatibilit ou l inter connectivit entre diff rents appareils Les normes GSM publi es par l European Telecommunications Standards Institute par exemple permettent un grand nombre de t l phones cellulaires de fonctionner sur un m me r seau voir Infrastructure sociotechnique Les normes sont galement la base des m thodologies de mesure De nombreuses mesures relatives aux poids volumes et param tres technologiques ont jou un r le primordial dans l change de biens et de services en permettant aux partenaires commerciaux de s entendre sur les modalit s d un change voir volution de la r glementation Par ailleurs certaines de ces mesures de propri t s physiques comme l Ohm une mesure de r sistance sont issues du d veloppement d une technologie pr cise ici la t l graphie Les normes industrielles favorisent l uniformit des proc dures et des produits mais elles ont galement des impacts sur des rapports sociaux La cha ne de montage instaur e par Taylor chez Ford a apport d importants gains de productivit mais a rendu d suets le travail artisanal et les m tiers de fabrication Dans le m me ordre d id es Theodore Porter a affirm que les actuaires bien qu ils appr cient la 158 NORMES
364. s qualit s r pondent des probl matiques distinctes des classifications des autres objets de connaissance au moins pour trois raisons D abord ces classifications sont une source essentielle de pouvoir et s inscrivent dans des dispositifs de suivi et de contr le des populations Ensuite les d finitions des cat gories sont le plus souvent des conventions d quivalence externes et ant rieures au travail de celui qui classe inscrites par exemple dans le droit ou dans des coutumes Enfin les personnes class es ne sont pas passives elles r agissent prennent conscience de leur situation ou position ce qui modifie la mani re dont elles se per oivent et dans certains cas se mobilisent et r sistent Les classifications des personnes sont largement institutionnalis es et expriment un ordre social bureaucratique et moral auquel on ne peut gu re chapper les cat gories d ge les cat gories ethniques et raciales les classifications des professions le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux DSM sont non seulement des conventions qui permettent de regrouper et de qualifier les personnes mais aussi des outils utilis s par les administrations publiques et les intervenants pour diagnostiquer ou valuer orienter l action d cider d un traitement cibler des b n ficiaires ou g rer des populations Les op rations statistiques de classification constituent aussi une des ressources cognitives essentielles
365. s raisons d ordre politique de se d barrasser d un X dont on aura montr qu il est socialement construit Toutefois des cas comme le recours cette posture pist mologique par ceux qui nient l existence du r chauffement global en montrant sa construc tion sociale par la communaut scientifique ont conduit certains constructionnistes comme Bruno Latour repenser leur strat gie intellectuelle voir Controverse Berger P L et T Luckmann 1967 The Social Construction of Reality A Treatise in the Sociology of Science New York NY Anchor Books Bloor D 1983 Wittgenstein A Social Theory of Knowledge New York NY Columbia University Press 1991 Knowledge and Social Imagery 2 dition University of Chicago Press Boghossian P 2006 The Fear of Knowledge Against Relativism and Constructivism Oxford Clarendon Press Traduction fran aise La peur du savoir Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance Marseille Agone 2009 Hacking 1 1999 The Social Construction of What Cambridge MA Harvard University Press Traduction fran aise Entre science et r alit La construction sociale de quoi Paris La D couverte 2008 Kuhn T 1996 1962 The Structure of Scientific Revolutions 3 dition University of Chicago Press Traduction fran aise de la 2 dition La structure des r volutions scientifiques Paris Flammarion 62 CONTROVERSE Kukla A 2
366. sa part Madeleine Akrich a propos une typologie des formes de cr ativit de l usager qui est aussi une gradation des carts entre les usages prescrits par les concepteurs et les pratiques effectives des usagers elle distingue ainsi le d place ment objet utilis dans un contexte diff rent de celui envisag par le concepteur l adaptation objet l g rement modifi pour s adapter au contexte d usage l extension objet greff d l ments largissant ses fonctionnalit s et enfin le d tournement par lequel un objet est utilis d autres fins que celles pr vues par ses concepteurs Eric von Hippel a d crit la modalit de l extension au sein de communaut s de sportifs de pointe qui adaptent leurs besoins des objets existants produisant ainsi des artefacts ensuite reproduits par les industriels ph nom ne qu il appelle innovation par l usage ou innovation horizontale En r sum l appropriation individuelle d une technologie est un processus par lequel l usager l int gre sa vie quotidienne tout en l adaptant sa personnalit et ses besoins Une appropriation compl te suppose a un apprentissage lui permettant d acqu rir un minimum de ma trise technique et cognitive comp tence dans l utili sation b l int gration de la technologie ses routines et habitudes de vie insertion de l objet dans le quotidien banalisation c des usages cr atifs innovation par rapport au mode d emploi
367. santes de l histoire au sens ancien en les transformant en une m thode d in vestigation et d enregistrement des donn es d exp rience mobilisant observation description classification et manipulation exp rimentale Deux autres facettes de l op ration science doivent tre aussi prises en compte la d finition de cadres th oriques et le pouvoir explicatif d volu aux hypoth ses Le cadre th orique de la nouvelle physique s est constitu gr ce la mise au point d une vision m caniste et corpuscu laire des r alit s naturelles et de leurs modes d interaction On peut juste titre s interroger sur le statut pist mologique de telles entit s th oriques et sur leur rapport surd termin aux donn es d observation mais il est ind niable qu historiquement les concepts correspondants ont r sult d une convergence entre sp culation rationnelle et recherche empirico inductive Ce statut ambivalent propre leurs fondements th oriques est rest attach aux constructions scientifiques depuis lors et ma eu de cesse d alimenter le questionnement pist mologique des philosophes et historiens des sciences Il en est de m me de la pro duction d explications par voie d hypoth ses L hypoth se se pr sente comme une proposition explicative que l entendement construit et dont il se sert pour rendre compte parfois causalement de corr lations r gu li res observ es entre ph nom nes Elle r sulte bien des gards
368. science pour qu elle devienne une institu tion dans la soci t moderne la science devait tre intimement int gr e au syst me de valeurs et la structure sociale gr ce la constitution d un corps de scientifiques professionnels voir Professionnalisation de la science et Universit Merton consacre sa th se de doctorat parue en 1938 l tude dans une perspective w b rienne des conditions cultu relles sociales et conomiques du d veloppement des sciences et des techniques dans l Angleterre du 17 si cle Quelques ann es plus tard en 1942 il d crit ce qu il appelle la structure normative de la science la science en tant qu activit sociale est r glement e par un ethos un syst me de normes que sont l universalisme le communalisme le d sint ressement et le scepticisme organis L article de Merton est l origine d un v ritable programme de recherche qui mobilise ses l ves comme Harriet Zuckerman Stephen Cole Jonathan Cole Jerry Gaston Le syst me social des sciences appara t comme un syst me d change avec ses r compenses ses hi rarchies Les tudes font alors usage d une nouvelle base de donn es le Science Citation Index cr en 1963 par E Garfield qui recense l en semble des citations que re oivent les articles de revues scientifiques dans d autres articles L id e est de mesurer la science et la sciento m trie devient un outil indispensable pour valuer la recherc
369. si tre n gatifs comme la d localisation de la main d uvre ou la destruction de l environnement Les gouvernements visent une intensit des d penses de R D repr sentant 3 du produit int rieur brut PIB la majeure partie provenant du secteur public afin de stimuler des activit s scientifiques et techno logiques dont les impacts indirects sont de nature socio conomique voir Financement de la science Le gouvernement joue d ailleurs de 124 IMPACTS CONOMIQUES DE LA SCIENCE plus en plus le r le de catalyseur de la science de l innovation et de la technologie par l interm diaire du financement de la recherche autant publique que priv e Cette intervention prend diverses formes Le financement public du secteur priv engendre des augmentations des activit s de R D et des innovations des r ductions du cycle d innovation et une performance accrue des entreprises dans des domaines o le march ne suffit pas stimuler l investissement priv en recherche Le financement public des universit s lui g n re sans doute un effet de signal qui favorise l obtention de subventions ou de contrats ainsi que l attraction de chercheur toiles voir Universit Parmi les b n fices de la recherche subventionn e Salter et Martin identifient une s rie d impacts qu ils qualifient d interm diaires la quantit de connaissances et la r so lution de probl mes la formation de personnel qualifi la cr ation de tec
370. soient ajout es attribution de sens l objet ses usages acquisition d une comp tence et d une culture technique insertion dans la vie quotidienne et articulation d autres pratiques culturelles Une tradition de recherche similaire li e aux approches d velopp es dans les tudes culturelles cultural studies s articule autour du concept de domestication des objets techniques d velopp par Roger Silverstone partir de tra vaux sur la r ception des m dias la sociologie de la consommation et l anthropologie des cultures mat rielles Pour exister en tant que dispositif il faut qu un artefact soit utilis et socialis autrement dit qu il soit ins r dans un contexte social et 24 APPROPRIATION DES TECHNOLOGIES que des usages se d veloppent Or l usager contribue de diff rentes mani res l laboration de ces usages et il peut m me en inventer que les concepteurs n avaient ni anticip s ni m me souhait s usages cr a tifs que Pierre Rabardel appelle des catachr ses L appropriation d un objet technique peut tre plus ou moins pouss e allant d une personnalisation superficielle modifications cosm tiques d un appareil s lection des boutons affich s dans les barres d outils d un logiciel jusqu l ouverture de la bo te noire modifier le code d un programme pour l adapter ses besoins remplacer des pi ces d une voi ture pour la rendre plus performante Pour
371. solution de probl mes complexes Plusieurs 133 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S chercheurs contestent cependant cette lecture faisant remarquer que l approche par probl me ne tranche en rien avec la d marche scien tifique pass e et que le recours l interdisciplinarit pour r soudre un probl me pr cis est un fait essentiellement contingent Ces chercheurs font surtout remarquer que m me dans les d marches interdiscipli naires les plus engag es le mode de r gulation de l activit acad mique et partant les vis es des chercheurs demeurent fondamentalement disciplinaires voir Champ et valuation par les pairs Le second probl me concerne l importance r elle des projets inter disciplinaires dans le monde savant Alors qu une croissance brusque et r cente semblerait confirmer le poids de demandes sociales d une nouvelle nature une progression plus modeste pr senterait plut t l interdisciplinarit comme une modalit parmi d autres des reconfi gurations internes qu op re le champ scientifique de son propre mou vement Certaines mesures comme le d compte des occurrences des mots interdisciplinarit ou multidisciplinarit dans les revues savantes soutiennent la premi re hypoth se Les analyses fond es sur la distribution des r f rences et des citations sont toutefois plus nuan c es Une tude de Porter et Rafols a pr sent une hausse importante de la diversit disciplinaire des r
372. stion de l amateur dans les sciences naturalistes Paris ditions de l Aube Cooper S F Khatib A Treuille J Barbero J Lee M Beenen A Leaver Fay D Baker Z Popovi et Foldit 2010 Predicting protein structures with a multiplayer online game Nature vol 466 p 756 760 Epstein S 1996 Impure Science AIDS Activism and the Politics of Knowledge Berkeley University of California Press Goodchild Michael F 2007 Citizens as sensors the world of volunteered geography Geojournal vol 69 p 211 221 Kelling S J Yu J Gerbracht et W K Wong 2011 Emergent Filters Automated Data Verification in a Large Scale Citizen Science Project eScienceW p 20 27 2011 IEEE Seventh International Conference on e Science Workshops 17 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Lievrouw L 2010 Social Media and the Production of Knowledge A Return to Little Science Social Epistemology vol 24 n 3 p 219 237 Neilsen M 2012 Reinventing Discovery The New Era of Networked Science Princeton University Press Rabeharisoa V et M Callon 1999 Le pouvoir des malades l association fran aise contre les myopathies et la recherche Paris Presses des Mines Wiggins A Newman G Stevenson R D et Crowston K 2011 Mechanisms for Data Quality and Validation in Citizen Science e Science Workshops IEEE Computer Society p 14 19 Wiggins A Crowston K 2011 Fro
373. t de consulter des experts l ext rieur des instances r glementaires voir Politique de la science et de la technologie Ayres l et J Braithwaite 1992 Responsive Regulation Oxford University Press Carpenter D P 2002 Groups the Media Agency Waiting Costs and FDA Drug Approval American Journal of Political Science vol 46 n 2 p 490 505 100 EXTERNALIT S DE R D Garud R et M Rappa 1994 A socio cognitive model of technology evolution The case of cochlear implants Organization Science vol 5 n 3 p 344 362 Laffont J J et J Tirole 1991 The Politics of Government Decision Making A Theory of Regulatory Capture Quarterly Journal of Economics vol 106 n 4 p 1089 1127 Peltzman S 1976 Toward a more general theory of regulation Journal of Law and Economics vol 19 p 211 240 Posner R A 1974 Theories of Economic Regulation Bell Journal of Economics and Management Science vol 5 n 2 p 335 358 Smith R A dir 1998 The Encyclopedia of AIDS A Social Political Cultural and Scientific Record of the HIV Epidemic Londres Fitzroy Dearborn Publishers Temin P 1980 Taking Your Medicine Drug Regulation in the United States Cambridge MA Harvard University Press Externalit s de R D Petr Hanel Les conomistes appellent externalit spillover la situation o une activit de consommation ou de production d un agent
374. t de rep re pour juger de l importance des ajustements r clamer ou contester voir Classification Dans le jeu de la n gociation des salaires patrons et ouvriers ont des int r ts contraires et l on voit mal a priori pourquoi l une des parties devrait c der l autre d o l impasse et ventuellement l escalade de moyens de pression L id e de mesurer le co t de la vie offre une voie de sortie en tablissant sur la base des prix r els combien il en co te pour vivre on pourra d terminer si les salaires offerts sont suffisants ou non et si l on prend cette mesure de mani re 219 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S r guli re on pourra savoir si la situation cet gard s am liore ou se d t riore On disposera alors d un talon jug ind pendant des percep tions des int r ts et des strat gies des acteurs Certes il faut tablir la liste des prix dont on tiendra compte d terminer le poids de chacun etc mais on voit bien comment l on est pass d un probl me politique comment mettre d accord des parties dont les int r ts s opposent un probl me technique comment construire un indice qui repr sente ad quatement ce que l on cherche mesurer une autre chelle les crit res de convergence pour l entr e dans la zone de l euro qui fixaient des cibles quantitatives quant la stabilit des prix au d ficit des finances publiques la dette et au taux d int r t long terme
375. t l activation de cycles virtuels de d veloppement ou de cercles vicieux de sous d veloppement Il devient alors crucial d examiner les barri res l entr e et les fen tres d opportunit qui permettraient aux pays en d veloppement de briser les d pendances de sentier Pragmatiquement comment r duire le clivage technologique La litt rature abondante sur le rattrapage technologique technological catch up laisse entrevoir deux avenues possibles D un c t on mise sur l acc l ration du rattrapage technologique via l mulation limitation adapt e au contexte propre du pays de la r ussite des leaders techno logiques Juma et Clark s attardent sur le processus de d maturit des produits qui cr erait de nouvelles occasions d innovation pour les pays en d veloppement Lall pour sa part met en avant le concept de capa cit technologique d un pays et expose ses liens avec la vitesse de son processus de rattrapage technologique D un autre c t Perez et Soete ainsi que Prahalad se questionnent sur la capacit de la d marche imitatrice d clencher le dynamisme technologique n cessaire pour rapprocher les pays retardataires de la fronti re technologique Outre la possibilit de r duire le clivage technologique en participant une course de vitesse dans la m me direction que les leaders technologiques les retardataires ont aussi le choix de r duire ce clivage en explorant d autres paradigmes tech 48
376. t nos exp riences avec la pleine conviction de pouvoir d couvrir sans cesse de nouvelles propri t s non impliqu es dans celles d j connues 1865 1995 p 136 On dira souvent des classes dont les individus ont peu en commun qu elles sont des cat gories superficielles ou conventionnelles et des classes dont les individus ont de nombreuses propri t s communes qu elles sont des cat gories r elles ou naturelles On ajoutera parfois que les secondes suivent ce que l on nomme la d coupe du monde en effet par opposition aux cat gories superfi cielles une cat gorie r elle ou naturelle est g n ralement comprise comme existant objectivement c est dire ind pendamment des activit s classificatrices humaines Ce sont des cat gories de ce type que les scientifiques cherchent identifier et ce sont elles que les 35 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S concepts classificatoires des diff rentes sciences veulent r f rer voir Classification et Objectivit et r gulation Une cat gorie scientifique est donc une cat gorie qui regroupe des individus ayant de nombreuses propri t s en commun Parce qu ils ont de nombreuses propri t s en commun il est possible de formuler de nombreuses g n ralisations inductives leur propos On postule habi tuellement que les membres de la cat gorie partagent ces propri t s parce qu ils partagent une essence commune et non qu ils partagent ces propri t s de
377. t ou d volution que l historisation g n rale de la nature par les sciences biologiques et g ologiques allait lui accoler partir du 19 si cle Lui m me si cle de progr s au sens o l entendait Auguste Comte pour qui incidemment la sociologie naissante tait appel e chapeauter l difice des sciences constitu es le 19 si cle voyait na tre l id e d une histoire des sciences fond e sur T tude des perfectionnements de la m thode scientifique L histoire des sciences inductives 1837 et son prolongement dans la Philosophie des sciences inductives fond e sur leur histoire 1840 de William Whewell en t moignent introduisant au passage le substantif scientifique lui m me la fin du si cle le physicien philosophe et historien allemand 120 HISTOIRE DES SCIENCES Ernst Mach soutiendrait non seulement que la science puisse progresser par voie de s lection naturelle de ses th ories mais encore que ses origines s enracineraient dans la biologie humaine En d pit de cet int r t manifeste port aux lois g n rales du d ve loppement scientifique voir Loi scientifique l histoire des sciences elle m me ne devait se doter de ses v ritables fondations qu entre les deux guerres mondiales dans le cours des travaux de Gaston Bachelard en France et de Ludwik Fleck en Allemagne o s articule une toute nouvelle conception de l activit scientifique Dans la foul e d une crise des sciences pr c
378. t par les contenus pist miques dont ces images sont investies Par ailleurs l analyse de ces r gimes montre qu ils favorisent chacun certaines personnalit s scientifiques particuli res avec leurs faisceaux d objets de recherche associ s Et ainsi le scientifique repr sentatif d un r gime d objectivit recouvrant le 18 si cle aurait agi comme une sorte de sage dont la 160 OBJECTIVIT ET R GULATION t che consistait essentiellement produire des images raisonn es de la nature par une s lection m ticuleuse et une synth se rigoureuse des cas exemplaires Carl von Linn incarnerait parfaitement cette cat gorie de scientifiques lui dont l approche taxinomique exigeait d une mise en tableau des plantes et des animaux qu elle sache par le rep rage et l isolement des traits typiques propres une esp ce rendre compte le plus fid lement possible des grands ordres naturels voir Classification En ce sens le travail scientifique concernait l atteinte et la constitution d universaux transcendantaux voir Lois scientifiques Mais le 19 rompt avec cette conception du r le des scientifiques Rejetant l id e d un sage dont l activit principale concernerait la production de synth ses il favorise celle d un scientifique travailleur ou laborieux la poursuite d une objectivit m canique par la production d images o le transfert automatique m canique masque toute trace de sa propre activit de pr paratio
379. tages industriels et commerciaux ind niables plusieurs entre prises ont d velopp ces derni res ann es des strat gies de propri t intellectuelle de plus en plus sophistiqu es et astucieuses Par exemple certaines entreprises d sign e comme des trolls qui ne r alisent aucune R D et ne produisent strictement rien de tangible poss dent n anmoins de nombreux brevets achet s sur le march secondaire de la propri t intellectuelle et gr ce auxquels elles g n rent des revenus substantiels en intentant des poursuites contre d autres entreprises qu elles accusent d empi ter sur leur propri t intellectuelle D autres entreprises r ellement actives dans une fili re technologique particu li re prot gent leurs produits de la concurrence en d veloppant autour de cette fili re un r seau tr s dense de brevets d fensifs bloquant du coup le d veloppement de produits concurrents Ces brevets d fensifs ne d bouchent videmment sur aucune innovation r elle et ne reposent souvent sur aucune activit inventive substantielle Bien s r de telles tendances dans le d veloppement de la propri t intellectuelle sont parfaitement compr hensibles du point de vue des 31 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S strat gies d affaires dont elles sont issues Du point de vue de la techno m trie par contre il faut noter qu elles tendent accentuer les d calages entre les indicateurs bas s sur les brevets et l ac
380. tation dans la participation des naturalistes et autres savants aux exp ditions et aux conqu tes europ ennes En m me temps que les puissances imp riales augmentent leur pouvoir par leur ma trise des mers et des mondes ainsi que par les d couvertes min rales et botaniques de leurs savants ces derniers occupent occasionnellement une place privil gi e au sein des cha nes de commandement Une rupture appara t toutefois au cours du 18 si cle quand l alliance entre le pouvoir et la science devient irr versible dans ses institutions comme dans ses applications Le cas de la France napol onienne l illustre parfaitement alors que l effort scientifique est mobilis pour contrer la menace ext rieure pour d ve lopper des armements bien s r mais aussi pour alimenter la popu lation et les troupes ainsi que pour servir le commerce et l industrie Parall lement la cr ation et la multiplication des institutions pour la production des connaissances et la formation des savants m nent la professionnalisation des scientifiques qui en dehors de leurs tablisse ments traditionnels parviennent galement occuper des postes cl s dans l administration militaire et politique 88 TAT POUVOIR ET SCIENCE L av nement du laboratoire industriel fait ensuite du savoir un puissant outil de domination conomique puis militaire comme en t moigne le succ s de l industrie chimique allemande la fin du 19 si cle Succ s q
381. te et philosophe hongrois Michael Polanyi De nature pol mique le concept s int grait initialement une entreprise de r futation de certaines th ses du marxisme britannique des ann es 1930 et notamment celles soutenues par J D Bernal dans The Social Function of Science 1939 Pour ces marxistes loin de se limiter une qu te individuelle de v rit s g n rales la science formait plut t une entreprise collective et pragma tique justifiant de ce fait un encadrement de politiques publiques orien tant la recherche en direction d objectifs sociaux et utilitaires ces 53 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S th ses Polanyi objectait qu elles reposaient sur une lecture erron e du fait scientifique selon laquelle les donn es objectives seraient le pur produit d un travail critique d sengag voir Objectivit et r gulation Or pour lui la connaissance scientifique ne saurait se r duire des ensembles ferm s d nonc s ou de propositions logiques puisqu elle impliquerait d s la base un engagement mondain du chercheur mani feste dans les aspects artisanaux de la manipulation exp rimentale et impliquant la ma trise d un corps de connaissances non explicites de mani res de conna tre tacites D passant la seule ma trise des habi let s techniques la connaissance tacite concernerait aussi les croyances et les traditions partag es par la communaut de praticiens r unie autour d un domaine sp c
382. te de d couverte et contexte de justi fication Reichenbach il prend bien acte du fait que la formulation et la diffusion de nos hypoth ses et th ories sont bien relatives tout un ensemble de d terminants sociaux culturels id ologiques cono miques de genre ou individuels psychologiques ou biographiques mais consid re qu ind pendamment de leur mode d laboration de production et d nonciation leur valeur scientifique d rive uniquement des liens logiques et probatoires privil gi s qu elles entretiennent avec les faits sur le mode de la justification chez les empiristes logiques ou de la corroboration chez Popper voir Lois scientifiques C est justement cette th se d une connaissance scientifique qui se fonderait sur les faits et sa confrontation directe avec eux que les STS se sont attaqu es Pour r sumer grossi rement on pourrait dire 192 RELATIVISME que l assaut a t men sur deux fronts l un historique l autre philoso phique D une part en s inspirant des analyses men es par Kuhn dans sa Structure des r volutions scientifiques on a voulu montrer que dans la mesure o les th ories ou les hypoth ses scientifiques s int graient au cadre de paradigmes plus larges qui d terminent non seulement les m thodes l gitimes de recherche mais aussi les proc dures de validation et l ontologie du champ d investigation consid r la suc cession historique des th ories
383. technologie Que ce soit l interruption d acc s un dossier patient informatis l arr t d op rations sur une cha ne de montage la suite d une panne ou la perte de donn es d une institu tion financi re les risques technologiques peuvent avoir un impact important sur le bon fonctionnement voire la survie des organisations voir Technologie 200 RISQUES TECHNOLOGIQUES Les risques technologiques sont plus g n ralement d finis par rapport au danger qu ils repr sentent L Association canadienne de normalisation les d finit comme la mesure de la probabilit et de la gravit d un effet n faste sur la sant les biens mat riels et l environ nement M lisabeth Pat Cornell emploie une d finition similaire en y ajoutant la nature du ph nom ne qui peut causer des dommages explosion chappement de gaz toxiques radioactivit feu pollution de l eau etc Selon le guide du CRAIM le danger accol une mati re refl te des propri t s ind sirables comme l inflammabilit la toxicit la corrosivit l explosivit etc Les risques technologiques regroupent les risques industriels les risques reli s au transport de mati res dangereuses les risques nucl aires les risques biologiques les risques de rupture de barrage ou encore les risques miniers Dans certains cas on parle de risques tech nologiques majeurs pour d signer des v nements peu probables mais aux cons quences catastroph
384. teur d impact Femmes et sciences Financement de la science et technologie Fraudes scientifiques Gestion de la technologie Guerre science et technologie Histoire des sciences Impacts conomiques de la science de la technologie et de la recherche Infrastructure sociotechnique Innovation ouverte Interdisciplinarit Internationalisation de la R D Inventeurs Invention et innovation technologique Lois scientifiques M dias et technologie Migration conceptuelle Mod les scientifiques Mus es de science et centres de science Normes et standards Objectivit et r gulation Objet fronti re 78 81 83 85 88 91 94 97 99 101 104 106 109 111 114 117 119 124 126 129 133 136 138 141 143 146 148 151 154 158 160 163 Objet technique artefact instrument machine dispositif Paradigme Philosophie des sciences Plateformes biom dicales Politique de la science et de la technologie Professionnalisation de la science Public et publics des mus es Quantification et mesure Recherche et d veloppement R D Relativisme Repr sentations sociales R seau socionum rique Risques technologiques Science Sciences sociales Scientisme et politique Sociologie des sciences Sociopolitique de la statistique Statistisation Syst me statistique national Syst mes d innovation Taux d adoption de l innovation Technologie Territoires et sciences Th orie de l acteur r seau Th orie scientifique
385. teurs d interactions la nature et la qualit des dialogues la facilit d une accessibilit l autre la possibilit d une transparence affich e la libert d une prise de risque dans l interaction Un crit re important concerne le contenu des changes il ne s agit pas d analyser la nature m me des contenus mais plut t de voir si les changes sont suffisam ment signifiants pour les usagers eux m mes Dans la mesure o ils sont signifiants cette situation d interaction pourra enclencher des routines d interaction Une troisi me dimension est l exp rience de l utilisateur du site La nature de cette exp rience peut osciller entre un usage passif des fonctionnalit s offertes l interface offre des options l utilisateur qui clique explore l g rement l environnement num rique mais ne va pas plus loin et des comportements proactifs de l utilisateur qui s engage alors activement sur la plateforme apporte sa contribution recherche et explore plus fond toutes les possibilit s du dispositif Une quatri me dimension est la qualit de la contribution de Puti lisateur dans l univers num rique Il y a des niveaux distincts de pres tation num rique une prestation l g re ou interm diaire ou encore celle d un usager expert ou d un professionnel Un utilisateur peut par exemple se contenter de commenter la vid o d un ami contribution l g re alors que la cr ation d un groupe ou d une cause pour s
386. teurs exclusifs aupr s du grand public Ils justifient cette revendication en d non ant les scientifiques jug s incapables de s adresser au public et de partager avec lui les immenses pouvoirs que donne la connaissance comme l criront Moles et Oulif p 33 La seconde rupture concerne le constat d j mentionn que le pro gr s se double de nuisances et de risques Il est alors devenu vident m me pour les moins avertis que le renforcement de l int gration science soci t ne se limite pas quelques effets collat raux le mod le de rationalit scientifique s tend maintenant toutes les sph res de l activit humaine On a compris comme l indique Salomon que c est la vie scientifique qui encadre dans les soci t s postindustrielles tous les actes de la vie sociale de l cole l universit de la formation pro fessionnelle tous les rep res et productions de la culture de la gestion des entreprises industrielles celle des institutions politiques Il n est plus possible de subsumer la complexit des rapports science soci t sous un simple probl me de communication entre les scientifiques et le public ou d incomp tence combler Somme toute si le public reconna t les bienfaits du d veloppement scientifique et technologique il admet les risques qui y sont associ s Dans ces conditions il est devenu difficile de lui donner des le ons et de lui expliquer qu il n a pas voix au cha
387. textes qui soient standardis s pour la production et l application de la connaissance Depuis l tude des sciences imp riales et des changes entre le centre et la p riph rie o sont identifi es les capacit s de l activit scientifique contraindre les grilles de lecture pour consolider les interpr tations des ph nom nes naturels historiens et anthropologues ont cependant mis en doute la toute puissance h g monique de l activit scientifique et ont plut t propos l existence de formes de m tissage entre les connais sances indig nes et les savoirs m tropolitains Enfin la production cartographique a fait l objet de nombreuses analyses historiennes et g ographiques qui ont soulign la dimen sion normative de cette entreprise scientifique descriptive La carte anticiperait une r alit spatiale et non l inverse comme il s agirait de repr senter moins ce qui est que ce que l on souhaite voir repr senter ou faire voir la carte serait un mod le pour et non un mod le de ce qu elle devrait repr senter Le rapport la r alit d coulerait davantage du fa onnement du territoire en fonction des actions entreprises partir des repr sentations cartographiques que d un a priori objectif que le cartographe se contenterait de reproduire D ailleurs les explorateurs et les arpenteurs qui parcourent un territoire et consignent une s rie d informations pour pr parer une carte sont en mission et leur production ca
388. the Media EMBO vol 8 n 1 p 3 7 Pimple Kenneth D 2002 Six Domains of Research Ethics A Heuristic Framework for the Responsible Conduct of Research Science and Engineering Ethics vol 8 p 191 205 Reich Eugenie Samuel 2009 Plastic Fantastic How the Biggest Fraud in Physics Shook the Scientific World Palgrave Macmillan Publ 272 p Schoenherr J et B Williams Jones 2011 Research Integrity Misconduct Policies of Canadian Universities Canadian Journal of Higher Education vol 41 n 1 p 1 17 Steen R Grant 2010 Retractions in the scientific literature is the incidence of research fraud increasing J Med Ethics publicit en ligne 24 d cembre The Law Dictionary 2002 Anderson Publishing Co Weiner J S 2004 The Piltdown Forgery Oxford University Press p 190 197 Gestion de la technologie Majlinda Zhegu La technologie est indispensable mais pas suffisante pour tablir et consolider un avantage comp titif elle constitue une ressource cono mique qui doit tre d velopp e et par cons quent g r e Les racines de la gestion technologique remontent au tournant du 19 si cle lorsque la technologie devint une composante explicite des pratiques de gestion Les grandes entreprises allemandes et am ricaines des secteurs de pointe de l poque comme la chimie ou l nergie commenc rent organiser des programmes syst matiques de recherche voir Invention et innovatio
389. tif premier Cette mission invite notamment l interacti vit En faisant du mus e un lieu de m diation des connaissances qui sollicite la participation active d un visiteur volontairement situ au centre du dispositif les centres de science r volutionnent la mus ologie scientifique voir Public et publics des mus es de science Le succ s de la formule y contribue fortement Cette polyvalence centr e sur le visi teur est d ailleurs caract ristique de l offre mus ale contemporaine en g n ral qu il s agisse de mus es d art de civilisation de soci t ou de science Tous diversifient leurs activit s pour cr er un environnement multi sensoriel et multi communicationnel qui sollicite le visiteur et multiplie les points d ancrage potentiels Tout est mis en uvre pour susciter stimuler capter et fixer son attention le motiver veiller son 156 MUS ES DE SCIENCE ET CENTRES DE SCIENCE int r t ou mobiliser ses styles cognitifs Plus que jamais les mus es ont adopt les pr ceptes de MacLuhan selon qui les objectifs de diffusion requi rent la mise contribution de tous les moyens m diatiques La pratique mus ale est aussi influenc e par la prise de conscience du public que le Progr s se double de nuisances et de risques voir Risques technologiques L envahissement progressif des sciences et des technologies exerce un impact sur la vie quotidienne le travail et l environnement Des incidents r p tition o
390. tion Alexandria VA US Department of Commerce U S Patent and Trademark Office Cartographie conceptuelle L Martin Cloutier L information et la connaissance se transmettent souvent par crit mais depuis la nuit des temps elles sont aussi repr sent es visuelle ment et spatialement par des cartes La cartographie conceptuelle peut prendre de multiples formes La litt rature en offre de nombreuses variantes et appellations notamment pour en citer quelques unes carte conceptuelle carte de concepts carte cognitive carte mentale carte de connaissances carte s mantique etc 32 CARTOGRAPHIE CONCEPTUELLE Le terme carte cognitive introduit par E C Tolman en 1948 d signe un outil cognitif qui repr sente visuellement des liens entre des concepts Un tel outil permet un individu d acqu rir de stocker de coder de rechercher et d interpr ter de l information et les con naissances d un objet souvent par analogie ou m taphoriquement dans une organisation spatiale donn e voir Analogie et m taphore en sciences Le besoin d une telle cartographie conceptuelle demeure tou jours pr sent aujourd hui alors que les soutiens techniques et logiciels favorisent et multiplient les possibilit s nouvelles La cartographie conceptuelle a trouv des applications dans de nombreux domaines scientifiques et techniques dont l anatomie le droit l valuation de programmes l architecture la g ographie le management la
391. tion consciente ou inconsciente des chances probables de profit symbolique reconnaissance prix anticipation elle m me fond e chaque moment sur le volume et la structure des capitaux poss d s voir Mod les scientifiques La position d un chercheur dans le champ d pend des r sultats des investissements ant rieurs qui d finissent ainsi une trajectoire Le sens du jeu scientifique s acquiert par une socialisation formation scolaire au sein du champ qui d finit un habitus particulier d fini comme un ensemble de sch mes g n rateurs de pratiques et d valua tion des pratiques Le concept d habitus permet ainsi de donner un fon dement historique et anthropologique aux notions de savoir tacite de discipline et de paradigme l habitus acquis du physicien tant diff rent de celui du biologiste d finissant un sens pratique diff rent voir Discipline et Paradigme Avec les concepts de champ d habitus de capital et d int r t Bourdieu fournit ainsi un mod le de la science qui se distingue de celui de Merton fond sur un ensemble de normes mais en int gre les acquis en les r interpr tant sous un mode plus conflictuel que communautaire De plus ce mod le s ins re dans une sociologie g n rale et a donc une structure th orique plus large que celle de la sociologie des int r ts qui n offre pas de concepts sp cifiques pour penser les relations avec les autres sph res sociales ou la socialisa
392. tion des agents voir Sociologie des sciences Enfin le mod le bourdieusien vite les analyses purement microsociologiques et interactionnistes et tient compte des contraintes institutionnelles et des liens avec les autres champs conomique m diatique et politique par exemple Bourdieu pose le postulat de base de la sociologie des sciences qu il partage donc avec Merton la v rit du produit s agirait il de ce produit tr s particulier qu est la v rit scientifique r side dans une esp ce particuli re de conditions sociales de production Bourdieu admet ainsi que les v rit s scientifiques existent et sont des produit s 39 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S tr s particulier s dont la validit la v rit tout en mergeant dans des conditions sociales et historiques donn es est relativement ind pendante de leurs conditions sociales de production Bourdieu P 1975 La sp cificit du champ scientifique et les conditions sociales du progr s de la raison Sociologie et soci t s vol 7 n 1 p 91 118 Bourdieu P 1997 Les usages sociaux de la science Pour une sociologie clinique du champ scientifique Paris INRA ditions Bourdieu P 2001 Science de la science et r flexivit Paris Raisons d agir Gingras Y et M Tr panier 1993 Constructing a Tokamak Political Economic and Technical Factors as Constraints and Resources Social Studies of Science vol 23 n
393. tion d un paradigme de remplacement Le nouveau paradigme en raison des concepts des m thodes et du langage employ s est alors incommensurable au premier car il v hicule une vision du monde toute diff rente Son adoption entra ne donc une certaine rupture du progr s 168 PARADIGME cumulatif observ durant le moment de science normale Le mod le kuhnien de la dynamique des r volutions scientifiques peut se r sumer dans le sch ma suivant Paradigme 1 gt science normale gt anomalie gt crise gt paradigme 2 gt science normale Kuhn comme d autres a b ti son sch ma partir de l histoire de la physique consid r e au milieu du 20 si cle comme la reine des sciences Le cas type d un changement de paradigme est ainsi le pas sage de la conception g ocentrique du monde incarn e par l astrono mie de Ptol m e et la physique d Aristote qui place la Terre immobile au centre de l univers la conception h liocentrique de Copernic qui met plut t le Soleil au centre du syst me solaire et fait de la Terre une plan te comme une autre ce qui r clame une nouvelle physique qui viendra de Galil e et Newton Kuhn recourt aussi d autres exemples tir s de la physique comme l apparition de la m canique quantique Ian Hacking a d ailleurs sugg r qu une autre source d inspiration comme l histoire des sciences de la vie aurait peut tre inspir une formulation quelque peu diff rente des concepts de
394. tion de nouvelles semences la m t orologie etc Les domaines de recherche sont nombreux allant des connaissances pour sauvegarder la vie aux technologies de destruction massive L tat est aussi un consommateur de sciences et de technologies Il utilise le pouvoir d achat du secteur public comme des institutions parapubliques pour favoriser le d veloppement de certaines technolo gies l int rieur de ses fronti res Le d veloppement des technologies du transport train avion s appuie largement sur les march s publics L tat est aussi un r gulateur de l activit scientifique et du d velop pement technologique cet gard nous sommes pass s au cours des trente derni res ann es d une intervention de l tat favorisant le d ve loppement de la science politique scientifique des actions sur le d ve loppement des technologies et plus r cemment sur le d veloppement des innovations voir Syst mes d innovation et volution de la r glementation 177 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Les politiques scientifiques de l apr s guerre 1950 1980 visaient une croissance de la recherche fondamentale par la promotion de la recherche universitaire gouvernementale et industrielle en repre nant la vision labor e par Vannevar Bush en 1945 Selon cette vision le soutien de la recherche fondamentale allait t t ou tard produire des d couvertes et des inventions qui deviendraient des innovations voir Financem
395. tion et Universit Les politiques de la technologie et de l innovation fixent des priori t s dans les domaines scientifiques ce qui les distingue des politiques ant rieures qui taient horizontales et globales Les priorit s sont moins formul es en termes de sp cialit que d objet par exemple on dira avion cologique ou autobus lectrique plut t que trans port Les programmes de subvention de recherche cibl e ou en lien avec les milieux de pratique prennent davantage de place dans l ven tail des modes de financement Les crit res d valuation des projets de recherche se multiplient la qualit des retomb es possibles des recherches s ajoutant la qualit scientifique voir Bibliom trie et 178 POLITIQUE DE LA SCIENCE ET DE LA TECHNOLOGIE valuation par les pairs Une double valuation est aussi mise en place celle des pairs et celle des comit s d utilisateurs ou de praticiens dont les entreprises Les modes de production des savoirs changent afin de faire place aux pr occupations des ventuels usagers ou des entreprises et aux retomb es pratiques innovations des r sultats de recherche On assiste enfin une commercialisation accrue de la recherche uni versitaire Sur les plans institutionnels et organisationnels de nombreux chan gements se font sentir La gouvernance de la recherche s en trouve modifi e Des organismes conseils dont le mandat tait de produire des avis pour orienter
396. tion et qu ensuite ses r percussions peuvent s observer sur une p riode de temps ind termin e Pour un produit ou un secteur sp cifique il est extr mement difficile de documenter avec certitude les p riodes d investissements d accumulation des stocks de connais sances et de r percussions sur la productivit conomique Les limites g ographiques associ es l analyse des retomb es posent galement probl me sur le plan m thodologique Les recherches doivent prendre en consid ration le fait que la R D men e l int rieur d une juridiction 21 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S donn e aura forc ment des retomb es sur les juridictions voisines On retrouve galement la notion de retomb e interindustrielle qui prend en compte la mani re dont les activit s de R D d un secteur donn contribuent la performance conomique d autres secteurs Les approches d entr e sortie ont justement t introduites par Leontief pour analyser les activit s interindustrielles Des mod les d entr e sortie sont d sormais employ s dans de nombreuses juridic tions travers le monde afin de justifier tout projet devant faire l objet d un financement public Les analyses d impacts macro conomiques par les mod les d entr e sortie permettent de mesurer les r percussions dans l conomie d activit s conomiques ou de projets d investissement d envergure dans une industrie donn e Les tableaux d entr e sorti
397. tique et s curitaire dans le secteur des ST Canada s Association of Information Technology Professionals Code of Ethics www cips ca ethics Davis M 1991 Thinking like an engineer The place of a code of ethics in the practice of a profession Philosophy and Public Affairs vol 20 n 2 p 150 167 Davis M et A Stark dir 2001 Conflict of Interest in the Professions New York NY Oxford University Press 93 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Potvin M J 2010 Ricoeur s Petite thique An Ethical Epistemological Perspective for Clinician Bioethicists HEC Forum vol 22 n 4 p 311 326 Ricoeur P 1990 Soi m me comme un autre Paris ditions du Seuil coll Points Smith E C Martin J Behrmann et B Williams Jones 2010 Reproductive Tourism in Argentina Accreditation and its Implications for Consumers and Policy Makers Developing World Bioethics vol 10 n 2 p 59 69 Williams Jones B et J E Graham 2003 Actor network theory A tool to support ethical analysis of commercial genetic testing New Genetics Q Society vol 22 n 3 p 271 296 tudes de cas en STS Guillaume Latzko Toth L tude de cas est une strat gie de recherche fr quemment employ e en STS en particulier dans les approches fond es sur l analyse des contro verses scientifiques et technologiques telles que la th orie de l acteur r seau et la construction so
398. tive Universit de Montr al Jean Guy Pr vost professeur et vice doyen la Facult de science politique et de droit Universit du Qu bec Montr al Serge Proulx professeur l cole des m dias Universit du Qu bec Montr al Julien Prud homme chercheur associ au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie 253 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Jean Pierre Robitaille coordonnateur de l Observatoire des sciences et des technologies Lyse Roy professeure au d partement d histoire Universit du Qu bec Montr al Bernard Schiele professeur l cole des m dias Universit du Qu bec Montr al Christophe Schinkus professeur l cole de management Universit de Leicester lise Smith doctorante en bio thique au d partement de m decine sociale et pr ventive Universit de Montr al Diane Gabrielle Tremblay professeure l cole des sciences administra tives T luq Jean Louis Trudel professeur au d partement d histoire Universit d Ottawa Jean Philippe Warren professeur au d partement de sociologie et d anthro pologie de l Universit Concordia titulaire de la Chaire d tudes sur la Qu bec Bryn William Jones professeur au d partement de m decine sociale et pr ventive Universit de Montr al Majlinda Zhegu professeure au d partement de management et technolo gie cole des sciences de la gestion de l Universit d
399. tives diff rentes Introduit par Star et Griesemer dans une tude de cas sur l dification d un mus e zoologique Berkeley ce concept s inscrit dans le cadre de l approche dite cologique des STS Cette tradition de recherche ancr e dans la sociologie interactionniste dont elle retient notamment le concept de monde social reprend certains l ments du cadre conceptuel de la sociologie de la traduction ou th orie de l acteur r seau mais elle offre selon Clarke et Star des affordances bien diff rentes et poursuit des finalit s analytiques distinctes 2008 p 122 Le mod le cologique des STS s efforce de rendre compte des multiples traductions op r es simultan ment par tous les acteurs d un projet plut t que de suivre le point de vue unique des entrepreneurs c est dire des individus les plus activement engag s l gard du projet et qui mobilisent les autres autour d eux voir Th orie de l acteur r seau et Construction sociale des technologies Selon Star et Griesemer un objet fronti re est suffisamment plastique pour s adapter aux besoins locaux et aux contraintes des divers groupes qui l utilisent tout en tant suffisamment robuste pour maintenir une identit commune d un site l autre 1989 p 393 Il peut tre concret ou abstrait et il est capable d exister simultan ment dans plusieurs mondes sociaux tout en satisfaisant aux exigences informationnelles de chacun Les
400. tivit inventive dont ils sont cens s rendre compte Chesbrough H 2006 Emerging Secondary market for intellectual property US and Japan comparisons National Center for Industrial Property Information and Training Cohen W M et al 2000 Protecting their Intellectual Assets appropriability conditions and why U S manufacturing firms patent or not Cambridge NBER working paper n 7552 Dernis H D Guellec et B van Pottelsberghe 2001 Using patent counts for cross country comparisons of technology output coll STI Review OCDE Direction de la science de la technologie et de l industrie p 129 146 Dernis H et M Khan 2004 Triadic Patent Families Methodology OCDE Direction de la science de la technologie et de l industrie p 1 32 Desrochers P 1998 On the abuse of patents as economic indicators The Quarterly Journal of Austrian Economics vol 1 n 4 p 51 74 OCDE 1994 Manuel brevet les donn es sur les brevets d invention et leur utilisation comme indicateurs de la science et de la technologie Paris OCDE OEB 2012 Directives relatives l examen pratiqu l Office europ en des brevets Munich Office europ en des brevets Shapiro C 2001 Navigating the Patent Thicket cross licences patent pool and standard setting Innovation Policy and the Economy MIT Press p 34 USPTO 2012 Manual of Patent Examining Procedure MPEP 8 di
401. tric suivie en 1902 par la firme Du Pont de Nemours chimie et en 1909 par American Telephone and Telegraph AT amp T Au Canada alors que seules quelque 37 compagnies priv es conduisent de la R D en 1919 on en compte 51 en 1930 La Deuxi me Guerre mondiale donne une impulsion majeure la R D dans tous les pays industriels Les pays bellig rants utilisent une panoplie de nouveaut s issues de la recherche scientifique et techno logique dont le radar le caoutchouc synth tique les avions r action et surtout la bombe atomique En 1941 le pr sident Roosevelt fonde l Office of Scientific Research and Development OSRD responsable 189 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S de nombreux projets dont le projet Manhattan celui de la bombe ato mique En 1945 le directeur de l OSRD Vannevar Bush crit un rap port au pr sident des tats Unis qui fait sensation aux tats Unis et ailleurs partir de cette date les pays industriels se lancent dans une course pour d velopper la R D industrielle publique et universitaire Partout des laboratoires publics des fondations et des organismes sub ventionnaires sont cr s tandis que l on fonde des universit s nouvelles Les gouvernements rivalisent d ing niosit pour inciter les entreprises effectuer de la R D voir Invention et innovation La seconde grande impulsion en faveur de la R D est venue de la science conomique En 1956 l conomiste am ricain Robert Sol
402. ttribu s Le deuxi me et le troi si me moments sont l int ressement et l adh sion par lesquels les autres acteurs acceptent la d finition de l acteur central et les int r ts qui leur sont attribu s voir Controverse et Statistisation Le processus de construction sociotechnique des objets techniques est ainsi marqu par la controverse entre les actants du r seau et des jeux de n gociation qui produit une convergence des int r ts du r seau en vue d aboutir ultimement un objet technique consensuel La cr ation de cet artefact consensuel c est dire qui assure la protection des int r ts de chaque acteur est qualifi e d inscription Elle m ne un seuil d irr versibilit au del duquel il devient impossible de faire marche arri re pour revenir un point o il existait un choix de diverses possibilit s Le cadre th orique met alors l accent sur le cadre socioculturel qui entoure la production des faits et l interpr tation de l environnement culturel La th orie de l acteur r seau valorise la flexibilit interpr tative la controverse et surtout le r le des r seaux et des groupes sociaux pour analyser l mergence d une technique Celle ci fait donc partie d un tout compl mentaire agenc et n ob issant aucune hi rarchie la technique et la soci t se d finissent et se construisent en m me temps et la distinction entre les deux est dissoute D o la construction simultan
403. turels ces hypoth ses se justifieraient pour autant qu on parviendrait par leur truchement sauver les apparences Le concept de science volue de fa on significative du 16 au 21 si cle Traitant de modes de connaissance ordonn s au passage d un monde clos lunivers infini n a t on pas en effet parl de R volution 203 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S scientifique des temps modernes Ce redimensionnement de l objet va de pair avec une transformation radicale des m thodes et des cat gories pist mologiques caract risant la d marche scientifique L invention math matique intervient ici pour une part avec le d veloppement d algorithmes aptes fournir de puissants instruments pour l analyse des ph nom nes pensons entre autres la g om trie alg brique au calcul infinit simal au calcul des probabilit s et ses applications statistiques Une science des ph nom nes va notamment pouvoir se constituer en d passement du niveau empirique des observations par la formulation de lois o s int grent des mod les s appuyant sur ces inventions math matiques voir Lois scientifiques Prenons comme exemples cet gard la loi de Galil e sur la chute des corps ou celle de Snell Descartes sur la r fraction du rayon lumineux traversant des milieux de densit diff rente Mais l n est pas la seule transformation interne ayant affect le concept de science Celui ci annexe syst matiquement les compo
404. u Qu bec Montr al 254 Index acad mie 88 118 120 244 245 agent 13 38 39 63 70 72 81 82 84 91 101 130 146 151 173 222 226 227 247 248 algorithme 16 30 140 204 anthropologie 24 39 86 184 192 193 207 209 233 Archim de 88 98 117 203 Aristote 43 120 168 169 172 193 203 206 artefact 24 25 57 58 94 161 164 165 166 167 217 235 236 astronomie 15 16 118 126 169 Bachelard Gaston 86 87 121 122 123 Bacon Francis 88 173 209 base de donn es 16 17 27 28 30 46 127 128 213 big science 177 biologie 35 37 39 43 44 82 87 120 121 128 154 172 175 176 201 biopolitique biopouvoir 90 230 bo te noire 25 57 66 140 166 Bourdieu Pierre 38 39 40 70 71 76 77 97 98 181 215 218 Boyle Robert 173 brevet 22 23 29 30 31 32 84 101 107 125 130 132 139 140 141 225 246 Bush Vannevar 71 74 89 178 179 190 191 229 Canguilhem Georges 121 123 174 175 176 230 capital capitalisme 38 39 40 60 67 70 79 80 84 85 97 103 109 110 142 179 190 241 246 Carnap Rudolf 145 173 240 chimie 53 63 89 105 114 117 137 154 181 189 201 238 244 Chine 117 137 138 191 245 collaboration 14 27 38 108 113 129 130 131 134 138 140 217 241 242 coll ge invisible 17 214 Collins Harry 54 55 56 57 214 commercial commercialisation 11 13 14 30 3
405. u exploratoires mais permettent plut t de produire des accords raisonnables ou de se prononcer sur la comparaison de plusieurs th o ries en d veloppement voir Paradigme 187 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S En sciences humaines et sociales la quantification a souvent sus cit des critiques virulentes D s 1830 Balzac utilise par d rision le verbe statistiquer pour d crier cette propension nous mesurer nous scruter nous mettre en chiffres Dans L homme sans qualit s Musil 1956 reproche la quantification de d personnaliser les com portements en contribuant par exemple r duire la procr ation et le suicide des courbes annuelles qui r v lent le caract re forc de ce que l on croyait le r sultat des d cisions les plus libres Selon Sorokin le recours des mesures devient quand on en use mauvais escient ou qu on l applique des ph nom nes qui ne paraissent pas s y pr ter une sorte d obsession quanto phr nique n apportant aucune lumi re sur le monde psychosocial En d pit de ces critiques les possibilit s que les m thodes quantitatives offrent de g n raliser des associations entre ph nom nes ou comportements leur ont donn un r le privil gi dans le d veloppement des sciences sociales appliqu es Gr ce elles de nouvelles disciplines m trologiques sp cialis es sont apparues comme la psychom trie l pid miologie ou la bibliom trie voir Bibliom trie
406. u les conflits en uvre peuvent tre de diff rentes natures exigences techniques diff rentes voire contradictoires entre les diff rents groupes solutions diff rentes pour r gler un probl me donn conflits entre des normes morales ou socioculturelles et l usage possible de l objet voir Th orie de l acteur r seau 57 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S La seconde tape analytique consiste cerner et d crire les pro cessus de fermeture ou de cl ture des d bats closure et de fixation du design de l artefact stabilization of an artefact Un premier mode est la fermeture rh torique qui consiste faire dispara tre les probl mes ce qui signifie que des groupes sociaux ne voient plus le ou les probl mes Ainsi au cours du d bat des significations ou des repr sentations attribu es l objet technique ont t fa onn es de telle sorte que des consensus entre des visions diff rentes voire oppos es sont tablis sur le design Un second mode est la fermeture par red finition des pro bl mes Ainsi une solution donn e est adopt e car bien qu elle ne r gle pas n cessairement un premier probl me identifi elle fait consensus sur un autre En faisant cette traduction l adh sion d autres groupes significatifs devient possible et le consensus pour cette solution s tend voir Controverse Le troisi me moment analytique consiste r introduire les con textes sociopolitiques et culturels plus
407. uction lorsque le produit est mature et que les possibilit s d innovation sont puis es L approche lin aire sugg re ainsi la pr minence de diff rences structurelles qui perp tuent le maintien ou l approfondissement du clivage technologique entre les pays d velopp s et ceux en d veloppement 47 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Les repositionnements fr quents des pays par rapport la fronti re technologique ont remis en question cette approche lin aire du clivage technologique Pour mieux appr hender l volution et la diffusion des technologies des auteurs comme Ames et Rosenberg Beer ou encore Giuliani et ses collaborateurs ont tudi des cas de rattrapage r ussi en ce qui concerne la production ou l utilisation de technologies parti culi res De plus de nouveaux mod les volutionnistes du commerce international et de la croissance conomique ont t d velopp s en se basant sur les processus d imitation et de rattrapage technologique voir conomie volutionniste Ce nouveau regard sur le clivage tech nologique et sur les strat gies de sa diminution met l accent sur le contexte historique et le cadre institutionnel dans lesquels les proces sus d imitation et de rattrapage conomique ont lieu Selon cette pers pective le clivage technologique est conditionn par des contraintes de nature conomique politique institutionnelle et par des ant c dents historiques Ces contraintes entra nen
408. ue la pathologie devienne une simple section sp ciale de la biologie Bien que les entit s l origine des processus pathog nes soient d sormais reconnues comme tant de nature biologique les processus produisant des l sions pathologiques en demeurent distincts Et si par exemple les oncog nes sont bel et bien des g nes tels que la biologie mol culaire les 175 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S d crit leur r le dans le d veloppement des cancers sort du seul cadre physiologique et de mani re r solument qualitative plut t que quanti tative voir Paradigme et Cat gorie En grande partie la pratique de la biom decine contemporaine concerne la mesure et la caract risation des entit s biologiques l origine des processus pathologiques cette fin elle mobilise des techniques directement issues des laboratoires de biologie souvent install s eux m mes dans des facult s de m decine Pour suivre l acti vit des biomol cules dans le contexte des processus pathologiques les cliniciens et les chercheurs font converger leurs activit s r ci proques vers des plateformes biom dicales c est dire de v ritables sites d exp rimentation centralisateurs et mixtes o s articulent les entit s normales et les processus pathologiques voir Objet fronti re et Migration conceptuelle Un cytofluorom tre par exemple est un instrument d analyse des antig nes de surface d une cellule D ploy comme plateforme biom
409. ue les grandes entreprises investissant en g n ral en premier Leur taille est alors distribu e selon une loi logarithmico normale La r duction de la taille critique ou l augmentation g n rale de la taille des entreprises permet aux plus petites entreprises d adopter une technologie dispendieuse Comme l indiquent Karshenas et Stoneman cependant les mod les d crits plus haut ne tiennent pas compte de l aspect strat gique de l adoption de l innovation En effet certaines d cisions d adoption manent du d sir de d passer ou de rattraper des concurrents sur les plans du prix de la qualit voire m me de la performance Ces mod les permettent d expliquer la diffusion lorsque l information les effets du prix de la qualit ou du revenu ne sont pas des facteurs d terminants voir conomie volutionniste Les d cisions des adopteurs ne sont pas non plus n cessairement ind pendantes les unes des autres Pour en tenir compte les mod les de th orie des jeux prennent en consid ration l influence des adopteurs les uns sur les autres Dans ces mod les la diffusion de l innovation prend un certain temps parce qu elle ne para t pas n cessairement sup rieure aux autres au d part Les premi res firmes adopter une technologie pr sentent ensuite un rendement plus lev l adoption puis mesure que le nombre d adeptes d une technologie augmente les b n fices li s l adoption diminuent 227 SCIENCES T
410. ue les tats Unis ont t t fait d imiter une fois mises en place les grandes universit s de recherche et les grandes corpora tions qui se dotent parall lement de march s en constante expansion de d partements de recherche et de d veloppement Les liens se solidi fient ensuite entre ces universit s de recherche et les agences techno scientifiques qu tablissent les gouvernements la charni re du 19 et du 20 si cle voir Universit et Invention et innovation La mobilisation de la science qui sert la guerre commerciale que se livrent les puissances occidentales et les entreprises transnationales cette poque est transpos e de nouveau sur le terrain militaire apr s le d clenchement de la Premi re Guerre mondiale Des pays comme la Grande Bretagne les tats Unis l Australie et le Canada mettent en place des conseils nationaux de la recherche pour int grer l entreprise scientifique l effort de guerre totale Devant les succ s obtenus par les chimistes durant la Grande Guerre ces pays sont suivis par les autres nations industrielles durant l entre deux guerres et fondent en partie l effort de remilitarisation sur la recherche scientifique D ailleurs durant la Seconde Guerre mondiale ce sont les sciences physiques qui deviennent le moteur de l innovation et de la strat gie militaires voir Guerre science et technologie Pendant les Trente Glorieuses en m me temps que l tat se fait de plus en plus intervention
411. uetelet ouvre la voie en 1835 la quantification moderne des attributs physiques et moraux en s appuyant sur des enregistrements administra tifs de plus en plus abondants et en remarquant que les statistiques des mariages des crimes ou des suicides pr sentent le m me type de stabi lit que la distribution d attributs physiques Les concepts statistiques sont ensuite d velopp s non par des physiciens ou des r formateurs mais par des id ologues oppos s l intervention trop grande de l tat notamment des eug nistes Enfin les quantifications se multiplient au 20 si cle sous l effet du d veloppement de l appareil d tat et des technologies d enregistrement de l informatique et des instruments de traitement statistique voir tat pouvoir et science et Sciences sociales S il est ind niable que les m thodes quantitatives sont centrales dans le d veloppement des sciences il reste que la repr sentation com mune de la mesure est peu en accord avec la pratique scientifique r elle Selon Kuhn la repr sentation de la mesure comme test d une nouvelle th orie ou comme exploration l origine de d couvertes v hicul e par les manuels de science est erron e En r alit les scientifiques mettent du temps confronter leurs th ories au r el la deuxi me loi de Newton n a t ad quatement mesur e qu un si cle apr s sa formulation Selon Kuhn en sciences les mesures ne constituent pas des faits confirma toires o
412. ur au d partement de management et technologie cole des sciences de la gestion de l Universit du Qu bec Montr al Jean Pierre Beaud professeur et doyen de la Facult de science politique et de droit Universit du Qu bec Montr al Catherine Beaudry professeure au d partement de math matiques et de g nie industriel cole Polytechnique de Montr al Serge Bernier chercheur associ au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie Fr d ric Bouchard professeur au d partement de philosophie de l Uni versit de Montr al titulaire de la chaire ESOPE de philosophie directeur du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie St phane Castonguay professeur au d partement des sciences humaines de l Universit du Qu bec Trois Rivi res titulaire de la Chaire de recher che du Canada en histoire environnementale du Qu bec L Martin Cloutier professeur au d partement de management et techno logie cole des sciences de la gestion de l Universit du Qu bec Montr al Nathalie de Marcellis Warrin professeure au d partement de math ma tiques et de g nie industriel cole Polytechnique de Montr al Pierre Doray professeur au d partement de sociologie Universit du Qu bec Montr al Fran ois Duchesneau professeur au d partement de philosophie Univer sit de Montr al 251 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Luc Faucher pro
413. urs pour les transformer en une source d avan tage concurrentiel est un enjeu important pour les compagnies Ainsi Franke et Schreier notent qu un manufacturier qui vise int grer les utilisateurs doit travailler non seulement comme un chasseur des utilisateurs d avant garde et de leurs id es novatrices mais aussi comme un jardinier qui fournit des ensembles d outils pour faciliter l innovation continue par les utilisateurs voir Cartographie concep tuelle et Construction sociale des technologies Le domaine du logiciel code source ouvert est un cas extr me d innovation ouverte collaborative En fait bien que la d finition g n ralement accept e d innovation ouverte soit celle propos e par Chesbrough Baldwin et von Hippel pr f rent restreindre l utilisation de cette ouverture aux situations o toute l information concernant l innovation est un bien public sans rivalit ni possibilit d exclusion Cette utilisation est troitement li e au sens que prend l ouverture dans les logiciels code source ouvert et dans la science ouverte Dans les projets d innovation ouverte collaborative les utilisateurs et autres parties partagent la fois le travail de conception et le produit de leurs efforts individuels et collectifs Chaque innovateur contributeur fait une partie du travail mais peut se fier aux autres pour le reste et toutes les personnes impliqu es re oivent la valeur de l ensemble Baldwin et von Hi
414. usciter la mobilisation de membres constitue plut t une contribution inter m diaire voir Amateurs et Innovation ouverte Lusager expert lui va proposer des applications ajouter sur le site Enfin dans une cat gorie part au sens o il ne s agit pas d usagers proprement parler les professionnels du Web d veloppeurs externes publicitaires m dias traditionnels vont utiliser ces r seaux selon une logique marchande voir Usager figures de l usager Auray N 2009 Communaut s en ligne et nouvelles formes de solidarit dans C Licoppe dir L volution des cultures num riques De la mutation du lien social l organisation du travail Limoges FYP ditions p 58 66 199 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Boyd D 2006 Social network sites my definition www zephoria org thoughts archives 2006 11 10 social_network 2 html 2007 Viewing American class divisions through Facebook and MySpace Apophenia Blog Essay wwWw danah org papers essays ClassDivisions html Cardon D 2008 Le design de la visibilit Un essai de cartographie du Web 2 0 R seaux vol 152 p 93 137 Di Gangi P M et M Wasco 2009 The Co creation of Value Exploring User Engage ment in User Generated Content Websites Sprouts Working Papers on Information Systems vol 9 n 50 http sprouts aisnet org 9 50 Granjon F et J Denou l 2010 Exposition de soi et reconnaiss
415. utilisation des composantes connues par exemple entre les industries des semi conducteurs et de l horlogerie Lorsque ces accords technologiques impliquent des montants r duits ou des technologies peu strat giques les coop rants ne se don nent pas souvent la peine de formaliser par crit leur collaboration Des entreprises se consultent ainsi r guli rement sur des questions tech nologiques sans tre oblig es de r diger de longs et co teux contrats Par contre lorsque des sommes importantes sont en jeu ou lorsque des technologies cl s actuelles ou d avenir mettent en cause l existence m me de la compagnie les entreprises signent des accords de coop ra tion terme le plus souvent employ pour d signer ces accords La coop ration entre organisations semble plus fr quente lorsque les recherches sont de type pr comp titif Plus pr s de la phase de la commercialisation les entreprises sont moins enclines coop rer mais lorsqu elles le font les montants investis sont plus substantiels Par ailleurs les petites et moyennes entreprises m nent un pourcentage plus lev de leur R D en coop ration que les grandes soci t s m me si long terme elles b n ficient moins de la coop ration technologique que les grandes entreprises cause de leurs limitations sur le plan de la taille et des ressources Les gouvernements ont emboit le pas aux entreprises et autres organisations impliqu es dans la coop ration I
416. utur Paris Aubier Pearce Susan 1989 Museum studies in material culture introduction dans S Pearce dir Museum Studies in Material Culture Leicester University Press p 1 10 Roussel M 1979 Le public adulte au Palais de la D couverte d apr s les principaux r sultats d une enqu te sociop dagogique 1970 1978 Paris Palais de la D couverte Rydell Robert W 1993 World of Fairs Chicago Londres The University of Chicago Press Schiele Bernard 1992 The Rise of Environmentalism in Museums Qu bec Mus e de la civilisation 157 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S Schroeder Gudehus Brigitte et Anne Rasmussen 1992 Les fastes du progr s Le guide des Expositions universelles 1851 1992 Paris Flammarion Searle John R 1995 Postmodernism and the Western Rationalist Tradition dans J Arthur et A Shapiro dir Campus Wars Multiculturalism and the Politics of Difference Boulder Westview Press p 28 48 Torlais Jean 1986 La physique exp rimentale dans R Taton dir Enseignement et diffusion des sciences au XVIII si cle Paris Herman p 619 643 Normes et standards Marc Banik Bien qu il y ait souvent confusion entre les termes norme en anglais standard et standard en anglais convention chaque mot rev t en STS une signification pr cise Une norme est un r f rentiel une sp ci fication technique publi e par une association de producteur
417. uverte en la reprenant ou non dans leurs propres travaux C est l originalit d un discours qui permet de lui conf rer le statut d une r elle contribution Cette originalit selon Bourdieu et Whitley est cependant limit e voire contr l e car elle doit tre reconnue comme valide et int ressante par des comp titeurs dans le champ de recherche partir du 19 si cle cette forme de comp tition se d veloppe dans les champs de recherche disciplinaires Le r le des sciences dans les guerres du 20 si cle et l mergence de politiques scientifiques nationales ont favoris le d veloppement autonome des disciplines De l avis de plusieurs par contre de nouvelles tendances seraient pr sentement risque de d pouiller les disciplines de leur capacit d autor gulation La diminution relative du finance ment public et l int r t croissant pour l innovation nourrissent une augmentation relative de la recherche orient e vers l application et des 76 DISCIPLINE interactions plus intenses entre l universit et l industrie voir Finan cement de la science et Syst mes d innovation Les crits sur ces transformations proph tisent parfois la venue d un nouveau mode d organisation des sciences ax sur une recherche transdisciplinaire inscrite dans des sites h t rog nes et des contextes d application qui transforment les crit res d valuation et de contr le voir Interdisciplinarit Or cette analyse est contest
418. v Avec les ann es le pouvoir radical de transformation des sciences et des techniques devient vident et les sciences sont vite mises au service du d veloppement conomique et social Il s agit d s lors inversant la logique qui avait pr valu de conna tre pour innover et non plus de conna tre pour conna tre en laissant d autres le soin de trouver des applications aux connaissances produites D s lors aussi les efforts 50 COMMUNICATION PUBLIQUE DES SCIENCES ET DES TECHNOLOGIES pour lever la culture scientifique du grand public pour le convaincre des retomb es positives de la recherche et faire de lui un acteur de changement sont consid rables Du m me souffle toutefois il n est plus possible de nier les probl mes qu entra ne le nouveau poids des sciences et des technologies sur les affaires du monde Tout se passe comme si les campagnes de valorisation de la culture scientifique s accompagnaient d une pouss e d incertitude et de doute C est une certaine id e du progr s qui est mise en cause un futur qui ne se con oit plus sans l effet structurant des technosciences mais qui ne peut chapper un ques tionnement sur celles ci voir Controverse et Risques technologiques Sur le plan de la CPST deux ruptures se produisent au d but des ann es 1960 La premi re est l autonomisation de la CPST Les vulgari sateurs jusqu alors auxiliaires de la communaut scientifique exigent d en tre les m dia
419. vaient changer La structure des r volutions scienti fiques 1962 le c l bre ouvrage de Thomas Kuhn et l un des textes les plus cit s de toute la litt rature des sciences sociales dans la seconde moiti du 20 si cle rejoignait les th ses de Bachelard dans leur critique d une repr sentation commune qui voit dans l volution des sciences l effet d un progr s cumulatif des m thodes et des concepts Pour Kuhn l histoire des sciences fait appara tre une succession de paradigmes ou de matrices disciplinaires incommensurables alors que les p riodes r volutionnaires de changement de paradigme s intercalent entre des p riodes relativement longues de science normale durant lesquelles ench ss s dans les pratiques routini res les pr suppos s du paradigme ne sont pas remis en question voir Paradigme La notion de p riode r volutionnaire constitue le point n vralgique de ce sch me conceptuel du d veloppement des sciences puisqu elle d signe une p riode durant laquelle les chercheurs sont invit s choisir entre deux ou plusieurs th ories scientifiques sur des bases que les donn es scientifiques elles m mes ne peuvent fournir Cette ouverture la d lib ration et l intro duction corr lative de la notion de controverse scientifique ont pav la voie une s rie d tudes historiques cherchant mettre au jour les rap ports plus ou moins directs entre les contenus de la connaissance scien tifique et leur co
420. vaux de Wittgenstein et de quelques autres philosophes Mais l emploi du terme est alors une raret S il devient un mot commun employ aujourd hui toutes les sauces c est en raison du travail fondateur de T S Kuhn sur la Structure des r volutions scientifiques 1962 qui transforme le concept en l une des principales cl s d analyse de l volution des sciences Kuhn un physicien qui a bifurqu vers l histoire et la philosophie des sciences distingue deux types de moments dans l volution d une science de longs moments de science normale interrompus par des pisodes de r volution scientifique La science normale repose sur une communaut de savants rassembl s autour d un paradigme stable le mot paradigme d signe alors le cadre th orique g n ral de la dis cipline qui fournit la communaut le vocabulaire les questions les techniques et les arguments jug s l gitimes pour lui permettre de fonc tionner voir Discipline et Champ La communaut de savants s emploie alors tendre le champ d application du paradigme en r solvant un ventail de probl mes tous formul s dans les termes propres du para digme de mani re engendrer un progr s cumulatif des connaissances Une r volution scientifique survient lorsqu une s rie d anomalies de probl mes apparemment insolubles vient jeter le doute sur la viabilit du paradigme existant s ensuit alors une crise qui peut tre r solue par l adop
421. vention en milieu communautaire 207 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S marketing des arts et de la culture management des organisations caritatives d veloppement des comp tences psychosociales Ces exper tises priv es et publiques utilisent la connaissance des faits humains pour assurer un meilleur contr le des organisations sur le r el et une adaptation toujours plus performante de celles ci leur environnement voir Gestion de la technologie et Scientisme et politique Depuis le milieu du 19 si cle les tablissements universitaires ont t investis tour tour par les lettres et les arts par les sciences appliqu es dont le g nie par les professions lib rales puis depuis la Seconde Guerre mondiale par les sciences sociales voir Universit Celles ci dominent d sormais le paysage des tudes sup rieures Elles ont permis et permettent encore aujourd hui d accumuler un savoir sur la soci t qui rend plus clairs les facteurs souvent inconscients qui influencent la vie humaine Mais cette connaissance repr sente aussi un pouvoir pouvoir qui a contribu assurer la domination r cente des sciences sociales dans l organisation du monde social Abbott Andrew 2001 Chaos of Disciplines Chicago Londres The University of Chicago Press Backhouse Roger E et Philippe Fontaine dir 2010 The History of the Social Sciences since 1945 Cambridge New York Cambridge University Press Gingra
422. vue conventionnaliste Le premier originaire des sciences de la nature consiste rechercher dans les nombres une fiabilit une estimation sans biais des intervalles de confiance ou des effets significatifs en consid rant l objet mesurer comme existant ant rieurement et ind pendamment de l appareil d observation l oppos l optique conven tionnaliste inspir e de la sociohistoire des sciences consiste analyser 186 QUANTIFICATION ET MESURE les controverses les n gociations et les compromis qui conduisent aux mises en nombre ou aux classifications Par exemple le m trologue cherche conna tre les effets pid miologiques de la corpulence en esti mant partir de quel seuil d IMC appara t un risque significativement non nul de maladies cardiovasculaires tandis que le conventionnaliste analyse le r le de diff rents acteurs dans la construction de la conven tion de l IMC actuaires Organisation mondiale de la sant ainsi que les controverses autour de la pertinence de l usage de cet indicateur par rapport d autres voir Statistisation En sciences physiques la quantification moderne se d veloppe en Europe au 15 si cle et les instruments de mesure fondamentaux apparaissent au 17 balance horloge microscope C est la R volution fran aise qui l gue la post rit le syst me m trique d cimal qui uni fiera les mesures au 19 et au 20 si cle En sciences humaines et sociales Q
423. w York The Macmillan Company Mill J S 1974 18431 A System of Logic Ratiocinative and Inductive Londres Toronto Routledge amp Kegan Paul University of Toronto Press Mitchell S D 2009 Unsimple Truths Science Complexity and Policy University of Chicago Press Neurath O 1973 Empiricism and Sociology Dordrecht Boston Reidel Scott J C 1998 Seeing Like a State How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed New Haven Londres Yale University Press Sociologie des sciences Marcel Fournier L id e que la science est un ph nom ne social est aussi vieille que la sociologie comme on peut le voir chez Auguste Comte ou mile Durkheim L un des objectifs de la sociologie comme nouvelle discipline est pr cis ment pour Durkheim d laborer une nouvelle th orie de la connaissance selon laquelle les concepts sont des repr sentations col lectives Et il en ira de la sociologie des sciences comme de la sociologie elle m me les perspectives th oriques sont devenues diverses et les d bats nombreux voir Discipline et Th orie scientifique Avant que la sociologie des sciences ne se constitue comme sp cialit c est de la connaissance dont on parle Pensons aux travaux de Max Scheler de Karl Mannheim ou de Pitirim Sorokin il s agit d tablir les rapports entre la connaissance et la soci t en assimilant la connaissance tant t la vision du monde tant t au syst me cultu rel
424. x certains diteurs 104 FACTEUR D IMPACT quoique l tendue de cette pratique ne soit pas quantifi e ont aug ment artificiellement le facteur d impact de leur revue en changeant le nom de certains articles pour des lettres les retirant ainsi du d no minateur Deuxi mement la probabilit pour un article d tre cit n est pas la m me dans les diff rents champs disciplinaires Par exemple le nombre de r f rences moyen par article est beaucoup plus lev en recherche biom dicale qu en chimie ou en physique On peut galement observer une diff rence marqu e au sein d un champ disciplinaire donn et m me au sein des diff rentes sp cialit s du domaine m dical Ainsi les facteurs d impact ne peuvent tre compar s entre les diff rentes disciplines voir Discipline et Champ Troisi mement le facteur d impact des journaux inclut les autoci tations c est dire les r f rences des articles publi s dans la m me revue Bien que cette inclusion ne pose pas de probl mes a priori elle est devenue probl matique lorsque certains diteurs de revues ont commenc fortement sugg rer des auteurs de citer certains travaux pr c demment publi s dans la m me revue Quatri mement la fen tre d observation de deux ans est g n ralement consid r e comme trop courte pour mesurer l impact global des articles Dans certaines disci plines o le rythme de la recherche est plus lent notamment les artic
425. xpliquer le fonctionnement du c ur d Ulysse en disant que c est un m canisme du m me type mal gr quelques l g res diff rences voir Analogie et m taphore en sciences Dans certains cas o le m canisme peut produire le m me r sultat de plusieurs fa ons ou encore plusieurs r sultats diff rents on consid re l explication du ph nom ne comme l instantiation d un r seau cau sal dun mod le m caniste particulier Ce peut tre le cas du patient se plaignant d un ulc re notre repr sentation du m canisme menant l ulc re d crit plusieurs voies vers ce r sultat comme la consommation d antihistaminiques ou l action d une bact rie Expliquer le cas de ce 239 SCIENCES TECHNOLOGIES ET SOCI T S patient pr cis consistera pr ciser le type de r seau causal responsable de cet ulc re pr cis Enfin on peut distinguer l explication qui invoque un m canisme uni niveau c est dire dont les composantes et activit s sont toutes du m me type et au m me niveau explicatif par exemple l explication d une capacit psychologique qui n invoquerait que l interaction de composantes cognitives et l explication qui invoque un m canisme multi niveau o les composantes et activit s sont r parties sur plu sieurs niveaux par exemple une explication du cancer qui mentionne la fois le r le de l environnement de l alimentation des cellules souches et des mutations g n tiques On dira d une exp
426. y a une probabilit qu il devienne infect et adopte l innovation Le taux d adoption est alors proportionnel au produit du nombre d adopteurs consommateurs infect s multipli par le nombre de non adopteurs La solution de cette quation diff rentielle donne une courbe bien connue de diffusion 226 TAUX D ADOPTION DE L INNOVATION en forme de S sigmo de Comme l utilisation d une nouvelle technolo gie est limit e ceux qui en connaissent l existence la diffusion r sulte d une transmission de connaissance depuis ceux qui ont d j adopt la technologie La transmission de la connaissance limite donc la diffusion de l innovation Les mod les pid miques ne distinguent toutefois pas les diff rents buts capacit s et actions des individus ou entreprises dans le processus de diffusion voir Usager figures de l usager En outre cette courbe en S peut tre obtenue par de nombreuses fonctions logistique exponentielle modifi e ou logarithmico normale cumulative Lissoni et Metcalfe divisent les mod les en deux cat go ries les th ories fond es sur le d s quilibre mod les pid miques approche volutive et les th ories fond es sur l quilibre mod les probit th orie des jeux Les mod les probit ordonnent les adopteurs selon leur revenu leur taille ou d autres facteurs Selon cette approche les agents investissent dans un nouvel quipement si leur taille a atteint un certain seuil critiq
427. ysiques r sultant de ces id es La course aux brevets que se livrent les entreprises et les institutions en sont une illustration voir Brevets et propri t intellectuelle Par ailleurs en tant endog ne le progr s technologique est enracin dans chaque pays ou r gion les incitant instaurer un climat socio conomique favorable cette nouvelle sp cialisation voir Syst mes d innovation Enfin ces mod les permettent 84 PIST MOLOGIE de d terminer des chemins de d veloppement vertueux comme ceux emprunt s par les pays nouvellement industrialis s qui adaptent leurs investissements technologiques au type de production vis e selon leur niveau de d veloppement passant d une production exigeant beaucoup de main d uvre une production n cessitant de la main d uvre et du capital physique une production n cessitant beaucoup de capital physique Arrow K J 1962 Economic Welfare and the Allocation of Resources for Invention dans The Rate and Direction of Inventive Activity Economic and Social Factors NBER p 609 626 Lucas R 1988 On the Mechanics of Economic Development Journal of Monetary Economics vol 22 n 1 p 3 42 Nelson R R 1997 How New Is New Growth Theory Challenge vol 40 n 5 p 29 58 Romer P M 1986 Increasing Returns and Long Run Growth Journal of Political Economy vol 94 n 5 p 1002 1037 Rosenberg N 1994 Exploring the
428. yst mes statistiques nationaux organisation de recen sements p riodiques de la population mise sur pied de statistiques du travail en lien avec la cr ation d un minist re idoine et du commerce tablissement d un syst me de comptabilit nationale d veloppement de comptes environnementaux etc Pour la plus grande part du 20 si cle les n cessit s de coordi nation et d harmonisation de la collecte et du traitement des infor mations statistiques ont contribu faire de la centralisation l id al organisationnel vers lequel tendaient les syst mes statistiques natio naux Statistique Canada constituant un exemple particuli rement remarquable sur ce plan En lien avec le keyn sianisme plus ou moins cons quent qu ont adopt les autorit s politiques de plusieurs pays au lendemain du second conflit mondial le d veloppement des m thodes d chantillonnage et l introduction des ordinateurs ont contribu faire du syst me statistique national quelque chose comme l infrastruc ture pist mique de la gestion macro conomique une s rie d indica teurs fondamentaux comme le PIB les divers taux relatifs l emploi et au co t de la vie ou encore les chiffres des exportations et des impor tations taient r guli rement publi s comme autant d informations partir desquelles les agents conomiques commencer par le gouver nement pouvaient orienter leur comportement voir Quantification et mesure Dan

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