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Mode d'emploi

1. Femmes Hommes Total 20 24 ans 90 65 155 35 39 ans 63 65 128 50 54 ans 67 61 128 65 69 ans 54 53 107 80 84 ans 60 44 104 Total 334 288 622 Le Tableau 2 2 nous permet d analyser la composition des cinq groupes d ge retenus ainsi que de comparer les caract ristiques des personnes interview es avec celles de la population genevoise 4 Pr cisons d embl e que notre chantillon n est pas repr sentatif Les biais les plus patents concernent la scolarisation la plupart des interview s de 20 24 ans n ont pas encore termin leurs tudes et les 3 Malgr cette d cision pour de raison de commodit dans ce travail nous continuerons parler des classes d ges quinquennales 20 24 35 39 50 54 65 69 et 80 84 ans 4 Les donn es concernant la population genevoise nous ont t fournies par l OCSTAT et se r f rent au Recensement f d ral de la population de 2000 Seule exception les informations sur la sant auto valu e qui sont issues d une tude r alis e en 1994 au CIG cf Lalive d pinay et al 2000 42 PR SENTATION DE L ETUDE Tableau 2 2 Caract ristiques de l chantillon Caract ristique 20 24 35 39 50 54 65 69 80 84 Age minimum maximum 20 26 33 41 49 56 63 71 18 86 Age moyen cart type 22 07 36 85 52 27 66 99 81 85 1 45 1 73 1 84 2 06 1 70 Sexe femmes 58 49 53 51 58 Nationalit Suisses 77 67 82 74 86 Etat civil col
2. Domaine Femmes Hommes Prob Profession 16 20 0 161 Spatial 18 15 0 264 Sant 10 14 0 150 Famille 12 12 0 960 Education 12 13 0 635 Couple 8 7 0 675 Activit s 8 7 0 577 D c s 8 6 0 362 Self 6 5 0 419 Economie 2 6 0 026 Amiti s 3 4 0 423 Divers 8 6 0 316 Note en gras les valeurs significatives un seuil de p lt 05 test du 7 et les femmes des trois premiers groupes d ge En revanche 17 des hommes de 65 69 ans mentionnent un changement professionnel au moins face seulement 4 des femmes du m me ge y 5 11 p 024 Dans dix cas sur onze c est du passage la retraite du r pondant qu il est question ici et une exception pr s ce sont des hommes qui nous parlent de leur cessation de la vie active Sachant que en 2003 l ge de la retraite tait fix 63 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes nous comprenons ais ment cet cart en effet pour nos r pondantes cette transition a en principe eu lieu au moins deux ans avant le d roulement de l tude Dans la grande vieillesse les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes 43 contre 22 y 5 52 p 019 signaler des ruptures de sant notamment des op rations Enfin les d m nagements touchent plus des femmes pendant la trentaine 18 versus 6 y 3 95 p 047 et des hommes dans la grande vieillesse 5 versus 16 y 3 48 p 062 84 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS Encadr 3 Des f
3. H 1952 492 Des travaux qui portent sur la crise du milieu de la vie mid life crisis nous pouvons d gager quelques l ments pour tayer notre raisonnement Au cours des ann es 1960 70 un certain nombre de recherches ont conclu l existence d une crise au milieu de la vie e g Jaques 1965 Levinson 1978 la suite de ces travaux s est r pandue l id e que cette p riode de la vie est associ e une intensification du stress ainsi qu un plus grand risque de d pression on voque alors le syndrome du nid vide les cons quences n gatives de la m nopause etc Des tudes plus r centes ont cependant remis en question cette th se en montrant que les personnes situ es dans le mid life sont dans l ensemble en bonne sant ne pr sentent pas plus de sympt mes d pressifs ni une moindre satisfaction de vie Schaie et Willis 1999 Umberson Wortman et Kessler 1992 Whitbourne 1986 M me si le milieu de la vie n entra ne pas n cessairement une crise tout le monde semble tre d accord sur un point cet ge repr sente un moment important de r valuation Aldwin et Levenson 2001 D autre part c est cette p riode que selon Neugarten 1968 les individus revoient la conception de leur vie en passant d une perception du temps coul depuis la naissance time since birth celle du temps qui reste vivre time left to life Les individus atteignant la cinquantaine s
4. Dans un premier temps nous voulions tudier l occurrence des changements per us comme importants diff rents ges de la vie Sur la base des travaux recens s nous nous attendions ce que l entr e dans l ge adulte soit la p riode de vie marqu e du plus grand nombre de changements Pour la suite du parcours de vie nous pensions que les diff rences les plus significatives porteront moins sur la fr quence des changements per us que sur leur type Quelle est la nature des changements mentionn s Les changements cit s peuvent tre class s selon plusieurs crit res Nous avons d cid d tudier la distribution des changements per us selon les domaines de vie affect s cf Reese et Smyer 1983 leur cat gorie cf Brim et Ryff 1980 l identit de la personne principalement concern e et le fait qu ils soient ou non associ s un v nement La distribution des changements selon leur cat gorisation varie t elle aux diff rents ges de la vie Par la suite nous nous sommes demand si la distribution des changements selon leur cat gorie varie en fonction de la position occup e dans le parcours de vie ce stade nous nous limitons mettre l hypoth se que chaque ge de la vie les changements per us se diff rencient selon leur type refl tant la position sp cifique du parcours de vie occup e les enjeux qui y sont associ s et les r les partag s Quelle est la dynamique entre les gains
5. Ltischer K Lettke F 2002 L ambivalence une cl pour l analyse des relations interg n rationnelles Retraite et soci t 35 140 169 Manton K G Stallard E Corder L 1995 Changes in morbidity and chronic disability in the U S elderly population Journal of Gerontology Social Sciences 50B S194 5204 Marshall V W Mueller M M 2003 Theoretical roots of the life course perspective in Heinz W R Marshall V W ds Social dynamics of the life course Transitions institutions and interrelations pp 3 32 New York Aldine de Gruyter 126 R F RENCES Mayer K U Sch pflin U 1989 The state and the life course Annual Review of Sociology 15 187 209 McAdams D P 1993 The stories we live by Personal myths and the making of the self New York Guilford Press McAdams D P 2005 Studying lives in time A narrative approach in Levy R Ghisletta P Le Goff J M Spini D Widmer E ds Towards an interdisciplinary perspective on the life course pp 237 258 Oxford Elsevier McLanahan S S Sorensen A B 1985 Life events and psychological well being over the life course in Elder G H d Life course dynamics Trajectories and transitions 1968 1980 pp 217 238 Ithaca Cornell University Press McLeod J D 1996 Life events in Birren J E Ed Encyclopedia of gerontology pp 41 51 San Diego Academic Press Neugarten
6. Prise de confiance en moi F 1982 305 Les autres changements graduels regardent les relations familiales et amicales Rapprochement avec les enfants et les petits enfants F 1921 519 la vie de couple Epanouissement marital F 1967 47 le travail volution professionnelle H 1966 481 plus rarement la situation conomique la participation sociale et les activit s de loisirs Le Tableau 4 10 nous confirme qu il y a deux domaines o les changements graduels sont particuli rement fr quents savoir le self avec 18 des changements qui expriment une volution progressive et la sant 31 Dans les autres domaines par contre plus de neuf changements sur dixsontassoci s des v nements pr cis un petit peu moins de neuf sur dix pour ce qui est de l conomie Ces pourcentages ne varient que faiblement et de mani re non significative d un groupe 78 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS Tableau 4 10 Changements li s un v nement versus changements graduels selon le domaine en ligne Changements li s Changements Total Domaine un v nement graduels Profession 96 4 100 Spatial 99 1 100 Sant 69 31 100 Famille 94 6 100 Education 99 1 100 Couple 92 8 100 Activit s 94 6 100 D c s 100 100 Self 22 78 100 Economie 88 12 100 Amiti s 94 6 100 Divers 94 6 100 d ge l autre Par exemple 25 des changements de sant mentionn s par les 20
7. s allonger et peut m me s tendre jusqu la trentaine Baudelot et Establet 2000 Galland 1997 En revanche les membres de cette classe d ge peuvent tre consid r s comme install s dans la vie professionnelle et familiale 50 54 ans 1948 53 vie active et familiale avanc e Alors que cet ge ne jouit pas d un statut officiel bien d fini les personnes se situant ce moment du parcours de vie sont susceptibles de vivre des v nements et des changements tr s importants tant sur le plan familial d part du domicile des enfants nid vide parents qui entrent dans la grande vieillesse voire d c dent que du fait qu elles atteignent la derni re phase de leur trajectoire professionnelle avec tous ses corollaires par exemple alors qu une grande partie de leur vie active s est d roul e dans un contexte de plein emploi voici que PR SENTATION DE L TUDE 35 se profile devant eux l inqui tude du ch mage et d une fin de carri re pr cipit e 65 69 ans 1933 38 jeunes retrait s B n ficiant d une rente vieillesse et ayant pour la plupart cess de travailler les personnes appartenant cette classe d ge doivent ou ont d red finir leurs priorit s et projets de vie De nos jours en Suisse les jeunes retrait s b n ficient dans l ensemble d une bonne sant Lalive d Epinay Bickel Maystre et Vollenwyder 2000 chap 4 80 84 ans 1918 23 la grande vieil
8. LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 75 relationnel la d cision de ses parents de ne plus travailler que six mois par ann e et de voyager le reste du temps a impliqu pour une tudiante universitaire un changement du rythme de la vie familiale ainsi que des r ajustements du point de vue financier F 1983 124 Des atteintes la sant voire le d c s d un proche parent peuvent galement avoir des cons quences sur la qualit de la vie familiale Suite deux embolies pulmonaires et un affaiblissement g n ral une vieille dame a d partiellement renoncer ses activit s et se plaint d avoir Moins de contacts avec l ext rieur en m me temps cela a favoris un rapprochement avec les enfants et petits enfants qu elle appr cie beaucoup F 1921 519 De son c t une quinquag naire qui a r cemment perdu son p re souligne que cela a resserr les liens en famille F 19538 242 Les probl mes de sant qui comme nous venons de le voir sont parfois l origine d une consolidation des liens familiaux et d une mobilisation des r seaux de soutien peuvent aussi avoir des cons quences tant sur les activit s que sur la vie professionnelle cause de sa maladie une retrait e a d ralentir ses activit s F 1922 243 tandis qu un homme souffrant de troubles physiques graves a d accepter une prise en charge di t tique amaigrissement et sportive musc
9. la fois des pertes et des b n fices La strat gie consistant demander aux interview s d valuer leurs changements au cas par cas et dans leur contexte s est r v l e extr mement f conde et a mis en vidence les limites d un classement a priori contre toute attente le d c s est dans un cas sur cing associ la fois une perte et un gain la fin d une longue et douloureuse maladie par exemple tandis que la moiti des entr es en EMS sont consid r es comme positives Outre son int r t scientifique cette tude a galement permis un groupe d tudiants en sociologie de deuxi me cycle de mettre un pied dans l univers de la recherche Sous la direction de Stefano Cavalli les tudiants de la vol e 2003 2004 participant au s minaire Parcours 116 CONCLUSION de vie ges et g n rations ont particip la r colte la saisie et la codification des donn es avant de proc der une premi re analyse des r sultats R aliser une recherche avec des sociologues d butants comporte par la force des choses un certain nombre d emb ches S ila t possible de les surmonter c est aussi en raison du type d enqu te choisie et de la d marche adopt e Christian Lalive d Epinay et Stefano Cavalli ont formul des questions de recherche significatives mais cibl es et bien enracin es dans un corpus th orique Ils les ont traduites dans un plan de recherche relativement simple r alisable
10. tais depuis deux ans F 1982 154 Les femmes emploient aussi presque trois fois plus de mots pour d crire des changements dans la vie professionnelle 12 4 versus 4 7 F 4 99 p 035 Un homme d crochant un nouvel emploi parlera simplement de Changement de travail H 1981 119 tandis qu une femme aura tendance rajouter un commentaire J ai chang de travail c est dire que j ai un meilleur poste qui correspond mieux mes qualifications F 1979 582 Enfin la description d un changement spatial requiert en moyenne huit mots aux interview es contre un peu moins de six aux r pondants de sexe masculin F 3 39 p 071 Les hommes emploient souvent des nonc s tr s courts D m nagement H 1979 16 ou J ai d m nag H 1980 104 Nouveau logement H 1981 383 J habite seul H 1980 487 Voici maintenant la version f minine J ai d m nag en juin j ai quitt une maison de campagne pour un petit appartement en ville F 1982 313 Un nouvel appartement avec une personne que je ne connaissais pas tr s bien mais avec qui a se passe tr s 86 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS bien F 1981 245 D m nagement j ai quitt le domicile familial pour m installer toute seule F 1981 67 En conclusion si hommes et femmes mentionnent peu pr s les m mes changements ils le font selon des modalit s diff rentes les premiers tant dans
11. 1 3 GAINS ET PERTES AU COURS DE LA VIE Un des apports majeurs de la psychologie d veloppementale dite du lifespan e g Baltes 1987 Baltes Lindenberger et Staudinger 1998 Baltes Reese et Lipsitt 1980 est de consid rer la vie dans sa totalit et de concevoir le d veloppement humain comme un processus qui ne s arr te pas une fois atteint l ge adulte mais qui s tend tout au long de l existence de la naissance la mort Baltes et al 1998 Baltes et ses coll gues donn es empiriques l appui rejettent par ailleurs la repr sentation du vieillissement en tant que processus unidirectionnel de pertes et d finissent le d veloppement comme un changement dans la capacit d adaptation d un individu qu il soit positif ou n gatif Baltes 1987 p 616 PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION 27 Le d veloppement des individus doit tre consid r comme un processus multidirectionnel la direction et l importance du changement diff rent selon le type de comportement ou de fonctionnement retenus et implique tout au long de la vie une dynamique entre des gains c est dire des croissances et des pertes ou d clins Baltes 1987 Baltes et al 1998 Certaines capacit s peuvent cro tre jusqu un ge avanc alors que d autres peuvent d cliner de mani re pr coce Il n y a pas dans le d veloppement de gains sans pertes ni de pertes sans gains Baltes 1997 D une part d j dan
12. choses faciles nous avons d faire preuve de beaucoup d efforts 40 PR SENTATION DE L TUDE pour persuader des personnes peu r ceptives nous couter et m fiantes envers les enqu tes souvent associ es des buts commerciaux Le succ s obtenu a t tr s variable selon l attitude des tudiants Si certains ont t confront s des r actions d hostilite d autres le v curent comme une tr s bonne exp rience qui leur a permis de donner des explications sur I tude et la sociologie Compte tenu de ces conditions particuli res on peut donc faire l hypoth se que les membres des cat gories d ges interm diaires ont plus souvent soit donn des r ponses br ves soit mentionn aucun changement Enfin pour la cat gorie des 80 84 ans il tait bien s r plus difficile de trouver ces personnes dans la rue surtout au mois de novembre par grand froid Nous avons donc cherch parmi nos connaissances et comme cela ne suffisait pas nous avons galement d recourir aux EMS Le fait de se trouver la plupart du temps au domicile de l interview a permis d effectuer une passation dans le calme Pour diverses raisons li es leur tat de sant certains interview s taient dans l impossibilit d crire les r ponses c est pourquoi nous avons parfois fait exception la r gle de l auto administration et rempli le questionnaire nous m mes en le mentionnant en marge Dans ces cas nous nou
13. comme pertes 12 seulement comme gains Lalive d pinay et Cavalli 2004 Ainsi bien que les objectifs de l tude et la d marche adopt e s loignent assez de ceux de Heckhausen et al 1989 les r sultats convergent et semblent confirmer la th orie de Baltes selon laquelle dans le grand ge les pertes l emportent largement sur les gains CHAPITRE 2 PR SENTATION DE L ETUDE 2 1 LES QUESTIONS DE RECHERCHE Les parcours de vie des individus sont marqu s par des changements dont le nombre et les caract ristiques varient au cours du d veloppement Dansle cadre de ce travail nous avons voulu comparer la perception de ces changements propre des individus se situant des positions diff rentes du parcours de vie Nous avons demand aux membres de cinq groupes d ge 20 24 35 39 50 54 65 69 et 80 84 ans de nous indiquer si au cours de l ann e pr c dente ils avaient v cu des changements importants dans leur vie De l analyse de la litt rature cf Chapitre 1 appara t que les recherches sur la perception des changements au cours de la vie sont rares Notre tude a donc un caract re exploratoire d faut de tester une s rie d hypoth ses bien tablies nous nous sommes laiss s guider par des questions de recherche Nous les pr sentons bri vement dans les lignes qui suivent 32 PR SENTATION DE L TUDE La fr quence des changements est elle du m me ordre aux diff rents ges de la vie
14. g re diff rence 45 des femmes de 80 84 ans mentionnent un changement au moins contre 61 des hommes du m me ge y 2 72 p 099 Pour ce qui est du type de changements per us le Tableau 4 12 r v le qu il n y gu re de diff rences selon le genre Le seul cart statistiquement significatif concerne le domaine des finances les hommes tant trois fois plus nombreux que les femmes mentionner des changements dans leur situation conomique y 4 97 p 026 Des analyses r alis es s par ment pour chaque classe d ge mettent toutefois en vidence quelques diff rences int ressantes Ainsi les jeunes femmes de 20 24 ans sont un peu plus nombreuses citer des changements familiaux que les hommes du m me ge respectivement 10 et 3 y 2 74 p 098 Difficile d apr s nos donn es 13 de savoir si cela est le reflet d un calendrier distinct de la vie familiale avec les femmes qui tendent se marier ou avoir des enfants plus t t ou si au moment de l entr e de la vie adulte l importance attribu e certains v nements familiaux varie selon le genre La vie professionnelle occupe peu pr s la m me place pour les hommes 13 Rappelons que dans notre chantillon 96 des personnes g es de 20 24 ans sont c libataires LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 83 Tableau 4 12 Hommes et femmes ayant mentionn au moins un changement dans chaque domaine par case
15. ge Identit 20 24 ans 35 39 ans 50 54 ans 65 69 ans 80 84 ans Interview e 92 77 74 69 72 Famille 6 20 25 31 28 Amis connaissances 2 3 1 0 0 Total 100 100 100 100 100 La distribution des changements selon les acteurs en jeu est significativement diff rente 7 50 08 p lt 001 dans les cinq groupes d ge LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 73 Un ge auquel de nos jours on est ou on devient souvent grands parents et auquel il n est pas exceptionnel d avoir encore au moins un des g niteurs en vie Il se peut alors qu une m me personne mentionne la fois des changements concernant sa descendance et ses parents l image du retrait qui indique comme premier changement Mariage de ma fille et son d part l tranger suivi de Tristement ma m re se meurt lentement dans un EMS de qualit H 1934 419 Relevons enfin que les changements se rapportant aux amis et connaissances de l interview sont rares dans les trois premiers groupes absents chez les retrait s 4 5 LA PLUPART DES CHANGEMENTS SONT ASSOCI S UN V NEMENT L v nement a t d fini plus haut comme un changement bien distinct et identifiable qui perturbe le d roulement de la vie quotidienne pr sent nous voudrions savoir dans quelle mesure les changements mentionn s par les r pondants sont li s des v nements clairement discernables Le Tableau 4 8 montre que la plup
16. ge Compte tenu de ces remarques nous mettons l hypoth se que plus que le nombre de changements c est leur nature qui varie d un ge l autre C est essentiellement cette question qu est consacr le prochain chapitre CHAPITRE 4 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS Apr s une r flexion sur la mani re dont les changements peuvent tre catalogu s nous en tudierons la distribution tout au long de la vie selon leur cat gorisation Nous sommes enclins penser que chaque ge la nature des changements d pend des modes d insertion dans la vie et dans la soci t propres une position sp cifique du parcours de vie 4 1 LES CRIT RES DE CLASSIFICATION Dans la recherche les changements dans la vie sont g n ralement inventori s l aide de listes pr confectionn es pour une vue d ensemble des principales chelles d v nements cf Settersten 1999 pp 142 144 Cette tradition trouve son origine dans les travaux de psychologues sur les v nements stressants notamment chez Holmes et Rahe 1967 qui avec leur Social Readjustment Rating Scale ont fait figure de pionniers dans le domaine Holmes et Rahe ont soumis des d individus une liste de 43 v nements qui vont du d c s du conjoint au mariage du non respect de la loi au fait d avoir pris des vacances et leur ont demand lesquels ils avaient v cu au cours des 54 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 12 mois pr c dant l enqu te
17. s chez les plus jeunes soit les 20 24 ans et les 35 39 ans nous observons une large pr dominance des gains dans la cat gorie des 50 54 ans un certain quilibre s tablit entre les gains et les changements ambivalents les valuations des personnes ag es de 65 a 69 ans se caract risent par un substantiel quilibre entre gains et pertes enfin chez les r pondants g s de 80 84 ans les pertes pr valent sur les gains Une autre lecture de la Figure 5 1 nous permet d observer que la part de gains baisse d un groupe d ge l autre avec pourtant une l g re remont e pour les 65 69 ans qui s explique par le nombre important de r ponses les deux chez les quinquag naires Parall lement les pertes augmentent progressivement au fil du parcours de vie notamment des la trentaine Au del de ces tendances g n rales il importe de souligner que conform ment la th se des psychologues du lifespan e g Baltes 1997 Baltes et Smith 1999 Smith 2003 les gains restent possibles au cours de la grande vieillesse Nous reviendrons la dessus dans la prochaine section 5 2 La part de changements que les enqu t s n ont pas class s comme gain ou perte connait une croissance monotone au cours de la vie Les 90 L EVALUATION DES CHANGEMENTS Figure 5 1 Evaluation des changements selon la classe d age 80 70 1
18. sent e dans ce Questions d ge sugg re que nous sommes face un ph nom ne plus g n ral tout ge la notion de changement important dans la vie renvoie pour l individu essentiellement deux cat gories d acteurs soi m me et sa famille proche Le Tableau 4 7 met n anmoins en vidence quelques diff rences selon les classes d ge En particulier nous observons un plus fort gocentrisme chez les jeunes adultes 92 des changements cit s par les 20 24 ans concernent l interview contre 69 77 dans les autres groupes Ce chiffre pourrait s expliquer par le fait que dans notre chantillon presque la totalit des personnes g es de 20 24 ans sont c libataires et n ont pas d enfants En m me temps les jeunes signalent peu de changements se rapportant leurs aieux ou collat raux six changements survenus leurs parents Le d part de ma m re l tranger H 1983 427 Maladie d un de mes parents F 1979 310 etc deux l un de leurs grands parents Mort de ma grand m re F 1983 289 et Hospitalisation de ma grand m re H 1982 533 cinq un membre de leur fratrie D m nagement de mon fr re hors du foyer du pater familias F 1983 320 Ma s ur s est mari e H 1981 355 etc C est entre 65 et 69 ans que nous recensons le plus de changements relatifs des membres de la famille Tableau 4 7 Acteurs du changement par classe d
19. tudes Ceci fait que des r ponses telles J ai pass avec succ s ma premi re ann e universitaire F 1983 308 ou Passage du premier au deuxi me cycle universitaire H 1983 152 sont r currentes 62 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS Tableau 4 3 Domaines et types de changement par classe d ge colonne Domaine 20 24 ans 35 39 ans 50 54 ans 65 69 ans 80 84 ans Profession 10 22 31 15 0 changement de travail 48 38 36 0 licenciement ch mage 11 8 14 0 retraite 0 0 5 91 autres 41 54 45 9 Spatial 19 11 10 13 18 d m nagement 49 79 57 30 53 quitter domicile parents 26 0 29 10 0 migration 8 5 7 50 5 d but cohabitation 15 16 0 0 0 entr e en EMS 0 0 7 0 42 autres 2 0 0 10 0 Sant 3 6 6 26 41 op ration hospitalisation 1 40 1 15 33 maladie accident 20 35 26 d clin graduel 0 15 28 autres 40 35 13 Famille 4 21 11 16 9 naissance grossesse 33 63 36 50 40 mariage 25 11 14 25 20 divorce 17 17 21 17 10 autres 25 9 29 8 30 Education 20 8 5 4 0 r ussite scolaire 40 7 1 1 reprise form continue 7 71 r orientation scolaire 16 7 autres 37 15 Couple 12 6 3 1 0 Activit s 9 5 5 1 7 D c s 2 5 8 7 12 Self 7 3 7 1 2 Economie 4 3 5 5 2 Amiti s 4 3 2 1 1 Environnement 0 0 0 0 1 Autres 6 7 I 10 T Total 100 100 100 100 100 en Compte tenu du nombre r duit de cas n lt 10 nous renongons d tailler la distribution des changements pour ce domain
20. 05 R de Nagelkerke 0 19 N 586 Exemple de lecture les personnes qui valuent leur sant comme mauvaise ou plut t mauvaise ont deux fois et demi plus de risques de signaler au moins un changement RR 2 577 que celles qui jugent tre en bonne sant et ceci apr s avoir neutralis l effet des autres variables ind pendantes 50 LA FR QUENCE DES CHANGEMENTS PER US ont entre trois et quatre fois plus de chances d avoir signal un changement que ceux qui n ont fr quent que l cole obligatoire RR 3 626 p lt 001 tre sans emploi au ch mage ou au b n fice d une rente del Assurance invalidit est galement fortement associ la perception de la derni re ann e de vie en termes de discontinuit RR 7 214 p 014 Enfin la probabilit de citer des changements est plus forte chez les r pondants qui valuent n gativement leur sant RR 2 577 p 012 ou qui expriment une r serve en ne la consid rant que satisfaisante RR 2 318 p 001 que parmi ceux qui mettent un jugement positif En revanche nous n observons aucune influence du genre de la nationalit de l tat civil du fait d avoir un enfant ou d habiter seul Le lien entre la classe d ge et la fr quence des changements m rite d tre comment s par ment De prime abord nous pouvons tre surpris par le constat que une fois contr l l impact des autres variables seules les personnes de 50 54 a
21. 24 ans sont de type graduel contre 30 chez les 80 84 ans Ce qui change c est que les tr s vieux ne mentionnent que des d clins graduels de la sant Baisse de forme H 1919 59 Baisse de la vue tres importante je ne peux plus lire tricoter regarder la t l F 1923 457 tandis que les sexag naires citent aussi des am liorations de leur tat physique ou de celui d un proche Am lioration de l tat de sant de mon beau fils victime d un accident en parapente il va beaucoup mieux de progr s en progr s H 1934 410 Les membres des trois groupes les plus jeunes quant eux signalent essentiellement des questions li es la sph re psychique et au moral Un changement tr s important au niveau personnel gestion de stress plus de temps pour mon bien tre H 1968 128 Il va de soi que le poids in gal de chaque domaine aux diff rents moments du parcours de vie se r percute sur la distribution des changements graduels l int rieur des cinq groupes d ge Rappelons par exemple que sauf exception les personnes g es qui ont particip notre tude n ont pas per u des changements importants LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 79 dans leur d veloppement personnel au cours de la derni re ann e que ces derniers soient ou non associ s un v nement cf Tableau 4 3 Presque la moiti des changements graduels signal s par les r pondants g s de 20 24 ans concer
22. 31 65 110 Baltes P B Smith 1999 Multilevel and systemic analyses of old age Theoretical and empirical evidence for a fourth age in Bengtson 122 R F RENCES V L Schaie K W Eds Handbook of theories of aging pp 153 173 New York Springer Baltes P B Smith J 2003 New frontiers in the future of aging From successful aging of the young old to the dilemmas of the fourth age Gerontology 49 123 135 Baudelot C Establet R 2000 Avoir 30 ans en 1968 et en 1998 Paris Seuil Brim O G Ryff C D 1980 On the properties of life events in Baltes P B Brim O C ds Life span development and behavior Volume 3 pp 367 388 New York Academic Press Brown G Harris T 1978 The social origins of depression New York The Free Press Cain L D 1964 Life course and social structure in Faris R E d Handbook of modern sociology pp 272 309 Chicago McNally Cavalli S 2002 Vieillards a domicile vieillards en pension Une comparaison Lausanne R alit s sociales Cavalli S Lalive d Epinay C Spini D 2001 Le d c s de proches son impact sur la sant et sur la vie relationnelle des vieillards Un suivi sur cing ans d une cohorte d octog naires G rontologie et Soci t 98 141 158 Chiriboga D A 1995 Transitions in Maddox G L d The encyclopedia of aging 2nd edition pp 941 942 New York Springer Chiri
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25. SENTATION DE L TUDE 37 Encadr 1 La question sur les changements importants Dans le courant de l ann e qui s acheve donc du ler janvier 2003 aujourd hui y a t il eu des changements importants dans votre vie la lecture de cette question courte et tr s ouverte quant aux r ponses possibles les interview s ont eu des r actions tr s diverses peinant parfois comprendre ce que nous d sirions savoir Qu est ce qu un changement important Dans quels domaines Est ce que je peux marquer que Face aux sollicitations d sorient es des interview s cherchant obtenir plus de pr cisons il nous a t difficile de rester neutre Chaque enqu teur trice a labor ses propres strat gies pour r pondre sans r pondre afin de respecter la consigne de laisser les gens libres de juger par eux m mes Devant le caract re intime et personnel de la question nous avons remarqu deux types de r actions Certains interview s g n s avaient tendance inscrire peu ou pas de changements D autres d sireux de ne pas d cevoir nos attentes r fl chissaient longuement pour se rem morer leur ann e De mani re g n rale il nous a sembl que les jeunes de 20 24 ans ont t plus nombreux adh rer au deuxi me cas de figure un comportement qui pourrait s expliquer par l image valoris e du changement en ce moment du parcours de vie Nous avons aussi eu l impression que les r pondants passa
26. changements li s la sant de l interview ou de l un de ses proches 12 ainsi que ceux qui concernent la formation et la vie familiale dans les deux cas 11 sont aussi fr quemment mentionn s Parmi les 89 changements de sant nous d nombrons entre autres 26 op rations et hospitalisations 24 maladies ou accidents 16 d clins graduels et neuf situations de malaise psychique ou de tendance d pressive Pour ce qui est du domaine de l ducation les r ponses regardent surtout les r ussites scolaires 26 cas la reprise des tudes LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 59 et les changements d tablissement ou de fili re 16 et 11 cas Notre classement des v nements familiaux ne suit pas exactement la m me logique que celle adopt e par Reese et Smyer 1983 les deux psychologues am ricains ont subdivis les changements selon qu ils ont trait la famille d origine aux fian ailles et au mariage ou au fait d lever des enfants quant nous nous avons cr trois cat gories ind pendantes l une pour la famille l autre pour les d c s de proches que ce soit des membres de la famille ou des amis et la derni re pour les changements touchant les couples non mari s En fin de compte dans le domaine familial sont inclus 41 grossesses et naissances ainsi que des mariages des divorces et des modifications au niveau des relations tous cit s 14 fois Les changements dans le couple quant eux repr s
27. des chelles continues en lieu de l application de seuils pr cis Smith 2003 Dans notre tude nous avons demand la personne interview e d valuer elle m me si tout bien pes chaque changement lui tant survenu durant l ann e avait t un gain une perte les deux ou ni l un ni l autre C est donc du jugement personnel et subjectif dont il est question ici 88 L EVALUATION DES CHANGEMENTS En ce qui concerne l valuation des changements nous avions au d part deux interrogations principales Nous nous demandions tout d abord dans quelle mesure la distribution entre les gains et les pertes volue au cours de la vie Le sch ma classique cf Baltes 1987 1997 Heckhausen et al 1989 veut qu en vieillissant les pertes augmentent fortementaud triment des gains qui eux diminuent de mani re radicale au del des 70 ans sans pour autant dispara tre Deuxi mement nous voulions tudier quel point l valuation en termes de gains et de pertes d pend du type de changements concern D autres l ments influencent l valuation tels les caract ristiques de la personne qui met le jugement nous pensons notamment sa position dans le parcours de vie la s quence dans laquelle s inscrit le changement ou les circonstances socio historiques du moment Elder 1998 Settersten 1999 Settersten et Mayer 1997 5 1 La DISTRIBUTION DES GAINS ET DES PERTES AU COURS DE LA VIE
28. deux fois plus de changements li s la formation qu au travail par la suite au fur et mesure que les individus s installent dans la vie active les proportions s inversent En ce qui concerne l ducation les plus jeunes parmi nos r pondants signalent avant tout des succ s scolaires 10 qui peuvent marquer des tapes importantes dans leur cursus les conforter dans le choix d une fili re ou simplement leur donner la confiance n cessaire pour affronter la suite de leur parcours estudiantin parfois ils sont m me per us comme de v ritables exploits j ai r ussi des examens impossibles H 1980 548 Les trentenaires quant eux citent essentiellement des reprises d tudes voire le fait de suivre une formation continue Enfin au del de la cinquantaine les changements dans le domaine de l ducation deviennent rares ils renvoient parfois la trajectoire scolaire des enfants et sont vari s des d buts scolaires de la fille cadette 4 ans H 1950 493 la fin des tudes d un enfant jusqu aux quinquag naires qui ont entam des tudes post dipl me 10 Ce r sultat d coule en partie d un biais de s lection de l chantillon En effet la plupart des tudiants ayant collabor cette tude ainsi que certains camarades qu ils ont interrog venaient au moment de la passation des questionnaires de r ussir leur premi re ann e l universit et commen aient leur deuxi me cycle d
29. domaine spatial 15 dans lequel nous avons rassembl les migrations 12 cas les d m nagements qui avec 62 mentions se taillent la part du lion les entr es en tablissement m dico social 9 changements mais aussi le fait de quitter le foyer parental ou d emm nager avec son copain ou sa copine respectivement 19 et 11 cas Th oriquement ces deux derniers v nements auraient pu tre rang s dans le domaine familial Si nous ne l avons pas fait c est que parfois la distinction entre les sorties du nid et les d buts d une cohabitation d une part les simples d m nagements de l autre n est pas explicite Persuad s que certains interview s n ont pas pr cis que le changement de domicile cit a par la m me occasion impliqu une installation en couple ou l ind pendance r sidentielle par rapport aux parents nous avons pr f r ne pas r partir ces r ponses dans diff rents domaines Si des personnes d crivent de mani re d taill e leurs changements l image de cette jeune femme qui crit D m nagement J ai quitt le domicile familial pour m installer toute seule F 1981 67 d autres laissent planer le doute que penser par exemple de l tudiant universitaire qui nous dit simplement J ai d m nag H 1980 104 ou de sa coll gue vivant en couple qui mentionne comme premier changement la rencontre avec mon ami et juste apr s son d m nagement F 1980 595 Les
30. en couple 49 ou seuls 36 le veuvage lui touche peu pr s une personne sur cinq C est dans la cat gorie des 80 84 ans que nous avons rencontr le plus de difficult s trouver des r pondants Nous pensions galement ne pas pouvoir atteindre les personnes les plus fragiles et cumulant les probl mes de sant introduisant par l un biais dans notre chantillon Finalement c est le ph nom ne inverse qui s est produit Un certain nombre d tudiants ne connaissant pas de personnes de cet ge dispos es r pondre se sont rendus dans des EMS afin de faire remplir leurs questionnaires La cons quence est que 16 des interview s de cette classe d ge r sidaient en m nage collectif alors qu Gen ve 44 PRESENTATION DE L TUDE les personnes de 80 84 ans institutionnalis es se chiffrent environ 8 De cette surrepr sentation des personnes en EMS d coulent deux autres diff rences par rapport la population genevoise le plus grand pourcentage de veufs et de veuves ainsi que la part de personnes qui valuent n gativement leur tat de sant selon une tude r alis e en 1994 cf Lalive d Epinay et al 2000 13 des Genevois de 80 84 ans se d claraient en mauvaise sant contre 25 dans notre chantillon CHAPITRE 3 LA FR QUENCE DES CHANGEMENTS PER US Dans ce chapitre d une part nous comparons la fr quence de changements per us comme importants dans la vie au sein de group
31. et les autres r ponses renvoient au conjoint ou au compagnon de vie ainsi qu d autres membres de la famille en particulier ceux qui se situent sur son axe vertical parents et grands parents enfants et petits enfants retenons aussi que les changements concernant les descendants directs sont plus fr quents que ceux qui se rapportent aux ascendants Les changements concernant les amis sont de trois types savoir des d c s des d m nagements ou sans surprise des modifications dans la vie amicale Quant aux changements impliquant des membres de la famille ils se r f rent aux domaines familial et spatial aux d c s Tableau 4 6 Identit de la personne la plus concern e par le changement Identit n Interview e 614 81 Famille 138 18 enfants 48 35 conjoint partenaire 32 23 pere mere 17 12 petits enfants 16 12 fr res soeurs 8 6 grands parents 4 3 autres famille 13 9 Amis connaissances 11 1 Total 763 100 Note Dans 7 cas il n a pas t possible d identifier la personne principalement concern e par le changement 72 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS la sant et dans une moindre mesure aux trajectoires scolaire et professionnelle Dans le cadre de la recherche SWILSOO le fait que les changements per us se rapportent presque exclusivement l interview et sa famille semblait pouvoir tre lu comme une caract ristique sp cifique la grande vieillesse L tude pr
32. et les pertes au cours de la vie Les changements peuvent galement tre subdivis s selon leur valence en terme de gains et pertes Sur la base d une valuation de chaque changement op r e par l interview lui m me nous nous PR SENTATION DE L ETUDE 33 sommes int ress s l volution de la distribution entre les gains et les pertes au cours de la vie Nous avons pu approfondir la th se de Baltes et ses coll gues selon laquelle jusqu au grand ge la balance des gains et pertes penche en faveur des premiers au del les pertes l emportent Est ce que l valuation des changements gains vs pertes d pend du domaine de vie affect ou de l ge du r pondant Enfin nous voulions savoir dans quelle mesure certains domaines de changement suscitent davantage d valuations positives ou n gatives et si les classements des r pondants varient en fonction de leur ge C tait aussi l occasion d explorer les diff rences entre l appr ciation au cas par cas des personnes qui ont v cu les changements et les classements faits priori par les chercheurs i e la d marche suivie dans le cadre de SWILSOO Un m me changement peut tre v cu de mani re tr s diff rente selon les caract ristiques de la personne qui en fait l exp rience la s quence dans laquelle il s inscrit les sp cificit s du changement ou encore selon les circonstances socio historiques du moment 2 2 LA R COLTE DES DONN ES
33. famille au travail dans la communaut et ainsi de suite Ils peuvent tre habituels customary comme se marier s installer dans un m nage ind pendant obtenir une promotion professionnelle d velopper des liens amicaux partir la retraite etc ou non normatifs et inhabituels comme commettre un acte d viant subir un accident de voiture etc Physiques Des ph nom nes comme la force de gravitation terrestre ou les conditions m t orologiques peuvent tre l origine d v nements tremblements de terre incendies inondations avalanches etc ayant des cons quences souvent impr visibles sur la vie des individus par exemple le fait d tre victimes de catastrophes naturelles que ce soit en subissant des blessures ou en perdant des biens Internes ou psychologiques Cette cat gorie n glig e jusqu ici est moins bien d finie par les deux auteurs qui se limitent num rer une s rie d exemples les exp riences et conversions religieuses la r solution de vouer sa vie son propre pays la d cision de quitter le conjoint ou partenaire la prise de conscience d avoir atteint le 8 Dans la litt rature il y a souvent une confusion dans l usage de termes comme contexte domaine type et source des v nements Pour notre part nous parlerons de sources des changements pour d signer la ou les origines d un v nement nous privil gierons le mot domaine p
34. hospitalisation ou encore une op ration mais dans les quatre autres cas c est une LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 77 volution lente graduelle bien que jug e importante qui est signal e Dans les autres domaines en revanche les changements graduels sont exceptionnels Seulement quatre exemples ont t d nombr s une diminution des visites un foyer pour personnes g es une r duction progressive du temps de travail un sentiment que ses propres ressources financi res s puisent et des consid rations sur la d shumanisation des rapports sociaux Qu en est il aux autres ges de la vie Le fait que sauf exception ces mutations progressives touchent la sant est il une sp cificit de la grande vieillesse Nos donn es indiquent que la majorit des changements graduels 44 sur 70 concernent la sant ou le d veloppement personnel Pour ce qui est du premier de ces deux domaines sans surprise les d clins graduels de la sant cf Chapitre 4 2 se taillent la part du lion mais parmi les changements non li s un v nement figurent aussi des atteintes au moral et l tat psychique ainsi que des am liorations de la sant Dans la cat gorie que nous avons nomm e self la majorit des changements ont un caract re graduel Les propos de deux jeunes r pondantes nous aident illustrer ceci Changements psychologiques m rissement autre perception de la vie et de moi m me F 1982 267
35. l ensemble plus concis que les secondes Reste savoir si cette diff rence dans la longueur des propos tenus est circonscrite aux plus jeunes participants de notre tude Ce qui est certain c est qu elle d pend aussi du niveau d ducation des interview s les r ponses des universitaires tant trois fois plus longues que celles de ceux qui n ont fr quent que l cole obligatoire F 3 65 p 013 CHAPITRE 5 L EVALUATION DES CHANGEMENTS Une autre mani re de classer les changements consiste s int resser leur valence Selon Baltes 1987 le d veloppement des individus doit tre consid r comme un processus qui implique tous les ges une dynamique entre des gains c est dire des croissances et des pertes ou d clins Dans des publications plus r centes e g Baltes et al 1998 p 1043 il d fend une vision plus radicale en d clarant que dans le d veloppement iln y a pas de gains sans pertes ni de pertes sans gains En psychologie ces notions sont utilis es pour d crire le r sultat d un changement en termes de croissance ou de d clin la direction que prend la r gulation d un changement adaptation fonctionnelle versus dysfonctionnelle ou encore l valuation subjective d un changement d sirable ou ind sirable La plupart des psychologues ne donnent pas de d finition explicite de ce que constitue un gain ou une perte Cela s explique en partie par leur pr f rence
36. la sant la famille et l ducation occupent une place consid rable dans la vie des interview s tandis que les catastrophes naturelles ou les v nements politiques ne sont une exception pr s jamais mis en avant comme s ils n avaient aucun impact r el sur le quotidien De plus pour l individu la notion de changement important dans sa vie renvoie quasi exclusivement soi m me et sa famille proche Plus que le nombre de changements c est leur type qui varie d un ge l autre Dans chaque classe d ge les domaines affect s sont le reflet de la position sp cifique du parcours de vie occup e et des enjeux qui y sont associ s Par exemple les changements mentionn s par les plus jeunes parmi nos interview s rendent bien compte de la transition qu ils sont en train de vivre celle vers la vie adulte Plusieurs r ponses touchent la formation et l insertion dans la vie active 30 ainsi que la vie familiale et relationnelle 20 les d m nagements 19 sont souvent associ s la dynamique du passage de la famille d origine la formation du couple ou d pendent du choix de l universit Durant la trentaine les pr occupations tournent avant tout autour de la vie familiale avec l arriv e des enfants et professionnelle monde du travail qui occupe une place encore plus importante 31 des changements dans la vie des quinquag naires Les personnes CONCLUSION 115 g es quant elles sont sur
37. les jeunes retrait s il n est pas rare que le d m nagement implique une coupure g ographique l image de cet homme qui passe et passera d sormais l t dans une maison au sud ouest de la France H 1935 543 de cette femme qui annonce son d m nagement en Italie pour passer la retraite avec son mari F 1938 505 ou du retrait qui malgr un accident assez grave subi par sa femme profite de sa retraite pour retourner chez lui en Espagne o il veut construire une maison plus grande H 1935 461 Les entr es en EMS ne constituent pas la seule raison de changement de lieu de vie dans la grande vieillesse des d m nagements pouvant tre motiv s par la disparition du conjoint l envie de se rapprocher des enfants la difficult entretenir un appartement devenu trop vaste ou la n cessit de b n ficier d un cadre plus s curisant voire d une surveillance m dicale cf Longino et Bradley 2006 Ceci est illustr par les propos d un de nos octog naires qui mentionne un d m nagement n cessit par l ge et l tat de sant et rajoute j ai quitt ma villa que j habitais depuis 45 ans et o ont v cu nos quatre enfants des souvenirs qui ne s oublient pas H 1922 607 chaque ge de la vie entre 22 et 25 des changements per us ont trait la vie familiale et relationnelle avec un pic de 35 chez les 35 39 ans 12 La formation du couple avec ses t tonnements et te
38. n fiques pour le d veloppement de la personne Les changements intervenant dans la vie des individus peuvent tre d finis soit d une mani re qui se veut objective par un observateur ext rieur soit par les individus eux m mes Ce qui repr sente un changement pour l observateur n est pas forc ment v cu comme tel par l acteur et inversement Dans les sciences sociales rares sont les tudes sur la perception qu ont les individus des continuit s et discontinuit s de leur parcours de vie Lune des sp cificit s de la recherche pr sent e dans ce Questions d ge est de privil gier cette dimension subjective Nous avons tudi les changements importants dans la vie et nous les avons appr hend s travers une valuation subjective de la part des personnes interrog es Deux questionnements g n raux ont guid notre tude d une part nous nous sommes int ress s la fr quence et la nature des changements per us comme importants diff rents ges de la vie d autre part sur la base de la valeur assign e par les interview s chacun de leurs changements nous avons analys la distribution entre les gains et les pertes au cours de la vie 18 INTRODUCTION L id e d tudier la mani re dont des individus situ s en divers moments du parcours de vie per oivent les changements qui marquent leur vie est n e la suite de travaux men s au Centre interfacultaire de g rontologie CIG de l Universit de G
39. que tous les accidents de sant sont per us comme des pertes les op rations quant elles engendrent une volution positive de l tat du r pondant dans la moiti des cas sans surprise les am liorations de sant sont valu es comme des gains les d clins graduels comme des pertes Or la r partition in gale des diff rents changements de sant au cours de la vie fait que dans les deux premiers groupes d ge environ deux changements de sant sur cinq sont des gains et un sur cinq une perte tandis que dans la grande vieillesse les premiers atteignent 12 les secondes 62 Il en va de m me pour la vie professionnelle une promotion est source de satisfaction 20 ans tout comme 50 les licenciements et p riodes de ch mage sont valu s comme des pertes par les r pondants de tout ge Il est cependant un cas et c est notre troisi me point qui chappe cette logique la sortie du nid L EVALUATION DES CHANGEMENTS 107 familial Chez les personnes directement int ress es les jeunes de 20 24 ans neuf de ces d m nagements sur les 13 recens s sont valu s comme des gains un comme une perte les trois restants comme la fois un gain et une perte C est surtout la conqu te d une certaine ind pendance qui semble s duire Ind pendance le fait d avoir quitt le domicile familial pour m installer tout seul H 1980 17 Mais lorsque nous coutons les parents propos du d part de leurs
40. travail pr cipit e et impos e est v cue n gativement une transition issue d une d cision 106 L EVALUATION DES CHANGEMENTS autonome et anticip e a plus de chances d tre per ue comme un gain Tel est le cas de ce sexag naire qui r pond Plan de retraite D cision et concr tisation H 1938 221 Un m me type d v nement peut galement tre jug diff remment selon qu il touche en premier lieu le r pondant lui m me ou l un de ses proches C est le cas du divorce consid r comme un gain dans deux cas sur trois lorsqu il concerne son propre couple valu plus n gativement quand il implique un enfant ou un autre membre de la famille Est ce que des changements semblables sont valu s autrement par les membres des cinq groupes d ge tudi s Sans entrer dans le d tail de ces analyses retenons trois l ments En premier lieu comme nous avons d j eu l occasion de le discuter plus haut cf Section 5 1 les jugements ambivalents sont surtout le fait des personnes g es de 50 54 ans et ce quel que soit le domaine de vie affect Deuxi me consid ration dans la plupart des cas un m me type de changement est valu de mani re analogue aux diff rents ges de la vie ce qui varie c est sa probabilit d tre v cu par des individus situ s des moments divers de leur parcours de vie Par exemple dans toutes les classes d ge entre la moiti et les deux tiers des maladies ainsi
41. universitaires ne se distinguent pas significativement de ceux qui se sont arr t s la scolarit obligatoire RR 4 319 p 176 ils ont quand m me dix fois plus de chances de signaler des changements relatifs la formation que ceux qui ont termin un apprentissage RR 10 053 p 003 relevons d ailleurs que des changements dans la trajectoire scolaire sont mentionn s par 21 des universitaires contre 2 4 dans les autres groupes 82 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS Notre chantillon est compos de 334 femmes et de 288 hommes y a t il des diff rences selon le genre dans les r ponses r colt es La litt rature est ambigu propos de la relation entre le sexe des interview s et le nombre d v nements de vie cit s Goldberg et Comstock 1980 En ce qui concerne le type de changements les femmes semblent tre plus touch es dans les domaines de la famille et de la sant les hommes dans ceux du travail et des finances Fiske et Chiriboga 1990 Les r sultats pr sent s jusqu ici que ce soit pour la fr quence des changements cf Tableau 3 2 ou leur nature cf Tableau 4 11 n ont pas mis en vidence des carts particuliers selon le genre Parmi les femmes qui ont particip notre tude 59 disent avoir v cu au moins un changement important dans leur vie au cours de la derni re ann e Nous retrouvons une proportion quivalente 61 chez les hommes Seulement parmi les plus g s il y a une l
42. y a t il eu des changements importants dans votre vie Oui Non Si oui Quels sont ces changements Veuillez s il vous pla t d crire bri vement chaque changement et ensuite indiquer si tout bien pes il a repr sent un gain et ou une perte pour vous Changement Le ee eee ee ee A E Gain LJ Perte U Les deux Ol Ni l un ni l autre L Ne sait pas CRAN ado tues Gain LJ Perte Q Les deux Ol Ni l un ni l autre L Ne sait pas retenu l attention de la personne interrog e mais sur les ruptures intervenues dans la vie du r pondant lui m me Soulignons aussi que l intervalle de temps pris en consid ration ne correspond pas tout fait une ann e du ler janvier au moins de novembre 2003 puisque nous avons voulu fournir au r pondant un rep re temporel facilement identifiable tel que le d but d une ann e civile Une autre particularit de notre tude r side dans la d marche que nous avons adopt e pour l valuation des changements au cours de la vie Ce sont les personnes interrog es qui ont jug si les changements survenus durant l ann e devaient tre qualifi s de gains ou de pertes Conscients du fait qu un changement peut avoir eu des cons quences diverses nous avons propos les r ponses alternatives les deux et ni l un ni l autre PR
43. 0 a EL 7 20 24 35 39 50 54 65 69 80 84 Classes d ge Gains MPertes Les deux Ni l un ni l autre r ponses ni l un ni l autre passent de 2 pour les 20 24 ans 10 chez les 80 84 ans Cependant ces pourcentages portent sur de tout petits nombres entre 5 et 10 changements dans chaque classe d ge et les diff rences observ es ne sont pas statistiquement significatives La cinquantaine l ge de l ambivalence chaque ge entre 12 et 19 des changements ont constitu la fois un gain et une perte pour les r pondants Les 50 54 ans font exception avec un tiers des changements jug s ambivalents Comment expliquer cette hausse soudaine autour de la cinquantaine Diff rentes pistes s offrent nous D une part il se pourrait que ce soit la position sp cifique dans le parcours de vie qui conduit plus souvent les individus valuer les changements quels qu ils soient de mani re ambivalente D autre part ce pic pourrait s expliquer par une plus L EVALUATION DES CHANGEMENTS 91 grande propension des personnes g es de 50 54 ans vivre et mentionner des changements intrins quement ambivalents Une premi re lecture des questionnaires sugg re que deux v nements mentionn s surtout par les quinquag naires font souvent l objet d une appr ciation pond r e le d part des enfants et les d c s de parents Il n est pas rare que l
44. 50 54 ans 65 69 ans 80 84 ans Domaine Domaine Domaine Domaine Domaine Education 20 Profession 22 Profession 31 Sant 26 Sant 41 Spatial 19 Famille 21 Famille 11 Famille 16 Spatial 18 Couple 12 Spatial 11 Spatial 10 Profession 15 D c s 12 Profession 10 Education 8 D c s 8 Spatial 13 Famille 9 Activit s 9 Couple 6 Self 7 D c s 7 Activit s 7 Autres 30 Autres 32 Autres 33 Autres 23 Autres 13 Total 100 Total 100 Total 100 Total 100 Total 100 9 Nous reviendrons sur les changements spatiaux assez nombreux a tous les ages LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 61 de vie dans la grande vieillesse sur dix changements mentionn s par les octog naires quatre concernent un seul domaine la sant et les cinq domaines principaux totalisent 87 des changements contre 67 70 dans les trois premiers groupes et 77 au quatri me Voyons maintenant de mani re plus d taill e comment varie au fil de l ge le poids relatif de chaque sph re de la vie Le Tableau 4 3 nous donne galement la distribution des types de changements l int rieur des cinq domaines les plus cit s profession spatial sant famille et ducation Dans les trois premiers groupes d ge peu pr s un tiers des changements se rapportent aux trajectoires scolaire et professionnelle un sur cinq chez les jeunes retrait s aucun dans la grande vieillesse Les jeunes adultes mentionnent
45. 9 11 9 Famille 41 37 5 Education 65 15 Couple 37 11 Activit s 47 1 Deces 44 Self 38 Economie 27 Amiti s 21 1 Environnement 1 Divers 17 34 Total 154 431 171 1 en ligne 20 51 22 1 Note Parmi les 770 changements recens s 13 n ont pas pu tre class s selon la source 68 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS En ce qui concerne la sant les hospitalisations ne sont pas incluses dans la cat gorie biologique car nous avons privil gi l id e de r ponse socioculturelle un probl me biologique les changements associ s au bien tre la gestion du stress et aux d pressions ont t class s dans la cat gorie personnelle La source physique regroupe du moins th oriquement les catastrophes naturelles etles v nements sociopolitiques La s paration entre changements socioculturels et personnels s est av r e plus d licate Dans la cat gorie socioculturelle nous avons class les changements faisant r f rence aux r les que les individus assument tout au long de leur parcours de vie et ceux d termin s par des agents ext rieurs la cat gorie personnelle comprend des changements d ordre psychologique et ceux autod termin s par l individu Contrairement Reese et Smyer 1983 nous avons trait des v nements tels que la sortie du nid le commencement d une cole et le premier emploi comme socioculturels car ils marquent bien un changement de statu
46. B L 1968 The awareness of middle age in Neugarten B L d Middle age and aging A reader in social psychology pp 93 98 Chicago The University of Chicago Press Neugarten B L Moore J W Lowe J C 1965 Age norms age constraints and adult socialization American Journal of Sociology 70 6 710 717 Reese H W Smyer M A 1983 The dimensionalization oflife events in Callahan E J McCluskey K A Eds Life span developmental psychology Nonnormative life events pp 1 33 New York Academic Press Riley M W Foner A Waring J 1988 Sociology of age in Smelser N J Ed Handbook of sociology pp 243 290 London Sage Riley M W Johnson M E Foner A Eds 1972 Aging and society Volume 3 A sociology of age stratification New York Russell Sage Foundation Rutter M 1996 Transitions and turning points in developmental psychopathology As applied to the age span between childhood and mid adulthood International Journal of Behavioral Development 19 3 603 626 R F RENCES 127 Ryff C D 1986 The subjective construction of self and society An agenda for life span research in Marshall V W d Later life The social psychology of aging pp 33 74 Beverly Hills Sage Sampson R J Laub J H 1993 Crime in the making Pathways and turning points through life Cambridge Hardvard University Press Schaie K W 1994 The course of adu
47. Cette chelle a connu un grand succ s qui perdure encore de nos jours et a servi de base la cr ation de nombreuses mesures agr g es pour recenser les v nements de vie La plupart de ces inventaires ont t construits en vue d une utilisation aupr s de jeunes adultes et c est seulement partir des ann es 1980 que l on a con u des chelles destin es d autres groupes de la population tels les enfants ou les personnes g es Il est bien connu que ces listes posent un certain nombre de probl mes m thodologiques cf McLeod 1996 Reese et Smyer 1983 Settersten 1999 Premi rement les v nements qui concernent les jeunes hommes blancs de classe moyenne y sont souvent surrepr sent s tout comme les v nements n gatifs et ind sirables Deuxi mement tous les v nements qui y figurent n ont pas la m me importance mais introduire des pond rations est loin d tre simple Troisi mement l utilisation de ces chelles est sensible des biais de m moire surtout si l intervalle de temps pris en consid ration d passe l ann e Enfin g n ralement issus de la recherche sur le stress ces inventaires ont parfois un caract re quasi exclusivement m dical et tendent n gliger les v nements relatifs la sph re professionnelle ou la composition du m nage Les v nements de vie tout comme les transitions peuvent tre class s selon plusieurs dimensions L accent peut tre mis soit su
48. En g n ral une transition combine l abandon de r les familiers et l acquisition de r les nouveaux elle est ench ss e dans une trajectoire qui lui donne une forme et une signification sp cifiques Elder 1998 cf aussi George 1993 Hagestad 2003 elle peut galement comporter des changements de statut et d identit Glaser et Strauss 1971 Certaines transitions sont normatives et d signent le passage d une tape une autre du parcours de vie tel qu il est institu et r gul par la soci t Cain 1964 Mayer et Sch pflin 1989 1 Il n y a pas de consensus quant la traduction de cette expression certains parlent de tournant tandis que d autres en particulier les d mographes pr f rent le terme de bifurcation Face a ces divergences nous avons d cid de garder l expression anglaise PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION 23 Parfois assimil s des transitions les v nements peuvent tre vus comme des marqueurs voire comme des causes d une transition Reese et Smyer 1983 De m me une transition peut englober plusieurs v nements Par exemple la transition vers la vie adulte peut int grer la fin des tudes l entr e dans le march du travail l installation dans un m nage ind pendant le mariage et la naissance du premier enfant Hogan et Astone 1986 Shanahan 2000 Classiquement les v nements de vie life events ont t d finis comme des cha
49. La r colte des donn es a eu lieu en novembre 2003 dans le cadre du s minaire Parcours de vie ges et g n rations D partement de sociologie Universit de Gen ve Les interviews ont t r alis s par 40 tudiants et sauf exception ils se sont d roul s dans le Canton de Gen ve 2 2 Quelques questionnaires ont t remplis dans la r gion de Nyon Canton de Vaud ou en Valais 34 PR SENTATION DE L TUDE Les classes d ge retenues Nous avons d cid de comparer cinq classes d ge quinquennales s par es par un cart de dix ans Les groupes d ge ont t choisis de mani re ce qu ils repr sentent des positions bien d finies dans le parcours de vie Nos classes d ge renvoient galement des cohortes dont la premi re s est form e au d but des ann es 1920 et la derni re au d but des ann es 1980 20 24 ans n s entre 1978 et 1983 entr e dans la vie adulte Moment crucial dans le parcours de vie cet ge se situe dans la p riode de transition qui conduit vers la vie adulte Parmi les membres de cette cohorte une proportion sans pr c dent de jeunes adultes fr quente une universit ou une cole professionnelle sup rieure d autres font leur entr e stable dans le march du travail plusieurs quittent le domicile parental 35 39 ans 1963 68 vie active et familiale install e On affirme souvent que de nos jours la transition vers la vie adulte tend
50. Le Tableau 5 nousfournitla r partitiondel ensemble des changements selon la valence qui leur a t attribu e par les enqu t s En d pit de quelques craintes soulev es lors des discussions en classe l valuation des changements ne semble pas avoir pos de probl mes majeurs aux r pondants Si les interview s ont parfois pos des questions sur le sens attribuer l expression changement important ils n ont gu re prouv de difficult s raisonner en terme de gains et de pertes Les faibles pourcentages de r ponses ne sais pas 2 et de changements n ayant fait l objet d aucune valuation 3 confirment cette impression Plus de la moiti des changements signal s sont des gains un sur cinq est consid r comme une perte De nombreux individus ont exprim un sentiment d ambivalence l gard des changements v cus L EVALUATION DES CHANGEMENTS 89 Tableau 5 1 Evaluation des changements Evaluation n Gain 403 52 Perte 154 20 Les deux 135 18 Ni l un ni l autre 36 5 Ne sais pas 19 2 Pas de r ponse 23 3 Total 770 100 18 des cas ce qui nous a confort dans notre choix d avoir pr vu la r ponse alternative les deux Voyons maintenant comment se r partissent les gains et les pertes au cours de la vie La Figure 5 1 permet de visualiser pour chaque classe d age la distribution des changements selon leur valence Quatre mod les peuvent tre d gag
51. Stefano Cavalli Ga lle Aeby M lanie Battistini Corinne Borloz G raldine Bugnon Ivan De Carlo Emilie Rosenstein ges de la vie et changements per us CIG 0 Questions d ge D partement de sociologie Centre interfacultaire de g rontologie n 3 2006 Stefano Cavalli Ga lle Aeby M lanie Battistini Corinne Borloz G raldine Bugnon Ivan De Carlo Emilie Rosenstein ges de la vie et changements per us Questions d ge n 3 2006 D partement de sociologie Centre interfacultaire de g rontologie Dans la m me s rie Questions d ge 1 Hummel Cornelia Ed 1999 Les sciences sociales face au d fi de la grande vieillesse 285 pages Actes du colloque Les sciences sociales face au d fi de la grande vieillesse Gen ve mai 1997 2 Lalive d Epinay Christian 2003 La retraite et apr s Vieillesse entre science et conscience 60 pages gt Le on d adieu prononc e l Universit de Gen ve le 22 mai 2003 avec une introduction du Professeur Jean Kellerhals Pour adresse Centre interfacultaire de g rontologie Universit de Gen ve Route de Mon Id e 59 CH 1226 Th nex Gen ve T l 41 0 22 305 66 01 Fax 41 0 22 348 90 77 E mail cig unige ch Web cig unige ch AD UNIVERSIT DE GEN VE TABLE DES MATI RES Pr face Les ges de la vie mode d emploi Franz Schultheis a AR Introduction edo ed cn Parco
52. Stress coping and health at mid life A developmental perspective in Lachman M E d The handbook of midlife development pp 188 214 New York Wiley Baltes M M Baltes P B 1990 Psychological perspectives on successful aging The model of selective optimization with compensation in Baltes P B Baltes M M ds Successful aging Perspectives from the behavioral sciences pp 1 34 Cambridge Cambridge University Press BaltesP B 1987 Theoretical propositions ofLife span Developmental Psychology On the dynamics between growth and decline Developmental Psychology 23 5 611 626 Baltes P B 1997 On the incomplete architecture of human ontogeny Selection optimization and compensation as foundation of develpmental theory American Psychologist 52 4 366 380 Baltes P B Lindenberger U Staudinger U M 1998 Life span theory in developmental psychology in Lerner R M Ed Handbook of child psychology Sth edition Volume 1 Theoretical models of human development pp 1029 1143 New York Wiley amp Sons Baltes P B Lindenberger U Staudinger U M 2006 Lifespan theory in developmental psychology in Lerner R M Ed Handbook of child psychology 6th edition Volume 1 Theoretical models of human development pp 1029 1143 New York Wiley Baltes P B Reese H W Lipsitt L P 1980 Life span developmental psychology Annual Review of Psychology
53. action li e au fait de ne pas pouvoir mettre en regard nos r sultats avec ceux obtenus d autres ges de la vie C est ainsi que d but 2003 Christian Lalive d pinay proposa de soumettre la m me question sur les changements per us comme importants au cours de la derni re ann e aux tudiants fr quentant le cours intitul Approches pluridisciplinaires des parcours de vie donn conjointement avec Dario Spini l Universit de Gen ve Cet exercice nous a fourni une bonne illustration des v nements et changements associ s la transition du parcours de vie que connaissent des tudiants de deuxi me cycle universitaire mais la taille de l chantillon et le contexte de passation de la question interdisaient toute g n ralisation Apr s avoir pris sa retraite Christian Lalive d pinay m encouragea afin d accro tre le nombre de questionnaires r colt s r p ter la d marche durant l ann e acad mique 2003 2004 aupr s des tudiants suivant le s minaire Parcours de vie ges et g n rations que j animais au D partement de sociologie Des discussions qui ont suivi est n e l id e d agir autrement au lieu de se limiter interviewer les tudiants pourquoi ne pas profiter du s minaire pour mettre au point une petite recherche dont ils en seraient les artisans Apr s avoir con u l tude dans tous ses d tails avec Christian Lalive d pinay je me suis donc lanc avec enthousiasme da
54. angements En prenant l exemple du genre nous constatons que 34 des femmes de 50 54 ans recourent des valuations ambivalentes tandis que ce pourcentage r atteint 15 Ces exemples semblent concorder avec la th se selon laquelle les relations interg n rationnelles imposent de g rer des ambivalences L scher 2003 L scher et Lettke 2002 Pr cisons n anmoins que notre utilisation du terme d ambivalence ne renvoie pas la d finition d velopp e avec profit par L scher et ses coll gues 16 Un quart des changements concernant les enfants 24 sont valu s de mani re ambivalente 92 L EVALUATION DES CHANGEMENTS que 17 chez les participantes notre tude des autres groupes d ge y 11 168 p 001 de mani re analogue les hommes de la cinquantaine reconnaissent plus souvent aux changements une valence double 34 contre 13 y 14 309 p lt 001 Les domaines spatial et amical sont ceux qui comptent le plus d valuations ambivalentes dans les deux cas 30 Pourtant comme nous l avons observ plus haut cf Tableau 4 3 ces types de changements ne sont pas particuli rement cit s par les 50 54 ans Plus en g n ral quel que soit le domaine de vie affect la part de changements consid r s comme la fois un gain et une perte est plus lev e chez les quinquag naires que dans les autres groupes C est le cas des trois domaines pour lesquels les personnes g es de 50 54 ans ont me
55. art des changements signal s 86 sont associ s des v nements pr cis tels un mariage un accident de sant le commencement d une cole ou un d m nagement Parmi les autres changements nous distinguons ceux qui renvoient des processus graduels 9 et ceux qui doivent plut t tre consid r s comme des cons quences distinctes d un changement mentionn 5 Comme nous l avons expliqu au d but du Chapitre 3 un certain nombre d individus ont mentionn dans la m me r ponse un changement et une cons quence de celui ci deux aspects que nous avons d cid de traiter ind pendamment Un tiers des r ponses consid r es comme la cons quence d un autre changement appartient au domaine du self 12 cas Cinq participants notre tude pour la plupart des jeunes nous ont parl d un voyage r cemment r alis et 74 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS Tableau 4 8 Changements li s un v nement changements graduels et cons quences d un changement Lien avec un v nement n Changement li un v nement 638 86 Changement graduel 70 9 Cons quence d un changement 35 5 Total 743 100 Note Dans 27 cas il n a pas t possible de d terminer si le changement tait li un v nement ou non ayant eu des implications sur leur propre d veloppement personnel Voyage en Am rique du Sud d couverte de nouveaux horizons de nouvelles cultures de nouvelles popu
56. ation de la th orie de l volution des gains et des pertes au cours de la vie Il tait rare surtout jusqu ces derni res ann es de tomber sur un texte de Baltes et coll gues nous pensons ici notamment ceux de caract re L EVALUATION DES CHANGEMENTS 97 Figure 5 2 Gains et pertes au cours du developpement adapte de Heckhausen et al 1989 p 117 100 90 80 70 60 50 40 30 20 Losses 10 Percentages of Gains and Losses 20 30 40 50 60 70 80 90 Age th orique ou d assister a l une de leurs communications un congr s scientifique sans que cette recherche soit cit e le sch ma de Heckhausen et al 1989 p 117 cf Figure 5 2 tant d ailleurs souvent reproduit En 1987 d j Baltes proposait un sc nario de la dynamique entre gains et pertes au cours du d veloppement selon lequel la proportion des premiers diminue r guli rement au fil de l ge alors que celle des secondes augmente Baltes 1987 En m me temps le psychologue allemand reconna t qu il s agit d une th se assez r cente et que son fondement th orique n a pas encore t pleinement explor et test d un point de vue empirique Deux ans plus tard l tude de Heckhausen et al 1989 viendra combler cette lacune Relevons que les r sultats ne font pas tat du bilan subjectif 98 L EVALUATION DES CHANGEMENTS qu effectuent des individus d age diff rent comme c est le cas dans notre tude mais ex
57. avec des tudiants aux premi res armes le questionnaire tient sur une page recto verso sa passation ne comporte pas de difficult majeure et ne demande que peu de temps la phase de r colte et de codification des donn es a pu tre achev e en quelques semaines laissant du temps pour une premi re lecture des r sultats lors du m me semestre universitaire Malgr sa relative simplicit cette recherche nous a permis en prenant comme levier le changement de jeter un regard sur les trajectoires de vie l intersection du biologique du psychologique et du social Avec nos questionnements nous nous situons au c ur de la perspective dite du parcours de vie Elder 1998 Lalive d pinay et al 2005 Marshall et Mueller 2003 et nous essayons d apporter une petite contribution cette vaste entreprise scientifique qui a pour objectif de mieux comprendre le d roulement des vies humaines Le parcours de vie individuel est compos de trajectoires multiples et interd pendantes qui renvoient aux diff rentes sph res ou selon les auteurs champs syst mes d action mondes de vie etc dans lesquelles se d roule l existence Lalive d Epinay et al 2005 p 202 Ce qui se passe dans une de ces trajectoires a souvent un impact sur le cours des autres Encore l importance de chaque trajectoire n est pas la m me tout au long du d veloppement Autrement dit le poids des diff rentes sph res familiale professionnelle sco
58. boga D A 1997 In search of continuities and discontinuities across time and culture in Bengtson V L d Adulthood and aging Research on continuities and discontinuities pp 173 199 New York Springer Clausen J A 1993 American lives Looking back at the Children of the Great Depression New York The Free Press Clausen J A 1995 Gender contexts and turning points in adults lives in Moen P Elder G H Liischer K ds Examining lives in context Perspectives on the ecology of human development pp 365 389 Washington American Psychological Association R F RENCES 123 Diehl M 1999 Self development in adulthood and aging The role of critical life events in Ryff C D Marshall V W ds The self and society in aging processes pp 150 183 New York Springer Diener E Suh M E 1997 Subjective well being and age An international analysis Annual Review of Gerontology and Geriatrics 17 304 324 Dohrenwend B P Dohrenwend B S 1969 Social status and psychological disorder New York Wiley Elder G H 1998 The life course and human development in Lerner R M Ed Handbook of child psychology Sth edition Volume 1 Theoretical models of human development pp 939 991 New York Wiley amp Sons Elder G H Kirkpatrick Johnson M CrosnoeR 2003 The emergence and development of life course theory in Mortimer J T Shanahan M
59. ce des normes culturelles partag es Thoits 1981 Cette d cision peut tre prise par les chercheurs eux m mes c est la d marche suivie dans le cadre de l tude SWILSOO ou en faisant recours des juges externes Heckhausen et coll gues 1989 ont opt pour cette seconde solution La critique principale qui a t adress e cette approche part du 102 L EVALUATION DES CHANGEMENTS postulat que l on ne peut pas assigner a priori des caract ristiques a des v nements leur signification d pendant du contexte dans lequel ils surviennent et des personnes qui les vivent Brown et Harris 1978 Plus rares notre connaissance les travaux qui s en remettent aux jugements des personnes directement int ress es par le changement Lin Woefel et Light 1985 dans leur tude sur les effets des v nements ind sirables en termes de d tresse psychologique et sur le r le du support social ont soumis a des individus une liste d v nements en leur demandant s ils les avaient v cus au cours des 12 derniers mois et le cas ch ant de les d finir comme bons ou mauvais Une des originalit s de notre tude consiste justement avoir demand aux r pondants eux m mes d valuer en termes de gains ou de pertes et au cas par cas les changements leur tant survenus au cours de la derni re ann e Comment les individus proc dent ils dans leur valuation La valence attribu e chaque changement
60. d entre eux savoir les auteurs de cet ouvrage ont continu se r unir afin de poursuivre l analyse des donn es et pr parer cette publication son origine ce projet avait une double finalit il s agissait de r colter des informations permettant d approfondir des r flexions entam es dans le cadre de SWILSOO d tendre l examen de la perception des changements sur un segment plus large du parcours de vie ainsi que de r aliser un exercice p dagogique tr s riche avec des tudiants qui dans de nombreux cas taient confront s pour la premi re fois une tude empirique Le caract re initiatique de cette exp rience de terrain a stimul les t moignages en classe a suscit de nombreux d bats autour de certains choix m thodologiques et a entra n des discussions passionnantes propos des difficult s rencontr es ou des d couvertes r alis es Le lecteur en trouvera ici un cho sous forme d encadr s ins r s dans le Chapitre 2 L ouvrage comprend cinq chapitres Le premier pose le d cor et donne l occasion de faire le point sur l tat des connaissances Dans le deuxi me chapitre nous d taillons les questions de recherche et d crivons les grandes lignes de l tude Les trois chapitres restants sont consacr s la pr sentation des r sultats dans le troisi me chapitre nous comparons la perception des changements dans la vie au sein de groupes se situant en des positions diff rentes
61. d v nements stressants sur le bien tre cf McLanahan et Sorensen 1985 notre connaissance les changements sont toujours recens s l aide de listes pr tablies Il en d coule que tout r sultat obtenu est fortement tributaire de leur contenu Il est donc hasardeux de comparer des pourcentages de personnes ne signalant aucun changement issus d tudes diff rentes car ces chiffres d pendent fortement du nombre et du type de changements inclus dans chaque liste Goldberg et Comstock 1980 Si toutes les p riodes de la vie comportent des exp riences d veloppementales importantes et uniques le nombre et le type de changements exp riment s varient au cours de la vie En ce qui concerne leur fr quence un consensus semble exister autour de PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION 25 l id e que les adolescents et les jeunes adultes sont plus enclins mentionner des changements et des v nements Fiske et Chiriboga 1990 p 148 Folkman Lazarus Pimley et Novacek 1987 Goldberg et Comstock 1980 McLanahan et Sorensen 1985 Les jeunes seraient plus nombreux indiquer au moins un changement voire en citer plusieurs Goldberg et Comstock 1980 Les participants l tude longitudinale de Fiske et Chiriboga 1990 g s au d part entre 16 et 38 ans signalent deux fois et demie plus d v nements que les personnes qui avaient l poque entre 39 et 67 ans Le nombre de changements sembl
62. de la n tre Nous pr senterons tout d abord quelques notions qui ont servi l tude des ruptures et des discontinuit s dans la vie Section 1 1 ensuite nous dresserons un tat des recherches qui ont compar 22 PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION la fr quence et le type de changements en diff rents moments du parcours de vie 1 2 enfin nous nous pencherons sur la mani re dont a t explor e et th oris e en particulier par les psychologues du d veloppement la dynamique entre les gains et les pertes au cours de la vie 1 3 1 1 TRANSITIONS V NEMENTS ET TURNING POINTS Dans la litt rature sur le parcours de vie et le d veloppement humain les changements sont le plus souvent associ s aux notions de transition d v nement et de turning point 1 Ces notions d signent toutes des ruptures et des discontinuit s dans les trajectoires individuelles Bien que largement employ es elles ne font pas l objet de d finitions consensuelles et sont parfois utilis es de fa on interchangeable Les notions de transition et de furning point sont surtout employ es dans la perspective du parcours de vie celle d v nement dans la psychologie d veloppementale du lifespan et dans la recherche sur le stress Le concept de transition est souvent voqu pour expliquer comment les individus progressent travers les p riodes principales de changement au long de leur vie Chiriboga 1995 Hagestad 1990
63. du parcours de vie dans 20 INTRODUCTION le quatri me nous tudions la distribution des changements selon leur cat gorisation dans le cinqui me nous analysons la dynamique entre les gains et les pertes au cours de la vie La conclusion est l occasion de revenir sur les questions principales ainsi que de discuter quelques enjeux et limites de l tude CHAPITRE 1 PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION Ce chapitre a t labor par Stefano Cavalli et Christian Lalive d pinay Il a servi fixer quelques rep res th oriques pour le travail des tudiants Le paradigme du parcours de vie se propose d tudier entre autres le d roulement des vies humaines dans leur extension temporelle et dans leur cadrage socio historique Elder 1998 Selon ce paradigme le parcours de vie individuel se compose d un ensemble de trajectoires ou carri res plus ou moins li es entre elles et renvoyant aux diff rents champs ou sph res dans lesquels se d roule l existence Lalive d pinay Bickel Cavalli et Spini 2005 ces trajectoires se pr sentent comme des s quences plus ou moins ordonn es de positions de transitions et d v nements Dans ce premier chapitre nous nous proposons travers un examen de la litt rature de d crire la mani re dont a t conceptualis le changement au sein du paradigme du parcours de vie et nous recenserons les travaux qui ont abord une probl matique proche
64. e d cliner jusqu l ge de la retraite Nous serons en revanche plus prudents quant l volution au cours des derni res tapes du parcours de vie Outre le fait que tr s peu d tudes portent sur des personnes g es leurs conclusions sont parfois divergentes selon McLeod 1996 les personnes g es reportent moins d v nements que les plus jeunes tandis que Chiriboga 1997 ne remarque pas de diff rence entre des individus se situant au milieu de la vie et d autres qui ont atteint la vieillesse Ces r sultats sont souvent expliqu s d une part par l introduction plusieurs nouveaux r les que connaissent les jeunes adultes et d autre part par la r duction des r les assum s par les personnes g es Aldwin et Levenson 2001 Folkman et al 1987 Mais la tendance la diminution du nombre de changements avec l ge n cessite d tre v rifi e par des recherches suppl mentaires tant donn que les diff rences observ es jusqu ici pourraient r sulter du contenu des listes utilis es qui tendent surrepr senter les v nements pertinents pour les jeunes Holmes et Rahe 1967 McLeod 1996 cf aussi Settersten 1999 p 142 144 En ce qui concerne l volution du type de changements au cours de la vie les r sultats peuvent tre influenc s par le contenu des check lists les themes qui y sont abord s tout comme par les caract ristiques des personnes interview es En r gle g n rale c
65. e dans cette classe d ge LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 63 ou la femme de 68 ans qui vient d obtenir un DEA Pour ce qui est du domaine professionnel entre 20 et 24 ans nous d nombrons beaucoup de changements d emploi ph nom ne qui touche un tiers des jeunes qui ont termin leurs tudes cette m me p riode un certain nombre d universitaires font leur entr e dans le march du travail d autres tout en poursuivant leurs tudes s engagent dans des petits boulots afin de gagner en ind pendance vis vis des parents Parmi les changements les plus mentionn s par les personnes g es de 35 39 ans et de 50 54 ans figurent les r orientations de carri re les modifications du taux d activit leur permettant par exemple de se d dier davantage la famille comme l illustre cette nouvelle grand m re qui cite la diminution du taux d activit professionnelle pour s occuper de deux petits fils F 1949 341 l accession une position hi rarchique plus importante ou l acquisition de nouvelles responsabilit s les reprises du travail apr s une p riode de ch mage ou une maladie Les promotions et reconnaissances professionnelles semblent toucher davantage les trentenaires tandis que licenciements et ch mage frappent un peu plus autour de la cinquantaine Tous les changements dans le domaine professionnel survenus au del de 65 ans sont des passages la retraite 11 Les discontinuit
66. e de la pens e sociologique Karl Mannheim nous a pr sent une approche syst matique de la question des g n rations qui nous sensibilise sur un paradoxe souvent n glig Selon Mannheim les membres de diff rentes g n rations coexistantes un moment historique donn et partageant un seul et m me monde quotidien seraient par l ind niablement des contemporains les uns pour les autres mais ceci sans tre r ellement contemporains sur le niveau du v cu Selon cette perspective les membres d une soci t donn e auraient selon l appartenance telle ou telle autre g n ration des horizons temporels diff rents constat relativement banal quoique peu analys scientifiquement mais partageraient avec les autres membres de leur g n ration une sorte de m lodie commune une ent l chie de g n ration comme dirait la tradition allemande de l histoire de l art laquelle Mannheim se r f re Nourrie par une exp rience historique commune le contexte socio historique pr sent au moment de la naissance et les grands marqueurs historiques le caract risant chaque g n ration serait dot e d un certain habitus collectif en tant qu ensemble de sch mes de perception et de jugement moraux esth tiques ou comportementaux sorte d attitude commune par rapport au temps qui court Une telle hypoth se th orique volontairement risqu e devient plus plausible quand on l applique des g n rations historiqu
67. e les actifs Les c libataires RR 0 54 p 085 et les divorc s RR 0 561 p 095 tendent signaler moins de gains que les mari s Le genre du r pondant en revanche ne semble jouer aucun r le dans l valuation des changements La distribution des 110 L EVALUATION DES CHANGEMENTS changements selon leur valence est quasi identique pour les deux sexes y 1 96 p 580 55 de gains et 20 de pertes chez les femmes en face de 56 et 22 pour les hommes 20 de jugements ambivalents parmi les premi res 17 aupr s des seconds et enfin dans les deux cas 5 des r ponses qui n ont pas t associ es ni l id e de gain ni celle de perte Seulement parmi les plus jeunes on remarque une diff rence y 10 10 p 018 les hommes indiquent un peu plus de gains respectivement 79 et 66 les femmes plus de changements ambivalents 19 contre 9 ces carts concernent surtout la vie familiale et amicale Les r sultats que nous venons de pr senter attestent l int r t de notre approche consistant demander chaque individu d valuer lui m me les changements importants v cus au cours de la derni re ann e Une d marche qui nous a permis d affiner l analyse de la dynamique des gains et des pertes en cinq points du parcours de vie Prenons le cas de la grande vieillesse La comparaison de nos r sultats avec ceux obtenus dans le cadre de SWILSOO met en vidence les limites d un classement effectu
68. emblent devoir se confronter des changements identitaires importants ambiguit ambivalence complexit et une incertitude nouvelle au sujet du monde caract risent l identit de ceux qui ont d faire face aux premi res pertes significatives et beaucoup L EVALUATION DES CHANGEMENTS 95 d autres doivent en anticiper La vie requiert d sormais plus de nuances McAdams 1993 chap 8 et am ne souvent l individu une r vision consid rable de son propre r cit de vie McAdams 2005 Last but not least nous n excluons pas l ventualit d tre face a un effet de cohorte Ce sont les personnes n es entre 1948 et 1953 qui recourent le plus fr quemment aux valuations les deux Les r ponses ambivalentes seraient elles une sp cificit de ces femmes et ces hommes qui n s dans l apr s guerre ont v cu Mai 1968 alors qu ils taient adolescents ou faisaient leur entr e dans la vie adulte La r p tition de l tude dans un contexte diff rent ou encore mieux dans quelques ann es permettrait d explorer cette piste 5 2 Des GAINS AU COURS DE LA VIEILLESSE DES PERTES L ENTR E DE LA VIE ADULTE Un de nos objectifs tait de tester l hypoth se selon laquelle la trajectoire de vie correspondrait un processus permanent et relativement quilibr d changes entre des gains et des pertes cependant un stade tr s avanc de la vie cet quilibre serait rompu et le bilan deviendrait toujours plus d fic
69. emmes loquaces des hommes lapidaires Le type de changement mentionn nous l avons vu ne diff re gu re selon le genre du r pondant Pourtant en parcourant les questionnaires nous avons eu l impression surtout chez les plus jeunes qu hommes et femmes ne r pondaient pas de la m me mani re En particulier nous avons remarqu que tout en citant grosso modo les m mes changements les femmes se sont dans l ensemble montr es plus expansives et ont fourni des r ponses tr s articul es tandis que les hommes se sont souvent content s de commentaires lapidaires pour exprimer une m me id e Nous avons donc d cid d examiner la longueur des r ponses et voir si elle varie selon le sexe de l interview 14 Nous avons compt le nombre de mots composant chaque description d un changement En consid rant le caract re purement exploratoire de la d marche nous nous sommes limit s aux jeunes adultes de 20 24 ans et aux changements survenus dans sept domaines parmi les plus cit s cet ge ducation spatial couple profession self famille et amiti s Cela repr sente un total de 214 r ponses L exercice s est av r fructueux et les chiffres confirment que les femmes utilisent en moyenne plus de mots que les hommes pour d crire leurs changements 11 1 versus 7 6 F 8 00 p 005 Il se pourrait que les r cits des femmes soient plus d taill s puisqu elles citent un peu plus fr quemment des change
70. en ve par Christian Lalive d pinay et Stefano Cavalli Dans le cadre de la recherche SWILSOO Swiss Interdisciplinary Longitudinal Study on the Oldest Old pour une pr sentation g n rale cf Guillet M tral et Spini 2003 Lalive d pinay Pin et Spini 2001 ils ont tudi la perception des changements par les membres d une cohorte d octog naires chaque passage de SWILSOO et ce d s la seconde visite l entretien est amorc par la question ouverte suivante Depuis date du dernier entretien y a t il eu des changements importants dans votre vie Lorsque des changements sont mentionn s l interview est invit les d crire bri vement et indiquer la date laquelle ils ont eu lieu Les analyses r alis es sur la base des donn es des cinq premi res vagues 1994 1999 ont mis en vidence qu chaque passage deux vieillards sur cinq signalent au moins un changement important dans leur vie qu peu d exceptions pr s les changements concernent la sant et les temps forts de la vie d c s naissances mariages et que dans la plupart des cas selon le jugement de l observateur le changement repr sente une perte Lalive d pinay et Cavalli 2004 ce stade deux limites sont apparues la possibilit d interpr ter les r sultats de SWILSOO La premi re concerne l valuation des changements et leur classification en termes de gains et de pertes Dans quelle mesure le crit re de l obs
71. enfants le bilan n est pas tout fait le m me trois d entre eux expriment un sentiment d ambivalence le dernier ne sait pas s il s agit d un gain ou d une perte Cette m re de famille d j cit e illustre merveille les deux sentiments contradictoires qu prouvent de nombreux parents dans cette situation Notre fille a n e a quitt la maison pour prendre son propre appartement C est un gain d ind pendance pour elle et cela me rend heureuse et une perte car elle nous manque F 1935 39 Les Tableaux 5 4 et 5 5 indiquent les cinq types de pertes respectivement de gains les plus fr quemment cit s dans chaque classe d ge La plupart des changements n gatifs qui affectent les retrait s ont trait leur sant ou dans une moindre mesure sont des d c s de proches une perte sur deux entre 65 et 69 ans trois sur quatre au del de 80 ans concernent ces deux domaines Les deuils sont les v nements ind sirables les plus cit s dans les trois premiers Tableau 5 4 Les pertes les plus cit es dans chaque classe d ge en colonne 20 24 ans 85 39 ans 50 54 ans 65 69 ans 80 84 ans Domaine Domaine Domaine Domaine Domaine D c s 24 D c s 20 D c s 83 Sant 41 Sant 52 Spatial 21 Profession 20 Profession 30 D c s 11 D c s 20 Education 14 Activit s 15 Sant 15 Famille 7 Spatial 10 Amiti s 10 Sant 10 Spatial 7 Profession 7 Activit s 4 Ec
72. ensuite indiquer si tout bien pes il a repr sent un gain et ou une perte pour vous Gain U Perte Cl Les deux Ol Ni l un ni l autre Ll Ne sait pas Gain U Perte Cl Les deux Ol Ni l un ni l autre Ll Ne sait pas Autres changements importants Gain U Perte Cl Les deux Ol Ni l un ni l autre Ll Ne sait pas ANNEXE Sexe f minin masculin Ann e de naissance 19 Nationalit Etat civil c libataire mari e divorc e s par e veuf veuve Avez vous des enfants Oui non Avec qui habitez vous seul e plusieurs r ponses possibles conjoint e partenaire p re et ou m re enfant autre membre famille ami e camarade Niveau d ducation cole obligatoire apprentissage secondaire sup rieur para universitaire Quelle est actuellement votre situation professionnelle activit principale tudiant e actif ive au foyer ch meur euse retrait e Comment valuez vous votre tat de sant actuel tr s bon bon satisfaisan
73. entent 6 du total tout comme les d c s et les activit s Ces derni res la plupart du temps omises des check lists d v nements englobent les pratiques sportives et les loisirs les vacances et les voyages souvent difficiles distinguer dans nos questionnaires et bien que rarement cit s les engagements dans la vie associative ou la participation politique et religieuse Signalons encore que parmi les changements recens s 5 concernent le d veloppement personnel 3 le domaine des finances et un autre 3 la vie amicale Notons aussi que une exception pr s dans la p riode concern e il n y a apparemment pas eu d v nements sociopolitiques ou de catastrophes naturelles fort impact sur le d roulement de la vie des r pondants l exception est repr sent e par une octog naire qui nous r v le avoir v cu un incendie dans la maison o je vivais avant mon entr e en EMS F 1919 592 Enfin dans la cat gorie divers figurent une cinquantaine de changements et v nements qui n ont pu tre class s dans aucun des 12 domaines retenus S y retrouvent par exemple l obtention du permis de conduire le fait de recevoir un chien ou d arr ter de fumer des infractions mineures de la loi des agressions et des vols le parrainage d un enfant en Colombie F 1968 627 des changements li s la relation son propre corps comme les r gimes la d cision 60 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS de
74. entes a amen les r pondants r agir de mani re distincte 4 6 HOMMES ET FEMMES MENTIONNENT PEU PR S LES M MES CHANGEMENTS Au terme de ce chapitre sur la cat gorisation des changements nous voudrions savoir si d autres caract ristiques des r pondants outre 80 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS leur appartenance une cat gorie d ge sp cifique ont un impact sur le type de changement signal Nous nous limiterons ici discuter les r sultats concernant les principaux domaines de vie affect s et nous approfondirons en particulier la question des diff rences entre hommes et femmes Nous avons retenu les cinq domaines mentionn s par au moins 10 des r pondants profession spatial sant famille et ducation Pour chacun d entre eux nous avons r alis des analyses de r gression logistique s par ment l objectif tant d valuer si le fait de signaler ou non un changement dans un domaine donn d pend des caract ristiques du r pondant Les r sultats sont pr sent s dans le Tableau 4 11 afin d all ger la pr sentation seules les valeurs statistiquement significatives sont report es En ce qui concerne le domaine professionnel sans surprise les tudiants ont nettement moins de probabilit s de citer un changement que les actifs une fois l effet des autres caract ristiques neutralis de leur c t les ch meurs ont un risque quatre fois plus lev que les r pondants ins r
75. ents il y a parfois r valuation d autres changements peuvent amener revoir le jugement Ce qui est consid r un jour comme une perte peut devenir un gain par la suite et vice versa Prenons la vie de couple une rupture de fra che date tend tre valu e n gativement mais lorsque quelques mois se sont coul s entre la s paration et l interview p riode peut tre marqu e par de nouvelles rencontres le regard port sur l v nement peut acqu rir un caract re plus ambivalent si ce n est positif Voyons pr sent comment les participants notre tude ont valu les diff rents types de changements Le Tableau 5 3 montre que les trajectoires scolaire et professionnelle les domaines de la famille et du couple ainsi que les activit s et les changements personnels sont surtout associ s l id e de gain c est galement le cas de la moiti des changements dans les domaines spatial et conomique les d c s et la sant quant eux suscitent davantage d valuations n gatives l int rieur de chaque domaine de vie les avis ne sont toutefois pas unanimes Siles reconnaissances professionnelles oules retours la vie active sont per us sauf exception comme des changements positifs la retraite n est pas que source de jubilation et trois licenciements sur quatre sont des pertes De m me les maladies et les accidents constituent sans conteste des v nements perturbateurs n gatifs tandis que le
76. enus adultes quittent le nid familial ce qui peut amener un nouvel agencement des dynamiques conjugales ou pour les personnes s par es ou pr matur ment veuves au d but d une phase de vie en solo les parents font leur entr e dans la grande vieillesse avec tout ce quien d coule en termes de fragilisation de leur tat de sant besoin d aides etc voire d c dent la cessation de l activit professionnelle se profile l horizon lorsqu elle n est pas pr cipit e par la conjoncture conomique et les nouveaux modes de fonctionnement du march du travail qui ont accru la vuln rabilit au ch mage des travailleurs g s et plus en g n ral ontrenduincertaines les trajectoires de fin de carri re Ces changements ont un impact direct sur l organisation de la vie quotidienne mais peuvent galement tre l occasion d un bilan de vie et d un retour sur soi m me La perte d tres chers tels les parents tout comme les premiers signes physiques du vieillissement peuvent renforcer chez le quinquag naire la prise de conscience de ses limites et de sa propre finitude Le fait que pour de nombreuses personnes cet ge co ncide avec une remise en question des priorit s de vie et une nouvelle compr hension de soi pourrait avoir favoris le recours des r ponses plus nuanc es au moment de l valuation des changements Notre corpus nous fournit quelques illustrations int ressantes Parmi les changements survenus aut
77. ervateur correspond il celui de la personne g e elle m me A titre d exemple le d c s d un proche est class par le juge externe dans la cat gorie des pertes Mais la personne qui vit ce deuil ne peut elle pas aussi exprimer un soulagement devant le fait que ce proche a cess de souffrir La seconde limite concerne l impossibilit par d finition de pouvoir comparer la perception des changements chez le vieillard celle effectu e par les membres d autres classes d ge cela d autant plus que la plupart des hypoth ses rencontr es dans la litt rature portent INTRODUCTION 19 sur l volution des changements au cours de la vie C est ainsi que Christian Lalive d pinay et Stefano Cavalli en sont venus concevoir une tude qui porterait sur cinq groupes d age 20 24 35 39 50 54 65 69 et 80 84 ans et o la question initiale serait compl t e par une valuation des changements faite par l interviewe lui m me Cette tude a t r alis e en collaboration avec des tudiants en sociologie de l Universit de Gen ve Lors du semestre d hiver 2003 2004 les tudiants inscrits au s minaire Parcours de vie ges et g n rations ont particip sous la direction de Stefano Cavalli la r colte des donn es la codification et la saisie informatique des questionnaires ainsi qu un premier travail d interpr tation des r sultats Par la suite au semestre d t 2004 une partie
78. es concr tes 8 PR FACE telles que la g n ration ayant v cue l poque de la Seconde Guerre mondiale lors de l ge dit jeunesse qui a d d velopper forc ment d autres horizons et structures temporelles d autres formes d attentes etc que la g n ration jeune des fameuses Trente Glorieuses ou encore celle de la crise du p trole des ann es 1970 Mais les interd pendances entre les ges de la vie et le rapport au temps sont encore plus complexes que cela Tout donne penser que selon les positions occup es dans le parcours de vie un seul et m me individu peut d velopper des rapports aux temps et des modes de perception et d valuation du changement ou de l inertie du monde social bien diff rents Guy de Maupassant nous en donne une belle illustration lorsqu il nous propose cette parabole dans une des ces nouvelles l on peut tre assis sur une seule et m me charrette parcourant les chemins de la vie mais selon la position prise en tant assis sur le banc de devant face ce qui arrive ou au contraire l arri re en tournant le dos l avenir et en voyant le chemin filer sous les roues de la charrette le rapport au temps qui court et qui change n est pas du tout le m me Il semble que les personnes g es sont souvent dans la deuxi me position tandis que leurs successeurs font face un chemin encore parcourir tant donn qu ils ont encore de l venir devant eux La sociolog
79. es d individus se situant en des positions diff rentes de leur biographie et d autre part nous analysons la relation entre les principales caract ristiques sociod mographiques des r pondants et l occurrence des changements au cours de la derni re ann e Notre tude se distingue de la plupart de celles r alis es jusqu ce jour dans le sens qu elle n utilise pas une liste pr d finie d v nements Listes qui ont le double effet de circonscrire le choix aux domaines retenus par le chercheur tout comme de sugg rer des r ponses auxquelles l interview n aurait peut tre pas pens spontan ment Le recours la question ouverte a cependant pos un certain nombre de probl mes En particulier il s est parfois av r difficile de d terminer le nombre de changements mentionn s dans une m me r ponse Tout d abord certains individus ont voqu dans une seule r ponse plusieurs changements que nous avons in fine d cid de consid rer s par ment Ainsi pour l homme qui nous a indiqu comme premier changement important dans sa vie des graves probl mes de sant personnels et de l pouse H 1935 345 5 nous avons retenu la fois probl mes de sant de l interviewe et probl mes de sant 46 LA FR QUENCE DES CHANGEMENTS PER US d autrui Autre exemple une jeune femme signale dans la m me r ponse Changement de philosophie de vie et entr e l universit F 1983 400 que
80. es moments diff rents du parcours de vie appel s mettre un jugement subjectif n accordent pas le m me degr d importance un changement donn Par exemple des jeunes adultes peuvent percevoir certains v nements comme particuli rement pr gnants dans la mesure o ils constituent une premi re dans leur vie le premier appartement le premier emploi le premier long voyage etc Deux limites de notre tude doivent galement nous inviter une certaine prudence dans les commentaires En premier lieu le fait que notre chantillonn estpasstatistiquementrepr sentatif delapopulation tudi e Deuxi mement en raison de l existence de diff rences entre les groupes d age dans la passation des questionnaires notamment le fait que les 20 24 et 80 84 ans ont moins souvent t abord s dans la rue cf Encadr 2 il se pourrait que le nombre de changements soit l g rement surestim parmi les plus jeunes et les plus g s 3 2 FR QUENCE DES CHANGEMENTS ET CARACT RISTIQUES DES R PONDANTS L objectif de cette section est de voir si les principales caract ristiques des interview s sont associ es la fr quence des changements Une analyse de r gression logistique a permis d tablir dans quelle mesure chacun des traits des r pondants entretient une relation avec le fait d avoir cit ou non au moins un changement important et ceci toutes choses gales par ailleurs c est dire une fois que l effet de
81. es voyages et compense la diminution de contacts avec l ext rieur par du bricolage et de la lecture F 1921 519 Il est assez surprenant que une exception pres les jeunes retrait s ne fassent pas mention de voyages croisi res et les paradisiaques font pourtant partie de la symbolique qui accompagne le nouveau retrait ou du d but d une activit eux qui enfin lib r s de l obligation de travailler sont amen s r inventer leur vie et peuvent d sormais acc der tous ces loisirs longtemps sacrifi s Les changements que nous avons regroup s dans la cat gorie self renvoyent soit la conscience du temps qui s coule Pass le cap de 80 ans F 1923 139 soit une maturation de la personnalit M rissement autre perception de la vie et de moi m me F 1982 267 Ce sont surtout les plus jeunes et les quinquag naires qui dans leurs r ponses font r f rence au d veloppement personnel Les premiers voquent une meilleure compr hension de soi une certaine responsabilisation ou une prise de confiance en leurs propres moyens Pour les seconds atteindre la cinquantaine peut tre l occasion de faire le point sur sa vie une maladie tel un cancer peut amener une nouvelle vision des choses de la vie H 1953 477 cet ge est aussi celui de la confrontation avec l mancipation des enfants Nos enfants grandissent et se responsabilisent de plus en plus c est
82. eu de vie relations sociales participation sociale sant self finances rapports aux lois et autres changements De cette facon ils ont obtenu une grille bidimensionnelle dans laquelle ils ont ins r 335 v nements r pertori s dans la litt rature Sur la base de ces travaux dans un premier moment nous avons class les changements mentionn s par les interview s en termes de domaines de vie affect s cf Section 4 2 ce travail a t r alis en bonne partie avec les tudiants dans le cadre du s minaire Parcours de vie ges et g n rations Puis lors d ateliers de recherche nous avons r parti les changements selon leur source 4 3 Nous nous sommes galement int ress s aux acteurs concern s par les changements 4 4 et avons r fl chi l existence d un lien avec un v nement bien distinct et identifiable 4 5 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 57 4 2 LES DOMAINES DE VIE AFFECT S Nous avons retenu 12 domaines de vie dans lesquels les changements peuvent avoir lieu famille couple vie amicale d c s sant self activit s conomie et ce que nous avons nomm environnement d veloppement personnel ducation profession spatial cf Tableau 4 1 Certains classements nous ont pos probl me et finalement notre taxinomie pr sente quelques diff rences par rapport la celle propos e par Reese et Smyer 1983 p 9 Tableau 4 1 Distribution des changements selon le doma
83. graphies contemporaines pp 187 210 Li ge Les Editions de l Universit de Li ge R F RENCES 125 Lalive d pinay C Bickel J F Maystre C Vollenwyder N 2000 Vieillesses au fil du temps 1979 1994 Une r volution tranquille Lausanne R alit s sociales Lalive d Epinay C Cavalli S 2004 Perceived changes in the course of advanced old age and their impact on health well being and activities manuscrit Lalive d pinay C Pin S Spini D 2001 Pr sentation de SWILSO O une tude longitudinale suisse sur le grand ge l exemple de la dynamique de la sant fonctionnelle L Ann e G rontologique 15 78 96 Levelt W J 1989 Speaking From intention to articulation Cambridge MIT Press Levinson D J 1978 The seasons of a maps life New York Knopf Lin N Woelfel M W Light S C 1985 The buffering effect of social support subsequent to an important life event Journal of Health and Social Behavior 26 3 247 263 Longino C F Bradley D E 2006 Internal and international migration in Binstock R H Ceorge L K ds Handbook of aging and the social sciences 6th edition pp 76 93 San Diego Academic Press L scher K 2003 Conceptualizing and uncovering intergenerational ambivalence in Pillemer K L scher K ds Intergenerational ambivalences Perspectives on parent child relations in later life pp 23 62 Oxford Elsevier
84. hapitre 4 5 d autre part c est pr cis ment la d marche que nous avons choisi qui a induit comme nous venons de le voir le fait que tous les d c s n ont pas t per us que comme des pertes la moiti des entr es en EMS ont t v cues comme des gains un certain nombre d accidents de sant d dramatis s CONCLUSION Ce troisi me num ro de Questions d age propose une comparaison des changements dans la vie tels qu ils sont per us par des individus se situant des positions diff rentes du parcours de vie Dans un premier moment nous avons tudi la fr quence et la nature des changements importants divers ges de la vie Contrairement ce qui se fait d habitude dans ce champ de recherche nous n avons pas distribu aux interview s une liste d v nements confectionn e l avance mais nous avons pr f r recourir une question ouverte laissant le soin chaque individu de choisir librement les changements qu il trouve marquants Parlasuite nous avons examin la dynamique entre les gains et les pertes au cours de la vie en essayant par la m me occasion de v rifier la th orie de Baltes et ses coll gues e g Baltes 1987 Baltes et al 1998 Ces auteurs d crivent le d veloppement humain comme un processus permanent et relativement quilibr d changes entre des croissances et des d clins cependant un stade tr s avanc de la vie cet quilibre est rompu et le bilan devient tou
85. haque ge les domaines de changements rendent compte des diff rences normatives selon l ge ainsi que de la s quence de r les et statuts occup s tout au long de la vie L ducation et ce malgr l essor de la formation continue 26 PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION demeure concentr e dans la premi re partie du parcours de vie la sant elle devient un enjeu primordial surtout au cours de la vieillesse Les jeunes citent galement plus de d m nagements McLanahan et Sorensen 1985 davantage de changements li s au travail Folkman et al 1987 McLanahan et Sorensen 1985 ou ayant trait aux relations amicales Folkman et al 1987 Par contre les changements dans la composition du m nage sont un peu plus fr quents au milieu de la vie McLanahan et Sorensen 1985 De leur c t les personnes g es mentionnent plus d v nements li s la sant mais aussi l entretien de la maison et logiquement plus de d c s du conjoint Aldwin et Levenson 2001 McLeod 1996 Dans l ensemble les changements signal s par les jeunes semblent tre associ s aux r les qu ils remplissent ceux des vieux l ge et ses corollaires Folkman et al 1987 Pour ce qui est des diff rences selon le genre les femmes indiquent plus de changements dans les domaines de la famille et de la sant souvent la sant d autrui les hommes dans ceux du travail et des finances Fiske et Chiriboga 1990
86. hospitalisations sont assez fr quentes dans la grande vieillesse cependant ce sont surtout les d clins graduels de la sant qui caract risent cette p riode de la vie Baisse de forme H 1919 59 N arrive plus aussi bien bouger F 1920 121 Perte d autonomie due une baisse de la vue H 1921 337 Les affections de la sant peuvent galement se rapporter au conjoint Nous en imaginons ais ment l impact sur la vie quotidienne du couple et sur le moral du compagnon de vie comme l illustre ce t moignage Mon mari devient plus fragile cela me fait du souci il n est plus aussi solide qu avant F 1921 458 Peu de changements renvoient aux formes de participation sociale et civique Les activit s sont surtout mentionn es au moment de l entr e dans la vie adulte et dans la grande vieillesse Les 20 24 ans citent des voyages parfois des p r grinations s tendant sur plusieurs mois leur permettant de d couvrir de nouveaux horizons et de nouvelles cultures ou alors le commencement d une pratique 66 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS sportive ou d autres loisirs Les vieillards quant eux signalent plut t des r ductions de leurs activit s cons quence d une sant d clinante cause de ma maladie j ai d ralentir mes activit s F 1922 243 nous dit une octog naire une autre r pondante suite deux embolies pulmonaires et au diab te n a plus de possibilit de faire d
87. ie proprement dite a traditionnellement n glig ces dimensions appartenance g n rationnelle et position dans le parcours de vie pourtant si essentielles de la vie sociale Il faut donc f liciter Stefano Cavalli et Christian Lalive d Epinay d avoir pris l initiative heureuse de lancer une recherche visant mieux cerner la variabilit du rapport au changement le long des trajectoires de vie Stefano Cavalli a en plus le m rite d avoir associ cette entreprise scientifique et intellectuelle tout un groupe de jeunes tudiants chercheurs qui ont pu profiter d un tel terrain de recherche riche en enseignements th oriques en ch ances m thodologiques et en connaissances empiriques nouvelles pour faire leur initiation au m tier du sociologue PR FACE 9 En tant que directeur du D partement de sociologie de l Universit de Gen ve je ne peux que me f liciter de l initiative prise par un de ses membres Stefano Cavalli d avoir mobilis un groupe d tudiants pour r aliser une recherche innovatrice qui aboutit aujourd hui dans la pr sente publication Merci lui aux tudiants impliqu s et Christian Lalive d Epinay dont l h ritage intellectuel s av re tre en de bonnes mains Gen ve mars 2005 AVANT PROPOS Depuis quelques ann es Christian Lalive d pinay et moi m me nous int ressions la perception des changements dans la grande vieillesse Nous ressentions cependant une certaine insatisf
88. ient parfois sous silence les changements douloureux et n gatifs d c s de proches checs scolaires etc tout comme les changements d ordre psychologique souvent difficiles d finir et situer pr cis ment dans le temps La passation du questionnaire Tout participant au s minaire Parcours de vie ges et g n rations devait faire remplir 15 questionnaires au moins en choisissant trois personnes dans chacune des classes d ge Ce choix a t dict 38 PR SENTATION DE L TUDE par l importance d obtenir cinq groupes d ge de m me taille ainsi que par la volont de limiter au maximum l impact d ventuels biais d enqu teur Apr s coup cette d cision s est aussi av r e judicieuse dans la mesure o il aurait t ardu pour les enqu teurs et les enqu trices de rep rer plus de trois personnes acceptant de participer notre tude dans certaines classes d ges notamment parmi les retrait s Les tudiants taient invit s dans la mesure du possible trouver des personnes avec des caract ristiques sociod mographiques diff rentes ceci afin d assurer une certaine h t rog n it l int rieur des groupes d ge Pr cisons toutefois que nous ne visions pas obtenir un chantillon repr sentatif de la population genevoise Pour des raisons p dagogiques les responsables de l tude ont d lib r ment choisi de ne pas imposer aux enqu teurs de consignes trop contraigna
89. ine de vie affect Domaine Exemples de changements n Profession Premier emploi promotion reconnaissance 117 15 reprise ou changement de travail licenciement retraite Spatial Migration d m nagement quitter domicile 115 15 parents d but cohabitation entr e en EMS Sant Maladie accident op ration hospitalisation 89 12 d pression d clin graduel am lioration Famille Grossesse naissance mariage divorce 83 11 relations Education Commencement d une cole r ussite chec 81 11 fin des tudes r orientation formation continue Couple Tomber amoureux entrer en couple rupture 49 6 sentimentale Activit s Sport loisirs voyage participation sociale 49 6 D c s D c s de proche 44 6 Self Maturation vieillissement preuve prise de 38 5 confiance Economie Changement dans la situation conomique 21 3 achat d un bien Amiti s Changement dans la vie relationnelle 22 3 Environnement Changement historique ou politique 1 1 catastrophe naturelle Divers 52 6 Total 767 100 Note Dans 3 cas il affect n a pas t possible de classer les changements selon le domaine de vie 58 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS Sur les 767 changements qui ont pu tre distribu s 15 concernent la trajectoire professionnelle dont plus d un tiers sont des r orientations de carri re ou des modifications du taux de travail Le deuxi me ensemble de changements le plus cit renvoie au
90. interview pr cise dans sa r ponse que le changement a repr sent la fois un gain pour autrui et une perte pour lui m me C est le cas de cette m re de famille qui cite le d m nagement de sa fille a n e et ajoute C est un gain d ind pendance pour elle et cela me rend heureuse et une perte car elle nous manque F 1953 39 Ce genre de r flexion accompagne aussi fr quemment la description de la mort d un parent g D c s de mon p re de 90 ans domicile sans avoir souffert trop longtemps b n fice pour lui un peu rapide pour moi H 1950 22 15 Des analyses plus fines nous invitent cependant ne pas tirer des conclusions trop h tives Globalement les valuations les deux sont plus fr quentes quand le changement concerne des amis ou connaissances 36 les parents 40 ou les grands parents 50 quelorsqu ilse rapporte al interview lui m me 18 16 Cependant ce ne sont pas les personnes de 50 54 ans qui mentionnent le plus de changements survenus des membres du r seau amical ou des ascendants De m me des analyses de r gression pas reproduites ici indiquent qu aucune caract ristique du r pondant part son ge n est associ e une plus forte inclinaison recourir la cat gorie les deux pour valuer les changements per us comme importants Quel que soit le profil de l interview les 50 54 ans penchent plus pour une appr ciation pond r e des ch
91. ires souvent c est un cumul d accidents et autres probl mes de sant que les vieux doivent faire face comme l illustre le cas de cette octog naire qui mentionne des pertes d quilibre fr quentes ainsi qu une chute qui lui a valu une fracture du f mur qui son tour a n cessit un long s jour 1 h pital F 1920 518 Deuxi mement ces r sultats ne refl tent pas forc ment les situations objectivement v cues diff rents moments de la vie les crit res subjectifs de ce que constitue un gain ou une perte pouvant tre revus au cours de l avance en ge Par exemple la forte probabilit de conna tre des v nements n gatifs dans le grand ge peut leur attribuer un caract re de normalit Diener et Suh 1997 Ainsi nous ne pouvons pas exclure que des vieillards aient pass sous silence des perturbations de sant parce qu elles sont communes parmi leurs contemporains et correspondent l image qu ils se font de la vieillesse De m me des changements quivalents peuvent faire l objet d valuations diff rentes en fonction de l ge du r pondant 5 3 QUAND LE D C S D UN PROCHE N EST PAS QU UNE PERTE Dans la recherche plusieurs strat gies ont t adopt es afin de s parer les changements d sirables des ind sirables Le plus souvent une valence fixe est assign e une cat gorie de changements donn s que ce soit en fonction de leurs propri t s per se ou en r f ren
92. it Suisses Autres 0 353 Etat civil Mari e s C libataires 0 321 Divorc e s s par e s 0 167 Veufs veuves Niv d duc Ecole oblig Apprentissage 4 318 Secondaire sup rieur Para universitaire 6 044 6 059 3 800 5 290 Sit prof Actifs ives Etudiant e s 0 062 Au foyer Sans emploi 4 018 Retrait e s 0 062 Sant Tr s bonne Satisfaisante 2 045 1 989 2 176 Plut t mauvaise 5 257 2 R de Nagelkerke 0 30 0 17 0 27 0 16 0 43 Note les analyses de r gression ont t r alis es s par ment pour chaque domaine ont t contr l es les variables suivantes classe d ge sexe nationalit tat civil niveau d ducation situation professionnelle sant auto valu e ainsi que le fait d avoir un enfant et d habiter seul ces deux derni res variables n ont un effet significatif sur aucun des domaines Seuils de significativit p lt 05 p lt 01 p lt 001 Exemple de lecture les universitaires ont six fois plus de risques de signaler au moins un changement professionnel RR 6 044 que ceux qui n ont fr quent que l cole obligatoire et ceci apr s avoir neutralis l effet des autres variables ind pendantes plus faible d indiquer un changement dans le domaine de l ducation Pr cisons n anmoins que si les
93. itaire cf Baltes 1987 1997 Heckhausen et al 1989 Cette th orie a t tay e par plusieurs r sultats empiriques mais notre connaissance il existe une seule tude qui comme la n tre porte sur l appr ciation subjective des gains et des pertes au cours de la vie adulte Il nous a donc paru utile de pr senter ce travail de mani re circonstanci e et de comparer nos r sultats respectifs L tude en question a t r alis e par Heckhausen Dixon et Baltes et a fait l objet d un article Gains and losses in development throughout adulthood as perceived by different adult age groups paru en 1989 dans la revue Developmental Psychology Les auteurs ont recrut travers des annonces parues dans la presse de Berlin Ouest 142 volontaires r partis en trois groupes des jeunes adultes 96 L EVALUATION DES CHANGEMENTS 20 36 ans n 40 des adultes d ge moyen 40 55 ans n 35 ainsi que des personnes g es 60 85 ans n 37 A chaque participant a t soumise une liste de 358 adjectifs couvrant un large ventail de caract ristiques sociales intellectuelles ou de la personnalit Parmi les termes retenus par les chercheurs figuraient des attributs tels que amical anxieux conservateur d termin distrait impulsif intelligent m r obstin sage et ainsi de suite Au cours d une premi re session les r pondants devaient indiquer pour chaque adjectif s par ment s il devient plus f
94. jours plus d ficitaire La r colte des donn es pr sent es ici a eu lieu en novembre 2003 dans le Canton de Gen ve Un court questionnaire standardis a t soumis plus de 600 personnes appartenant cinq groupes d ge 20 24 35 39 50 54 65 69 et 80 84 ans chacun repr sentant une position bien d finie dans le parcours de vie L chantillon non al atoire a t stratifi selon le sexe Concr tement il tait demand aux interview s de d crire les principaux changements survenus dans leur propre vie au cours de l ann e pr c dente ainsi que de leur 114 CONCLUSION assigner une valeur en choisissant parmi quatre r ponses alternatives gain perte les deux et ni l un ni l autre L tude confirme que l entr e dans la vie adulte constitue la p riode la plus mouvement e de l existence un ge qui marque une transition majeure dans diff rents domaines de la vie particuli rement riches en v nements Environ quatre r pondants sur cinq g s de 20 24 ans disent avoir connu au moins un changement important au cours de la derni re ann e alors qu aux autres ges le taux de personnes citant des changements oscille entre un peu moins de la moiti pour les 65 69 ans et les deux tiers pour les 35 39 ans Tout au long de la vie les changements per us comme les plus significatifs concernent essentiellement l univers personnel Le cadre de travail l environnement spatial
95. l interviewe les diff rents membres de sa famille ainsi que ses amis et connaissances Des mentions comme J ai chang de travail F 1953 39 ou J ai arr t de fumer F 1968 70 renvoient clairement des changements v cus par la personne qui a remplile questionnaire Une r ponse telle que Mon dernier fils est parti aux Etats Unis pour tudier F 1940 76 se r f re sans quivoque un v nement qui touche en premier lieu l enfant de la personne interview e De m me Le d m nagement de ma meilleure amie c est une amiti plut t fusionnelle la s paration a t assez difficile F 1983 124 est un des v nements int ressant avant tout des amis ou connaissances Nous avons consid r s les naissances et les d c s comme des changements concernant autrui et cela m me lorsque la personne mettait l accent LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 71 sur la mutation de son propre statut par exemple Je suis devenu p re H 1966 103 Soulignons enfin que lorsque plusieurs acteurs agissaient simultan ment nous avons privil gi notre interlocuteur Ainsi des changements tels que les mariages ont t attribu s l interviewe La quasi totalit des changements cit s concernent soit la personne interview e elle m me soit sa famille proche cf Tableau 4 6 Dans quatre cas sur cinq les changements se rapportent au r pondant Les amis n apparaissent que dans une dizaine de situations
96. laire g ographique de sant etc varie au fil du parcours de vie C est bien ce que montrent et illustrent nos donn es D autre part le d veloppement humain doit CONCLUSION 117 tre envisag comme un processus multidirectionnel qui se poursuit tout au long de la vie cf Baltes et al 1998 Settersten 2003 Il n y a pas une p riode de croissance qui irait jusqu l ge adulte suivie d une p riode d inexorable d clin certaines capacit s diminuent avec l ge alors que d autres se maintiennent voire s accroissent Ceci a aussi t attest et approfondi dans le cadre de notre tude Lune des sp cificit s et des richesses de la recherche pr sent e dans cet ouvrage est d avoir privil gi la dimension subjective Nous n avons pas proc d un rep rage factuel et exhaustif de tous les changements et v nements r ellement survenus dans la vie de nos interview s au cours de l ann e pr c dente mais nous nous sommes int ress s leur perception subjective de ce qu a repr sent un changement important dans leur existence Nous avons vu que plusieurs facteurs influent sur la perception de l individu Par exemple il est vraisemblable que les r pondants aient transcrit dans le questionnaire les changements qu ils percevaient comme critiques au moment de l entretien plut t qu en r f rence l impression qu ils avaient pu en avoir au moment de leur occurrence entre les deux moments les sen
97. lations et d couverte de moi m me F 1983 400 Un voyage v cu deux en plus d apporter une meilleure compr hension de la r gion et des peuples visit s peut avoir un effet positif sur la relation de couple F 1982 297 Des changements personnels peuvent aussi se produire la suite d un succ s scolaire du d part l tranger d un enfant ou en r action des v nements n gatifs voire dramatiques Ainsi un homme avoue s tre profond ment remis en question et avoir arr t de boire avant de prendre le volant apr s la perte d un membre de sa famille vraisemblablement dans un accident de la circulation H 1951 144 De m me une femme admet qu avec du recul elle a pu tirer du positif d une agression subie cela fait voluer F 1967 352 Ou encore sur le plan sentimental Suite une mauvaise exp rience je me suis rendue compte de ce que je voulais vraiment et a m a aid a mieux me conna tre F 1980 574 Dans une dizaine de cas les cons quences concernent la vie relationnelle familiale ou amicale Souvent ce sont des d m nagements ou des s jours loin de chez soi qui conduisent une modification des relations comme pour ce jeune homme qui de retour Gen ve pour terminer ses tudes apr s 15 mois l tranger regrette la s paration des gens aim s tout en se r jouissant des retrouvailles avec la famille et les amis genevois H 1970 641 Toujours sur le plan
98. lesse La s nescence rend l tre humain fragile ce qui requiert une r organisation de la vie quotidienne le risque de maladies et de handicaps augmente bien que la grande vieillesse ne soit pas synonyme d ge de la d pendance La jeunesse des membres de cette cohorte s est coul e dans le cadre de la soci t industrielle travers e par des p riodes de pr carit et de guerre Une fois install e dans l ge adulte cette cohorte a t associ e au grand bouleversement des Trente Glorieuses et a b n fici du d veloppement des politiques sociales Le questionnaire Le questionnaire utilis est tr s court et n occupe qu une feuille recto verso cf Annexe Sur la premi re page figure la question ouverte sur les changements importants dans la vie cf Figure 2 1 quireprend celle utilis e dans le cadre de SWILSOO La seconde partie du questionnaire permet de r colter quelques informations sur les caract ristiques sociod mographiques des r pondants La question sur les changements est subjective et valuative puisque c est l interview de d cider ce qu il juge tre un changement important dans sa vie cf Encadr 1 Elle ne porte pas forc ment sur les v nements et changements soci taux marquants qui auraient 36 PR SENTATION DE L TUDE Figure 2 1 La question sur les changements importants dans la vie Dans le courant de l ann e qui s ach ve donc du I janvier 2003 aujourd hui
99. lt intellectual development American Psychologist 49 304 313 Schaie K W 1996 Adult intellectual development The Seattle Longitudinal Study New York Cambridge University Press Schaie K W Willis S L 1999 Theories of everyday competence and aging in Bengtson V L Schaie K W Eds Handbook of theories of aging pp 174 195 New York Springer Settersten R A 1999 Lives in time and place The problems and promises of developmental science Amityville NY Baywood Settersten R A 2003 Propositions and controversies in life course scholarship in Settersten R A Ed Invitation to the life course Toward new understandings of later life pp 15 45 Amityville NY Baywood Settersten R A Mayer K U 1997 The measurement of age age structuring and the life course Annual Review of Sociology 23 233 261 Shanahan M 2000 Pathways to adulthood in changing societies Variability and mechanisms in life course perspective Annual Review of Sociology 26 667 692 Smith J 2003 The gain loss dynamic in lifespan development implications for change in self and personality during old and very old age in Staudinger U M Lindenberger U Eds Understanding human development Dialogues with lifespan psychology pp 215 241 Boston Kluwer Staudinger U M Pasupathi M 2000 Life span perspectives on self personality and social cognition in Craik F I
100. ments dans des domaines appelant des r flexions plus d velopp es En effet l tendue des r ponses semble d pendre du type de changement per u Si moyennement les ruptures familiales ont t d crites en moins de six mots par exemple J ai divorc F 1979 582 S paration d avec ma femme H 1981 383 il en a fallu 14 pour d crire les transformations de la vie amicale 14 Les analyses pr sent es ici ont t r alis es par Maria Popova et Stefano Cavalli LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 85 Je ne vois plus mon ancienne meilleure amie on a pris des chemins diff rents F 1979 63 et m me plus de 18 pour les changements touchant au self L aboutissement de certains processus mentaux qui m a permis de g rer des aspects de ma vie de mani re plus saine F 1982 576 Des diff rences significatives selon le genre s observent dans la vie de couple dans la trajectoire professionnelle ainsi que dans le domaine spatial dans les trois cas ce sont les femmes qui se montrent plus loquaces Lorsqu il s agit de parler de l volution de son propre couple les r ponses des femmes sont trois fois plus longues que celles des hommes 9 3 versus 3 1 F 6 78 p 014 Ainsi sice jeune tudiant se limite mentionner une rupture sentimentale H 1979 579 ses camarades de sexe f minin recourent plut t des phrases telles que J ai quitt mon ami avec qui j
101. n appara t pas comme l expression m canique sur le plan subjectif de son caract re objectif Les crit res pour d finir ce que constitue un gain respectivement une perte d pendent aussi de la situation et de l histoire de celui qui met le jugement par exemple les personnes d prim es interpr tent leurs exp riences de mani re plus n gative McLeod 1996 du moment dans le parcours de vie auquel survient le changement en g n ral les changements on time c est dire en accord avec les calendriers normatifs culturellement partag s dans une soci t donn e sont mieux per us et accept s que les changements off time Hareven et Masaoka 1988 Neugarten Moore et Lowe 1965 de la s quence de changements et v nements dans laquelle il s inscrit McAdams 2005 Tversky et Kahneman 1981 ou encore du contexte de l entretien et des instructions du chercheur Comme le dit bien Smith 2003 p 224 tous les gains ne sont pas valu s positivement et toutes les pertes n gativement Nous sommes galement conscients du fait que dans nos r ponses se confondent la mesure du changement et la r action motionnelle qu il a suscit Zimmerman 1983 De L EVALUATION DES CHANGEMENTS 103 m me les interview s reportent les changements qu ils percoivent comme critiques au moment de l entretien plut t qu en r f rence la perception qu ils en avaient au moment de leur occurrence Mais entre ces deux mom
102. naturel ou climatique ni v nement sociopolitique n a t signal Ily a bien eu des bouleversements travers le monde pensons seulement la guerre en Iraq mais leur impact sur l existence des personnes interrog es n est pas assez fort pour que celles ci les per oivent comme des changements importants dans leur vie Comme l indique le Tableau 4 5 les changements socioculturels sont les plus nombreux tous les ges de la vie sauf dans la grande vieillesse o ils sont devanc s par ceux de source biologique Le pourcentage de changements socioculturels diminue d un groupe d ge l autre tandis que ceux d origine biologique connaissent un mouvement oppos ils ne repr sentent que 5 des r ponses au moment de l entr e dans la vie adulte mais ils sont assez fr quents entre 35 et 39 ans p riode laquelle nous d nombrons beaucoup de naissances et sont tr s courants au del de la retraite lorsque les probl mes de sant et les d c s de proches se font plus pr sents La proportion de changements personnels est plus ou moins semblable dans les trois premiers groupes d ge entre 25 et 31 par contre les changements d origine personnelle sont assez rares aupr s des personnes g es Tableau 4 5 Sources de changement par classe d ge Source 20 24 ans 35 39 ans 50 54ans 65 69 ans 80 84 ans Biologique 5 22 17 39 48 Socioculturelle 69 53 52 49 44 Personnelle 26 25 31 12 7 Phy
103. ndants devaient indiquer s il devient plus appropri ou non au cours du d veloppement ils taient invit s valuer la d sirabilit de cette volution enfin on leur demandait de d limiter l intervalle entre 20 et 90 ans auquel peut tre associ e chaque caract ristique Les auteurs ont ensuite s par les adjectifs en deux groupes selon leur d sirabilit les gains tant consid r s comme des changements d sirables les pertes comme ind sirables Les r sultats montrent que jusqu 80 ans environ les gains l emportent largement sur les pertes au del la balance penche vers les pertes qui atteignent 80 90 ans L tude d Heckhausen et al 1989 est syst matiquement cit e titre de confirmation de la th orie de l volution des gains et des pertes au cours de la vie c est pourquoi dans le Chapitre 5 nous y reviendrons de mani re plus d taill e PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION 29 Dans le cadre de SWILSOO est test e la perception qu ont des octog naires des changements et v nements intervenus dans leur vie au cours de la derni re ann e Tous les changements mentionn s ont t class s par les chercheurs en gain perte ou ni l un ni l autre et ceci sur la base d un bref commentaire fait par le vieillard et d un examen de la litt rature propos de la valence du changement Environ 80 des changements signal s entre 1994 et 1999 sont class s
104. nent le self seul un sur dix la sant Parmi les retrait s par contre la sant pr domine 70 pour les 65 69 ans et m me 80 pour les plus g s Des 15 changements graduels signal s par les 80 84 ans 12 touchent la sant les trois autres respectivement les relations familiales le domaine spatial ainsi que les activit s de loisirs D slors les diff rences observ es entre nos r sultats et ceux de SWILSOO r sident plus dans le nombre de changements graduels mentionn s nettement moindre dans notre tude que dans leur type Nous sommes enclins penser que cela est d la mani re dont ont t r colt es les donn es Le caract re longitudinal de la recherche SWILSOO favorise l empathie entre enqu teur et enqu t recevoir des intervalles r guliers la visite d une m me personne permet l tablissement d un lien de confiance De m me le fait que l entretien d bute avec la question sur les changements dans la vie pousse tout naturellement un certain nombre de vieillards entamer la discussion de la fa on suivante et bien vous savez depuis le dernier entretien je vais moins bien je me sens plus faible ma sant a baiss j ai le sentiment d tre plus fragile La r action risque bien d tre toute autre face un tudiant universitaire souvent inconnu et rencontr une seule occasion En un mot nous constatons qu une m me question pos e dans le cadre de deux recherches diff r
105. ngement trois quarts des 20 24 ans en citent au moins deux et 40 trois ou plus tandis que deux tiers des jeunes retrait s n en indiquent qu un seul Ces r sultats semblent confirmer que l entr e dans la vie adulte constitue la p riode du parcours de vie la plus riche en v nements Les interview s g s de 20 24 ans se situent dans une phase de leur existence pav e en chamboulements marqu e par l acquisition de maints r les et statuts au c ur du passage d une tape une autre du parcours de vie Soulignons aussi que si les jeunes retrait s sont ceux qui signalent le moins de changements importants la vie des vieillards ne suit pas le cours d un long fleuve tranquille les changements tant aussi nombreux dans le grand ge qu au milieu de la vie Cela dit il convient de pr ciser que les carts observ s entre les groupes d ge 6 noter que si nous avions pris l option de ne consid rer qu un seul changement pour chaque r ponse les r sultats auraient t pratiquement les m mes Le nombre moyen de changements parmi ceux qui en ont signal au moins un aurait t de 2 18 pour les 20 24 ans 1 90 pour les 35 39 ans 1 94 pour les 50 54 ans 1 48 pour les 65 69 ans et 1 83 pour les 80 84 ans 48 LA FR QUENCE DES CHANGEMENTS PER US ne refl tent pas forc ment des diff rences objectives dans le nombre de changements et d v nements v cus En effet il se pourrait que des individus situ s en d
106. ngements objectifs qui perturbent ou menacent de perturber les activit s habituelles des individus Dohrenwend et Dohrenwend 1969 p 133 ou comme des changements discrets et identifiables dans les mod les habituels de comportement George 1982 p 27 McLeod 1996 par exemple insiste beaucoup sur le caract re stressant intrins que des v nements et sur la n cessit pour les individus de r ajuster leur conduites en cons quence Ces travaux partagent une vision plut t n gative des discontinuit s au cours de la vie et tendent n gliger les cons quences positives que peuvent avoir les v nements cf Diehl 1999 Certains v nements ou transitions sont particuli rement cruciaux et peuvent infl chir la trajectoire de vie ils sont alors identifi s comme des turning points Elder 1998 Rutter 1996 c est dire des moments dans lesquels l existence change significativement de direction ou devient discontinue Cette id e de changement substantiel dans la direction d une vie a t bien illustr e par Sampson et Laub 1993 qui tudiant des jeunes hommes d favoris s de Boston montrent comment la d cision de se marier ou le fait de trouver un emploi stable permettent souvent de sortir d une carri re d viante Ces moments de rupture peuvent tre d finis soit objectivement par le chercheur soit subjectivement par les personnes qui les ont v cus Elder Kirkpatrick Johnson et Crosnoe 2003 Settersten 1999
107. nous avons scind en d veloppement personnel et commencement d une cole Le m me principe a t appliqu des r ponses telles que Mariage et naissance enfant F 1968 425 ou D c s de mon oncle et hospitalisation de ma grand m re H 1982 533 Deuxi me cas de figure des r pondants mentionnent dans la m me r ponse un changement et une cons quence de celui ci par exemple La r ussite du tronc commun en sciences sociales gt plus de confiance en moi ouverture sur d autres modes de pens e d autres perceptions de la r alit F 1982 309 ou encore Voyage au S n gal grand changement au niveau de mon rapport aux autres H 1982 145 Dans un souci de respecter au mieux l intention du r pondant de pr ciser deux aspects distincts d un m me processus nous avons choisi de consid rer les cons quences comme des changements part enti re 3 1 L ENTR E DANS LA VIE ADULTE COMME P RIODE DE GRANDES TRANSFORMATIONS Le Tableau 3 1 montre que trois participants notre tude sur cinq estiment avoir v cu au cours de la derni re ann e au moins un changement important dans leur vie deux en moyenne Au total 770 changements nous ont t signal s Les membres des classes d ages les plus jeunes sont plus nombreux mentionner au moins un changement c est le cas de trois quarts des 20 24 ans et de deux tiers des 35 39 ans tandis que dans les trois classes d ges
108. ns cette aventure L exp rience s est r v l e tr s enrichissante et les tudiants 12 AVANT PROPOS chercheurs ont dans l ensemble accueilli positivement l id e d tre associ s cette entreprise scientifique Ils firent preuve d un grand investissement tout au long du travail au point qu un certain nombre d entre eux Ga lle Aeby M lanie Battistini Corinne Borloz G raldine Bugnon Ivan De Carlo et Emilie Rosenstein ont accept de poursuivre l exercice au cours du semestre d t 2004 Objectif de ces ateliers de recherche approfondir l analyse des donn es et pr parer le pr sent num ro de Questions d ge Ce fut sans aucun doute l tape la plus laborieuse en effet si je n en tais pas ma toute premi re exp rience de publication jamais encore je n avais t amen coordonner le travail de r daction d un groupe d apprentis sociologues Tr s formateur pour le soussign mais 6 combien difficile Ce projet n avant tout comme un exercice p dagogique pour des tudiants genevois a connu depuis une volution assez exceptionnelle donnant naissance un programme de recherche international sur la perception des Changements et v nements au cours de la vie Les d veloppements de cette tude d sormais connue sous l acronyme de CEVI sont rappel s en fin d ouvrage Ce Questions d ge ne constitue donc qu une tape d une entreprise plus va
109. ns se distinguent significativement des jeunes adultes ces derniers ayant presque quatre fois plus de probabilit s de citer des changements que les quinquag naires RR 0 269 p 007 7 Rappelons cependant que nous n tions gu re int ress s d terminer l effet propre de l ge une fois les autres variables neutralis es notre objectif principal tant de mesurer le lien entre la position dans le parcours de vie et la fr quence de changements per us comme importants Chaque tape de la vie a ses propres caract ristiques constitutives et essayer de les mettre entre parenth ses n a pas beaucoup de sens nos yeux C est bien parce que nombre de jeunes adultes sont encore sur les bancs d cole ou que seulement une minorit d entre eux a d j fond une famille qu ils ne vivent pas les m mes changements que leurs a n s install s dans la vie active et familiale ou des personnes g es la retraite parfois en moins bonne sant et ayant plus souvent d faire face la perte de proches 7 Relevons que les interview s g s de 65 69 ans ont un risque relatif de mentionner des changements analogue celui de leurs cadets de 15 ans bien que cet effet soit faiblement significatif RR 0 270 p 059 LA FR QUENCE DES CHANGEMENTS PER US 51 Aujourd hui la position dans le parcours de vie est l une des dimensions structurantes centrales de la soci t tout comme la configuration des stra
110. ntatives ainsi que les relations amicales tablissement de nouveaux 12 Ces chiffres sont obtenus en additionnant les changements survenus au sein de la famille et du couple des relations amicales ainsi que les d c s LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 65 r seaux d amis modifications dans la vie affective disputes etc sont souvent cit s par les jeunes adultes L importance de ces domaines d cline ensuite d un groupe l autre et ceci au profit des changements dans le cercle familial particuli rement nombreux chez les 35 39 et les 65 69 ans Les trentenaires signalent principalement le fait de devenir parents deux changements dans le domaine familial sur trois tant des grossesses ou des naissances Sauf exception les jeunes retrait s mentionnent des v nements v cus par leur descendance naissances des petits enfants mais aussi mariages et divorces des enfants Dans la grande vieillesse la vie familiale et affective prend une tournure plus sombre la majorit des changements tant des disparitions de parents proches sur quatre d c s mentionn s trois concernent le conjoint le dernier se rapporte la fratrie Nous avons d j soulign la pr minence des changements de sant parmi les personnes g es Plus il devient g plus le vieillard est confront au processus de fragilisation et ressent le poids des ans dans l accomplissement des activit s de la vie quotidienne Maladies op rations et
111. ntes quant au choix des participants mais de leur offrir la possibilit de se confronter au travail de terrain de se rendre compte des difficult s et enjeux associ s cette d marche pour ensuite en discuter lors des s minaires Sur un aspect nous avons n anmoins t directifs le questionnaire devait tre auto administr c est dire que l interview lisait lui m me les questions et r pondait directement sur la feuille si possible sans aucune intervention de l enqu teur Celui ci tait invit se tenir l g rement l Ecart et il n avait droit d intervenir que si l interviewe lui posait des questions cela tout en veillant ne pas sugg rer des r ponses Si une personne n tait pas apte r pondre sans aide probl mes de vue difficult s crire etc l intervieweur pouvait transcrire sa place la r ponse L Encadr 2 pr sente un bilan de cette phase de l tude PR SENTATION DE L TUDE Encadr 2 Diff rences dans la passation des questionnaires La passation d un questionnaire m me lorsqu il est auto administr suppose une interaction particuli re entre un intervieweur et un interview Dans notre recherche il n y a donc pas eu un mod le de passation r ussie mais une certaine diversit des approches variant selon l enqu teur l ge des r pondants le lieu de la rencontre etc Pour la majorit d entre nous il s agissait de notre premi re exp rience sur le te
112. ntionn plus de dix changements autour de la cinquantaine 32 des changements professionnels repr sentent la fois un gain et une perte contre 17 aux autres ges de la vie y 3 143 p 076 dans les domaines familial 46 contre 10 y 10 875 p 001 et spatial 64 contre 25 y 8 802 p 003 les carts sont encore plus flagrants Compte tenu du nombre r duit de cas il est plus difficile de tirer des conclusions pour les autres domaines Cependant les tendances sont les m mes avec des pourcentages de r ponses les deux qui en g n ral sont au moins doubles chez les quinquag naires Malgr les r sultats que nous venons de pr senter il demeure difficile d affirmer avec certitude que les diff rences observ es entre les 50 54 ans et les membres des autres groupes d age sont uniquement l expression d une sensibilit diff rente au moment de l appr ciation subjective du changement En effet nous ne pouvons toujours pas exclure qu au moins une partie des changements exp riment s autour de la cinquantaine soient ambivalents per se tels le d part des enfants du domicile familial et le d c s des parents Si nos donn es semblent nous autoriser parler d un ge de l ambivalence la question de l interpr tation de ce ph nom ne reste ouverte L EVALUATION DES CHANGEMENTS 93 La cinquantaine est une p riode de la vie souvent marqu e par de grands bouleversements les enfants dev
113. nts graduels augmente d un groupe l autre passant de 8 chez les plus jeunes 16 donc le double dans la derni re classe d ge observ e cette diff rence n est cependant pas significative d un point de vue statistique Tableau 4 9 Changements li s un v nement versus changements graduels par classe d ge en colonne Changements 20 24 ans 35 39 ans 50 54ans 65 69 ans 80 84 ans Li s un v nement 92 92 89 86 84 Graduels 8 8 11 14 16 Total 100 100 100 100 100 La distribution entre changements li s un v nement et changements graduels n est pas significativement diff rente 7 7 28 p 122 dans les cing groupes d ge Notons que ces scores diff rent sensiblement de ceux obtenus dans le cadre de SWILSOO l tude longitudinale men e au CIG aupr s de deux cohortes d octog naires En effet entre la deuxi me et la cinqui me vague de la premi re cohorte personnes alors g es de 81 89 ans peu pr s 40 des changements signal s sont de type graduel Lalive d pinay et Cavalli 2004 L analyse des donn es de SWILSOO a aussi mis en vidence que si dans la grande vieillesse la majorit des changements sont explicitement li s des v nements pr cis il est un domaine dans lequel ce n est pas syst matiquement le cas la sant Dans six cas sur dix le changement de sant est bien associ un v nementtelleunechute unalitement une
114. ocio historiques marquants survenus pendant la vie du r pondant Gen ve la r colte des nouvelles donn es a impliqu la participation des tudiants de la vol e 2004 2005 du s minaire Parcours de vie ges et g n rations et s est d roul e en novembre 2004 n 667 En Am rique latine des questionnaires incluant les trois questions ont t distribu s en une seule fois en Argentine les donn es ont t r colt es dans la r gion de Buenos Aires en juin 2004 n 576 18 au Mexique une premi re s rie d entretiens a t r alis e dans l tat de Guanajuato entre septembre et novembre 2005 n 680 et des donn es compl mentaires sont actuellement en train d tre recueillies dans la ville de Zamora Et l aventure continue 18 Signalons que gr ce un financement de la Fondation Boninchi de la Soci t Acad mique de Gen ve et du D partement de sociologie trois des auteurs de cet ouvrage savoir Stefano Cavalli Ga lle Aeby et Emilie Rosenstein ont eu l occasion de participer un s minaire de recherche qui s est d roul en Argentine l Universit de Lujan du 2 au 13 mai 2005 Cette rencontre avait pour objectif d assurer une meilleure coordination entre les quipes suisse et argentine d aborder des questions th oriques et m thodologiques ainsi que d laborer conjointement un plan d exploitation des donn es R F RENCES Aldwin C M Levenson M R 2001
115. on les tudiants notamment universitaires sont nettement surrepr sent s ils atteignent 76 contre 44 parmi les Genevois du m me ge Install s dans la vie active la majorit des participants notre tude g s de 35 39 ans ont fond une famille presque la moiti sont mari s trois sur cinq ont au moins un enfant une proportion non n gligeable ont d j connu le divorce 15 sans compter celles et ceux qui se sont remari s entre temps N anmoins dans notre chantillon deux personnes sur cinq sont toujours c libataires ce qui repr sente presque le double que dans la population genevoise En ce qui concerne le niveau de formation presque la moiti des interview s dit avoir fr quent une universit ou une cole professionnelle sup rieure alors que ce n est le cas que d un quart des genevois de cette classe d ge Les diff rences entre notre chantillon et la population dans la structure ducationnelle demeurent importantes chez les 50 54 ans et les 65 69 ans Par rapport nos interview s en 2000 Gen ve comptait deux fois plus de personnes n ayant pas poursuivi leurs tudes au dela de la scolarit obligatoire ainsi qu un nombre plus restreint d universitaires Deux tiers des r pondants g s de 50 54 ans sont mari s et quasiment tous ont des enfants la plupart d entre eux sont actifs professionnellement En revanche le groupe des 65 69 ans se compose avant tout de retrait s vivant
116. on 73 77 7 12 4 100 Activites 48 79 15 2 4 100 Couple 45 74 4 20 2 100 Deces 41 2 81 17 0 100 Self 36 81 6 11 2 100 Economie 27 52 30 15 3 100 Amiti s 20 40 30 30 0 100 Divers 49 54 20 14 12 100 pes soulagement et chagrin F 1964 561 Dans notre tude un d c s de proche sur cinq n a pas t v cu que comme une perte Ceci n est pas lire comme le signe d un manque d affection ou de la survivance d un conflit mais est plut t li la conscience de l in luctabilit de la mort D c s de ma m re qui avait 100 ans et six mois F 1933 57 ou l image socialement partag e de ce que devrait tre la bonne L EVALUATION DES CHANGEMENTS 105 mort D c s de mon pere de 90 ans domicile sans avoir souffert trop longtemps b n fice pour lui un peu rapide pour moi H 1950 22 Remarquons en passant que l ambivalence se d cline souvent en une perte affective pour le r pondant et un gain pr sum pour le disparu Un autre exemple int ressant est repr sent par l entr e en EMS ventualit qui suscite bien de peurs chez la plupart des personnes g es La vie en m nage collectif est per ue de mani re n gative et y compris en cas de maladie ou de perte du conjoint rester chez soi est ressenti comme plus satisfaisant que s installer dans un EMS par la quasi totalit des vieillards La d termination pr server sa propre autonomie la c
117. onne C libataires 96 38 7 8 5 Mari e s 3 46 69 53 30 Divorc e s s par e s 1 15 19 21 10 Veufs veuves 0 1 5 18 55 A au moins un enfant 2 59 87 81 85 Habite seul 22 21 16 36 48 Niveau d ducation colonne Ecole obligatoire 2 8 8 13 30 Apprentissage 12 19 28 28 24 Secondaire sup rieur 12 26 29 35 33 Para universitaire 14 47 35 24 13 Situation professionnelle col Etudiant e s 76 4 1 2 0 Actifs ves 19 83 81 7 0 Au foyer 1 8 9 1 0 Sans emploi 4 5 6 0 0 Retrait e s 0 0 3 90 100 Sant auto valu e colonne Tr s bonne 87 82 68 62 33 Satisfaisante 10 15 24 30 42 Plut t mauvaise 3 3 8 8 25 personnes poss dant un niveau d ducation lev sontsurrepr sent es dans toutes les classes d age en particulier parmi les jeunes Ceci a galement comme cons quence d accentuer les in galit s entre les cohortes les plus jeunes ayant profit des progr s du syst me scolaire au cours du XXe si cle Les interview s g s de 20 24 ans suivent pour la plupart une formation l universit ou dans une Haute Ecole Sp cialis e la moiti d entre eux habite encore chez ses parents et sauf exception ils sont c libataires et n ont pas d enfant Le fait d avoir inclut les questionnaires remplis lors du premier s minaire et la tendance des enqu teurs PR SENTATION DE L TUDE 43 interroger surtout des camarades font que dans notre chantill
118. onomie 10 Self 10 Economie 4 Spatial 7 Famille 2 Autres 21 Autres 25 Autres 11 Autres 27 Autres 12 Total 100 Total 100 Total 100 Total 100 Total 100 108 L EVALUATION DES CHANGEMENTS groupes d age trentenaires et quinquag naires connaissent aussi un certain nombre de pertes dans leur trajectoire professionnelle Nous avons vu cf Tableau 5 2 que 17 des personnes g es de 20 24 ans ont mentionn au moins une perte dans leur vie au cours de la derni re ann e Voyons pr sent de quels changements il s agit Les 30 pertes cit es dans notre tude par les plus jeunes sont d origine disparate et pour l essentiel ne semblent pas tre directement li es transition de la jeunesse vers la vie adulte Mise part les d c s nous d nombrons des d m nagements du r pondant lui m me ou de ses proches ce qui peut m me entra ner un rel chement de certaines attaches Une de mes meilleures amies a d m nag en France on ne peut plus se voir tr s souvent F 1981 228 des checs scolaires des difficult s conomiques la fin d une histoire d amour la maladie d un des parents la rupture d un contrat de travail ou encore le fait de devoir renoncer une activit J ai arr t le piano Pas assez de temps H 1980 64 En ce qui concerne les gains les r sultats reproduisent grosso modo la distribution g n rale des changements selon le domaine de vie affect et la cla
119. ort ou courant travers de la vie adulte Lors d une deuxi me rencontre les 148 adjectifs dont la pertinence a t jug e comme variable au cours du d veloppement ont t pr sent s aux m mes participants auxquels il a t demand d une part d valuer le changement en termes de d sirabilit et d autre part de d limiter l intervalle entre le d but et la fin de cette volution en prenant 20 ans comme ge initial et 90 ans comme limite sup rieure Concr tement un individu pouvait affirmer dans un premier moment que l on devient plus sage au fil du d veloppement et ensuite que ce changement est positif et que ce processus commence 50 et s arr te 80 ans Les r ponses mettent en vidence un assez grand consensus entre les trois groupes d ge en ce qui concerne la nature des changements pr vus au cours de la vie adulte Les auteurs ont ensuite s par les adjectifs en deux groupes gains versus pertes selon leur d sirabilit La Figure 5 2 reproduit la distribution ainsi obtenue en fonction de l ge moyen auquel ils sont attendus Nous voyons clairement que les gains sont plus nombreux que les pertes sauf dans le tr s grand ge Du point de vue des interview s la proportion de gains diminuerait l g rement d abord de mani re beaucoup plus marqu e au del des 70 ans Les r sultats de cette tude ont t syst matiquement repris par les psychologues du lifespan titre de confirm
120. our de la cinquantaine et ayant constitu la fois un gain et une perte nous retrouvons un certain nombre de r orientations professionnelles Parfois elles sont subies et impos es J ai d changer de travail suite la faillite de mon entreprise H 1953 98 dans d autres circonstances elles d coulent d un choix d lib r Arr t de carri re professionnelle D cision difficile 53 ans Quitter un poste de grande responsabilit tr s bien r mun r mais extr mement stressant H 1950 250 L ambivalence peut aussi r sulter du fait qu une renonciation sur le plan professionnel soit compens e par un gain au niveau relationnel Diminution du taux d activit professionnelle pour m occuper des deux petits fils qui viennent de na tre F 1949 341 Les sacrifices en faveur 94 L EVALUATION DES CHANGEMENTS des descendants peuvent prendre d autres formes comme dans le cas de ce pere de famille qui cite la vente d une maison achet e 13 ans auparavant dans l le natale de sa femme Martinique pour faire face aux frais d tudes des enfants H 1953 370 Enfin cette p riode de vie a entra n pour l un de nos r pondants la mise en place d une nouvelle mani re de fonctionner dans la famille envers les enfants et lui m me en particulier L adolescence de mon fils de 15 ans qui me fait utiliser mon autorit fixer des limites etc Chose tr s difficile faire pour moi
121. our indiquer la sph re de vie dans laquelle a lieu le changement 56 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS sommet de sa carri re professionnelle la confrontation avec sa propre mortalit etc Cette classification a t reprise bien qu avec quelques modifications par Reese et Smyer 1983 ou plus r cemment par Diehl 1999 Reese et Smyer 1983 p 15 nomment les quatre cat gories qu ils appellent types respectivement biologique socioculturelle physique environnementale et personnelle psychologique Dans les v nements d origine biologique ils incluent les grossesses et les naissances les accidents et les maladies ou encore les d c s le type socioculturel comprend des v nements interpersonnels tels le fait d tre promu de se marier ou d lever des enfants dans la cat gorie physique environnementale ils classent les d sastres naturels enfin du dernier ensemble font partie les v nements autod termin s par les individus comme choisir une carri re professionnelle ou un partenaire Tous ces auteurs reconnaissent que les changements peuvent r sulter d interactions entre diff rents types de sources et qu il est donc parfois difficile de les attribuer un seul groupe Reese et Smyer 1983 ont ensuite crois ces quatre cat gories avec 14 domaines qu ils appellent contextes de la vie dans lesquels les v nements surviennent famille amour et mariage parentalit amiti s travail cole li
122. p 139 Dans l optique de notre tude les travaux sur les turning points pr sentent un grand int r t pr cis ment parce que la diff rence des recherches sur les transitions et les v nements ils tiennent 24 PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION souvent compte de la perception subjective des discontinuit s dans la vie et comme nous ont recours des questions ouvertes e g Clausen 1993 Fiske et Chiriboga 1990 Hareven et Masaoka 1988 Ceci a permis Clausen 1995 de montrer que la perception d un tournant ne renvoie pas forc ment un changement de direction objectif dans la vie d un individu Un changement dans la continuit tel une promotion ou une reconnaissance professionnelle peut tre consid r comme un turning point Quelques ann es plus t t Hareven et Masaoka 1988 avaient remarqu que seuls certains turning points produisent des alt rations majeures dans les trajectoires de vie au moment o ils surviennent et que plusieurs ann es peuvent s couler entre l apparition d un v nement qui d clenche un changement de direction dans la vie d une personne et la fin de ce m me processus 1 2 L EVOLUTION DES CHANGEMENTS AU COURS DE LA VIE Peu d tudes ont explicitement compar la fr quence et la nature des changements diff rents moments du parcours de vie Ces questions sont parfois abord es dans le cadre de recherches qui visent avant tout mesurer l impact
123. par des juges externes attribuant une valence fixe une cat gorie d v nements donn e Dans le cadre de l tude longitudinale men e au CIG nous nous r f rons ici aux cinq premi res vagues de la cohorte form e entre 1910 et 1914 83 des changements recens s ont t class s par les chercheurs comme des pertes 12 comme des gains les restants 5 n ont pas pu tre assign s l un des deux groupes Lalive d pinay et Cavalli 2004 Nos donn es laissent transpara tre une r alit plus complexe et moins catastrophique parmi les personnes de 80 84 ans seulement la moiti des changements sont consid r s comme des pertes 28 prennent un signe positif les r ponses les deux et ni l un ni l autre s appliquent quant elles 22 des r ponses Comment expliquer cette diff rence notable Nous pourrions expliquer le plus grand nombre de jugements n gatifs dans SWILSOO par la moyenne d ge plus lev e des r pondants 84 5 ans face un peu moins de 82 ans pour notre tude Mais si nous ne tenons compte que des r ponses L EVALUATION DES CHANGEMENTS 111 recueillies lors de la deuxi me vague de SWILSOO personnes g es de 81 86 ans les r sultats sont peu pr s les m mes 88 de pertes 9 de gains et 3 d inclassables notre sens les diff rences observ es s expliquent d une part par le nombre important de d clins graduels de la sant recens s dans SWILSOO cf C
124. pes retenus pour ensuite d cliner de mani re r guli re au fil de l ge mais c est seulement dans la grande vieillesse que les pertes l emportent sur les gains Cependant si nous observons dans l ensemble la m me dynamique l volution semble plus nuanc e en particulier le nombre de pertes observ es chez les jeunes est plus important dans notre tude Dans leurs travaux Baltes et ses coll gues insistent sur le fait que le d veloppement humain est multidirectionnel et ce d s l enfance Baltes et al 2006 Par exemple au fur et mesure qu il apprend sa langue maternelle l enfant voit diminuer sa capacit de reconna tre ou produire des sons propres d autres langages Levelt 1989 Mais L EVALUATION DES CHANGEMENTS 99 Figure 5 3 Distribution des gains et des pertes selon l ge qa 907 e 80 70 u Gains 60 D o 50 4 xe o 40 5 o S 30 g 204 pan 3 10 a 0 20 24 35 39 50 54 65 69 80 84 Classes d ge si les psychologues du lifespan s accordent pour d fendre l id e que les pertes chez les enfants ou les jeunes adultes sont possibles ils ont jusqu pr sent eu plus de peine en trouver une confirmation dans leurs tudes portant sur 1 appr ciation subjective des changements au cours de la vie Lorsqu il est demand des individus d ge diff rent comme chez Heckhausen et al 1989 d associer spontan ment des caract ris
125. port au 20 de vieillards qui disent avoir connu au moins un gain au cours de la m me p riode 17 Tableau 5 2 Personnes ayant signal au moins un gain respectivement au moins une perte selon la classe d ge 20 24 ans 35 39 ans 50 54 ans 65 69 ans 80 84 ans Sig Gains 63 50 27 25 20 X 18 74 Moyenne 1 90 1 67 1 43 1 19 1 33 F 5 11 cart type 1 01 0 84 0 88 0 40 0 73 Pertes 17 13 14 17 28 7 10 54 Moyenne 1 15 1 18 1 33 1 50 1 72 F 2 17 cart type 0 37 0 39 0 59 1 04 1 16 1 Nombre moyen de gains parmi ceux qui ont signal au moins un gain 2 Nombre moyen de pertes parmi ceux qui ont signal au moins une perte Seuil de significativit p lt 05 p lt 001 L image de la vieillesse qui en ressort para t donc plut t positive Il ne faut cependant pas taire premi rement la nature cumulative et sans doute parfois dramatique des v nements n gatifs qui surviennent 17 noter que 9 des personnes g es de 80 84 ans signalent la fois au moins un gain et une perte Ainsi le pourcentage de vieillards qui ne mentionnent que des changements ind sirables s l ve 19 L EVALUATION DES CHANGEMENTS 101 dans les derni res tapes du parcours de vie la minorit des vieillards qui dit avoir subi des pertes a d en affronter en moyenne trois fois plus que les jeunes adultes deux fois plus que les quinquag na
126. priment la repr sentation qu ont les trois groupes enqu t s des gains et des pertes aux diff rents ges de la vie Baltes et Baltes 1990 pp 17 18 le reconnaissent et pr sentent ce travail comme une tude sur les attentes subjectives propos de la vieillesse ainsi que sur l existence de st r otypes associ s au vieillissement En commentant la figure de Heckhausen et coll gues ils parlent de expected gains et de expected losses plut t que de gains et de pertes en termes absolus Dans un article plus r cent Baltes d crit la m me tude comme une analyse au niveau des croyances subjectives sur la trajectoire d veloppementale et la part respective de gains et de pertes 1997 p 269 De nos jours le sch ma est moins souvent reproduit les auteurs se contentant de citer cette tude pour souligner que des individus d ge diff rent ont une conception assez claire de ce qu ils consid rent comme d sirable et ind sirable au cours du d veloppement Baltes Lindenberger et Staudinger 2006 Revenons nos propres donn es La Figure 5 3 donne la r partition entre les gains et les pertes au cours de la vie apr s avoir cart les r ponses les deux et ni l un ni l autre Bien que les objectifs de notre tude et la d marche adopt e s loignent assez de ceux de Heckhausen et al 1989 dans l ensemble les r sultats convergent La part relative de gains reste stable dans les deux premiers grou
127. r leurs propri t s per se soit sur le type d effets qu ils engendrent cf Diehl 1999 Reese et Smyer 1983 Ryff 1986 Settersten 1999 v nements et transitions ont t d finis en fonction de la sph re de vie concern e du type de fonctionnement affect de leur timing de leur pr visibilit du type de contr le que le sujet peut exercer sur eux du degr d anticipation de la probabilit d occurrence de leur d sirabilit de leur r versibilit du lien avec l ge ou du degr d ad quation avec les normes et les imp ratifs sociaux en vigueur Deux des nombreuses taxonomies des v nements de vie propos es au d but des ann es 1980 en psychologie d veloppementale du lifespan ont particuli rement retenu notre attention La premi re LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 55 classe les changements selon leur origine la seconde en fonction des domaines de vie affect s 8 Brim et Ryff 1980 pp 368 370 distinguent quatre cat gories principales d v nements selon leur source Biologiques Des changements d veloppementaux comme ceux que nous pouvons observer dans la taille ou l activit hormonale d un individu ont un impact sur la d limitation de la p riode de procr ation sur le risque d tre atteints par des maladies etc Sociaux Cons quence du fait que les tres humains vivent en soci t ces v nements renvoient aux r les que les individus assument durant leur vie au sein de la
128. rainte de quitter son espace intime pour un lieu inconnu et l id e que ce d m nagement sera probablement d finitif sont des facteurs qui contribuent a la construction et au maintien de cette image discr dit e cf Cavalli 2002 chap 1 Malgr cela lorsque la parole est laiss e aux vieillards vivant dans l un de ces tablissements sp cialis s le tableau se fait plus nuanc Dans notre chantillon ils sont presque la moiti ceux qui une fois franchie la porte d un EMS ont jug le changement de lieu de vie comme positif Si l entr e en institution implique sans doute la perte du chez soi lieu empreint de mille souvenirs elle est aussi associ e des b n fices sous la forme d une prise en charge s curisante et mieux adapt e aux besoins de la personne g e d pendante Un m me changement comme par exemple le passage la retraite peut faire l objet d valuations diff rentes selon la mani re dont il s est d roul ou l aspect privil gi par le sujet au moment de son jugement Certains mettront l accent sur la perte associ e la cessation d un m tier panouissant Je suis la retraite donc un changement notable savoir la fin de ma carri re professionnelle H 1938 209 d autres se r jouiront plut t d tre enfin lib r s de l obligation de travailler et pouvoir b n ficier d une retraite bien m rit e H 1939 459 En outre si d habitude une sortie du march du
129. rd new understandings of later life pp 135 159 Amityville NY Baywood Hareven T K Masaoka K 1988 Turning points and transitions Perceptions of the life course Journal of Family History 13 3 271 289 Heckhausen J Dixon R A Baltes P B 1989 Gains and losses in development throughout adulthood as perceived by different adult age groups Developmental Psychology 25 1 109 121 Hogan D P Astone N M 1986 The transition to adulthood Annual Review of Sociology 12 109 130 Holmes T H Rahe R H 1967 The social readjustement rating scale Journal of Psychosomatic Research 11 213 218 Jaques E 1965 Death and the mid life crisis International Journal of Psychoanalysis 46 502 514 Jette A M 1996 Disability trends and transitions in Binstock R H George L K Eds Handbook of aging and the social sciences 4th edition pp 94 116 San Diego Academic Press Lalive d Epinay C 1994 La construction sociale des parcours de vie et de la vieillesse en Suisse au cours du XXe si cle in Heller G Ed Le poids des ans Une histoire de la vieillesse en Suisse romande pp 127 150 Lausanne SHSR amp Editions d en bas Lalive d pinay C Bickel J F Cavalli S Spini D 2005 Le parcours de vie mergence d un paradigme interdisciplinaire in Guillaume J F Ed Parcours de vie Regards crois s sur la construction des bio
130. restantes peu pr s la moiti des r pondants ne signale aucun changement important 5 chaque fois que nous citons des interview s nous indiquons entre parenth ses leur sexe F pour les femmes H pour les hommes leur ann e de naissance ainsi qu un num ro permettant de les retrouver dans notre corpus LA FR QUENCE DES CHANGEMENTS PER US 47 Tableau 3 1 Changements per us selon la classe d ge 20 24 35 39 50 54 65 69 80 84 Total Sig Au moins un changement 77 67 51 45 52 60 Pas de changements 23 33 49 55 48 40 Total 100 100 100 100 100 100 4 38 44 Nombre de changements 282 173 134 76 105 770 Moyenne cart type 1 82 1 35 1 05 0 71 1 01 1 24 F 13 82 1 46 1 28 1 31 1 04 1 33 1 36 Moyenne cart type 2 37 2 01 2 06 1 58 1 94 2 07 F 4 45 1 21 1 05 1 13 1 01 1 25 1 16 Nombre moyen de changements pour l ensemble du sous groupe 2 Nombre moyen de changements parmi ceux qui ont signal au moins un changement Seuils de significativit p lt 01 p lt 001 Non seulement les personnes g es de 20 24 ans sont plus nombreuses mentionner des changements mais en moyenne elles en signalent davantage 2 37 contre environ deux pour les autres groupes d ge et m me 1 58 pour les 65 69 ans 6 Parmi celles et ceux qui ont report au moins un cha
131. rrain qui s est av r e tr s enrichissante Au del des contraintes concernant l ge et le sexe des personnes interviewer nous avions une certaine marge de libert quant au lieu de passation du questionnaire ou la fa on de trouver les futurs r pondants Apr s la phase de r colte des donn es en comparant nos propres exp riences nous nous sommes rendus compte que les choses s taient pass es diff remment selon les groupes d ge Le groupe des 20 24 ans a tout naturellement t recrut parmi nos amis et connaissances le plus souvent des tudiants universitaires Ainsi la passation s est souvent d roul e sans tension nistress l interview avait suffisamment de temps pour r fl chir la question et y r pondre Nous avons eu le sentiment que leurs r ponses taient plus longues que celle des personnes inconnues La plupart des membres des cat gories d ages interm diaires 35 39 50 54 et 65 69 ans ont rempli le questionnaire dans des conditions semblables L interview s est fr quemment d roul dans des lieux publics tels que les caf s les bureaux de poste les centres commerciaux et m me dans la rue C est dans ces endroits que la majorit des difficult s ont t rencontr es nous avons d faire face tr s souvent des r actions de refus ou des r ponses rapides et peu d taill es Aborder quelqu un dans un lieu public ou l interrompre dans ses occupations du moment ne sont pas des
132. s sommes limit s noter uniquement ce que la personne nous dictait Signalons enfin qu un certain nombre de personnes tr s g es a eu de la difficult saisir le sens de la question ce qui nous a oblig donner des explications suppl mentaires 2 3 LES CARACT RISTIQUES DE L ECHANTILLON Au total nous avons r colt 644 questionnaires dont 22 ont t cart s soit parce que mal remplis soit parce qu ils concernaient des personnes qui s loignaient trop de nos cinq classes d ge ce propos signalons PR SENTATION DE L TUDE 41 que nous avons d cid de retenir ici 66 individus qui s cartaient de un maximum deux ans par rapport aux cat gories d age 3 Finalement les analyses portent sur 622 questionnaires parmi lesquels 35 ont t remplis par les tudiants lors de la premi re s ance du s minaire Comme le montre le Tableau Z 1 tous nos groupes d age sont form s par au moins une centaine d individus La distribution entre hommes et femmes est assez quilibr e sauf dans les classes d ge des 20 24 et des 80 84 ans Dans le premier cas cela est essentiellement d au fait que parmi les participants au s minaire les tudiantes taient en nette majorit La surrepr sentation des femmes parmi les plus g s refl te elle une caract ristique bien connue de la grande vieillesse savoir sa f minisation Tableau 2 1 R pondants selon la classe d ge et le genre n
133. s autres facteurs a t neutralis Comme le reporte le Tableau 3 2 le niveau d ducation la situation professionnelle et la sant auto valu e sont significativement li s au fait d avoir mentionn un ou plusieurs changements importants Les universitaires et les dipl m s d coles professionnelles sup rieures LA FR QUENCE DES CHANGEMENTS PER US 49 Tableau 3 2 Fr quence des changements selon les caract ristiques des r pondants analyse de r gression logistique Au moins un changement versus pas de changements Rapport de Probabilit Caract ristique risques RR Classe d ge 20 24 ans 1 35 39 ans 0 651 0 325 50 54 ans 0 269 0 007 65 69 ans 0 270 0 059 80 84 ans 0 367 0 190 Sexe Femmes 1 Hommes 0 907 0 608 Nationalit Suisses 1 Autres 0 697 0 111 Etat civil Mari e s 1 C libataires 1 085 0 835 Divorc e s s par e s 1 022 0 946 Veufs veuves 0 806 0 542 A au moins un enfant Non 1 Oui 1 705 0 092 Habite seul Non 1 Oui 0 674 0 119 Niveau d duc Ecole obligatoire 1 Apprentissage 1 560 0 196 Secondaire sup rieur 1 469 0 244 Para universitaire 3 626 lt 0 001 Situation prof Actifs ives 1 Etudiant e s 1 018 0 967 Au foyer 0 849 0 739 Sans emploi 1 214 0 014 Retrait e s 0 950 0 928 Sant Tres bonne 1 Satisfaisante 2 318 0 001 Plut t mauvaise 2 511 0 012 Note en gras les valeurs significatives un seuil de p lt
134. s dans la vie active de mentionner une modification au sein de leur trajectoire professionnelle Le niveau d ducation et la sant subjective ont galement un effet significatif Les discontinuit s dans le domaine spatial sont associ es au sexe du r pondant les hommes en sont moins affect s l tat civil les divorc s tant moins touch s que les mari s au niveau de scolarit et la sant Logiquement les personnes qui se jugent dans un mauvais tat physique et ou psychique courent plus de risques de mentionner des changements importants dans le domaine de la sant effets significatifs aussi pour la nationalit et le niveau d ducation Pour ce qui est du domaine de la famille les c libataires ont peu pr s trois fois moins de probabilit s de citer un v nement que les mari s plus surprenant le fait que la pr sence d enfants et le type de m nage n aient aucun effet significatif Il peut para tre assez tonnant que ni le niveau d instruction ni le statut d tudiant ne semblent influencer la trajectoire scolaire seuls les retrait s se distinguent par une probabilit LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 81 Tableau 4 11 Risques relatifs de mentionner au moins un changement dans cinq domaines selon les caract ristiques des r pondants analyses de r gression logistique Domaine Caract ristique Profession Spatial Sant Famille Education Sexe Femmes Hommes 0 582 National
135. s l enfance le d veloppement implique un certain nombre de pertes d autre part m me au cours de la vieillesse le d veloppement comporte des gains psychologiques sociologiques et biologiques Cependant a partir d un certain stade de l avance en ge les pertes en viennent l emporter sur les gains Baltes 1997 Dans leur mod le m tath orique de l ontogenese humaine Baltes et Smith 1999 2003 postulent que la plasticit biologique des tres humains i e leur aptitude s adapter diminue avec l ge Si dans un premier temps ce d clin est contrebalanc par une mobilisation accrue de ressources socioculturelles dans le tr s grand ge l efficacit de ces m canismes compensatoires commence se r duire Il en r sulte que la balance entre les gains et les pertes penche de plus en plus du c t des secondes Une des grandes difficult s consiste d terminer ce qui constitue un gain ou une perte Settersten 1999 p 28 Staudinger et Pasupathi 2000 Cette t che est rendue encore plus ardue par le fait que la nature de ce qui est consid r comme gain ou perte peut changer au fil de l ge Baltes et Smith 1999 Finalement la d finition de gain et de perte a rarement t coh rente et explicite En parcourant les travaux de Baltes et de ses coll gues nous en arrivons r pertorier deux crit res de d finitions selon que l on consid re les attentes subjectives ou que l on value des compor
136. s op rations sont souvent valu es positivement Dans l ensemble ces r sultats paraissent assez logiques et peu surprenants Cependant a les regarder de plus pr s nous pouvons saisir l int r t de notre d marche c est dire d avoir laiss l interview la libert d valuer ses propres changements Prenons l exemple du deuil Il y a sans doute consensus pour affirmer que la disparition d un proche repr sente une perte souvent douloureuse cependant le d c s peut parfois aussi signifier un soulagement la fin d une souffrance D c s de ma grand m re lib r e de sa souffrance physique Tout bien 104 L EVALUATION DES CHANGEMENTS Tableau 5 3 Evaluation des changements selon le domaine et le type en ligne n Gain Perte Les deux Nil un Total Domaine ni l autre Profession 111 61 14 23 2 100 changement de travail 39 72 8 20 0 100 d but reprise travail 17 82 0 12 6 100 licenciement ch mage 11 9 73 18 0 100 retraite 11 46 18 27 9 100 promotion 10 90 0 10 0 100 Spatial 109 51 14 30 5 100 d m nagement 59 48 15 34 3 100 quitter domicile parents 18 50 6 33 11 100 migration 12 67 8 25 0 100 d but cohabitation 10 70 10 20 0 100 entr e en EMS 9 45 22 22 11 100 Sant 87 20 52 20 8 100 maladie accident 23 0 69 9 22 100 op ration 15 47 6 47 0 100 d clin graduel 15 0 80 7 13 100 Famille 77 71 5 16 8 100 naissance grossesse 38 90 0 5 5 100 mariage 13 76 8 8 8 100 divorce 13 47 15 23 15 100 Educati
137. s relatives au domaine spatial sont fr quentes dans tous les groupes mais le type de changement varie Nous avons l une bonne illustration du fait qu un m me v nement ici le d m nagement n a pas la m me finalit ni la m me signification aux diverses positions du parcours de vie Nombre de changements d crits par les 20 24 ans renvoient la dynamique de la transition entre la famille d origine et l ind pendance r sidentielle qui se mat rialise en allant habiter seul en collocation ou par les premiers essais de vie en couple Bien que le type de d m nagement ne soit 11 vrai dire comme le laisse entrevoir le Tableau 4 3 une r ponse concerne acquisition de nouvelles responsabilit s mais elle a t fournie par une femme de 63 ans 64 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS souvent pas sp cifi dans un cas sur quatre le fait d avoir quitt le foyer des parents est explicitement mentionn les emm nagements avec un partenaire repr sentent au moins 15 des changements spatiaux v cus par les plus jeunes Par ailleurs les d placements sont parfois associ s la trajectoire de formation notamment au choix d une cole sup rieure Les personnes g es de 35 39 ans qui pour la plupart vivent en couple signalent avant tout des changements de domicile Autour de la cinquantaine aux d m nagements des r pondants s ajoutent les sorties du nid des enfants voire l entr e en EMS d un des parents Chez
138. sations peuvent changer et la r valuation de certains v nements avoir lieu D autre part de nos jours les individus ont une vision plus ou moins claire de leur parcours de vie pour ce faire ils s appuient sans en tre n cessairement conscients sur un ensemble de repr sentations collectives propos de la mani re dont le d roulement de la vie est structur autour d une s quence d tapes et ponctu de transitions normatives D s lors dans une soci t donn e certains changements ont une importance particuli re certains sont valoris s d autres font l objet de tabous Le regard port sur un v nement d pend aussi du moment auquel il a lieu et de son timing par rapport aux normes d ge en vigueur Neugarten et al 1965 Un m me changement pourra donc tre per u autrement dans des contextes diff rents ne partageant pas le m me mod le de parcours de vie Que se passerait il si cette tude tait r p t e dans d autres pays C est une question laquelle nous pourrons bient t r pondre gr ce aux d veloppements impensables 118 CONCLUSION au moment de sa premi re conception qu a connu le programme de recherche CEVI Sous l impulsion de Christian Lalive d Epinay et grace ses contacts en Am rique latine l id e d tudier la perception des changements au cours de la vie a en effet t reprise d abord par des coll gues argentins ensuite mexicains cf Encadr 4 Au moment de l exten
139. se couper les cheveux ou d enlever un piercing des plans d avenir tels que J ai d cid de prendre en main ma pr paration pour la retraite F 1951 251 le renvoi de la jeune fille au pair qui implique une r organisation de la garde des enfants des r am nagements de l appartement ou l installation d un syst me d alarme tout comme suite une entr e en EMS la liquidation de l ancien logement H 1923 281 Le Tableau 4 2 indique pour chaque classe d age les cinq domaines de changement les plus fr quemment cit s Comme nous nous y attendions dans chaque groupe la hi rarchie obtenue est le reflet des r les typiquement endoss s et des enjeux associ s une position sp cifique du parcours de vie Un coup d il rapide aux diff rentes distributions nous permet d identifier trois mod les le domaine le plus r current dans les r ponses des jeunes de 20 24 ans est celui de l ducation 9 la vie des trentenaires et des quinquag naires est principalement structur e autour des trajectoires professionnelles et familiales enfin la sant est la cause principale de changements chez les retrait s La lecture de ce tableau met aussi en relief chez les plus g s une concentration des r ponses sur peu de domaines ce qui peut tre vu comme le signe d un r tr cissement du monde Tableau 4 2 Les domaines de changement les plus fr quents par classe d ge en colonne 20 24 ans 35 39 ans
140. sion de la recherche au niveau international deux volets suppl mentaires Encadr 4 L tude internationale CEVI Changements et v nements au cours de la vie Cambios y eventos en el curso de la vida Une tude internationale Argentine Mexique Suisse Structure organisationnelle Coordination internationale Prof Christian Lalive d pinay et M Stefano Cavalli Direction M Stefano Cavalli et Prof Christian Lalive d Epinay pour la Suisse Profs Liliana Gastron et Julieta Oddone pour 1 Argentine Prof Hugo Jos Su rez pour le Mexique Institutions impliqu es Universit de Gen ve Centre interfacultaire de g rontologie et D partement de sociologie Christian Lalive d Epinay Stefano Cavalli et Ga lle Aeby Universidad Nacional de Luj n Programa NEFERI Departamento de ciencias sociales Liliana Gastron Gloria Lynch et Debora Lacasa FLACSO Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales Buenos Aires Proyecto Envejecimiento y Sociedad Julieta Oddone El Colegio de Michoac n Zamora Centro de Estudios Rurales Hugo Jos Su rez CONCLUSION 119 sont venus compl ter l tude des changements au cours de la derni re ann e et ce afin d analyser l articulation entre les trajectoires de vie individuelles et les changements soci taux Une premi re question porte sur la perception des grands tournants dans la vie la seconde sur la perception des v nements et changements s
141. sique 0 0 0 0 1 Total 100 100 100 100 100 La distribution des changements selon leur source est significativement diff rente 122 53 p lt 001 dans les cinq groupes d ge 70 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS Comment interpr ter ces chiffres En premier lieu nos r sultats tayent l id e d j soutenue par Folkman et ses coll gues 1987 selon laquelle les changements signal s par les jeunes sont le plus souvent associ s aux r les qu ils assument tandis que ceux mentionn s par les retrait s sont davantage li s l ge pris ici comme marqueur du d veloppement biologique des individus En deuxi me lieu il semblerait que plus une personne est g e plus elle est confront e des changements subis plut t que choisis le vieillard doit diriger la plupart des ressources dont il dispose vers des m canismes de compensation et d adaptation des ph nom nes biologiques sur lesquels il semble avoir peu d emprise Soulignons n anmoins que beaucoup de changements issus d un choix personnel concernent le domaine professionnel r orientations de carri re par exemple et ne peuvent donc pas tre mentionn s par des retrait s 4 4 UNE CENTRATION SUR SOI ET LA FAMILLE PROCHE Dans cette section notre attention se tourne vers les acteurs mis en sc ne dans les diff rentes r ponses Pour chaque changement nous avons identifi la personne principalement concern e en distinguant entre
142. sse d ge cf Tableau 4 2 si ce n est que notamment parmi les retrait s le poids de la sant et des d c s se voit clairement r duit lorsqu on ne consid re que les changements positifs Tableau 5 5 Les gains les plus cit s dans chaque classe d ge en colonne 20 24 ans 35 39 ans 50 54 ans 65 69 ans 80 84 ans Domaine Domaine Domaine Domaine Domaine Education 21 Famille 25 Profession 34 Famille 25 Spatial 32 Spatial 15 Profession 24 Famille 12 Profession 19 Famille 25 Couple 13 Spatial 11 Self 12 Spatial 19 Sant 18 Activit s 12 Education 9 Activit s 12 Sant 13 Activit s 14 Profession 11 Couple 7 Education 8 Education 9 Self 4 Autres 28 Autres 24 Autres 22 Autres 15 Autres 7 Total 100 Total 100 Total 100 Total 100 Total 100 L EVALUATION DES CHANGEMENTS 109 Bien que leur part diminue d une classe d ge l autre les gains restent possibles au cours de la grande vieillesse Un sur trois concerne le domaine spatial Outre les entr es en EMS d j mentionn es des octog naires d m nagent dans des logements mieux adapt s leurs besoins ou afin de se rapprocher de leurs enfants D m nagement au dessous de l appartement du fils H 1922 456 D m nagement du Portugal en Suisse pour demeurer avec mes enfants et petits enfants H 1920 343 Parmi les changements positifs nous retrouvons aussi les v nements familiau
143. ste et toujours en cours KREEKRS Mes remerciements vont tout d abord a tous les tudiants chercheurs dont les noms sont rappel s ci dessous qui ont fr quent le s minaire Parcours de vie ges et g n rations pendant le semestre d hiver 2003 2004 et en particulier mes co auteurs qui m ont accompagn lors de la pr paration de cet ouvrage Cette publication n aurait pas pu voir le jour sans l apport de Christian Lalive d pinay Professeur honoraire au D partement de sociologie de l Universit de Gen ve Il nous a fait b n ficier de ses conseils avis s au long des diff rentes tapes du travail tout en me permettant de faire mon apprentissage la t te d une petite AVANT PROPOS 13 quipe de jeunes sociologues et de me confronter aux difficult s que cela implique Un grand merci Christian pour m avoir accord sa confiance Ma reconnaissance va galement au Professeur Franz Schultheis directeur du D partement de sociologie au moment de la r alisation de cette tude qui a accept d honorer ce travail d une pr face ainsi qu Mme Cornelia Hummel ma tre assistante au D partement de sociologie et responsable du cours Parcours de vie ge et g n rations auquel tait rattach mon s minaire pour son soutien dans ma d marche Ma gratitude enfin aux coll gues du Centre interfacultaire de g rontologie et du D partement de sociologie qui nous ont fait part de leurs remarques et
144. suggestions ainsi qu Gr goire M tral responsable informatique au Centre interfacultaire de g rontologie pour s tre charg de l dition de cet ouvrage Stefano Cavalli Gen ve octobre 2006 Participants au s minaire Parcours de vie ges et g n rations durant l ann e acad mique 2003 2004 GA LLE AEBY M LANIE BATTISTINI INGRID BEJARANO M LANIE BHEND CORINNE BORLOZ LUCIA BRANDULAS G RALDINE BUGNON MANOLO CANEDO SARAH CORRADI IVAN DE CARLO JO LLE DUPONT YANN EMERY YSALINE FAVRE ANTONIO FERNANDEZ ALINE FLURI CRISTINA FOJO SIMONE FREY JOHANNA FUCHS CHRISTINA GASSER YANN GRAND VANESSA HEGI AURORE KISS TATIANA KOKINA SIMONE K TTEL SANDRINE LAMIELLE MATTI LANGEL ILAN LEW WLADISLAS MARIAN NATHALIE MONTES NICOLAS M LLER MELANIE P TR MONT MARIA POPOVA NICOLE RODUIT RAPHA L ROMAN EMILIE ROSENSTEIN SASKIA SALZMANN H LO SE SCHIBLER NOEMI SOMMER SARAH VILPERT JEAN WILLEMIN INTRODUCTION Les parcours de vie individuels sont ponctu s de changements d importance variable Certains renvoient des transitions majeures institu es par la soci t et scandent les grandes tapes de l existence d autres ont un rayonnement plus circonscrit ils peuvent avoir un caract re normatif ou tre idiosyncrasiques d aucuns constituent des crises et ont des cons quences potentiellement n gatives sur la sant ou le bien tre d autres repr sentent des exp riences b
145. t plut t mauvais mauvais 131 Merci d avoir bien voulu r pondre notre questionnaire Pour toute question et renseignement vous pouvez contacter le responsable de cette tude Stefano Cavalli assistant D partement de sociologie 022 379 83 04 Universit de Gen ve stefano cavalli cig unige ch 40 boulevard du Pont d Arve 1211 Gen ve 4
146. t l acquisition de nouveaux r les voire m me l entr e dans une nouvelle tape du parcours de vie Viennent s ajouter les transformations d ordre professionnel d parts la retraite licenciements reprises du travail etc l ensemble des d m nagements et migrations les hospitalisations les mariages et les divorces les r ussites etles checs scolaires les hobbies etles voyages les modifications dans la situation financi re les transformations dans la vie relationnelle les agression et les vols l obtention du permis de conduire etc En ce qui concerne le couple le fait de tomber amoureux a t consid r comme un changement personnel tandis que l entr e en couple et les ruptures font partie des v nements socioculturels La cat gorie personnelle englobe galement les changements de travail et les engagements dans de nouveaux projets professionnels le bien tre et la sant psychique les choix d une cole et les r orientations scolaires tout ce qui a trait au d veloppement personnel les formulations de plans d avenir le fait d arr ter de fumer certains changements au sein du couple etc LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 69 La derni re ligne du Tableau 4 4 montre que la majorit des changements sont d origine socioculturelle 57 les cat gories personnelle et biologique regroupent chacune peu pr s un cinqui me des r ponses Rappelons que part un cas d incendie du logis aucun d sastre
147. tements objectifs Baltes et Baltes 1990 28 PARCOURS DE VIE ET CHANGEMENT UN TAT DE LA QUESTION Au niveau objectif nombre de psychologues ont par exemple mis en vidence une certaine h t rog n it dans l volution des diff rentes composantes de l intelligence cf Schaie 1994 1996 L intelligence dite fluide qui refl te les m canismes neurobiologiques d cline au cours de la vie adulte tandis que l intelligence cristallis e plus pragmatique et li e la culture telles que des connaissances professionnelles peut rester stable voire s am liorer jusqu tard dans la vie cf Baltes et al 1998 Dans le domaine de la sant il est attest qu au cours de la vieillesse le risque de pertes et de limitations augmente e g Jette 1996 Manton Stallard et Corder 1995 N anmoins comme le montrent galement les r sultats de SWILSOO des am liorations de la sant sont possibles jusque dans le grand ge Lalive d Epinay et al 2001 Au niveau subjectif Heckhausen Dixon et Baltes 1989 ont tudi la perception des gains et des pertes au cours de la vie adulte en soumettant trois groupes d individus jeunes adultes 20 36 ans middle age 40 55 ans personnes g es 60 85 ans une liste de 358 adjectifs couvrant un large ventail de caract ristiques sociales e g amical intellectuelles e g intelligent ou de la personnalit e g impulsif Pour chaque adjectif les r po
148. tes socioprofessionnelles associ es l appareil de production conomique e g Lalive d Epinay 1994 Le caract re de la stratification selon l ge Riley Foner et Waring 1988 Riley Johnson et Foner 1972 varie dans le temps et l espace Les strates d ge sont le produit de l interaction entre les changements dans la soci t qui par exemple modifient les r les li s l ge le processus de vieillissement et le flux des cohortes Dans le syst me actuel de stratification selon l ge certaines phases de l existence se pr sentent comme plus propices la survenue d v nements que d autres et cela peut d pendre soit de la position occup e dans le parcours de vie soit du fait que nous comparons des cohortes diff rentes avec une structure par exemple en terme de statut et de niveau d ducation et une trajectoire singuli res L entr e dans la vie adulte se pr sente donc comme une p riode de grandes transformations Cela dit retenons que la tendance des jeunes mentionner plus de changements mise en vidence par nos donn es pourrait r sulter en partie de la surrepr sentation des universitaires l analyse multivari e a en effet permis de d tecter une relation entre le niveau d ducation et la fr quence de changements Un raisonnement analogue peut tre fait par rapport la grande vieillesse sachant que dans l ensemble nos interview s sont en plus mauvaise sant que les genevois du m me
149. tiques g n rales la jeunesse les aspects positifs prennent nettement le dessus comme le montre la Figure 3 2 aucun trait ind sirable n a t associ l ge de 20 ans En revanche et c est ce titre que notre recherche nous semble int ressante lorsque la personne doit valuer son propre v cu merge une r alit plus complexe dans notre tude en effet la part de pertes atteint 14 chez les 20 24 ans Nous verrons dans la prochaine section de quels changements il s agit Si jeunesse ne rime pas avec gains uniquement la vieillesse quant elle n est pas constitu e que des pertes loin de l Que ce soit dans 100 L EVALUATION DES CHANGEMENTS l tude Heckhausen et al 1989 ou dans la n tre l approche des 80 ans de nombreux changements demeurent positifs Nos r sultats pr sent s dans le Tableau 5 2 renforcent cette affirmation Si le pourcentage de personnes ayant mentionn au moins un gain au cours de la derni re ann e d cline d une classe d ge l autre la part de r pondants signalant une ou plusieurs pertes reste stable dans les quatre premiers groupes et ne conna t qu un accroissement dans le grand ge Plus surprenant encore le constat que en d pit des images n gatives volontiers associ es la vieillesse seul un octog naire sur quatre 28 estime avoir v cu une perte importante dans sa vie durant la derni re ann e Un chiffre qui tonne surtout s il est rap
150. tout confront es aux changements de sant 26 pour les 65 69 ans 41 au del de 80 ans de m me plus une personne s engage dans le grand ge plus elle doit faire face la perte de ses proches peu peu l entourage du vieillard se peuple d autant de d funts que de vivants cf Cavalli Lalive d Epinay et Spini 2001 Les changements dans la vie sont g n ralement consid r s de fa on positive durant la jeunesse mais sont de plus en plus associ s un sentiment de perte mesure de l avance en ge m me si des b n fices restent possibles jusque dans la grande vieillesse Le sch ma retra ant la r partition des gains et des pertes au cours de la vie ainsi obtenu ressemble fortement celui bien connu de Heckhausen et al 1989 et ce nonobstant les diff rences quant la d marche suivie Si la th orie des psychologues d veloppementalistes a t tay e par l analyse de l volution du fonctionnement biologique et psychologique des individus nos donn es la confirment partir d un autre clairage celui de la perception qu a l individu de sa propre vie et de ses discontinuit s Nous dirions m me que notre approche permet de mieux saisir la richesse de la dialectique entre les gains et les pertes au fil du parcours de vie Nous avons aussi accord une attention particuli re ces changements sp cialement nombreux autour de la cinquantaine qui d apr s les int ress s auraient entra n
151. ulation H 1950 493 Un tat de sant d faillant peut avoir un impact sur la trajectoire professionnelle au point m me de mettre un terme la vie active comme le t moigne une des interview es qui en raison d une fibromyalgie persistante se voit oblig e abandonner son m tier d enseignante qu elle adore pour entrer PAI F 1949 464 Concluons cette partie avec un dernier exemple de r ponse o sont d crits la fois un changement et les cons quences de celui ci pour l individu J ai re u un chien cela m oblige le sortir donc marcher ce qui est bon pour mon tat physique H 1938 376 Dans chaque groupe d ge entre 3 et 8 des changements recens s sont des cons quences directes d autres changements mentionn s les jeunes ont tendance consid rer avant tout les impacts sur leur 76 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS d veloppement personnel tandis que les plus g s signalent surtout des cons quences sur les relations familiales et la sant Int ressons nous maintenant la distribution des changements aux diff rents ges de la vie selon qu ils soient li s un v nement pr cis ou qu ils aient un caract re graduel Pour ce faire dans la suite des analyses nous allons carter les 35 cons quences d un changement Le Tableau 4 9 montre que dans toutes les classes d ge la grande majorit des changements sont associ s des v nements pr cis La part de changeme
152. un processus extr mement important plein de questions et d inqui tudes mais tellement positif en tenant compte des r sultats constat s H 1950 250 LA CAT GORISATION DES CHANGEMENTS 67 4 3 LES SOURCES PRINCIPALES DE CHANGEMENT Apr s nous tre int ress s aux domaines de vie affect s nous avons class les changements selon leur origine Sur la base des travaux de Brim et Ryff 1980 ainsi que de Reese et Smyer 1983 nous avons distingu quatre sources principales biologique socioculturelle personnelle et physique cf Tableau 4 4 Le classement nous a pos un certain nombre de problemes en partie dus au fait que parfois plusieurs sources agissent simultan ment et qu il existe des diff rences selon les auteurs dans les taxonomies Dans la cat gorie biologique nous avons inclus les grossesses et les naissances les d c s ainsi que la plupart des changements de sant vrai dire nous aurions pu consid rer certains naissances et d c s comme des changements socioculturels dans la mesure o des personnes mettent en avant l acquisition de nouveaux statuts que ces v nements impliquent Je suis devenu pere H 1966 103 Devenue grand maman F 1949 244 Devenu veuf H 1919 93 Tableau 4 4 D finition des sources de changement n et en ligne Source Domaine Biologique Socioculturelle Personnelle Physique Profession 55 57 Spatial 114 Sant 6
153. urs de vie et changement un tat de la question 1 1 Transitions v nements et turning points 1 2 L volution des changements au cours de la vie 1 3 Gains et pertes au cours de la vie Pr sentation de l tude 2 1 Les questions de recherche 2 2 La r colte des donn es 2 3 Les caract ristiques de l chantillon La fr quence des changements per us 3 1 L entr e dans la vie adulte comme p riode de grandes transformations 3 2 Fr quence des changements et caract ristiques des r pondants 21 22 24 26 31 33 40 46 48 La cat gorisation des changements 53 4 1 Les crit res de classification 53 4 2 Les domaines de vie affect s 57 4 3 Les sources principales de changement 67 4 4 Une centration sur soi et la famille proche 70 4 5 La plupart des changements sont associ s un v nement 73 4 6 Hommes et femmes mentionnent peu pr s les m mes changements 79 L valuation des changements 87 5 1 La distribution des gains et des pertes au cours de la vie 88 5 2 Des gains au cours de la vieillesse des pertes l entr e de la vie adulte 95 5 3 Quand le d c s d un proche n est pas qu une perte 101 CONCIIBION nina ruse ne ae 113 ROTOTENCES Li ir i tmiesdiin metiacessd e ees 121 Franz Schultheis D partement de sociologie Universit de Gen ve PR FACE LES GES DE LA VIE MODE D EMPLOI Dans un texte classiqu
154. x tels les mariages et les naissances qui assurent la continuit du lignage ou des anniversaires particuli rement significatifs Mes soixante ans de mariage F 1920 417 Si la sant dans le grand ge est surtout cause d inqui tudes et de pertes des am liorations ne sont pas totalement exclues L exemple qui revient le plus souvent dans nos r ponses est repr sent par les op rations la cataracte Terminons par quelques exemples de gains dans le domaine des activit s de loisir le changement rev t parfois un caract re exceptionnel J ai saut au parapente pour la premiere fois F 1920 236 ou peut venir compenser d autres renoncements comme dans le cas de cette femme qui dit faire plus de bricolage de lecture et d criture depuis que l aggravation de son tat de sant lui interdit quasi toute activit l ext rieur F 1921 519 Nous avons galement tudi si d autres caract ristiques des r pondants en plus de leur ge influencent la mani re d valuer les changements Des analyses de r gression logistique non reproduites ici mettent en vidence que les personnes en mauvaise sant mentionnent cinq fois moins de gains RR 0 19 p lt 001 et trois fois plus de pertes RR 3 31 p lt 001 que celles qui s estiment en bonne sant Les sans emploi RR 6 07 p lt 001 et les retrait s RR 5 11 p 054 courent beaucoup plus de risques de subir des changements n gatifs qu

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