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Le travail des enfants: un défi à relever

1. Ces derni res ann es on constate en effet une prise de conscience sans pr c dent du probl me et un large consensus se forme sur la n cessit d agir voir BIT 1996a Toutefois lorsqu il s agit de passer la pratique on d couvre que le ph nom ne a des implications d une extr me complexit A u niveau intergouvernemental la question du travail des enfants est en glu e dans un d bat empreint d arri re pens es politiques o se conjuguent droits de l homme normes du travail morale et commerce international Cela explique en partie la relative lenteur des progr s de l action interna tionale concert e pour r soudre le probl me m me dans ses pires aspects En outre les d terminants socio conomiques et l ampleur m me du tra vail des enfants dans le monde entier sont tels qu il n existe en fait aucune Cette perspective a t crite par M ark Lansky r dacteur de langue anglaise la Revueinternationale du Travail 1 Extrait de l introduction du R apport du Directeur g n ral du BIT sur le travail des enfants la Conf rence internationale du Travail de 1983 Blanchard 1983 p vi Copyright Organisation internationale du Travail 1997 254 Revue internationale du Travail solution simple et rapide ce propos voir Grootaert et Kanbur 1995 Bonnet 1993 II s ensuit que l on s attaque au probl me par toutes sortes d initiatives prises individuellement par les Etats les organisations i
2. ainsi que l occupation de postes de travail dangereux le transport de charges excessives et le risque de contracter des maladies sexuellement transmis sibles ou le sida Les conditions de travail dangereuses comprennent les risques physiques violence physique les risques psychosociaux intimida tion isolement privation de contacts avec la famille ou les autres enfants le travail de nuit et les heures de travail excessivement longues La plupart des programmes visant les formes intol rables de travail des enfants sont orient s soit vers la pr vention 41 pour cent soit versle retrait des enfants du travail en leur assurant des activit s de rechange 40 pour cent Le reste consiste en mesures d am lioration des conditions de travail mesures bien entendu transitoires U ne des premi res m thodes d intervention pr ventive del IPE C est de venir en aide aux programmes d ducation de base avec un fort accent sur l ducation parascolaire l apprentissage et les programmes de d veloppe ment des qualifications pour les enfants au travail Bien que l action de l IPE C ait jusqu pr sent surtout port sur les services et les activit s manu facturi res environ un cinqui me des programmes concerne des enfants occup s dans l agriculture et les activit s connexes voir figure 3 Cepen Figure 3 R partition des programmes BIT IPEC par secteur d activit Agriculture 19 Secteur manufacturier 39 Service
3. Source ILO IPEC B Des projets existent en outre avec l Afrique du Sud le B nin le Burkina Faso la Chine la Colombie Madagascar le Mexique la Mongolie le Paraguay le S n gal l U ruguay le Viet Nam la Zambie et le Zimbabwe 272 Revue internationale du Travail chercher s y substituer des efforts nationaux de lutte contre le travail des enfants II met l accent sur les mesures de pr vention et cherche s inscrire dans la dur e en proc dant l valuation de programmes pilotes afin d int grer leurs points forts dans les programmes ordinaires des orga nisations associ es Celles ci sont aid es prendre des mesures visant pr venir le travail des enfants soustraire les enfants des travaux dange reux et leur proposer des solutions de rechange ainsi qu am liorer leurs conditions de travail en attendant qu ils cessent d finitivement d y tre astreints Les priorit s de l IPEC Puisque l vidence le travail des enfants ne peut tre limin du jour au lendemain et qu il n est pas possible de retirer les enfants de toutes les situations de travail la plus pressante des obligations de l IPE C est d apporter son soutien aux politiques visant faire cesser l intol rable Les groupes d enfants vis s en priorit sont ceux qui sont les plus vuln rables les enfants astreints au travail forc ou la servitude ou encore des occupations dangereuses ainsi que les plusjeunes d ent
4. Toutefois ce type de message laisse quelques questions sans r ponse D ans quelles mesures les m canismes de contr le et de supervision des conditions de fabrication sont ils fiables en particulier lorsqu il y a sous traitance Certains services ind pendants de v rification sont la disposition des soci t s pour contr ler l application des codes de conduite etil existe des 276 Revue internationale du Travail ONG vigilantes qui peuvent signaler tout manquement aux crit res d attri bution de tel ou tel label Cependant tant donn la nature volontaire de ces codes de conduite ou syst mes de certification il n existe en g n ral pas de moyens fiables et syst matiques pour contr ler la conformit des produits Par ailleurs que deviennent les enfants qui perdent leur emploi lorsque leur employeur d cide de se conformer un code de conduite Nombreuses sont les ONG actives dans la lutte contre le travail des enfants qui ont mis l accent sur ce probl me tant il est difficile de savoir ce qu il advient des enfants en question il semble bien que certains se retrouvent sur le march des services domestiques avec des salaires encore inf rieurs Toutefois m me si ces exemples ne sont gu re nombreux il existe des proc dures de certification qui comportent la collecte de taxes servant financer la scolarisation des enfants ou d autres activit s leur intention D autres codes plus souvent exigent que l on paie a
5. ce programme sera examin plus bas U n autre exemple est fourni par le Programme d action pour l limination de l exploi tation de la main d uvre enfantine adopt par la Commission des droits de l homme des N ations U nies en 1993 Celui ci contient une disposition parti culi re selon laquelle une priorit lev e devrait tre donn e l limination des formes les plus odieuses ou les plus avilissantes de l exploitation des enfants en particulier la prostitution enfantine la pornographie la vente des enfants l emploi des enfants dans des activit s dangereuses ou pour la men dicit forc e ou la servitude pour dettes Commission des droits de l homme des Nations U nies 1993a p 229 paragr 3 O n peut m me trouver des dis positions d instruments plus anciens encore montrant que le droit internatio nal consid re que certaines formes du travail des enfants doivent faire l objet d un traitement urgent et sp cial A ce stade toutefois la difficult tient l identification des situations pr cises propos desquelles l adh sion aux principes moraux l chelle internationale peut se traduire en accord sur des crit res objectifs d bordant les fronti res nationales socio conomiques ou culturelles La nouvelle convention devrait tre adopt e la session de 1999 de la Conf rence internationale du Travail Encore faudra t il qu un accord se fasse sur ce que l on juge intol rable C est une question
6. en Indon sie et au S n gal montrent que plus des trois quarts du travail des enfants a lieu en milieu rural o en moyenne neuf enfants occup s sur dix le sont dans l agriculture ou dans des activit s connexes BIT 1996d Vers une nouvelle convention de l OIT La Convention des Nations Unies relative aux droits de l enfant lar gement ratifi e d finit d une fa on g n rale les enfants comme des per sonnes g es de moins de 18 ans moins que l ge de la majorit ne soit inf rieur et son article 32 paragraphe 2 sur les mesures sp ciales prendre propos du travail des enfants demande aux Etats parties de tenir Suite de la note de la page pr c dente 10 14 anstravaillaient dans le monde entier en 1995 avec des incidences r gionales de 13 pour cent de ce groupe d ge en A sie 26 3 pour cent en A frique et 9 8 pour cent en m rique latine voir communiqu de presse BIT 96 18 du 10 juin 1996 Le caract re partiel de ces donn es appara t vident ne serait ce qu aux vues des donn es disponibles sur les taux de scolarisation voir tableau 2 B ien entendu cela ne veut pas dire que tous les enfants qui ne sont pas l cole sont au travail M ais en A frique par exemple l estimation selon laquelle 26 pour cent des en fants de 10 14 ans taient au travail ne cadrait pas avec un taux de scolarisation primaire montrant que pr s de 50 pour cent du groupe d ge ne fr quentait pas l cole voir U
7. tendra quelque 40 pays la m thode de collecte des donn es qui a t exp riment e par le BIT en 1992 et 1993 voir BIT 19964 Le budget pr visionnel est de 10 millions de dollars sur cinq ans II servira financer une aide technique et mat rielle aux enqu tes sur le travail des enfants cr er des banques de donn es nationales et diffuser des informations l chelon national et international E n outre une base de donn es sera constitu e sur les institu tions et organisations qui luttent contre le travail des enfants sur les projets et programmes relatifs ce travail sur lesindicateurs et les l gislations natio nales et sur les actions men es par les entreprises y compris la r daction de codes de conduite Les initiatives visant les consommateurs Cesinitiatives fond es sur les lois du march sont impuls es par ou bien y font appel la prise de conscience du public et ses pr occupations morales en particulier dans les pays industriels II s agit l de la troisi me grande cat gorie d instruments de lutte contre le travail des enfants Celle ci comprend toutes sortes de proc dures de certification ou d attributions de labels ainsi que l adoption par les entreprises de codes de conduite desti n es informer les consommateurs que les biens qu ils ach tent sont fabri qu s sans main d uvre enfantine voir par exemple Hilowitz 1997 Sajhau 1997 D partement du travail des Etats U nis 1996
8. termination des formes d emploi ou de travail entrant dans le champ d application du nouvel instrument et dont la liste serait la suivante les travaux qui exposent les enfants des s vices physiques psycholo giques ou sexuels cela pourrait s appliquer en particulier certains emplois dans les h tels les bars les bo tes de nuit o le travail n est pas dangereux en soi mais du fait des situations dans lesquelles sont mis les enfants les travaux sous marins et ceux qui s effectuent des hauteurs dange reuses les travaux pour lesquels on utilise des machines un mat riel ou des outils dangereux les travaux se d roulant dans des conditions extr mes de temp rature de bruit ou de vibrations les travaux dont les horaires sont particuli rement longs par exemple pour les filles travaillant comme domestiques les travaux de nuit ou ne permettant pas un retour quotidien au foyer BIT 1996e p 6 A insi la nouvelle convention aurait deux effets d une part renforcer l arsenal juridique contre les pratiques relevant de l esclavage et de la prosti tution enfantine et d autre part concr tiser l engagement de garantir aux enfants une protection contre les nombreuses formes de travaux dangereux dans une tape transitoire vers l limination du travail des enfants prescrit par la convention n 138 Le Programme international pour l abolition du travail des enfants IPEC L un des avantages de la nouvelle
9. 000 dollars au plus dont la caract ristique est d aider les organisations associ es mener des activit s pr paratoires enqu tes formation ou r unions en vue de programmes d action venir des activit s destin es faire prendre conscience du probl me et des valua tions des activit s soutenues par l IPEC A la fin janvier 1997 l IPEC avait entrepris 555 programmes d action et 280 mini programmes dans 19 pays Les donn es pr sent es dans les graphiques qui suivent se rapportent 802 programmes mis en uvre dans les 11 pays de la premi re et de la deuxi me g n ration c est dire sans l A m rique latine Figure 2 R partition des programmes BIT IPEC par cat gories de travail des enfants Travail forc y compris Non sp cifi servitude et prostitution 14 15 Toutes formes de travail des enfants 10 Travaux dangereux 30 Conditions de travail dangereuses 31 Source ILO IPEC 4 Les informations contenues dans cette section ont t recueillies directement aupr s de l IPEC 274 Revue internationale du Travail Comme le montre la figure 2 environ 77 pour cent des programmes de l IPEC sont consacr s des formes de travail des enfants entrant dans la cat gorie intol rable Dans celle ci la rubrique travaux dangereux recouvre les situations suivantes l exposition des produits chimiques ou des temp ratures excessives l utilisation de machines ou d outils dangereux
10. THC textile habillement chaussures L es codes de conduite D partement des activit s sectorielles Service des activit s industrielles document de travail SA P 2 60 W P 110 Gen ve BIT Soci t des Nations 1924 R solutions et v ux adopt s par l A ssembl e au cours de sa cin qui me session 1 sept 2 oct 1924 Journal officiel Gen ve oct 1924 suppl ment sp cial n 21 pp 42 43 UNICEF 1997 L a situation des enfants dans le monde 1997 New Y ork Valticos Nicolas 1996 L OIT vue r trospective et perspectives d avenir Revue internatio nale du Travail Gen ve vol 135 1996 n 3 4 pp 519 526
11. activit et pr cisant lorsqu il leur est autoris de travailler dans quelles conditions Nombreux sont ceux qui ont fix une norme plus stricte pour les travaux dangereux et la plupart interdisent des pratiques telles que le travail forc la servitude ou l exploitation sexuelle des enfants voir BIT 1996b pp 51 83 voir gale ment Commission des droits de l homme des Nations Unies 1936 M ais relativement peu nombreux sont les pays qui ont fix un ge minimum unique pour l admission tous les types d emploi et de travail comme le prescrit la convention n 138 est plut t de r gle que l ge minimum de base ne s applique qu certains secteurs ou activit s L agriculture les entreprises familiales et les services domestiques sont couramment exclus du champ 511 faut noter que parmi tous les pays en d veloppement qui ont ratifi cette convention l Inde est le seul avoir formul une d claration r serve ou objection en la circonstance une d claration portant sur l ge minimum dont dispose l article 32 11 ne fait toutefois gu re de doute que le r alisme de la d claration de l Inde traduit une situation que connaissent gale ment de nombreux pays en d veloppement Cela appara t clairement par exemple dans la d claration du ministre du Travail de la Chine la R union tripartite informelle au niveau minist riel de juin 1996 le travail des enfants est un fl au qu aucun pays ne souhaite La
12. convention de l OIT serait de consoli der l assise juridique des actions men es au titre du Programme international pour l abolition du travail des enfants IPE C D crit avec raison comme le bras op rationnel de l OIT dans sa lutte contre le travail des enfants l IPEC donne priorit l limination des formes de travail qui exposent les enfants aux pires abus ou la pire exploitation II est aujourd hui actif avec des degr s divers d intensit dans quelque cinquante pays d A frique d A sie et d A m rique latine A ce jour il a t dot de 87 millions de dollars des E tats U nis dont environ 20 millions de dollars pour 1996 97 L IPEC a t lanc en 1992 avec des fonds fournis par l A Ilemagne et il est galement financ aujourd hui par l A ustralie la Belgique le Canada la Commission europ enne le Danemark l E spagne les Etats U nis la France l Italie le Luxembourg la Norv ge les Pays Bas et le Royaume Uni Ses objectifs sont de renforcer les capacit s nationales et de susciter une mobili sation mondiale pour lutter contre le travail des enfants Sa strat gie s appuie Perspectives 271 sur l engagement des gouvernements agir eux m mes en coop ration avec les organisations d employeurs et de travailleurs des organisations non gou vernementales et d autres acteurs sociaux tels que les universit s et les m dias tous rassembl s dans une large alliance sociale La volont des gou vernement
13. double d tente sera tout d abord n cessaire de forger une d finition de l intol rable qui soit op rationnelle c est dire suffisamment coh rente et consensuelle qu il s agisse d une d finition g n rique ou plus vraisemblablement d une num ration de situations pr cises En second lieu la nouvelle convention ne devra pas affaiblir les instruments existants qui offrent une protection plus importante en particulier la convention n 138 en ouvrant une br che dans le droit du fait que ce qui ne serait pas consid r comme intol rable deviendrait implicitement tol rable 10 Sur les probl mes soulev s par la superposition ou le regroupement des normes inter nationales du travail voir BIT 1997b pp 45 48 268 Revue internationale du Travail M me si rien n indique ce jour que le terme intol rable sera utilis dans la nouvelle convention dans un sens g n rique de nombreux gouverne ments et experts ind pendants ont exprim leur pr occupation quant aux dif ficult s conceptuelles que pose le mot On d ailleurs pu le constater l occasion des d bats sur le libell de la R solution concernant l limination du travail des enfants qui a t adopt e par la Conf rence internationale du Travail en 1996 Les repr sentants de plusieurs pays en d veloppement ont affirm leur pr f rence pour la formule dans des conditions d exploitation plut t que intol rable pour qualifi
14. exploitation o qu elle se produise tait une honte et un affront la dignit humaine cit par R Reich dans BIT 1996a p 6 Enfin il est int ressant de comparer cette formulation ainsi que la notion de formes intol ra bles du travail des enfants qui appara t dans la R solution de 1996 de la Conf rence internatio nale du Travail avec la r daction du Programme d action pour l limination de l exploitation de la main d uvre enfantine adopt en 1993 par la Commission des droits de l homme des Nations Unies Commission des droits de l homme des Nations Unies 1993a pp 227 238 D ans ce dernier il est question d liminer les formes les plus odieuses ou les plus avilissantes de l exploitation des enfants ce qui tablit un quilibre plus mesur entre le jugement moral exprim ici par les termes odieuses et avilissantes et le constat suppos plus objectif encore que certainement plus restrictif que suppose la notion d exploitation Perspectives 269 en question du travail des enfants tout en en donnant une liste exhaustive L accord s est fait sur le libell suivant savoir l emploi d enfants dans des conditions d esclavage ou de travail forc et des travaux dangereux et risqu s l exploitation des enfants les plus jeunes et l exploitation sexuelle des enfants des fins commerciales BIT 1996f pp 37 et 38 10 paragraphe du pr ambule et paragraphe 1 c du dispositif D ans
15. le questionnaire sur le contenu ventuel du projet de nouvelle convention l expression utilis e est toutefois celle de formes extr mes de travail des enfants accompagn e d une liste non exhaustive Plus pr cis ment les E tats M embres de l OIT se voient poser la question suivante La convention devrait elle disposer que tout membre qui la ratifie devrait sup primer imm diatement toute les formes extr mes de travail des enfants y com pris a toutes formes d esclavage ou les pratiques similaires la vente et la traite des enfants le travail forc ou obligatoire y compris la servitude pour dettes et le servage b l utilisation l engagement ou l offre d un enfant aux fins de la prostitu tion de la pornographie de la production ou du trafic de drogues ou aux fins d autres activit s illicites c l utilisation ou l engagement d enfants dans tout type de travail qui par sa nature ou les conditions dans lesquelles il s exerce est susceptible T DROnenS leur sant leur s curit ou leur moralit BIT 1996e p Les questions a et b font r f rence certaines des pires formes de tra vail des enfants d j assimil es par la pratique juridique internationale l esclavage ou au travail forc mais qui entreraient d sormais dans le champ d application d instruments largement ratifi s et dont l application serait contr l e par les organes de l OIT et des Nations U nies ce qui renforcerait leur position D
16. Conseil d administration du BIT en est arriv la conclusion suivante en leur forme actuelle les conventions de base sur l ge minimum d admission l emploi ne peuvent plus constituer un instrument efficace d action internationale concert e en vue de promou voir le bien tre des enfants BIT 1970 annexe Il paragr 8 E n d pit des efforts d ploy s jusque l par l Organisation il tait vident que le travail des enfants existait toujours et tait toujours r pandu BIT 1971 p 22 Tous les instruments existant alors ne pouvaient s appliquer que de mani re restreinte et visaient seulement des secteurs d activit limit s ou des professions particuli res De ce fait l OIT entreprit alors une r vision en profondeur et un regroupement des normes qui conduisit l adoption dela convention n 138 sur l ge minimum 1973 La convention n 138 sur l ge minimum 1973 La convention n 138 fut labor e dans un esprit diff rent de celui des instruments pr c dents associant le souci d une protection plus tendue et celui d une meilleure adaptation aux situations nationales Bien que des 256 Revue internationale du Travail exceptions limit es fussent autoris es 3 l instrument s appliquait tous les secteurs de l activit conomique et l instar des toutes premi res conven tions prot geait tous les enfants qu il s agisse d emploi salari ou non Tout Etat qui ratifie la co
17. NICEF 1997 p 57 figure 7 Perspectives 265 compte des dispositions pertinentes des autres instruments internatio naux auxquels appartiennent bien entendu les conventions et recomman dations de l OIT II peut donc sembler paradoxal que au cours de ses vingt quatre ans d existence la convention n 138 n ait enregistr qu un tiers du nombre de ratifications enregistr es par l instrument des Nations Unies qui date de 1989 En particulier aucun pays d A sie ne l a ratifi e l excep tion du N pal bien que l A sie rassemble pr s de 60 pour cent de la main d uvre enfantine du monde M me si d autres ratifications sont en vue l OIT consid re comme peu vraisemblable que le nombre de ratifications de la convention n 138 atteigne dans un avenir pr visible celui des ratifi cations enregistr es par les autres conventions fondamentales de l OIT BIT 1997a p 2 Sur fond de large accord international quant aux principes moraux l action juridique se concentre sur la d finition des formes de travail ou d emploi inacceptables pour des enfants en dessous d un certain ge soit de par leur nature soit cause des conditions dans lesquelles ils se d roulent Quelque part sur la voie qui conduit des principes moraux leur interpr ta tion puis leur application le consensus se d fait E t c est bien la d termina tion du degr de ce qui est acceptable ou ne l est pas la classification des types de travail e
18. Revue internationale du Travail vol 136 1997 n 2 t PERSPECTIVES Le travail des enfants un d fi relever Supprimer totalement le travail des enfants est un objectif que l on ne peut esp rer atteindre qu en menant une action long terme s appuyant sur des politiques propres promouvoir l emploi des adultes lever les revenus et am liorer les niveaux de vie N anmoins il est possible d entreprendre dans l imm diat une action directe pour mettre fin aux pratiques les plus cho quantes dans ce domaine et en attendant d abolir totalement le travail des enfants pour emp cher que les enfants ne soient exploit s et expos s des conditions de travail dangereuses ou insalubres 1 Le travail des enfants est manifestement un d fi pour la soci t du moins depuis la r volution industrielle La g n ralisation graduelle de l ins truction primaire puis secondaire a mis en conflit le travail des enfants et leur scolarisation c est ainsi que dans de nombreux pays la main d uvre enfantine n a plus particip la production M me si les progr s cono miques spectaculaires du X X si cle ont fait sensiblement reculer la pr va lence du travail des enfants le nombre d enfants qui travaillent reste lev en valeur absolue Or on dispose aujourd hui des moyens juridiques et finan ciers de s attaquer de front au probl me m me dans les pays bas revenu ou les moins d velopp s
19. aire document soumis aux fins de discussion la R u nion tripartite au niveau minist riel Gen ve 12 juin 1996 IT M 1 1996 G en ve 1996d Child labour surveys Results of methodological experiments in four countries 1992 93 Gen ve BIT IPE C B ureau de statistique 1996e L etravail des enfants R apport V I 1 Questionnaire Conf rence internationale du Travail 86 session 1998 G en ve 1996f Rapport de la Commission des r solutions Conf rence internationale du Travail Compte rendu provisoire n 11 83 session G en ve 1996 Perspectives 279 1981 A ge minimum Etude d ensemble des rapports concernant la convention n 138 et la recommandation n 146 sur l ge minimum Rapport de la Commission d experts sur l application des conventions et recommandations R apport 111 partie 4B Conf rence internationale du Travail 67 session 1981 G en ve 1971 A ge minimum d admission l emploi Rapport IV 1 Conf rence internationale du Travail 57 session 1972 Gen ve 1970 Proc s verbaux de la 181 session du Conseil d administration G en ve BIT IPEC 1996 Children wage war on child labour Children and work G en ve 1996 n 2 nov p 10 1995 Implementation report Review of experience 1992 95 G en ve BIT Blanchard Francis 1983 Introduction dans BIT Rapport du Directeur g n ral Conf rence internationale du Travail 69 sess
20. ales fiables et plus encore de statistiques comparables On peut proc der de grossi res extrapolations en comparant le nombre des enfants d ge scolaire et celui de ceux qui fr quentent effectivement l cole voir tableau 2 mais ces estimations n ont qu une valeur limit e pour mesurer le travail des enfants Peu nombreux sont les pays qui tiennent des statistiques sp cifiques sur le travail des enfants pour la bonne raison que ceux ci ne sont pas suppos s travailler puisque c est ill gal A l vidence il y a une forte Tableau 2 Nombre d enfants et taux d inscription scolaire Population g e Taux net Taux d inscriptions de 5 18 ans d inscriptions enseignement millions enseignement secondaire primaire 1990 1995 G F G F Pays en d veloppement 1267 86 81 51 41 Afrique subsaharienne 190 58 50 26 21 Moyen Orient et Afrique du Nord 102 92 82 62 49 Asie du Sud 371 51 32 Asie de l Est et Pacifique 432 97 95 57 49 Am rique latine et Cara bes 134 86 86 45 49 Pays les moins avanc s 193 56 45 21 12 Europe centrale et orientale CEI 105 80 82 Pays industrialis s 138 97 97 97 99 Total mondial 1473 88 84 57 49 Source tir de UNICEF 1997 pp 106 107 tableau 10 7 Par exemple dans le document pr paratoire de la R union tripartite informelle au niveau minist riel 12 juin 1996 et d une fa on g n rale l expression travail des enfants utilis e par le BIT fait r f rence toutes les activ
21. ation En outre il est vident qu une petite partie seulement des produits export s se pr tent un sys t me de certification par exemple si l on retire les enfants de la fabrica tion du charbon de bois utilis dans la m tallurgie pour produire des pi ces de voiture on ne pourrait pour autant s rieusement attribuer l ensemble du v hicule un label garantissant qu il est fabriqu sans main d uvre en fantine Ainsi ce moyen d action conna t des limites Toutefois l duca tion des consommateurs a commenc et pas seulement dans les pays rela tivement prosp res Si la prise de conscience du probl me et de sa complexit devient g n rale on peut esp rer qu elle produise ses effets sur une large gamme de produits et que l on pr tera plus d attention au fait de ne pas utiliser de main d uvre enfantine m me dans la production de Perspectives 277 pi ces entrant dans la composition de produits eux m me assembl s sous contr le 1 Il est vident que si les syst mes de certification et autres m canismes jouant sur les lois du march peuvent contribuer directement r duire le travail des enfants il est tout aussi vident qu ils ne le font que sur une petite chelle Toutefois leur importance peut se situer ailleurs Certains de ces syst mes mettent l accent sur l am lioration des conditions de travail des adultes et sur l augmentation de leurs salaires ce qui contribue pr cis ment pr venir l
22. avail des enfants quelques r flexions Revue internationale du Travail G en ve vol 136 1997 n 2 t Nations U nies 1996 Rapport du Comit des droits de l enfant A ssembl e g n rale documents officiels cinquante et uni me session suppl ment n 41 A 51 41 N ew Y ork 1994 Droits de l homme Recueil d instruments internationaux vol 1 premi re partie Instruments universels ST H R 1 R v 5 New Y ork Nations Unies Commission des droits de l homme 1993a R apport sur la quarante neuvi me session 1 f v 12 mars 1993 E C N 4 1993 122 E 1993 23 Gen ve Nations Unies 1993b V ente d enfants Rapport soumis par M Vitit M untarbhorn Rapporteur sp cial nom m conform ment la r solution 1992 76 de la Commission des droits de l homme E CN 4 1993 67 G en ve Nations U nies Nations U nies Comit des droits de l enfant 1997 R serves d clarations et objections concer nant la convention relative aux droits de l enfant Note du Secr taire g n ral document CR C C 2 R v 6 9 avril 1997 G en ve N ations U nies R oberts Lesley 1996 Child labour A form of modern slavery dans World Federation of the Sporting G oods Industry Committee on Ethics and Fair T rade The way forward Pro ceedings of the Conference on Human Rights held in V erbier Switzerland 3 4 nov 1995 Londres Brassey s Sajhau Jean Paul 1997 Ethique des affaires dans les industries
23. cle 7 article 3 En situation normale 15 ans ou plus 13 ans 18 ans pas inf rieur l ge 16 ans certaines conditions de la scolarit obligatoire Lorsque l conomie et les institutions scolaires ne sont pas suffisamment d velopp es 14 ans 12 ans 18 ans 16 ans certaines conditions Source BIT 1996b p 27 tableau 1 Les l gislations et pratiques nationales U ne majorit des E tats Membres de l OIT 133 sur 174 la fin f vrier 1997 ont ratifi au moins l une des 11 conventions de l Organisation sur 260 Revue internationale du Travail l ge minimum H ansenne 1997 J usqu pr sent la convention n 138 a t ratifi e par 53 Etats M me s il s agit l d un meilleur r sultat que pour toute autre norme r vis e sur l ge minimum il reste pr occupant A l vidence le foss est grand entre ces 53 ratifications et les 187 enregistr es par la Convention des Nations U nies relative aux droits de l enfant Cette diff rence montre combien il est difficile de passer d un consensus international form sur la base de principes moraux ou thiques l action concr te lors qu il existe des enjeux conomiques et socioculturels Tout en r affirmant fermement les objectifs moraux le gouvernement de l Inde a abord avec franchise cette difficult dans la d claration qui accompagne son adh sion la Convention des Nations U nies relative aux droits de l enfant Souscriva
24. communaut internationale doit tenir compte de la diversit sociale conomique g ogra phique et culturelle des pays en d veloppement et se garder de leur imposer tout type de calendrier ou de lancer des accusations qui risquent fort d tre injustifi es BIT 1996a p 11 Perspectives 261 d application Les petites entreprises en g n ral celles qui emploient moins de dix travailleurs l apprentissage l emploi ind pendant le travail domi cile ainsi que les travaux temporaires et occasionnels font aussi fr quemment l objet d exceptions BIT 1996b p 36 37 voir galement pp 41 49 en parti culier le tableau 4 o figure l ge minimum l gal dans tous les pays observ s Environ la moiti des pays en question autorisent les enfants qui n ont pas atteint l ge minimum prescrit par la r gle commune faire certains tra vaux l gers Pour ces derniers l ge minimum est g n ralement fix 12 ans en A frique et dans les A m riques et 13 ou 14 ans en E urope Pour de nom breux gouvernements toutefois la d finition et la r glementation de ce que l on appelle travaux l gers constituent un des premiers obstacles la ratifi cation de la convention n 138 Dans les droits nationaux l interd pendance entre les textes sur l ge minimum et ceux sur l instruction obligatoire constitue l aspect essentiel de la question L histoire montre que la scolarit obligatoire est l outil le plus efficace p
25. droits de l homme des N ations U nies C est l exploi tation du travail des enfants plut t que le travail des enfants en soi qui est critiquable Com mission des droits de l homme des Nations U nies 1993b p 15 paragr 67 Le consensus sans pr c dent qui s est form autour de cette notion tient une interpr tation tr s large du mot m me d exploitation Cela est manifeste depuis ses premi res apparitions dans des instru ments internationaux Soci t des Nations 1924 jusqu aux plus r centes voir BIT 1997c I1 appara t donc du moins implicitement que l exploitation des enfants ou le travail des enfants dans des conditions d exploitation n ont jamais t des notions strictement conomiques Toutefois si l on consid re ces pr c dents dans leur succession on constate une reconnaissance croissante de la dimension morale ou thique du probl me que pose le travail des enfants y compris par les pays en d veloppement Par exemple la d claration de l Inde que nous avons d j cit e propos de l article 32 de la Convention des Nations U nies relative aux droits de l enfant de 1989 comporte une reconnaissance claire du fait que l exploitation peut prendre des formes qui vont au del de l acception strictement conomique du mot U n autre pas dans cette direction a t fait lors de la Conf rence des ministres du Travail des pays non align s qui s est tenue New Delhi en janvier 1995 qui a d clar que l
26. e appliquer en d tail et h sitent la ratifier I para t donc n cessaire d laborer un nouvel instrument visant express ment les formes extr mes de travail des enfants Cette nouvelle convention viendrait compl ter et non rem placer la convention n 138 La communaut mondiale devrait montrer sa d termination agir de mani re solidaire en adoptant une convention internationale du travail tendant interdire toutes les formes intol rables du travail des enfants Une telle 266 Revue internationale du Travail convention comblerait les lacunes des instruments internationaux existant dans ce domaine et fixerait des priorit s claires l action nationale et interna tionale H ansenne 1997 p 2 De fait le Conseil d administration du BIT avait d j d cid lors de sa 265 session en mars 1996 de mettre le travail des enfants l ordre du jour de la session de 1998 de la Conf rence internationale du Travail en vue de l adoption de nouvelles normes internationales du travail visant en priorit promouvoir des mesures pour faire cesser imm diatement l exploitation intol rable des enfants qui travaillent dans des conditions dangereuses BIT 199 6e p 1 U n questionnaire fut donc envoy aux Etats M embres afin de recueillir l avis des gouvernements sur la teneur possible du ou des nou veaux instruments BIT 1996e D ans l intervalle sa session de juin 1996 la Conf rence adoptait une r solution s
27. e enfantine objectif long terme mais pos en principe devienne r alisable R f rences BIT 1997a Instruments de l OIT sur l limination du travail des enfants abusif et dange reux dans minist re de l E mploi et des A ffaires sociales des Pays Bas Combattre les formes les plus intol rables du travail des enfants un d fi universel R apport de la Conf rence d A msterdam sur le travail des enfants annexe 4 document de l atelier 3 pp 87 99 msterdam 1997b L action normative de l OIT l heure de la mondialisation R apport du directeur g n ral Conf rence internationale du Travail 85session 1997 G en ve 1997c Conclusion d A msterdam synth se et conclusions de la pr sidente dans le cadre de la conf rence sur le travail des enfants visant liminer les formes les plus intol rables du travail des enfants dans minist re de l Emploi et des A ffaires sociales des Pays Bas Combattreles formesles plus intol rables du travail des enfants un d fi universel R apport de la Conf rence d A msterdam sur le travail des enfants pp 7 8 A msterdam 1996a L etravail des enfants Q uefaire Compte rendu des travaux de la R union tripartite au niveau minist riel Gen ve 12 juin 1996 IT M 3 1996 G en ve 1996b L e travail des enfants l intol rable en point de mire Conf rence internationale du Travail 86 session 1998 G en ve 1996c L e travail des enfants Q ue f
28. e la question c il ressort toutefois que les formes extr mes de travail des enfants qui entreraient dans le champ d application de la nou velle convention s tendraient au del des situations analogues l escla vage cette zone grise qui les jouxte et qui comprend ce que l on a en g n ral jusqu ici d crit comme les travaux dangereux et auxquels s applique un ge minimum de 18 ans en vertu de la convention n 138 C est dans cette zone que se poseront les probl mes de d finition les plus difficiles r soudre Lorsque le dangereux et l intol rable se superposent Il est probable que la nouvelle convention comme le fait la convention n 138 disposera que les gouvernements doivent consulter les organisations d employeurs et de travailleurs sur la d finition des travaux dangereux On trouve dans la recommandation n 146 des orientations sur les crit res appliquer pour d finir les travaux ou les emplois dangereux aux fins de l application de la convention n 138 Elle indique qu il convient de tenir pleinement compte des normes internationales du travail pertinentes par exemple celles qui concernent les substances ou agents toxiques ou les 270 Revue internationale du Travail proc d s dangereux y compris les radiations ionisantes le transport de charges lourdes et les travaux souterrains BIT 1996b p 27 D es facteurs de risques nouveaux devraient tre pris en consid ration pour la d
29. e mise au point selon laquelle la fa on dont les m diasinternationaux pr sentent les all gations selon lesquelles le travail en servitude et le travail des enfants sont largement r pandus montre l existence d une conspiration de certains pays occidentaux ainsi que des agences indien nes visant calomnier le Pakistan toutefois le Pakistan ne fait pas excep tion pas plus qu il ne l a jamais fait en la mati re gouvernement du Pakis tan 1995 p 17 11 faut reconna tre que la question interf rant aujourd hui avec le d bat sur le commerce international les chiffres mis en avant par certaines sources sur le travail des enfants et sur le travail en servitude au Pakistan sont peu vraisemblables Aujourd hui toutefois les susceptibilit s nationales sur l ampleur exacte du probl me p sent de moins en moins face au fait que les gouverne ments commencent admettre que le probl me existe qu il est de grande ampleur et plus important encore que l on doit et que l on peut faire quelque chose en la mati re M me si le travail des enfants existe dans les pays industrialis s et fait son apparition dans beaucoup de pays en transition c est dans les r gions en d veloppement qu il pr vaut surtout non seulement pour des raisons cono miques mais tout simplement parce que c est l que vivent 87 pour cent des enfants de moins de 18 ans dans le monde UNICEF 1997 p 25 A pr s avoir men plusieurs enqu tes exp r
30. e pas une d finition claire et nette du travail des enfants dans le droit international La seule interdiction ne souffrant aucune exception est celle qui s applique la prostitution enfantine et aux pratiques analogues l esclavage pratiques interdites en vertu d instruments qui s appliquent tout autant aux adultes par exemple la servitude pour dettes La convention n 29 sur le travail forc 1930 de l OIT qui est d ailleurs celle qui a re u le plus grand nombre de ratifications 144 en juin 1997 est bien entendu un instrument capital pour prot ger les enfants de certaines des pires formes d exploitation En 1995 la Commission d experts pour l application des conventions et recommandations de l OIT relevait que de par sa nature m me le travail des enfants entre souvent dans la cat gorie du travail forc ou obligatoire BIT 1996b p 29 Cela s applique tout particuli rement aux enfants en situation de servitude et leur exploitation des fins de prostitu tion et de pornographie D e m me le Groupe de travail de Nations U nies sur les formes contem poraines d esclavage a d cid de consid rer la vente et l exploitation sexuelle des enfants comme une forme contemporaine d esclavage BIT 1996b p 30 Le Comit des droits de l enfant des Nations U nies cr pour contr ler l application de la Convention de 1989 a adopt en 1996 une recomman dation o il tait soulign que l enfant en butte aux pratiqu
31. e travail des enfants E n outre l important cho dont ils b n ficient dans les m dias voir par exemple R ugmark ou l A ccord de la F d ration internationale de football association sur les ballons de football etc joue sans doute un r le important pour faire prendre conscience au public de l exploitation des enfants mis au travail De m me cette m diatisation peut susciter une large mobilisation politique en faveur de l action internationale et de la strat gie men e sur plusieurs fronts pour mieux tenir compte de la complexit du probl me et de son caract re durable C est donc en suscitant cette prise de conscience du public que ces initiatives dirig es vers les consommateurs m me si elles ne sont que partielles peuvent en retour ac cro tre le soutien politique une action constructive des gouvernements qui comprendrait la ratification des normes internationales du travail l institu tion d une scolarit pour tous et la garantie de conditions d emploi conve nables pour les adultes toutes choses qui donneraient aux enfants ainsi qu aux adultes un avenir meilleur En conclusion Beaucoup reste faire et doit tre fait pour r duire s rieusement le recours la main d uvre enfantine et en l occurrence la place ne manque pas pour l initiative I est tout d abord indispensable de disposer d un droit national et international progressiste A u cours du si cle s est d j construit un code substantiel qui es
32. echniques ou dans d autres institutions de formation profes sionnelle article 6 la seconde concerne la participation des activit s telles que des spectacles artistiques article 8 Cette derni re exception est toutefois sujette l autorisation au cas par cas par l autorit nationale comp tente D une mani re plus g n rale et si l on excepte les situations analogues l esclavage le droit international du travail refl te l quilibre tabli par la convention n 138 entre d une part l acceptation d un travail l ger de quelques heures seulement par jour dans le cadre familial et en tant que participant de l instruction et de la formation traditionnelles l ments nor maux de l ducation d un enfant BIT IPEC 1995 p 5 et d autre part la protection contre les abus et les travaux dangereux A insi dans le droit inter national la l galit de ce qu un enfant peut faire entre 12 et 18 ans n est d termin e que par r f rence des types d emplois ou de travaux dont la d finition est large et dont l interdiction varie en fonction de l ge de la nature du travail des conditions dans lesquelles il est effectu du niveau de d veloppement conomique du pays et de particularit s nationales Les normes fix es par la convention n 138 sont r sum es au tableau 1 Tableau 1 Ages minimums selon la convention n 138 Age minimum g n ral Travaux l gers Travaux dangereux article 2 arti
33. er les formes du travail des enfants vis es 1 D e m me ces repr sentants souhaitaient que la r f rence l li mination du travail des enfants s accompagne d un adjectif qualifiant ce travail et donc pr cisant sans doute dans un sens plus troit la port e de l action envisag e M me si les tentatives d amender dans ce sens le texte de la r solution n ont pas abouti les repr sentants qui soutenaient cet amende ment ont insist pour que le compte rendu des d bats mentionne leur point de vue selon lequel l expression travail des enfants dans des conditions d exploitation tait plus appropri e BIT 1996f p 26 paragr 173 voir aussi p 27 paragr 184 2 D e fait le compromis r alis dans la r solution consiste conserver les expressions intol rable ou plus intol rable pour qualifier les formes 1 Par exemple l amendement D 29 soumis par les membres gouvernementaux du B an gladesh de l Inde de l Indon sie de la M alaisie du Pakistan et des Philippines visait donner priorit l limination des formes les plus dures de l exploitation du travail des enfants plut t qu ses formes les plus intol rables voir BIT 1996f p 27 paragr 23 et suiv 2 Cette pr f rence pour la notion d exploitation concorde avec le vocabulaire utilis dans de nombreuses sources et plusieurs instruments internationaux sur la question Citons le rapporteur sp cial de la Commission des
34. es de la vente d enfants de la prostitution des enfants et dela pornographie impliquant des enfants doit tre consid r avant tout comme une victime Nations Unies 1996 p 5 paragr 8 Sur ce sujet les instruments pertinents des Nations U nies comprennent la Convention de 1949 pour la r pression de la traite des tres humains et de l exploitation de la prostitution d autrui Nations U nies 1994 pp 235 244 et la Convention suppl mentaire relative l abolition de l esclavage de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues l esclavage de 1956 Nations U nies 1994 pp 208 210 Cette convention traite tout particuli rement de la servitude pour dettes du servage et de toute pratique en vertu de laquelle un enfant ou un adolescent de moins de 18 ans est remis soit par ses parents soit par l un deux soit par son tuteur un tiers contre paiement ou non en vue de l exploitation de la personne ou Perspectives 259 du travail dudit enfant ou adolescent Nations Unies 1994 pp 208 210 article premier En dehors de ces pratiques une autre interdiction est g n rale dans le droit international celle du travail des enfants de moins de 12 ans La convention n 138 n admet que deux exceptions tr s limit es cette r gle La premi re concerne le travail effectu par des enfants ou des adolescents dans des tablissements d enseignement g n ral dans des coles profes sionnelles ou t
35. es dispositions ne restent pas lettre morte la nouvelle convention exigerait des E tats qu ils adoptent et qu ils appliquent avec s v rit des sanctions p nales E Ile aurait en outre le grand m rite de les inciter se pr ter un concours mutuel pour lutter contre l intol rable notamment par la voie d une entraide judiciaire et technique internationale H an senne 1997 p 2 Fixer les priorit s d finir l intol rable Selon le Directeur g n ral du BIT Cette nouvelle convention viserait les formes intol rables du travail des enfants s appliquerait tous les enfants de moins de 18 ans ferait obligation Perspectives 267 aux E tats Membres de l OIT de mettre un terme imm diat toutes les formes extr mes de travail des enfants savoir toutes les formes d esclavage et pratiques similaires la vente et le commerce des enfants le travail forc ou obligatoire et notamment la servitude et le servage pour dettes a prion enfantine et l emploi des enfants des activit s pornogra phiques l affectation des enfants toutes t ches dangereuses Hansenne 1997 p 2 L id e selon laquelle la lutte l chelle mondiale contre le travail des enfants devait suivre certaines priorit s a commenc s imposer au d but des ann es quatre vingt dix Cela appara t clairement dans le mandat du Programme international pour l abolition du travail des enfants IPE C lanc par le BIT en 1992
36. eurs domicile et les autres travailleurs salari s notamment en mati re d ge minimum tandis que la recommandation n 184 qui l accompagne dispose que la l gislation nationale sur l ge minimum d admission l emploi o au travail devrait s appliquer au travail domicile Perspectives 257 les ann es quatre vingt A pr s la D claration de G en ve sur les droits de l enfant adopt e en 1924 la D claration des droits de l enfant des N a tions U nies posa en 1959 le principe g n ral suivant l enfant ne doit pas tre admis l emploi avant d avoir atteint un ge minimum appropri il ne doit en aucun cas tre astreint ou autoris prendre une occupation ou un emploi qui nuisent sa sant ou son ducation ou qui entravent son d veloppement physique mental ou moral Nations U nies 1994 pp 171 et suiv Principe 9 Le Pacte international relatif aux droits conomiques sociaux et culturels adopt en 1966 comporte une disposition analogue et stipule en outre que les enfants et adolescents doivent tre prot g s contre l exploitation conomique et sociale Nations Unies 1994 pp 8 et suiv article 10 3 Ce n est qu au milieu des ann es quatre vingt que l OIT a commenc recevoir un soutien international dans sa lutte contre le travail des enfants les publications sur le sujet se sont multipli es les m dias ont d nonc plus syst matiquement les abus et les violations l enga
37. gement d individus de groupements et d organisations non gouvernementales s est acc l r Un nouvel lan a t donn en 1986 lorsque l UNICEF a lanc son Programme sur les enfants en situation particuli rement difficile Quant au dispositif juridique il a t consid rablement renforc par l adoption en 1989 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l enfant qui assure tous les enfants de moins de 18 ans une protection tendue Nations U nies 1994 pp 175 197 La Commission des droits de l homme des Nations Unies a galement port plus d attention au travail des enfants ce qui s est traduit en particulier par l adoption en 1993 du Programme d action pour l limina tion de l exploitation de la main d uvre enfantine Commission des droits de l homme desNationsU nies 1993a pp 229 237 O n y appelle notamment tous les E tats ratifier la Convention de 1989 relative aux droits de l enfant tout en soulignant l importance d appliquer pleinement son article 32 ainsi libell 1 Les Etats parties reconnaissent le droit de l enfant d tre prot g contre l exploitation conomique et de n tre astreint aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son ducation ou de nuire sa sant ou son d veloppement physique mental spirituel moral ou social 2 LesEtats parties prennent des mesures l gislatives administratives sociales et ducatives pour assurer l application du
38. imentales dans divers pays le Bureau de statistique du BIT estime aujourd hui que rien que dans les pays en d ve loppement il y a au moins 120 millions d enfants de cinq 14 ans astreints au travail et qu ils sont deux fois plus nombreux environ 250 millions si l on inclut ceux pour qui le travail est une activit secondaire BIT 1996b p 8 En valeur absolue c est en A sie que l on trouve le plus fort contingent 8A proposde la loi abolissant la servitude pour dettes au Pakistan voir Bulletin d infor mations sociales Gen ve BIT 1992 n 4 d c pp 478 480 Les difficult s statistiques que pr sente la mesure du travail des enfants dans le monde sont illustr es par l important cart entre les estimations pr sent es ici et celles qu avait pu bli es le BIT ne serait ce que quelques mois plus t t partir d informations fort limit es fournies par environ cent pays u d part le BIT avait estim que 73 millions d enfants g s de Suite de la note page suivante 264 Revue internationale du Travail d enfants qui travaillent environ 61 pour cent du total mondial contre 7 pour cent en m rique latine mais c est en A frique que l incidence est la plus lev e elle y est en effet estim e environ 40 pour cent de l ensemble des enfants g s de 5 14 ans A l chelle internationale il semble qu il y ait aujourd hui un accord g n ral sur l estimation du BIT selon laquelle le travai
39. ion 1983 G en ve Bonnet Michel 1993 Le travail des enfants en A frique Revue internationale du Travail Gen ve vol 132 1993 n 3 pp 411 430 CISL 1996 P as le temps de jouer L e travail des enfants dans l conomie mondiale Bruxelles D partement du travail des Etats U nis 1996 The apparel industry and codes of conduct A solution to the international child labor problem Washington DC Bureau of Internatio nal L abor A ffairs 1994 B y the sweat and toil of children Volume l The use of child labor in US manufactured and mined imports Report to the Committees on A ppropriations Congr s des E tats U nis Washington DC Bureau of International L abor A ffairs Gouvernement du Pakistan minist re du Travail de la M ain d uvre et des Pakistanais expa tri s 1995 Child and bonded labour Country position Pakistan L abour G azette Islamabad juillet 1994 juin 1995 pp 17 27 Grootaert Christiaan Kanbur R avi 1995 Le travail des enfants un point de vue conomi que Revue internationale du Travail G en ve vol 134 1995 n 2 pp 205 223 H ansenne M ichel 1997 Combattre les formes les plus intol rables du travail des enfants un d fi mondial A Ilocution la Conf rence d A msterdam sur le travail des enfants 26 27 f vrier 1997 texte int gral sur Internet l adresse suivante http www ilo org Hilowitz J anet 1997 Label social et lutte contre le tr
40. it s conomiques production de biens et services destin s au march au troc ou l autoconsommation men es par des personnes de moins de 15 ans D e son c t le D partement du travail des E tats U nis m ne ses recherches en fonction d une double norme emprunt e la convention n 138 consid rant les enfants de moins de 15 ans dans les pays d velopp s et ceux de moins de 14 ans dans les pays en d velop pement voir par exemple D partement du travail des Etats U nis 1994 Perspectives 263 incitation ne pas tenir de statistiques qui r v leraient le foss qui existe entre la politique officielle et les faits avec le risque d attirer l attention de la communaut internationale Jusqu r cemment les gouvernements faisaient preuve de r ticence ne serait ce qu reconna tre l existence du probl me surtout sous ses formes les plus extr mes Le minist re du Travail du Br sil par exemple n a offi ciellement admis l existence du travail forc ou de la servitude pour dettes qu en 1993 D partement du travail des Etats U nis 1994 p 41 Q uant au Pakistan qui a ratifi la convention n 29 sur le travail forc 1930 en 1957 et la convention n 105 sur l abolition du travail forc 1957 en 1960 ce n est qu en 1992 que son Parlement a adopt la loi qui abolit officiellement le syst me de servitude end mique dans le pays M algr cela le minist re du Travail a publi en 1995 un
41. l ainsi que pour favoriser sur le march les activit s responsables et transparentes 278 Revue internationale du Travail l adoption de nouveaux instruments l ordre du jour de la Conf rence inter nationale du Travail en 1999 Lesinterventions sp cifiques sur le terrain ont toujours t le moyen de s attaquer directement au ph nom ne du travail des enfants Les organisa tions non gouvernementales et les agences gouvernementales sont actives depuis longtemps d j mais nous en sommes aujourd hui une nouvelle tape parce que la plupart des conomies int ress es ont les moyens d envi sager l abolition du travail des enfants et de fournir ceux ci des activit s de rechange galement parce que le BIT en coordonnant toute une s rie d actions fait en sorte qu un effort concert soit vraiment possible Les actions en direction des consommateurs label social et codes de conduite tirent avantage des int r ts commerciaux et de la bonne conscience des consommateurs pour favoriser la production de biens et de services sans main d uvre enfantine et pour am liorer les conditions d emploi des adultes Elles permettent aussi la collecte de moyens suppl mentaires pour financer les activit s de rechange l intention des enfants retir s du travail et pour favoriser la prise de conscience du public Utilis es de front ces trois m thodes donnent des raisons d esp rer que l abolition du recours la main d uvr
42. l est le lot de 250 mil lions d enfants de moins de 14 ans L UNICEF s accorde sur ce nombre mais ajoute que 190 millions d entre eux appartiennent au groupe d ge de 10 14 ans dont 3 sur 4 travaillent six jours ou plus par semaine et la moiti neuf heures ou plus par jour UNICEF 1997 p 26 et figure 3 Les organisations non gouvernementales par exemple Save the Children et la CISL qui constate parmi les cas les plus hont s d exploitation on a vu travailler des enfants qui avaient peine 4 ou 5 ans citent des chiffres qui se situent autour de 200 millions voir BIT IPEC 1996 CISL 1996 p 7 II faut ajouter le trou noir statistique que repr sente le groupe d ge de 14 18 ans bien que les enfants qui en font partie soient cens s tre prot g s des travaux dange reux aussi bien par la convention n 138 que par la Convention des Nations U nies relative aux droits de l enfant Une grande majorit des enfants qui travaillent est constitu e d aides familiaux non r mun r s occup s dans de petites unit s de production du secteur informel urbain et du secteur rural traditionnel BIT 1996c p 5 M me si l urbanisation rapide des pays en d veloppement fait que la part du travail des enfants en milieu urbain s accro t r guli rement le taux de parti cipation des enfants l activit conomique reste dans l ensemble bien plus lev dans les zones rurales Les enqu tes men es au Ghana en Inde
43. n cat gories et l interdiction en fonction de l ge qui sont au c ur du d bat d aujourd hui sur les normes relatives au travail des enfants existe toute une s rie de zones grises entre ce que tout le monde s accordera consid rer comme une v ritable exploitation et ce que tout le monde s accordera consid rer comme profitable au d veloppement d un enfant Lorsque l on envisage d interdire le travail des enfants on se heurte de grandes difficult s du fait que chaque culture consid re diff remment les dommages que ce travail pr sente pour le d veloppement de l enfant Roberts 1996 p 35 Nombreux sont les pays qui estiment que la d finition et la r glementation des travaux l gers est un obstacle important la rati fication de la convention n 138 BIT 1996b p 39 D es difficult s du m me ordre apparaissent lorsqu il s agit de d terminer quels travaux sont jug s dangereux BIT 1996b p 51 Lorsde la Conf rence sur le travail des enfants qui s est tenue A mster dam en f vrier 1997 le Directeur g n ral du BIT a r sum la situation dans les termes suivants La convention n 138 est l un des instruments fondamentaux de l OIT en la mati re et reste l un des piliers essentiels d une politique coh rente de lutte contre le travail des enfants au niveau national M ais l exp rience nous a appris que cette convention pose des probl mes pour certains Etats qui la jugent trop complex
44. nt pleinement aux buts et objectifs de la Convention mais conscient du fait que dans les pays en d veloppement certains des droits de l enfant notamment les droits conomiques sociaux et culturels ne peuvent tre r ali s s que progressivement dans la limite des ressources disponibles et dans le cadre de la coop ration internationale reconnaissant que l enfant doit tre prot g contre toute forme d exploitation y compris l exploitation conomi que notant que pour diverses raisons des enfants de diff rents ges travaillent en Inde ayant prescrit un ge minimum dans les emplois dangereux et dans certains autres domaines ayant arr t des dispositions r glementaires concer nant les horaires et les conditions d emploi et sachant qu il n est pas pratique de prescrire d s pr sent un ge minimum d entr e dans chaque cat gorie d emploi en Inde le Gouvernement indien s engage prendre des mesures en vue d appliquer progressivement les dispositions de l article 32 de la Conven tion en particulier celles de l alin a a du paragraphe 2 conform ment sa l gislation nationale et aux instruments internationaux pertinents auxquels il est partie Comit des droits de l enfant des Nations U nies 1997 p 20 5 Selon une r cente tude du BIT sur le droit et la pratique dans 155 pays 122 pays ont une l gislation interdisant le travail des enfants de moins de 14 ans voire plus g s au moins dans certains secteurs d
45. nter gouvernementales ou non gouvernementales les syndicats les entreprises et divers groupes d int r t Ces initiatives peuvent tre regroup es sous trois grandes rubriques le droit l intervention directe sur le terrain et les appels au consommateur Depuis la fin des ann es quatre vingt plusieurs volutions importantes ont renforc le cadre juridique international de lutte contre le travail des enfants Et l on peut s attendre ce qu il se renforce encore avec l initiative prise par l OIT de pr parer de nouvelles normes internationales du travail en la mati re Les instruments en projet sans doute une convention accompagn e d une recommandation dont l adoption est pr vue pour 1999 viseraient les pires formes du travail des enfants Dans la premi re partie de cette perspective nous nous attacherons faire le point sur le cadre juridique international dans lequel ces instruments s ins reront Nous poursuivrons par un bref aper u de l tat des l gislations et pratiques natio nales au regard des normes en vigueur ainsi que par une valuation de l ampleur et de la nature du travail des enfants dans le monde puis par une pr sentation des derni res initiatives du BIT et du contenu possible de la nouvelle convention L intervention directe sur le terrain se r v le essentielle pour combattre le travail des enfants dans certaines situations concr tes et pour en limiter les abus les plus graves Ce type d inter
46. nvention n 138 s engage poursuivre une politique nationale visant assurer l abolition effective du travail des enfants et lever progressivement l ge minimum d admission l emploi ou au tra vail un niveau permettant aux adolescents d atteindre le plus complet d ve loppement physique et mental En particulier cette convention tablit le principe suivant lequel l ge minimum ne devra pas tre inf rieur l ge auquel cesse la scolarit obligatoire La norme de base tant fix e 15 ans les Etats parties doivent sp cifier leur propre ge d admission l emploi dans une d claration annex e leur ratification ceux dont l conomie et les institutions scolaires ne sont pas suffisamment d velopp es pourront sp cifier en une premi re tape un ge minimum de 14 ans U n autre assouplis sement consiste autoriser l emploi des travaux l gers partir de 13 ans lorsque la norme commune est de 15 ans et partir de 12 ans lorsque la norme commune est de 14 ans L estravaux l gers sont d finis comme n tant pas susceptibles de porter pr judice la sant ou au d veloppement des en fants n tant pas de nature porter pr judice leur assiduit scolaire leur participation des programmes de formation ou leur aptitude b n ficier de l instruction re ue La convention prescrit de fixer 18 ans l ge minimum pour tout travail dangereux Cette norme plus st
47. our liminer le travail des enfants d o le lien explicite qui existe dans la convention n 138 entre l ge minimum d admission l emploi et la fin de la scolarit obligatoire un tableau comparatif des ges en question dans les diff rents pays figure dans BIT 1996b pp 39 46 tableau 4 Pour tre s rieuse toute tentative de s attaquer au travail des enfants doit l vi dence comporter l engagement ferme d instituer une scolarit gratuite et obligatoire pour tous les enfants jusqu ce qu ils atteignent l ge auquel ils peuvent commencer travailler amp C est par exemple avec l intention expresse de r duire l incidence du travail des enfants que le gouvernement de l Inde a annonc qu il soumettrait au parlement en juillet 1997 un projet de loi instituant la scolarit gratuite et obligatoire pour tous les enfants g s de 6 14 ans Si ce texte tait adopt le progr s serait consid rable dans la mesure o il consiste modifier la Constitution afin d y inscrire l instruction en tant que droit fondamental des enfants Un nombre croissant de pays en d veloppement incluent des disposi tions relatives au travail des enfants dans leurs nouveaux codes ou r gle ments certains ont galement aggrav les sanctions en cas d infraction BIT 1996b pp 88 89 Toutefois les insuffisances des m canismes d application restent l un des principaux obstacles au respect de l interdiction l gale du travail des enfants E n
48. outre celui ci pr vaut surtout dans l agriculture les services domestiques et le secteur informel autant d activit s qui chappent pratiquement la loi BIT 1996b p 87 Etant donn la nature et l chelle du probl me il ne serait gu re r aliste de penser que l on peut le r soudre simplement en renfor ant l inspection du travail ou les autres services charg s de faire appliquer la loi Une bonne l gislation et des m canismes d application efficaces sont certes importants maisils doivent tre compl t s 6 Certains des probl mes que connaissent les pays en d veloppement ce sujet ont t pr sent s dans une perspective intitul e Les r formes de l enseignement tendances et points forts Revue internationale du Travail G en ve vol 134 1995 n 6 pp 827 847 262 Revue internationale du Travail par une action parall le sur d autres fronts A vant d en venir leur examen il para t n cessaire de relever un certain nombre de faits relatifs au travail des enfants Le travail des enfants dans le monde aujourd hui Toute tentative d valuer la pr valence du travail des enfants l chel le mondiale se heurte imm diatement deux obstacles Le premier est la d finition m me du travail des enfants ce qui rend difficile la d termina tion du champ de l tude en fonction des ges et des activit s int ress s 7 Quant au second il s agit tout simplement du d faut de statistiques natio n
49. pr sent article A cette fin et compte tenu des dispositions pertinentes des autres instruments internationaux les Etats parties en particulier a fixent un ge minimum ou des ges minimums d admission l emploi b pr voient une r glementation appropri e des horaires de travail et des conditions d emploi La D claration de Gen ve laquelle il est fait r f rence dans le Pr ambule de la Convention des Nations U nies relative aux droits de l enfant 1989 a t adopt e par l A ssem bl e g n rale de la Soci t des Nations en 1924 et stipule que l enfant doit tre mis en mesure de gagner sa vie et doit tre prot g contre toute exploitation Soci t des Nations 1924 p 43 258 Revue internationale du Travail c pr voient des peines ou autres sanctions appropri es pour assurer l appli cation effective du pr sent article Commission des droits de l homme des Nations Unies 1993a p 232 paragr 16 Le Programme d action appelle galement les E tats ratifier la conven tion n 138 sur l ge minimum 1973 de l OIT et invite cette derni re accorder une aide accrue aux pays en d veloppement pour les encourager participer davantage aux activit s normatives et la mise en uvre des conventions ratifi es Commission des droits de l homme des Nations Unies 1993a pp 232 233 paragr 17 Comment le travail des enfants est il d fini dans le droit international II n exist
50. re eux moins de 12 ans et les filles U n nombre non n gligeable d organisations associ es ont r ussi reti rer les enfants de ces types de travail ou d faut am liorer leurs condi tions de travail Toutefois l limination de ces formes de travail pr suppose que l on a pris des mesures de sauvetage et de r adaptation des enfants ce qui exige des moyens financiers qui vont bien au del des ressources dont l IPE C dispose Les enfants qui travaillent dans les pires conditions d exploi tation ou de danger sont difficiles atteindre pour deux raisons l obstruction de ceux qui tirent profit de leur travail et le sentiment d impuissance des en fants eux m mes BIT IPEC 1995 p 7 Compte tenu du grand nombre d enfants impliqu s et des infrastructures qui seraient n cessaires pour les prendre en charge cela pr sente d immenses difficult s que peu d organisa tions associ es ont les moyens de surmonter Quelque 46 pour cent des programmes soutenus par l IPEC sont donc orient s vers la pr vention qui s est r v l e avoir un meilleur rapport co t efficacit que l intervention a posteriori Cela suppose d identifier les zones g ographiques les groupes sociaux et les conditions qui favorisent le travail de enfants de rep rer les facteurs propres aux activit s ou aux professions qui jouent sur la demande ou l offre de main d uvre enfantine et enfin d intervenir aussi bien au niveau politique que sur le te
51. ricte s applique galement tous les pays en application du principe selon lequel le niveau de d veloppement ne peut servir d excuse pour permettre que des enfants soient affect s un travail qui par sa nature ou les conditions dans lesquelles il s exerce est susceptible de compromettre la sant la s curit ou la moralit des adolescents voir BIT 1996b pp 27 et 28 D es d rogations sont possibles pour les travailleurs g s de 16 18 ans sous r serve qu ils soient convenablement prot g s et form s Les autres organisations internationales Hormis l OIT les organisations internationales actives dans le domaine du travail des enfants taient relativement peu nombreuses avant 3 Les cat gories d emploi exclues ne sont pas pr cis es mais il a t fait mention au cours des travaux pr paratoires de l emploi dans les entreprises familiales des services domestiques chez les particuliers et de certains types de travaux effectu s en dehors du contr le de l em ployeur par exemple le travail domicile Ces exclusions tiennent essentiellement aux difficul t s pratiques que soul ve l application de la loi aux cat gories vis es et non l absence de risque d exploitation ou d abus En ce qui concerne le travail domicile par exemple l article 4 paragr 2 g de la r cente convention n 177 sur le travail domicile 1996 appelle les Etats Membres promouvoir l galit de traitement entre les travaill
52. rrain Cependant l IPEC continue galement travailler au sauvetage imm diat d enfants en servitude ou forc s au travail ou encore travaillant dans des conditions extr mement dangereuses Pour cela il faut aider les organisations associ es proposer des solutions de rechange durables au travail et prendre des mesures de protection pourvu que celles ci ne soient que transitoires et que l objectif reste le retrait des enfants du travail Perspectives 273 Partant des conclusions de la Conf rence de f vrier 1997 sur le tra vail des enfants l IPEC s est encore concentr sur ses priorit s en lan ant un nouveau Programme de mesures de lutte contre les formes les plus intol rables du travail des enfants A MIC Le budget pr visionnel en est de 20 millions de dollars pour la p riode 1997 2001 Ces sommes seront sp cifiquement consacr es venir en aide aux programmes destin s l li mination imm diate du travail en servitude de l exploitation sexuelle et du trafic des enfants de leur emploi dans les services domestiques des tra vaux dangereux dans l agriculture de rapport ou dans toute branche d activit ou profession pr sentant des dangers de par la nature du travail ou de ses conditions La r partition des programmes de l IPEC Les programmes de l IPEC se r partissent en deux grandes cat gories les programmes d action d aide aux activit s sp cifiques sur le terrain et les mini programmes 3
53. s 42 Source ILO IPEC dant parmi les programmes sp cialement orient s vers les formes intol ra bles de travail des enfants cette proportion monte environ un tiers pr s de la moiti desdits programmes tant situ e en milieu rural Plus de 60 pour cent des programmes visant les formes intol rables se situent dans le secteur informel Perspectives 275 L IPEC a rassembl une large alliance sociale contre le travail des enfants M me si les organisations non gouvernementales restent dominan tes le r le relatif des organisations d employeurs et de travailleurs dans les programmes soutenus par l IPE C s est renforc au cours des ann es ce qui a entra n une r duction sensible de la part des programmes mis en uvre par les seules ONG Le Programme d information statistique et de suivi sur le travail des enfants En r action la pauvret et au manque de fiabilit des donn es sur le travail des enfants l IPEC a lanc en avril 1997 le Programme d information statistique et de suivi sur le travail des enfants SIM POC Ce programme a t con u pour am liorer la pr cision des informations sur l ampleur la r partition et les caract ristiques du travail des enfants ainsi que sur ses d terminants socio conomiques L un de ses premiers objectifs est d aider les gouvernements les organisations non gouvernementales et les branches d activit agir contre le travail des enfants Ce programme
54. s et leur engagement agir s exprime par la signature d un proto cole d accord avec le BIT Le programme est devenu pleinement op rationnel la fin de 1992 lorsque de tels protocoles ont t sign s par le Br sil l Inde l Indon sie le Kenya la Tha lande et la Turquie Ils ont t rejoints en 1994 par le Bangladesh le N pal le Pakistan les Philippines et la R publique U nie de Tanzanie La liste a continu de s allonger en 1996 97 avec l arriv e des pays suivants Argentine Bolivie Cambodge Chili Costa Rica R publique dominicaine E quateur E gypte El Salvador Guatemala H onduras N icara gua Panama P rou Sri Lanka et Venezuela L IPEC mode d emploi L IPEC m ne une strat gie par tape et multisectorielle qui commence par une analyse de la situation sur la nature et l ampleur du travail des enfants dans un pays donn Les tapes suivantes de sa strat gie consistent aider le pays laborer sa politique mettre sur pied les institutions n cessaires favoriser la prise de conscience de la population laborer et mettre en application une l gislation protectrice ainsi qu soutenir l action sur le terrain voir figure 1 L IPEC vient donc en soutien sans Figure 1 R partition des programmes BIT IPEC par moyens d action Aide l laboration Aide l laboration des politiques des programmes nationales 22 19 Actions directes 30 Sensibilisation 29
55. t sur le point de s enrichir et de se renforcer avec 15 Chaque syst me de certification ou code de conduite a ses particularit s M ais il peut tre utile d illustrer la m thode avec l exemple d uneinitiative prise en Suisse STE P L afonda tion STE P attribue en Suisse des certificats aux importateurs et aux d taillants de tapis nou s la main en fonction des crit res suivants conditions de travail et de salaires convenables limination du travail des enfants dans des conditions abusives et plus grand respect du milieu naturel Ces crit res figurent dans le code de conduite publi par la fondation IIs se fondent sur les l gislations nationales des pays d origine et sur les conventions de l OIT Quelque 22 pour cent du march suisse des tapis nou s la main b n ficient du label STEP et une taxe de 4 francs suisses par m tre carr est pr lev e sur la vente de chaque tapis Le revenu de cette taxe sert financer la diffusion d informations le contr le et la v rification ainsi que des pro jets visant l autonomie et la r adaptation concernant l ducation les femmes la sant etc dans les r gions d origine A vec l aide financi re d un certain nombre d organisations carita tives la fondation STEP favorise la responsabilit sociale des entreprises long terme Son travail se fait en utilisant les lois du march pour r aliser une am lioration progressive pas pas des conditions de vie et de travai
56. tion n 5 sur l ge minimum industrie en 1919 d s la premi re session de la Conf rence inter nationale du Travail cette m me ann e D epuis l Organisation a adopt dix autres conventions et cinq recommandations fixant des normes relatives l ge minimum d admission l emploi ou au travail dans l industrie l agricul ture le travail maritime ou les travaux non industriels E n outre des normes sur l ge minimum figurent galement dans plusieurs autres conventions trai tant de la s curit de la sant ou des conditions de travail dans certaines branches d activit Lespremiersinstruments entre 1919 et 1932 fix rent la norme de base un ge minimum de 14 ans lesr visionsqui suivirent en 1936 37 l lev rent 15 L a plupart des conventions de base excluaient de leur champ d application le travail dans les entreprises familiales et autorisaient d autres exceptions bien pr cis es tandis que celles qui concernaient directement les professions ou les activit s comportant des risques fixaient des normes plus strictes par exemple 16 ans pour lestravaux souterrains convention n 123 de 1965 allant jusqu 18 ans pour les travaux p nibles dans des milieux haut risque convention n 15 de 1921 et les travaux pr sentant des risques d exposition auxradiations convention n 115 de 1960 ou des substances chimiques dan gereuses convention n 136 de 1971 Toutefois sa 181 session en 1970 le
57. ur l limination du travail des enfants E Ile y soulignait la n cessit d uvrer imm diatement l abolition de ses formesles plusintol rables savoir l emploi d enfants dans des condi tions d esclavage ou de travail forc et des travaux dangereux et risqu s l exploitation des enfants les plusjeunes et l exploitation sexuelle des enfants des fins commerciales BIT 1996f p 37 Lors de cette m me session de la Conf rence le travail des enfants tait l ordre du jour d une r union tripartite informelle au niveau minist riel Nombre des participants s y prononc rent en faveur de nouveaux instru ments visant liminer les formesles plus intol rables du travail des enfants Certains ont galement soulign que l adoption de nouvelles normes ne devait pas affaiblir les conventions existantes et qu il s agissait plut t de concentrer l action sur les pires formes du travail des enfants en fixant des priorit s Bien que la Convention des Nations U nies relative aux droits de l enfant ainsi que d autres instruments internationaux contiennent des dis positions cet effet le sentiment g n ral tait qu un nouvel instrument de l OIT sp cifiquement destin pr venir les pires formes du travail des enfants et y mettre fin renforcerait l action au niveau national et interna tional en mettant dans la balance le poids des m canismes de supervision du BIT charg s de les faire respecter Pour que s
58. ux adultes des salaires d cents ou de meilleurs prix pour les produits qu ils fabriquent en sorte que les familles soient beaucoup moins d pendantes du travail des enfants E tant donn que les codes de conduite se multiplient avec une grande vari t d exigences techniques voir par exemple D partement du travail des Etats U nis 1996 pp 114 115 on peut se demander si les consomma teurs sont vraiment en situation de prendre leurs d cisions d achat en toute connaissance de cause U ne fois conscients des abus et de l exploitation les consommateurs veulent tre s rs que leurs achats ne contribuent pas cette exploitation mais il est difficile de leur en fournir la garantie absolue Sans doute y a t il une pression importante sur les producteurs afin qu ils s assu rent que leurs fournisseurs ou leurs sous traitants respectent les engagements pris car ils craignent les retours de b tons qui r sulteraient de la r v lation par des organisations non gouvernementales ou les m dias de cas de non respect des normes II s agit l d un aspect crucial de l efficacit que les labels et les codes de conduite peuvent avoir dans la lutte contre le travail des enfants Les consommateurs peuvent avoir l impression que le travail des enfants pourrait tre limin s ils s lectionnent leurs achats mais ces sys t mes ne touchent en g n ral qu une petite proportion de la main d uvre enfantine celle qui travaille pour l export
59. ventions ne date pas d hier et de nom breuses organisations y sont engag es mais un nouvel lan leur a t donn lorsque l OIT a lanc le Programme international pour l abolition du travail des enfants IPE C en 1992 N ous pr senterons l IPEC et ses activit s Enfin on assiste ces derniers temps la multiplication d initiatives visant les consommateurs il s agit surtout de l attribution de labels ou de l adoption de codes de conduite Ces m thodes peuvent se r v ler efficaces contre l emploi des enfants dans certains secteurs d activit et parfois pour augmenter les salaires des travailleurs adultes en sorte que le travail des enfants soit moins indispensable au revenu des familles Elles permettent aussi de collecter des fonds suppl mentaires pour fournir aux enfants des solutions de rechange au travail N ous les examinerons bri vement la fin de cette perspective Nous allons donc examiner successivement ces trois grandes formes d action 2 Le travail normatif de l OIT dans une perspective historique est expos dans V alticos 1996 Perspectives 255 Le cadre juridique international Les normes de l OIT jusqu en 1973 Prot ger les enfants du travail et au travail est l un des buts fonda mentaux de l Organisation internationale du Travail depuis sa cr ation BIT 1981 paragr 11 et suiv En vertu du Pr ambule de sa Constitution qui appelait une telle protection l OIT adopta la conven

Le travail des enfants: un défi à relever

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