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1. A propos de Broomhead Il s amusait traire une vache sur te plateau c tait vraiment caricatural Mats l 11 a aussi le probl me des publics La deuxi me mission Desgraupes peut tre qu elle nous satis fait nous et qu on se sent plus l aise mats sans doute pas mal de personnes ont besoin de cette dimension de spectacle pour ne pas passer une autre cha ne La fictionnalisation de l espace mondain n est pas aux yeux de ces sujets incompatible avec la science Mon oncle d Am rique d Alain Resnais a t donn comme exem ple d une bonne vulgarisation Si le scientifique lui m me ne sait pas communiquer il est pr f rable de mettre un acteur sa place plut t que d avoir recours au journaliste communicateur Dans l imaginaire de ces sujets on le voit la notion de spectacle et de per formance permettant d accrocher le destinataire ren voie la di g se de la fiction cin matographique plut t qu a la mise en spectacle de l espace charni re le journaliste n est pas une bonne incarnation du p dagogue 167 Sauf dans le cadre de l information on sent ici le poids des genres t l visuels Francois de Closets est tr s appr ci Mais d une part il est clair qu il reprend le plus souvent les armes du p dagogue tradi tionnel sch mas tableaux croquis Sans mise en spec tacle de l espace du plateau Et d autre part la r ser ve a t explicite cela se passe dans le ca
2. leur tour r utilisent l information pour pater leur entourage pour orienter la scolarit de leurs enfants pour se faire soigner etc A chaque tape de ce processus ici fortement id alis la d couverte se voit exprim e dans un langage diff rent puisqu adress e des publics qui en feront chaque fois une consommation sp cifique ainsi le savant lecteur de SCIENCE utilisera peut tre l article comme base de travaux ou comme mode d emploi pour refaire les exp rimentations conduisant aux r sultats affich s le lecteur de ZA RECHERCHE souvent p dagogue en fera la mati re de ses cours celui du MONDE ou de SCIENCE ET VIE du capital culturel 1 Mais le r cepteur des spectacles scientifiques la t l vision 2 1 Selon l hypoth se de Luc Boltanski 1974 11 Se trouvent maintenant pos es les questions auxquelles notre analyse voudrait apporter des r ponses en quel langage la science est elle parl e lorsque la t l vi sion s en empare Quelle r ception lui est r serv e l autre bout de la cha ne par les t lespectateurs du d but de soir e En r solvant ces probl mes 1 tu de accomplira la premi re des deux t ches que nous lui avons d volues tre une contribution critique au cou rant d tudes sur la vulgarisation scientifique par la construction du mod le qui organise et produit un ensemble historiquement dat d missions t l vis es Mais au
3. quent constater que nos spectateurs en retrait se caract risent par un capital culturel plus lev que les types pr c dents et surtout qu ils sont en majorit des individus dont le capital culturel acquis est en d calage par rapport celui de leurs parents Dans certains cas le mouvement ascendant est accentu par le mariage Exem ples typiques de cette distance entre la position de d part celle des parents et la position d arriv e cel le des interview s sont Cf chantillon en Annexe N 1 architecte fils de parents piciers mari au N 2 N 6 fils d ouvrier devenu repr sentant chez un grand diteur parisien N 3 architecte fils de commer ant N 22 formateur et animateur de stages dans le domaine de la s curit du travail fils d ouvrier ma on mari un professeur de math matiques Tous ces individus sont des spectateurs en retrait typiques Nous nous trouvons face des sujets qui tout en tant trangers au domaine de la science fondamentale sont particuli rement sensibles l importance du capital culturel acquis et plus en g n ral la valeur sociale de la culture Ce qui permettrait d expliquer leur posi tion de lecture 159 160 Ce genre de consid rations reste dans le cadre de cette tude du domaine des hypoth ses Mais il indique le chemin suivre pour passer des r gles de la reconnais Sance aux conditions sociales de la reconnaissance
4. 1 uodsew J2LJANO 591 19 xneAeJj JNn2LU9BUT 1900109 31 21Le3L1LW 443 u8t21432213 521 19 enbueq ap 5 Jno3eJ029q 443 9 qeiduoo juaby NOISS310 d syJeW sjuejus 2 W 1 2 3 np a Lunses augLBAY una ewu04 Sjuejua 2 9491S LULW am enbruu283 J31 L9su0 27 uol 1596 szuejus 2 W LY 403 931 11 9 3 dwo2 3295 op jay juejua W QUUALILUYIAL JLEJLSJ ALUN 34103e40q87 USLtoLuyaoa alec QuaL 2 AJes 443 1ueBy 3M3IA9U3lNI IVIIWVS 34 NOTLVALIS 189 aJLeu UOLSLALP J1N3 043U09 oyedLoiunu uot3s26 JnawweuBoud aisKjeuy 1LeJ394 Ua una73e3093ds uoLssajoud sues S e AOLpne Jnoa3esr eoay side xneag 9 qeiduoo 911e8191499S 31eJ439J Ua 2905 9J9LUJLJUT y M 93184994 8e125J4euuo5 Jno35eJLqQ uoirssajoJd sues auus Loeueud SNDLWLYI atJ3snput N M N M 921413131 3541 35143Lew ap anbiiewsojuL a3s euy 161020 2 auLsn 3940 00 t aLBunuppLs 955212 UON uOLSSajoud sues 33H 4nerueBu 9 SLJeuJnof sjuejua W NOILVINIIANOI NOISS3130Yd 30d NOIIVNIIS M UaWA OSL 1 e o2ueisip ej aq oBeuau ouuej On Jr e N N
5. voil de la chou Croute la limite il vaut mieux ne pas faire de vulgarisation que faire ca du Broomhead ou du Bogdanov C est pr sent avec une telle quantit d ob jets autour de lui qu on sait plus s il parle de la Gretchen ou des enaymes Ces deux pseudo savant qu baratinent comme s ils prenatent sur eux tout ga ators que finalement ils ne connaissent pas grand chose Deux exceptions une pour chacune des formules Une opi nion propos des fr res Bogdanov a t franchement positive le sujet a reconnu que l mission tait vi vante et que sur le plan visuel on rentrait dans l mission En ce qui concerne Broomhead l exception a t un jugement plus nuanc que ceux que nous venons de citer Quand a marche bien son animation permet la fois d expliquer de renforcer la compr hension de ce qui a t dit ou de pr parer ce qu on va entendre Quand ca fonctionne c est int ressant Cect dit 11 s est plant plus souvent qu il n a r ussi sur des sujets qu il connaissait peut tre mieux que d autres il y arrivait Sur d autres a sombratt vraiment dans le grotesque M me le troisi me homme effac le journaliste enqu teur peut tre lui m me pris comme cible lorsqu il appara t dans les autres missions test es A propos de l mission de Lalou Barr re A un moment il nous montre te noyau de la cellule 11 cite deux ou trois trucs qui s
6. 41 FIGURE 6 ENQUETEUR Au grand r cit de la science tel qu on nous le donne voir dans le monde r el il faut maintenant ajouter que ces missions en superposent g n ralement un second savoir celui d velopp pendant la dur e m me de l mission de la qu te par le journaliste des secrets enferm s dans les laboratoires et les cerveaux de la science Le spectacle scientifique adopte en effet toujours plus ou moins la forme de l exploration intellectuelle parfois m me suspens dans la grande tradition du r cit d ductif Habituel lement la recherche commence telle un vrai conte par l expos d un manque initial pr t au r cepteur qui devient ainsi le b n ficiaire d sign de la recherche d information Mais que sont ces fausses biotechnologies 2 Les codes de la vie Mais qu est ce que c est qu une cellule La r volution cellulaire L objet de la qu te une fois pos produire une repr sentation intelligible de tel aspect du savoir l enqu teur se met au travail En d pit de quelques preuves de passag res incompr hensions vite surmont es le processus d lucidation et de d chiffrage de l obscur objet scientifique se poursuit grand train La fin de la qu te exploratoire co n cide avec l puisement du sujet c est lorsqu on a fait le tour du probl me c est dire dans le cas d ENQUETE PUBLIQUE la bien nomm e le tour du plateau c est lorsque le travail de repr
7. JACOBI Daniel 1983 Diffusion vulgarisation et popularisation des connaissances scientifiques Education permanente 68 pp 109 126 JAMES Francis BRUSINI Herv 1984 Comment on t l vise la science Education et soci t 5 pp 174 176 JOST Fran ois 1983 Narration s en de et au dela Communications 38 pp 192 212 JURDANT Baudoin 1969 Vulgarisation scientifique et id ologie Communications 14 pp 150 161 KRISTEVA J 1969 EnMmEiwriyn Recherches pour une S manalyse Paris Seuil KUHN T S 1983 La structure des r volutions scien tifiques Paris Flammarion LATOUR B et FABBRI P 1977 La rh torique de la science pouvoir et devoir dans un article de scien ce exacte Actes de la recherche en sciences so ciales no 13 pp 81 95 LATOUR B et WOOLGERS S 1979 Laboratory life the social construction of scientific facts Sage Los Angeles LATOUR B 1981 Le chercheur est aussi un n gocia teur rus Economie et humanisme 262 pp 13 17 178 179 LE GUERIN Michel 1977 L ethos dans la rh torique fran aise de l ge classique in Srat gies discur Sives Actes du Colloque du Centre de recherches linguistiques et s miologiques de Lyon 20 22 mai Lyon Presses universitaires de Lyon pp 281 287 LYOTARD Jean Fran ois 1979 La condition post moderne Paris Minuit MENDEL 1980 Les manipulations g n tiques Paris Seuil METZ Christ
8. PUBLICATIONS DU SERVICE DES ETUDES ET RECHERCHES EN VENTE A LA DOCUMENTATION FRANCAISE D veloppement culturel Livres et articles parus en 1982 R pertoire bibliographique D veloppement culturel Livres et articles parus en 1983 R pertoire bibliographique D veloppement culturel Livres et articles parus en 1984 R pertoire bibliographique Les D penses culturelles des villes fran aises en 1978 Guide m thodologique Les D penses culturelles des villes fran aises en 1981 Tomes 1 et 2 Le jeu du catalogue Les contraintes de l action culturelle dans les villes 1984 L conomie du spectacle vivant et l audiovisuel Colloque international Nice 15 16 octobre 1964 Annuaire statistique de la culture Fascicule Industries de la culture 1985 L conomie du domaine musical 1985 Les Jeunes travailleurs et la lecture 1984 Les Artistes Essai de morphologie sociale 1985 60 F 85 F 90 F 80 F 120 F le tome 90 F 90 F 80 F 140 F 85 F 60 F Reproduction d apr s documents fournis Impression DF Achev d imprimer f vrier 1986
9. a terre Al y a 3 milliards et dem d ann es environ je vous propose de naire un bond formidable vers Le pass et n oubliez surtout pas que nous sommes tous issus d un premier signe de vie un signe de vie infime au fond des oc ans des premiers hommes Les dinosaures ont bel et bien disparu et aujourd hui on ignore tou jours quelles sont Les causes exactes de cette disparition Mais ce que L on sait en revanche c est que Les dinosaures constituacent une forme de vie tonnam ment peu adapt e L environnement Regardez ce dim tredon c est un dino saure qui est encore b b mais adulte AL p se quetques dizaines de tonnes 44 tait Long de 10 12 m IMAGE Plan fixe sur Laurent Broomhead devant un grand cran de cin ma sur lequel d filent des images Le zoom arri re commence par un gros plan sur deux personnes couch es dans l herbe Puis la cam ra s l ve la verticale d un mouve ment continu Sur l cran s inscri vent les distances par courues 10 matres 104 1024 10 millions d ann es lumi re La cam ra se prom ne dans l espace interga lactique zoom avant jusqu au systeme solaire Musique planante Plan du plateau avec l un des fr res son pupitre Plan du plateau et de l cran l arri re plan Sur celui ci l un des fr res est projet Il est dans un d cor pr histori que en compag
10. 2 Moles et Oulif 1967 3 Habermas 1973 Jurdant 1969 Roqueplo 1974 Montureux 1982 92 mod le constate dans le langage de la vulgarisation une pseudo partt certes ce langage a une allure scientifique et une forme qui donne le change mais son contenu est fantaisiste erron impr cis en bref il offre une mati re cent lieues de la scien ce La conclusion en est que la vulgarisation fournit une culture en simili Maldidier qu elle rev t la science d un habit spectaculaire Roqueplo pour mieux instaurer un mythe de la scientificit Jur dant afin de servir une techno structure d sireuse des fins de stabilit politique d emp cher tout partage du savoir qui serait simultan ment v ritable et g n ralis Roqueplo 1981 p 16 Ces deux conceptions n avaient pas lu pour objet la vulgarisation t l vis e L eussent elles fait elles auraient peut tre d couvert une toute autre musique obligeant constater que ce n est pas la parit r elle ou simul e mais bien la rupture r elle et affich e qui caract rise les relations entre la science et sa vulgarisation t l visuelle Elles auraient en effet rencontr deux discours aux antipodes l un de l autre loign s de toute la distance qui s pare la science de la culture le discours abstrait du verbiage imag de la pratique quotidienne la d monstration rigoureuse et impeccable de la distraction et du div
11. L ODYSSEE DU FUTUR La biologie le lundi 13 septembre 1982 sur TF 1 20h35 Igor Barr re et Etienne Lalou SANTE La r volution cellulaire sur TF 1 20h35 le 17 janvier 1983 Laurent Broomhead PLANETE BLEUE Les codes de la vie le jeudi 3 mars 1983 20h35 sur A 2 Laurent Broomhead Enqu te publique Le Sida en octobre 1983 sur A 2 20h35 Andr Campana VENDREDI Le Sida fl au du si cle le 14 octobre 1983 sur F R 3 20h35 Michel Treguer SAGA Apis Mellifica le 8 novembre 1983 sur TF 1 2 LE CAS DE LA BIOLOGIE Nous avons recouru pour d finir notre corpus un principe de composition th matique tudier toutes les missions des derni res ann es traitant de la biologie Pourquoi cette science plut t qu une au tre Plusieurs raisons militent en sa faveur D abord elle a atteint en particulier dans la th o rie g n tique un point de sophistication suffisant pour tre comme la physique radicalement impr sen table en une heure de temps sur le petit cran D j 20 int ressant en lui m me le probl me ainsi pos le devient encore plus observer que les objets d tude de cette science que l on veut t l viser savoir la cha ne d ADN les g nes l ARN les prot ines etc sont absolument invisibles et donc in montra bles m me au microscope de m me que sont totalement incompr hensibles aux non biologistes les indices qui r v lent ces objet
12. comme une sorte de m ta information en quelque sorte une publicit dont le but serait de conduire l information v ritable Par suite si l on veut bien consid rer l tat actuel du jeu des rapports de force entre les journalistes scientifiques de la t l vision et les chercheur du champ scientifique si de plus on veut bien tenir compte de la logique interne de la machine mass m diatique et des imp ratifs que l audience fait peser sur elle si en fin on pr te attention au fonctionnalisme des vulga risateurs pour lesquels chaque m dia h rite d un r le sp cifique dans une cha ne globale de divulgation dis tribution dans laquelle la t l vision joue le r le d in troductrice si l on veut bien tenir compte de tous ces param tres on sortira peut tre renforc dans l id e que la sp cificit du langage t l visuel qui en r sulte n est pas superficielle mais tout fait fondamentale Ce serait d s lors lourdement se tromper que de vouloir valuer le divertissement scientifique face au dis cours savant par r f rence une quelconque parit des langages S il fallait produire une th orie unifi e de cette forme de divulgation scientifique il ne pour rait s agir ni d un mod le g n ral de la traduction ni d un mod le de la trahison mais d un mod le de la construction rendant acte la t l vision d laborer partir d un discours scientifique origine un produit radicalemen
13. dans la certitude enfin qu en biologie ce qu on sait c est qu on ne sait rien les savants se pr sentent dans leurs textes de mani re plus souvent d fensive qu ambitieuse ils pr f rent l hypoth se l affirmation et le ton probl matique aux modalit s assertoriques et apodictiques 1 Mais lorsque viennent les cam ras de la t l vision comme sous l action d un philtre ce langage pr cautionneux s inverse en discours d importance 2 Les titres des missions nous y pr parent L histoire de la vie La place de l homme dans l univers Les codes de la vie La r volution cellulaire ne sont pas de minces sujets Mais sous ces chapeaux prestigieux derri re ces promesses magistrales que l on n attende pas des chercheurs eux m mes des d veloppements hypoth tiques sur les microscopiques recherches qui font le socle de la g n tique contemporaine Savants et professeurs nous produisent plut t des assertions universelles quitte les gonfler quelque peu untel expose la composition interne de l ADN l autre les modes d cri ture de la vie celui ci promet sous peu la maitrise du vivant tel autre affirme pouvoir facilement d couper un g ne etc Certes par ailleurs on maintient les restrictions d usage Mais pr cis ment par ailleurs NB Certains savants et journalistes s obligent toutefois un jeu diff rent ainsi Jacques Monod r pondant d un les scientifiques ne r vent pas une propositi
14. lons une figure et c est donc cela que nous tudierons Pour anouter quelques touches la peinture qui vient d tre esquiss e on insistera sur le fait que les figures sont des formes int rieures aux missions au coeur m me de leur signification au centre du message qu elles d livrent dont elles participent troitement la structure et la substance et non pas son univers ext rieur de d termination n tant ni des 1 Roland Barthes 1977 7 10 24 causes ni des origines ni des sources ni des moti vations A cela il faut ajouter que les figures sont des types au sens oti ce terme s oppose dans la philosophie analytique celui d occurrence ou to ken c est dire qu elles sont par rapport aux images et aux signes dans lesquels elles s illustrent l cran dans la position d un mod le par rapport son ex cution Les figures sont ainsi exprim es par et dans la mati re audiovisuelle mais elles ne sont pas cette mati re elle m me A cause de cette relative ind pendance vis a vis des marques ou des signes qui les illus trent les figures sont susceptibles de s investir dans tout un ventail de formes mat rielles diff rentes 4 DIFFERENCE ET REPETITION Quel proc d va t on adopter pour identifier les figu res et leurs marques On conviendra peut tre qu il y a mati re distinction entre la proc dure de d couverte phase de la recherche n obligeant aucu
15. mission me semble globalement mieux ona l impression d une progression plus soutenue La mise en sc ne de l espace charni re en revanche et son occupant naturel le journaliste nonciateur sont fortement rejet s A propos des Bogdanov Je me suis demand e pour qui c tait l mission Est ce que c tait pour les enfants Je ne m explique vraiment pas pourquoi ils se sont d guis s et qu est ce que cette esp ce de bulle o ils se sont mis Alors l pour le coup iis prenaient les gens pour des d biles Ca m a fait penser des missions que notre fille qui a neuf ans et demi trouverait d biles Leurs tentatives de communiquer avec les auditeurs en s adressant eux en ayant une certaine pr sence physique une mani re de se d placer pour vous a ne marche pas C est compl tement simpliste A propos de Broomhead Il faisait beaucoup de mise en sc ne 11 essayait toujours de faire r aliser un certain nombre d exp rien ces en d crivant correctement te mat riel dont on se servait En m me temps 11 y avait tout un c t carton p te IlL passait d un plateau l autre toujours dans le but de faire un petit peu vivre ces missions r barbatives sur des sujets scientifiques L id e n tait pas mal mais c tait artifi ciel et tes justifications pour changer de sujet c tait trop factice il y avait trop te c t spectacle par rapport ta d marche scientifique
16. son capital culturel tel qu il le per oit S agissant d une description de ph nom nes de discours associ s aux lec tures de la vulgarisation c est de cette perception qu il sera question lorsque nous parlerons de capital culturel Nous l avons d j dit une mission de vulga risation risque de mobiliser d activer la question du rapport du sujet sa propre ignorance ne serait ce que du fait que pour le t l spectateur qui n a aucun lien avec l univers de la science l mission met en sc ne des personnages poss dant un savoir bien plus important que le sien C est toujours la perception d une diff rence qui affecte l image de soi Cette diff rence peut tre v cue sur le mode d un d ca lage consid r naturel ou tout au moins explicable ou bien sur le mode d un manque d un handicap qui induit le ressentiment Le ressentiment son tour pourra tre 116 projet sur la soci t le contexte les circonstances de vie ou bien retourn sur soi m me sous la forme d un sentiment de culpabilit Le rapport a la propre ignoran ce est on le voit un noeud complexe et potentiellement conflictuel que toute vulgarisation scientifique est susceptible de r activer Lorsque conflit il y a les fa ons de le r soudre ne sont pas sans rapports avec la conception que le sujet se fait des fronti res de la science et de la plus ou moins grande accessibilit de cette derni re conception qui d termine bien
17. une cha ne qui d passe Les individus Laurent Broomhead PLANETE BLEUE LES CODES DE LA VIE Tout ca je vous Le disais gr ce un monsieur qu s appelle Pasteur Un des plus grands scientifiques fran ais reconnus Qu est ce qu il a kait Pasteur 7 IL s est int ress tout simplement aux micro organismes AL ne croyait pas La g n ration spontan e C est lui qu mis au point a pasteurtsation pour e vin gr ce au contr le des C est fui gale ment qui Lravaill sur Les vaccins c est pour a qu il est devenu Le plus connu et avec en particulier a solution au prob me de La maladie du charbon et enfin Pasteur un jour sauvact un petit enfant de 9 ans de nage C tait tres important Pasteur tait tr s contest pendant Longtemps et puts tout au Long de sa vie il eut beaucoup de dif xcult s 16 a vaincu et c est fui qui est L origine d une centaine mani re non seulement des applications m dicales mais plus g n ralement de toute cette industrie de La fermentation 32 La cam ra suit un person nage en costume d poque qui volue dans un monas tere Il se r v lera tre Gr gor Mendel Plan de Laurent Broomhead parlant depuis le bureau de Pasteur reconstitu sur le plateau de Plan te Bleue armoires bocaux livres reli s tons de bois et de cuir Un poster du savant est accroch au mur 33 FIGURE 2 PERSONNES S il fallait d finir en la caric
18. une d couverte et qu il y att sott une histoire soit une dramatisation en images qui donne au publie ce qu il attend de la t l vision ce que j appelle un l ment de divertis sement St l on veut faire de l information scientifique tl faut sans arr t jouer sur l excita tion intellectuelle et sur la dramatisation par L image et par l histoire PERSONNES Figure Incarnation et concentration de la science dans les personnages de quelques savants sur lesquels on met l accent Etienne Lalou et Iaor Barr re Il faut personnaliser la t l vision St on entre dans un Laboratoire en disant simplement dans ce labora totre on fait cect on fait cela on r alise un documentaire Et l on fait quelque chose qui tant donn le rythme d attention du spectateur et sa sensibilit va Lut passer c t Il faut personnaliser Il faut accrocher d une mant re ou d une autre Et la matt re humaine est presque toujours la meilleure Ce qui marche c est d abord l authenticit Le type qui ne fait pas de discours qui ne fait pas de politique mats qu raconte les choses comme elles sont qu dit ses ch os ses succ s ses t tonnements tl va passer mer veilleusement C est vraiment cela que la television r ussit promouvoir Une des plus belles misstons que j ate jamais vue c est celle dans laquelle Desgraupes interviewatt Oppenheimer IL faut dire qu il y avait un 62 contenu huma
19. Ca vee parton de a mati re min rale comme cela est arrive sur notte plan te C y a plus de 3 m liards d ann es 7 En 1828 un chimiste allemand Wahler rtalas a premi re synth se antificielle de L un e depuis fa chimie organique a fait des progr s de g ant En 1953 un jeune chimiste anrecam Stanley Midler franchit un pas d cisif Igor et Grischka Bodganoff 2002 Eh bien a main un petit peu tremblante Miller va pr lever quelques gouttes du pr cieux r sidu et va proc der ses ana use Et L bien qu it s attende au r sultat sa stupt faction est tout de m me immense Car l int rieur du fameux pr cipit AL note pr sence de glycines d alamines en bres d acides amin s On en 1831 un navire quitte L Angleterre pour un Long voyage de 5 ans autour du monde Et Ta Theorie de Lamarck ne survivaa pas ce voyage Ce navire s appelle Beagle et son bord se trouve un jeune naturaliste anglais nomm Charles Darwin On voit souvent ce naturaliste entre deux escales plonger dans a Lecture des oeuvres de Malthus I en retiendra que a progression des populations se produit de telle sorte qu une grande partie des individus sont ELimin s La cam ra explore une gravure repr sentant un alchimiste dans son laboratoire Portrait dessin de Wohler Plan de laboratoire et de savants au travail Visuel du dispositif de Miller en fonctionnement Plan g n ra
20. LE BENEFICIAIRE PERTURBE OU LE DESIR D UNE SCIENCE INACCESSIBLE 1 Un dilemme de la l gitimit 2 Le besoin de sym trisation CHAPITRE IV L EXCLU O LA PROPHETIE AUTO REALISANTE DE L ISOLEMENT CULTUREL 99 101 103 106 109 111 113 114 116 118 119 121 122 124 126 129 131 134 139 CHAPITRE V LE SPECTATEUR EN RETRAIT OU LA STRATEGIE DE LA DISTINCTION 1 Complexit et sp cificit du savoir acquis 2 Sym trisation et image de soi 3 Ni b n ficiaire ni spectateur 4 Ni circulateur ni focalisateur ni communicateur 5 Une affaire de ton 6 propos des trajectoires CHAPITRE VI LE BENEFICIAIRE EN RETRAIT OU LE REFUS DU CONTACT 1 Un lien p dagogique traditionnel 2 L attente d un spectacle distanc CONCLUSION R f rences ANNEXE I NOTE SUR CINQ CAS NON CLASSES ET UN DISCOURS META ANNEXE II ECHANTILLON DETAILLE 143 145 147 150 153 157 159 161 163 166 169 177 181 185 INTRODUCTION Le mercredi 6 janvier 1981 pour la premi re fois dans l histoire de la t l vision fran aise la science fai sait son apparition sur les crans tr s convoit s du d but de soir e aux heures de plus grande coute L mission s appelait PLANETE BLEUE spectacle scientifi que mensuel offert par Laurent Broomhead Objectif Envoyer sur l antenne 20 h 35 la gueule d une mol cule Cela fera un choc aux t lespectateurs 1 Ce qui se
21. Platon Arcstotc Alors Arcstote est ick avec nous Aristote que voyez vcus dans Le ciel au si cic avant J sus Christ 7 Arisicte Avant tout la permanence et La stabilit L ENQUETEUR VERSION DETECTIVE Le journaliste se rend aux laboratoires de neuro biologie sensorielle de l insecte Bures sur Yvette CNRS INRA pour y enqu ter sur des exp riences concernant les abeilles Je devais pr venir de mon arriv e d s que je sergia a gare 164 v endratent imm diatement me chercher On m avait andiqu ce laboratoire devant mor int r t r p t pour Les recherches sur Le cerveau Cetic 4044 AL ne s agissait pas du cerveau humain mis de celui de L abertle Suit un fragment d mission sur le m me ton narratif Homodi g tique pour tre pr cis 40 La cam ra accompagne Mendel jou en cos tume dans son monas tere puis entre avec lui dans son bureau Le journaliste reste off et entame le dialoque avec le moine in tan fixe de Laurent Broomheac devant un immense cran sur lequel est projet un personnage en costume d poque Aristote Qui se met r pondre Musique d ambiance ou de film au piano seul Plans successifs d un train arrivant vers l objectif d un voya geur montant en voiture d une main faisant un num ro sur un cadran de t l phone une cabine du train repartant une maison dans la nuit tous feux allum s le laboratoire
22. a d apr s ce posant la question fron qu on en dit autour de vous pensez vous que L origine du cancer soit en nous talemen aux t lespec Vous nous appelez au 360 02 02 16 1 360 02 02 44 vous habitez La province tateurs pr sum s Pensez vous que L origine du cancer est en nous 7 20 minutes se passent environ Nous allons maintenant voir La r ponse du sondage Express va s ag ichenr je pense Les oui sont en jaune Les en rose Oui 82 Non 18 Vous tes 793 avoin r pondu Vous tes tr s tr s nombreux penser que L origine du cancer est en nous On va en parler dans un petit instant et a veut dire peut tre que La communication est mieux pass e que ce qu on 4mag Anc Plan du dispositif Honeywell Bull des ordinateurs Plan des r sultats s affichant en diagram mes sur les crans Laurent Broomhead ENQUETE PUBLIQUE Pamela Est ce que La science et La religion sont encore en conflit en 1983 7 Face face Laurent Veuons Les r sultats Ah Les oui sont encore en majorit apparemment Eroomhead et Pam la 5 pour Les out Mais Les aens vent peut tre changer d avis ce 404K participante invit e parce que nous allons avoir un Reportage que va Leur prouver que science s approche de plus en plus de La religion Flan des r sultats du sondage diagrammes Laurent Broomhead Tout fait Pamela on a L impression que Les r pons
23. alors On peut mettre en avant un int r t ponctuel et qui rel ve du go t ou de l histoire person nelle qui appr cie les th mes concernant la g ologie qui est fascin par les op rations chirurgicales Un exemple Le c t magique te myst re l histoire de la terre Ca a un c t aventure a a encore un c t gratuit on ne voit pas imm diatement les applications Ailleurs on 148 voit ta rentabilit La recherche sur la terre a encore quelque chose de romantique de doux de fragile Ce genre de refocalisation permet au sujet de regarder telle ou telle mission partir de ce qu il ressent comme une initiative motiv e par ses go ts et ses pr f rences il n est pas vulgaris il cherche Un autre m canisme de re definition de l int r t consis te dire que ce qui est important ce n est pas la scien ce mais ses cons quences parmi ces spectateurs en retrait nous trouvons les seuls interview s nous avoir parl spontan ment des retomb es sociales de la science Je ne m int resse pas la science en g n ral Ce qui m int resse ce sont plut t tes applications humaines la science dans la soct t Ma premi re r action c est de savoir qu il y a des acquis et de savoir qui les trise au niveau politique au niveau du jeu des nations Mats je ne suis pas capable et cela ne m int resse pas au niveau d une d marche intellectuelle de savoir comment on
24. arbre que sur Le tableau 7 Quelle est a n alit 7 Quelle est La fiction Et quand on regarde L univers est ce qu on regarde ce que L on veut voir 7 ou est ce qu on voit la r alit 7 Est ce qu on arrivera d crocher Le tableau Est on certain que L image qu on se fait de l univers est bien L image de a r alit 7 C est La question qu on va maintenant e poser sur fond de tableau de Magritte travers Les questions des l ves du Lyc e Buffon qu on a dnterrvg s Al ya un mods pour faire L mission Allez y vous avez parole Peut on consid rer que L univers est une immense horloge 7 L univers est un immense chiquier sur lequel L homme est un pion Mais n est il pas une erreur 7 etc FIGURE 4 THEMATA La cam ra explore une gravure ancienne repr sentant l arche No Broomhead en plan fixe devant une reproduction g ante du tableau de Magritte qui repr sente un chevalet devant une fen tre ouverte sur la campagne et pos sur le chevalet un tableau sur lequel est pr cis ment peint ce paysage Tableau et paysage ext rieur se confon dent Les visages des l ves qui posent leurs ques tions sont incrust s dans les toiles les plus c l bres de Magritte Depuis toujours la science a provoqu des recherches sur la science qui aujourd hui aboutissent notamment a la d couper en deux zones d une part l activit scientifique priv e celle des r ver
25. aux contenus vulgaris s d une part l tude contrastive des rh toriques formelles associ es la mise en circulation de ces contenus d autre part 1 Les courants de pens e 1 Cf D Jacobi 1983 27 pragmatique et narratologique o nous trouverons ici notre inspiration n ont donc pas t notre con naissance encore sollicit s Par ailleurs l tude des r les occup s par les dif f rents protagonistes de la vulgarisation t l vis e appara t d embl e comme pouvant effectivement consti tuer une classe de figures sp cifiques si l on veut bien se souvenir que la probl matique des analyses de la divulgation a souvent tourn autour des r les conf r s au ler au 2 me et 3 me homme se rappe ler que nos missions ont su cr er la br che par rapport a leurs concurrentes pr cis ment en tra vaillant le r le du homme remarquer que l approche s miotique nous y conduisait de toute fa on irr sistiblement la discipline ayant toujours t particuli rement sensible la construction du sujet ses premi res amours et observer enfin que ce penchant ne doit pas tre totalement condam nable puisqu il a permis jusqu aujourd hui de caract riser de distinguer et de classer de mani re jug e convaincante des corpus de taille et de com plexit respectables Ayant ainsi cantonn notre objet l int rieur d un territoire aux fronti res commod ment troites da
26. ce d coupage territorial compl mentaire par lequel sont distingu s deux types de d terminisme pesant sur les misstons o nous tsolons le seul qui nous int resse en vertu duquel les objets auxquels nous abouttrons r gles mod les formes etc sont des l ments int gr s au sein m me des mes sages tudi s dont tls forment L ossature Mais qu est ce qu une figure Introduisant son lecteur l coute du discours amou reux Roland Barthes crivait ceci propos de celui qui en est le sujet Son discours n existe jamais que par bouff es de Langage qui viennent au gr de circonstances infimes al atoires On peut appeler ces bris de discours des FIGURES Tout le long de sa vie amoureuse les figures surgissent dans la t te du sujet amoureux sans aucun ordre car elles d pendent chaque fois d un hasard int rieur ou ext rieur A chacun de ces incidents ce qui lui tombe dessus L amoureux puise dans la r serve le tr sor des figures selon les besotns Les injonctions ou les plaisirs de son imaginaire Chaque 23 figure clate vibre seule comme un son coup de toute m lodie ou se r p te sati t comme le motif d une musique planante L amoureux sait que ce qu lut passe dans la t te tel moment est marqu comme l empreinte d un code Ce code chacun peut le remplir au gr de sa propre histoire maigre ou pas tl faut done que la figure soit ld que la
27. del de sa vocation descriptive l tude est aussi con ue pour apporter une contribution th orique et m thodologique aux analyses de l audiovisuel En effet si l une des t ches est de rechercher et d iden tifier les caract ristiques sp cifiques manifest es par les spectacles scientifiques il reste clair que et l orientation et les fruits de cette recherche d pendent largement des conceptions pr alables de l ana lyste quant ce qu il lui faut chercher 11 1 m mes tant encadr es par la th orie dans laquelle il travaille Plus bri vement pas de description qui tienne sans th orie d encadrement C est pourquoi faisant de n cessit vertu nous nous sommes impos s d expliciter c t des analyses descriptives les fondements th oriques sur lesquels elles reposent ainsi que la grille g n rale qui encadre leur mise en oeuvre grille qui est d ailleurs susceptible d tre export e en dehors du petit champ o elle est ici ap pliqu e PARTIE LE LANGAGE DU DIVERTISSEMENT SCIENTIFIQUE 13 CHAPITRE I FRONTIERES 15 17 l BREVE HISTOIRE DE GENRES En simplifiant beaucoup on peut isoler trois grandes dates dans l histoire de la science t l vis e cor respondant la naissance de trois coles dont on reconna t encore aujourd hui sans difficult les pro duits La premi re remonte 1954 avec la naissance des m dicales d Igor Barr re et Etienne Lalou
28. deux autres secteurs avec lesquels elle entretient des rapports plus ou moins lointains la recherche appliqu e forme l un des autres champs o travaillent d autres savants pour op ration naliser les d couvertes des premiers par exemple pour mettre au point le protocole de synth se chimique d une mol cule dont la structure a t lue par les fondamentalistes le d veloppement est le troisi me p le o interviennent deux partenaires suppl men taires les industriels et le public par exemple pour fabriquer grande chelle la mol cule de syn th se et pour l utiliser Ces trois secteurs s var s et parfois m me oppos s dans la r alit du monde scientifique 1 se trouvent rassembl s en une m me unit sous le regard des cam ras de la t l vision la science au petit cran repr sente indissociablement une aventure intellectuelle une perc e technologique et un progr s humanitaire Il est m me de r gle que les missions d butent par les retomb es sociales de la science et qu elles s y at tardent voire s y consacrent compl tement Il en r sulte que le spectacle scientifique campe face au savant incarnation d un savoir s r de lui un sujet social collectif b n ficiaire des objets de savoir que d couvre le premier pour son bien et sa lib ration et des objets utiles qui en d coulent un jour ou l au tre aptes le sauver l aider etc 2 1 Les rapports entre la recher
29. entendu le statut qu il va attribuer la vulgarisation Le degr d accessibilit qu il attribue la science par rapport la fa on dont il per oit son propre niveau culturel d termine alors l valuation que l individu fera de l effort n cessaire pour comprendre Le sentiment d un effort faire pour comprendre ou si l on pr f re l exp rience d une difficult surmonter peut donner lieu des valuations tr s diff rentes voire oppos es dans certains cas le sentiment d une certaine difficult op re comme indicateur voire comme preuve du caract re scientifique du discours en ques tion et inversement une mission o l on comprend tout rev tira par cons quent un caract re suspect Dans d autres cas en raison du rapport conflictuel du sujet sa propre ignorance la difficult de compr hension sera ext rioris e sous la forme d une demande d effort de la part de l nonciateur et partant d une projection sur ce dernier qui revient le responsabiliser de la diffi cult il ne sait pas communiquer ou il ne fait pas l effort n cessaire pour se mettre notre niveau 117 5 LA VULGARISATION ET SES SUPPORTS Un spectacle scientifique la t l vision bien entendu n est pas seulement un Spectacle scientifique il concerne dans le m me temps la t l vision Autrement dit ce qui est en jeu dans la lecture des missions de vulgarisation a la t l vision ce n est pa
30. et Soci t 5 pp 168 173 BOLTANSKI L et P MALDIDIER 1974 La vulgarisation Scientifique et ses agents Paris Centre de Socio logie europ enne 56 bdl Raspail 75014 CHANIAC R gine 1984 Quelques apories de la vulga risdion scientifique Education et Soci t 5 DUCROT Oswald 1982 La notion de sujet parlant in Recherches sur la philosophie et le langage Universit des Sciences sociales de Grenoble pp 65 93 e DUCROT Oswald et Alii 1980 Les mots du discours Paris Minuit FAUCONNIER Gilles 1984 Espaces mentaux aspects de la construction du sens dans les langues naturelles Paris Minuit FEYERABEND Paul 1979 Contre la m thode esquisse d une th orie anarchiste de la connaissance Paris Seuil FOUQUIER Eric 1984 La construction des interlocu teurs dans le discours distanci Semantikos 6 1 2 pp 27 46 GENETTE G rard 1972 Figures III Paris Seuil GENETTE G rard 1983 Nouveau discours du r cit Paris Seuil 177 GOFFMANN Irving 1973 La mise en sc ne de la vie quotidienne La pr sentation de soi Paris Minuit GREIMAS Algirdas Julien et COURTES Joseph 1979 S miotique dictionnaire raisonn de la th orie du langage Paris Hachette GREIMAS Algirdas Julien 1983 Du sens II Paris seuil HABERMAS J 1973 La technique et la science comme id ologie Paris Gonthier HOLTON G 1981 L imagination scientifique Paris Gallimard
31. histoire et du r cit produisant un tout qui serait homologue de l nonc Tout au long du texte crit du discours parl de l mission t l vis e d filent ainsi des signes dont la fonction est de contruire l histoire et sa forme le r ctt Mais il en est d autres Ce sont on les attendait les introducteurs de la narratton et de l instance du m me nom c est dire de l activit de raconter elle m me et par extension de la situation d ensemble dans la quelle elle prend place tant il est vrai qu une his toire ne se prof re pas toute seule qu il lui faut un conteur un public et une heure Dans cette situation et ce niveau logiquement diff rent du pr c dent volue donc un narrateur pouvant assumer divers r les et plusieurs casquettes face lui habituellement sp cifi un narratatre souvent caract ris comme lec teur et puis enfin toute une s rie de relations expri m es entre ces nouveaux protagonistes tout un ensemble de performances sp cifiques l activit de narration elle m me comme celles de tenir en haleine de bien 76 tourner les choses de raconter grands traits d al ler au fait de soutenir l int r t de faire voir et sentir et ainsi de suite Mais tenons nous en pour l heure cette diff rence majeure entre les deux sc nes de la narration et de l histoire sur la premi re un narrateur relate une histoire laquelle ouvre sur une seconde sc ne o vivent
32. la perception du propre capital culturel certains b n ficiaires refu sent les missions classiques et pr f rent sans ambi guit celles des fr res Bogdanov et de Laurent Broomhead D autres font une valuation possible aussi bien des missions de Lalou Barr re et de Desgraupes que des spectacles scientifiques des Bogdanov et de Broom head 124 Chez les sujets qui appr cient les formules classiques la n cessit d un certain effort est soulign e comme une condition pour profiter de la vulgarisation En re vanche le refus des missions de Lalou Barr re et de Desgraupes n est pas seulement d la moindre specta cularit de ces missions et leur construction plus traditionnelle mais aussi aux difficult s de compr hen sion qui ont t ressenties certains moments Or les sujets qui refusent ces missions projettent sur l non ciateur de la vulgarisation la responsabilit de ces difficult s c est parce que ce dernier n a pas su communiquer d une fa on ad quate n a pas sur se mettre a leur niveau que ces difficult s s expliquent C est dans ce cadre que le journaliste nonciateur en tant qu homme de communication est particuli rement valoris Les blent tre de plus que les autres certains cas grands Ce qui est c est qu ils plus m canique et moins s lective sujets qui refusent les missions classiques sem consommateurs de t l vision apparu tou
33. les raisons contraires les missions des Bogdanov et de Broomhead seront galement rejet es dans ce cas on a peu pr s compris Ce qui montre bien qu il ne s agit pas de vulgarisation scientifique Si moi avec la formation que j ai je comprends cela prouve que ces missions n ont rien voir avec la scien ce Ainsi la boucle de l isolement culturel est boucl e et l individu renforce chaque fois la conviction de son impuissance si c est scientifique je n ai pas acc s si j ai acc s ce n est pas scientifique Le sujet tient sa propre image disqualifi e entre les deux bouts de la proph tie auto r alisante 142 143 CHAPITRE V LE SPECTATEUR EN RETRAIT OU LA STRATEGIE DE LA DISTINCTION 1 COMPLEXITE ET SPECIFICITE DU SAVOIR ACQUIS Ici l image de la science est plus pr cise qu elle ne l tait chez les b n ficiaires Pour ces sujets la science n est pas proprement parler inaccessible mais l exp rience de leur activit professionnelle semble donner a ces sujets une perception plus claire de la complexit de la connaissance scientifique et des diffi cult s pour y acc der A diff rence des b n ficiaires ils insistent sur le fait que la science est une chose et la vulgarisation une autre Je suis en plein mythe des domaines com pletement inconnus que je ne pourrai jamais aborder d une fa on s rieuse et scientifique St je ne suis pas int ress c est parce que
34. livre de a vie Au terme de cette heure nous vient une h lexion c est Le fait qu a peace de La s lection naturelle qui tait due au husand muntenant L homme substitue gr ce au jeu des manipulations a n tiques un cadre qu est Plan fixe sur le Professeur Guillemin dans son laboratoire Plan fixe de Claude Pecker Professeur d astrophysique au Coll ge de France sur ses lieux de travail Plan d h pital o l on transporte un malade atteint de scl rose en plaques Plan d une coupe de cerveau au scanner Plan de rue d une ville am ricaine la nuit film e depuis l int rieur d une voiture en marche G n rique de fin Musique la Sympho nie du nouveau monde Succession tr s rapide d images d archives une manipulation sur des fleurs une colonie de manchots une gare aux heures de grande influence une rue anim e d Extr me Orient Vue g n rale du plateau 2002 les deux fr res regardent le t lespec tateur 34 35 FIGURE 3 EMPHASE Quelle image les biologistes donnent ils d eux m mes dans les textes scientifiques qu ils crivent Vivant dans la crainte de l erreur qui compromet une carri re dans la m fiance des pairs lecteurs qui sont aussi des concurrents dans la conscience du caract re hautement provisoire de chaque r sultat vite oubli au profit de ceux qui suivront
35. n fiques l humanit Lib ration Sym triquement la r ception d une mission consiste par hypoth se re lativiser les images qui d filent sur l cran par rapport une strati fication spatiale du m me type et plus pr cis ment relier les indices visuels et sonores que l on per oit avec les espaces les champs les classes de sujets et de relations que l on a pr alablement en t te lors qu on re oit l mission parce qu ils constituent une partie non n gli geable de notre grammaire de reconnaissance de la t l vision et de notre culture tout court 86 Parall lement un deuxi me groupe de trois figures homog nes standardise sa mani re la forme non plus celle maintenant du monde scientifique mais celle du point de vue adopt son gard et du parcours suivi pour le visiter la recherche scienti fique nous est ainsi donn e comprendre travers la vision qu en ont les vulgarisateurs eux m mes et non pas c lle des scientifiques Focaltsateur et selon un d veloppement extr mement cursif et mobile Cireulateur affectant l imagerie un r le minent de s duction et de distraction du regard Spectator Mais simultan ment les parcours dont il est question avec le monde qu ils donnent voir sont leur tour englob s dans une configuration plus vaste car ils servent comme on l on vu de sujet de conversation dans une relation de communication se d roulant dans L espac
36. nom nes discursifs qui n impliquent pas proprement parler des changes Comme c est le cas de la r ception des discours sociaux dans les m dias 112 Revenons au cas de la vulgarisation scientifique comme toute situation de communication o il s agit du trans fert d un savoir elle contient a priori un positionne ment de l nonciateur et du destinataire qui rel ve de la compl mentarit les partenaires sont d finis comme in gaux l un poss de un savoir qu il transmet l autre est l pour recevoir un savoir qu il ne poss de pas 2 FIGURES ET RAPPORT AU SAVOIR Si la vulgarisation est un genre dominante compl men taire cette compl mentarit peut se moduler de multiples fa ons et elle n exclut pas dans son cadre des coups sym triques A propos d un autre genre les informa tions t l vis es lui aussi dominante compl mentaire nous avons remarqu dans l volution historique des journaux t l vis s le glissement du pr sentateur prin cipal vers une sym trisation de sa position d noncia tion vis vis du destinataire Cf Veron 1983 Du point de vue de la production ces modulations de la compl mentarit sont troitement li es aux espaces dont il a t question dans la premi re partie et aux figures qui y apparaissent Il est clair par exemple que le journaliste qui joue la figure de l enqu teur situ e dans l espace mondain comporte par comparaison avec le f
37. pendant une dizaine de minutes qu il consacre argumenter contre les th ories hitl riennes du racisme fond es sur la g n tique et contre leurs ventuelles r surgences Professeur Ruffi Je voudrais simplement dire aux t Lespectateurs que cette est fausse Car on s est rendu compte gr ce La g n tique moderne que chaque population est form e d individus trata vari s Voil pourguck sur Le plan scientifique La theorie allemande est une absurdit Plan fixe sur la speake rine et Jacques Ruffi A l cran monte le g n rique de l mission 2002 consacr e ce soir l le g n tique Igor et Grischka Alors aujourd hui on conna t peu pr s Les principales La Gu pacecssus d hanmentsation et en particulier ca nous permet kui Gardchka d vacuer cette v cil e id e re ue selon Laquclle t hem descendicit du singe Non henme ne descend pas du singe mis ce qu cn peut en revanche a firmer c est que L homme et Le singe sont cousins Les deux fr res depuis l cren situ l arri re plan ciscutent face face dans le d cor for t primitive utili s ant rieurement Laurent Broomhead PLANETE BLEUE LES CODES DE LA VIE Je voudrais vous poser une question L encore sur ce qu 4 y a dans votre Plan de Laurent Broomhead t te non pas une r ponse oux ou A votre avis comme
38. per sonnes ont plus de difficult que d autres exercer leurs droit la parole Dans trois cas N 13 18 28 nous avons trouv que les interventions taient insuffisantes pour arriver a reconstituer sans ambiguit leurs points de vue et leurs r gles de lecture La deuxi me raison est aussi un effet de groupe Dans un cas N 5 les r ticences de la personne intervenir nous ont paru dies tout au moins en partie a une cer taine pression du groupe dont les opinions dominantes allaient dans l ensemble a l encontre des siennes La troisi me raison concerne le cas N 27 Un journalis te A une certaine indiff rence vis vis de la vulgari Sation scientifique s est ajout le fait que ses propos r pondaient un point de vue strictement professionnel et ses valuations des missions test es taient inspi r es par des crit res de forme enti rement ind pendants du probl me de la vulgarisation Ses points de vue nous ont parus trop particuliers pour essayer d en tenir comp te Il y a enfin le cas du discours meta Il s agit du seul interview ayant un lien si l on peut dire objec tif a l univers de la science il est technicien dans un laboratoire de physique L image qu il a de lui m me correspond bien d ailleurs ce lien objectif il se sent participer la recherche scientifique Ce qui l a amen tenir un discours au deuxi me degr il ne se 183 sentait pas c
39. place La case en soit r serv e C est comme s il y avait une Topique amoureuse dont la figure fut un lieu topos Les frgu res se d coupent selon qu on peut reconnattre dans le discours qui passe quelque chose qui a t lu entendu prouv La figure est cern e comme un signe et m morable comme une image ou un conte Une figure est fond e st au moins quelqu un peut dire Comme c est vrat a Je reconnats cette sc ne de langage 1 C est galement ce genre de Figures mais celles maintenant du Divertissement scientifique t l vis que nous nous int resserons Une illustration simple permettra de fixer pour l instant les id es dans la vulgarisation il est une habitude que les analystes citent traditionnellement et ceci pour la critiquer qui est celle prise par les journalistes divulgateurs de vedettariser les scientifiques de fabriquer partir de leurs personnes des stars de la pens e dot es st r otypiquement d audace de d vouement au bien de l humanit d une facult g niale de p n tration du r el mais p nalis s par un grand isolement h ros malheureux de la pens e incompris de leurs pairs jusqu ce qu clate la supr matie de la th orie dont ils sont les seuls inventeurs etc Cette constellation stable et r p titive de traits agr g s par le discours de vulgarisation autour d un th me particulier ici celui du savant c est pr cis ment cela que nous appe
40. plus que sur des id es la relativisation de la science par rapport aux hommes qui l ont faite l int r t port aux aspects priv s de la science bref tout ce qui constitue aussi l objet des courants modernes en socio logie scientifique et en pist mologie 2 1 La question est abord e dans A Mendel 1980 2 On trouvera des r flexions sur la science priv e d ns Feyerabend 1979 Holton 1981 Latour 1979 Etienne talou Igor Barr re Pierre Desgraupes Professeur Claude Pecker e humain L HISTOIRE DE LA VIE r ponse ces grandes questions LA REVOLUTION CELLULAIRE Professeur Guillemin Votre question me conduit vous dire comment nous venons de canact rcser cette nouvelle mol cule d une facon tout kait extraordinaire grace une tumeur extr mement que fe trouve dans Te pancr as dont on ne conna t que quelques cas dans toute a Litt rature mondiale depuis 100 ans Elle a 646 reconnue par un m decin de Lyon qui s est mis en rapport avec moi et qui a peus que cette tumeur suit recueillie au moment de L intervention chirurgicale Nous avons en quelques semaines Aussi caract riser cette mol cule nous L avons synth tu e 4nject e des animaux Cette mol cule trouv e pantir de cette tumeur nahissime du pancr as est La mol cule qui se trouve dans Le cerveau et que commande La secn tion de L hormone de cr
41. produisit effectivement Et ce fut un succ s Au printemps 1982 la cha ne concurrente TF 1 remplacait L AVENIR DU FUTUR de Robert Clarke programm e des heures tar dives par l mission scientifique des fr res Bogdanoff diffus e une fois par mois 20 h 30 ce fut 2002 L ODYSSEE DU FUTUR Les formules taient nouvelles et les efforts pour rendre la science attrayante furent pay s en retour Les indices d coute et de satisfaction mont rent en fl che le genre acquit progressivement sa l gitimit et suscita ou confirma une demande publique stable auto risant ainsi un renouvellement des projets en rempla cement de 2002 de PLANETE BLEUE puis d ENQUETE PUBLIQUE on vit arriver en avril 1983 le magazine mensuel SAGA produit par Michel Treguer on assista au succ s des premi res missions psychologiques PSY SHOW introduites par Pascale Breugnot assist e du psychanalyste Serge Leclaire A 2 L ENJEU magazine conomique mensuel pr sent par Fran ois de Closets sur TF 1 confirma sa bonne tenue comme ce fut aussi le cas des DOSSIERS DE L ECRAN A 2 et de SANTE TF 1 Igor Barr re et Etienne Lalou missions p riodiques abordant souvent des su jets scientifiques sans oublier les performances isol es comme la fameuse mission conomique VIVE LA CRISE qui attira sur Antenne 2 le 22 f vrier 1984 30 9 de t lespectateurs soit au moins 10 millions de personnes 2 1 L Broomhead Le N
42. public de fatre en sorte de cr er la rencontre Mais le scientifique ne dott pas se poser comme son propre vulgartsateur D autre part st une misston d clatretssement de certains points est absolument indispensable pour que le public y acc de c est notre r le et a nous pouvons tout fait L assumer Laurent Broomhead Maintenant j at une nouvelle attitude avec Les seten tifiques Au d but je faisais des d bats 11 y avait deux interlocuteurs qui discutatent Apr s il n y en eut plus qu un une sorte de t moin Maintenant j en at un de temps en temps par exemple j ai Alain Bombard point Le reste d temps ie scientifique ap porte des t moignages parce qu il n est pas ld selon mot pour expliquer tl est ld pour commenter J BENEFICIAIRE Figure construction d un destinataire comme un sujet d tat demandeur intelligent curieux mais passif d une information dont on lui fait don sans contrepartie Laurent Broomhead Le public n a pas d id es a tl faut tre Clatr Ca fait sept ans que je fats a et je sats qu on a tr s rarement une td e venant du publie Le publie est tr s passif IL n y a pas d imagination 68 Robert Clarke Le public n est pas idiot mats tl ne sait rien On peut lut transmettre un certain nombre de choses condition qu on parle le langage qui puisse tre entendu par tut D abord st l on essaye de parler un langage tr s sc
43. scientifi que la science est accessible ou plut t en consommant de la vulgarisation on acc de a des bribes Ces frag ments ne sont pas de nature diff rente de l ensemble sur lequel ils ont t pr lev s on comprend toujours quel que chose ily a toujours quelque chose qui reste qu on aura acquis en regardant une mission scientifique En v rit ces sujets ont de la science une image extr ment impr cise associ e aux questions philosophiques qu ils se posent En m me temps la distinction n est pas faite entre l information sur un probl me et la connais sance du probl me l activit qui consiste essayer de comprendre un ph nom ne par exemple le fonctionnement interne de la cellule et celle beaucoup plus passive consistant s informer par exemple de l existence du Sida et des efforts qui sont faits pour faire face cette maladie ne sont pas diff renci es 122 Comparativement aux autres types de sujets dont nous parlerons plus loin les b n ficiaires font une consomma tion plus lev e de la t l vision les figures de l es pace mondain qui leur conviennent sont en plus des th mata l emphase les personnes et le drama L accent mis sur les personnes et la mise en r cit n est pas sans rapport l int r t diffus port aux interrogations sur la destin e de l homme ce qui les rend en revanche moins sensibles au th me de la lib ration en tant que figure qui to
44. sentation a t enti rement accompli que l enqu teur peut interrompre sa qu te TEXTE Laurent Broomhead ENQUETE PUBLIQUE Comment situer La place de L homme dans L univers 7 On part d un couple assis tranquillement sun un petit bout de toile en train de manger voila c est parti on va part a en va s acc l ner on va faire un zoom arine et on va d couvrir une vue de L espace assez exceptionnelle La on est dans un champ on d couvre un Lac dans ta position d un avion on d couvre progressivement Le relief de ta terre il va falloir attendre Liaktitude de 36 000 km Voil La plan te qui est bleue on a un trou en attendant L arriv e de a Lune Ca va tr s vite toutes Les 10 secondes on ajoute trois z nos a distance Voici maintenant L onb te de la tene On va tenter maintenant de quitter Le syst me solaire Le soleil appaiatt gauche voil Nous at ons maintenant croiser proxima du centaure 16 tait temps nous tions un peu sol s dans ce d sent Pierre Desgraupes HISTOIRE DE LA VIE Si nous revenons maintenant de ces confins des univers observables nous rencontrons de nombreuses galaxies s par es entre elles d immenses espaces vides Finalement nous attergnons notre galaxie notae teme notre Soleil Igor et Grischka Bogdanoff 2002 Et pour constater pour savoir comment La m lodie de La vie a pu s installer sun
45. songe Vive la crise on serait tent de r pondre par l affirmative Pour les autres positions de lecture que nous avons rep r es le d calage entre la production et la reconnais sance est beaucoup plus important que dans le cas des b n ficiaires Nous avons vu pour quelle raison la l gitimit du journaliste lorsqu il prend en charge le discours sur la connaissance scientifique est loin d tre assur e en tout cas tant que son nonciation rev t les formes sp cifiques de spectacularit dont nous venons de parler Pour ce qui est des b n ficiaires en retrait ils sont en fait les bons spectateurs du courant classique de la vulgarisation t l vis e repr sent e dans notre tude par l mission L histoire de la vie de Pierre Desgraupes Tls acceptent d tre pris dans un lien p dagogique traditionnel et les formes de spectacle qui leur con viennent sont plus proches du cin ma que de la t l vi sion 174 Par ailleurs les b n ficiaires en retrait aussi bien que les spectateurs en retrait sont plus sensibles que les b n ficiaires au th me de la Lib ration et ils attribuent plus d importance la question des retomb es sociales de la science On voit alors quel probl me se dessine dans cette distan ce variable entre la production et la reconnaissance une sorte de paradoxe quant la cible des spectacles scientifiques t l vis s Ceux qui sont pris dans la logique du communic
46. sont faits comme la t l o ta question n existe pas On sait qu elle a exist on ne voit que le personnage r pondant 156 pourquoi faire parler des gens du spectacle de t l m me si ce sont des professionnels et pas les scientifiques eux m mes Quand on veut savoir quelque chose sur la musique on fait parler un musicien pas Guy Lux C est l image de la t l vision comme objet culturel en g n ral et celle du journaliste en particulier qui jouent ici un r le important Le journaliste est associ surtout l information vis vis de l actualit il est un g n raliste et c est cela sa sp cificit Lors que l enjeu c est le savoir scientifique on refuse la fois son association la t l vision et le fait qu un g n raliste pr tende s adresser eux pour leur appren dre quoi que ce soit A propos de Broomhead C est vrai que tu apprends rien Tout a on le sait parce que de toute fa on on est d j un peu inform s par les lectures qu on a Je ne pense pas que ce type de vulgarisation s adresse nous D UNE AFFAIRE DE TON Quel peut tre l int r t du lien direct avec le scienti fique seul d positaire de la l gitimit de la connais sance puisque l on sait par ailleurs que de toute fa on l acc s la science n est pas possible car il faudrait y consacrer la vie Ce que j aime dans les missions scien tifiques c est quand on arrive interviewer
47. stratifient le divertissement scientifique t l vis Cette entreprise topographique avait initialement pour but on s en souvient de mettre un peu d ordre dans un r pertoire de figures intuitivement per ues comme h t rog nes t che de reclassement de s paration et de regroupement que nous avons progressivement avanc e tout au long du parcours qui pr c de Il ne reste donc plus qu rapprocher ce qui vient d tre donn comme pars Une mission de t l vision selon la conception d velop p e ici n est donc pas un simple mais un organisme multiforme se d veloppant sur quatre sc nes la fois quatre champs o sont distribu s et fig s en figures stables les identit s les r les et les interactions des protagonistes de la communication quatre espaces disjoints mais point tanches au sein desquels et entre lesquels sont tiss s des r seaux de liens subtils 1 On a regroup d abord en un m me ensemble homog ne l ventail de six figures qui construisent la r alit soit encore l espace monde de la science au petit cran par lesquelles un Z nqu teur conduit son public la d couverte de la d couverte et lui fait approcher une science qui appara t syst matiquement sous les traits d un r cit Drama o le savoir est une affaire de grands esprits Personnes Emphase o les th ories ou vrent souvent des perspectives m taphysiques Th mata o les recherches enfin sont videmment b
48. sues W au LEUUOLFUSFNUEY ON N 9418194998 31eJ394J Us Jnojeioedgs uoLssajoud sues 29558 9 UON 318 7394 ue AJLELILJauag ULSSIP JOud 4n33Lp3 3Uue3uasauJday 23JUBUBLOS APLY 949 LUI LAUT 23SLJe uaoun20q 9199 LU9JY 91studeJ5 91sruequn a1291L1u2Jy 3M3IAU3LNI t M ela 4350 7 40U ULA ap pueuouJeu 9JA9jJO 1ue5ueuluo 1181394 ue Jna3e3oads fild 9J9tssre LA 1813 P SU09 3030919 59161205 soJLej1y 1 5 IN91991LQ uolssajoud sues 31e4334 Us 13995 sjuejua W O M p sjuejue W LA M 31e4394 ue Jna3e399ds 377TWVJ4 JLNVNIWOQ NOILVANSIANOI NOISS3404d 34 NOILVNLIS M delo Im SE LR be lo 188 11043894 12395 uoLssajoud uoLssajoud uorssajouJd 11811941 91LeLJau9g uoLssajoud 11e4334 Ua una3e399ds uoLssajoud 318 19 US 91LEL9LJau9g uoLssajoud sues 1e43394 Jn93e399d8 92301432npeJ 9911043284 nounq uorssojoJd sues uoissajoud sues nesung 29401 du3 o1nedeJau1LsaUuLy 1ueua10S e o2ueisip e aq Q SL Jed 21L8191499S JLNVNIWOQ NOTLVYNOTINOD sauLu sap unaLu93Bur 34edx3 9160101205 2 1 25155 ra ape oqueisissy sanbLuwouoJa3 19 59121205 sopnioa p neaung 2
49. totre dans la stratification du r cit examin e pr c demment l espace monde est constitu par la r alit telle que la t l vision nous la donne voir ordonn e nettoy e par ses soins dont elle fait des espaces dans lesquels elle d veloppe six grandes figures Drama Personnes Emphase Th mata Lib ration Enqu teur chacune d entre elles contri buant donner forme la r alit scientifique construite par l mission que l on aura soin de distinguer de la r alit scientifique en soi ou r elle si tant est que ce terme ait un sens L ESPACE PARCOURS Tout reportage toute enqu te toute histoire s nonce depuis un point de vue et se d veloppe selon une chronologie une g ographie un rythme bref propose son public un voyage au sein de l espace monde selon un parcours formel d termin On nommera espace parcours l instance o se d ploient les formes en question homologue donc de l znstanee du r cit cit e pr c demment A cet tage se tiennent les observateurs et non plus les obser v s c est dire dans les termes consacr s les centres de perspective et les nonciateurs 1 Ici on nous met l oeil au viseur de la cam ra qui pointe sur le monde de la science en nous soumettant un voyage au sein des points de vue selon des ara besques souvent compliqu es et avec une v locit une mobilit qu on pourrait dire incessante et extr me g ographique dimension
50. tout d abord notre premier type de lecture celui des b n ficiaires Nous avons vu que la position des b n ficiaires semblait tre celle qui s articulait le mieux au dispositif d nonciation des spectacles scien tifiques tel que celui ci peut tre d crit en produc tion ce type de t l spectateur se positionne tout naturellement la fois comme b n ficiaire dans l espace charni re et comme spectateur dans l espace parcours La dominance de l nonciateur journaliste qui prend en char ge lui m me le discours du savoir et les figures qu il est amen incarner communicateur focalisateur circu lateur correspondent parfaitement ses attentes en induisant la place compl mentaire inf rieure que ce type de t l spectateur accepte sans r serves Dans la mesure o l espace du plateau reste le lieu fondamental autour duquel l ensemble de la construction fonctionne les figures du r cit pourront facilement s int grer l effet de sens global drama personnes emphase et th mata s articulent ais ment l imaginaire flou que b n fi ciaire a de la science et de ses fronti res 172 La distance semble donc dans ce cas minimale Pourtant un d calage existe Car si dans l espace monde la figure de la Lib ration n est gu re pertinente pour les b n fi ciaires cette indiff rence aux effets de la science sur la soci t n est pas sans rapports avec leur aveuglement l gard de la figure de l inf
51. un metteur un r cepteur et le monde dont ils s entretiennent quelqu un parle de quelque chose quelqu un Cette vision sereine de la communication se trouble quelque peu quand d aventure l entretien imagin devient un RECIT introduisant donc son tour une autre vague de personnages Elle devient franche ment intenable avec la remarque que les premiers prota gonistes sont en fait galement analysables comme des tres multiples non pas psychologiquement mais parce qu ils assurent simultan ment plusieurs r les et plu sieurs fonctions dans la discussion C est sur le sol f ge qui fonde cette polyphonie dans le r cit crit que nous allons maintenant bri vement nous concentrer en mani re d introduction aux spectacles t l visuels 1 Avec la popularisation si l on peut dire de la s mio tique du r cit il devient aujourd hui admis que le type de communication en question qui rassemble romans nouvelles contes historiettes fables anecdotes etc est une composition de plusieurs univers de plusieurs instances qui sont autant de niveaux formels comme empil s les uns sur les autres et dont l articulation d finit la structure formelle du genre L univers qui vient en premier l esprit est bien s r celui du r f rent autrement dit des v nements dont il est question dans l histoire racont e ou encore des choses en soi constitutives du r el niveau par d finition inaccessible lointain fuyan
52. y a plusieurs mani res de le faire Abordant un sujet scientifique o habituellement la d monstration l emporte sur la monstration le savoir sur le voir la recherche de l intelligible sur celle du visible enqu tant par dessus le march sur la biologie g n tique qui vo lue dans des grandeurs inf rieures celles que sai sissent les microscopes lectroniques les plus per fectionn s et qui donc ne visualise jamais ou pres que ses objet un g ne se signale indirectement il ne s affiche pas la t l vision prenant le contre pied va opter pour un message global de spectacula risation dans les deux sens du terme un divertis sement qui se regarde D s leur g n rique les missions scientifiques se donnent comme des divertissements destin s un public de badauds spectateurs musique planante visuels paradoxaux ou myst rieux bouts de films tourn s de puis un satellite images artificielles tout concourt dire la distraction venir d ailleurs prompte ment mat rialis e par tout l arsenal du grand spec tacle t l visuel plateaux somptueux cam ras par dizaines duplex acrobatiques sc nes fa on th tre films bref tous les ingr dients habituels du divertissement et du spectacle Le parti pris de distraction se reconna t d ailleurs jusque dans les d tails du montage jusque dans les relations entre les voix off et les images On ne l apprendra personne il existe des relations
53. 161 CHAPITRE VI LE BENEFICIAIRE EN RETRAIT OU LE REFUS DU CONTACT La d nomination que nous avons choisi pour cette configu ration exprime bien son caract re mixte elle partage avec celle des b n ficiaires l acceptation non conflic tuelle de la position compl mentaire inf rieure mais elle se rapproche des spectateurs en retrait dans la mesure ou elle comporte un refus de la logique t l vi suelle du contact pleinement assum e par les b n ficiai res 1 UN LIEN PEDAGOGIQUE TRADITIONNEL On dirait que pour ces sujets la question du support signifiant de la vulgarisation est important ils privi l gient le langage comme mati re pouvant prendre en char ge leur rapport la science Nous trouvons ici des lecteurs de la Recherche du Monde des Sciences des livres de vulgarisation L un de ces sujets a suivi avec fascination une dizaine de s ances d explication au Pla n tarium sur l astronomie Dans ce cadre et a diff rence des spectateurs en retrait la science leur parait acces Sible ge me suis quand m me offert une dizaine de s ances au Plan tarium et alors l c tait fantastique On nous expliquait un certain nombre de probl mes que je n ai pas compris mais j ai envie d y retourner pour peut tre mieux comprendre la prochaine fois Ca vous ennuie quand vous ne comprenez pas Non a ne m ennuie pas parce que j ai tou jours l impression que si je m appliquats je comprend
54. 985 Bornons nous souligner que les r sultats de la pr sente recherche confirment a la fois ce d calage cette discontinuit entre l analyse en production et l analyse en reconnais sance et l importance des efforts destin s a les articu ler Il n est pas toutefois inutile de rappeler ici que le d veloppement de ces deux d marches celle consistant aborder les discours du point de vue de leurs r gles d engendrement et celle int ress e aux effets de sens a t jusqu l heure actuelle tr s in gale La premiere s miologie celle en gros des ann es soixante ne se posait m me pas la question de distinguer la production de la reconnaissance elle se voulait immanentiste l analyste cherchant occuper une position au del ou en de de toute interrogation sur l mission et la r ception des discours Une probl matique de la produc tion partir par exemple de distinctions comme celle entre phenotexte et g notexte utilis e par Julia Kristeva Cf Kristeva 1969 s esquisse partir des ann es soixante dix Quant aux probl mes de la r ception la possibilit d une vis e s miologique de la reconnais sance est peine ses balbutiements et le cadre th o rique qui 1a concerne construire On ne s tonnera pas par cons quent de constater un d s quilibre entre l la boration conceptuelle de la premi re partie fond e sur des mod les s miotiques touchant la fois la t
55. ARNIERE ESPACE CANAL Contenu intuitif L tage de la r alit montr e L tage o l mission raconte la r alit telle qu elle la voit L tage o l mission ins taure une rela tion directe avec le r cep teur L tage o l mission a t faite et con ue Logo de Cha ne Image synth tique Correspondant off Introducteurs de 1 5 canal STRATIGRAPHIE DU SPECTACLE SCIENTIFIQUE TELEVISE Type d espace construit Espace g ographique laboratoires h pitaux campus Espace d observation g n ralement off et mobile train voi ture trajet mouvement Espace d interaction enti rement orient vers le spectateur studio plateau salon Espace arri re coulisses immeuble lieu d mission etc Type de temps construit _ situation des espaces dans le temps par rapport l heure de la diffusion D calage n cessaire hormis le duplex en direct et recherch futur loign plein jour 20h30 en hiver etc D calage corr latif des E RR poques ou sont situ es les v nements mondains racont s Simultan it recherch e culminant dans le direct Ant riorit n cessaire d amplitude variable de l mission programm e l mission chaud Position Frontale Introducteur de l espace charni re pr sent s par rapport l mission elle m me comme Ind pendants tra
56. Barr re LA REVOLUTION CELLULAIRE Journaliste Toutes ces d couvertes que vous faites ont des Cons quences Ce n est pas seulement la connaissance que s am l core peut dire que chaque 4065 L homme a de nouveaux pouvoirs Les cons quences m decales conomiques sucatles risquent d etre normes Professeur Guillemin Macs bien s r Toutes ces mol cules que nous avons ca act tcs es Sent maintenant disponibles par synth se en quantit illimit e Et ce factewr de controle de hormene de peut Ctre du point de vue clarcque Ce plus important de tous Sun utilisation clinique est vidente IE y a un nombre important d enfants qu on puurract appeler des nains hypophysacres et cette mol cule devsact tre Ce traactement_ de eurs probl mes Autre int r t tuus Ces cas L on cherche activer an prucessus de Croissance comme les traitements de grandes Aractures Ca cicatrisation des places Les grands brutes Ef pues cU y a aussi des pro bC mes de m decine v t rinaire pendant quelques sours de cette mol cule de synth se augmente deux secs Ce pecds d un animal normal 38 Vue g n rale de Laurent Broomhead sur le plateau de Plan te Bleue Plan fixe du Professeur Guillemin parlant assis dans un fauteuil en son laboratoire 39 FIGURE 5 LIBERATION La recherche fondamentale on le sait fait partie d un trip le comportant
57. Ces r actions incontr l es viennent du fait que la science et la ceon naissance n appartiennent qu un certain nombre de personnes qui sont ensuite oblig es de composer avec les mouvements de foule 3 NI BENEFICIAIRE NI SPECTATEUR Les sujets de ce groupe ont probablement un type de consommation de la t l vision tr s diff rent de celui des b n ficiaires Nous disons probablement car aucune mesure pr cise n a t effectu e par nous sur cette difference Il semble clair pourtant que ces sujets re gardent moins la t l vision que les b n ficiaires et de fa on sans doute plus s lective IL est int ressant de noter que la plupart d entre eux avouent ne pas avoir pr cis ment de strat gie s lective pour ce qui concerne la vulgarisation t l vis e s ils ont vu quelques mis sions un moment ou un autre c est parce ils sont tomb s dessus par hasard Ce qui est coh rent avec le manque d int r t exprim par ailleurs En fait dans la plupart des cas ils ne se rappelaient pas des missions dont les fragments ont t test s au cours de la r union 150 151 La simplification propre la vulgarisation faisant par tie de 1 construction d un destinataire peu cultiv elle est ici vivement rejet e sauf si le destinataire en question n est pas l interview mais les gens C est au fond le spectacle t l visuel lui m me qui est vis en tant qu adress forc ment au grand pu
58. Elles furent l origine de tout un courant de s ries scien tifiques dont la forme fut et est toujours domin e par l arch type du reportage dans lequel un vulgari sateur enqu teur filme et interviewe parfois en di rect des m decins ou des savants sur le lieu de leur travail Outre les journalistes cit s Roger Louis et Pierre Sabbagh furent les deux autres grands d tectives de ces enqu tes empiriques qu taient les missions d alors dans SCIENCE D AUJOURD HUI OU QUAND COMMENT VISA POUR L AVENIR LES MEDICALES Le deuxi me courant naquit avec le d veloppement d une autre figure arch typique celle du d bat introduite semble t il dans la production t l visuelle en 1966 1 Peu apr s cette poque le centre de gravit de toute une nouvelle s rie d missions scientifiques quitta alors l h pital ou le laboratoire pour venir s tablir dans les studios de la t l vision o les images et les v nements fournis par les reportages commenc rent tre spectaculairement revus et cor rig s mis en forme m taphoris s comment s et d bat tus en public par des savants invit s encadr s par un vulgarisateur en position de traducteur et de meneur de jeu Aujourd hui encore une mission comme L AVENIR DU FUTUR fond e ainsi que les DOSSIERS DE L ECRAN sur un d bat organis autour de documents film s t moigne s il en tait besoin de la vitalit persistante de ce genre 1 Cf Francis Jam
59. MINIST RE DE LA CULTURE direction du d veloppement culturel service des tudes et recherches LES SPECTACLES SCIENTIFIQUES TELEVISES Figure de la production et de la r ception 1985 par Eric Fouquier Intelligences et Eliseo Veron Sorgem LA DOCUMENTATION FRANCAISE Les spectacles scientifiques t l vis s figure de la production et de la r ception Minist re de la culture Service des tudes et recher ches par Eric Fouquier et Eliseo Veron Paris La Documentation francaise 1986 189 p ill 30 cm ISBN 2 11 001555 1 Le pr sent document expose Les r sultats d un programme d tude s miotique et sociologique sur La vulgarisation scientifique La t l vi sion qui comporte deux volets Le premier abonde Les missions du point de vue du Langage qu elles tiennent en s interro geant notamment sur kes figures qu il contient Le second volet traite du probl me de Leur cep tion s attachant symetriquement d crire Les n gles utilis es par Les t l spectateurs pour L interpr tation de ces emissions La premi re partie du programme a t men e pour Intelligences par Eric Fouquier L tude ult nieune de a r ception tant assur e pour a par ELis o Veron Les cr dits de recher che allou s L tude provenaient pour partie du minist re de La Culture Fonds de l Action concert e 1982 La communication a
60. On se demande d abord par rapport un sujet donn ce qu il y a dans l esprit des gens comme curtostt comme id e fausse qu il va falloir extirper et ce qu il y a comme v ritable connaissance On voit atnst un peu dans quel sens on va faire l mission et quelles id es fausses on va pouvotr battre en br che Et je crots que dans notre secteur et dans une certaine proportion seule ment bien sur nous avons finalement eu une tnfluence dans le d veloppement des rapports entre la m decine et son public Apr s vingt huit ans d missions quand on peut penser qu on a jou un r le plut t b n fique dans 1 vo Lution des moeurs et dans les rapports entre le corps medical et le corps social c est tout de m me une tr s grande sattsfactton CHAPITRE IV ESPACES 71 73 Pour qui se prendrait relire les deux chapitres pr c dents il viendrait s rement un soup on vite chang en certitude celui que notre collection de figures forme un syst me d un genre assez sp cial un tout passablement h t roclite pour ne pas dire un bric brac A vrai dire les figures paraissent ne pas se situer au m me plan comme s il y avait entre les unes et les autres des sauts logiques qui n auraient pas t signal s En effet si les cinq premi res ont trait des r alit s ext rieures aux missions les quelles se contentent finalement de les trouver sur place et de leur donner forme savants
61. Par la mise en ab me l cran dans J cran cette construction se caract rise par une tr s forte dissociation entre l espace mondain apparaissant dans le second cran et l espace charni re du plateau Le d but de l mission les codes de la vie de la s rie Planete blew de Laurent Broomhead Ce fragment illustre la prise en charge du savoir scientifique par le journaliste nonciateur selon une technique proche des animateurs des missions de vari t s l espace dominant est ici l espace charni re et la circulation est non pas temporalis e dans un r cit mais mise en espace dans le plateau lui m me par les travellings et les d placements lat raux incessants des nombreuses cam ras chaque secteur du plateau permet de d couvrir un aspect de la question trait e sous le guidage ininterrompu de l animateur l absorption en quelque sorte des espaces mondains et parcours par l espace charni re La pr sence de l espace canal est ici bien entendu beaucoup plus forte que dans les trois autres cas toute la dynamique de ce plateau et de ses multiples recoins rappellent la puissance de la t l vision en tant qu institution de spectacle Par ailleurs aussi bien le communicateur que l influenceur sont fortement soulign s par la r alisation d un sondage en temps r el aupr s du public qui regarde l mission et dont les r sultats sont restitu s en cours de programme 107 Notre recherche en reconnaissa
62. a r ponse Si je recule face l agression en manifestant une attitude de soumission je me place en position compl mentaire inf rieure vis vis de mon agresseur Il est clair cependant qu partir du moment o l on consid re les actes de discours l analyse de l nonciation nous permet de constater qu ils contien nent des propositions concernant le positionnement sym trique ou compl mentaire de l nonciateur et du destina taire si B face une question de A r pond en posant son tour une question on dira que B a sym tris l change on souligne ainsi le fait qu effectivement l ac te de poser une question consid r en tant que tel n est ni sym trique ni compl mentaire Mais cette des cription montre bien justement qu il y a quelque chose de compl mentaire dans l acte consistant poser une ques tion m me si cet acte peut faire partie d un change sym trique En posant une question l nonciateur solli cite une r ponse il produit comme disait Bateson une d finition de la situation qui est de nature compl men taire Il est clair que si le destinataire r pond a la question par une question cela veut dire qu il a refus la d finition de la situation qui lui a t propos e Cette mani re d utiliser la distinction batesonienne entre sym trie et compl mentarit qui revient la for muler en tant que d signant des strat gies nonciatives nous permet de l appliquer des ph
63. a science 20h30 ou Je vats jouer Broomhead 27 Pour mot la r ponse n est pas s re Le succ s qu a l mission Plan te Bleue vient du fait que Les gens n y vont pas votr la science tls vont voir bromea 66 Igor et Grischka Bogdanoff Broomhead devient une vedette d une fa on tr s parti culi re parce qu il a su imposer un personnage parce qu il y a quelque chose comme Le retentissement aupr s d un grand public d un pr sentateur de vart t s Nous aussi mats c est la premi re fois que cela se produit Nous sommes les trots exemples On passe dans les m dias d une fagon beaucoup plus forte beaucoup plus puissante qu avant C est quand m me une mutation tmportante et qu indique que le public a une curtostt immense et est tout fait pr t sacraliser ses journalistes scientifiques comme des St phane Cot laro Je ne veux pas dire qu on tend vers a mats crois qu il est important que le vaste public puisse trouver des entit s symboliques sur lesquelles 11 va accrocher son besoin de comprendre et de savoir COMMUNICATEUR Figure Construction du vulgarisateur comme un techni cien et un professionnel de la communication Francois de Closets La mtsston du journaltste est absolument essenttelle comme m diateur Je crois beaucoup au professtonnaltsme Plus vous vous loignez du grand public plus vous pou vez renoncer au professtonnaltsme de la communication Mats p
64. agner s exposer face au grand public et s ils pouvaient ainsi s offrir le luxe de prendre les journalistes de haut la situation est toute diff rente aujourd hui o certains profils de carri re sem blent inclure de plus en plus souvent des prestations dans les mass m dias Ne doit on pas voir dans ce nou veau statut de demandeur qui est maintenant celui du chercheur vis vis du vulaarisateur disposant lui des clefs donnant acc s l cran une des causes du r quilibrage visible des rapports de force symboliques en faveur de ce dernier Un autre facteur s ajoute au pr c dent pour en accentuer les effets c est la mont e en l gitimit des m tiers de la communication destination de la masse Car il est devenu clair que la t l vision ne peut pas tre con sid r e comme un simple m dia c est dire comme un canal neutre par lequel n importe qui pourrait v hiculer n importe quel message 1 Elle appara t au contraire l exp rience comme un dispositif de communication tr s sp cialis requ rant de la part des professionnels qui la font et la dirigent des comp tences sp cifiques Afin de ma triser et stabiliser cette relation tr s parti culi re avec l coute de masse coute dont les taux s effritent pour un oui ou pour un non coute que 1 lyse des scores d audience d montre inconstante motive distraite distante poreuse il faut peut tre d autres techniques que ce
65. ance qui l heure actuelle sont l oeuvre chez les t l s pectateurs lorsqu ils sont confront s des missions de vulgarisation Notre souci a t d avoir une palette assez large pour ce qui est de l ge la trajectoire le capital conomique et le capital culturel Cf chan tillon d taill en Annexe Sur les 35 cas 18 sont des hommes 17 sont des femmes 195 3 LES FRAGMENTS TESTES Voici les quatres fragments qui ont t pr sent s et discut s au cours des r unions Le d but de l mission la r volution cellulaire de Igor Barr re et Etienne Lalou Cette mission est construite comme un r cit de voyage travers diff rentes institu tions de recherche aux Etats Unis Elle d bute par un fragment d interview aupr s du Prof Guillemin et elle montre par la suite d autres interviews des chercheurs Le journaliste presque invisible l image a comme adjuvant un scientifique qui lui sert de guide A chaque halte on montre des sc nes de laboratoires appareils couloirs gens au travail Les transitions sont faites par des images du voyage lui m me paysages entourant les institutions visit es Cette mission qui a t l origine de notre recherche est donc un r cit mettant en sc ne un enqu teur effac parti la recherche de la parole des scientifiques eux m mes et qui ne la prend lui m me que pour des explications p dagogiques en voix off accompagnant des images
66. anim es Reportage classique appliqu un sujet scientifico m dical pas de communicateur pas de focalisateur et un circulateur Si l on peut dire tr s calme et enti rement absorb par la di g se propre au genre Un fragment de la troisi me mission de la serie His toire de la vie de Pierre Desgraupes Dans ce cas nous avons affaire un exemple typique du genre documentaire pas de r cit dans l espace parcours montage d images comment es en voix off et fragments d entretiens avec des scientifiques o l enqu teur pr sum est totale ment invisible 106 Un fragment de l mission La biologie de la s rie 2002 l Odyss e du futur de Igor et Grishka Bogdanov L un des traits marquants de cette s rie est la prestation des fr res Bogdanov sur un plateau futuriste voquant la salle de commandes d un vaisseau spatial Par le truchement d un structure en ab me un cran au fond de cette salle permet de greffer cet espace du plateau des s quences construites selon le principe du documentaire sur des sujets faisant partie de la th matique g n rale de chaque mission Ici on assiste une sorte de d doublement dans deux personnages presques identiques des figures du circulateur et du focalisateur quelque peu fictionnalis es pas le d cor et l habillement et qui entretiennent un change en m me temps qu ils tablissent dans l espace charni re le contact avec le t l spectateur
67. ateur c est dire les b n ficiaires ne semblent pas touch s la figure qui incarne l ob jectif avou du communicateur savoir l influenceur S ils sont fascin s par la performance du communicateur ce qui fait d eux sans aucun doute un bon public pour ce dernier ce succ s de contact ne veut pas dire que l objectif de vulgarisation ait t atteint dans leur consommation des spectacles scientifiques t l vi s s les b n ficiaires sont essentiellement motiv s par les vieilles questions philosophiques par les th mata pist mologiques origine de l univers de la vie etc et non pas par des interrogations prospectives concernant les retomb es des d couvertes scientifiques sur la soci t et la vie quotidienne Ceux qui en revan che seraient les plus sensibles l objectif de l in fluenceur refusent de reconna tre ce dernier une l gi timit en tant qu nonciateur de la connaissance scienti fique Ceci explique peut tre le d clin rapide et la dispari tion des grandes s ries des fr res Bogdanov et de Broomhead Car il est raisonnable de penser que ce sont surtout les b n ficiaires qui ont fait monter les taux d audience aux heures de grande coute Or pour faire le tour de ces th mata philosophiques il suffit de quel ques missions le nombre de ces th mata est inversement proportionnel leur degr de g n ralit Une fois qu une grande mission a t consacr chaqu
68. aturant beaucoup l instance scientifique construite par un article standard en biologie on dirait qu elle est imper sonnelle comme le sujet de la Science en g n ral et collective En effet l poque est r volue o un homme seul Vinci Pic de la Mirandole pouvait d tenir la totalit du savoir humain Aujourd hui en biologie g n tique par exemple la profusion et la sp cialisation des travaux de pointe obligent les chercheurs se cantonner dans des secteurs si troits s ils veulent conserver la ma trise de ce qui s y dit et s y fait que la discipline en est au point o seule la communaut scientifique ventuellement r unie en colloque d tient effectivement l int gra lit du savoir sur tel ou tel secteur de recherche lui m me d j tr s sp cialis par exemple les oncog nes 1 Que devient ce discours fragment lorsqu il passe au petit cran Il subit une sorte d inversion de pola rit s comme si de ce savoir pulv ris dans le champ plan taire de la communaut scientifique la t l vision ne voulait pas Elle va donc coaguler c est a dire circonscrire son grand r cit de la recherche dans une g ographie si possible exiqu campus laboratoire et l incarner autant que faire se peut dans un petit nombre de consciences qui en deviennent garantes et d positaires Avec la figure de la person naltsatton viennent alors ces effets en kyrielles que sont l accent sur les r cits de vie
69. blic La vulgarisation c est bien si c est une introduction si c est une incitation aller plus loin Si c est simplement l quivalent du Reader Digest pour la leeture c est pas tr s int ressant Moi un terme que je ne comprend pas a ne me g ne pas Ca me stimulera plus la limite Je prendrai plus une mission au s rieux s il y a des parties que je ne comprends pas qui m chappent ce que je trouve tout fait normal Si je com prenais tout je ne la regarderais pas Puis il faut savoir st on cherche faire plaisir aux gens ou leur apprendre quelque chose C est pas flatteur pour les gens de leur expliquer quelque chose en le leur pr sentant comme un truc de vart t s Une mission de vart t s tu discutes tu bois de la bi re tu n a pas besoin de te concentrer Si tu veux comprendre quelque chose tu est forc de te concentrer La mise en sc ne m emmerde finalement J aime la forme du reportage c est sur un univers concret et pas sur un show L image pr texte est aussi fortement rejet e ces su jets refusent la place de spectateur distrait A propos de l emission de Lalou Barr re C est vraiment de la frime ces interviews dehors pourquoi il n est pas chez lui nous expliquer calmement avec des croquis Ca m a frapp e quand on s est farci je crois que c tait la Symphonie du Nouveau Monde de Dv rak c tait compl tement qu histoire de nous distraire u
70. che fondamentale et la soci t sont fr quem ment analys s comme lointains mais certes pas inexistants dans la mesure o les pertinences les axes de recherche les probl matiques l gitimes etc d pendent autant sinon plus des enjeux internes du champ scientifique que des enjeux de la soci t civile hormis quelques cas isol s mont s en pingle recherche nucl aire cancer etc cf P Bourdieu 1976 T S Kuhn 1969 2 On trouvera dans J F Lyotard 1979 une r flexion approfondie sur les personnages du r cit scientifique dit de Lib ration L ENQUETEUR VERSION INTERVIEWER L HISTOIRE DE LA VIE Pierre Desoraupes Journaliste Mais Le grand secret de a nature devait tre d ccuvert par te moine lt cheque Gregor Mendel Alors mon p re vous poursuive toujours vos exp riences sur L h n dit des plantes Mende Oh J arrive au bout J ai d j envoy mon m moire quien 8 ans j ai exp riment sur 12 000 plantes PO Journaliste Et qu avez vous d couveAt Mendel Je crois avoir d couvert que L h r dit ob xt Journaliste Math mtiques Mendel Oh vous alte comprendre sur un exemple sample Savez vous des Lois mth mtiques Laurent Broomhead ENQUETE PUBLIQUE On n a toujours pas vu quelle est La place de L homme dans L univers Le premier philosophe qui a Le picbi me a X6 Thal s de MLLet au 6 me si cle avant J sus Chust puss Putnaac e
71. d le Ain si un architecte par exemple remarque que s il avait expliquer son activit quelqu un de totalement tranger a l architecture et l urbanisme ce ne serait pas facile D autre part ce discours a pour fonction de mettre en valeur le capital culturel acquis et les ef forts qu on a d faire pour l obtenir Ce qui am ne ces Sujets a insister aussi bien pour ce qui concerne la science que l activit professionnelle qui leur sert de mod le sur la sp cificit et la technicit qui permet tent de souligner les difficult s d acc s D o le moin dre int r t pour les th mata A propos du th me de l origine de 1 vie Je ne dis pas que ce genre de sujets ne m int resse pas mais la science s est d ve Lopp e sur d autres pr occupations que celle l Ce genre d missions c est une fa on de r arranger la science pour r pondre aux ques tions du grand public Je crois que c est plus facile L origine de la terre l origine de la vie c est des sujets qu on peut aborder autrement que d une fa on strictement scientifique Ce sont des pr occupations que tout le monde partage Ceci dit ce n est peut tre pas ce qu il y a de plus urgent nt de plus important Mais sur te plan de 1 vulgarisation je crois que les gens accrochent plus facile ment En m me temps c est vrai que c est un sujet passionnant la vie mais par moments a me fatigue ce genre d mission parce que c est un peu l
72. dre du journal t l vis 168 169 CONCLUSION Cette recherche a t construite partir d une hypoth se nos yeux fondamentale celle qui postule un d calage constitutif dans le fonctionnement des discours sociaux entre la production et la reconnaissance Consid r e en tant que telle cette hypoth se est un principe th orique sa pertinence n appara t que dans ses cons quences c est dire dans la strat gie de recherche qui peut en d couler La notion de d calage est vide elle renvoie l id e d une distance La seule question int ressante est celle qui concerne la sp cificit de cette distance dans le cas tudi Cette sp cificit est impossible cerner sans effectuer la double analyse qui seule peut la rendre visible l analyse de la production d un c t de la reconnais sance de l autre Comment pouvons nous pr ciser tout d abord la nature de cette distance L analyse en production nous d voile dans la description des propri t s de la construction discursive qu est cha que mission un champ d effets possibles du sens en puissance en quelque sorte Des espaces imbriqu s les uns dans les autres et habit s par des figures Une complexit potentielle d finissant la place r serv e au destinataire mais une complexit qui peut tre actualis e mise en mouvement de plusieurs mani res diff rentes L analyse en reconnaissance nous permet de rep rer les actual
73. e des images qui font mouche des mots qui por tent des explications qui clairent des instruments qui informent par la domination vidente d une ins trumentation complexe quitte refaire pour nous de ses propres mains certaines exp riences hautement sophistiqu es ainsi les Bogdanoff reprenant en studio l exp rience de Miller ou bien s installant au microscope lectronique ou Broomhead se lan ant dans une d composition prouvette de goudron par des bact ries mais si rapidement peine la dur e d un spot publicitaire que cela en deviendrait obscur si le message n tait ailleurs La communication nous disent ces missions est deve nue une sp cialit et peut tre m me une science qui ne saurait s improviser derri re les pirouettes en direct du funambule voyez le m tier d une quipe de professionnels 1 Les spectacles scientifiques sont ainsi une deuxi me fois dans nos missions une vitrine de la science mais science maintenant dont la cha ne d pend troitement quelque chose comme la m dialogie 1 Discourir de l objectivit des journalistes c est parler du sexe des anges C est de la th orie Quand on est journaliste ce que l on veut c est faire son m tier C est pour cela que je pr f re employer un autre mot professionnalisme Christine Ockrent 52 FIGURE 11 BENEFICIAIRE La production du discours est la fonction du communi cateur Mais qu en es
74. e ces ef fets peut on parler d volution des repr sentations collectives Ces effets sont ils plus importants sont ils d une nature diff rente de ceux qui d coulent du journal t l vis Ces effets justifient ils les bud gets des grands spectacles scientifiques t l vis s Si cette tude ne nous permet pas de trancher nous croyons qu elle montre que de telles questions peut tre im pertinentes ne sont pas pour autant non pertinentes 173 Car il ne faut pas oublier que chez les b n ficiaires la l gitimit de l nonciateur journaliste est acquise Ce n est donc pas la logique du contact en tant que telle qui peut tre ici mise en question mais plut t les formes qu elle pris dans les missions analys es celle de l animation du plateau calqu e sur les vari t s dans le cas de Broomhead celle de la fictionnalisa tion du plateau dans le cas des fr res Bogdanov Faire l conomie de 1a p dagogie avec tous ses signes et ses moyens sch mas tableaux diagrammes est ce une bonne strat gie vis vis de t l spectateurs qui pr cis ment acceptent sans r serves la position compl mentaire inf rieure condition que le lien s tablisse avec le commu nicateur L excellente image dont jouit Fran ois de Closets est cet gard un l ment retenir N y a t il pas d autres formes de mise en sc ne du contact moins conventionnelles que celles que nous avons analys es Si l on
75. e charni re entre l metteur et son public spec tacle qu articule une autre paire de figures homog nes et compl mentaires celle du Communicateur profession nel et celle du public Enfin derni re de la liste la figure de L influenceur donne forme aux intentions des hommes de t l vision occupant une place part dans un espace canal qu elle est seule 4 repr senter Figure ENQUETEUR Construction du journaliste comme acteur majeur de la qu te du savoir et de sa repr sen tation ESPACE CANAL L tage des intentions de PA Figure JNFLUENCEUR Pr supposition d une quipe de production souhaitant faire voluer les repr sen tations collectives ESPACES ET FIGURES DU SPECTACLE SCIENTIFIQUE Figure Pr sentation de Ja science sous la forme du r cit historique ou autre Figure PERSONNES Incarnation et concentration de la science dans quelques hommes sur lesquels on met l accent ESPACE CHARNTERE L tage des interactions hic et nunc avec Te public u Figure COMMUN ICATEUR _professionnel Construction du vulgarisa teur comme technicien du savoir pratique en communications de masse Figure BENEFICIAIRE Construction L ESPACE MONDE L tage de la realit montr e Figure EMPHASE Universalisation et magnification de l instance scientifique et de
76. e lui pour contr ler ses traductions ni amoindrir ses responsabilit s ni diminuer d autant les b n fices symboliques attach s la transmission du savoir le vulgarisateur nous tient maintenant un discours dont il est clairement la source et non plus le relais dans un style globalement direct les mol cules sont et non pas indirect la science dit que les mol cules sont Enonciateur unique et permanent il parle sans effort apparent le langage scientifique nous donnant souvent l impression qu ayant pr alablement fait le tour du probl me il en sait plus long qu il ne le dit et qu en somme il se met notre port e 2 1 Fran ois de Closets 2 Steinberg in Genette 1984 p 32 oppose les narrateurs omni commu nicative qui donnent apparemment au lecteur toutes les informations dont ils disposent et les narrateurs suppressive qui en retiennent une partie explicitement ou non par voie d ellipses ou de parallipses Nos communicateurs seraient plut t de type suppressive dans la mesure o ils laissent entendre que les choses sont plus complexes qu ils ne le disent et qu ce propos ils en savent encore assez long 50 En concentrant les feux de la rampe sur la personne des vulgarisateurs la t l vision se construit ainsi des vedettes qui font monter ses audiences du m me coup elle attache la vulgarisation scientifique une nouvelle figure celle qu on appellera sans ironie le
77. e on pourra pr voir les tremblements de terre c est ce moment l qu il doit intervenir et nous donner tout Le back ground toute sa philosophie LIBERATION Figure peinture d une soci t lib r e par la science dont il est question Igor et Grischka Bogdanoff Nous sommes un stade l ing nt rte g n tique les mantpulations qui s y rattachent la biochimie font des progr s absolument bouleversants des progr s tels que dans les vingt prochaines ann es 1ls seront porteurs de transformations de fond dans les domaines de la m decine de la lutte contre le cancer contre le vieillis 64 Lissement du corps dans l apparition de m dicaments nouveaux totalement r volutionnaires par rapport aux generations anterieures La science biologique est la deuxt me r volution laquelle nous devons nous accoutumer vivre Et done ld ausst une transition fondamentale dans l quilibre de nos modes de vie et done de nos repr sentations du monde Nous pro posons une Emission qu n est pas r ellement de l in formation setentrfique court terme mats une vaste integration prospective du changement scientifique Ce qu est important aujourd hui c est de montrer que la science volue et va toucher dans Les vingt prochai nes ann es peut tre que c est une des composantes du titre 2002 toucher et bouleverser profond ment la vte de chacun SPECTATOR Fig
78. e sujet bateau Je me demande 146 s il y a r ellement des gens qui font des recherches sur l origine de la vie J ai l impression que par exemple le professeur Jacob fin visiblement il a r pondu cette question parce qu on la lui a pos e mais c est pas un sujet qui l int resse 2 SYMETRISATION ET IMAGE DE SOI Ces sujets on le voit ne sont pas dispos s s identi fier aux gens ni au grand public Ce qui implique d une fa on plus ou moins implicite un refus de la position compl mentaire inf rieure que la vulgarisation leur propose Le mouvement de sym trisation dont il est question ici n est certainement pas de m me nature que celui que nous avons d crit propos de Jean Claude Loin de r pondre un d sir de participation active il s agit d opposer la vulgarisation la propre comp tence Dans certains cas la question explicitement soulev e est celle du contr le du savoir La vulgarisation ne permet pas de comprendre C est une information que je ne peux pas contr ler Soit je lui fais confiance soit ca me semble louche mais de toute fa on ca ne me permet pas de comprendre On est oblig de faire confiance ce sont des informations qu on ne peut pas tellement contr ler Par contre il m arrive professionnellement de pouvoir entrer en contact avec les scientifi ques dans des domaines particuliers et ld je trouve tout fait plaisir discuter avec eux de ne d
79. e th ma il ne reste que deux possibilit s aborder des questions Scientifiques plus pr cises sous des formes nouvelles ou recommencer 175 Peut on imaginer des strat gies permettant de construire des missions de vulgarisation capables de satisfaire plusieurs des configurations d attentes que les diff rents types de lecture nous ont r v l es Peut on imaginer par exemple un type d mission capable d ac crocher la fois les b n ficiaires les spectateurs en retrait et les b n ficiaires en retrait Le r le de l animateur n est certainement pas le seul permettant de positionner le journaliste communicateur de m me que le r le d interview ou d invit n est pas le seul disponible pour le scientifique ce dernier pourrait tre plus troitement associ la production et m me l animation de l mission Pour revenir au m me exemple c est un peu dans ce sens que s est construit le tandem Montand Albert dans l mission Vive la crise Il faudrait autrement dit imaginer des strat gies nonciatives fond es sur une double l gitimi t celle du communicateur susceptible de l gitimer la dimension spectaculaire et celle du scientifique appor tant une caution d authenticit l acc s au domaine de la science qui est mis en sc ne Bien entendu que des scientifiques prestigieux soient dispos s s engager dans la pratique de la communication audiovisuelle grand public bi
80. ection faite l animal 3 Plan de l animal gu ri Plan de visage de l un des deux fr res parlant au t lespecta teur de derri re une cage oiseaux qui strie son visage 49 FIGURE 9 LE GRAND FOCALISATEUR Le vulgarisateur n est pas le monsieur qui sait C est le monsieur qui fait comprendre le monsieur qui sait au monsieur qui ne sait pas crivait l un d entre eux au d but des ann es 60 1 en ajoutant Il est l interm diaire et c est tout Cette position basse ce r le de m diateur efficace mais effac habill des attributs n gatifs de la d possession qu on attache ordinairement au r le du traducteur et du porte parole il est improbable que les vulgarisa teurs du spectacle scientifique l accepteraient aujourd hui Car entre temps ils sont comme on l a souvent dit mont s au cr neau Et du r le d inter m diaire ou 3 me homme entre la cit savante et la cit tout court ils ont fait si l on ose dire une charge d ambassadeur Pour commencer on a fort civi lement reconverti les savants premiers hommes en t moins ext rieurs et muettes cautions si bien qu aujourd hui deux hommes seulement restent en pis te au niveau tout au moins de la relation de commu nication directe celle qui se fait en face face les yeux dans les yeux le communicateur et son public Occupant maintenant la sc ne tout enti re dominant son sujet plus qu il n est domin par lui sans mentor derri r
81. emblent importants et il a une phrase du genre et puis beaucoup d autres choses telles que machin machin machin J ai vraiment eu l impression qu il me prenait pour un d bile 223 Je ne supporte pas ces gens qui vous donnent des chiffres partiels vous pr sen tent seulement une partie de l information tout en la donnant de fa on chiffr e ce qui cr e le sentiment que c est s rieux que c est scientifique Pour moi c est de ta manipulation On interroge un scientifique compl tement enferm dans sa probl matique et l dessus on met un commentaire qu nous prend un peu pour des d biles Il y a ici un double mouvement de refus du lien compl mentaire avec le journaliste nonciateur La position compl mentaire inf rieure d ignorance ou de moindre savoir est ressentie comme il me prend pour un imb cile chaque fois que l effort d explication et de simplification appara t comme tel D autre part le refus va jusqu nier toute l gitimit au journaliste comme nonciateur de la connaissance scientifique il fait semblant d tre s rieux alors qu au fond il ne conna t pas grand chose Le journaliste moins on le voit mieux a passe Dans une mission Scientifique il n y a pas besoin du journaliste vedette comme ea La vedette c est le scientifique C est que j aime bien dans les interviews c est quand on n entend pas la question du journaliste Il y a des montages qui
82. en au del du simple conseil ou de l entretien avec un journaliste et que ce dernier soit dispos s associer plus troitement avec le scientifique dans la mise en spectacle elle m me c est une toute autre af faire En dehors de la question toujours d actualit de savoir quelles sont les modalit s audiovisuelles efficaces pour faire de la vulgarisation scientifique aux heures de grande coute il nous semble important de progresser dans l tude des relations entre les formes nonciatives la t l vision et les modes de lecture auxquels ces formes sont soumises L volution pr visible de la t l vision en France dans les ann es venir avec la multi plication de cha nes et l apparition de cha nes pri v es demandera la conception de produits de vulgarisa tion plus cibl s adress s des secteurs pr cis de la population des t l spectateurs Et il ne suffira pas de s interroger sur l importance l int r t et la port e de ce qu on a dire ce qui sera crucial ici comme ail leurs ce sera la fa on de le dire 176 REFERENCES BARTHES Roland 1977 Fragments d un discours amou reux Paris Seuil BATESON G 1978 et 1980 Vers une cologie de l es prit Paris Editions du Seuil 2 volumes BOURDIEU P 1976 Le champ scientifique Actes de la recherche en sciences sociales no 2 3 pp 88 104 BERDOT Francoise 1984 Le spectacle des sciences a la t l vision Education
83. ench la parole des t l spectateurs et propos desquelles les sujets interview s ont exprim leurs jugements et leurs commentaires Notre d marche s inspire d une hypoth se strat gique concernant l tat actuel des sciences de la communica tion en g n ral et de la s miologie en particulier Cette hypoth se attribue une importance fondamentale aux efforts pour aborder les ph nom nes de r ception ou si l on pr f re les effets de sens la lumi re d une analyse pr alable des discours dont les effets nous int ressent A cette hypoth se strat gique s ajoute une au tre th orique celle l et selon laquelle la relation entre les propri t s d un discours d crites comme cela a t fait dans la premi re partie en tant que contrain tes de production et les effets de sens c est dire les lectures et les interpr tations des r cepteurs en reconnaissance est une relation complexe et jamais li n aire un discours ne d termine jamais un effet et un seul il d finit plut t un champ d effets de sens possibles De l tude des propri t s d un discours en production nous ne pouvons pas d duire ce que sera son effet 101 Nous n entrerons pas ici dans la discussion conceptuelle concernant les relations entre grammaires de production et grammaires de reconnaissance il nous sera permis de renvoyer a d autres travaux o la question a t abord e plus en d tail Cf V ron 1978 et 1
84. ent tous les jours base de notions intuitives techniciennes ou de bon sens inspir s par la familiarit la culture ou le pro fessionnalisme A commencer par celui des journalis tes eux m mes On n oublie pas en effet qu une mis sion d une heure est un message co teux appelant quelques pr cautions parmi lesquelles un script soigneusement labor dont les caract ristiques et les implications sont m rement r fl chies et parfois m me test es 1 Et comme il n est pas rare de trouver sous la plume de certains crivains des m ta analyses qui en font p lir d autres Proust et James en sont des exemples connus de m me les auteurs de la t l vision ont d se donner des syst mes d explication coh rents et explicites pour la simple raison que de la justesse de leurs anticipations d pend bien souvent leur carri re Pour le s miologue l existence d un tel m talangage professionnel parall le ou plut t co r f rent celui qu a grand peine il tente de construire est une source de curiosit permanente ceux qui font ces missions appliquent ils consciemment leur mod le Si c est le cas y a t il entre nous accord sur les grandes lignes Et cette figure ci est elle d lib r e S ils avaient la d crire comment l exprime raient ils etc Or ici et pour une fois cette curiosit a pu tre assouvie par l examen de quelques interviews dont le texte int gral parvint entre nos mains u
85. erme Les spectacles scientifiques la diff rence des films p dagogiques utilisent constamment des images pr textes 1 construisant ainsi un r cepteur en tat de distraction Mais il est simultan ment construit comme le sujet d un spectacle qui s apparente si l on veut bien nous pardonner ce terme excessif une forme de voyeurisme On entend d abord par l que le spectacle scientifique ayant install son enqu teur en p le d identification et mobilis sur lui les regards du r cepteur emm ne imaginairement ce dernier avec lui courir a et 1a fouiner ouvrir les portes observer par dessus les paules entrer dans des lieux interdits parfois m me p n trer la mati re et faire un tour en son coeur bref participer en voyeur ext rieur au d voilement de l obscur objet scientifi que Ma s le th me finalement banal de la r v lation du cach il n y a de science que du cach crivait Bachelard se double ici d une dimension nouvelle en ceci que les hommes de la t l vision parfois appel s gens d images lorsqu ils cherchent communiquer 1 Non nous ne sommes pas sans savoir que l on fait avec ce que l on a et que la pauvret des images d archives dans certains cas explique bien les choses Mais elle n explique rien dans les cas les plus fr quents ceux des tournages ad hoc 47 ce savoir sur l objet scientifique utilisent un degr exceptionnel le canal du voir con
86. ertissement l dification patiente du savoir de la r gulation interactive du corps social la descrip tion positive du r el des grands syst mes philosophi ques de repr sentation du monde les imp ratifs contrai gnants de la logique des recettes s duisantes du r cit etc etc Mais il y a plus Car la rupture en question loin d tre un pur ph nom ne de discours semble provenir d un tat de fait sociologique plus g n ral mettant en cause les statuts respectifs des institutions scien tifiques et mass m diatiques aujourd hui On ne peut ignorer en effet que les actes de communication sur lesquels nous nous sommes pench s et que nous avons d crits ici sous l angle troitement s miotique et trait s comme in vitro dans leur aspect exclusif de ph nom nes de communication au prix d une mise 93 entre parenth ses de toutes leurs autres caract risti ques on ne peut oublier qu ils sont aussi des faits sociaux et qu en tant que tels loin d tre des mona des s miotiques ne trouvant leur principe qu en elles m mes ils sont leur tour ench ss s dans un r seau complexe de d terminations dont ils proviennent et qui en retour les explique Au rang de celles qui viennent imm diatement l esprit il faut citer la modification g n rale des rapports de force entre le monde intellectuel et celui des m dias Car si jusqu la fin des ann es 60 les scientifiques n avaient rien g
87. es genres qui sont plus au moins caract ristiques d un support les prati ques de consommation qui lui sont associ es le prestige dont il jouit en tant que bien culturel etc Les ef fets sur la consommation d un produit donn de l image globale associ e au support o il est diffus sont donc un aspect important des conditions affectant le fonction nement des grammaires de reconnaissance 118 119 CHAPITRE II LE BENEFICIAIRE OU LE NON SAVOIR SANS COMPLEXE 1 LA CURIOSITE ET LES THEMATA Les individus qui composent notre premier groupe nous les appellerons les b n ficiaires La principale caract ris tique qui les r unit peut tre sch matiquement r sum e en effet en disant que ces t l spectateurs acceptent sans r serves d occuper la position de destinataire b n ficiaire telle que cette figure de l espace charni re nous est apparue dans la premi re partie de l tude Comme il y a t soulign ce b n ficiaire est construit comme une nature curieuse ce qui s articule ais ment l int r t que ces sujets manifestent pour la vulgarisa tion en g n ral On parle par exemple souvent des b b s prouvettes des femmes porteuses a c est nouveau On trouve toujours des choses nou velles On se demande comment 118 font ca e Puts il y a les nouvelles maladies aussi comme le Sida On en parle On s y int resse On est au XX me si cle on est en plein dedans on a des enfant
88. es robots de l usine Renault Douai J ai fait une Emission qui a co t extr mement cher dont le grand int r t le seul int r t est que les gens ont vraiment vu de vrats robots FOCALISATEUR Figure construction du vulgarisateur comme centrali sateur majeur de l information et du discours Laurent Broomhead Je me fats pas d illusions Depuis un an et demi j at gomm la tentation des chiffres d une mani re tr s simple je n at pas de texte m me pas de carton pr par l avance Je pr pare L mission pratiquement sans documen tatton je m impr gne au contact des gens et des sujets Je me suts forg une bonne m moire et en direct de n ai rien d autre que ma connaissance Du coup plus de chif fres plus de mots compliqu s d organismes citer L mission se d roule spontan ment Je donne une certaine idee tr s personnelle d ailleurs je ne le cache pas Il serait hypocrite de dire qu on est neutre On est content d tre la t l et d avoir dix millions de person nes pour passer ses messages sol aussi c est normal Le journaliste c est un peu a ausst Fran ois de Closets En fait tout est li la personnalit du journaliste Est ce qu il y aurait une mission scientifique 20h30 s il n y avait pas Broomhead 7 Ce n est pas vident du tout Desgraupes a vu ce que faisait Broomhead et il s est dit je peux jouer Broomhead 20h80 Est ce qu il a dit Je vats jouer l
89. es et minuit chaque s ance avait donc une dur e de 3 4 heures Le repas avait lieu pendant le travail du groupe Le contact initial avec chaque foyer tait t l phonique et il tait tabli par la m diation d une personne connue de la famille On proposait aux candidats la r alisation d une soir e de discussion sur la vulgarisation scienti fique a la t l vision dans le cadre d une recherche men e pour le Minist re de la Culture en leur demandant en cas d accord d inviter des amis choisis par eux participer la r union Les deux responsables de cette phase de l tude animaient la s ance L animation a t men e selon une technique que l on peut qualifier de semi directive en laissant la discussion se d rouler librement Les questions et les relances taient 103 destin es recentrer le d bat faciliter le cas ch ant l intervention de tel ou tel participant afin d quilibrer les temps de parole et enfin soulever les questions non abord es spontan ment La s ance tait organis e en deux grandes parties La premi re partie destin e entrer en mati re consistait en une discussion g n rale sur la science et sur la vulgarisation scientifique en g n ral L objet tait d obtenir des informations concernant le rapport ou l absence de rapport a la vulgarisation scientifique de chacun des participants int r t attentes imaginaire pratiques de lecture etc La deuxi
90. es et Herv Brusini 1984 article auquel j ai emprunt la substance de ce paragraphe ces modifications pr s qu ils distin guent deux dates o moi m me j en vois trois et qu ils parlent de p riodes se succ dant l une l autre 1 o je vois des courants s ad ditionnant sans s annuler 18 Le troisi me courant d rive du pr c dent dont il se distingue principalement par le r le accru que prend le journaliste dans l mission Le d nomm 3 me homme 1 y devient ici en effet le premier maitre d oeuvre et le principal nonciateur du discours scientifique dont il a d ailleurs repens profond ment l expression pour en faire un authentique pro duit du petit cran Le studio plus qu un lieu technique s affirme pr sent comme un centre autour duquel s articulent les machines conna tre la r a lit 2 op rant avec des microscopes des ordina teurs et des maquettes sophistiqu es La t l vision entre de plain pied dans la production de mod les dans une connaissance abstraite des choses soudai nement loin de leur perception imm diate a laquelle nous avaient habitu s les reportages 2 Ce nouveau genre se met en place au d but des ann es 80 notam ment avec Pierre Desgraupes Michel Treguer et ses r alisateurs et dans un autre style avec Laurent Broomhead et les fr res Bogdanoff Ce sont aux missions du trotst me courant que nous allons tet nous int resser dans toute la vari
91. es sur fond artificiel ce soi sont tout fait conjornmistes Je suis de plus en plus content tleu qu on ait fart cette niss on ce SOLAN Yye generale du plateau 54 55 L c est l image courante de la f condation comme plantation d une graine dans le ventre de la m re qui sera mise en cause ici encore c est l id e selon laquelle le cancer a s attrape que l on interrogera sans parler des multiples vocations de visions pr scientifiques aujourd hui d pass es le syst me de Ptol m e la g n ration spontan e etc La troisi me pi ce de la machine de persuasion vient d elle m me la t che du communicateur consiste emmener avec lui son public la rencontre de nou veaux syst mes de repr sentation de nouvelles weltanschauung scientifiques propres remplacer celles que le doute m thodique vient de d truire sous ses yeux La machine scientifique a maintenant sa forme d finitive ce d tail pr s que derni re habilet l tre que l mission persuade lorsqu elle le fait ostensiblement elle ne le pr sente pas comme une image de son t lespectateur Aio et nuno Vous qui je parle personnellement mais comme celle d une collectivit indiff renci e chacun peut de ce d niaisement tirer des enseignements sans se sentir sp cifiquement concern CHAPITRE III REGLES 57 59 Sur la t l vision bien d autres langages que celui des s miologues se tienn
92. essionnels du montage et de la r partie mais ce n est pas des gens dont on sent que c est leur recherche leur passion Ils ne transmettent pas grand chose On le voit il n est pas du tout question de connaissan ces scientifiques de contenus mais curieusement d nonciation et de langage Par rapport a quelque chose qui est opaque au langage la passion 1 motion Ce qu il y transmettre peu de choses voir avec le savoir scientifique si ce n est l irr ductibilit du lien en 158 tre la personne et son savoir entre le praticien et son m tier Ce lien n est pas transposable il ne peut pas tre pris le journaliste pourra r p ter il ne transmettra pas grand chose On ne saurait mieux valori ser la fonction de la parole comme signe d une diff ren ce d une sp cificit non transmissible car c est une affaire de ton non pas communication d un savoir mais expression du fait qu on le poss de Ce savoir ce n est pas par une mission de t l vision qu on y acc de ra Reste le spectacle le seul qui int resse v ritable ment ces spectateurs celui de l authenticit du rapport au savoir de quelqu un qui connait son boulot 6 PROPOS DES TRAJECTOIRES 11 est clair qu une tude qualitative comme celle ci ne peut prouver quoi que se soit sur la relation entre les r gles de lecture et les conditions objectives qui expliqueraient ces r gles Nous nous bornerons par cons
93. est arriv ce r sultat Je n ait pas une formation scientifique et je ne m int resse pas a priori la science elle m me mats plut t ta technologie aux cons quences pour la soci t des d cou vertes scientifiques Ce qui m int resse ce sont les progr s d une mant re globale qu est ce que a ouvre comme perspectives Je m int resse surtout aux r percussions sociales et cela deux niveaux Tout ce qui touche l thique de 1 science m int resse beaucoup mais aussi toutes les r percussions socio conomiques 149 Dans ce cadre on pourra facilement tenir un discours positif sur la vulgarisation dans la mesure o l int r t ne concerne plus l interview mais les gens dans la mesure o c est devenu un int r t g n ral Ca me semble n cessaire tl faut en faire de la vulgarisation Parce que m me si on y conna t rien on se rend quand m me compte que la science a une grosse influence sur notre soci t sur nous m me Ce serait ca tastrophique st d un c t les scientifiques taient enferm s dans leur truc et de l autre le public IT a des comportements compl tement ana Chroniques qui se passent partir du moment o la science est r serv e un certain nom bre de personnes Par exemple par rapport aux substances canc reuses qu on risque de manipuler dans le travail Ou bien les gens nient compl tement le risque ou alors c est la peur panique
94. et agissent des personnages Poursuivons cette travers e des univers Narrateur et personnages sont des fictions construites avec des signes Par qui donc Par l auteur bien s r Ce nou vel tre a une activit tout autre n tant ni un acteur de l aventure ni charg de sa narration mais bel et bien source productive de cette narration L auteur ne relate pas mais il imagine il ne d crit pas il invente il ne d veloppe pas un contenu mais un phra s il n est pas le sujet d un regard mais l ouvrier de techniques et de proc d s il est le p re enfin d un style qui n exclut pas parfois pr cis ment des mots d auteur Fr quemment cach derri re ses personnages et parti culi rement sous le narrateur son image publique que l on se rappelle la tendance de la critique les assimiler par exemple chez Proust l auteur a une existence s miotique vacillante Il n emp che que cer tains indices r partis dans le texte peuvent donner une impression sinon toujours une image nette de cette image dans le tapis autour de laquelle se d plo e une nouvelle instance celle de la production 1 On ajoutera cette derni re pr cision avant que nous ne plongions dans un autre genre d histoire en dis s quant ainsi m ticuleusement la mati re textuelle le 1 L appartenance de cet univers au champ la narratologie ne fait pas l unanimit on le voit en po tique comme l atteste la r flexio
95. et inconforta bles Mais cela ne fut pas le cas comme on va pouvoir le constater Car ces deux m talangages que sont les lectures profes sionnelles et s miotiques peuvent ici tre raccord s l un l autre face aux figures du s miologue il n est en effet pas difficile de placer apr s les avoir extraits des interviews les th mes de pr dilection du professionnel r fl chissant sur ses principes de travail 1 1 Les deux m talangages composent certes deux esp ces diff rentes pour la raison que la lecture s miotique seule de la paire se poser ainsi se donne pour vocation d tre au sens strict un syst me ventuellement formalisable avec toutes les vertus mais seulement elles de ce type d organisme en particulier la transmissibilit et la ma trisabilit et aussi toutes ses contraintes d engendrement si l on veut bien se sou venir qu elle reste int rieure une discipline la s miotique dont elle tire ses concepts qu elle s astreint n op rer qu avec une panoplie finie de notions univoques et explicitement caract ris es qu elle S oblige enfin canaliser ses observations l int rieur d un cadre g n ral vocation th orique 61 DRAMA Figure pr sentation de la science sous la forme d un r cit historique ou autre Fran ois de Closets Dans le domaine scientifique tl faut qu il y ait une id e susceptible d int resser et accrocher un para doxe un jeu intellectuel
96. ette mission Si elle est pour te grand public elle passe tr s large ment au dessus Si elle est pour les scienti fiques je ne crois pas qu ils en aient pour leur argent On ne voit pas du tout ce que cette mission vise ce qu elle cherche faire de suis tr s tonn e qu on ne se soit pas serv des moyens audio visuels et qu on n ait pas utilis ces moyens pour don ner des explications Il n y avait pas de coh rence entre le discours l image et les dessins Quand on un cran peut reproduire des sch mas ne vois pas l int r t de montrer des couloirs et des Laboratoires 165 166 2 L ATTENTE D UN SPECTACLE DISTANCE A propos de l mission de Lalou Barr re Moi cinq minutes apr s le d but j aurais arr t l mission C est l art de ne pas accrocher du tout le t l spectateur Pour mot tes missions doivent tre encore plus performantes pour que je m y accroche Mais de quelle nature doit tre cette performance des tin e accrocher Ce n est certainement pas la per formance du journaliste communicateur ou circulateur mais plut t celle de l nonciateur cin aste invisible D o la pr f rence pour la formule de l mission de Desgraupes Quand on voit les moyens qu utilisent les cin astes pour faire des films des court m trages des films documentaires on voit des choses beaucoup plus labor es A propos de l mission de Desgraupes Cette
97. explorations de la cam ra dans lesquelles des acteurs et parfois des savants jouent les morceaux d anthologie de l aventure scientifique La biologie appara t alors comme une qu te celle du bien de l humanit prise en charge par des sujets dot s de qualit s exception nelles assist s de cet adjuvant myst rieux leur g nie en butte aux forces nigmatiques de l obscurit et del ignorance et ainsi de suite selon cette logi que narrative laquelle para t ii on n chappe pas quoiqu on dise Greimas 1979 p 247 Qu il y a t il alors d tonnant gue la t l vision son tour utilise cette inusable recette Et qu elle lui r serve la plus haute marche du podium le titre de l mission lui m me dans SAGA et dans L ODYSSEE DU FUTUR gt Pierre Desgraupes HISTOIRE DE LA VIE Charles Darwin s tait beaucoup interrog sur Les variations des individus dans e cadre des esp ces Mais il n tait james comprendre Les m canismes de a transmission de caract res Le grand secret de a nature devait tre d couvert par un contemporain ignor de Dauvin Le moine tch que Johan Mendel Fr re Gregor en religion 10 utilisait Les Loisirs de sa vie monacate cultiver patiemment un jardin bien tranae 16 publia en 1865 un m moire d une grande rigueur Mais son oeuvre ne fut d couverte que bien apr s sa mort au d but de notre si cle Le livre des grands hommes constitue lui aussi
98. f Bateson 1978 Ces deux no tions ont t propos es l origine pour d crire des changes entre des partenaires sociaux qu il s agisse d individus ou des groupes Dans le cas de la sym trie les partenaires changent des comportements de m me na ture agresse B par exemple et B r pond en agressant son tour Face un message d un type donn si la r ponse consiste dans un message du m me type l change est sym trique La plupart des comp titions sportives sont des situations sym triques face au comportement de A le probl me pour B c est de faire plus ou mieux de la m me chose Un autre exemple caract ristique de la sym trisation est la course aux armements 111 Les changes dominance sym trique tendent positionner les partenaires comme quivalents ou comparables Dans les relations compl mentaires en revanche les parte naires se positionnent comme diff rents l un de l autre leur interaction se fait par le moyen de comportements qualitativement diff rents Un bon paradigme d change compl mentaire est l interaction question r ponse r pondre une question est qualitativement diff rent de poser une question Dans l optique des analyses batesoniennes c est l chan ge qui peut tre qualifi de compl mentaire ou sym tri que et non pas un comportement isol un comportement d agression n est en soi ni compl mentaire ni sym tri que car tout d pend de l
99. fiant l ob servation et au contact optique avec les choses une fonction minente et lui accordant visiblement un pouvoir de s duction autonome dans la communication Autrement dit plus importante que la saisie intellec tuelle des problemes para t celle visuelle de leur inscription dans la r alit Etienne Lalou et Igor Barr re LA REVOLUTION CELLULAIRE Journaliste On provoque une tumeur artificiellement chez une sourts priv e de d fense Pour radiquer cette tumeur on va utiliser des diea corps monoc onaux obtenus par hybridation de lymphocytes et de cellules canc neuses humaines On tes injecte L animal et L on constate La disparition de tumeur La cellule canc reuse ayant v hicule son propre agent de destruction Igor et Grischka Bogdanoff 2002 R cemment on a Lire dans une revue scientifique qu une quipe de chercheurs 4e paie ou envisageart de proc der amp une experience d hybridation entre Le singe et L homme Alors nous avons t eigu teA aux Etats Unis et nous avons constat que ce pre jet est sans r el N anmoins 4 nous a u anteressant de vous proposer quelques unes des cons quences que pourrait rev tir une telle exp rience 44 e e avait n ellement Lieu Ceci dans Le cadre d un se nardo qu il ne faudra videmment pas prendre au pied de a Lettre mais imaginuns ensemble 48 Plans d illustration stricte 1 Plan de la souris tumeur 2 Plan de l inj
100. grand focalisateur ayant pris sur lui de focaliser les regards et focalisateur dans un deuxi me sens du terme de filtrer pour le specta teur le discours scientifique 1 1 Dans l mission Vive la crise f vrier 1984 cette figure arrivait son point d incandescence par l interpr tation hautement jou e qu en donnait Yves Montand ainsi que dans l impression d ensemble qui en r sultait que le discours conomique avait d riv hors des c nacles o il se tient d habitude 9d FIGURE 10 PROFESSION COMMUNICATEUR Souvenons nous de l aust rit monacale frisant le d nuement des genres scientifiques du pass le reportage avec la cam ra sur l paule ou la r union de groupe autour d une table basse Et que l on re garde maintenant l quipement hautement profession nalis de nos spectacles scientifiques les plateaux Broomhead avec leur dizaine de cam ras l ordina teur Honeywell Bull traitant en simultan les appels adress s aux 10 standardistes de SVP les s quences en duplex ainsi que le d cor spatial des Bogdanoff les images incrust es les m moires de trame les extraits de micro cin matographie les maquettes les films Entour ou pr c d de ces dispositifs sophistiqu s proc dant avec aisance le journaliste en technicien du savoir pratique Sartre exprime alors son aptitude communiquer le savoir par sa ma trise spectaculaire et fortement mise en spec tacl
101. h orie de 1 nonciation et la th orie du r cit et celle de cette deuxi me partie consacr e une premi re explora tion des r gles de la reconnaissance R duire peu peu la distance entre ces deux probl matiques nous para t du point de vue m thodologique la t che la plus urgente 102 2 LE TERRAIN Dans une perspective comme celle que nous venons d vo quer il n tait pas question bien entendu d envisager de r aliser une enqu te sociologique destin e a recueil lir les opinions d un certain nombre de personnes propos des missions tudi es IL tait clair pour nous qu il fallait aller bien au del des valuations posi tives ou n gatives concernant telle ou telle formule d mission IL fallait donc mettre en place un contexte d entretien permettant d induire une production de parole abondante et ouverte pendant une p riode de temps assez longue et dans une situation pas trop loign e des Situations quotidiennes de consommation de la t l vision La proc dure finalement adopt e nous semble avoir rempli d une mani re assez satisfaisante ces trois conditions Nous avons organis des discussions de groupe chaque groupe tant compos en moyenne de cinq personnes Les r unions ont eu lieu sans exception au domicile d un participant ou d un couple de participants et se sont d roul es pendant la soir e Commenc es entre 20 heures et 20 heures 30 elles se terminaient entre 23 heur
102. i recouvre le m me ph nom ne que Bateson d crit lorsqu il parle de ces m canismes qui font que la r alit d pend de la croyan ce plus vous croyez vos hypoth ses sur la nature de la r alit sur le caract re des personnes etc plus vous risquez de vous retrouver dans un monde qui ne fera que les confirmer Cf Ruesch et Bateson 1950 Nous ne pouvons gu re parler ici de reconnaissance ni de position de lecture Marie H l ne ne regardera pas de Son gr une mission de vulgarisation scientifique Elle ne s int resse ni la science ni sa vulgarisation Elle juge la vulgarisation inutile Cette attitude d coule d une conscience tr s vive comme dans le cas de Jean Claude du manque d ducation et de formation culturelle Mais cette conscience est ici ac compagn e de la conviction profonde que ce manque est irr m diable et tout effort inutile Nom fictif Dans ces conditions toutes les modalit s nonciatives des spectacles scientifiques seront refus es selon un m canisme implacable consistant utiliser la compr hen sion et non compr hension comme preuves Ainsi les mis sions de Desgraupes et de Lalou Barr re seront vivement rejet es elles sont trop compliqu es les explications ne sont pas claires Puisque on comprend pas vraiment a sert rien de regarder Vu la formation qu on a V rification sans appel de l impossibilit d tre vul garis Mais pour
103. ian 1977 Le signifiant imaginaire psychanalyse et cin ma Paris Union g n rale d Editions 10 18 MOLES Abraham et OULIF J M 1967 Le 3 me homme vulgarisation scientifique et radio Diog ne 58 pp 31 sq MORTUREUX M F 1982 Paragraphe et m talangage dans le dialogue de vulgarisation scientifique Langue frangaise 53 ROQUEPLO Philippe 1974 Le partage du savoir Science culture vulgarisation Paris Seuil RUESCH J et BATESON G 1950 Communication The social matrix of psychiatry N Y Norton amp Co VERON E 1978 S miosis de l id ologie et du pou voir Communications 28 7 20 VERON E 1983 Il est l je le vois il me par le Communications 38 98 120 VERON E 1985 Production de sens Fragments d une z e sms Ro C UR FPS vero socios miotique Th se d Etat paraitre 181 ANNEXE I NOTE SUR CINQ CAS NON CLASSES ET UN DISCOURS META Des trente cing personnes dont on a recueilli le discours au cours des r unions de groupe six n ont pas trouv de place dans notre typologie Cinq d entre elles ont t laiss es hors classement et la sixi me constitue elle seule une cat gorie part le discours m ta L une ou l autre de trois raisons nous ont amen s laisser cinq de nos interview s en dehors de tout classe ment La premi re raison est un effet de groupe Dans une r union de groupe et malgr les relances certaines
104. ienti fique tl est certain que le public va d crocher dans la mesure o tl n en a pas l habitude Ensuite tl est priort tent de constd rer que la science fait partie d un domaine qui n est pas le sten Comme le dit Frangots de Closets on recueille les clop s de la science dans L ducation Etienne Lalou De ma vie je n avais pas pris conctence dans quelle d tresse dans quelle solitude dans quel isolement dans quelle situation sont les gens qui sont nos spectateurs C est peut tre le type d mission o la t l viston peut le plus jouer son r le de service public Parce que c est vraiment a On est compl tement au service du public On lut apporte les renseignements les hommes la confiance INFLUENCEUR Figure pr supposition d une quipe de production sou haitant faire voluer les repr sentations col lectives gr ce aux missions qu elle propose Francois de Closets Il ne faut pas oublier que jusqu preuve du contratre la t l vision n est pas obligatoire et que st vous amon Venez tet venez tet Je vats vous apporter de la culture c est exactement comme st vous ventez avec du mouron pour ies pigeons sur la place Satnt Mare et que vous tirtez deux coups de pistolet en l air pour les atti rer Personne n a jamais achet un t l viseur pour se cultiver Personne n a achet un t l viseur pour regarder une Emission scientifique jamais La television est un out
105. ies et des fan tasmes o s enracine la d couverte et dont il ne sera pas fait tat tout au moins pas franchement dans cette deuxi me zone qu est la science publique qu enregistrent les revues scientifiques et les mono graphies Pour caricaturer proc de avec des concepts ici en fagade le savant mais l en coulisse il 37 op re avec un humus th matique v ritable mati re premi re de l imagination scientifique La base en est compos e par des visions du monde simplifi es Th mata Weltbild ou Weltanschauung constructions mentales inv rifiables irr futables a tendances nettement litt raires vocations franchement cul turelles aptes expliquer toutes sortes de choses et pas seulement les objets d tude du savant et exprim es g n ralement sous forme d images synth tiques fort pouvoir d invasion des consciences Or pour une raison X c est quand ils s adressent un public de profanes que les scientifiques sont plus susceptibles de mettre d couvert leurs pr sup pos s th matiques normalement implicites par ail leurs 1 La t l vision il va sans dire reprend illustre et commente abondamment ces th mata chocs que sont l h lice ADN le Livre de la vie son criture son code les bact ries ouvri res l usine cellulaire l ar bre g n tique le d doublement du m me ou clonage l alchimie de la vie ou b b prouvette etc Les th mata sont ainsi de toute
106. il de distraction et n a jamais t originellement un outil culturel C est par un d tournement d usage qu on peut faire de la communication de l ducation de l infor mation Done tl faut que la science s avance masqu e 69 la t l vision Le d conditionnement du publie dott se par tous les biais Il peut se faire par le btats de L histoire il dott se faire par le biais de la sctence fiction tl dott se faire par le biais du spectacle par tous Les biais c est la science masqu e C est dire qu il s agit d enrichir d un rien d information setenti fique des missions qui au d part ne sont pas scienti figues Cade Laurent Broomhead Le r le de la t l vision n est pas un r le d ducation nationale c est un r le de sensibilisation de motivation des gens sur un sujet Mot je ne suis en aucun cas pro fesseur m me st j ai plus de maquettes qu un professeur Il faut que le sujet de l mission concerne le public Ca veut dire qu il doit tre dans sa sensibilit un moment donn Pourquot Non pas seulement pour rac coler mats parce que c est le moment o tls sont sensibles et c est done le moment o il vaut mieux d truire pas mal de lieux communs puisqu un des buts de l mission est de d truire les lieux communs Igor Barr re et Etienne Lalou La vulgarisation la television permet de sensibiliser c est dire d ouvrir l esprit des gens quelque chose
107. il incarne l univers du specta cle A propos des Bogdanov Mot ce qui m a emb t c est te c t mise en sc ne parce que au moment o les deux personnages disparaissaient et laissaient place un discours ou un documentaire l je 153 154 trouve a tout fait bien tout fait int ressant Il y a ce c t qui m a nerv d s le d but l aspect gadget de l mission Cette mise en sc ne cadre mi setence fiction mi tout ce qu on veut Ca a un c t compl tement infantile ca me met hors de moi Je trouve m me qu ils d valorisent le mes 118 nous pr sentent ca sur un cam ping gaz avec une petite marmite Un petit coup de tel acide un petit coup de tel autre et hop messieurs dames c est a la vie A propos de Broomhead C est un tue la science C est ramener la science un spectacle C est pas de la vulgarisation c est de L hyper schematisation C est bord lique It parle des bact ries il donne des r sul tats pars On est compl tement paum s plus on ne voit que lut Et a un one man show pour un true comme Quand 11 interroge quelqu un 11 tut coupe la parole Il te fait venir pour dire voyez j ai la caution de ce type l C est vraiment le type de vulgarisateur que j ex cre du fond de l me C est tellement ras du gazon que c est vraiment te prendre pour un con On te fait un dessin chou croute et on te dit
108. images et de sonorit s qui ne peut pas viter par nature la mise en espace de son propos et en particulier celle de ses fonctions majeures Ainsi c est au pied de la lettre qu il faut pren dre dans l audiovisuel la notion de point de vue narratif l oeil de la cam ra y a une hauteur une distance par rapport son objet et lors qu elle se d place c est in vitablement et explici tement dans un espace r el trois dimensions Ainsi en va t il autre exemple de l apparition au petit cran d un personnage s adressant moi en position frontale qui me regarde oriente vers moi son corps et fait des gestes mon intention Alors qu entre nous il n existe objectivement aucune continuit spatiale tous ces signes sont dispos s l pour m inciter construire mentalement un seul et m me volume imaginaire dans lequel nous nous faisons face et o se d roule notre change 78 Mais par le vocable d espace nous d signerons en fait une vari t tr s particuli re de volumes ce seront des construits souvent largement imagi naires mais cependant introduits par des signes tangibles par rapport auxquels seront rep r es et localis es l une ou l autre des multiples figures r parties dans l paisseur de la communication Pour prendre une image alors que les instances litt raires se tiennent sur des niveaux plans les instances audiovisuelles sont dans des bo tes 1 Avec la notion d instance
109. imite on demande de ta vulgarisation scientifique on ne la 152 voudrait pas imb cile mais en fait on vou drait qu on nous la serve et qu on l assimile imm diatement sans avoir trop se creuser la t te dessus A Ta t l vision on a l impression d ap prendre quelque chose on a l impression de faire marcher les m ninges sans vraiment les faire marcher Ca ne laisse pas de traces C est genial Aux yeux de ces personnes dont le capital culture acquis leur a permis de s loigner de la position sociale d ori gine la t l vision reste t elle un divertissement popu laire inapte a une strat gie culturelle de distinction Toujours est il que de l ironie sur la superficialite d un spectacle sans cons quences jusqu l hostilit en passant par une certaine m fiance la t l vision n a pas ici une tr s bonne presse La plupart dit y regarder essentiellement les informations et des films Seule exception importante Cousteau et Haroun Tazieff qui semblent s duire par le c t aventure 4 NI CIRCULATEUR NI FOCALISATEUR NI COMMUNICATEUR Dans le contexte d une conception qui valorise la sp ci ficit et la complexit des savoirs seul le scientifique peut tre le garant de la scientificit Ce n est que logique puisque toute strat gie de distinction par la culture pose la question du vrai et de l authenticit pour la plupart de ces sujets le journaliste vulgarisa teur est un tra tre car
110. in en plus puisqu il y avait Le probl me de la responsabilit et de la personnalit d Oppenhet mer Il faut la t l vision qu il y att un contenu humain philosophique Quand on parlait du message setenttfique d Einstein derri re tl y avait cela ausst C est je crois d s qu on passe au tableau notr qu on fait de la mauvaise t l vision Fran ois de Closets S il s agit pour nous de faire parler un scientifique notre choix est 80 conditionn par le fait qu il est bon la cam ra Et a n a rien voir aveo La va leur du setentifique en question strictement rien voir Autrement tl y a longtemps que M Paul Em le Victor aurait le prix Nobel et qu on l aurait retir M Alfred Kastler Seulement je pr f re de beaucoup faire parler l adjoint qu exprime quelque chose forte ment dont je sats qu il sera bien regu par le public que de faire parler le patron qui va s exprimer en tenant compte de ses coll gues de l autorit de tutelle et en n omettant surtout pas de signaler un truc tmbuvable Igor et Grischka Bogdanoff On s est apergu combten les hommes de sctence avatent de pouvoir d hallucination pour le public Le public est fascin au sens tymologique du terme par la pr sence par le discours par quelque chose qui mane de L homme de science per u justement comme L homme de science c est dire comme le d tenteur d un certain savoir M me st ce qu il transmet n e
111. ion ou il y avait la aussi des jeunes qui posaient des questions sur l univers Il y a les jeunes qui repr sentent des points de vue divers et non scientifiques Done ca pouvait sous entendre un d bat qui n tait pas uniquement dans le cadre de tla science avec des gens qui taient jeunes et qui n taient pas forc ment d un niveau trop lev Mot c est la pr sentation qui m a s duit le plus dans la mesure o elle faisait participer plus de gens On se dt sait m me avec le niveau que j ai je peux couter une mission comme a 136 J aime Broomhead mais je pr f re encore quand il y a confrontation discussion entre les non inities et l initi c est l que j en retire le plus ca fait sortir le scientifique de sa r serve Il est oblig de s investir beaucoup plus la rigueur de reconnattre l qu il ne sait pas la qu il a fait une erreur on le voit beaucoup plus en tant qu homme L inaccessibilit de la science se transforme t elle ici dans l inaccessibilit du scientifique Dans son imagi naire sym trisant Jean Claude se voit en train de dialoguer avec lui pour le faire sortir de sa r serve pour lui faire changer en somme de niveau en cherchant instaurer une relation avec l homme hors science en quelque sorte Nous nous garderons bien d aller plus loin et de voir dans cette figure distanc e de scientifique que Jean Claude voudrait amener s ouvrir a
112. ion et on les attendait les spectacles scientifiques De ces der niers en effet parce que rien l cran ne permet d inf rer qu ils ont t achet s ou fabriqu s l ex t rieur on jurerait qu ils sont mis depuis les lo caux de la cha ne et par elle produits coordonn s financ s et enfin cautionn s Au sein des missions d image de marque que disent de particulier les magazines scientifiques sur la cha ne qui les produit On dira qu ils contruisent le canal et ses hommes comme les pilotes d un dispositif sophistiqu d influence sur les repr sentations collectives En effet les hommes du canal manipulent souvent explicitement une machine de persuasion La premi re place en est l installation l cran de certains groupes sociaux ostensiblement d finis comme si ges de quelques opinions majeures propos desquelles la science de son c t a aussi quelques mots dire Or deuxi me pi ce dela machine de persuasion les questions les opinions ou les doutes qu on a ainsi pr sent s voire sollicit s manifestent souvent d eux m mes sinon on les y aidera un certain degr de fausset ou de na vet ici nous sont montr s des publics am ricains partisans du cr ationnisme et rejetant les acquis de la th orie de l volution Igor et Grischka Bodganoff 2002 En pr ambule l mission fait exceptionnel le Professeur Jacques Ruffi est interview par la speakerine de la cha ne
113. is pas que je comprends tout ce qu on me dit mais comme je peux interro ger les gens qui sont en face de mot ca me donne au moins l impression de pouvoir mat triser l information 147 A Souvent on exprime un manque d int r t Je ne peux pas dire que c est une chose qui m int resse C est des articles qu on lit dans les journaux quotidiens mais pas plus C est un monde auquel je n appasttene pas qui m est totalement tranger Concr tement je ne m int resse pas la science c est dire que je ne fais rien pour m informer Je ne lis pas de revues je n essaye pas du tout de suivre des missions A c t de ca ta science c est pour mot l explication des ph nom nes et par con s quent tout en ne faisant rien pour m y int resser je ne comprends pas qu on ne s y int resse pas Je ne comprends pas davantage comment on pourrait ne s y int resser qu une heure par semaine Le manque d int r t n est donc pas innocent et l on retrouve nouveau l id e de la complexit de la science il faudrait lui consacrer la vie Cela ne sert pas grand chose de consommer ici et l une heure de vulgari sation En m me temps la question de la connaissance le rap port la culture est quelque chose d important pour ces personnes elles ne peuvent donc pas rester dans l atti tude d un simple refus de s int resser la science Plusieurs modalit s de refocalisation de l int r t appa raissent
114. isations qui ont eu effectivement lieu chaque type de lecture op re par pr l vement sur la complexit potentielle du discours on focalise sur certains as pects plut t que sur d autres on s articule un espace en ignorant les autres on refuse la dominance de telle ou telle position d nonciations chaque lecture se D greffe d une certaine mani re la complexit du dis Cours consomm 171 L embo tement des espaces et la distribution des r les entre les figures qui y apparaissent d finissent des strategies nonciatives celles ci caract risent les diff rents types de vulgarisation scientifique la t l vision Chaque strat gie implique une prise en charge particuli re du discours sur la science Ce tableau que l on peut dresser en production soul ve nous l avons vu un probl me fondamental de l gitimit de la prise de parole sur la science la solution de ce probl me ne peut tre rep r e qu en reconnaissance dans la mesure o la question de la l gitimit l nonciateur dans une situation d nonciation p dagogique interroge le r cep teur dans son rapport son propre savoir C est pourquoi cette question de la distance entre pro duction et reconnaissance nous semble rev tir un int r t particulier dans le cas de la vulgarisation par le moyen de la t l vision grand public Rappelons tout d abord combien le d calage s est av r dans l ensemble important Prenons
115. istance d une diff rence irr ductible qui fonde l admiration pour la star et sentiment que peut tre elle est finalement comme nous elle a ses faiblesses et ses angoisses 126 D o le plaisir provoqu chez ces sujets par les manifes tations de doute du scientifique ou par son aveu d igno rance la s quence d interview de Fran ois Jacob ins r e dans l mission de Desgraupes dans laquelle Jacob voque la possibilit qu on ne puisse peut tre jamais r pondre la question sur l origine de la vie a produit invariablement un fort impact sur les b n ficiaires Il est tr s modeste il se fait tout petit devant le myst re il est proche de nous Je n aime pas quand quelqu un vient et dit c est comme a Ils ont l air de tout savoir et puis en definitive ils ne savent peut tre pas plus que d autres Et nous on croit et peut tre ce n est pas vrai Les b n ficiaires sont enti rement pris dans l une des dimensions fondamentales de fonctionnement de la t l vi sion grand public l ordre du contact Cf V ron 1983 Et plus le sujet per oit son capital culturel comme bas plus son attitude est n gative vis vis d une vulgarisation qui comme celle illustr e par la s rie de Desgraupes pratique une nonciation distanc e et imper sonnelle qui rappelle plut t le documentaire cin matogra phique et qui n utilise gu re les dispositifs de contact propres la t l vision Face la po
116. it une situation de groupe notre unit d analyse a port cependant sur cha que individu dont les propos ont t identifi s et suivis tout au long de la discussion Dans la mesure o notre int r t allait bien au del des pr f rences ex prim es et des opinions explicites a propos de tel ou tel contenu et ou il s agissait de cerner la r sonance sur le r cepteur des diff rentes modalit s nonciatives et en particulier la fa on selon laquelle on r agissait face la position de destinataire propos e par chaque type d mission ce rep rage du discours individuel nous est apparu comme fondamental Ce n est en effet qu au niveau de l ensemble des propos tenus par chaque sujet dans la discussion g n rale tout d abord et propos des frag ments pr sent s ensuite et en tenant compte aussi de ses ventuelles incoh rences ou contradictions que des r gles de lecture ont pu tre reconstruites et sur tout que des l ments plus profonds concernant la position globale du sujet vis vis de la vulgarisation et son rapport a la culture scientifique ont pu tre identifi s NouS avons ainsi recueilli le discours de 35 personnes Il va sans dire que cet chantillon n a aucune pr tention de repr sentativit Il s agissait de rep rer et de d crire une vari t de configurations de lecture faire une premi re exploration de certains aspects certaine ment fragmentaires des grammaires de reconnaiss
117. l aspect technologique ou les capacit s comprendre tudier me semblaient peut tre au dessus de mes forces Ou on fait a fond ou pas Je suis un tout petit peu contre l id e de vulgarisation parce que pour mot 71 n y a pas trente six formes de connaissance Il y a une connaissance exacte pr cise ou l ignorance Si les sciences humaines ont attir plein de monde c est justement parce que chacun peut avoir l im pression d y comprendre quelque chose parce qu on peut se servir de l intuition Alors qu une connaissance em physique ou autre Finalement on ressentira toujours une sorte de passivit par rapport cela Si l on veut d velopper une connaissance scientifique je crois qu il faut effectivement y consacrer la vie Je crois que ea n a d int r t que dans ce sens la tes choses que je lis j ai aucune id e de ce qui se passe dans le monde seten tifique lui m me St je me mets lire un article ou regarder une mission la t l 145 bon sera d j vulgarts sera d j ma port e et je ne pense pas que je suts capable de dire o on en est dans les scien ces elles m mes Ce discours il faut bien le comprendre un double statut Il traduit d une part une perception plus nette de la complexit d une activit sp cialis e comme celle du scientifique et du chercheur De ce point de vue l exp rience de la propre formation sert de mo
118. l du plateau de 2002 Au premier plan les deux fr res Bogdanoff A l arri re plan sur un cran un film repr sentant Miller faisant son exp rience La cam ra explore des dessins divers Portrait de Darwin Navires La vie a bord Dessins d animaux 31 FIGURE 1 DRAMA Pour qui regarde les missions des Broomhead Bogdanoff Desgraupes Lalou et Barr re en faisant mentalement la comparaison avec le genre p dagogique ou scientifi que il vient une premi re impression vite confirm e par de nombreux indices celle qu on lui raconte une histoire Plut t qu une progression logique du g n ral au parti culier ou classificatoire chapitre apr s chapitre le discours proc de selon une progression orient e enchainant souvent les unes apr s les autres les grandes dates qui ont fait l aventure de la biologie ou se succ dent p res fondateurs et disciples brillants Presqu aucune mission ne laisse chapper cette oppor tunit de faire de l histoire propos de la science l histoire n est elle pas la t l vision la science succ s Mais la forme du r cit ne se marque pas seulement dans la chronologie La morphologie de la repr sentation lui en est aussi redevable dans la mesure o l on met en piste sous nos yeux des hommes et des actions qu il est difficile de ne pas rapporter aux fonctions canoniques du r cit Et cela d autant plus que des petites sayn tes interrompent souvent les
119. le dispo sitif le plus traditionnel celui de l mission de Pierre Desgraupes Quant aux autres ce sont les quelques l ments proprement didactiques qui ont t valoris s D o le rejet de toute image pr texte A propos des fr res Bogdanov C est ringard par contre quand ils pr sentent une exp rience et qu il dit voil te tube voil l eau voil ce que je r cup re Ca me convient comme un sch ma Par rapport l au tre mission ou on vous montrait des choses qui n avaient rien voir avec ce qui se passait ce moment l m apporte quelque chose 164 IL y avait quelqu un qui regardait dans son microscope On ne savait pas st c tait pour meubler ou si a allait avec ce qui se passait Ca brouille les cartes Tu t in terroges sur cette image pour la comprendre par rapport au discours Ces sujets ne sont pas spectateurs en retrait car ils pensent pouvoir apprendre des choses sur la science et ils admettent sans conflits leur non savoir condition de se sentir pris en charge dans une relation didactique traditionnelle Et ils ne sont pas des b n ficiaires tout court car ils sont en retrait vis vis de la t l vi sion qui s adressent ils donc les spectacles scien tifiques t l vis s Certainement pas eux A propos de l mission de Lalou Barrere e J aurais directement teint la t l vi sion Il y a un probl me de fond d objectif c est pour qui c
120. lgarisation le besoin de pouvoir d une fa on ou d une autre r agir activement L dessus la pr histoire et les toiles on peut continuer aller plus loin L ima gination n est pas bloqu e J ai toujours la libert partir de l d extrapoler 135 m me si ca ne correspond pas quelque chose de scientifique Et done la science ne devient pas uniquement quelque chose qui me dit voil comme vois le monde La solution de Jean Claude se pr cise il envisage en r alit un dispositif d nonciation qui casse la relation compl mentaire lin aire tablie entre la figure qui non ce le savoir et lui l autre bout qui le re oit une forme dialogique o le non savoir soit l cran y participe activement et lui serve de lieu d identifica tion Il dit avoir appr ci beaucoup une mission o il y avait Hubert Reeves et beaucoup de jeunes On laissait la parole libre aux jeunes qui l entouraient et il y avait de la discussion un peu b tons rompus en fait Ils posatent des questions et Hubert Reeves r pon dait Et c tait tr s int ressant parce que les gosses ils posaient des questions autres que celles des journalistes et il y avait un v ritable dialogue entre le scientifique et les enfants On d couvre alors que cette forme dialogique est pour lui bien meilleure que la formule de Broomhead En v rit ce qui lui avait fait appr cier Broomhead c tait l miss
121. lit etc on est ici dans le champ de l la boration t l visuelle non de son effectuation dans celui de la politique et non de l ex cution dans le domaine des producteurs et non plus des animateurs mais il arrive que les m mes hommes cumulent ces fonctions On aura compris que ces lieux de production sont habituellement tenus en marge de l mission m me s ils y sont voqu s furtivement par l interm diai re d indices ou de sympt mes Fr quents et calami teux introducteurs de cette image dans le tapis les couacs les gestes priv s surpris par la cam ra les trous de m moire les mat riels et tech niciens dans le champ les annulations de program mes en derni re minute etc Mais il est de plus nobles indices introduits en particulier par les prouesses techniques les mani rismes d op rateur les acrobaties de mise en sc ne le professionna lisme du direct qui ont pour fonction d intro duire ce qui m rite maintenant d tre appel un champ dans lequel sont construits un lieu de dif fusion le territoire fran ais un ton distinc tif de cha ne une politique une inspiration d ensemble un positionnement face la concurrence et bien s r parfois une strat gie d action sur la population ce dont notre derni re figure influen ceur s est fait l cho a son heure S quence en ext rieur Introducteur des espaces parcours et mondains ESPACE MONDE ESPACE PARCOURS ESPACE CH
122. lle du p dagogue d autres s ductions 1 Comme semblent l oublier parfois les milieux scientifiques et culturels soucieux de faire passer leur bonne parole 94 que celles de la raison cela les politiques l ont bien compris et pour la science les vulgarisateurs aussi Fond ou non il y a l un d terminisme concret Il est clair en ce gui concerne la science a la t l vision que la pression de l coute mesur e aux sco res d audience est l origine de bien des choses commencer par l allure d lib r ment s ductrice de cer taines figures EMPHASE PERSONNES SPECTATOR CIRCULATEUR LIBERATION etc Mais il faut encore ajouter que les vulgarisateurs sont aussi des hommes multi m dias diffusant aussi la scien ce dans bien d autres cadres qu il s agisse de d bats de journaux quotidiens de revues de films p dagogi ques etc Chacun pour des raisons pratiques videntes a d se faire une philosophie sur les possibilit s sp cifiques de sa palette de canaux et tous semblent s entendre pour accorder la t l vision de masse un seul r le celui d introductrice tel ou tel secteur de la science A charge pour elle d intriguer de s dui re de sorte qu on ait envie au del d elle d aller plus loin de lire par exemple la rubrique scientifique de son journal d acheter une revue qui sait une encyclop die Le divertissement scientifique On se le repr sente du c t des professionnels
123. lle nous prom ne aussi sur l axe modal o s chelonnent mainte nant des points de vue au sens non plus spatial mais cognitif du terme ainsi la biologie la t l vision est tant t saisie travers le genre com die Pasteur orateur l Acad mie des Sciences Desgraupes tan t t dans le style mus ographique reconstitution du bureau de Pasteur Broomhead ou par l interview le reportage la cam ra v rit le d bat le r cit indirect etc On nous objectera que ce sont avant tout des moyens valant surtout pour ce qu ils permettent savoir le succ s du travail de repr sentation ils ne seraient pas l pour eux m mes mais pour faire comprendre Voir Car tout porte l inverse consid rer cette figure qu est la circulation incessante mouvement e v loce du foyer de la perception et de la narration comme un ingr dient indispensable du divertissement Scientifique en l absence duquel on est m me tent de se demander si ces spectacles garderaient un seul t lespectateur TEXTE LE DIVERTISSEMENT Pierre Desgraupes HISTOIRE DE LA VIE Le journaliste Les n cits du moyen ge abondent en gen ses tranges Ecoutons par exemple Von Helmont chirurgien bruxellois de La fin du 16 me si cle Bien parvenu au 20 me jour de mon experience je voudrais traiter maintenant de a n cessit des fernments etc Introduction d une fiction jou e Le savant en cost
124. locaux soci t d couvertes scientifiques industriels etc il n en va pas de m me avec les sept figures qui leur font suite car elles concernent maintenant des tres qu on pourrait dire int rieurs la communication t l visuelle enqu teur spectateur communicateur focalisateur influenceur etc Ils lui sont int rieurs en ce sens banal qu ils appartiennent pour certains d entre eux concr tement l institution mass m diatique Mais ils le sont aussi en cela que leur identit est tout enti re construite dans et par les actes de communication dont l enchainement compose l mission car c est ici ex clusivement dans les performances de communication d couvrir r v ler enqu ter se d placer interviewer etc que les sujets de ce second champ peuvent obtenir une fonction et une identit Les choses sont donc bel et bien dissemblables entre l univers de la r alit montr e et celui de la communication montreuse Il nous faut donc r organiser la description Dans ce but nous allons nous pr occuper des diff rents niveaux de r alit qui stratifient habituellement les discours 1 ce qui nous conduira proposer pour mettre de l ordre dans nos analyses un mod le th orique articu lant plusieurs espaces 2 dans lesquels nous pourrons enfin classer convenablement nos figures 83 74 1 LES INSTANCES DU RECIT Tout acte de communication est un drame trois person nages qui r unit
125. luenceur pris dans la logique du contact c est la performance du communicateur qui attire leur d sir et d clenche leur fascination Peut on penser dans ces conditions que le spectacle Scientifique est susceptible de faire voluer les repr sentations sociales objectif avou des journalistes de la vulgarisation Ce n est pas s r Car l int r t des b n ficiaires se partage entre les th mata en tant que questionnement philosophique et la performance nonciative du professionnel de la communication La dimension sociale de la science est trang re leurs pr occupations et les grands spectacles scientifiques diffus s en 1982 et 1983 qui pour la plupart ont t vus par les b n ficiaires ne semblent pas les avoir sensibilis s ce propos Rien dans nos interviews ne permet de supposer que les missions des fr res Bogdanov et de Broomhead ont fait voluer les repr sentations sociales des b n ficiaires plus que disons les Champs Elys es de Michel Drucker Le probl me bien entendu est de savoir ce que l on entend par faire voluer les repr sentations sociales ou collectives Cette tude nous a permis de constater que des l ments d information ponctuelle ont t incorpor s au champ perceptuel des b n ficiaires autrement dit qu ils savent par exemple que les b b prouvette exis tent qu ils savent que le Sida existe et que l on fait des efforts pour l enrayer etc A propos d
126. lus vous largissez le cercle de la communication plus la m diation devient un travail essentiel et plus tl me paratt n cessaire que ce sotent des professionnels qu prennent en main cette communication Lorsqu il s agit de faire une manipulation c est le scientifique qui est le professtomel et c est mot qui suts l amateur Mats Lorsqu il s agit d expliquer quelque chose un grand public c est le professionnel et c est le screntifigue l amateur le setenttftque mon avis ott tre la surtout pour apporter un t motgnane person nel Mais pour ce qu est de l explication pure je ne crots pas qu elle doive tre donn e par le scienti fique au public Car ce n est pas la m me chose pour un scientifique de dialoguer en contact direct avec quelques personnes et de faire une mission de t l vision Faire une mission je vous assure que c est bien autre chose tl y a des contraintes de temps des con traintes d unilat ralit de la communication ete Igor et Grischka Bogdanoff Ce n est pas le m tier de L homme de science que de communiquer au plus grand public Leur m tier est d tre ce qu ils sont et d assumer une position de discours Ils ont le lieu de parole qui est le lieu du savotr ga c est tr s important et ils sont per eus comme tels par les t lespectateurs Done tl faut Leur laisser cette part d eux m mes Et c est nous m diateurs entre la science et le grand
127. me partie tait consacr e au visionnage et a la discussion de quatre fragments extraits de quatre mis sions figurant dans notre corpus La discussion sur cha que fragment avait lieu imm diatement apr s le vision nage Dans cette deuxi me partie il s agissait d induire du discours partir de quatre modalit s diff rentes de mise en sc ne du divertissement scientifique en parti culier en ce qui concerne les modalit s d nonciation La r union de groupe tait on le voit une situation relativement proche par certains c t s des circonstan ces de consommation de la t l vision une situation de socialit diffuse dans le cadre du foyer associ e au repas du soir et dans laquelle participaient des person nes qui se connaissaient et se fr quentaient par ail leurs Dans notre esprit il ne s agissait pas bien entendu de cr er une situation pr tendument naturelle celle ci tait en l occurence automatiquement et in vitablement marqu e d exceptionnalit par la pr sence des animateurs mais d viter des conditions d coute visionnage des fragments test s trop loign es des cir constances habituelles un contexte plus exp rimental aurait induit notre avis des distorsions trop impor tantes par rapport l attention quelque peu flottante et au contexte le plus souvent familial qui caract risent la consommation de la t l vision dans les foyers 104 Si la situation mise en place ta
128. mesure qu il y avait des explications il y avait les images correspondantes 132 A propos de Broomhead Beaucoup de maquet tes de pr sentation d images des films qui arrivent pour illustrer done a bouge beau coup Malgr cette l gitimit que Jean Claude accorde l non ciateur journaliste le communicateur le focalisateur le circulateur ne lui suffisent pas pour assurer l acc s au domaine du savoir la figure du scientifique reste indispensable Jean Claude semble se d battre avec d une part son besoin de comprendre associ une conscience tr s claire de ses limites et de son faible niveau d educa tion et de ce point de vue c est le journaliste nonciateur qu il privil gie et d autre part son besoin de sentir que ce quoi il acc de lorsqu il comprend c est de la science et non pas un succ dan ou un substi tut et cet gard c est la figure du scientifique qui est le seul garant D o la contradiction qui pointe dans ses propos en d finitive qui fait passer mieux la science le journaliste ou le scientifique A propos de Broomhead Par rapport aux autres scientifiques il arrive peut tre plus facilement communiquer par sa voix et ses intonations L amour qu il a pour tes sciences il a envie de le faire partager Je pense que chez a passe mieux Il a moins de retenue l dessus il se laisse aller plus facilement plaisanter s il le faut sor tir un pe
129. mier niveau de pro jection selon une m canique psychologique qui est maintenant bien connue 1 estores Projection dans s l espace mondain 1 En vertu de projections s miologiques dites tertiaires selon la sug gestion de Christian Metz 1977 p 61 sq 84 Dans l espace parcours galement des places d iden tification et de projection sont pr vues pour le r cepteur invit notamment se projeter sur les points de vue de l ocularisateur voyant la terre depuis Mars p n trant l intimit des cellules Projection dans l espace parcours Dans l espace charni re par ailleurs il sera similai rement invit se projeter dans les chaussures du vulgarisateur qui lui parle et simultan ment convi s identifier l interlocuteur qui fait face ce der nier celui que le vulgarisateur fait mine d avoir en vis a vis du m me c t du poste que le r cepteur en personne identification r ussie lorsque je peux me dire il me parle 1 Identification dans l espace charni re 1 Notons toutefois que la projection du spectateur la place du vulgarisa teur focalisateur est moins vidente que ne l est par exemple celle sur le vulgarisateur effac dans la mesure ou le premier d tient visi blement un savoir dont le spectateur ne dispose pas ce qui peut cr er la distance 1 85 3 TOPOGRAPHIE Ici s ach ve la description des espaces abstraits qui
130. miques psychologiques venant y faire effet depuis l ext rieur franchement ou subrepticement Non que ces facteurs soient n gligeables passionnante serait certainement la mise en vidence de l impact sur les missions du jeune ge de leurs producteurs ou de leur habitus ou de l esprit du temps et ainsi de suite Mais il se trouve que nous avons arbitraire ment lu pour centre d int r t un autre niveau d orga nisation des textes niveau dont on voudrait dire par 22 contraste mais peut tre imparfaitement qu il leur est int rieur au sens o l on entend que les struc tures profondes sont int rieures aux textes qu elles articulent m me si elles sont de prime abord et m me un peu apr s d rob es aux regards de qui les cher cherait Il s agit on l aura reconnu du NIVEAU SEMIO TIQUE Ce niveau peut tre dit int rieur aux messages tu di s dans la mesure o les entit s recherch es par exemple le profil du r le du vulgarisateur noncta teur savant ou observateur profane font partie du sens m me des missions tant et si bien qu en principe l examen seul des cassettes vid o suffit pour remon ter aux codes qui leur sont sous jacents car ceux ci tels des logiciels sont d voil s en filigrane aux yeux de gui sait les lire quitte d casser quelque chose par les performances auxquelles ils donnent lieu De l application du principe d int riorit nous sommes atnst condutts
131. n peu pla On interviewe un mec qui est difficile comprendre et plut t que de le filmer on nous fait voir des couloirs Mot j essaye de faire un lien entre discours et image ne m a pas simplifi la vie Les images n taient r f r es rien de ce qui se disait C est en fait propre la t l vision de cr er d une compr hension facile l illusion Le fait que ne fatigue pas crois que c est ca qui mythifte pas mal On te pr sente a tr s simplement mais ce simple ment tu n y comprends pas grand chose On te donne une quantit importante d informations en un temps tr s court Tu est tellement Submerg En m me temps c est relative ment facile comme perception La t l produit un peu cette mythification l En une heure et demi d mission on a des gens qui ont r fl chi sur le sujet pendant vingt ans C est aussi pour a qu on l a oubli une demi heure apr s Il te reste trois formules chocs Il faut faire de la vulgarisation sans prendre les gens pour des imb ciles Bien souvent avec ce type d mission trop bien mont e et assez sch matis e on a l impression effectivement d avoir compris Mais a ne porte pas la r flexion compte fait l information ne l a re ue et on est incapable de l assimiler vis vis du scientifique on ressent Tout pas une profonde paresse A la l
132. n sui vante de Genette Au del du narrateur et par divers indices ponctuels ou globaux le texte narratif comme tout autre induit une certaine id e de l auteur Mais si l on veut riger cette id e de l auteur en instance narrative je n en suis plus tenant toujours qu il ne faut pas les multiplier sans n cessit et celle ci comme telle ne me semblant pas n cessaire 1984 p 102 77 chercheur fait plus qu assouvir son obsession profes sionnelle Il parvient aussi op rer des classements fond s sur le principe que tout texte peut tre cat goris selon les options qu il prend sur chacun de ses niveaux La th orie des instances offre ainsi un soubassement conceptuel de premier ordre aux entre prises de description des genres de discours au rang desquelles se situe la n tre 2 ESPECES D ESPACES Nous pouvons maintenant proc der a une formulation de bases th oriques un peu plus pr cises qu auparavant quoi la th orie des instances aura servi d intro duction 1 La production et l interpr tation des messages t l visuels impliquent la mise en oeuvre d une topologie comportant quatre niveaux ou quatre strates Ces niveaux lexicalement parlant seront ici appel s des espaces S ils sont nomm s espaces c est qu en consid ration de cette propri t de l audiovisuel que la litt rature crite ne pos s de pas au m me degr la t l vision est un lan gage d
133. n visage et non plus sur le monde ext rieur bref il se cr e avec des signes un espace charnt re envo tant en quelque sorte perpendiculaire l axe de l cran espace fictif qui conjoint les studios et la maison du t lespectateur l int rieur du quel est son tour construite la non moins fic tive relation de communication entre le journa liste communicateur et son r cepteur communtcatalre lui m me d fini de mani re variable tant t comme un vaste public tant t comme un individu isol Dans l espace charni re du divertissement scientifique deux figures principales sculptent les r les des personnages qui interviennent sur ce nouveau th tre d op rations celle du communicateur qui donne forme au r le de l metteur celle du b n ficiaire qui articule l identit pr sum e du public r cep teur Frangois Jost 1983 pour rendre justice la diff rence vidente dans 81 6 L ESPACE CANAL point trop loign de l instance de production recouvre notamment cette r alit back stage o l on fait l mission espace cuisine o on la fabrique et arri re espace comme on dit arri res pens es o l on devine non plus les acteurs de la communication eux m mes mais en amont les auteurs les responsables les intentions les motifs les principes les croyan ces qui les guident valu s et caract ris s selon des crit res de cr ativit de morale d op ration na
134. nce a port donc sur deux des trois courants de la vulgarisation scientifique tels que nous les avons voqu s dans le premi re partie nos fragments illustraient deux modalit s du premier cou rant celui du reportage et deux modalit s du troisi me courant celui du spectacle scientifique Le deuxi me courant celui du d bat n a pas t pris en consid ra tion en raison des contraintes que nous nous sommes fix es pour la constitution du corpus dans la p riode consid r e il n y a pas eu d mission du type d bat portant sur la biologie 108 109 CHAPITRE I LES ENJEUX Plusieurs positions de lecture dominent l univers tu di Elles sont tr s diff rentes et certains gards elles s opposent Rappelons tout d abord les dimensions dont la combina toire nous a permis de dessiner les contours de chacun de ces types 1 LA VULGARISATION UNE PROPOSITION COMPLEMENTAIRE L enjeu principal de la vulgarisation scientifique est la transmission d un savoir quel que soit le statut de ce dernier l gard du savoir scientifique d origine nous pouvons traduire cette banalit dans les termes de Gregory Bateson en disant que toute vulgarisation impli que que le destinataire du discours est d fini comme occupant une position compl mentaire inf rieure Bateson a propos en effet une distinction entre deux modes de structuration de la communication la sym trie et la compl mentarit C
135. ne discipline valu e par rapport ses seuls r sultats sans consi d ration des moyens utilis s whisky ou induction et la m thodologie op ratoire qui est une formalisation de la premi re labor e apr s coup et dont la fonc tion est d assurer une v rification possible et une justification n cessaire l analyse De la phase de d couverte on convient g n ralement que le chercheur n a pas faire tat dans ses comptes rendus de travaux 1 Au sujet de notre m thodologie op ratoire nous voudrions en revanche faire ressortir deux caract ristiques g n rales deux crit res de s lection des marques 1 Questions abord es de mani re plus th orique notamment dans Holton 1981 et Feyerabend 1979 25 Le premier principe de travail a consist ne retenir que les marques qui l int rieur du corpus se r p taient avec r gularit Ce qu on peut ainsi nommer le crit re de la r currence offre par l de s lection ner au sein des figures celles d entre elles qui expliquent et dont d coulent le plus grand nombre de marques Appliqu syst matiquement ce crit re garantit au moyen d une proc dure rationnelle une relative exhaustivit de l analyse tout au moins en termes quantitatifs Le deuxi me crit re r sulte de la comparaison attentive de certaines cat gories de marques dans les missions analys es avec des marques homologues apparaissant dans d autres discours c
136. ne fois l ana lyse achev e 2 1 Les budgets des missions 2002 et Plan te Bleue seraient ainsi com pris entre 400 000 F et 500 000 F Plan te Bleue par ailleurs est issue d une enqu te par sondage men e aupr s du grand public par 1 Ins titut Cofremca 2 11 s agit d un ensemble de 10 interviews qualitatives men es aupr s des principaux journalistes scientifiques en 1982 83 et 84 Sept d entre elles ont t r alis es l occasion de l organisation d un num ro sp cial de Science et Soci t consacr l audio visuel scientifique o elles ont t publi es fragmentairement Que Monsieur Francis Rumpf de la M I D I S T co auteur de l ouvrage trouve ici l expression de mes remerciements les plus sinc res pour m avoir donn l acc s ces docu ments l issue d un colloque sur les signes et les langages de la vul garisation scientifique ou j avais pr sent l essentiel des figures qu on a pu lire au chapitre pr c dent 60 Concernant les rapports entre ces deux types de lec tures ou de m talangages l un professionnel l autre s miotique plusieurs formes de relations possibles pouvaient tre imagin es En particulier les deux types de lectures auraient pu se contredire a propos de telle ou telle figure ou au contraire se superposer millim triquement l une l autre au point que l une d entre elles puisse tre soup onn e d inutilit deux situations galement inqui tantes
137. nelle modale On nous offre en particulier d accompagner dans son enqu te celui qui assume th tralement la d couverte du monde scientifique qui le parcourt le p n tre et nous propulse avec lui en train en voiture pied dans un champ d histoires de personnes d non c s universels de th matas et d impacts sociaux A cet tage on circule Trois figures parmi l ventail de celles qu on a d gag es doivent tre localis es dans l espace parcours Ce sont celles qui ont pour fonction de donner forme aux points de vue et aux perspectives sur le monde de la recherche que nous proposent les 1 Cf notamment propos de Ja parent entre ces deux notions 0 Ducrot 1982 1 80 missions de divertissement circulateur spectator et focalisateur 1 L ESPACE CHARNIERE Bien qu elle soit un peu forc e admettons l image suivante Dans un spectacle scientifique le journaliste appara t alternative ment l cran sous deux casquettes celle de l ENQUETEUR la recherche de son objet de savoir et celle de COMMUNICATEUR homologue du narrateur dans l instance de la narration rendant compte p riodiquement son public de l avancement des travaux men s par lui m me en tant qu ENQUETEUR Lorsqu il op re sous sa seconde casquette de com municateur le journaliste tourne alors son corps et son regard vers le public et non plus vers ses savants interlocuteurs l image se concentre sur so
138. nie d un dinosaure Entour de fumig nes les fumerolles volcaniques des temps recul s il parle depuis cet espace temps 42 43 FIGURE 7 CIRCULATEUR Parlant de la recherche contemporaine en biologie nos missions on l a vu nous tiennent simultan ment des propos sur son histoire et sur sa g ographie Il est temps maintenant de dire qu elles ne se conten tent pas d en parler elles nous y prom nent D abord par leurs images elles nous transportent dans le temps voici le parcours temporel de l mission des Bogdanoff L Odyss e du futur que le paradoxe dans son nom signale d embl e comme prometteuse de ce point de vue 1952 moins un milliard d ann es Moyen Age futur ind termin moins quatre milliards d ann es nais sance de l univers 1831 1920 etc parfois m me le narrateur rejoint le grand imagier dans ses lieux recul s Grischka par exemple est exp di l re secondaire o il c toie un dinosaure La t l vision nous transporte aussi c est l son grand atout aux quatre coins de l espace toujours avec les Bogdanoff Paris USA stratosph re Angleterre Autriche USA Stockholm Harvard Paris plan te ind ter min e etc ainsi que tout au long de l chelle dimensionnelle elle nous fait circuler de l angstr m l ann e lumi re en occupant l cran tour tour avec des atomes et des galaxies Enfin e
139. nne aussi le d bat entre scientifiques dans l Avenir du Futur 11 dit lire Science et Vie Lib ration Le Monde Science et Avenir et l Histoire Le domaine la con naissance et du savoir scientifique en g n ral est en effet chez lui intens ment investi par le d sir peut tre en partie sous l influence d un coll gue de travail et ami qui tait pr sent la r union et qui semblait jouer son gard un r le de guide philosophique De par certaines des caract ristiques de sa position de lecture Jean Claude para t un b n ficiaire Il y a tout d abord le plaisir qu il prouve face la mai trise du langage associ e l image t l visuelle L image repr sente un int r t suppl men taire J aime bien voir la personne parler Quand j coute quelqu un si je sens qu il aime sa science qu il a l air de s y tre je commence accrocher Il y a aussi la focalisation de son int r t sur les th mata Je me suis toujours int ress l astrono mie ta pr histoire l histoire la m de cine a rejoint des r ves Ca me fait poser des questions sur l origine de l homme d o l on vient o l on va C est quelque chose qui m obs de depuis ma plus tendre enfance Nom fictif Comme les b n ficiaires Jean Claude consid re la simpli fication comme un l ment n cessaire de la vulgarisation C est pourquoi il pr f re comme les b n ficiaires et sa
140. ns aucune ambiguit les missions de Broomhead et des fr res Bogdanov a celles de Desgraupes et de Lalou Barrere le journaliste professionnel communique mieux que le scientifique A propos des Bogdanov la fa on dont tts parlaient elle tait aussi claire sinon plus que les scientifiques A propos de Broomhead il est beaucoup moins statique que les scientifiques Il a beaucoup plus l habitude de 1 sc ne de l cran 1 a un rapport avec les gens peut tre plus facile plus direct Il est plus proche de nous Les journalistes ont une meilleure pr sentation l cran et ils arrivent attirer l attention du public beaucoup mieux poser des questions un peu plus simples que ne le ferait un scientifi que des questions d ordre plus g n ral L nonciateur journaliste appara t en quelque sorte on le voit comme une garantie qu on parlera de ce qui int resse Jean Claude les th mata En m me temps il insiste sur la relation n cessaire entre langage et images entre explication et illustra tion entre ce qui est dit et ce qui est montr son int r t va donc bien au del de la curiosit flottante du b n ficiaire et il est tout sauf un spectateur en tat de distraction Le spectacle scientifique est positiv par rapport un besoin de comprendre A propos des Bogdanov Tandis qu ils par laient il y avait un enchatnement d images qui illustrait ce qu ils disaient Au fur et
141. ns le champ des figures r p titives et distinctives qui au sein des missions de divertissement scienti fique mod lisent les r les et les statuts des pro tagonistes de la vulgarisation nous pouvons mainte nant passer a la description proprement dite Celle ci sera exprim e dans une construction polyphonique a trois voix La plus bavarde sera bien entendu celle du s miologue A l occasion de chaque nouvelle figure qu elle aura d ailleurs baptis e elle donne ra son point de vue ses descriptions et les arguments qui les fondent Face a elle viendra occasionnelle ment se placer lorsque les faits l imposeront la 28 voix des missions dont certains passages particu li rement vocateurs se verront reproduits ou d crits Enfin les vulgarisateurs eux m mes ne reste ront pas silencieux ils seront en effet invit s dans un chapitre ult rieur compl ter l information recueillie et donner leur propre vision des choses sur tel ou tel aspect des fiqures que de son c t le s miologue aura tent de d finir CHAPITRE II FIGURES 29 30 TEXTE IMAGE Pierre Desgraupes HISTOIRE DE LA VIE Les alchinustes du oyen age poursuivaient trois aves cham riques recr er partir de a mati re inerte L an fa vie et L me humaine S Clas et L me semblent L abri de toute tentative cos alchimistes modernes que sont Les scientifiques ne parviendraient ils pa cr er
142. nscendants ext rieurs trouv s par elle Immanent construit en son sein Immanent Causal origine de l mission Niveau de fonctionnement D notation Repr sentation Histoire Enonciation et Narration Op rations de production et de r ception Entit s Actants nalistes savants soci t jour Ocularisateurs Centres de perspective Enonciateurs Communicateurs Communicataires Locuteurs Narrateurs Op rateurs Auteurs Producteurs Cha ne Audience 82 83 7 Que signifie l expression souvent utilis e de r le du r cepteur Si l on admet comme il est devenu courant que tout message transmet des indications sur l identit et les croyances de son destinataire toute r ception de message suppose donc une confrontation avec l image de soi qu il v hicule portrait caract rologique virtuel propos plus qu il n est impos au lecteur par la communication La th se selon la quelle dans l paisseur des messages plusieurs sc nes se jouent simultan ment conduit de surplus envisager la possibilit de plusieurs figures imagi naires auxquelles le r cepteur est invit s identi fier comme une image de lui m me ou dans lesquel les il peut se projeter comme dans un personnage aim Dans l espace monde par exemple sont mis en piste des savants qui si le r alisateur s y prend bien constituent pour le public un pre
143. ocalisateur ou le communicateur localis s dans l espace parcours une dose plus importante de sym trie en s identifiant l enqu teur le r cepteur peut avoir le sentiment que le premier pose les m mes questions que lui t l spectateur aurait pos D autant plus que le journaliste est alors lui m me en position compl mentaire vis vis des scientifiques qu il interroge En revanche le journaliste qui prenant sa charge le discours de la science donne des explications p dagogiques en regardant le t l spectateur les yeux dans les yeux propose un lien d ou toute dimension sym trique est exclue 113 Du point de vue de la reconnaissance la question fonda mentale est de savoir comment le r cepteur va se situer vis vis de la position compl mentaire qui lui est pro pos e et de quelle mani re sa lecture va valuer le r le des diff rents personnages IL est clair que la l gitimit pour un scientifique d occuper une position de savoir l int rieur d un discours dominante compl mentaire ne sera pas ressentie de la m me mani re que la l gitimit d un journaliste Le r cepteur peut bien entendu accepter ou refuser la position compl mentaire qui lui est propos e Or il y a plusieurs fa ons et plusieurs types de raisons d accep ter ou de refuser une position de non savoir ou de moindre savoir Ce qui est ici d cisif c est le rapport du sujet sa propre ignorance ignorance qui l
144. occupent si ais ment la place qui leur est propo s e c est parce que leur position de lecture de la vulgarisation repose sur un double lien compl mentaire de fascination qui s articule pr cis ment aux deux instan ces principales d nonciation qui y apparaissent le journaliste et le scientifique Pour ce qui est du journaliste leur fascination est focalis e sur la maitrise qu il exhibe du contact avec le t l spectateur Les b n ficiaires admirent la comp tence langagi re du communicateur Si l un de leurs per sonnages de pr dilection est le candide de 1 mission L avenir du futur de Robert Clarke qui leur offre la figure id ale d identification un non savoir sans con plexe du c t des nonciateurs les noms donn s en exemple sont celui de Francois de Closets et de Alain Decaux Le premier est tr s appr ci par ses efforts didactiques et son usage de dessins et de sch mas le second est admir par son exploit verbal il est capa ble de vous tenir toute la soir e L un et l autre savent faire passer le message Les b n ficiaires nourrissent aussi une admiration se cr te pour l aventure personnelle du scientifique m me s ils se m fient de ses capacit s comme communicateur La figure du scientifique semble induire chez eux un double mouvement qui rappelle la logique qui traverse le dis cours sur les Stars dans certains m dias de la presse populaire la fois une impression de d
145. on emphatique de son interviewer sur la g n tique ma tresse du vivant ainsi Jacques Treguer mettant en difficult sur le plateau de son mission tel savant trop s r de la valeur de ses d couvertes en lui exhibant quelques f roces critiques publi es son endroit dans la presse sp cialis e 1 Cf A ce sujet P Bourdieu 1976 B Latour et P Fabri 1977 B Latour 1981 2 Philippe Roquep lo 1974 impute la vulgarisation en tant que telle ce type d effet ce qui est ind niable mais en situe la responsabilit du c t des mass m dias ce qui semble faire trop bon march de la colla ee active des mandarins la fabrication de leur occasionnelle enf lure 36 TEXTE IMAGE Pierre Desgraupes HISTOIRE DE LA VIE Mais 44 La vie r sulte de a vie quand et comment y auract e eu un commencement Le r cit de l arche de exprime parfaitement La fois cette conception de a vie comme une chatne contine et L ce d une catastrophe naturelle qui viendrait couper cette cha ne jamais Laurent Broomhead ENQUETE PUBLIQUE Est ce que notre regard a une importance 7 Out 44 L on en rodit Les peintures de Magritte qui a dessin ce tableau que votla La condition humaine On a un chevalet avec un arbre dessin sur une toite que elle m me est dessin e pos e devant a fen tre ouverte 4e demande qu est ce qu il y a 7 Est ce qu on retrouve e m me
146. oncern lui m me par la vulgarisation la t l vision a t il dit on parle des d couvertes scienti fiques avec deux ou trois ans de retard mais il avait ses opinions sur l int r t de la vulgarisation pour le grand public et sur les meilleures fa ons de la faire Et a cet gard il tait plut t partisan des specta cles scientifiques a la mani re des Bogdanov et de Broomhead Ce cas de figure est bien entendu int ressant pour nous mais il suppose un autre objet de recherche celui de l image de la vulgarisation scientifique chez les sujets qui se consid rent comme faisant partie d une mani re ou d une autre de la communaut scientifique 184 185 ANNEXE 2 ECHANTILLON DETAILLE 187 955212 UON uorssajoud sues Beoueunsse p Junai2edsu saoueunsse nesung ap 143 neaung ap 240 du3 BE 3JLEIOU 94919 JN9JALT J9LJANQ 9151 2 9ISLIJSY 9LJ3Ssnpur una33euLssaq syueJUua 2 W e qg sanb jqnd suoL38 9y JN3 euLuy a D ec 3n39euwJeyd 31 0Jd ap 49YI ULIAPAW uolLssajoud sues M M CE e ble jen 5 so UOLSSIJOJA SUBS J4n811p3 syuejua 2 W 75 uoLssajoJd SUBS UOLIIIJLA 21LP39J99S sjueJus W juaua OSL e o2ueisip ej aq J SAUEJUS 2 W 2 Per juejua
147. oncernant les m mes th mes mais produits sous des contraintes diff rentes par exemple la mise en sc ne du chercheur non plus dans le spectacle scientifique mais dans l article de litt rature grise Cette comparaison donne la pos sibilit d isoler par cette proc dure m thodique les propri t s sp cifiques du discours tudi Ce crit re de La diff rence nous en avons fait ici un usage syst matique par la confrontation des spectacles biolo giques t l vis s avec tous les discours scientifiques qui en amont lui servent d inspiration Notre conception de l analyse du discours audiovisuel re oit maintenant un d but de sp cification partir des discours et des actes accomplis l cran qu sont les marques sur lesquelles op re le chercheur L analyse consiste reconstruire Le nombre fini de figures r p titives et dtstinettves qui on le suppose ont t appliqu es par les vulgarisateurs et dont Les effets concrets sont les images que L on peut observer L cran D crire un discours c est d crire d abord les figures dont tl d rive dont l articulation compose son mod le sous jacent 26 5 LES MOEURS ORATOIRES Il en va des missions comme des textes sacr s si l on n y prenait garde leur ex g se pourrait n avoir pas de fin Par prudence il faut donc a priori s lec tionner parmi les figures tudiables une classe et une seule d objets d tude La raison commande de re
148. orcssance Journaliste Le ciel pour L homme d aujourd hui reste un d fi Nous sommes 450065 nous sommes minuscules dans un UNAVEAS Ammense notre curcosatd nous puusse meux nous s4tuer a mieux ceaner cette pr sence de la vie dans L univers Et la technique progressant nous explorons en profondeur L univers nous Aemontons dans Le temps et cela nous conduit naturellement nous poser Les grandes questions ae donk qu est ce quick y a et avant qu est ce quick y avait Et chest a technique qui nous a donnera tienne Lalou Igor Barr re LA REVOLUTION CELLULAIRE Ainsi Les manipulations g n tiques qui vont certainement bouleverser notre civilisation dans Le domaine de L industrie de L alimentation de La d poklu tion vont sans doute aussi apporter La clef du tractement de centaines maladies Elles sont une nouvelle tape dans La conqu te par L homme de son propre destin On peut tout craindre d elles Mais on peut tout esp rer Igor et Grichka Bogdanoff 2002 Macs e plus prodigieux est encore ven a L image de ce qu 4 est en train de A iE Sun TEED leur gr ce aux connaissances acquises dans Le domaine des manipulations g n tiques 42 est vraisemblable que L homme pourra demain mitrisen sa propre volution Un nouveau chapltre de L histoire humaine est en thain de s ouvrit Pour la premiere 04A ce n est plus La nature mais L homme lui m me qui va continuer d crine Le
149. os par le discours de l mission au t l spectateur Si le destinataire est construit comme curieux et comme b n ficiaire du spectacle scientifique c est parce qu il est d fini a priori comme tranger l univers de la science Le rapport d ext riorit au savoir scienti fique est il comparable celui que le m me t l specta teur a vis vis de l actualit Et quel est le lien du journaliste l univers du savoir scientifique La fa on dont le t l spectateur con oit la fronti re entre l univers de la science et celui de l information s est av r un l ment d cisif pour rendre compte de la gram maire de reconnaissance appliqu e par le r cepteur dans sa lecture de l mission D une certaine mani re les t l spectateurs comme les th oriciens de la vulgarisa tion se partagent eux aussi entre partisans de la th orie de la traduction et partisans de la th orie de la trahison nul doute que ces deux conceptions donneront lieu a des lectures tr s diff rentes des spectacles scientifiques la t l vision 4 PERCEPTION DU CAPITAL CULTUREL ET IMAGE DE SOI Le concept de capital culturel est bien entendu une notion abstraite qui fait partie des outils d interpr ta tion du sociologue Mais cette variable est associ e des ph nom nes subjectifs qui concernent l image que l individu a de lui m me En parlant le sujet construit sa relation sa propre image et en particulier
150. ou tel aspect de la science et il s emploie surtout d rouler dili gemment autour de la place centrale qu il lui a r ser v e le large panorama du savoir contemporain La boucle est ainsi ferm e face la performance expres sive du communicateur on voit s difier la performance d intellection de son r cepteur Et c est ainsi qu est mis en fonctionnement le spectacle g n ral de la com municabilit de la science 1 L opposition entre qualit s de faire et d tat est reprise ici des tudes faites son propos par A J Greimas 1979 5 3 FIGURE 12 INFLUENCEUR Dans les grilles de la t l vision il existe des pro grammes qui sont si visiblement autonomes que leur passage a l antenne revient construire momentan ment la cha ne o ils apparaissent comme une sorte de pur r seau de distribution une infrastructure sans subs tance un simple support les crans publicitaires sont de ceux l ainsi que les retransmissions spor tives internationales les films de cin ma les feuil letons trangers le th tre l op ra A l inverse de ces cas o l unique r le significatif de la cha ne a consist accepter ou bien refuser d accueillir les programmes en question il existe des missions qui de toute vidence engagent la cr ativit de la cha ne son image et ses effectifs le journal t l vis en est un exemple ainsi que les t l films les vari t s les missions d informat
151. ouvel Observateur 16 23 janvier 1981 2 Chiffres Audimat Strat gies n 411 page 12 10 Entre 1981 et 1984 la t l vision faisait de la vulga risation scientifique un vrai spectacle grand public C est lui que cette tude est consacr e Mais pr cis ment Ce n est pas dans sa globalit que nous aborderons le probl me mais par rapport au r le semble t il nouveau qu ont jou ces missions dans ce que l on pourrait nommer d ailleurs imparfaitement la cha ne de circulation du discours scientifique Consid rons pour fixer les id es l exemple que fournit la divulga tion d une recherche en g n tique par exemple celle de la substance GRF par R Guillemin La d couverte se produit dans le micro milieu du laboratoire La Jola 1982 Elle est alors r dig e puis publi e dans une revue primaire ultra sp cialis e SCIEWCE 5 novembre 1982 peut tre 2 000 lecteurs puis reprise dans une conf rence internationale laquelle assistent des scientifiques par ailleurs vulgarisateurs qui la r per cutent dans leur revue sp cialis e par exemple LA RECHERCHE 70 000 exemplaires source laquelle pui sent des journalistes de la presse nationale pour com poser leur page scientifique hebdomadaire LE MONDE 450 000 exemplaires page qui ajout e a d autres impulse une mission de t l vision La r volution cellulaire TF 1 janvier 83 peut tre 4 millions de t lespectateurs lesquels
152. plicitement qu il y avait des li mites qu il ne pouvait pas aller plus loin mats que a ne l angoissait pas D un c t ca m a rassur de ne pas s angoisser en disant je ne sats pas 134 Ne pas s angoisser en disant je ne sais pas La ques tion est d autant plus cruciale que Jean Claude sait quelque part que des gens avec son niveau n auront jamais acc s la science On n a pas tellement de choses ajouter de toute fa on La biologie c est difficile d imaginer quelque chose si on n a pas des bases solides Je ne pense pas qu on peut donner aux gens une id e si pr cise que C est toujours quand m me un monde tr s loign fait par des gens qui sont dans un univers vraiment part avec des m thodes tr s pr cises qu ils ont mis des ann es acqu rir On en reste tr s loign Ce sont des chercheurs des gens qui ont fait des tudes tr s pouss es qui sont vrai ment au coeur de 1 science Nous on est un peu rejet s Ca c est l aspect qui me g ne on est tributaire d un savoir sur lequel on n a aucune ma trise Est ce cette inaccessibilit en derni re instance de la science qui le rend mal l aise dans la position compl mentaire inf rieure que le b n ficiaire en revanche accepte sans difficult Il semble en tout cas que c est la r ceptivit passive qui lui pose probl me et qu il y a chez lui une sorte de besoin de sym trisation vis a vis de la vu
153. qu ils remplacent les espaces partagent la propri t de constituer des dimensions du fonctionnement de la communication et non pas seulement des aspects de ce dont elle parle Ainsi par comparaison de m me que l on ne confond pas lorsqu on d crit un sch ma les grandeurs et les dimensions ou coordonn es de ces grandeurs 1 2 3 m tres en longueur en largeur en hauteur etc de m me ici nous proposons de distinguer face aux figures mises en place par les missions cette deuxi me cat gorie d tres que nous avons nom m s des espaces qui constituent non plus la thair de la communication mais son squelette non plus ses contenus mais sa structure non plus ses unit s sensibles mais les classes contenant ces unit s classes dont l identit le nombre et l organisation sont issus de la conception que l on se fait dans la th orie de la communication du fonctionnement des messages C est en ce sens qu il faut consid rer l assertion selon laquelle les espaces correspondent des dimensions de la communication chaque grande instance ou fonction r pertori e par les th ori ciens pour cette derni re repr sentation noncia tion narration etc correspond ici dans la commu nication t l visuelle un type d espace qui en est l expression sp cifique 1 Sur le concept d espace en linguistique cf Fauconnier 1984 79 L ESPACE MONDE Au m me niveau que l instance de L his
154. rais il y a le c t tout fait tonnant des d couvertes scientifiques Est ce que vous aves l impression qu travers ces lectures vous parvenez avoir une image relativement fid le et compr hensi ble de ce qui se passe Oui d autant plus que je n ai pas du tout une formation scientifique 163 tl y a des gens qu on peut conna tre qui sont passionn s et passionnants qui communiquent quelque chose comme ca dans leur pr sence physique mais qui ne passent pas du tout la t l vision Il aurait peut tre mieux valu un acteur qui joue Je pense Laborit dans Mon oncle d Am rique J ai assist il y a pas tr s longtemps une conference de Pendant les deux heures il nous a tenus en haleine C tait absolu ment passionnant c tait extraordinaire C tait pas la t l vision mais il communi quatt tout Quand a la t l vision ils la regardent peu en g n ral Pour ce qui est des Spectacles scientifiques s il leur est arriv d en regarder c est parce qu ils taient tomb s dessus par hasard On regarde relativement peu la t l vision Pour ma part chaque fois qu il y a une mission interessante en particulier scien tifique j en informe les enfants Mais c est pas pour autant que je la regarde Or interrog s sp cifiquement au cours de la r union sur quatre missions t l vis es ils se sont mis a les valuer Et leurs pr f rences sont all es vers
155. s Choses qui on le con oit ais ment ne peuvent qu inciter les vulgarisateurs forcer leur talent et donc en d voiler les arcanes Du c t de la r ception la biologie offre cet autre avantage d avoir su int resser sinon les foules du moins une fraction consistante du grand public cul tiv pouvoir d invasion des consciences pour employer les termes de Jacques Monod qu elle doit d abord sa mati re le vivant qu elle doit aussi l existence de quelques succ s fran ais dans la discipline Jacob Monod Lwoff Ruffi Guillemin qu elle doit enfin au remue m nage autour des bio technologies Enfin condition n cessaire sinon suffisante la biologie en tant que sujet de t l vision offre un nom bre de cas qui en font un excellent candidat pour l analyse comme le montre le tableau de la page pr c dente C est done prioritairement sur les SPECTACLES SCIENTIFIQUES de biologie que portera l analyse descriptive Toutefois cette restriction th matique ne vaut qu au plan des proc dures d investigations en regard desquelles elle est tout simplement commode La contrainte ne concerne notamment pas la port e des analyses dont les conclu sions vaudront pour toutes les missions scientifiques du 3 me courant biologiques ou non 21 3 LES FIGURES Pour construire une mission on se doute qu il ne suffit pas d encha ner librement des mots et des plans sans autres contraintes que celle
156. s conscien ces savantes qui Ja repr sentent Figure FOCALISATEUR Figure THEMATA Extraction et accentuation des pr suppo s s philoso phiques for mant le sous sol des th o ries scientifi ques pr sent e Fiqure du ESPACE PARCOURS L tage des actes de monstration de la r alit CIRCULATEUR d un destina taire comme un sujet d tat intel ligent cu rieux mais passif Construction d un obser vateur en tat de cir culation incessante Construction du vulgarisa teur comme centralisateur majeur de l information et du discours 8 Figure LIBERATION Peinture d une soci t lib r e par la science dont 11 est question Figure SPECTATOR Construction du spectateur comme le sujet d un voir en tat de distraction CONCLUSION DE LA l re PARTIE 89 91 Ainsi s ach verait notre discours s il ne nous restait le resituer avant d y mettre un terme dans le champ des discours sur la vulgarisation scientifique A ce propos on s interroge est ce le choix de notre ni veau d observation De nos sujets de curiosit De notre th orie Nous n aboutissons gu re aux r sultats que tout habitu de la litt rature sur la vulgarisa tion serait en droit d attendre pour autant qu il n en connaisse que ce que nous m mes en savons Car celle ci pr cisons l propose globalement deux gran des coles de pens e que l on bap
157. s fix es par la micro syntaxe des phrases et des s quences Fonctionne en effet dans tout discours audiovisuel une mani re de code comme fonctionne dans les contes une morphologie globale dans les mythes une structure dans les r cits une logique etc Par l image du code il faut entendre ici un systeme formel une sorte de programme ou de mod le calibrant ou normalisant ce qui peut passer l cran par la d finition et la d limitation de certains standards pour les r les les th mes les tons le langage de l mission ou du magazine Pour le dire autrement lorsqu il construit son mis sion le journaliste scientifique manipule un certain nombre de recettes de pr ceptes de r gles de savoir faire qu il applique en continu d lib r ment ins tinctivement ou inconsciemment le r sultat l cran tant pour partie une mat rialisation une r alisa tion des dites r gles et recettes C est l ensemble de ces prinetpes encadrant la production du sens que nous examine rons tet L aide du concept g n ral de figure Comme les vocables choisis l auront laiss deviner ni les r gles ni le mod le ni les formes ne sauraient 6tre assimil s 4 des conditions de production exter nes aux missions La conception d fendue ici n est pas causaliste elle ne se pr occupe pas de rechercher dans la nature transcendants aux missions les facteurs ou pr ceptes politiques id ologiques co no
158. s les discours sociaux Elles seront r activ es d une fa on ou d une autre l occasion d une mission de vulgarisation Ces images sont bien plus que de simples images leur r activation comporte la mise en mouvement d un r seau de relations entre les personnages dont on a parl dans la premi re partie de cette recherche Tout d abord le scientifique Il est directement li au champ de la connaissance et de la recherche il est en quelque sorte son incarnation Deuxi mement le journaliste Il est un personnage fami lier une figure qui d borde largement le cadre de la vulgarisation scientifique un acteur que chacun de nous conna t bien et dont l image la comp tence le r le la l gitimit se construisent travers des modalit s diff rentes l int rieur de multiples discours Dans le cas qui nous occupe il se trouve m l la vulgarisa tion mais la pertinence de sa figure ne se r duit pas au champ de la science Le Spectacle scientifique la t l vision comporte donc le plus souvent une interface entre deux univers celui du savoir scientifique peu connu du t l spectateur et repr sent par le savant et celui de l information univers familier et quotidien repr sent par le journa liste La relation qui s instaure entre ces deux person nages est donc en quelque sorte une concr tisation de la mise en contact entre ces univers Troisi mement le destinataire ce r le prop
159. s qui grandissent Il faut se tenir au courant 11 faut que l on sache ce qui se passe L autre hypoth se de la figure du b n ficiaire le fait qu il est pr sum intelligent est plus probl matique dans la mesure o certains de ces sujets sont conscients sans complexe des limites de leur capacit de compr hension et du besoin qu ils ont de simplification L abondance dans les citations que nous venons de faire des marques pronominales impersonnelles on parle on s y int resse il faut que l on sache etc ne sont pas dies au hasard les b n ficiaires traduisent m me dans leur curiosit une esp ce de doxa sur la soci t dans 121 laquelle on vit une sorte d vidence collective qui prend parfois l allure d une philosophie Sauvage C est pourquoi cette curiosit se focalise essentiellement sur les th mata On a tous des interrogations se poser d o l on vient o l on va On voudrait bien savoir ce que l on est J aime bien science fiction J ai 40 ans et je voudrais savoir s il existe d au tres mondes et d autres tres avant de mou rir Savoir ce qu on deviendra nous plus tard On est plusieurs milliards d tres humains comment le monde va tourner avec tout ea Le sujet est tellement passionnant la nais sance de l homme 2 ACCESSIBILITE DE LA SCIENCE Les b n ficiaires pousent sans le savoir la th orie de la traduction propos de la vulgarisation
160. s seulement le rapport la science mais aussi le rapport la t l vi Sion Nous avons d ja parl du journaliste figure fami li re de l audiovisuel grand public et avec laquelle le t l spectateur noue des liens l occasion du visionne ment de plusieurs genres journal t l vis magazines d information d bats politiques etc De mani re plus g n rale l image plus ou moins positive ou n gative que l individu se fait de la consommation du media televi sion va contaminer son jugement et ses interpr tations de la vulgarisation faite a travers lui Tl faut donc se garder de g n raliser a la vulgarisation dans son ensemble le rapport au savoir de l individu tel qu il se manifeste dans ses lectures des spectacles scientifiques a la t l vision Dans certains cas c est en raison d un lien particuli rement fort et positif ala vulgarisation crite qu une disqualification de la vulga risation t l visuelle est exprim e Le probl me n est pas seulement celui du privil ge ven tuel accord l criture par comparaison avec l image ou avec le spectacle en g n ral il concerne plus pr cis ment la sp cificit du m dia t l vision dans certains cas par exemple le spectacle cin matographique est valu d une facon plus positive en tant que support de vulgarisation que le spectacle t l visuel Ces i mages des supports tra nent avec elles toute une s di mentation historique concernant l
161. sition de r ception caract ristique des b n ficiaires on pourrait tre tent de c l brer le mariage heureux entre le journaliste qui aurait su r ver avec exactitude son destinataire et le t l spectateur dont le personnage r pondrait presque trait pour trait ce destinataire imagin ou recherch spectateur au capital culturel bas mais dispos apprendre par une curiosit g n rale motiv non pas par les contenus de la con naissance scientifique mais par les grandes questions philosophiques fascin non pas par la mise en sc ne de la science mais par les acteurs qui peuvent y apparai tre habitu la spectacularit de la t l vision construite autour du contact qui passe par le regard qu il pr f re aux formes traditionnelles plus froides de la p dagogie tout a fait dispos de par son atti tude relativement passive a tenir sa place compl men taire inf rieure 127 129 CHAPITRE III LE BENEFICIAIRE PERTURBE OU LE DESIR D UNE SCIENCE INACCESSIBLE 1 UN DILEMME DE LEGITIMITE Jean Claude a vingt quatre ans Il travaille dans une agence commerciale des PTT o il s occupe des renseigne ments aupr s des abonn s Sa m re tait femme de m nage et la seule indication qu il nous a donn e sur son p re c est qu il tait pensionn de guerre De ses pr f ren ces t l visuelles il indique en premier Cousteau le magazine Vendredi et le Collaroshow mais il mentio
162. specter deux imp ratifs que la classe de figures retenue soit par hypoth se sp cifique au genre divertissement scientifique qu elle soit en outre inexplor e en tant que th me et support d une analyse une de plus sur le langage de la divulgation scientifique La distribution des r les d volus aux partenaires sp ci fiques de la communication constitue une classe de figures correspondant aux conditions mentionn es Par la notion de r le on entend l ensemble des conduites et des statuts pr t s conventionnellement rituelle ment par le discours aux tres impliqu s dans le processus de divulgation soit les scientifiques leurs opposants les journalistes divulgateurs le public gui regarde la soci t future qui b n ficiera des d couvertes etc Ces conduttes tratts de personnaltt qualit s r les ces moeurs que se forgent les locuteurs dans et par leur comportement verbal et que l ancienne rh to rique appelait des moeurs oratotres au sens de moeurs construites au coeur m me du discours ce sont donc elles que nous tudierons tet En premier lieu l angle d analyse dont il est ques tion n a pas t appliqu syst matiquement au discours t l visuel ni la vulgarisation et donc pas non plus leur intersection Les tudes sur le sujet se sont en effet g n ralement cantonn es l int rieur de deux grands courants l analyse comparative des contenus scientifiques face
163. st pas toujours intelligible imm diatement par le public 11 reste cette hallucination Lorsque par exemple Vigier a parl de ses repr sentations de l univers machine chez nous avec un tableau noir tl a fait toute une s rie d quations On a regu un courrier vraiment extraordinaire parce que sans avotr rien compris ce qu il avait dit les gens ont t fascin s et ont demand o tls pouvaient Le contacter 63 THEMATA Figure extraction et accentuation des images et des pr suppos s philosophiques formant le sous sol ou le contexte des th ories des th ses et des observations scientifiques pr sent es Igor et Grischka Bogdanoff L ensemble des r volutions scientifiques actuelles s ac compagne de l mergence d un socle pist mologique c est dire de repr sentations nouvelles qui vont per mettre non seulement L homme de comprendre le monde dans lequel tl vit mats galement d en favoriser e core davantage le changement rapide Nous avons presque Le devoir de r organiser notre perception du monde par l interm diaire de ces outils conceptuels que propose la science Laurent Broomhead Le scientifique est ld dans l mission pour apporter quelque chose en plus sa philosophie C est au moment o je vats lut demander ce qu il pense de l vo Lutton g n rale dans le domaine de la recherche de la politique dans ce domatne est ce que par exempl
164. t de leurs manifestations des plus classiques la mant re de Desgraupes ou de Lalou aux plus innovatrices la mani re de Broomhead le seul crit re tant qu elles respectent les grands traits du genre 1m 3 me homme en position centrale et une criture t l visuelle grand public Nous carterons en revanche de la discussion les genres REPORTAGE et DEBAT dans leur expression stricte comme bien s r aussi les flashes d informa tion scientifique apparaissant de temps autre dans les journaux t l vis s Nous ne nous int resserons pas non plus aux formules qui l int rieur du genre choisi repr sentent autant d esp ces par lesquelles le magazine X disons PLANETE BLEUE sur Antenne 2 diff re du magazine Y par exemple 2002 sur TF 1 par le recours des solutions formelles sp cifiques nous resterons d lib r ment au palier sup rieur au niveau duquel toutes les missions du m me genre s quivalent 1 Moles A et Oulif J M 1967 2 James F et Brusini H ibid 19 Laurent Broomhead PLANETE BLEUE Les nouveaux b b s sur A 2 le mercredi 3 f vrier 1982 20h35 Igor et Grishka Bogdanoff 2002 L ODYSSEE DU FUTUR Prolonger la vie sur TF 1 le lundi 10 mai 1982 20h35 Pierre Desgraupes avec la collaboration d Etienne Lalou et Iaor Barr re Histoire de la vie s rie de 3 missions les jeudi 4 11 et 18 novembre 1982 sur TF 1 22h05 Igor et Grishka Bogdanoff 2002
165. t et pour tout dire ind finissable c est la vraie bataille de Water loo la vraie histoire de Rashomon la vraie vie de Marcel Proust dans sa petite trop petite maison d Illiers s 1 On s inspirera ici des vues d velopp es dans les 40 pages du chapitre intitul voix dans G Genette 1972 Figures III ainsi que dans les 50 derni res pages de son Nouveau discours du r cit 1984 th ses elles m mes reli es d autres travaux internationaux constitutifs de la th orie du r cit 75 Ce r el transcendant moyennant quelques alt rations de taille se porte l int rieur du sens en devenant histoire encore nomm di g se premi re instance discur sive par laquelle nous est propos e maintenant une image une repr sentation en bonne et due forme de la dite r alit jamais perdue pour le lecteur L histoire est au roman ce que le signifi est au mot elle est du contenu qu elle appellera ici narratif C est dans cet univers qu voluent les personnages de la fiction et c est donc l que l on rencontre une premi re vague de sujets et de r les organis s selon des motifs divers Mais l histoire n tant dans cette vision des choses qu un pur contenu il faut qu elle ait une expression entendons 1 un syst me signifiant qui la v hicule On appelle r cit l expression de l histoire son signi fiant ou sa forme syntaxique pour prolonger l ana logie avec le langage l association de l
166. t au moins dans pratiquent une consommation malgr les fortes critiques adress es aux missions de Lalou Barr re et de Desgraupes par exemple ils se souvenaient de les avoir regard es au moment de leur passage l antenne Dans leur cas il s agit donc probablement de sujets qui en dehors de la vulgarisation autres les grandes figures de la t l vision lier celle de 1 animateur Est int ressante ce propos b n ficiaires capital culturel bas ont int rioris plus que les en particu la r action d un de nos lors de la discus sion de groupe Lui et sa femme pr f raient manifestement les l autre tiqu ces missions missions des Bogdanov et de Broomhead alors que couple qui participait la r union qui n tait pas un couple de b n ficiaires avait tr s vivement cri il avait t dit que les Bogdanov taient des pseudo scientifiques qui baratinent et que Broomhead tait un se d fendre sur l invisibilit sur le personnage ce qu il raconte je ne le tue la science notre b n ficaire a t amen des animateurs Or pour essayer de argumenter je ne m attarde pas vois plus je suis pris par 125 4 UNE LOGIQUE DU CONTACT Les b n ficiaires sont sans aucun doute les t l specta teurs qui correspondent le mieux au destinataire cons truit dans les Spectacles scientifiques ala mani re des Bogdanov et de Broomhead S ils
167. t autre Ce produit est autre en ceci qu il prend pour p les l histoire la philosophie et la m ta physique des sciences davantage qu il ne traite de la Science proprement dite autre en ceci qu il se bat sur le front culturel pour agir sur les syst mes de repr sentations populaires et non pas sur le front cognitif pour accro tre les comp tences techno scien tifiques autre enfin en ceci qu il d veloppe et pro meut une logique discursive typiquement mass m diatique roulant bien davantage pour la t l vision pour le 4 me pouvoir qu il ne le fait pour l acad mie 95 Il me PARTIE DU SPECTACLE AU SPECTATEUR 97 INTRODUCTION LES GRAMMATRES DE RECONNATSSANCE 99 1 DE LA PRODUCTION A LA RECONNAISSANCE L objectif du deuxi me volet tait d essayer de com prendre la lumi re de la description des missions faite dans la premi re partie ce qui se passe du c t des r cepteurs des t l spectateurs Nous allons confron ter la polyphonie de la premi re partie compos e par le discours du s miologue c lui des objets sur lesquels il parle les missions elles m mes et celui des jour nalistes professionnels de la vulgarisation scientifique a une autre polyphonie comportant elle aussi ae Voix celle des r cepteurs celle de 1 analyste discours des r cepteurs et celle enfin des EH elles m mes qui apparaissent ici une nouvelle fois mais sous la forme de stimuli qui ont d cl
168. t il de son vis a vis de ce t lespectateur pr sum et construit dans la substance m me de l change en face face qui se d roule durant l mission Il y est d abord dot de deux caract res majeurs se d duisant par compl mentarit de ceux du communicateur il y est pr sum intelligent puisque comprenant ais ment les propos d un journalis te clairement intelligent Il est aussi construit comme une nature curieuse r put e se poser des ques tions s int resser tout et tout vouloir comprendre Mais demanderez vous Pourquoi donc ceci parce que C est d ailleurs pr cis ment pour assouvir cette curiosit pr sum e et construite expli citement que bien souvent s amorce la recherche de L enqu teur Notre destinataire h rite en d autres termes de deux qualit s dites d tat par opposition aux qualit s dites de faire que l on pourrait imaginer en leur lieu et place comme c est le cas dans les textes scientifi ques o une participation intellectuelle est demand e au lecteur reporter aux courbes comparer constater etc et comme dans les jeux t l vis s o une active participation ludique est galement propos e au t le spectateur 1 C est que le spectacle scientifique a choisi de demander le moins possible un public pr sum r ticent Il le construit ainsi sous la figure g n rale du b n ficiaire d un don sans contrepartie celui d un dossier complet sur tel
169. te que tu aies l opinion des gens qui n auront 123 pas attendu Broomhead pour avoir toutes ces notions Encore que mot je m int resse beau coup la science travers la vulgarisation et quand j coute Broomhead j apprends des tas de choses 3 PERCEPTION DU PROPRE NIVEAU CULTUREL ET STRATEGIES ENONCIATIVES Au del du tableau g n ral que nous venons d esquisser il est n cessaire d introduire une distinction l int rieur de ce groupe il y a deux esp ces de b n fi Ciaires Cette distinction recoupe deux perceptions du capital culturel propre per u comme plus bas chez certains de ces sujets Or cette diff rence de perception par le sujet de son niveau culturel semble jouer un r le important elle est associ e a deux attitudes diff rentes concernant les strat gies nonciatives mises l oeuvre dans les mis sions tudi es Les missions des fr res Bogdanov et de Laurent Broomhead repr sentent bien sous deux formes tr s diff rentes ce qui dans la premi re partie de cette recherche a t caract ris comme le troisi me courant le plus r cent du spectacle scientifique la t l vision celui o le troisi me homme prend enti rement en charge l noncia tion du discours vulgarisateur Les missions de Lalou Barr re et de Desgraupes en revanche sont des exemples de formules beaucoup plus classiques L attitude vis a vis de ces diff rentes modalit s est li e
170. texte image qu on pourrait dire coalescentes lorsque par exemple les visuels sont en relation th matique viden te avec la narration l illustrant la compl tant la simulant etc Il en est d autres l inverse qui r alisent une forme de dehiscence lorsque des vi suels que les journalistes appellent des images pr textes d filent sur l cran sans relation appa rente autre que tr s l che avec ce qui s y dit ainsi pendant que parle le savant on nous montre le parc qui l environne puis la cam ra se prom ne dans 46 la pi ce o il se trouve et picore ici ou 1 quelques images de laborantins au travail Lalou Barr re ou bien alors que la voix off du reporter nous parle de l hybridation des corneilles l image montre un de ces oiseaux dans la nature furetant partout la recherche de brindilles pour faire son nid Desgraupes Ce genre d images pr textes induit chez le r cepteur dans les deux sens du terme une distraction 11 en r sulte en effet d une part un clivage de son atten tion divis e entre le texte qu il coute porteur du message scientifique et l image qu il voit v hi cule du spectacle D autre part cette dis traction du regard sur des visions parall les au propos central parce qu elle va l encontre de la concentration et la met en vacance procure habituellement on le sait un l ger repos de l esprit un rel chement une dis traction dans le second sens du t
171. tisera ici th ories de la traduction et de la trahison 1 par rapport aux quelles nous nous trouvons galement en d saccord La premi re nous vient de la sociologie de la science et l on y attache notamment les noms de Paul Lazarsfeld de Thomas Merton et d Abraham Moles Selon cette con ception le vulgarisateur s interposerait entre la science et le grand public dans l unique but de r tablir une communication devenue impossible par le fait d un d calage grandissant entre les langages de ces deux populations Praticien des deux codes et habile locu teur d une langue moyenne son r le consisterait alors a reformuler l une dans l autre en veillant principale ment a la fid lit de la transposition et donc 4 la parit r sultante du discours de la science avec celui de la vulgarisation 2 Comme il tait pr voir un point de vue inverse s af firma rapidement au sujet de la fid lit pr sum e des traducteurs et il en d coula peu apr s un second mod le g n ral celui de la trahison qu on associe aujourd hui aux noms de Habermas et avec lui toute la critique franckfortienne de la sciento technologie de Baudoin Jurdant et de Philippe Roqueplo 3 En le caricaturant beaucoup le parti pris de bri vet nous y oblige ce 1 Respectivement Figures de la traduisibilit de la science et de la critique radicale chez Daniel Jacobi qui j emprunte la substance de ses descriptions 1983 p 109 126
172. u contact une figure du p re Il est clair en tout cas qu il cherche une structure d change ayant en quelque sorte le statut d une interface entre le savoir et le non savoir lui permettant de s identifier l un des termes Solution imaginaire face un sentiment d ext riorit vis a vis de la science ext riorit qui est v cue comme exclusion Autrefois les gens m me les gens qui avatent du savoir 118 restaient plus en contact avec toutes les couches de ta popula tion Les gens qui taient dans leur champs 11 n y avait pas d autres qui ve natent leur dire il faut planter comme a Its gardaient un potentiel de savoir Quels que soient nos arguments les scienti fiques ont toujours une r ponse p remptoire On me peut en discuter si on n est pas soi m me un scientifique 137 CHAPITRE IV L EXCLU OU LA PROPHETIE AUTO REALISANTE DE L ISOLEMENT CULTUREL 139 141 Marie H l ne est une jeune femme de 24 ans Elle est employ e au service client le d une grande entreprise nationale la m me o travaille son p re agent compta ble Sa m re est secr taire De son cas nous ne retiendrons que la logique d ensem ble elle exprime les cons quences de l hypoth se sur l inaccessibilit de la science lorsque cette hypoth se est appliqu e jusqu au bout Cette logique est un exemple frappant de ce que l on a appel la proph tie auto r alisante self fulfillin rophecy et qu
173. u du sujet quitte y revenir C est un langage beaucoup moins rigoriste A propos du scientifique C est tut qui mattrise cette science il est dedans malgr tout Il est mieux m me de la faire passer pour mot Je pense que des scientifiques il en faut toujours Pour la rigueur du d bat 133 Le dilemme est aussi si l on peut dire entre la rigueur du d bat et sa pertinence car le scientifique risque toujours d aborder des probl mes complexes et de le faire de mani re d taill e en s loignant ainsi des questions fondamentales qui int ressent Jean Claude A propos de Broomhead Il peut donner des bases en tout cas des bases assez solides parce que le but de ces missions n est pas tant de comprendre des syst mes qui sont tres compliqu s pour lesquels il faudrait des mot8 voire des ann es pour les bien compren dre mats faire voir des bases d abord des bases des choses fondamentales mais tr s simples absorber tr s faciles retenir 2 LE BESOIN DE SYMETRISATION La figure significative pour l investissement du d sir n est pas le journaliste mais le scientifique D o l im portance chez Jean Claude comme chez les b n ficiaires de ce jeu ambig vis a vis du scientifique entre le sentiment de la diff rence et le besoin de la proximit A propos du fragment avec Fran ois Jacob exprimant ses doutes Ce qu il y avait d in t ressant c est que le scientifique lui il pensait im
174. uche plut t une probl matique sociale et non pas individuelle Les b n ficiaires appr cient la mise en spectacle qui est propre la t l vision et elle ne leur para t en rien incompatible avec l id e qu il se font de la science sans cette spectacularisation les gens n accrocheraient pas aux missions Elle n affecte pas en tous cas les contenus dont ils valorisent la transmission Ces sujets ont nous l avons dit un rapport non conflic tuel leur ignorance leur niveau qu ils savent tr s loign de celui des personnages qui s activent dans l univers de la science Par cons quent certains aspects de la strat gie des journalistes que d autres t l specta teurs ont pu juger comme outrageusement simplificateurs sont au contraire mis en valeur par les b n ficiaires leurs yeux la simplification est non seulement accep table et justifi e elle est r clam e comme condition n cessaire d une vulgarisation int ressante C est pour quoi la m diation du journaliste est consid r e comme naturelle Le principe de la vulgarisation scientifique c est de simplifier de dire de fa on simple un ph nom ne extraordinatrement complexe A partir du moment o on ne saisit pas un mot dans une explication on d croche A propos de Broomhead C est a la vulga risation c est faire acc der le maximum de gens pr senter des donn es compliqu es dans un langage simple et attractif Peu impor
175. udio vi suelte et pour partie des deux soci t s pr cit es La Documentation Fran aise Paris 1986 ISBN 2 11 001555 1 SOMMAIRE INTRODUCTION Partie Le langage du divertissement scientifique CHAPITRE I FRONTIERES 1 Br ve histoire de genres 2 Le cas de la biologie 3 Les figures 4 Diff rence et r p tition 5 Les Moeurs oratoires CHAPITRE II FIGURES Drama Personnes Emphase Th mata Lib ration Enqu teur Circulateur Spectator Focalisateur Communicateur B n f iciaire Inf luenceur CHAPITRE III REGLES CHAPITRE IV ESPACES 1 Les instances du r cit 2 Esp ces d espaces 3 Topographie CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE Pages 15 17 21 24 26 29 31 39 45 52 57 71 74 77 85 89 2eme Partie Du spectacle au spectateur INTRODUCTION LES GRAMMAIRES DE RECONNAISSANCE 1 De la production la reconnaissance 2 Le terrain 3 Les fragments test s CHAPITRE I LES ENJEUX 1 La vulgarisation une proposition compl mentaire 2 Figures et rapport au savoir 3 Images et fronti res de la science 4 Perception du capital culturel et image de soi 5 La vulgarisation et ses supports CHAPITRE II LE BENEFICIAIRE OU LE NON SAVOIR SANS COMPLEXE 1 La curiosit et les th mata 2 Accessibilit de la science 3 Perception du propre niveau culturel et strat gies nonciatives 4 Une logique du contact CHAPITRE III
176. ui est rappel e chaque fois qu un nonciateur vulgarisateur s adresse lui Ce rapport on s en doute n est pas tranger l image que le sujet se fait de la science 3 IMAGES ET FRONTIERES DE LA SCIENCE Les personnes que nous avons interrog es une exception pres nous y reviendrons n avaient aucun lien direct avec la pratique scientifique Elles avaient toutes pourtant une certaine image de la science plus ou moins floue plus ou moins pr cise Ce qui n a rien de surpre nant tant donn que le th me de la science ses progr s spectaculaires son r le dans la soci t ses dangers ses retomb es technologiques industrielles militaires est une source permanente o les m dias viennent puiser quotidiennement en dehors de toute volont de vulgarisa tion Depuis le sujet ins r dans le journal t l vis a propos de la nouvelle mission d Ariane ou de la navette Spatiale am ricaine jusqu a l article d un quotidien sur les b b s prouvettes en passant par les notes sur les progr s dans le domaine de la sant ou des produits de beaut publi es dans un magazine f minin d innombrables messages m diatiques ont quelque chose voir avec la connaissance scientifique et ses avatars Si les mi sions abordant directement un sujet scientifique soul vent explicitement la question de la science des ima ges de cette derni re se construisent incessamment un 114 peu partout dan
177. ume et dans des d cors d poque expose sa th orie La cam ra explore une gravure qui figure le savant Plan d un laboratoire Redi en costume et dans des d cors d poque expose lui aussi sa th orie Le journaliste Out ou non a mati ne inanim e peut elle donner naissance La vie 7 Un m decin de Toscane Redi fut sans doute e premier proposer une critique scientifique du probl me D minents savants pr tendent que force exp ntences ont montr que LA DISTRACTION DU REGARD Plan g n ral d ext rieur un orchestre militaire avance au pas cadenc dans la rue musique de marche entrainante Etienne Lalou et Igor Barr re LA REVOLUTION CELLULAIRE L h pital des v t rans de Los Angeles service de neurologre du Professeur Tourtelotte on s ant resse particuli rement La scl rose en plaques Et donc La cellule nerveuse ctc Images hyper r alistes d une station baln aire une s rie de plans sur une architecture moderne tr s graphique Rekativement simple pour Les v g taux Le problime est plus complexe Lorsqu il s agit de L animal et de homne L essentiel c est de carac t risen tr s pr cis ment La mol cute que L on veut reproduire etc IMAGE 44 45 FIGURE 8 SPECTATOR M dia visuel la t l vision est condamn e montrer quoi qu il arrive des images Mais il
178. un type qui parle de sa recherche Souvent on comprend pas tr s bien mais c est la passion qui passe on voit que c est quel qu un comme tout le monde qui pousse quelque chose d extr me la folie et on se rend compte qu on n arrive m me plus parler te m me langage et qu il n y a que l motion qui passe 157 C est une question de ton Il s agit d avoir l information aupr s de ceux qui la detien nent m me si c est une information hypoth tique Je pr f re entendre Jacob plut t que Drucker qui va r p ter les propos de Jacob C est une question de ton de langue C est pas une question de cr dibilit c est plut t une question de v rit Ces gens l les scientifiques ont des interrogations qui transparatssent dans leur langage qui ne sont pas reproductibles par le journaliste Par rapport la d marche scientifique c est plus r el A propos des Bogdanov IT n y a pas le c t du type qui est passionn par son bou tot et qui parle de son truc C est a qui manque C est que la passion de l homme pour son boulot ne passe pas J ai l impression que c est a le plus int ressant parce qu la fois il y a une pas sion qui passe 11 y a un gars qui a mont Son coup Alors que ou bien quand les interviews ne sont pas geniales et que le montage n est pas tr s bien ficel a laisse des insatisfactions ou on a le show on a l impression que c est supermont par les prof
179. ure construction du spectateur comme le sujet d un voir en tat de jouissance devant le spectacle et galement en tat de distraction Etienne Lalou Avant toute chose nous sommes des journalistes et des hommes de spectacle Les setenttftques ne compren nent pas bten cela Nous avons un tnstrument entre les mains qui a une port e formidable mats ausst des limites c est que l image prend tout et que l mission doit tre absolument construite en fonction d elle Fran ois de Closets On a voulu faire un sujet sur le travail humain comment L homme est parti d un travail artisanal ou tl s accom pltssatt pour arriver une production de masse o le travailleur devient un serviteur de la machine au lieu d tre un ma tre de sa cr ation Eh bien on a fait ea en opposant Baccarat et des flaconneries industrielles En images c tait tr s beau c tait tr s parlant et ga nous a perms de poser le probl me des charges des entre prises du calcul des charges soctales et fiscales etc Done vous voyez la double d tente le probl me de la base d imposition des charges celui du contenu du travail et tout cela travers de tr s belles images 65 Laurent Broomhead Je considere que mon seul r le est de montrer des images quelqu un pendant une heure a entre d un c t a sort de l autre c est un spectacle instantan Un des meilleurs exemples pour moi c est L
180. vidence 1 humus fondamental du discours t l visuel sur la science Ils sont utilis s principalement un double niveau d une part ponctuellement pour accompagner l expres sion de telle ou telle description scientifique on montre une coupe de bact rie et l on accompagne cette description par son corr lat th matique la bact rie ouvri re d autre part globalement pour affecter un socle philosophique la science dont il est question on pr sente 1a biologie et l on en ch sse cette repr sentation dans une probl matique th matique prolonger la vie histoire de la vie le code de la vie etc Ce faisant le divertissement scientifique montre qu il ne cherche pas se battre sur le terrain de la scien ce mais sur celui des implicites philosophiques qui l encadrent de la m taphysique qui l oriente du socle imaginaire qui la fonde sur le terrain de la culture et des repr sentations 1 Ho ton 1981 p 34 note 1 Le titre de la figure est issu de cet ouvrage enti rement consacr aux Th mata Laurent Broomhead PLANETE BLEUE LES CODES DE LA VIE TE faut dere que ce n est pas parce qu un a fact ane d cuuverte qu elle trouve tout de suite des applications dans U industrie On ne sait pas 54 a sera rentable Macs quc peat dire qe cl en seta dans 10 ans dans 20 ans Nous n avons pas e droit de monjguet ce pari technologique et peCctcque A Etienne Lalou et Igor

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