L`ARGUMENT DAVIDSONIEN : UN CRITÈRE DE DISTINCTION
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1. r en dehors du groupe verbal La structure argumentale des pr di cats des exemples 1 et 2 donne dans sa perspective lieu aux repr sentations 1 et 2 o l argument externe est soulign 1 Un enfant fait en train de pleurer 2 Un enfant est motif 11 Pleurer lt localisation agent gt 21 Etre motif lt theme gt Sur la base de ces trois hypoth ses Kratzer 1995 explique les in terpr tations des exemples 1 et 2 de la mani re suivante Dans le cas d un pr dicat d individu comme tre motif le sujet un enfant est consid r comme argument externe Il appara tra donc dans la restriction et sera li par le quantificateur g n rique Dans le cas du pr dicat pisodique tre en train de pleurer la pr sence de l argument davidsonien en position d argument externe a pour cons quence que le sujet sera n cessairement g n r comme argument interne au groupe verbal il peut donc recevoir une inter pr tation existentielle QUANTIFICATEUR RESTRICTION PORT E NUCL AIRE Gen enfant x motif x avant maintenant I amp 4 enfant x amp pleurer x 2 2 Probl mes Quoique le r le de la localisation spatio temporelle soit plus indirect chez Kratzer il reste que son hypoth se se heurte en partie aux m mes difficul t s que l hypoth se de Carlson La sous classe des pr dicats pisodiques probl matiques pour l approche carlsonienne savoi2. 19a 21a ne peut tre supprim ainsi que l at teste l inacceptabilit des exemples 19b 21b et qu on lui a parfois re fus sur cette base le statut d adjoint A priori deux options sont ouvertes On peut admettre que des verbes comme ceux dans les exemples 19 21 ont plusieurs structures argumentales possibles l une avec compl ment locatif et l autre sans compl ment locatif solution qui pr sente le d savantage de d doubler les structures argumentales pour un grand nombre de verbes On peut admettre que la structure argumentale est sous d termin e et est partiellement fonction de l environnement syntaxique Une telle hypoth se est adopt e par Hoekstra amp Mulder 1990 et par Jones 1996 21 Anne CARLIER Ce n est pas le lieu ici d exposer une prise de position motiv e sur une question syntaxique tellement fondamentale que la fronti re entre ar gument et adjoint et son ind pendance ou d pendance par rapport la cons truction syntaxique Il importe pourtant de souligner dans le cadre de la pr sente tude la n cessit s mantico discursive du compl ment locatif Comme l ont observ Hoekstra amp Mulder 1990 le compl ment lo catif re oit un accent focal et porte donc l information essentielle de la phrase On comprend son importance dans un nonc qui a pour fonction de poser l existence d une entit si l on admet que localiser une entit dans l
3. argument davidsonien 3 2 Les nonc s th tiques centr s autour d un v nement dits v nementiels 1 Contrairement aux nonc s th tiques centr s autour d une entit r f rentielle les nonc s th tiques centr s autour d un v nement ne sont pas caract ris s par un r le pr pond rant de la localisation spatiale Un v nement tant con u comme circonscrit dans le temps et dans l espa ce tant la localisation temporelle que la localisation spatiale sont cruciales dans son individuation ainsi que l illustre l exemple 48 interpr t par rapport la figure 3 48 Une voiture renversa un pi ton Figure 3 ESPACE si un accident se produit tel moment f en deux lieux distincts et dis joints p et po il s agit de deux v nements diff rents de m me si un accident se produit tel endroit p des moments distincts et disjoints t et fp il est question de deux v nements diff rents Cette localisation dans le temps et dans l espace de l v nement peut tre explicit e par un compl ment de temps et ou par un compl ment spatial 48 a Une voiture renversa un pi ton b Une voiture renversa un pi ton vers minuit sur la place Schumann c Vers minuit sur la place Schumann une voiture renversa un pi ton Or la diff rence du compl ment locatif dans le cas de l nonc th ti que existentiel ces compl ments sont toujours facultatifs Se pose d
4. ture existentielle est pertinente dans le cas des nonc s 28 th tiques centr s autour d un v nement En effet dans un exemple comme 48 L argument davidsonien 48 Une voiture renversa un pi ton la localisation de l v nement dans le temps et dans l espace engendre n cessairement l existence de tous les r f rents qui participent ce pro c s Le caract re non s lectif de l op rateur existentiel est donc ici tout fait appropri comme l a soulign Ladusaw 1994 4 Conclusion Relativement l hypoth se d une corr lation entre pr dication pisodique et lecture existentielle du sujet ind fini des probl mes non lucid s sub sistent dont nous rappelons les suivants La majorit des pr dicats pisodiques tant processifs certains pr dicats pisodiques statifs tre dans le jardin tre pr t tre visible permettent n anmoins la lecture existentielle de leur sujet ind fini alors que d autres tre fatigu tre ivre tre malade sont incompatibles avec une telle lecture Dans certains nonc s pr dication pisodique ex Du sang sauta sur sa barbe la pr sence d un compl ment de localisation spatiale est indispensable Le compl ment de localisation temporelle n a ja mais ce caract re obligatoire La pr sente tude a tent de rendre compte de ces probl mes d une mani re coh rente en invoquant une distinction entre
5. 1982 ii ca ract ris e par le fait que le locuteur vise un individu bien pr cis sans fournir toutefois l interlocuteur une description lui permettant d identifier univoquement ce r f rent i En regardant l quipe jouant un match Tiens Un basketteur est petit Galmiche 1986 ii Un ami de Pierre est astrophysicien Dans le cas de la lecture existentielle d un SN ind fini le r f rent qui lui corres pond ne pr existe pas la pr dication mais est amen l existence par le biais de la pr dication Dans le cas de la lecture partitive ou de la lecture r f rentielle d un SN ind fini en revanche bien que le r f rent soit galement envisag comme existant cette existence du r f rent n est pas r alis e par le biais de la pr dication mais par une autre voie pour le SN ind fini lecture partitive i l existence du r f rent r sulte de la pr supposition d existence de l ensemble de partition alors que dans le cas du SN ind fini lecture r f rentielle ii le contenu du SN est suf fisant pour tablir l existence du r f rent Comme l ont not Fodor amp Sag 1982 361 et de Hoop 1992 36 pour la lecture r f rentielle et Kleiber 2001 79 pour la lecture partitive la paraphrase au moyen de il y a ne constitue pas un test ad quat pour isoler les SN ind finis lecture existentielle ex 1 dans le corps du texte par rapport aux SN pour les quels l exis
6. FRANCKEL J J 1989 Etude de quelques marqueurs aspectuels Gen ve Droz GALMICHE M 1986 R f rence ind finie v nements propri t s et pertinence in DAVID J amp KLEIBER G ds D terminants syntaxe et s mantique Paris Klincksieck p 41 69 GRIMSHAW J 1990 Argument Structure Cambridge Mass MIT Press HEIM I 1982 The Semantics of Definite and Indefinite Noun Phrases Ph D Thesis University of Massachusetts Amherst HIGGINBOTHAM J et al eds 2000 Speaking of Events New York Oxford Oxford University Press HOEKSTRA T amp MULDER R 1990 Unergatives as copular verbs The Linguis tic Review 7 p 1 79 DE Hoop H 1992 Case Configuration and NP Interpretation Ph D University of Groningen HUME D 1978 A Treatise of Human Nature d par L A Selby Bigge et al 2 dition Oxford Oxford U P JAGER G 2001 Topic comment structure and the contrast between stage level and individual level predicates Journal of Semantics 18 p 83 126 JONES W 1996 Foundations of French Syntax Oxford Oxford University Press KAMP J A W 1981 A theory of truth and semantic representations in GROENENDIJK J A G et al eds Formal Methods in the Study of Language Amsterdam Mathematical Center p 267 322 KLEIBER G 1981 Probl mes de r f rence descriptions d finies et noms pro pres Paris Klincksieck KLEIBER G 1985 La g n ricit autrement le tra
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9. deux types d non c s pr dication pisodique capables d engendrer une lecture existentielle de leur sujet ind fini ceux qui sont centr s autour d une entit r f rentielle dont ils posent l existence et ceux qui mettent au centre un v nement a Les nonc s qui posent l existence ou la venue l existence d une entit r f rentielle ou qui marquent que l entit r f rentielle est accessible la perception s accommodent d une pr dication stative Dans la mesure o l entit r f rentielle concern e est envisag e comme circonscrite dans l espace cf figure 2 la position d existence de cette entit peut se faire par le biais d une localisation dans l espace sur le mode statique ou sur le mode dynamique Cette localisation spatiale peut tre effectu e soit par le biais du lexique verbal soit sous la forme d un compl ment de lo calisation spatiale n cessairement pr sent b Les nonc s qui posent l existence d un v nement peuvent engendrer indirectement l existence des r f rents participant cet v nement op ration qui peut tre pertinemment formalis e sous la forme d un quantificateur existentiel non s lectif Les v nements tant con us comme circonscrits dans la dimension temporelle et dans la dimension spatiale les nonc s qui les voquent ne sont pourtant pas caract ris s 29 Anne CARLIER par la pr sence obligatoire d un compl ment de
10. espace revient dire que cette entit existe Le verbe en revanche tant donn qu il ne sert qu introduire l entit sans voquer un v nement doit tre d un apport s mantique r duit Si le verbe est trop riche du point de vue lexical deux voies se pr sentent n anmoins pour satisfaire cette contrainte soit le verbe pr sente une redondance s mantique par rapport au sujet en pr diquant 4 son propos une activit ou proc s habituel Firbas 1966 Bolinger 1977 Allerton amp Cruttenden 1979 Levin amp Rappaport 1995 ou une activit ou proc s pr visible partir du contexte pragmatique Sasse 1987 22 Il aboie un chien au loin 23 Il claque des portes dans cette maison soit le verbe pr sente une redondance s mantique par rapport au compl ment locatif en voquant l activit ou proc s qui se d roule d habitude dans le lieu voqu Jones 1996 126 24 a Il nage des enfants dans la piscine b Il dort mange des enfants dans la piscine Inversement le fait d alourdir le verbe s mantiquement au moyen d un ad verbe de mani re diminue tr s nettement l acceptabilit de la phrase Jones 1996 126 19 a Il dort un chat au coin du feu d Il dort profond ment un chat au coin du feu 20 a Il joue des enfants dans le jardin d Il joue sauvagement des enfants dans le jardin L information cruciale qu apportent des nonc s comme 19a et
11. est en train d aboyer ou Une chaise a t ren vers e se rapporte une tranche temporelle du chien ou de la chaise ce qui conduit introduire outre la d limitation dans l espace une d limitation dans le temps pour l entit r f rentielle correspondant un chien ou une chaise Il reste pourtant que dans notre fa on d interagir avec des entit s comme celles d sign es par chai se ou chien nous supposons que ces entit s ont une continuit dans la dimension temporelle Par exemple quelqu un qui s assied sur une chaise ne pense pas pren dre le risque de s asseoir sur une tranche temporelle d une chaise 32 L argument davidsonien 13 Nous nous cartons ici de l analyse de Zemach 1979 qui consid re les entit s d sign es par des noms de mati re comme continues dans la dimension spatiale 14 On pourrait r torquer cette analyse qu elle ne s applique pas des v ne ments it r s tant donn qu il est possible de consid rer pour des nonc s valeur it rative comme Pierre se l ve 5 heures du matin que telle occurrence de l v nement est qualitativement identique n importe quelle autre occurrence de cet v nement de sorte que la circonscription dans la dimension temporelle se trouve annul e Il reste pourtant que linguistiquement la situation voqu e est construite partir de l v nement individuel et n est pas directement pr sent e comme une propr
12. ne n est donc pas d abord promu par it ration au niveau de pr dicat d indi vidu ce qui lui permettrait ensuite d tre compatible avec la lecture g n rique du sujet ind fini Que le sujet ind fini dans 6 pr sente bel et bien une lecture g n rique reste donc sans explication dans le cadre de la th orie de Carlson 1978 2 L argument davidsonien en tant que crit re de distinction entre pr dicats pisodiques et pr dicats d individus Kratzer 1995 2 1 Hypoth se En r ponse aux deux probl mes soulev s ci dessus la distinction entre pr dicats de niveau individuel et pr dicats pisodiques a t red finie par Kratzer 1995 comme une diff rence quant la structure argumentale dans la lign e de Davidson 1969 Kratzer admet que les pr dicats piso diques ont par rapport aux pr dicats de niveau individuel un argument suppl mentaire dit davidsonien Kratzer 1995 126 reste assez vague sur la nature de cet argument davidsonien en disant qu il peut s agir simple ment d un argument de localisation spatio temporelle A l appui de l existence de cet argument davidsonien Kratzer in voque notamment la suite de Davidson la possibilit de la modification adverbiale Elle note qu il est possible d utiliser aupr s d un verbe comme danser un compl ment temporel 9a ou un compl ment de lieu 9b parce que l on a affaire un pr dicat pisodique pourvu d un argument da
13. s lors la question de savoir ce qui assure la localisation dans le cas des nonc s th tiques v nementiels Cette question nous am ne tudier les propri t s aspectuelles des nonc s th tiques v nementiels 2 Du point de vue de l aspect les nonc s th tiques v nementiels refu sent les pr dicats statifs Cette contrainte aspectuelle peut tre lucid e 27 Anne CARLIER si l on admet que dans le cas de l nonc th tique v nementiel la lo calisation est r alis e par le biais de l aspect En effet les proc s et les tats se distinguent du point de vue de leur structure interne ainsi qu il peut tre illustr partir de l exemple 49 491 a Rougir Pierre rougit de honte Dans les bois les rables rustiques et les merisiers rougissent N de Buron Ch ri tu m coutes b tre rouge Cette porte est rouge Un proc s comme rougir tant associ une progression une vo lution les diff rents instants qui composent le laps de temps occup par le proc s ne sont pas librement interchangeables Le proc s est ainsi caract ris par une structuration temporelle interne qui afin d tre actualis e n cessite d tre inscrite sur l axe du temps Il en r sulte que le simple fait d utiliser un verbe processif comme centre d une phrase a pour effet d induire une localisation sur une portion pr cise de l axe du temps quoique le verbe processif en tan
14. 20a est donc la localisation dans l espace car cette localisation dans l es pace revient une position d existence de l entit r f rentielle qui corres pond au sujet et elle justifie ainsi la construction impersonnelle Aussi leur sens peut il tre glos comme il y a au coin du feu un chat et il dort et il y a dans le jardin des enfants et ils jouent 22 L argument davidsonien La contrainte s mantico discursive d avoir un compl ment de loca lisation spatiale exprim ne concerne pas uniquement les structures imper sonnelles comme 19a 21a mais se manifeste galement dans les exemples 25a et 26a tant galement des nonc s th tiques centr s autour d une entit La pr sence d un compl ment de localisation tempo relle en revanche n est pas m me d engendrer la position d existence de P entit r f rentielle ainsi que l illustre l exemple 25b 25 a Des enfants marchaient sur la digue b Des enfants marchaient cet apr s midi c Des enfants marchaient rapidement 26 a Des larmes coulaient de ses yeux le long de ses joues sur son visage b Des larmes coulaient lentement S il est vrai que la simple localisation dans l espace d une entit r f rentielle en un lieu pr cis engendre l existence de ce r f rent on devrait s attendre ce que tre compl ment spatial puisse galement en pr sence d un sujet ind fini teni
15. L ARGUMENT DAVIDSONIEN UN CRIT RE DE DISTINCTION ENTRE LES PR DICATS STAGE LEVEL ET LES PR DICATS INDIVIDUAL LEVEL Anne CARLIER Une des questions importantes auxquelles s est consacr e la s mantique r f rentielle consiste d finir les pr dicats qui engendrent une lecture existentielle de leur sujet ind fini Nous pr senterons d abord la distinction entre pr dicats pisodiques et pr dicats d individus labor e par Carlson 1978 dans cette perspective 1 Ensuite sera examin e la nouvelle d finition de cette distinction par Kratzer 1995 au moyen de l argument davidsonien lequel introduit de fa on sym trique la localisation spatiale et la localisation temporelle 2 Nous soutiendrons l hypoth se que le r le respectif de la localisation spatiale et de la localisation temporelle dans l ancrage r f rentiel peut tre pr cis si l on admet l existence de deux types d nonc s pr dication pisodique allant de pair avec une lecture existentielle de leur sujet ind fini ceux qui posent directement l existence d une entit r f rentielle et ceux qui mettent au centre un v nement 3 1 La distinction entre pr dicats pisodiques versus pr dicats d individus selon Carlson 1978 1 1 Hypoth se Afin de rendre compte de l impact du contexte pr dicatif sur l interpr ta tion des SN ind finis Carlson 1978 tablit la distinction entre les individual
16. argument interne Comme le signale Fernald 2000 44 il r sulte de la perspective adopt e par Kratzer que tout pr dicat verbal pisodique doit tre analys comme n cessairement inac cusatif non seulement ceux qui sont dans la th orie de la structure argu mentale reconnus comme inaccusatifs venir sortir mais aussi ceux qui sont au contraire identifi s comme inergatifs pleurer danser ainsi que les verbes transitifs agentifs frapper Inversement dans le cas de pr dicats individuels tels que tre blond ou tre motif incompatibles avec une lecture existentielle de leur sujet l hypoth se de Kratzer conduit con trairement la th orie de la structure argumentale cf e a la typologie de Perlmutter et Postal 1984 98 consid rer ce sujet comme argument ex terne La th orie de la structure argumentale en g n ral et la distinction en tre argument externe et argument interne en particulier se sont r v l es avoir un grand pouvoir explicatif tant du point de vue de la syntaxe que par ses corr lations avec la typologie aspectuelle voir sur ce point notamment Grimshaw 1990 Tenny 1994 Levin amp Rappaport 1995 Quels que puissent tre les avantages de l hypoth se de l argument davidsonien pour la distinction entre pr dicats pisodiques et pr dicats d individus il fau drait valuer les cons quences de l impl mentation de l argument davidso nien dans la structure a
17. gende des si cles On signalera enfin les pr dicats statifs marquant une disposition dans l espace 46 Des tulipes taient parses sur la table Ch Du Bos Journal 3 Les nonc s th tiques dont il est question ici tant centr s autour d une entit r f rentielle pr cise dont l existence est pos e il convient de poser la question de savoir si la proc dure de cl ture existentielle supposant un op rateur existentiel non s lectif repr sente fid lement leur sens Il y a en effet op ration de position d existence laquelle est souvent mar qu e par le biais d une localisation en un lieu pr cis mais celle ci ne se pr sente pas comme non s lective Le r le crucial de la localisation spatiale dans les nonc s th tiques cen tr s autour d une entit est d au fait qu affirmer qu une entit est en un certain lieu revient affirmer que cette entit existe On peut tenter d ap profondir l analyse en se demandant pourquoi il en est ainsi Il est possible de proposer une explication si l on admet le principe la base notamment de la linguistique cognitive que la conceptualisation du monde environnant que v hicule la langue est ancr e dans notre exp rience de ce monde environnant Lakoff 1987 Langacker 1999 A partir de ce principe on peut inf rer que les param tres spatio temporels que nous utili sons pour construire une entit r f rentielle dans un nonc th tique qui es
18. i t cf Pierre est un l ve t t Par ailleurs l interpr tation it rative pr sup pose que l v nement soumis it ration est circonscrit quantitativement dans sa dur e temporelle Il en r sulte que la simple adjonction d un compl ment d limi tant la dur e du proc s suffit parfois en pr sence du temps appropri d clencher ou favoriser tr s nettement la lecture it rative Pierre dort Pierre dort pendant trois heures seulement 15 Il conviendrait d tudier dans cette perspective non seulement l aspect lexi cal mais galement l aspect grammatical dans son interaction avec l aspect lexical 16 L incompatibilit des verbes d tat avec la locution verbale tre en train de constitue l indice le plus clair de cette absence de structuration temporelle interne comme l observe notamment Franckel 1989 tre en train de isole une portion quelconque d un proc s entre le d but et la fin et suppose ainsi n cessairement une situation verbale caract ris e par une relation d ordre REFERENCES ALLERTON D J amp CRUTTENDEN A 1979 Three reasons for accenting a definite subject Journal of Linguistics 15 p 49 53 BOLINGER D 1977 Form and Meaning London Longman BUCHARD A Les phrases premi re position actancielle vide contiennent elles toujours un verbe inaccusatif Manuscrit non publi CARLSON G N 1978 Reference to Kinds in English Bloomington Indiana
19. ielle du pr dicat un pr dicat pourvu d une localisation spatio temporelle entra ne une lecture existentielle du sujet ind fini alors qu un pr dicat non ancr spatio temporellement va de pair avec une lecture non existentielle du sujet ind fini Chez Kratzer le r le de l argument de la localisation spatio temporelle est plus indirect L analyse de Kratzer est bas e sur les trois hypoth ses suivantes a Elle accepte en suivant Lewis 1975 Kamp 1981 et Heim 1982 la structure quantifiante tripartite suivante QUANTIFICATEUR Q y RESTRICTION PORT E NUCL AIRE D apr s cette hypoth se qui con oit les ind finis comme des varia bles tous les ind finis qui se trouvent dans la restriction sont li s par le quantificateur alors que les ind finis qui sont introduits dans la port e nucl aire sont li s par un quantificateur existentiel non s lec tif Le quantificateur existentiel est dit non s lectif parce qu il ne se rapporte pas une seule variable mais toutes les variables rest es libres Cette op ration de liage par le quantificateur existentiel est appel e cl ture existentielle b Elle admet avec Diesing 1992 que la port e nucl aire co ncide avec le groupe verbal Figure 1 PORT E NUCL AIRE 16 L argument davidsonien c Elle accorde l argument davidsonien le statut d argument du verbe Il s agirait plus particuli rement de l argument externe g n
20. ieu comme l ont not Kleiber 1985 et Dobrovie Sorin 1997 un sous groupe des pr dicats pisodiques savoir les tats transitoires comme tre fatigu ou tre ivre ne sont pas m me de provoquer une lecture existentielle de leur sujet ind fini ainsi que P illustre l exemple 3 3 Un enfant tait fatigu En second lieu tous les pr dicats pisodiques peuvent sous certaines conditions pr cises aller de pair avec diverses lectures non existen tielles du sujet ind fini cf note 2 la lecture r f rentielle au sens de Fodor amp Sag 1982 4 la lecture partitive 5 et la lecture g n rique 6 4 Un cousin est venu 5 En ouvrant mon panier Une tomate a t cras e 6 Une toile se forme par contraction d un nuage d hydrog ne Quant l exemple 6 Carlson pr voit qu un pr dicat pisodique peut tre promu au rang de pr dicat d individu par le biais de l it ration et qu il peut ainsi tre compatible avec une lecture g n rique ainsi que l atteste l exemple 8 7 Minou attrape des souris 3 Un chat attrape des souris 14 L argument davidsonien Or ce m canisme ne peut pas tre invoqu pour rendre compte de la lecture g n rique du sujet ind fini dans 6 car se former par contraction d un nuage d hydroge ne est un v nement unique dans la vie de chaque toile Le pr dicat pisodique se former par contraction d un nuage d hydrog
21. imit e dans le temps est d pourvue de structuration temporelle interne de sorte qu il n induit pas la localisation de cette situation sur une portion pr cise de l axe du temps La repr sentation de ce pr dicat l aide d une variable temporelle de type davidsonien aurait pour cons quence f cheuse de pr dire tort une lecture existentielle pour l exemple 3 Dans une perspective de repr sen tation formelle une variable temporelle semble pourtant n cessaire pour rendre compte ad quatement des effets quantificationnels observ s dans 49a et 50 cf Kleiber 1985 49 a Pierre est souvent fatigu Souvent Pierre est fatigu t b Pierre est souvent grand Souvent Pierre est grand 50 Quand Pierre est triste il s enferme dans sa chambre Gen Pierre est triste t Pierre s enferme dans sa chambre t Nous soumettons cette question a la r flexion en esp rant qu elle pourra conduire affiner la compr hension du fonctionnement des pr dicats pi sodiques 30 L argument davidsonien NOTES 1 Je tiens remercier chaleureusement W De Mulder et A Buchard d avoir lu mon texte et de m avoir fait part de leurs remarques Merci galement L Melis pour une discussion int ressante sur un aspect de ce travail 2 D autres lectures non existentielles relev es par de Hoop 1992 sont la lec ture partitive 1 et la lecture r f rentielle au sens de Fodor amp Sag
22. itement ontologique de Carlson Travaux de linguistique et de litt rature XIII p 307 331 KLEIBER G 2001 Ind finis lecture existentielle et lecture partitive in KLEIBER G et al ds Typologie des groupes nominaux Rennes Presses Universitaires de Rennes p 47 93 KRATZER A 1995 Stage level and individual level predicates in CARLSON G N et al eds The Generic Book Chicago University of Chicago Press p 125 175 KURODA S Y 1973 Le jugement cat gorique et le jugement th tique exem ples tir s de la syntaxe japonaise Langages 30 p 81 110 34 L argument davidsonien LADUSAW W 1994 Thetic and categorical stage and individual weak and strong in HARVEY M amp SANTELMANN L eds Proceedings of SALT 4 p 220 229 LAKOFF G 1987 Women Fire and Dangerous Things What Categories Reveal about the Mind Chicago London University of Chicago Press LANGACKER R 1999 Grammar and Conceptualization Berlin Mouton De Gruyter LEMMON E J 1967 Comments on D Davidson s The logical form of action sentences in RESCHER N ed The Logic of Decision and Action Pittsburg U P p 96 103 LEVIN B amp RAPPAPORT H 1995 Unaccusativity At the Syntax Lexical Seman tics Interface Cambridge Mass MIT Press LEWIS D 1975 Adverbs of quantification in KEENAN E ed Formal Semantics of Natural Language Cambridge Cambridge University Pres
23. level predicates qui se rapportent individu en tant que tel et les stage level predicates qui concernent des tranches spatio temporellement d limit es de l individu les pr dicats pisodiques comme dans 1 engendreraient une lecture existentielle de leur sujet ind fini alors Universit de Valenciennes EA 2446 Anne Carlier univ valenciennes fr 13 Anne CARLIER que les pr dicats de niveau individuel n auraient pas cet effet et feraient ainsi appara tre diverses lectures non existentielles du sujet ind fini dont la lecture g n rique 2 1 Un enfant fait en train de pleurer 2 Un enfant est motif Une distinction similaire mais non identique a t d velopp e durant la m me p riode dans la tradition fran aise par Kleiber 1981 celui ci uti lise les termes de pr dicats sp cifiants pour ceux qui entra nent une lec ture existentielle de leur sujet ind fini et de pr dicats non sp cifiants pour ceux qui provoquent une lecture non existentielle de leur sujet ind fini Dans le cadre de la pr sente tude c est la distinction telle qu elle a t formul e par Carlson qui nous servira de point de d part 1 2 Probl mes De nombreuses tudes ont mis en vidence que la corr lation entre pr dicat pisodique et lecture existentielle du sujet ind fini telle qu elle avait t formul e par Carlson n est pas strictement observ e En premier l
24. lle peut se faire par le biais d une localisation dans l espace Cette propri t d tre circonscrit dans l espace et continu dans le temps ne caract rise pas toutes les entit s pouvant tre d sign es par un nom Les donn es analys es par Van de Velde 1996 et Theissen 1997 font appara tre que la construction d un r f rent partir d un nom de ma ti re fait galement intervenir crucialement la localisation spatiale 47 De l eau a coul sous les ponts Van de Velde 1996 21 47 De l eau a coul abondamment D autres noms toutefois construisent des entit s n tant pas circonscrites dans le temps ni dans l espace beaut ou des entit s circonscrites unique ment dans la dimension temporelle crise p troli re On se reportera Van de Velde 1996 et Flaux amp Van de Velde 2000 pour une typologie nomi nale prenant en compte les param tres du temps et de l espace Les nonc s th tiques centr s autour d une entit r f rentielle ont t caract ris s partir de trois param tres le poids respectif de la locali sation spatiale et de la localisation temporelle la possibilit d utiliser une pr dication stative et le caract re s lectif ou non s lectif de l op ration de position d existence Nous examinerons pr sent comment on peut carac t riser les nonc s th tiques centr s autour d un v nement en fonction de ces trois param tres 26 L
25. localisation temporelle ou spatiale Du point de vue linguistique la localisation de l v nement est r alis e par le biais de l aspect le pr dicat n cessairement proces sif voque une situation caract ris e par une structuration temporelle interne qui afin d tre actualis e exige une inscription sur l axe du temps Aussi l utilisation d un tel pr dicat comme centre d une phrase induit elle une inscription sur une portion pr cise de l axe du temps Les v nements tant con us comme circonscrits non seulement dans le temps mais aussi dans l espace cf figure 3 leur inscription sur l axe du temps implique n cessairement une localisation dans l espace Nous terminerons cette tude en soulevant un probl me de formalisa tion ayant trait aux pr dicats pisodiques tre fatigu tre triste tre f ch l origine de la mise en question ici L analyse propos e ici permet d expli quer pourquoi ces pr dicats ne sont pas m me d engendrer une lecture existentielle de leur sujet ind fini ainsi qu il appara t dans l exemple 3 3 Un enfant fait fatigu D une part il ne s agit pas d un pr dicat pisodique de type existentiel ou marquant l existence en affirmant que l entit est dans l espace D autre part il ne s agit pas d un pr dicat pisodique de type v nementiel le pr dicat verbal voque une situation qui tout en tant con ue comme l
26. n allemand exister peut se traduire comme dasein tre l Non seulement l existence sur le mode statique est exprim e par le biais de la localisation spatiale mais il en va de m me pour l existence sur le mode dynamique c est dire la venue l existence De nombreux verbes marquant un d placement vers un certain lieu comme arriver entrer venir monter o partir d un certain lieu comme sortir descendre surgir jaillir ou des verbes qui pr cisent la trajectoire du mouvement dans l espace comme suivre passer circuler peuvent marquer la venue l existence 15 a Un adjudant hirsute arriva au pas de course pour les avertir P Rambaud La bataille b Or un malheur arriva quelques semaines seulement avant la c r monie G Leroux Rouletabille chez le Tsar 16 a Une pluie fine tombait G P rec La vie mode d emploi b Un silence norme tomba M Tournier Le M dianoche amoureux 17 a Des gens circulaient rapidement H Alain Fournier Correspon dance b Des bruits alarmants circulent A Gide Journal 1889 1939 Ces verbes sont particuliers sur le plan syntaxique comme P illustrent les exemples 15c 17c ils entrent tr s facilement dans la structure th tique par excellence savoir la structure impersonnelle Ils ont en vertu de cette 20 L argument davidsonien propri t t class s comme inaccusatifs ce qui veut dire que leur sujet est fondamentalemen
27. nt de lo calisation spatiale dans les exemples 19 21 et 25 26 Il reste 23 Anne CARLIER que certains pr dicats comme par exemple na tre marquent directement l existence ou la venue l existence sans passer par la localisation spa tiale 2 Les nonc s th tiques centr s autour d une entit s accommodent de pr dicats statifs Outre les pr dicats tre compl ment locatif illustr s par les exemples 27 29 on signalera les tats r sultants faisant in tervenir tre suivi d un participe pass 30 Un peuplier tait abattu sur le bord du chemin elle s assit Daniel Rops Mort o est ta victoire 31 Une automobile tait arr t e sur le seuil M Yourcenar La nou velle Eurycide 32 Des p cheurs sont install s sur les bords du canal E Dabit L h tel du Nord 33 Une chaise tait renvers e dans un coin R Martin du Gard Les Thibault 34 Une chaudi re est plac e dans l angle du fond proximit des cuviers de savonnage et de rin age Larousse m nager illustr 35 Un homme est enferm dans cette citadelle P Reverdy La peau de l homme 36 Un yacht est abandonn sur la Seine R Crevel Mon corps et moi 37 Devant cette peinture c l bre un artiste tait juch sur son tabouret A France La vie en fleur 38 Des soldats taient blottis sous les voitures comme des pauvres sous un porche R Dorgel s Les croix de boi
28. ntit s Si une entit est continue dans une des deux dimensions elle est consid r e comme n ayant pas de parties dans cette dimension Par exemple tant admis que mon ami Pierre est une entit r f rentielle continue dans la dimension temporelle il en d coule que divers instants temporels disjoints peuvent comprendre cette entit r f rentielle dans son enti ret et non seulement une partie de cette entit M me si mon ami Pierre change travers la dimension temporelle nous serons confront s tel instant ult rieur non pas une partie de cet individu mais l indi vidu en tant que tel ayant chang Si en revanche une entit est born e dans une des deux dimensions diverses localisations dans cette dimension ne peuvent pas contenir cette entit dans son en ti ret mais tout au plus des parties de cette entit Ainsi tant admis que mon ami Pierre est une entit r f rentielle circonscrite dans l espace il ne peut pas se trou ver dans son enti ret diff rents endroits au m me instant temporel 11 Voir aussi D Hume 1978 253 We have a distinct idea of an object that remains invariable and uninterrupted thro a suppos d variation of time and this idea we call that of identity or sameness 12 Rien n emp che comme le note Zemach 1979 de d couper le monde en vironnant d une fa on diff rente Ainsi il est courant de dire depuis Carlson 1978 que le pr dicat dans Un chien
29. qu elle a t formul e par Kratzer nous confronte donc la question du r le respectif du temps et de l espace par rapport la d finition des pr dicats pisodiques Peut on maintenir avec Kratzer que temps et espace intervien nent sym triquement Serait ce le temps seul qui est fondamental comme cela a t d fendu par Danon Boileau 1989 Ou est ce au contraire l es pace qui est crucial comme le soutient Dobrovie Sorin 1997 Dans le prolongement du r le de la localisation spatiale par rapport la d finition des pr dicats pisodiques se pose la question du statut des compl ments locatifs Le statut du compl ment de la localisation spatiale n tant pas iden tique pour toutes les pr dications pisodiques il nous semble que l analyse gagne en clart si l on admet existence de deux classes de pr dicats pi sodiques telle qu elle a t propos e dans la litt rature consacr e la dis tinction entre nonc s th tiques et nonc s cat goriques 3 La pr dication pisodique et le caract re th tique de l nonc En reprenant la distinction entre th tique et cat gorique aux deux philo sophes Brentano et Marty Kuroda 1973 a soutenu l hypoth se que la lecture existentielle des SN ind finis en position de sujet est caract ris tique des nonc s qui ne supposent pas une division en th me et en rh me ou en d autres mots des nonc s th tiques cf galement Ladusa
30. r le r le de pr dicat d existence Cette pr dic tion s av re effectivement correcte ainsi que le montrent les exemples attest s 27 29 27 Des lettres des journaux taient sur la table J Michelet Journal 1828 48 28 Pendant la route le cocher croit que des polissons sont derri re sa voiture et pour les chasser il leur applique des coups de fouet Balzac Correspondance 29 C est une m re ravie ses enfants dispers s qui leur tend de l autre vie ces bras qui les ont berc s des baisers sont sur sa bouche Lamartine Harmonies po tiques et religieuses Il n existe par contre pas de pr dicat du type fre compl ment tempo rel qui puisse engendrer l existence du r f rent Les faits analys s jusqu ici nous permettent de d gager trois propri t s des nonc s th tiques centr s autour d une entit 1 La localisation spatiale tient un r le crucial dans des nonc s th tiques centr s autour d une entit dans la mesure o elle engendre la position d existence de l entit r f rentielle Le fait de localiser dans le temps par contre ne suffit pas pour d clencher une op ration de position d existence L importance de la localisation spatiale ne se refl te pas uniquement dans la fr quence des verbes voquant une localisation un mouvement ou une disposition dans l espace cf 15 17 mais per met aussi de rendre compte du statut particulier du compl me
31. r les tats transitoires comme tre fatigu et tre ivre constitue galement une pierre d achoppe ment pour l approche de Kratzer En effet comme I ont observ Dobrovie Sorin 1997 et Maienborn 2004 ces pr dicats se combinent difficilement avec un compl ment de lieu Ils s accommodent par contre parfaitement d un compl ment temporel 11 a Marie tait fatigu e dans le jardin b Marie tait fatigu e durant ses examens 12 a Paul tait ivre sous le r verb re b Paul tait ivre hier soir 17 Anne CARLIER Cette dissym trie est tonnante si l on admet l existence d un argument davidsonien amalgamant la localisation spatiale et la localisation tempo relle L espace et le temps ont ils vraiment le m me statut Un deuxi me probl me que soul ve l hypoth se de Kratzer a trait au fait qu l argument davidsonien est accord le statut d argument externe g n r en dehors du pr dicat verbal Pleurer lt localisation agent gt Etre motif lt theme gt Il conviendrait de pr ciser comment cette hypoth se doit tre articul e avec la th orie de la structure argumentale Etant donn qu un pr dicat verbal pisodique pr sente selon Kratzer en position d argument externe l argu ment davidsonien et tant donn qu un seul argument au maximum peut avoir le statut d argument externe le sujet du pr dicat pisodique devra avoir n cessairement le statut d
32. rgumentale par rapport ces acquis de la th orie de la structure argumentale Par ailleurs l argument davidsonien tout en tant un argument du verbe a un statut quelque peu myst rieux la diff rence des autres argu ments il doit toujours rester implicite Les compl ments de localisation spatiale et temporelle ne peuvent jamais tre consid r s comme des instan ciations de l argument davidsonien mais ont selon Kratzer 1995 136 le statut d adjoint Dans un exemple comme 9a le compl ment temporel 18 L argument davidsonien r pond en effet aux tests habituellement utilis s pour identifier les adjoints savoir la suppression et le d placement Il en va de m me du compl ment de localisation spatiale dans l exemple 9b 9 a Marie danse ce matin a Marie danse a Ce matin Marie danse 9 b Marie danse sur la pelouse b Marie danse b Sur la pelouse Marie danse Dans 13 et 14 le compl ment de localisation spatiale ne peut en revan che pas librement tre supprim ou d plac ce qui soul ve la question de son statut syntaxique adjoint ou argument 13 a Des linguistes mangent dans la cantine b Des linguistes mangent 14 a Du sang sauta sur sa barbe blanche H Pourrat Les Vaillances b Du sang sauta c Sur sa barbe blanche du sang sauta d Du sang sauta vigoureusement L examen critique de l hypoth se de l argument davidsonien telle
33. s Il convient enfin de signaler les pr dicats du type fre adjectif La litt rature anglo saxonne mentionne tre disponible qui ne veut rien dire d autre que tre l On rep re avec un sens comparable tre pr sent cf Dobrovie Sorin 1998 et tre pr t dans les exem ples 41 43 39 Une chambre est disponible dans la maison que j habite J Green Moira 40 Du sang est disponible 41 Les deux poux qui voulaient se s parer paraissaient pour la der ni re fois devant le foyer commun un pr tre et des t moins taient pr sents N D Fustel de Coulanges La cit antique 42 Des semis taient pr ts corbeilles d argent pour les bordures p querettes et primev res R Sabatier Les noisettes sauvages 43 Dans la marmite odorante cuisaient les pommes de terre les poi reaux les carottes les navets le chou de la pot e Des c telettes du filet taient pr ts pour le gril et des terrines de pat attendaient le couteau R Sabatier Les noisettes sauvages 24 L argument davidsonien Dobrovie Sorin 1998 et Tasmowski 1998 rel vent par ailleurs les pr dicats de perception sensorielle illustr s par les exemples 44 et 45 44 Des rat s d allumage et des toussotements sont perceptibles Ch Chapelain Cours de technique automobile 45 Des simulacres sont visibles sous les arbres et des spectres sont l signe d un vaste ennui V Hugo La l
34. s p 3 15 LYONS J 1967 A note on possessive existential and locative sentences Foundations of Language 3 p 390 396 MAIENBORN C 2004 A pragmatic explanation of the stage level individual level contrast in combination with locatives in AGBAYANI B SAMIIAN V amp TUCKER B eds Proceedings of the Western Conference on Linguistics WECOL 15 Fresno CSU p 158 170 MARTY A 1918 Gesammelte Schriften vol II Halle Max Niemeyer MCNALLY L 1998 Stativity and theticity in ROTHSTEIN S ed Events and Grammar Dordrecht Kluwer p 293 307 MILSARK G L 1974 Existential Sentences in English MIT Ph D Diss PERLMUTTER D M et POSTAL P M 1984 The 1 advancement exclusiveness law in PERLMUTTER D M et ROSEN C G Studies in Relational Grammar 2 Chicago University of Chicago Press p 81 125 RESCHER N Ed 1967 The Logic of Decision and Action Pittsburg U P SASSE H J 1987 The thetic categorical distinction revisited Linguistics 25 p 511 580 TASMOWSKI L 1998 L introduction des r f rents dans le discours in FORSGREN M et al ds Pr dication assertion information Actes du colloque d Uppsala 6 9 juin 1996 Uppsala Uppsala University Press p 551 559 TENNY C T 1994 Aspectual Roles and the Syntax Semantics Interface Dordrecht Kluwer THEISSEN A 1997 Quand le partitif peut il tre sujet Verbum XIX 3 p 339 354 VAN DE
35. t centr autour de cette entit sont d termin s par les param tres spatio temporels que nous attribuons cette entit dans notre exp rience quotidienne Il a t observ notamment par Zemach 1979 0 que dans notre fa on d interagir avec des entit s comme une chaise ou un chien c est dire celles qui sont d not es par des noms comptables concrets nous concevons ces entit s comme caract ris es par une continuit dans la dimension temporelle Si j observe un chien en tel lieu pr cis p deux moments distincts f et t rien ne m emp che de consid rer qu il s agit du m me chien Une diff rence de localisation temporelle n est donc pas suffisante pour tablir qu il s agit de deux entit s distinctes Par ailleurs les entit s d not es par des noms comptables concrets comme chaise ou chien sont con ues comme circonscrites dans la dimension spatiale si j observe 25 Anne CARLIER tel moment pr cis ft un chien tel endroit p et tel endroit p gt distinct et disjoint de p il est impossible de consid rer qu il s agit du m me chien Il s agit n cessairement de chiens diff rents Figure 2 ESPACE On peut donc conclure la suite de Zemach 1979 67 que par rapport des entit s comme celles d sign es par un chien l espace a une fonction individuante que le temps n a pas Il en r sulte que la position d existence d une telle entit r f rentie
36. t que tel ne pr cise pas de quelle portion de l axe du temps il s agit Or un v nement tant circonscrit non seulement dans la dimension tempo relle mais aussi dans la dimension spatiale cf supra figure 3 son inscription dans le temps suppose aussi une inscription dans l espace Dans le cas d un pr dicat statif comme tre rouge par contre qui vaut uniform ment pour tout l intervalle temporel sur lequel il porte chaque instant de cet intervalle est qualitativement indiscernable de n importe quel autre instant de sorte qu un tat ne se pr te pas une structuration temporelle interne en termes d une relation d ordre entre ces instants De ce fait il n induit pas par lui m me de lo calisation sur une portion pr cise de l axe du temps Il en est ainsi non seulement des tats permanents comme tre irascible mais aus si des tats pisodiques comme tre f ch tre malade tre fatigu quoique ces verbes sugg rent de par leur sens lexical qu ils sont va lables durant un intervalle limit ils n induisent pas par eux m mes leur inscription sur un point pr cis de l axe du temps On peut expli quer ainsi le probl me que pose l exemple 3 3 Un enfant est fatigu Un pr dicat statif m me pisodique n tant pas m me d induire une localisation sur une portion pr cise de l axe du temps la lecture existentielle du sujet ind fini est bloqu e 3 La notion de cl
37. t un objet ainsi que le visualise la repr sentation syn taxique en 18a 15 c Il arriva une catastrophe Ch P guy L argent 16 c Il fomba un long silence L Delattre Carnets d un m decin de village 17 c Il circulait des bruits leur sujet R Gu rin L apprenti 18 a p sv V SN VERBE INACCUSATIF b p SN sv V VERBE INERGATIF D autres verbes n impliquant pas de localisation spatiale et n tant pas inaccusatifs entrent pourtant aussi marginalement dans la structure im personnelle Or leur emploi dans la structure impersonnelle est soumis une restriction en combinaison avec ces verbes la structure impersonnelle n est possible qu en pr sence d un compl ment de lieu 19 a Il dort un chat au coin du feu b Il dort un chat c Le chat dort 20 a Il joue des enfants dans le jardin b Il joue des enfants c Les enfants jouent a Il sauta du sang sur sa barbe b Il sauta du sang 21 Quel est le statut syntaxique de ce compl ment locatif Dans la me sure o l on admet que la structure argumentale des verbes comme dormir jouer ou sauter est une propri t lexicale de ces verbes et est donc invarian te il est impossible d analyser le compl ment locatif dans les exemples 19a 21a comme un argument du verbe tant donn que les exemples 19c et 20c sont acceptables Il n en reste pas moins que le compl ment locatif dans les exemples
38. te des arguments que ce verbe peut construire Parmi ces 31 Anne CARLIER arguments un seul argument au maximum peut avoir le statut d argument externe g n r en dehors de la projection maximale du pr dicat verbal Tous les autres arguments seront n cessairement internes 5 Maienborn 2004 distingue pertinemment entre les compl ments locatifs ayant pour fonction de tracer un cadre externes la proposition et souvent en posi tion initiale et ceux qui sont int gr s la proposition i En Italie Maradonna s est mari ii Maradonna s est mari en Italie La contrainte sur le compl ment de lieu ne vaut que dans le deuxi me cas 6 Dans l approche logique de Davidson les compl ments spatio temporels ou de mani re constituent des pr dicats de premier ordre se rapportant a l argument davidsonien 7 Cf galement McNally 1998 et Kleiber 2001 8 Van de Velde 1996 28 ss montre que la distinction entre les deux types de pr dicats permet par ailleurs de rendre compte des contraintes particuli res aux quelles est soumis un syntagme nominal combinant l article partitif un nom de mati re 9 Des exemples de ce type sont d j relev s par Kleiber 1981 166 10 Dans la typologie tablie par Zemach 1979 une entit peut tre con ue soit comme continue soit comme born e dans la dimension spatiale et ou dans la dimension temporelle ce qui l am ne distinguer quatre types d e
39. tence du r f rent n est pas r alis e par le biais du pr dicat i 1i 17 Il y a un enfant qui tait en train de pleurer Tiens Il y aun basketteur qui est petit Gr Ily a un ami de Pierre qui est astrophysicien 3 Kratzer 1995 s carte sur ce point de Davidson 1969 203 ce qui s ex plique en partie par le fait que l argument davidsonien n a pas dans son mod le la m me fonction Chez Kratzer l argument davidsonien sert pr ciser les propri t s r f rentielles des pr dicats pisodiques par rapport aux pr dicats d individus Dans la perspective de Davidson 1969 cet argument sert tablir l individualit de l v nement Or il note que la localisation spatio temporelle n est pas un crit re conclusif pour tablir cette individualit en invoquant l exemple d une boule en m tal qui chauffe et subit une rotation en m me temps il affirme qu il ne suffit pas que deux v nements se d roulent au m me moment et au m me endroit pour qu ils soient n cessairement identiques Il retient donc un autre crit re deux v nements sont identiques s ils ont les m mes causes et les m mes effets Pour une discussion sur l hypoth se davidsonienne voir Rescher 1967 et Higginbotham et al 2000 4 La notion d argument externe a t introduite par Williams 1981 Celui ci admet que le verbe en tant qu entit lexicale a une structure argumentale qui se pr sente comme une lis
40. vidso nien sur lequel porte la modification adverbiale Une telle modification ad verbiale serait impossible en combinaison avec tre une danseuse dans les exemples 9c et 9d parce qu il s agit d un pr dicat de niveau individuel qui serait d pourvu d argument davidsonien 9 a Manon danse ce matin danser Manon 1 amp ce matin 1 b Manon danse sur la pelouse danser Manon 1 amp sur la pelouse 1 c Manon est une danseuse ce matin d Manon est une danseuse sur la pelouse danseuse Manon Kratzer con oit cet argument davidsonien comme une variable Ceci lui permet d expliquer la diff rence d acceptabilit entre 10a et 10b 15 Anne CARLIER 10 a Quand Marie parle le fran ais elle le parle toujours bien TOUJOURS parler Marie le fran ais D parler bien Marie le fran ais 1 b Quand Marie conna t le fran ais elle le conna t toujours bien TOUJOURS conna tre Marie le fran ais connaitre bien Marie le fran ais Pour qu un adverbe quantifiant comme toujours puisse tre utilis pertinem ment il faut qu il y ait une variable lier Le pr dicat pisodique pourvu d un argument davidsonien offrirait une telle variable et se distinguerait ainsi du pr dicat d individu De Carlson Kratzer le statut de la localisation spatio temporelle a chang Chez Carlson l ancrage spatio temporel du pr dicat est directe ment responsable de la lecture existent
41. w 1994 19 Anne CARLIER Dobrovie Sorin 1997 McNally 1998 Cette hypoth se nous am ne rapprocher la th ticit de la probl matique de la pr dication pisodique abord e dans la pr sente tude Comme l a fait remarquer Sasse 1987 526 il est possible de dis tinguer l int rieur de la classe des nonc s th tiques deux types les deux types posent l existence de quelque chose mais le premier type d nonc th tique est centr autour d une entit r f rentielle il sert poser existence d un r f rent discursif 3 1 alors que le deuxi me type met au centre un v nement 3 2 Nous montrerons que le r le que rev t la localisation spatiale n est pas identique pour ces deux types d nonc s th tiques 3 1 Les nonc s th tiques centr s autour d une entit dits existentiels Il est bien connu que l expression de l existence d rive dans beaucoup de langues de l expression de la localisation spatiale Cette relation est bas e sur le fait qu affirmer qu une entit est dans un certain lieu revient affir mer que cette entit existe Il n est donc gu re tonnant que dans beaucoup de langues la phrase existentielle de base contienne un adverbe de locali sation spatio temporelle comme l adverbe y dans il y a en fran ais ad verbe ci en italien l adverbe there en anglais l adverbe er en n erlandais Lyons 1967 Par ailleurs e
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