Euthanasie, aide au suicide et interruption de traitement
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1. Avant Propos La Commission de r forme du droit a publi son document de travail n 28 intitul Euthanasie aide au suicide et interruption de traitement l automne de l ann e 1982 Depuis cette date elle a proc d une consultation intensive aupr s du public des juristes et des milieux des sciences de Ja sant Elle a particip de nombreux s minaires conf rences et colloques sur la question au cours desquels elle 8 eu l occasion de discuter des positions prises par elle dans ce document et de confronter ses id es celles des autres Enfin elle a re u du Canada et de l tranger un grand nombre de commentaires de suggestions et de critiques qui lui ont permis de r valuer certaines des positions qu elle avait prises alors Il convient d ailleurs d exprimer publiquement les sinc res remerciements de la Commission toutes les personnes et tous les organismes qui ont r pondu si g n reusement cet appel de consultation Le pr sent rapport montre bien d ailleurs l importance qu a accord e la Commission aux commentaires et aux suggestions qui lui ont t faits cette occasion Introduction convient avant d entrer dans l examen m me des probl mes complexes reli s l euthanasie l aide au suicide et l interruption de traitement de faire deux br ves remarques introductives La premi re est que les recommandations l gislatives que contient ce r2. Louise Lemelin commissaire Ct DEN Alan D Reid commissaire Joseph Maingot c r commissaire La Commission Francis C Muldoon c r pr sident R jean F Paul c r vice pr sident Louise Lemelin c r commissaire Alan D Reid commissaire Joseph Maingot c r commissaire Secr taire Jean C t B A B Ph LL B Coordonnateur de la section de recherche sur la protection de la vie Edward W Keyserlingk B A B Th L Th S S L LL M Conseiller de recherche Jean Louis Baudouin c r B A B C L D J D E S Table des mati res AVANT PROPOS indien ek INTRODUCTION ss PARTIE UN L opportunit de la r forme PARTIE DEUX La r forme propos e 1 L euthanasie niiti A L aspect volontaire Le meurtre par compassion L aide au suicide L interruption de traitement et la renonciation au traitement PARTIE TROIS Sommaire des recommandations et notes explicatives L euthanasie rocni a eea dessertes 11 L aide au suicide HI L interruption de traitement et la renonciation au traitement
3. elle avait alors faite La premi re objection qui a t exprim e avec force par l un de nos correspondants juristes est qu en la mati re il est pr f rable de laisser le droit suivre son cours selon 18 r gle ordinaire La d cision de poursuivre o de ne pas poursuivre prise par le procureur g n ral pourrait parfois tre interpr t e tort comme ayant une certaine connotation politique Dans une question aussi fondamentale de vie et de mort n est il pas inopportun de faire d pendre la tenue d un d bat judiciaire aussi 21 d licat d une d cision qui pourrait tre interpr t e de cette fa on Un autre de nos correspondants nous a propos de soumettre la d cision de poursuivre non pas au procureur g n ral lui m me mais son repr sentant r gional Tout en admettant que cette suggestion permettrait de pallier en grande partie l objection que nous discutons il nous para t cependant qu elle ne permet pas de dissiper compl tement l ambiguit ainsi cr e La seconde objection qui para t aussi tr s s rieuse la Commission est que si la poursuite d pend d sormais de l autorisation du procureur g n ral il a tout lieu de craindre certaines disparit s dans l application de la r gle entre les provinces L encore cette disparit de lavis de nos correspondants qui se sont exprim s sur la question peut donner 1101016551010 que sur une question aussi fondamentale et mettant en jeu d
4. La d cision de traiter ou de ne pas traiter devra continuer d tre prise par le m decin en fonction des circonstances particuli res l esp ce La loi p nale ne lui dira pas plus que maintenant comment il doit parvenir sa d cision ni ne lui num rera pas de fa on exhaustive tous et chacun des facteurs dont il devra tenir compte Elle lui fixera uniquement une r gle de conduite g n rale qu elle juge acceptable et lui indiquera quel type de conduite est permis et quel type est interdit Il importe donc de ne rechercher dans le pr sent rapport ni une sorte de guide de la prise de d cision ni une num ration des crit res qui doivent pr sider cette prise de d cision ni enfin une r ponse facile tous et chacun des probl mes individuels Par contre la Commission est convaincue que les recommandations qu elle propose dissiperont certains malentendus clarifieront de beaucoup la valeur attacher certains principes de base et permettront dans un contexte d j difficile d aider ceux qui doivent prendre ce type de d cision sur une base journali re Ces recommandations ont aussi l effet important de d terminer de fa on plus claire quels sont pratique les droits du patient et ainsi de lui permettre de mieux conna tre ce qu il est en droit d attendre et d exiger de la profession m dicale PARTIE UN L OPPORTUNIT DE LA R FORME Celui qui propose un changement a le devoir dit on de d montrer que ce
5. Toutefois en droit et peut tre plus particuli rement en droit criminel toute r gle doit sur le plan pratique comporter un certain l ment de 0176715101016 surtout lorsqu elle vise des comportements touchant des probl mes aussi importants que la vie ou la mort d un individu La clarification de la l gislation a donc t jug e opportune par la tr s grande majorit des personnes que la Commission a consult es Bien plus plusieurs des personnes qui ont contest la n cessit d une modification des textes actuels ont t oblig es d admettre qu elles ne pouvaient avec une certitude raisonnable pr dire l interpr tation que la jurisprudence pourrait donner certains textes face une situation impliquant une d cision d interruption de traitement dans le contexte de la m decine moderne Ce sentiment de n cessit et m me d urgence de la r forme est partag par les milieux m dicaux hospitaliers et par ceux qui uvrent dans le domaine de la sant Ces personnes peut tre parce que moins habitu es que les juristes lire les textes de lois et les interpr ter nous ont toutes fait remarquer combien les dispositions actuelles du Code criminel leur paraissaient 31010181165 impr cises et floues Elles nous ont galement redit que plusieurs textes actuels notamment les articles 45 et 199 jetaient un doute s rieux sur certaines pratiques m dicales ou hospitali res actuelles en mati re de traitement
6. il est dans l incapacit d exprimer cette pr f rence Sur le plan concret ce principe peut donc se traduire par la r gle que 11 lorsqu un traitement est raisonnable et utile pour pr server la sant ou la vie d un tre humain on doit pr sumer que la volont de celui ci s il avait pu la manifester e t t de le recevoir et non de le refuser Un m decin doit donc traiter un patient admis en tat d inconscience l h pital Ce principe ne consacre pas cependant Vacharnement th rapeutique car d une part cette pr somption n est pas absolue d autre part elle ne s applique que si le traitement est raisonnable et utile Ce premier principe place donc le fardeau de la preuve sur les paules de celui qui pose un geste ne favorisant pas le maintien de la vie humaine Le second grand principe est celui de l autonomie et de l autod termination de personne La Commission qui eu maintes fois l occasion d endosser ce principe continue d tre d avis qu il doit tre respect par le droit moderne L tre humain dans les limites de Fordre public des bonnes m urs et du droit d autrui doit rester maitre de sa destin e Il doit donc avoir le droit par son consentement libre et clair de prendre les d cisions qui le concernent Corr lativement nul ne doit avoir le droit de lui imposer ces d cisions contre son gr La loi doit sanctionner les atteintes au droit l autonomie et a l auto
7. Source L euthanasie aide au suicide et interruption de traitement 37 pages Commission de r forme du droit du Canada 1983 Reproduit avec la permission du ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 2010 RAPIPOIR 1 euthanasie aide au suicide et interruption de traitement 20 Canada 20 RAPPORT EUTHANASIE AIDE AU SUICIDE ET INTERRUPTION DE TRAITEMENT Disponible gratuitement par la poste Commission de r forme du droit du Canada 130 rue Albert 7 tage Ottawa Canada KIA 01 6 ou Bureau 310 Place du Canada Montr al Qu bec H3B 2N2 N de catalogue 131 3 ISBN 0 662 52653 8 R impression 1984 Ministre des Approvisionnements et Services Canada 1983 RAPPORT SUR L EUTHANASIE L AIDE AU SUICIDE ET L INTERRUPTION DE TRAITEMENT Juillet 1983 L honorable Mark MacGuigan c p d put Ministre de la Justice et Procureur g n ral du Canada Ottawa Canada Monsieur le Ministre Conform ment aux dispositions de l article 16 de la Loi sur la Commission de r forme du droit nous avons l honneur de vous soumettre le rapport et les recommandations qui sont le fruit des recherches effectu es par la Commission sur l euthanasie l aide au suicide et l interruption de traitement Veuillez agr er Monsieur le Ministre l assurance de notre tr s haute consid ration Francis C Muldoon c r pr sident R jean F Paul c r vice pr sident
8. changement est souhaitable et constitue une am lioration par rapport la situation ant rieure Les consultations qui se sont d roul es entre la publication du document de travail n 28 et la r daction de ce rapport ont amplement d montr que la r forme ou tout le moins des claircissements en mati re d euthanasie d aide au suicide et d interruption de traitement tait souhait e 18 fois par les juristes par le public et par les diverses personnes uvrant dans le secteur m dical Sans n cessairement reprendre l analyse faite dans le document de travail les avocats les professeurs d universit et les chercheurs qui ont t consult s sont tous d accord pour affirmer que les textes actuels du Code criminel comportent des ambiguit s et des impr cisions qui doivent tre dissip es Le barreau de l une des provinces d ailleurs fait une recommandation formelle cet gard Certains textes comme les articles 14 45 198 199 ou 229 du Code criminel ont t pens s con us et r dig s une poque o les probl mes concrets qu ils visaient r soudre se posaient probablement dans une perspective et un contexte tr s diff rents La m decine n avait s rement pas sa disposition l appareil technologique actuel La notion m me de soins palliatifs scientifiquement organis s tait encore sinon inconnue du moins dans l enfance de l art Enfin la pratique m me de la m decine et de la gestion hosp
9. ne pas traiter un incapable il doit toujours tre possible de fa on assurer la meilleure protection possible celui ci de s adresser un tribunal pour trancher le conflit Tout ce que la Commission veut dire est que sur le seul plan du droit criminel il ne lui appara t pas utile que pour toute d cision de traitement d un incapable un ordre formel et pr alable d un tribunal ou d un organisme quasi judiciaire soit donn Elle n entend toutefois aucunement enlever aux tribunaux leur pouvoir de contr le sur ce type de d cision lorsque le besoin s en fait sentir La seconde solution possible est de laisser les proches parents curateur tuteur gardien etc qui repr sentent l incapable prendre seuls la d cision pour lui Cette solution retient l heure actuelle au Canada l agr ment de plusieurs personnes et organismes La Commission voyait cependant deux dangers la g n ralisation d une telle solution Le premier tait la culpabilisation et le fardeau psychologique extr mement lourd que fait alors supporter des personnes qui ne sont peut tre pas toujours pr tes y faire face Le second tait la possibilit de voir surgir consciemment ou inconsciemment des conflits d int r ts dont l incapable en fin de compte risquerait de faire les frais C est pourquoi la Commission recommandait finalement que la d cision soit une d cision principalement d ordre m dical en estimant qu il ny a pa
10. La Commission a pu constater que ces doutes sont r els s rieux et ont parfois un effet n gatif non n gligeable sur 18 pratique m dicale Hs am nent en effet certains m decins une pratique extr mement conservatrice non par choix mais par n cessit L alternative actuelle nous a dit l un de nos correspondants en parlant de l article 199 est soit d esp rer que la loi ne dit pas vraiment ce qu elle semble dire et donc de pratiquer la m decine comme elle devrait l tre c est dire dans l int r t de l individu 10 soit de croire que la loi dit bien ce qu elle semble dire et alors de pratiquer une m decine de type d fensif qui n est pas toujours dans le meilleur int r t du patient M me si l on supposait pour fins de discussion ces probl mes inexistants sur le plan pratique en raison de l absence presque totale de poursuites judiciaires il reste que l impr cision actuelle des textes cr e un climat de doute et de tension qui n est pas n cessaire et qui peut pour le plus grand bien de tous tre dissip au moins en partie Enfin on nous a fait remarquer que le droit sur des questions aussi importantes ne doit pas parler par nigmes mais au contraire fixer de fa on claire pr cise et dans vocabulaire accessible tous les param tres exacts des conduites licites La Commission est sensible cet argument La Commission estime donc que la r forme propos e est utile oppo
11. andations suivantes qui ont toutes les deux fait l objet d une discussion dans le pr sent rapport La Commission recommande de ne pas l galiser ni d criminaliser sous aucune de ses formes l euthanasie active volontaire et de continuer traiter celle ci comme un homicide coupable La Commission recommande de ne pas faire du meurtre par compassion une infraction distincte de celle de l homicide d une part et d autre part de ne pas formellement reconna tre pour ce type d homicide des modalit s de sentence diff rentes de celles pr vues pour le meutre H L aide au suicide La Commission n est pas en faveur de Ja d criminalisation de l infraction qui consiste aider ou conseiller le suicide Dans le document de travail n 28 elle avait provisoirement fait la recommandation suivante Nul ne peut tre poursuivi pour une infraction pr vue au pr sent article sans l autorisation du procureur g n ral lui m me donn e par crit Pour les raisons mentionn es dans les pages qui pr c dent la Commission a toutefois d cid d omettre cette recommandation La recommandation suivante exprime la position finale de la Commission en mati re d aide au suicide La Commission recommande de ne pas d criminaliser l aide au suicide et de maintenir le texte actuel de l article 224 du Code criminel 33 L interruption de traitement et la renonciation au traitement La Commission recommande que le
12. apport au Parlement s inscrivent nettement et uniquement dans le cadre du droit criminel L objectif premier que s tait fix la Commission et dont le pr sent texte est l aboutissement tait de proc der un examen critique des textes actuels du Code criminel de fa on d terminer s ils taient adapt s ou non aux probl mes modernes r sultant de l volution de la m decine et des d couvertes technologiques r centes La r forme que propose la Commission est donc limit e Elle ne touche en effet que certaines r gles du droit criminel sans n cessairement affecter les autres r gles de comp tence f d rale ou provinciale La r forme n emp che donc aucunement un gouvernement provincial agissant dans la sph re de 565 attributions l gislatives de r glementer comme il l entend certaines autres donn es du probl me Ainsi lorsque 18 Commission exprimait l avis dans le document de travail n 28 que devrait b n ficier d une protection accrue dans la prise de d cisions concernant son propre corps Sa vie et sa mort elle ne faisait que r f rer aux diverses l gislations provinciales qui touchent les r gles de la capacit juridique De m me en sugg rant que le m decin devait en fin de compte avoir l ultime responsabilit de prendre la d cision d interrompre un traitement devenu m dicalement inutile Commission n entendait aucunement exclure que cette d cision puisse tre prise en consul
13. d termination et reconna tre clairement travers ses r gles l existence de ce droit Il est int ressant de constater que dans toutes nos consultations seule une personne s est dite en faveur du traitement forc du patient capable qui refuse un traitement utile En troisi me lieu la r forme doit admettre que la vie humaine n a pas seulement un aspect et un contenu quantitatif mais aussi un aspect et un contenu qualitatif Dans la prise de d cision concernant l opportunit d appliquer ou non un traitement m dical le libre choix des patients lorsqu il s exerce dans le sens d un refus de traitement se fait souvent au nom d une certaine qualit de vie Ce choix de l avis de la Commission doit aussi tre respect La Commission croit que dans le contexte actuel la r gle de droit doit reconna tre le choix libre et clair d un patient de ne pas se soumettre un traitement parce qu il estime que ce dernier le priverait d une qualit de vie ad quate pour le temps qui lui reste vivre Comme il s agit d une d cision fond e sur un jugement de valeur il y a place pour la controverse lorsque le probl me se pose propos d une personne qui est incapable d exprimer ses volont s par suite d un d faut d ge 12 d inconscience ou d un handicap mental Comme le soulignait la Commission dans le document de travail la loi doit pr voir des mesures sp ciales de protection pour 1 11008108016 D ailleur
14. document de travail en ajoutant que les textes cit s ne devaient pas tre interpr t s comme obligeant un m decin interrompre les soins palliatifs d j commenc s Le texte exprime simplement l id e que le devoir du m decin lorsqu il ne peut plus rien pour son patient est de lui fournir les soins palliatifs appropri s S il le fait l usage de drogues de m dicaments ou de traitements anti douleur est l gal et l gitime m me si l administration de ceux ci peut avoir pour effet de raccourcir l expectative de vie du patient La m me remarque sur le plan de la r daction du texte que celle faite propos de l article 199 1 s applique ici 37
15. e devrait pas tre l galis Tous les commentaires de tr s rares exceptions pr s ont 17 endoss la position de principe prise par la Commission sur le sujet Un pays comme le Canada ne saurait sans renier la fois sa tradition et ses fondements sociaux mettre sur pied en lui accordant le fiat de la loi un syst me d euthanasie active m me volontaire On argumentera sans doute que si l individu est ma tre de son propre corps il devrait avoir le droit d exiger de la soci t que quelqu un mette fin sa vie dans l hypoth se o cette vie en est une de souffrances Nous n entendons pas reprendre ici tout ce d bat dont nous avons explor le pour et le contre en d tail dans le document de travail L galiser euthanasie appara t inacceptable la Commission parce que sanctionnant indirectement un meurtre parce que dangereux sur le plan de ses effets parce que moralement et juridiquement inacceptable et enfin parce que contraire au consensus le plus large de la population canadienne La Commission croit qu il existe l heure actuelle des r ponses positives au probl me pos par la souffrance des malades en phase terminale Le d veloppement des soins palliatifs la recherche des m thodes de contr le effectif de la douleur sont des r ponses beaucoup plus saines au probl me que l euthanasie active sur demande Admettre que l euthanasie active puisse tre l galis e directement ou indirectement est ouv
16. es d cisions le concernant S il a exprim sa volont d interrompre un traitement d j entrepris ou de ne pas se soumettre ce traitement sa volont est souveraine Le m decin doit donc la respecter L expression de cette volont est une question de fait Le patient peut l exprimer verbalement ou par crit par exemple par le biais d un testament de vie lequel sans avoir v ritablement force et effet juridiques peut servir d expression de sa volont La sanction que le m decin pourrait se voir imposer s il passait outre est d j contenue dans divers textes du Code criminel 1 pourrait en tout cas tre accus de voies de fait Le second alin a nonce le principe que le m decin ne pourra tre poursuivi en vertu des dispositions du Code criminel s il cesse d administrer un traitement ou d cide de ne pas entreprendre l administration d un traitement qui dans les circonstances de l esp ce est th rapeutiquement inutile et n est pas dans l int r t de la personne Ainsi en serait il par exemple de la continuation de la ventilation artificielle chez un patient qui a d j subi un arr t irr versible de ses fonctions c r brales Ainsi en serait il galement du m decin qui pour viter de protonger l agonie d un de ses patients en phase terminale d cide d interrompre l administration d antibiotiques destin s soigner la pneumonie dont c patient est atteint Ainsi en serait il galement du chi
17. es principes de base aussi importants le droit varie de province en province et donc que la vie n a pas la m me valeur d un bout l autre du Canada Enfin sur le plan pratique la Commission consid re tant donn l absence pratiquement totale de poursuites que le fait d exiger cette condition suppl mentaire pourrait quivaloir tout simplement abroger dans les faits l incrimination Or de l avis de la Commission pour les raisons exprim es dans les lignes qui pr c dent et dans le document de travail l incrimination doit subsister La Commission recommande donc de maintenir le texte actuel de l article 224 du Code criminel L interruption de traitement et la renonciation au traitement La Commission tout d abord a constat que la proposition qu elle a faite une premi re fois dans son document de travail n 26 et qu elle a renouvel e dans son document de travail n 28 rencontre l approbation unanime Toute personne capable doit avoir le droit de refuser un traitement quel qu il soit et d exiger 22 qu un traitement entrepris soit interrompu de fa on temporaire ou d finitive En d autres termes un traitement doit jamais tre impos une personne capable contre son gr Il est entendu cependant que le devoir du m decin dans un tel cas est de bien informer le patient des choix qui lui sont ouverts et des cons quences de ces choix Le consentement donn au traitement o
18. fs et qu il importe donc l aussi de s assurer du consentement du patient ou de ceux qui sont responsables pour lui des d cisions le concernant Les soins palliatifs en effet restent soumis toutes les r gles du traitement m dical sur le plan de leur caract re raisonnable et du consentement Certains de nos correspondants nous ont fait remarquer que le libell du texte portant sur les soins palliatifs figurant la page 81 du document de travail n 28 pouvait pr ter ambigu t La Commission est tout fait d accord avec cette observation En effet les dispositions actuelles du Code criminel ne devraient pas emp cher un m decin lorsque la chose est n cessaire 23 d entreprendre ou d interrompre des soins palliatifs uniquement parce que ce fait peut avoir un effet sur de vie du patient La nouvelle r daction de l article 199 2 qui est propos e tient manifestement compte de cette suggestion La Commission recommande donc qu il soit pr cis dans le Code criminel qu un m decin ne puisse pas tre tenu criminellement responsable du seul fait qu il entreprenne ou qu il continue ladministration de soins palliatifs pour liminer ou supprimer les souffrances d une personne pour la seule raison que ceux ci peuvent avoir une influence sur l expectative de vie de cette derni re Enfin il est clair si toutefois des nombreuses personnes que nous avons consult es es
19. itali re tait tr s diff rente de ce qu elle est maintenant Ces textes r dig s en termes g n raux taient cependant aptes faire face aux probl mes de l poque pour laquelle ils ont t con us Par contre il n ont pas t compl t s comme ils auraient probablement d l tre par des dispositions permettant de mieux les adapter aux r alit s nouvetles La Commission estime donc que ces textes ont besoin d tre r valu s la lumi re des donn es modernes et r adapt s si n cessaire Les consultations auxquelles la Commission a proc d l ont confirm e dans cette id e Comme l a st bien fait observer l un des juristes qui a valu le document n 28 le l gislateur actuel a le devoir d indiquer de fa on plus pr cise aux juges et aux tribunaux les lignes directrices de la politique juridique en la mati re et ne doit pas simplement leur laisser le soin de tenter de deviner celle ci travers des textes datant d une autre poque De plus les textes actuels autour desquels les suggestions de r forme s articulent n ont jamais v ritablement fait l objet d une interpr tation jurisprudentielle claire et concert e dans le cadre des questions touchant la vie et la mort Il est certes possible de discuter longuement sur le plan th orique de l interpr tation que la jurisprudence pourrait donner ou ne pas donner 4 tel ou tel article du Code ou tel ou tel mot L exercice est int ressant et stimulant
20. l me est difficile et la Commission est particuli rement reconnaissante ceux de ses correspondants qui l ont clair e soit au niveau des principes soit en lui soumettant pour tude certains cas types La Commission soulignait dans son document de travail que trois syst mes taient possibles en mati re de consentement au traitement ou l interruption de traitement d une personne incapable de prendre cette d cision elle m me et annon ait qu elle prendrait une position d finitive sur la question dans son rapport au Parlement Le premier syst me est celui que l on peut d signer sous le vocable de mod le judiciaire La d cision dans ce cas serait prise soit par un juge professionnel soit par un organisme quasi judiciaire comme un comit hospitalier La tr s grande majorit de nos correspondants se sont prononc s contre Vinstitutionnalisation d un tel syst me le jugeant lourd complexe et surtout inapte r pondre au type de d cision qui doit tre prise Le mod le d cisionnel id al dans un tel cas est en effet un mod le qui cherche d gager un consensus parmi un certain nombre de personnes le m decin les professionnels de 18 sant la famille les proches et non un mod le de confrontation de type 26 contradictoire Le rejet d un tel syst me ne signifie pas cependant l limination de tout recours aux tribunaux bien au contraire Si quelqu un s oppose ou conteste la d cision de traiter ou de
21. mettre l accent sur le caract re exceptionnel que devraient avoir les poursuites de ce genre la Commission recommandait que celles ci ne puissent tre prises qu avec l autorisation expresse du procureur g n ral Cette recommandation a suscit un vif d bat parmi les personnes que nous avons consult es ou qui nous ont fait parvenir leur r action et leurs observations deux exceptions pr s tous nos correspondants se sont dits d accord pour maintenir dans le Code l infraction d aide au suicide Si crit l un d entre eux il est possible de sympathiser avec celui qui aide un proche ou un ami en phase terminale mettre fin ses jours cette sympathie ne doit pas n cessairement se transformer en approbation de la l galit de Pacte De plus il existe d autres cas moins sympathiques o l aide au suicide est apport e pour des motifs beaucoup moins nobles et qui m ritent la sanction de la foi La Commission endosse cette fa on de voir et ne recommande pas la d criminalisation de l aide au suicide Qu en est il cependant de la suggestion l effet d assortir la poursuite de l autorisation crite du procureur g n ral Contrairement ce que la Commission pr voyait au moment de la r daction du document de travail cette suggestion s est heurt e une vive opposition Les raisons principales invoqu es au soutien de celle ci ont d ailleurs amen la Commission r viser sa position et retrancher la suggestion qu
22. n document de travail La d cision de traiter ou de ne pas traiter doit tre prise en fonction de l int r t de celui ci et des donn es m dicales pertinentes chaque esp ce et non pour des motifs d eug nisme Encore une fois pour reprendre l exemple qu elle donnait il semble Ja Commission du devoir le plus strict du m decin de proc der la chirurgie corrective de l atr sie du tube digestif chez un nouveau n trisomique si les risques de l op ration sont acceptables et si mis part l existence de la trisomie 21 celui ci ne pr sente pas d autres affections incurables La d cision doit donc tre fonction du caract re curable ou non de l affection et de la qualit de vie de la personne de la m me fa on et selon les m mes r gles que pour le patient adulte L enfant raison des malformations qu il a est il dans l tat actuel de la science m dicale d j engag dans le processus de mortalit qu il doit alors tre trait de la m me fa on que traiterait un adulte conscient ou inconscient en phase terminale L enfant peut il au contraire b n ficier d un traitement qui pourrait lui offrir l espoir raisonnable d une qualit de vie acceptable qu il doit alors tre trait La Commission est parfaitement consciente de l ambiguit qui entoure la notion de qualit de vie acceptable Elle constate simplement que pour le patient adulte la r solution de ce dilemme para t pr senter en p
23. nes hypoth ses que l accus enregistre un plaidoyer de culpabilit une infraction moindre II nous semble ensuite que l on doive faire confiance au syst me de proc s que nous connaissons et notamment aux valuations et verdicts des jur s Enfin il n est pas s r que les autorit s dans des cas vraiment exceptionnels d cident de porter des accusations La Commission recommande donc de ne pas faire du meurtre par compassion une infraction distincte de celle de l homicide d une part et d autre part de ne pas formellement reconna tre pour ce type d homicide des modalit s de sentence diff rentes de celles pr vues pour le meurtre L aide au suicide La premi re chose qu il importe de signaler ici est que l un de nos correspondants a port notre connaissance une poursuite qui a d j t prise en vertu de l article 224 du Code criminel contre un Inuit il y a une vingtaine d ann es dans le Grand Nord canadien L accus avait aid Pun de ses parents g s charger une carabine avec laquelle ce dernier s tait finalement suicid 20 L accus trouv coupable b n ficia cependant d un sursis de sentence Les recommandations provisoires de la Commission taient l effet que le l gislateur se devait de conserver l infraction d aide au suicide m me si elle tait rarement appliqu e en pratique Pour renforcer encore davantage cependant le syst me de r serve actuelle et
24. ommission de r forme du droit posait trois questions fondamentales 1 Le l gislateur doit il l gatiser ou du moins d criminaliser l euthanasie active 2 Le l gislateur doit il d criminaliser l aide au suicide en abrogeant l article 224 du Code criminel 3 Le l gislateur doit il intervenir dans le cadre des articles 14 45 198 199 et 229 pour pr ciser les limites de la l galit du refus et de la cessation du traitement m dical D une fa on g n rale la consultation qua tenue la Commission a r v l que la tr s grande majorit de nos interlocuteurs ont trouv que ces trois questions taient bien pos es et cernaient les probl mes principaux Il s agit donc ici de les reprendre l une apr s l autre en faisant tat des critiques des objections et des oppositions de nos consultants de fa on proposer au Parlement les recommandations finales de la Commission I L euthanasie Le mot euthanasie renferme certaines ambiguit s qu il est difficile de dissiper compl tement Il convient donc de pr ciser davantage ce que nous entendons ici Nous entendons par euthanasie et pour les fins de ce document seulement lacte de mettre fin la vie d une personne par compassion lorsqu un processus de mort est d j en cours ou lorsque les souffrances sont devenues insupportables A L aspect volontaire La Commission demeure convaincue que m me lorsqu un patient demande tre tu un tel acte n
25. on dont il parvient celle ci les conseils dont il peut s entourer la participation d autres personnes la prise de d cision ne sont pas du ressort des textes de responsabilit criminelle qui ne peuvent encore une fois qu dicter un standard g n ral de conduite Rien ne doit emp cher non plus comme ce fut le cas dans l affaire Dawson de recourir un tribunal de fa on pr ventive pour faire v rifier la pertinence et la l galit d une d cision m dicale surtout lorsqu il y a manifestement conflit d opinion entre les int ress s sur ce que devrait tre la d cision finale 28 Par contre comme c est le m decin qui porte sur ses paules le poids fort lourd d une ventuelle responsabilit p nale il n est que justice de tenter de clarifier pour lui les dispositions fort ambigu s du Code criminel actuel C est ce que les textes propos s visent faire La Commission recommande donc que le m decin n encoure pas de responsabilit criminelle s il d cide d interrompre ou de ne pas entreprendre un traitement chez un incapable lorsque le traitement n est plus th rapeutiquement utile et n est pas dans le meilleur int r t de la personne 29 PARTIE TROIS SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS ET NOTES EXPLICATIVES 1 L euthanasie La Commission n est pas en faveur de la l galisation de Peuthanasie sous aucune de ses formes C est l l opinion exprim e dans les deux recomm
26. pl mentaire que l interruption de traitement n aille pas l encontre du meilleur int r t de la personne Pour prendre une illustration il peut tre du meilleur int r t d un mourant pour lequel le traitement ne peut plus rien de continuer recevoir celui ci pour lui permettre par exemple de revoir une derni re fois un tre cher de pr parer un testament ou de mettre certaines de ses affaires en ordre En quatri me lieu nous avons cru bon la suite d une remarque qui nous a t faite de supprimer dans le second alin a la phrase moins que cette personne n ait exprim sa volont du contraire Cette phrase en effet aurait pu tre mal interpr t e comme signifiant qu un m decin qui refuserait de consentir la demande expresse du patient de lui appliquer un traitement m dicalement contre indiqu dans les circonstances pourrait de ce seul refus tre tenu criminellement responsable Sur le fond ce texte consacre donc les recommandations principales de la Commission Les diff rents textes num r s dans 35 l article propos des degr s divers et pour des raisons vari es peuvent soulever des difficult s d interpr tation quant l obligation du m decin de traiter ou de ne pas traiter Le texte propos sans changer le droit actuel vise clarifier cette obligation Le premier alin a contient tout simplement l expression de la r gle de droit actuel Le patient est ma tre d
27. ratique m dicale moins de difficult s Elle 25 admet aussi qu il y l essentiellement une question de fait d pendant donc de chaque cas individuel et chappant toute g n ralisation et une question de sagesse du jugement m dical fond sur l exp rience scientifique mais aussi sur la consultation avec le conjoint la famille et les proches La loi criminelle n est cependant pas l pour dire au m decin comment il doit agir dans tous et chacun des cas d esp ce Elle est l simplement pour sanctionner les abus C est donc la jurisprudence dans chaque cas particulier qu il appartiendra de d terminer si la d cision prise tait raisonnable et acceptable dans les circonstances particuli res Une d cision qui ne ferait que prolonger l agonie ne serait pas de de la Commission une d cision raisonnable non plus que celle qui obligerait la personne qu elle soit nouveau n e ou adulte subir une s rie d op rations ou de traitements exceptionnels entra nant de grandes souffrances pour aboutir en fin de compte une qualit de vie m dicalement non acceptable Par contre la seule pr sence d un handicap physique ou mental m me s rieux chez un nouveau n ne doit pas tre un pr texte un refus de traitement bas au fond sur un crit re eug nique En troisi me lieu il convient d aborder le probl me du consentement substitu pour les personnes incapables d exprimer leur volont Le prob
28. rir une porte aux abus et donc indirectement m priser la valeur de la vie humaine La Commission recommande donc de ne pas l galiser ni d criminaliser sous aucune de ses formes l euthanasie active volontaire et de continuer traiter celle ci comme un homicide coupable B Le meurtre par compassion Comme l crivait la Commission dans le document de travail n 28 trois choix sont possibles en mati re d homicide lorsque le motif principal qui anime son auteur est la compassion envers une personne qui souffre le statu quo la cr ation d une cat gorie sp ciale d homicide l insertion d une disposition particuli re visant att nuer les rigueurs de la sentence La Commission a re u sur ce sujet de tr s nombreux commentaires Aucun n est favorable une d criminalisation compl te de l acte Les r ponses favorisant l une ou l autre de ces 18 trois solutions sont en nombre peu pr s quivalent m me si les raisons invoqu es sont de nature fort diverse Les partisans de la premi re et de la troisi me option s entendent sur une chose la cr ation d une infraction sp cifique doit tre r solument cart e Les motifs invoqu s au soutien de cette opinion varient Certains argumentent que faire du meurtre par compassion une infraction sp cifique est ouvrir la porte de nombreux abus puisque tenir compte de la motivation au niveau des l ments de l infraction est entrer dans un probl me de preu
29. rtune et correspond un v ritable besoin Il ne s agit pas ici toutefois comme on a pu le constater d un bouleversement complet des r gles de droit traditionnelles mais beaucoup plus d un r am nagement de celles ci et d un compl ment n cessaire leur apporter La r forme propos e ne mettra s rement pas fin toutes les possibilit s de conflits Il serait illusoire de le penser La Commission pense cependant que la r forme aura atteint son objectif principal si ces textes permettent tous les canadiens de mieux comprendre les limites de la conduite qu ils peuvent avoir et aux tribunaux d tre mieux clair s sur les grands principes la base de la nouvelle politique l gislative ainsi exprim e Ces grands principes ont t longuement discut s dans le document de travail n 28 de m me que dans d autres documents publi s par la Commission de r forme du droit dans la s rie sur la protection de la vie Il convient simplement de rappeler bri vement ces principes Le premier est la pr somption qui dans le cadre du traitement m dical doit tre reconnue en faveur de la vie Notre droit consid re la vie humaine comme une valeur fondamentale La r forme doit donc tre centr e sur cette valeur Le syst me de r gles propos ne doit donc jamais partir du principe que le patient ne d sire pas continuer vivre mais au contraire que toutes choses tant gales il pr f re la vie la mort m me s
30. rurgien qui d cide de ne pas op rer un nouveau n pour une malformation parce que celui ci m me si l op ration r ussissait ne pourrait survivre aux autres malformations dont il est afflig Comme on le notera ce texte ne fait aucune diff rence entre la personne capable de consentir et l incapable pour les raisons que la Commission a expos es De plus le texte ne dit pas comment le m decin doit prendre sa d cision et qui il peut ou devrait alors consulter Pour se conformer la norme du droit criminel en effet peu importe la fa on dont il atteint sa d cision 36 du moment qu il peut d montrer qu elle tait th rapeutiquement appropri e dans les circonstances prise dans le meilleur int r t de la personne et non contre sa volont 199 2 Rien dans les articles 14 45 198 199 et 229 ne doit tre interpr t comme emp chant un m decin d entreprendre ou l obligeant interrompre l administration de soins palliatifs et de mesures destin es liminer ou att nuer les souffrances d une personne pour la seule raison que ces soins ou ces mesures sont susceptibles de raccourcir l expectative de vie de cette personne Ce texte comme il a t expliqu plus haut vise lever un doute en mati re d administration des soins palliatifs La Commission la suggestion extr mement pertinente d une organisation m dicale d une des provinces a modifi l g rement le texte propos dans le
31. s se sont au contraire farouchement oppos s tout changement Un changement soit au niveau de la d finition de l infraction soit celui de la sentence serait ont ils argument accepter une d valuation de la vie humaine Le motif qui est cependant revenu le plus souvent est celui des dangers qu un affaiblissement de ligne l gislative pourrait entra ner Les tenants de cette premi re option sont d avis que c est ouvrir grande la porte aux abus de toute sorte 19 Comme elle l exprimait dans le document de travail la Commission estime que la recherche d une solution juste et quitable en la mati re n est pas facile Tous les arguments invoqu s au soutien de l une ou l autre des options se d fendent et finalement la solution du moins au niveau individuel se ram ne une question d opinion personnelle Le choix doit cependant se faire au niveau de la politique l gislative d ensemble du droit criminel Tout bien consid r la Commission se range l avis de ceux qui estiment que le droit sur ce point ne doit pas tre modifi et que le meurtre par compassion ne devrait pas tre pr vu dans une infraction distincte ou incluse ni entrainer de droit une r duction l gislative de la sentence On ne doit pas oublier en effet que notre syst me de droit comporte des m canismes de r gulation interne qui contrebalancent l apparente s v rit d une telle r gle II est possible tout d abord dans certai
32. s toutes les provinces l heure actuelle ont effectivement des dispositions pr cises pour l exercice de ce que les juristes appellent le consentement d l gu 1 n appartient pas la Commission de rentrer dans l examen de ces divers textes ou de substituer son jugement celui des l gislateurs provinciaux Sur le plan du droit criminel la Commission ne peut tout simplement que poser une r gle ou un standard g n ral de conduite L incapable dans chaque province du Canada a plusieurs fa ons de faire valoir ses droits lorsqu il existe une menace qu ils ne soient pas bien respect s De plus la d finition m me de ce que constitue une incapacit l gale est susceptible de varier d une province une autre La Commission veut viter surtout en mati re de traitement que l impossibilit d exprimer un consentement direct pour le malade ne devienne l quivalent d une obligation l gale pour le m decin de s engager dans l acharnement th rapeutique Si la qualit de la vie est une valeur dont la loi doit tenir compte cette valeur doit aussi tre respect e lorsque a affaire un incapable Tels sont encore une fois bri vement r sum s les grands principes que la Commission a identifi s dans le projet de loi qu elle pr sentait dans son document de travail n 28 Les mois de consultation ont r v l qu au Canada il existe l heure actuelle un large consensus autour de ceux ci Les divergences qui peuven
33. s en la mati re de solution id ale et que cette option reste tout bien consid r la moins mauvaise de toutes Il faut remarquer cependant que le rejet de la seconde solution au niveau de la politique l gislative de base ne signifie naturellement pas l exclusion compl te de ces personnes dans la prise de d cision Bien au contraire m me si le m decin devait rester l ultime responsable aux yeux de la loi de la d cision celle ci doit n cessairement tre prise apr s discussion explication et consultation de l entourage du patient Cette option que maintient d ailleurs la Commission dans ses recommandations finales m rite cependant d tre expliqu e La Commission tout d abord ne se prononce pas et en fait n a pas le pouvoir de se prononcer sur l ensemble de la question Beaucoup d aspects du traitement m dical des incapables rel vent en effet en partie ou en exclusivit de la l gislation provinciale 27 Chaque province conna t des dispositions particuli res touchant les droits des enfants la protection qui doit leur tre accord e la r glementation du pouvoir des parents des tuteurs et des curateurs Il est donc vident que la Commission de r forme du droit ne peut se prononcer sur le fond des dispositions de droit provincial La seule et unique question que la Commission doit donc se poser est la suivante quand une personne peut elle tre tenue criminellement responsable d avoir interrompu o
34. s modifications suivantes soient apport es au Code criminel 199 1 Rien dans les articles 14 45 198 199 et 229 ne doit tre interpr t comme cr ant une obligation pour un m decin a de continuer administrer ou d entreprendre un traitement m dical lorsque la personne a laquelle ce traitement s adresse a exprim sa volont du contraire b de continuer administrer ou d entreprendre un traitement m dical lorsque ce traitement est devenu th rapentiquement inutile dans les circonstances et n est pas dans le meilleur int r t de la personne laquelle il s adresse Ce texte est dans l ensemble comparable celui que la Commission avait sugg r dans le document de travail n 28 Les quelques modifications qui y ont t apport es m ritent un bref commentaire Sur le plan de la forme tout d abord et en premier lieu une mention de l article 229 a t ajout e suite la suggestion d un groupe d avocats L article 229 du Code criminel cr e une infraction d administrer quelqu un un poison ou une substance d l t re M me s il est douteux que ce texte trouverait son application en mati re m dicale il a t jug plus prudent de l ajouter La r daction de ce texte 8 t faite dans la perspective du Code criminel actuel En cas de r forme globale de celui ci le texte pourrait se lire de fa on identique en rempla ant simplement le d but de celui ci par les termes
35. suivants Rien dans le pr sent Code ne doit tre interpr t 34 En second lieu on remarquera la disparition de l adverbe clairement dans les deux alin as du texte propos Les repr sentants du barreau d une des provinces nous ont effet convaincu que cet adverbe n ajoutait rien et risquait m me de susciter le cas ch ant des difficult s d interpr tation Nous Pavons par cons quent omis dans la version d finitive En troisi me lieu beaucoup de nos correspondants ont critiqu l utilisation de l expression traitement m dicalement inutile comme ayant un caract re nettement p joratif et v hiculant l id e que la m decine puisse avoir comme r gle de conduite l acharnement th rapeutique Un traitement m dical utile peut devenir par la suite inutile sur le plan th rapeutique C est pour mieux exprimer l id e de ce continuum dans le traitement d une part et d autre part pour souligner l id e qu un moment pr cis ce m me traitement peut tre devenu inapte gu rir ou soulager le patient que nous avons d cid de changer le texte et d y substituer l expression traitement devenu th rapeutiquement inutile dans 165 circonstances le mot th rapeutiquement est employ ici dans son sens courant Il y a th rapie lorsque l intervention permet de gu rir ou de soulager le patient Dans ce m me membre de phrase nous avons galement ajout comme condition sup
36. sulte en plus la famille du patient de fa on formelle ou obtienne l avis d un autre m decin La Commission a d ailleurs pu constater que la pratique hospitali re de m me que les r gles tablies par les diff rents codes d thique vont dans ce sens La seconde remarque importante qu il convient de faire dans cette introduction tient plus de la mise en garde Le droit p nal tablit des standards de conduite pour l ensemble des citoyens C est un instrument relativement grossier en tant que guide de conduite parce qu il ne tient pas toujours compte des caract ristiques individuelles Le fait que la Commission propose certains amendements au Code criminel actuel ne veut pas dire qu une fois ces r formes adopt es le m decin l infirmier ou l infirmi re l h pital le juriste ou le simple citoyen trouvera un guide sp cifique lui permettant de r gler sans difficult s chaque cas particulier En mati re de vie et de mort de consentement aux actes pos s sur le corps humain de d cisions d interrompre un traitement chaque cas demeure un cas d esp ce qui d fie toute g n ralisation sauf au niveau des principes Telle solution appliqu e tel cas ne peut pas n cessairement tre consid r e comme valable dans telle autre instance C est donc s illusionner que de croire que le droit p nal peut par une simple r forme l gislative offrir une sorte de mode d emploi en mati re de prises de d cisions m dicales
37. t appara tre et dont nous reparlerons plus loin se manifestent davantage au niveau de leur application Ainsi certains estiment que le principe de l autonomie de la personne est tellement important qu il devrait justifier le droit d une personne d exiger qu on l aide commettre le suicide et donc entra ner 1 d criminalisation compl te de cet acte En terminant cette premi re partie du rapport i convient encore une fois d insister sur le r le pr cis et v ritable de la r forme l gislative Pour cette question comme pour bien d autres nul ne doit attendre du l gislateur un guide pr cis complet et d finitif sur la fa on dont on doit se comporter ni un mode d emploi qui permettrait presque automatiquement un m decin par exemple de dire s il peut ou non interrompre un 13 traitement Tout ce que le juriste ou le professionnel de la sant ou le patient ou le public est en droit d attendre du l gislateur ce sont des balises indiquant le chemin suivre et celui qu il est d fendu d emprunter Les circonstances particuli res chaque esp ce l individualit de chaque cas doivent au regard 0655 655 g n rales tre laiss es l appr ciation des tribunaux saisis d une poursuite p nale bas e sur ces textes lorsqu ils estiment la conduite de l accus non conforme au mod le g n ral pr vu par le l gislateur PARTIE DEUX LA R FORME PROPOS E Dans son document de travail la C
38. t repr sentative de celle de l ensemble des citoyens canadiens en g n ral que souhaite lever l ambigu t involontairement cr e la r daction actuelle du texte de l article 199 qui dans son interpr tation litt rale para t imposer une obligation absolue au m decin de continuer traiter d s qu il a entrepris de le faire m me 51 le traitement est devenu inutile ou d raisonnable Sur cette question aussi les textes propos s par la Commission ont re u sous r serve de certaines observations de forme l appui et le soutien de nos consultants La Commission recommande done une modification l gislative au Code criminel de fa on lever 178110101810166 cr e par certains des textes actuels et plus particuli rement par l article 199 Les discussions les plus longues et les plus complexes se sont centr es autour des probl mes pos s par la non initiation ou l interruption de traitement chez les personnes qui par d faut d ge inconscience ou par suite d un handicap mental quelconque sont incapables de donner un consentement valable La r cente affaire Dawson en Colombie Britannique a d ailleurs contribu alimenter le d bat et a s rement fait prendre davantage conscience au public de la complexit des enjeux I convient donc ici de reprendre de fa on syst matique les principes g n raux qui doivent pr sider aux esquisses de solution de ce probl me fort complexe En premier lie
39. tation avec les proches la famille ou les amis du patient La t che de la Commission est en effet de formuler des recommandations sur l ensemble du droit f d ral et particuli rement en droit criminel Pour ce qui est de ce dernier la 3 Commission entend tout simplement fixer d une fa on aussi claire que possible la fronti re de ce qui lui para t tre humainement et socialement acceptable Elle entend proposer un standard de conduite minimal qui ne peut tre transgress sans du m me coup tre sujet une sanction ayant pour but de rappeler l existence des valeurs fondamentales reconnues par la loi 1 n est dans l optique de cette r forme ni de chercher par exemple r glementer proc dure de la prise de d cision en mati re de cessation de traitement ni d emp cher les individus ou les institutions de mettre sur pied des m canismes permettant d assurer non pas un respect minimal des r gles mais au contraire un d veloppement optimal des valeurs incarn es Pour reprendre l exemple cit plus haut la Commission en recommandant qu un m decin ne puisse tre consid r comme commettant un acte criminel parce qu il interrompt un traitement jug m dicalement inutile fixe une norme minimale de responsabilit p nale Cette r gle ne doit pas emp cher tel ou tel h pital d tablir un comit consultatif sur la question ou d exiger dans ses r gles d thique ou de r gie interne que le m decin con
40. u son interruption se doit de suivre les prescriptions trac es par la jurisprudence notamment tre libre et clair Si cette exigence est satisfaite les raisons personnelles qui poussent l individu accepter ou rejeter telle ou telle intervention ne doivent pas tre remises en question par la loi et la libert individuelle de choix doit tre respect e par tous Certains souhaitent que ce principe soit reconnu de fa on formelle et expresse par le l gislateur dans le Code criminel bui m me La chose est videmment possible et la formulation de la r gle facile Le premier paragraphe du texte l gislatif propos le fait Sur le plan pratique toutefois et dans le cadre du Code criminel actuel il n a pas t jug opportun de formuler en plus un texte sp cifique d incrimination Le traitement forc ou la continuation d un traitement d j entrepris contre la volont du patient constitue en effet des voies de fait infraction d j pr vue et sanctionn e par les dispositions appropri es du Code criminel De plus sur le plan du droit civil l acte est une faute pouvant donner naissance des recours civils Notre seconde recommandation touchant les soins palliatifs a aussi re u l approbation unanime Certains nous ont m me dit qu elle constituait la recommandation la plus importante de l ensemble du document On nous a fait remarquer avec justesse que les soins palliatifs peuvent parfois tre tr s agressi
41. u la Commission apr s consultation aupr s des divers organismes qui s occupent des personnes souffrant d un handicap mental est convaincue de la justesse de l affirmation 24 pr liminaire qu elle faisait dans son document de travail La 101 se doit d viter tout effet discriminatoire m me involontaire l gard de ces personnes L incapacit de consentir d un individu ne doit pas servir de base pour lui nier les droits reconnus aux personnes capables Dans le contexte de notre discussion ce n est donc pas parce qu une personne souffre d incapacit que le m decin doit obligatoirement tre forc de continuer un traitement th rapeutiquement inutile ou d entreprendre celui ci lorsque le seul effet est de prolonger inutilement l agonie La personne incapable comme toute autre personne a le droit de mourir dans la dignit et entour e des soins palliatifs n cessaires Le droit doit par cons quent carter ou du moins r duire toute diff rence entre la personne capable et la personne incapable La cessation ou la non initiation d un traitement m dical inutile ou inappropri ne doit pas tre sanctionn e par la loi criminelle ni dans un cas ni dans l autre L acharnement th rapeutique qui n est pas la r gle dans le cas du patient capable ne doit pas le devenir dans le cas de 171100808016 En second lieu pour ce qui est des nouveau n s la Commission r it re aussi la position qu elle a adopt e dans so
42. u de ne pas avoir initi un traitement m dical chez un incapable La r ponse que la Commission croit devoir donner cette question est la suivante la responsabilit ne doit pas tre engag e si cette interruption ou cette non initiation est bas e sur une d cision m dicale valable c est dire raisonnable dans les circonstances prise dans le meilleur int r t de l incapable et conforme aux autres formes du droit criminel L exigence que formule la Commission est donc une exigence minimale n cessaire pour fixer un standard acceptable de responsabilit p nale Cette exigence n est toutefois que minimale Elle n emp che donc nullement bien au contraire l adoption de formules plus sophistiqu es aptes accorder l incapable une protection accrue Certaines peuvent tre donn es titre d exemples La d cision doit tre formellement prise par le m decin sur la base de son expertise m dicale mais elle peut et devrait l tre apr s consultation avec le tuteur le curateur le conseil de famille la famille e conjoint les proches Elle peut aussi tre prise apr s qu une seconde consultation m dicale ind pendante ait t demand e Elle peut r sulter de la d cision d un comit hospitalier interdisciplinaire Tout ce que la loi criminelle doit chercher v rifier ici c est si le m decin a pris une d cision raisonnable eu gard son expertise aux donn es m dicales et aux circonstances La fa
43. ve extr mement complexe Le probl me est en effet de d terminer avec pr cision la puret des intentions du d linquant C tte recherche est de l avis de certains au mieux futile et au pire compl tement illusoire La Commission ne partage pas n cessairement cette opinion Elle croit et d ailleurs le droit criminel actuel le d montre qu il est possible m me si la chose peut tre difficile de prouver judiciairement avec certitude le motif qui animait un accus Cr er une infraction particuli re pour le meurtre par compassion est une solution techniquement compatible avec le droit actuel Une toute autre question cependant est de savoir si la chose est opportune eu gard notre tradition Comme le note l un de nos correspondants faire du meurtre par compassion une autre forme d homicide n est pas vraiment une solution puisque sur le plan pratique un nouveau texte risque de cr er des difficult s certaines d application Comment en effet distinguer sur le plan des faits le meurtre ordinaire du meurtre par compassion au niveau des l ments constitutifs de l infraction si la seule v ritable diff rence entre les deux se situe non dans l intention de tuer mais dans la preuve du motif Un groupe de juristes consult s a sugg r pour r gler le probl me d en faire une infraction moindre incluse dans celle d homicide coupable Beaucoup de nos correspondants surtout parmi ceux qui ne sont pas juriste
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