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1. du ation et B acelf ca La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi Jimmy BOURQUE Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada Mathieu LANG Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada Jean LABELLE Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada had Canada a Conseil de recherches en Social Sciences an d Humanities S sciences humaines du Canada Research Council of Canada D DUCATION DE LANGUE FRAN AISE ASSOCIATION CANADIENNE ducation francophon ie UJ VOLUME XLII 3 NUM RO SP CIAL AUTOMNE 2014 Revue scientifique virtuelle publi e par l Association canadienne d ducation de langue fran aise dont la mission est la suivante Par la r flexion et l action de son r seau pancanadien l ACELF exerce son leadership en ducation pour renforcer la vitalit des communaut s francophones Directrice de la publication Chantal Lainey ACELF Pr sidente du comit de r daction Lucie DeBlois Universit Laval Comit de r daction Sylvie Blain Universit de Moncton Lucie DeBlois Universit Laval Nadia Rousseau Universit du Qu bec Trois Rivi res Paul Ruest Universit de Saint Boniface Mariette Th berge Universit d Ottawa Directeur g n ral de l ACELF Richard Lacombe Conception graphique et montage Claude Baillargeon Responsable du site Internet Etienne Ferron Forget Dif2. De Boeck LEURS Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 28 wwwaacelf ca La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi FOUCAULT M 1994 La psychologie de 1850 1950 Dans Dits et crits I Paris Gallimard FREIRE P 1974 P dagogie des opprim s suivi de Conscientisation et r volution Paris ditions E Maspero HADJI C 2012 Faut il avoir peur de l valuation Bruxelles De Boeck HATTIE J 2009 Visible Learning Synthesis of Over 800 Meta Analyses Relating to Achievement New York NY Routledge ILLICH I 2003 La convivialit Paris Les ditions Points JEFFREY D 2013 L thique dans l valuation scolaire Qu bec QC Presses de l Universit Laval MAROY C et VAILLANCOURT S 2013 Le discours syndical face la nouvelle gestion publique dans le syst me ducatif qu b cois ducation et soci t s 2 32 93 108 MARSH H W et O MARA A 2008 Reciprocal effects between academic self concept self esteem achievement and attainment over seven adolescent years Unidimensional and multidimensional perspectives of self concept Personality and Social Psychology Bulletin 34 4 542 552 MINISTERE DE LEDUCATION DU NOUVEAU BRUNSWICK 2006 Les enfants au premier plan Faire de notre syst me d ducation publique le meilleur au Canada un d fi relever ensemble Fredericton NB Minist re de l ducation du Nouveau Br
3. git mon sens L outil est convivial dans la mesure o chacun peut l utiliser sans difficult aussi souvent ou aussi rarement qu il le d sire des fins qu il d termine lui m me Illich 2003 p 44 45 Ce faisant les individus ont la possibilit d agir d une mani re plus autonome puisque les outils exercent moins de contr le sur eux Certes l valuation demeure in vitable mais la valeur fondamentale de l ducation apprendre tre une per sonne libre autonome et responsable demeure pr serv e Dans un plaidoyer en faveur d un syst me d ducation qui laisse le soin aux disciplines des sciences sociales d duquer la citoyennet Nussbaum 2010 note que les lyc es britan niques ont un syst me d valuation o les l ves doivent r diger des essais que lisent plusieurs enseignants correcteurs videmment cette modalit d valuation est plus co teuse mais elle a l avantage d valuer des dimensions comme la capacit analyser et penser de mani re critique qui s valuent difficilement autrement Le questionnement soulev par Cormier 2011 prend ici une autre forme est ce que le Minist re promeut l usage des bons outils pour atteindre les bonnes cibles En d autres mots quelles cibles devrait on associer l outil qu est l valuation standar dis e et une fois cette cible correctement identifi e quel est le mode d emploi opti mal de l outil pour assurer qu il ne dev
4. standardis es dans le syst me ducatif n o brunswickois et en sp cifiant comment ce r le peut tre rendu coh rent avec les vis es du plan strat gique du Minist re EMMA Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 17 wwwaacelf ca La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi Les enfants au premier plan et ses m contents Le d bat commence avec la parution en 2006 d un plan intitul Les enfants au premier plan Minist re de l ducation du Nouveau Brunswick 2006 En y indiquant des cibles en implantant des m canismes de reddition de comptes et en multipliant le nombre d valuations minist rielles des l ves pour guider ses actions et mesurer le progr s du syst me ducatif le Minist re affirme implicitement sa posture ax e sur les r sultats Les 23 l ments de la fiche de rendement quilibr de son plan en font foi Mais c est le message du premier ministre de l poque qui est le plus lo quent en ce sens selon ses dires son gouvernement r pond la demande d tablir un syst me ax sur les r sultats en am liorant l valuation des apprentissages et en allouant les ressources pour tenir compte des r sultats Minist re de l ducation du Nouveau Brunswick 2006 Au paragraphe suivant le premier ministre insiste sur l id e que la province doit aller plus loin puisqu elle aura besoin de citoyens cr atifs ing nieux et faisant preuve d
5. la diffusion des r sultats Il est d abord important de noter que des recherches men es depuis les ann es 2000 sugg rent que le lien entre l estime de soi et le rendement scolaire serait au mieux faible et incon sistant Marsh et O Mara 2008 et que le renforcement inconditionnel de l estime de soi pourrait m me a long terme se traduire par des co ts en mati re d autonomie de comp tence d apprentissage etc qui d passeraient les gains Crocker et Park 2004 Par ailleurs l effet de la performance scolaire sur l estime de soi serait relative ment faible en comparaison par exemple avec l effet de la performance sur la per ception de contr le Ross et Broh 2000 La crainte de voir la multiplication des valuations minist rielles an antir l estime de soi des l ves et par cons quent pro duire d autres effets n fastes long terme nous semble donc peu tay e Il demeure qu une bonne part de l analyse de Cormier semble pertinente par ticuli rement le fait que si l valuation provinciale peut pr tendre aider diagnosti quer les difficult s des l ves elle ne contribue en rien le r soudre et qu une des finalit s des mesures gouvernementales en mati re d valuation consiste mettre l accent sur l valuation de la performance De notre point de vue l augmentation de la fr quence des valuations demeure inqui tante dans une certaine mesure en ce qu elle semble avoir pour origine
6. une confusion entre l valuation des apprentis sages des l ves et l valuation du syst me ducatif Par cons quent il semble que cette initiative instrumentalise l l ve en se servant de ses r sultats pour valuer la performance d un syst me ducatif Si tel tait le cas les mauvais r sultats des l ves aux valuations signifieraient plut t une mauvaise performance du syst me Dans le texte qui suit nous d fendons la th se suivante la d cision d augmenter le nombre d valuations est coh rente avec une approche ax e sur des r sultats de performance et non avec une approche d am lioration des conditions d apprentissage Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 20 www acelf ca ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi La r ussite scolaire comme construction sociale historiquement situ e L une des particularit s du document Les enfants au premier plan est que si le mot r ussite y est mentionn 23 fois en 32 pages ce terme n est d fini nulle part En fait la Fiche de rendement quilibr p 29 et 30 donne probablement les meilleurs indices de la conception de la r ussite scolaire v hicul e par ce document La fiche pr sente 23 cibles qui incluent des objectifs aussi divers que la pr paration l entr e l cole l engagement des parents la performance aux preuves nationales et internationa
7. 1998 Voluntary and involuntary minorities A cultural ecological theory of school performance with some implications for education Anthropology amp Education Quarterly 29 2 155 188 PETRELLA R 2000 L ducation victime de cing pi ges Montr al FIDES RICHARD J F 2004 L int gration de l valuation dans le processus enseignement apprentissage Fredericton NB Direction de la mesure et de l valuation Gouvernement du Nouveau Brunswick ROSS C E et BROH B A 2000 The roles of self esteem and the sense of personal control in the academic achievement process Sociology of Education 73 4 270 284 UNESCO 2011 Faire des choix fondamentaux pour l assurance qualit externe module 1 R cup r de http www iiep unesco org fileadmin user_upload Cap_Dev_Training Training_Materials HigherEd AQE_ES_1 pdf WILSON D CROXSON B et ATKINSON A 2006 What gets measured gets done Headteachers responses to the English Secondary School Performance Management System Policy Studies 27 2 153 171 LEURS Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 30 wwwaacelf ca
8. 2014 19 www acelf ca ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi transition ait suivi in luctablement la hausse du nombre d valuations minist rielles au Nouveau Brunswick encore une fois faute de recherches s tant pench es sur la question La troisi me limite touche la question de la d valorisation de l ducation sub s quente aux constats d chec qui se produit lorsque l l ve et ses parents se voient travers le regard per u comme m prisant de la majorit Ce que nous d sirons explorer davantage ici c est l id e que l augmentation du nombre d valuations minist rielles et la diffusion accrue des r sultats entra neraient une d valorisation de l ducation Notons qu il existe peu ou pas de recherches empiriques sur le sujet Notre question est la suivante consid rant les r sultats obtenus aux tests PISA et PIRS avant la publication des Enfants au premier plan consid rant le niveau d al phab tisme au Nouveau Brunswick francophone comment par Corbeil en 2006 pourrait on conclure que la contre affirmation et la d valorisation de l ducation sont d ja bien install es Ces situations pr valant avant 2006 il est certainement dif ficile de les attribuer des changements apport s plus tard Une derni re limite soulever est celle de l estime de soi menac e selon Cormier par les valuations minist rielles et
9. Num ro sp cial automne 2014 21 www acelf ca La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi Minist re de l ducation du Qu bec 2002 Les enfants au premier plan ne fait pas exception le troisi me but fondamental nonc est que Avant la fin de leurs tudes secondaires nos enfants auront eu l occasion de d couvrir leurs forces ainsi qu un domaine qui les passionne p 9 Les critiques qui reprochent au syst me scolaire l adoption d une orientation capitaliste n olib rale ax e sur l employabilit doivent cependant admettre 1 qu il s agit de la matrice socio conomique pr valant pour le moment 2 que la dimension professionnalisante suppose un contr le de la qua lit de la formation ainsi qu une valuation sommative et certificative des apprentis sages ce qui ne pose pas n cessairement de balises quant a la fr quence des valuations 3 que cette dimension n est pas la seule qui sous tend la formation scolaire au Nouveau Brunswick Les enfants au premier plan traite aussi d inclusion scolaire de citoyennet et d identit culturelle S il y a un certain consensus autour du principe de l valuation sommative la critique formul e l gard des Enfants au premier plan porte surtout sur l augmen tation consid rable de la fr quence des valuations Nous ajoutons a cela la faible probabilit que cette mesure contribue l atteinte des cib
10. aluaci n de los apren dizajes Para concluir analizamos las consecuencias de la evaluaci n estandarizada en relaci n con las teor as de la gesti n centradas en los resultados Despu s apoy ndonos en el concepto de la herramienta convival desarrollado por Illich mostramos como es posible utilizar las evaluaciones de manera ptima sin que se conviertan en un obst culo a las finalidades mas humanistas y emancipadoras pro puestas por Les enfants au premier plan Introduction Lacte de pens e qui conduit a poser un jugement en dehors d une perception imm diate exige qu on s appuie sur des faits et qu on accumule des preuves l aide d une d marche rigoureuse En ce sens l valuation trouve toute sa l gitimit car ce processus d appr ciation et de mesure permet de porter un jugement sur la valeur d un sujet ou d un objet a partir de l observation attentive et syst matique de m me qu en fonction de normes et de crit res d ment tablis Cependant force est de cons tater que l valuation et la mesure n ont pas toujours bonne presse Bernard 2009 Certains reprochent l valuation d tre souvent biais e c est que l valuation s in scrit dans un paradigme et est souvent tributaire d un syst me de valeurs dominant qui oriente l observation et pr side l tablissement de normes et crit res Hadji 2012 Jeffrey 2013 D autres soulignent que l valuation est presque toujours ax e su
11. ck It supports the argu ment that the Ministry of Education s approach is coherent with management focused on performance results meaning in this context that it does not confuse assessment of the education system and the assessment of learning To reach this conclusion we analyze the consequences of standardized evaluation in relation to performance based management theories Then using the concept of the user friendly tool developed by Illich we show how standardized assessments could be used optimally without becoming an obstacle to the more humanistic and emanci patory aims proposed by When Kids Come First La actual formula de evaluaci n ministerial en Nuevo Brunswick Para qui n Por qu Jimmy BOURQUE Universidad de Moncton Nueva Brunswick Canad Mathieu LANG Universidad de Moncton Nueva Brunswick Canad Jean LABELLE Universidad de Moncton Nueva Brunswick Canad Este articulo conlleva un an lisis cr tico del componente evaluativo del plan educativo Les enfants au premier plan lanzado en Nueva Brunswick Avanza la tesis seg n la cual el plan del ministerio de Educaci n presenta una ptica coherente con la gesti n centrada en cumplimiento de resultados el cual no debe confundirse en Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 16 www acelf ca La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi este contexto con la evaluaci n del sistema educativo y la ev
12. dans Les enfants au premier plan En effet le discours qui y est v hicul est tiraill entre un discours humaniste d mocrate et un discours h rit de la r volution industrielle qui finalement instrumentalise leve comme rouage de la machine tatique visant la croissance de la productivit sans gard aux circonstances socio conomiques parti culi res ou l unicit de chaque enfant C est l que se manifeste le caract re oppressif de l valuation minist rielle par l laboration par une lite de standards uniques de r ussite qui d savantagent les l ves de certaines r gions et de certaines classes socio conomiques La rel gation de ces l ves des fili res moins prestigieuses se voit alors justifi e comme l crivent Bourdieu et Passeron 1970 par l analyse purement docimologique de l examen les analyses d items effectu es avec des mod les statistiques complexes attestant ses qualit s m trologiques on ne peut qu en accepter le verdict Or examen socio logique lui peut r v ler une tout autre r alit celle d un examen qui favorise syst matiquement certains types d l ves plut t que d autres en ignorant le contexte dans lequel s inscrit la performance Ne serait il donc pas possible de s parer les deux fonctions de l valuation minist rielle conserver sa fonction d valuation du sys t me qui ne requiert pas de communiquer les r sultats aux l ves parents et en seigna
13. de facto aux d pens des enfants Un quilibre est possible entre le contr le de la performance du syst me et l am lioration des apprentissages des l ves En ce sens si les engagements pris dans Les enfants au premier plan d passent de loin la multiplication des valuations standardis es il n en demeure pas moins que le lien entre les moyens les valua tions standardis es et les fins de meilleurs r sultats des l ves est plut t t nu LEURS Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 22 wwwaacelf ca ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi Le curriculum cach reproduction et s lection Ayant jusqu ici nuanc certains propos entourant l valuation standardis e nous d sirons maintenant avancer un autre argument Il s agit de la conceptualisa tion de l examen comme une d monstration d autorit p dagogique portant un potentiel de violence symbolique C est que selon Bourdieu et Passeron 1970 rien n est mieux fait que l examen pour inspirer tous la reconnaissance de la l gitimit des verdicts scolaires et des hi rarchies sociales qu ils l gitiment p 198 En amalgamant en une seule action l valuation minist rielle l analyse de l efficacit du syst me et l valuation sommative des apprentissages des l ves le Minist re se trouve en porte faux entre deux id ologies simultan ment pr sentes
14. e qu b coise d valuation des apprentissages et les pratiques valuatives Michel LAURIER Universit d Ottawa Ontario Canada La politique d valuation du rendement en Ontario un alignement qui se pr cise dans la pers v rance et la dur e Dany LAVEAULT Universit d Ottawa Ontario Canada Louise BOURGEOIS Universit d Ottawa Ontario Canada Une recherche documentaire sur les politiques les pratiques et les principes directeurs d valuation des l ves du syst me scolaire public 1 12 ann e des provinces de l Ouest canadien Jules ROCQUE Universit de Saint Boniface Manitoba Canada L valuation p dagogique va t elle enfin marcher sur ses deux pieds Les enseignements de l histoire r cente de l cole primaire genevoise Lucie MOTTIER LOPEZ Universit de Gen ve Suisse Comparer les syst mes ducatifs francophones travers le monde gr ce au PISA pas si simple Ariane BAYE Universit de Li ge Belgique Marc DEMEUSE Universit de Mons Belgique Nathana l FRIANT Universit de Mons Belgique La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi Jimmy BOURQUE Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada Mathieu LANG Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada Jean LABELLE Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada RESUME Cet article comporte une analyse critique de la composante valuative du plan ducatif Les e
15. ectifs institutionnels de r ussite et les objectifs individuels sont distincts l un de l autre C est dans ce sens qu Illich 2003 p 13 parle de grand enfermement Lorsque l l ve pour satisfaire des imp ratifs de performance du syst me perd les moyens n cessaires pour se cr er une identit propre il se voit imposer un mod le d existence qui lui vient d une organisation ext rieure Foucault 1994 soulignait quel point la norme vient articuler la soci t aux d pens de la loi qui malgr tout tend davantage imposer une surveillance et un contr le des personnes et de leurs actions L l ve perd ainsi de sa libert devenir lui m me puisque l institution pr tend savoir ce qui est bien pour lui et l oriente en ce sens Castoriadis 1999 p 164 mentionne d ailleurs que ce qui pourrait tre vu au d part comme un en semble d institutions au service de la soci t devient une soci t au service des insti tutions L ducation et la culture ne remplissent plus leur mission de contribuer a la construction du sens de l exp rience des individus en inscrivant leur existence singuli re et collective dans l histoire de l humanit Bien au contraire comme le Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 25 www acelf ca ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi soulignent Abelhauser Gori et Saure
16. esprit critique Il revient alors sur des aspects li s au con cept de performance et des comp tences li es au travail pour r pondre ces besoins D s lors les mesures de reddition de comptes impos es par le Minist re notamment l augmentation du nombre d valuations minist rielles standardis es attirent particuli rement l attention Les r actions la multiplication du nombre d valuations minist rielles annonc e dans Les enfants au premier plan Minist re de l ducation du Nouveau Brunswick 2006 ne se sont pas fait attendre Une revue de presse montre que sur les 37 articles publi s entre le lancement du plan ducatif et janvier 2014 30 portent sur la pr sentation du plan et des diff rentes annonces s y rapportant alors que sept y accordent un traitement plus critique De ces sept arti cles aucun ne remet en question la place accord e l valuation Plut t on y cri tique les actions subs quentes des gouvernements Graham puis Alward jug es incoh rentes avec les objectifs qu ils se sont fix s notamment en r duisant le financement en enseignement ressource En plus de textes publi s dans la colonne d opinion du lecteur des quotidiens locaux Bourque 2009 consacre un ditorial de l Info CRDE une remise en perspective de la tendance amorc e avec Les enfants au premier plan alors que Cormier 2011 publie une critique de sa composante valua tive dans les pages de cette revue Retour sur l ana
17. fusion Erudit www erudit org Les textes sign s n engagent que la responsabilit de leurs auteures et auteurs lesquels en assument galement la r vision linguistique De plus afin d attester leur recevabilit au regard des exigences du milieu universitaire tous les textes sont arbitr s c est dire soumis des pairs selon une proc dure d j convenue La revue ducation et francophonie est publi e deux fois l an gr ce l appui financier du minist re du Patrimoine canadien et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada acelf ASSOCIATION CANADIENNE D DUCATION DE LANGUE FRAN AISE 265 rue de la Couronne bureau 303 Qu bec Qu bec G1K 6E1 T l phone 418 681 4661 T l copieur 418 681 3389 Courriel info acelf ca D p t l gal Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Biblioth que et Archives du Canada ISSN 1916 8659 En ligne ISSN 0849 1089 imprim Les politiques d valuation dans le domaine de l ducation R dacteur invit Dany LAVEAULT Liminaire Les politiques d valuation en ducation Et apr s Dany LAVEAULT Universit d Ottawa Ontario Canada La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi Jimmy BOURQUE Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada Mathieu LANG Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada Jean LABELLE Universit de Moncton Nouveau Brunswick Canada La politiqu
18. ienne pas un obstacle aux autres cibles propos es par Les enfants au premier plan Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 26 www acelf ca ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi Le r le de l valuation standardis e dans un dispositif public d ducation Les deux sections pr c dentes articulent deux positions la mont e du manage ment ax sur la performance en ducation et les fondements humanistes de l entre prise ducative dans les tats d mocratiques qui peuvent sembler difficilement conciliables En fait nous soutenons qu elles peuvent s av rer raisonnablement compatibles mais pas travers les m mes outils L valuation des apprentissages rompt d j avec l ducation libertaire issue d un humanisme radical elle m me dif ficile concevoir dans le contexte du syst me d ducation public d un Etat capita liste post r volution industrielle Cela dit l valuation peut prendre des formes tr s diff rentes de celles propos es par une approche du management ax sur la per formance notamment en pr voyant une r troaction fr quente et d taill e Les coles du Nouveau Brunswick regorgent d exemples de pratiques enseignantes et valuatives qui sont ax es davantage sur le d veloppement de l l ve et la diff ren ciation p dagogique Cependant nous devons admettre avec Cormier 2011 que les examens mini
19. ignement Paris ditions de Minuit BOURQUE J 2009 La construction sociale de la r ussite scolaire et le r le des utopies Info CRDE 13 2 3 CASTORIADIS C 1999 L institution imaginaire de la soci t Paris Les Editions Points CORBEIL J P 2006 Le volet canadien de l Enqu te internationale sur Valphab tisation et les comp tences des adultes de 2003 EIACA tat de la situation chez les minorit s de langue officielle Ottawa ON Statistique Canada CORMIER M 2011 Au premier plan les enfants ou les r sultats Education et francophonie 39 1 7 25 CROCKER J et PARK L E 2004 The costly pursuit of self esteem Psychological Bulletin 130 3 392 414 De KETELE J M 2013 Les preuves externes servent elles l action Revue fran aise de linguistique appliqu e 18 1 9 27 DEMAZIERE D LESSARD C et MORISSETTE J 2013 Les effets de la Nouvelle Gestion publique sur le travail des professionnels transpositions variations ambivalences Education et soci t s 2 32 5 20 DODGE A 2009 Heuristics and NCLB standardized tests A convenient lie International Journal of Progressive Education 5 2 1 19 DUTERCQ Y et CUCULOU S 2013 La performance comme outil de gouvernance quelles cons quences sur le travail des enseignants de l cole primaire Dans C Maroy dir L cole l preuve de la performance les politiques de r gulation par les r sultats Bruxelles
20. les du Minist re Hattie 2009 r sume bien la principale lacune de cette mesure Another form of feedback is repeated testing but this is only effective if there is feedback from the tests to teachers such that they modify their instruction to attend to the strengths and gaps in student performance p 178 Plus pr cis ment l effet de l valuation sur l apprentissage double en pr sence d une r troaction comparativement l effet de l valuation seule Hattie 2009 Ainsi le probl me soulev par la multiplication des preuves stan dardis es au Nouveau Brunswick est que le personnel enseignant n en re oit pas une r troaction suffisamment d taill e pour pouvoir adapter son enseignement en con s quence et ainsi optimiser les apprentissages des l ves Toujours selon Hattie mesure que la fr quence des valuations augmente cela produit des effets positifs d croissants Par ailleurs l augmentation des r sultats est plus marqu e lorsque les l ves sont soumis plusieurs tests courts plut t qu des preuves moins fr quentes mais plus longues toujours en supposant l existence d une r troaction appropri e Bangert Drowns Kulik Kulik et Morgan 1991 Ainsi s il y a lieu de repenser la place accord e l valuation standardis e dans le parcours scolaire il semble difficile de l exclure compl tement Il faut reconna tre que la place accord e aux valuations et aux r sultats ne l est pas
21. les en lecture math matique et sciences l engagement du secteur priv le recul de l intimidation et l int gration des technologies en classe On y fait galement r f rence au rendement scolaire toujours sans le d finir Le caract re polys mique donn la r ussite scolaire par le Minist re est ici vident et sugg re que l augmentation de la fr quence des valuations minist rielles ne constitue pas une fin en soi Elle est plut t une mesure de l atteinte de certaines des cibles non c es et vise davantage la reddition de comptes et la gestion ax e sur la performance du syst me que la stimulation des apprentissages Il demeure que cette absence de d finition de la r ussite scolaire s av re pro bl matique En raison de l quivoque cr e il devient difficile de saisir clairement ce que le Minist re entend par r ussite scolaire Par cons quent il devient aussi difficile de s entendre sur les moyens mettre en place pour obtenir cette r ussite scolaire D ailleurs m me si le Minist re avait propos une d finition claire de la r ussite sco laire et lev l quivoque s mantique il men d coule pas que tous auraient adh r cette d finition En ce sens selon Hacking 1999 la r ussite scolaire est une cons truction sociale Comme le sugg re implicitement l absence de d finition dans Les enfants au premier plan la nature de la r ussite scolaire est tenue pour acquise et in vitable Or la
22. lyse de Cormier 2011 Il est int ressant de revenir sur l article de Cormier publi en 2011 parce que sa position semble avoir trouv un cho chez plusieurs enseignants et parents surtout francophones de la province Ce texte avance principalement trois arguments a Les valuations minist rielles contribuent au complexe minoritaire et l ins curit linguistique notamment en maintenant une relation oppressive envers la minorit francophone et en r it rant le constat de sa pi tre per formance b Les valuations minist rielles affectent n gativement l enseignement qui devient plus transmissif et magistral et l apprentissage qui s oriente plus vers la performance que vers la ma trise ducation et francophonie Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 18 www acelf ca ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi c Les valuations minist rielles travers le portrait peu flatteur qu elles ren voient encouragent la contre affirmation et la d valorisation de l ducation alors qu l ves enseignants et parents s efforcent de pr server leur estime de soi Si nous reconnaissons le bien fond d une partie du raisonnement de Cormier surtout titre d hypoth se explicative nous en identifions galement certaines li mites La premi re limite a trait l application des th ories culturelle
23. manger sa faim mais d une libert pour cr er et construire pour d couvrir et aller l aven ture p 47 Ainsi le danger est bien r el de mal interpr ter ce qui pourrait vraiment compter dans le d veloppement de l enfant en recourant dans le but de d finir les objectifs et les cibles des crit res qui d coulent de l valuation qui sont eux m mes influenc s par des imp ratifs de performance M me si l on admet que l valuation vise la mesure de la performance du syst me en derni re analyse quand l objectif explicitement d termin est de devenir le meilleur syst me d ducation du pays il est clair que la comparaison se fera partir des r sultats des l ves Dans ces condi tions le danger est grand de confondre les moyens avec les fins Il serait judicieux d tre conscient qu il existe une diff rence fondamentale entre l valuation d un sys t me et l valuation des personnes Il faudrait viter que l valuation du syst me entra ne une sorte de condamnation des l ves tre confin s dans un r le consis tant am liorer la performance du syst me La composante humaniste de la mission de l cole publique du Nouveau Brunswick incite penser que tout le syst me d ducation sera au service du d veloppement des personnes et que toute valuation consistera d terminer si les moyens mis en place permettent d arriver aux fins souhait es Comme le souligne Baby 2013 les obj
24. n mesurable Il en fut de m me avec l organisation de l cole ax e sur sa dimension manag riale et productive de m me qu avec la gouvernance du syst me ducatif qui fait de la r ussite scolaire la base de ses politiques Du reste Petrella 2000 met en vidence cinq pi ges tendus l ducation dont le premier consiste en l influence marqu e des coles de management ax es sur les imp ratifs de la produc tivit et de la performance afin que l ducation pour la ressource humaine prenne le pas sur l ducation pour et par la personne humaine Il en irait de m me avec les nouvelles tendances d valuation institutionnelle qui s appuient sur des concepts tels que l obligation de rendre compte accountability l talonnage benchmarking le palmar s des coles et le classement au Program for International Student Assessment PISA Nusche et Shewbridge 2013 OCDE 2009 2013 2014 Ainsi nous avancons que c est dans ce cadre que Les enfants au premier plan inscrit l valuation minist rielle un cadre de gestion de l atteinte des cibles du syst me entier cens tre le meilleur au pays en 2013 selon une liste d indicateurs qui inclut la perfor mance globale des l ves en litt ratie en num ratie et en sciences Minist re de l ducation du Nouveau Brunswick 2006 Des d rives de la focalisation exclusive sur une gestion ax e sur la performance Limplantation de cette strat gie afin de classer la province e
25. n t te de peloton parmi les provinces canadiennes conduit identifier d velopper puis mesurer des r sultats d apprentissages sp cifiques en les consid rant comme des capacit s cl s Or selon Wilson Croxson et Atkinson 2006 cette situation fait en sorte que les indi cateurs de performance changent les comportements des ducateurs notamment des directions d cole qui exercent une pression afin de mettre l accent sur l atteinte des objectifs par exemple les mati res de base au d triment d autres contenus d ap prentissage tels que la citoyennet et l actualisation de la personne Ainsi des habilet s attribuables habituellement aux arts et aux humanit s n ont plus la m me importance que des objectifs d apprentissage prioris s et plus facilement mesurables Les dysfonctions engendr es par la gestion ax e sur la performance sont aussi document es par Wiggins et Tymms 2000 qui soulignent leurs effets perni cieux long terme sur la gestion scolaire lorsque l on privil gie certains indicateurs de performance consid r s isol ment sans tenir compte d une vision syst mique Lindividualit et la cr ativit propres l ducation humaniste peinent se d velopper dans ces conditions car lorsque ce qui est test risque d influencer lavenir d un syst me les changes entre les enseignants et les l ves deviennent de plus en plus orient s directement vers ce qui sera test r tr cissement du cur
26. nfants au premier plan lanc au Nouveau Brunswick Il soutient la th se selon laquelle le plan du minist re de l ducation pr sente une approche coh rente avec le management ax sur les r sultats de performance et qu il s agit dans ce contexte de ne pas confondre l valuation du syst me ducatif et l valua tion des apprentissages Pour en arriver cette conclusion nous analysons les con s quences de l valuation standardis e en lien avec les th ories manag riales ax es sur la performance Par la suite l aide du concept de l outil convivial d velopp par Illich nous montrons comment il serait possible que les valuations standardis es soient utilis es d une mani re optimale sans qu elles deviennent un obstacle aux fina lit s plus humanistes et mancipatrices propos es par Les enfants au premier plan EMMA Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 15 wwwaacelf ca ABSTRACT ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi The current ministerial assessment formula in New Brunswick For whom Why Jimmy BOURQUE University of Moncton New Brunswick Canada Mathieu LANG University of Moncton New Brunswick Canada Jean LABELLE University of Moncton New Brunswick Canada This article provides a critical analysis of the evaluative component of the edu cation plan When Kids Come First launched in New Brunswi
27. nts et confier la responsabilit de l valuation des apprentissages aux coles L ducation et la gestion ax e sur la performance Pr cisons maintenant en quoi consiste ce mode de gestion de la performance et comment il inf ode le domaine de l ducation par l entremise des valuations stan dardis es D abord selon Normand 2005 2011 les th ories psychologiques inspir es des tests d intelligence de Stanford Binet ainsi que le taylorisme ont mo difi la structure et la dynamique des coles Si les tests standardis s ont servi va luer et classer les l ves en fonction de leur quotient intellectuel pour acc der tel ou tel programme d tudes le taylorisme a permis de diviser et de coordonner le tra vail en fonction des principes de son organisation scientifique Or ces principes c est dire une stricte division entre les t ches de conception et d ex cution de m me que la d composition du processus de production en une suite de t ches simples confi es chacune un ouvrier sp cialis poursuivaient un objectif soit celui Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 23 www acelf ca ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi d obtenir une plus grande efficacit par une plus grande efficience Ce faisant l ac quisition des connaissances fut fragment e en diff rentes mati res et r duite sa dimensio
28. r ussite scolaire n est pas une vidence dans certaines cultures elle pourrait ne jamais exister comme concept ou alors prendre une forme totalement diff rente En fait la conception r pandue de la r ussite scolaire comme perfor mance un ensemble d preuves sommatives jusqu l obtention d un dipl me est critiqu e notamment par Freire 1974 et Illich 2003 Ces auteurs avancent m me que si cette conception de la r ussite scolaire tait radicalement transform e voire limin e la soci t ne s en porterait que mieux Pour notre part nous posons que la d finition de la r ussite scolaire comme performance des preuves sommatives ne constitue en fait qu une facette de la d finition implicitement sugg r e par Les enfants au premier plan et que de limiter la port e de ce document cette facette et aux mesures qui en d coulent ne lui rend pas justice D ailleurs nonobstant les d bats sur la d finition de la r ussite scolaire il demeure que l un des buts du parcours scolaire est la qualification dans une vis e vocationnelle au point o au Qu bec par exemple on parle d approche orientante 1 Selon Baby 2013 si la r ussite ducative est atteinte lorsque les trois l ments de la mission de l cole que sont l instruction la socialisation et la qualification le sont la r ussite scolaire d coule de l atteinte des objectifs de la seule mission d instruire p 254 Volume XLII 3
29. r les r sultats et qu elle tient rarement compte des conditions de l obtention de ceux ci de m me que des processus n cessaires pour y parvenir De Ketele 2013 Dodge 2009 Mais d o proviennent ces d rives Dans ce texte nous montrons comment les sciences de l administration particuli rement la gestion ax e sur la performance ont exerc une certaine influence sur les sciences de l ducation en mati re d valuation au Nouveau Brunswick D abord nous situons le d bat partir de l adoption par le minist re de l ducation du Nouveau Brunswick 2006 de l nonc de politique Les enfants au premier plan et proposons un retour critique sur le texte de Cormier 2011 qui d nonce l valuation strictement ax e sur les r sultats Puis nous exami nons de plus pr s le concept de r ussite scolaire comme construction sociale Nous pr cisons ensuite quelques cons quences de la conception couramment adopt e qui sous tend l id e des valuations standardis es de la r ussite scolaire Nous pour suivons en tra ant le lien entre le management ax sur la performance et l utilisation par le minist re de l ducation et du D veloppement de la petite enfance du Nouveau Brunswick des valuations standardis es et contrastons cette utilisation avec la pos ture humaniste aussi promue par le m me minist re et par plusieurs acteurs du syst me ducatif Nous concluons en situant plus pr cis ment le r le des valuations
30. ricu lum Une routine s installe autour des tests et les l ves perdent le pouvoir d influ encer l orientation que pourraient prendre les apprentissages et les activit s qui y sont associ es La pression parfois auto impos e exerc e sur les enseignantes et les Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 24 www acelf ca ducation et francophonie La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi enseignants est forte pour adopter une p dagogie de l apprentissage plus structur e dans un cadre plus facile contr ler Demazi re Lessard et Morissette 2013 Dutercq et Cuculou 2013 Maroy et Vaillancourt 2013 Dans ce contexte la fois la p dagogie et les contenus sont touch s puisque l un et l autre sont subordonn s l objectif d accro tre continuellement les taux de r ussite Comme l imp ratif est celui de la r ussite de l valuation le question nement et la responsabilisation individuelle de l l ve dans ses apprentissages de viennent superflus et la limite contre productifs Freire 1974 le souligne D s le commencement de la lutte pour l humanisation pour le d passement de la contra diction oppresseur opprim il est n cessaire que les apprenants sachent que cette lutte exige d eux a partir du moment o ils s y engagent une responsabilit totale Car la justification de cette lutte n est pas la conqu te de la libert de
31. runswick il serait tonnant d y observer les m mes ph nom nes d oppression et de r sistance que chez les Maoris par exemple Autrement dit sommes nous ici dans la m me situation que celle d crite par Ogbu et Simons 1998 Ce n est pas impossible mais pas d montr non plus aucune re cherche empirique ne s tant arr t e cette question du moins notre connaissance La deuxi me limite touche le jugement implicite dans le texte de Cormier quant la valeur d approches p dagogiques plus directives lorsqu elle d plore que dans la majorit des cas l enseignement devient surtout transmissif et magis tral p 16 Notons d embl e que la nature exacte de cet enseignement n est pas d finie il devient donc difficile d valuer exactement en quoi consistent les m thodes p dagogiques ainsi d sign es Sans savoir ce qui se passe r ellement en salle de classe il nous semble hasardeux de souscrire ce jugement D autant plus que les approches surtout centr es sur l enseignant sont en fait loin d tre inefficaces Certaines m thodes que l on pourrait qualifier de transmissives l enseignement explicite par exemple s av rent en fait plus efficaces que la plupart des approches que l on qualifie de socioconstructivistes Hattie 2009 Il n est donc pas clair qu un enseignement plus transmissif soit n gatif en soi comme il n est pas tabli que cette Volume XLII 3 Num ro sp cial automne
32. s de l ducation surtout bas es sur des situations o l ducation d une minorit est la responsabilit d un groupe majoritaire Ainsi Cormier 2011 crit Quand un groupe se retrouve dans une position subordonn e et endure une coercition de la part de la majorit ce groupe peut internaliser le discours oppressif et critique de la majorit et peut alors d valoriser ses propres coles p 15 Cette affirmation convoque les travaux th oriques d Ogbu voir par exemple Ogbu et Simons 1998 L id e qui les sous tend part de la notion d analphab tisme de minorit par oppression ou par r sistance La question est ici celle de l ad qua tion du cadre invoqu la situation critiqu e dans la mesure o les travaux th o riques d Ogbu ont t d velopp s en fonction de situations o un endogroupe minoritaire hi rarchique ou subordonn se voit imposer une politique oppressive par un exogroupe majoritaire dont le statut est socio politiquement dominant par rapport l endogroupe Ogbu et Simons 1998 Des cas d esp ce explor s par Ogbu sont les Latino Am ricains en Californie les Autochtones du Canada et des tats Unis ou alors les syst mes scolaires coloniaux africains et leurs prolongements actuels Comme la communaut francophone du Nouveau Brunswick contr le ses tablissements scolaires et est scolaris e en fran ais par des francophones venant majoritairement de l Acadie du Nouveau B
33. st riels t moignent d une autre philosophie plus coh rente avec le management ax sur la performance Il suffit pour s en convaincre de retourner aux principes docimologiques l mentaires par exemple la transparence de l valuation et la r troaction subs quente l l ve sous forme non seulement d une note mais aussi d une appr ciation qualitative de ses forces et faiblesses susceptible de favoriser ses apprentissages ult rieurs valuation au service de l apprentissage Richard 2004 Les examens minist riels d rogent ces principes l mentaires et du coup ne peuvent se pr tendre au service direct de l apprentissage quel que soit le contenu Force nous est donc de constater que pour que le titre Les enfants au premier plan s av re une description juste du plan strat gique mis en uvre une importance gale voire sup rieure devra tre accord e aux cibles plus humanistes privil giant le d veloppement harmonieux de l enfant plut t qu aux cibles et moyens relevant davantage du management ax sur la performance Quant aux outils du manage ment ax sur la performance ils devront tre d ploy s de fa on coh rente avec leur finalit c est dire celle d informer les d cideurs sur l valuation de l efficacit du syst me ducatif et non pas pour clouer publiquement l ves et enseignants au pilori si les performances attendues ne sont pas r alis es Par exemple l valuation formati
34. t 2011 la culture propage de nouvelles valeurs sugg r es par les valuations Illich 2003 p 43 utilise aussi le concept de l outil pour illustrer l activit autant fabricatrice qu organisatrice de l humain Ainsi pour autant que je ma trise l outil je charge le monde de mon sens pour autant que l outil me domine sa structure me fa onne et informe la repr sentation que j ai de moi m me Illich 2003 p 44 Dans le cas de l valuation il semble plut t s agir de la deuxi me option Nous pour rions ainsi voir que sur le plan scolaire les personnes ne sont plus en mesure d tre les ma tres de leurs apprentissages En fait ajoute t il l outil peut cro tre de deux fa ons soit qu il augmente le pouvoir de l homme soit qu il le remplace ibid p 124 L outil contre productif serait donc celui qui se voulant au d part un simple moyen modifie l exp rience et devient une fin en soi Afin de renverser cette tendance Illich 2003 plaide pour un r tablissement d un quilibre entre la vie sociale et les outils Il sugg re de modifier le rapport qu en tretient le sujet avec l outil en rendant celui ci convivial L outil convivial est celui qui me laisse la plus grande latitude et le plus grand pouvoir de modifier le monde au gr de monintention L outil indus triel d nie ce pouvoir bien plus travers lui un autre que moi d termine ma demande r tr cit ma marge de contr le et r
35. unswick MINIST RE DE L DUCATION DU QUEBEC 2002 chacun son r ve Pour favoriser la r ussite l approche orientante Qu bec QC Gouvernement du Qu bec NORMAND R 2005 La mesure de l cole politiques des standards et management par la qualit Cahiers de la recherche sur l ducation et les savoirs 1 67 82 NORMAND R 2011 Gouverner la r ussite scolaire une arithm tique politique des in galit s Berne Peter Lang NUSCHE D et SHEWBRIDGE C avril 2013 Evaluation and assessment is for everyone Education Today R cup r de http oecdeducationtoday blogspot fr 2013 04 evaluation and assessment is for html NUSSBAUM M 2010 Les motions d mocratiques comment former le citoyen du XXE si cle Princeton NJ Princeton University Press OCDE f vrier 2014 R sultats du PISA 2012 les cl s de la r ussite des tablissements d enseignement vol IV Paris Editions OCDE OECD juillet 2009 Review on Evaluation and Assessment Frameworks for Improving School Outcomes Paris OECD Reviews of Evaluation and Assessment in Education LEURS Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 29 wwwaacelf ca La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi OECD avril 2013 Synergy for Better Learning An international Perspective on Evaluation and Assessment Paris OECD Reviews of Evaluation and Assessment in Education OGBU J U et SIMONS H D
36. ve et sommative pourrait tre confi e aux enseignantes et enseignants Les r sultats ces valuations accompagn s d une r troaction constructive d taill e seraient transmis promptement et r guli rement aux parents et aux l ves eux m mes Quant aux valuations standardis es elles pourraient se limiter quelques moments charni res du parcours scolaire Leurs r sultats ne serviraient qu informer le Minist re du rendement du syst me ducatif Volume XLII 3 Num ro sp cial automne 2014 27 www acelf ca La formule actuelle d valuation minist rielle au Nouveau Brunswick Pour qui Pourquoi R f rences bibliographiques ABELHAUSER A GORI R et SAURET M J 2011 La folie valuation les nouvelles fabriques de la servitude Paris Mille et une nuits BABY A 2013 Qui a eu cette id e folle Essais sur l ducation scolaire Qu bec QC Presses de l Universit du Qu bec BANGERT DROWNS R L KULIK C L C KULIK J A et MORGAN M T 1991 The instructional effect of feedback in test like events Review of Educational Research 61 2 213 238 BERNARD M 2009 L valuation des apprentissages des l ves un cafouillis Le Nouvelliste R cup r de http www lapresse ca le nouvelliste opinions 200906 22 01 877863 levaluation des apprentissages des eleves un cafouillis php BOURDIEU P et PASSERON J C 1970 La reproduction l ments pour une th orie du syst me d ense
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