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EC95 (pdf - 1,73 Mo) - Fondation Jean

1. Jean Jaur s PE gt Fondation se faire Sof Revue n 95 d cembre 2009 BIELIQTH QUE de CATIES TRANGFERER ABTHHEMENT ean jaures prg OMMAIRE RTE ES 1848 la r volution LA Catherine Wi de Wen GLOBALISATIC HUMAINE CRITIQUES EE LA GLOBALISATION HUMAINE Catherine Wihtol de Wenden Editions PUF par Etienne Pataut FA LA FRANCE DU TRAVAIL Collectif IRES Editions de l Atelier par Nicolas Vignolles EJ HISTOIRE D UN ALLEMAND SOUVENIRS 1914 1933 Sebastian Haffner Editions Actes Sud par Denis Quinqueton EJ LA QUINZAINE LITTERAIRE Num ro 1000 sp cial par Thierry Roure El LAVE MEILLEURE MODE D EMPLOI Courrier International hors s rie IJ BILAN PLANETE 2009 Le Monde hors s rie par Thierry Germain CHRONIQUES 1848 LA REVOLUTION OUBLI E Mich le Riot Sarcey et Maurizio Gribaudi Editions La D couverte par Benjamin Foissey EJ HISTOIRE SECRETE DE LA CHUTE DU MUR DE BERLIN Michel Meyer Editions Odile Jacob par Jo l Le D roff EL THE MIND OF JIHAD Laurent Murawiec Cambridge University Press par Jean Loup Samaan L THE ASCENT OF MONEY A FINANCIAL HISTORY OF THE WORLD Niall Ferguson Editions Penguin par David Chekroun ECHAPPEES Eil IN THE LOOP Film britannique de Armando lannucci par Virginie His EE Dis OUI NINON Maud Lethielleux Editions Stock par Clara Bamberger Directeur de la publication Gilles Finchelstein R d
2. conomie verte du PNUE Place enfin une foisonnante vir e mondiale des exp riences et initiatives en cours et l ac tion des hommes consid r e en temps r el Avec un horizon th matique et g ographique si d gag les citoyens en manque d information ne manqueront pas d y trouver des l ments surprenants et des histoires troublantes Connaissez vous Boulder aux Etats Unis une cit de 100 000 mes qui pratique depuis plus de trente ans et avec quel r sultat l implication d mocratique et l action tous azimuts en faveur de l environnement C est comme si un petit coin de plan te avait pris une demi g n ration d avance sur l ensemble du monde Il faut dire que cette riante contr e est peupl e pour une large part de sp cialistes du climat ceci expli quant tout de m me cela Savez vous que le Costa Rica pr sente des enjeux cruciaux en termes de biodiversit 13 000 km de zones prot g es L action de cet num ro 95 d cembre 2009 page 16 Etat et de son pr sident Oscar Arias prix Nobel 1987 nous ram ne au r le d terminant de la puissance publique En ces temps o la r gula tion s impose comme la question cl et o les interactions dans le jeu des acteurs appara t comme le point nodal de notre grand meccano mondial et local ce pays semble un concentr des sujets br lants comment retourner les m canismes du capitalisme au profit de l envi ronnement le tourisme vert
3. Comment faire la part des postures politiques dans la strat gie nationale en uvre Quels outils privil gier la constitution pr voit d sormais un droit len vironnement sain Esp rerez vous l instar des dirigeants quatoriens qu existe un jour une valeur recon nue de non mission c est dire que les autres Etats et singuli rement ceux du Nord compenseront au gouvernement de Quito la non exploitation d lib r e de 920 millions de barils de p trole dans le seul but de pr server la for t amazonienne laquelle en a bien besoin Garderez vous espoir dans l olien offshore pr conis par l Allemagne sachant qu il faut b tir ces gigantesques parcs 89 kilom tres des c tes donc quarante m tres de profondeur dans des conditions techniques et financi res qui de fait deviennent tout fait dantesques Approuverez vous l initiative forte port e symbolique du gouvernement cossais lequel vient de publier un budget 2010 2011 tout fait logiquement libell en livres sterling mais ga lement et de fa on beaucoup plus originale en missions de CO Une facon pas du tout anec dotique de prendre en compte la notion nouvelle d empreinte carbone et de s appuyer dans la d marche environnementale sur la transparence et la conviction citoyenne Actions des grandes et petites entreprises microcr dit jeux olympiques verts engagement des collectivit s locales initiativ
4. Une premi re id e re ue est donc habile ment d construite dans ce chapitre moins de protection dans l emploi et plus de flexibilit des contrats de travail n encouragent pas la cr ation d emplois Les r sultats sont objectivement si d cevants en mati re de cr ations d emplois qu ils ont conduit relativement r cemment s interro ger sur la pertinence de la solution flexibilit du travail et r fl chir la construction d une flexis curit associant flexibilit des contrats de travail et s curisation des parcours individuels valable y compris en dehors des p riodes d em plois Mais la flexis curit telle qu elle est con ue aujourd hui ressemble une tentative impossible de conciliation entre des conceptions contradic toires une tentative impossible de d couplage entre emploi et protections Conclusion int ressante ce chapitre pre mier les auteurs mettent en garde contre une conception de la flexis curit qui ent rine rait finalement une tendance d j en cours savoir la d responsabilisation collective vis vis de l emploi A cette orientation ils pr f rent opposer et promouvoir un m lange de solu tions La r duction du temps de travail la r gulation collective des besoins en emploi et la construction de normes d emploi de qualit constituent selon eux une voie cr dible de sortie du ch mage Au del de ce chapitre introductif consacr aux politiq
5. de Ninon saisir chaque l ment de la nature pour le transformer en ode l enchantement Le printemps est beau parce que Fred joue de la fl te dans les pr s et on se raconte nos r ves l automne est myst rieux puisque c est la fin de tout ce qu on conna t et le d but du vide qui va se remplir doucement Mais la vie lair pur laisse des traces et Ninon a toujours des poux malgr les traite ments l enfant pr f re les laisser vivants car elle se proclame contre la peine de mort mais il n en faut pas davantage la m re pour accuser Fred de d sinvolture et d irresponsabilit envers sa fille Toutefois Ninon ne l entend pas de cette oreille l et reproche sa m re de dire des mensonges de rien qui font leur int ressant S rement est ce dans les moments o Ninon d fend son p re que l on retrouve les passages du livre les plus touchants Quand il fait la traite accroupi dans ses nu pieds quand il caresse Chouquette quand il fait chauffer ma brique bouillotte quand il ouvre la bouche de P pite pour lui donner son m dicament je le regarde et je me dis c est que des conneries tout ce qu elle raconte Z lie C est que l enfant admire profond ment cet homme qui s il nest pas canon beau comme ceux des magazines ou de la publicit du cin ma d abord parce qu il a un nez et un nez c est pas canon du tout a des yeux dont la couleur
6. pr sent e comme un mi racle pourquoi les femmes sont les clientes id ales de la micro finance en Bolivie pourquoi Scholes avait tort S duisante enfin car ce dix neuvi miste passionn d conomie professeur d histoire Oxford et Harvard et d conomie la Harvard Business School appartient la cat gorie des universitaires qui semblent capables de r con cilier le monde de la recherche et celui de la d mocratisation des savoirs Il est le r cidiviste patent des ouvrages historiques succ s The world s banker the history of the House of Rotschild 1995 The Cash Nexus Money and Power in the Modern World 1700 2000 2001 et The pity of war explaining world War I 1998 en sont les marques les plus fortes La m thode et les objectifs sont souvent les m mes savoir surprendre le lecteur le faire vaciller dans ses croyances les plus certaines et finalement lui pr senter une th se tr s originale au rebours de la pens e dominante The pity of war est cet gard assez clairant A mi chemin entre l histo rien et le proph te Fergusson d montre que la d claration de guerre de l Angleterre l Allemagne en 1914 a t en r alit une tr s grande erreur historique En substance l Angleterre a transform une guerre localis e pour la supr matie de l Europe continentale en un conflit mondial qui l a rendue trop faible pour maintenir son empire et qui l a de facto puissances m
7. gociation au sein de l entreprise Par la loi on a progressive ment tent de promouvoir un nouveau mode de gestion des restructurations de cr er les condi tions d un dialogue social Dans ce nouveau cadre le r le des organisations syndicales est devenu complexe Celles ci courent de plus en plus le risque d tre jug es co responsables de la d cision de restructuration si elles signent en amont un accord portant par exemple sur des mesures de d parts volontaires Les s questra tions r centes de dirigeants d entreprises ou de simples cadres ont montr que en mati re de droit n goci des restructurations une marge importante de progr s existait encore Une id e est ici sugg r e par les auteurs de ce cin qui me chapitre sortir les restructurations de la seule entreprise pour ne pas enfermer les syndi cats dans des combats trop isol s locaux et pour ne pas permettre non plus aux action naires ventuels de mettre une pression trop importante sur les dirigeants de l entreprise Pour y parvenir il est propos d largir chaque fois que possible le dialogue social au niveau de tout un territoire d un secteur d activit ou m me au niveau europ en Depuis 2000 des exp riences de ce type avec un dialogue au niveau europ en de tout un secteur notam ment dans l automobile ont d j eu lieu Enfin le dernier chapitre est consacr aux relations sociales Il est particuli rement int res sant de li
8. ro 95 d cembre 2009 page 12 intense activit de journaliste et d diteur Qu est ce qui a bien pu motiver cet infatigable d couvreur de talents publier pour la premi re fois des auteurs comme Barthes Beckett Borges C line Kerouac Leiris Lowry Henry Miller Perec Sade Sciascia ou plus pr s de nous Houellebecq pour n en citer que quelques uns Ayant d couvert la plupart des grands auteurs de cette deuxi me moiti du XX si cle pour le compte de neuf diteurs diff rents Maurice Nadeau n a t au fond int ress que par une chose d couvrir de nouveaux crivains sans chercher faire fructifier ses d couvertes Aujourd hui cribl de dettes cet inlassable arti san peut s enorgueillir d une contribution majeure l dition dans les lettres fran aises Ils disent pourquoi elle leur est ch re uinzaine litt raire aQ L Mais on peut se demander si apr s le s isme de la guerre la litt rature na pas t pour Maurice Nadeau le moyen le plus s r pour humaniser le monde face au d ploiement d un capitalisme d vastateur La litt rature seul via tique en cas de faillite des grands r cits pour parler comme Lyotard Cela expliquerait peut tre pourquoi Maurice Nadeau a constamment publi des auteurs en lien direct avec le poli tique comme Antelme Bataille Benjamin Chalamov Koestler Morin Pasolini Perec Rousset et Soljenitsyne Editeur de l im
9. J Jean Jaur s Fondation on KIOSQUE 5 LA VIE MEILLEURE MODE D EMPLOI Courrier International hors s rie octobre novembre d cembre 7 50 6 BILAN PLANETE 2009 Le Monde hors s rie 9 95 PAR THIERRY GERMAIN Changer de mod le face la crise Le Ce qui est d rou gt R tant avec les sujets E g ill d actualit lorsqu ils G eme eurgy occupent sans discon tinuer les colonnes le net et les ondes cest qu on les vit rapidement comme des objets fami liers et format s lav s trop vite par le confor L misme et la r p tition Avec Copenhague en point d orgue c est au tour de l cologie de passer par ce dr le de tamis m diatique th orie conviction mode ou poli tique c est d sormais surtout un buzz Face un tel nivellement par l abondance une seule solution creuser approfondir Chercher l id e juste le paradoxe parlant le chiffre symbole Et donc brasser beaucoup d une mati re parfois peu digeste pour en tirer quelques questions claires et avec un poil de chance une poign e de r ponses encore ch tives mais prometteuses Pour ce faire deux num ros sp ciaux aussi ambitieux l un que l autre mais pas de la m me fa on viennent garnir nos kiosques num ro 95 d cembre 2009 page 14 Courrier International donne le ton d s le titre cest de la vie que l on va parler rien moins que cela de cette vie que d cid ment l on ne cesse de vouloir ch
10. Jean Jaur s Fondation vie ordinairement d vast e par le nazisme pour interpeller ses contemporains non sur son sort mais sur le sort et l avenir des Hommes De tous les Hommes C est la force extraordinaire cette fois de ce r cit la lecture duquel nous accom pagnons un enfant allemand g de sept ans en 1914 qui grandit dans une famille patriote et devint un adulte amoureux d chir un intellec tuel engag dans un duel perdu d avance Duel le mot est de lui Le chapitre quinze qui ach ve la partie dans laquelle il plante le d cor de sa vie tient en quelques mots Nous sommes arriv s Le trajet est termin Nous voici sur le pr Le duel peut commencer Le duel Avec le nazisme ce r gime f tide dont il d crit pr cis ment la perversion La moindre d ailleurs n est pas d inciter au duel alors que c est la force de l ensemble qu il faudrait mettre en branle contre le totalitarisme Mais voil le nazisme s insinue jusqu l intime Mes d m l s avec le Troisi me Reich ne repr sentent pas un cas isol Ces duels dans lesquels un individu cherche d fendre son individualit et son honneur indivi duel contre les agressions d un Etat tout puissant voil six ans qu on en livre en Allemagne par mil liers par centaines de milliers chacun dans un isolement absolu tous huis clos Certains des duellistes plus dou s que moi pour l h ro sme ou le martyre sont all s plus
11. Mind of Jihad s appuie ainsi sur plusieurs ann es de recherche soutenues par l Office of Net Assessment du Pentagone l ouvrage est dense et atteste d une rudition remarquable Si Laurent Murawiec ne cache pas ses convictions id ologiques il a le m rite de les d fendre avec une connaissance approfondie de l histoire du monde musulman Citant longuement les doc trinaires de l islamisme moderne Ali Shariati Ruhollah Khomeiny ou encore Sayyid Qotb Laurent Murawiec excelle dans leur ex g se Certes on pourrait s interroger sur l apport d une telle exploration historique de l islam poli tique apr s toute la litt rature consacr e au sujet ne serait ce que les travaux d Olivier Roy ou de Gilles Kepel Or Laurent Murawiec s carte radicalement des travaux de ces num ro 95 d cembre 2009 page 22 derniers en raison de son prisme cultura liste Je pars de l hypoth se que la politique des nations repr sente leur th o logie dilu e ceci n a jamais t aussi vrai que dans le cas du monde musulman crit l auteur Alors que Gilles Kepel ou Olivier Roy prennent soin de mettre en lumi re le contexte socio politique des mobili sations islamiques Laurent Murawiec s attache souligner les id ologies dans le texte retracer la g n alogie intellectuelle du jihad tel qu il s exprime aujourd hui La vision de Laurent Murawiec se veut volon tiers radicale La violence dans le mon
12. am il CHRONIQUES J Jean Jaur s Fondation jihadiste ne se trouve jamais vraiment d fen due m thodiquement On peut en effet s interroger sur la pertinence sociologique mais aussi strat gique de rapprocher voire confon dre la pens e politique des Fr res musulmans du Hezbollah libanais ou encore d Al Qaeda En d pit de ces d fauts souvent li s aux orienta tions politiques de l auteur le livre est un effort particuli rement appr ciable de rapprochement entre une litt rature th ologique souvent can tonn e aux cercles universitaires et une litt rature strat gique trop fr quemment conjoncturelle et sans profondeur historique 1 Mentionnons l ouvrage issu de la controverse de 2002 Laurent Murawiec La guerre d apr s Paris Albin Michel 2003 2 Laurent Murawiec est fr quemment pr sent aux c t s de l intelligentsia n oconservatrice am ricaine 3 Voir entre autres Olivier Roy G n alogie de l islamisme Paris Hachette 2002 Gilles Kepel Jihad Paris Gallimard 2003 4 Laurent Murawiec The Mind of Jihad Cambridge Cambridge University Press 2008 p 2 5 Murawiec op cit p 25 num ro 95 d cembre 2009 page 23 Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES Jean Jaur s Fondation MONDIALISATION 10 THE ASCENT OF MONEY A Financial History of the World Niall Ferguson Editions Penguin juin 2009 PAR DAVID CHEKROUN F Br
13. bien permis d chapper l alternative entre deux modes plus ou moins s v res de fermeture des fronti res laquelle se r sume en g n ral le d bat politique fran ais Tout reste faire mais la voix la fois scien tifique et profond ment humaine de Catherine Wihtol de Wenden doit imp rativement tre entendue si lon veut sortir de ce qui semble bien aujourd hui tre une grave orni re de notre champ politique Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Q e Jean Jaur s Fondation A L ESSAI 2 LA FRANCE DU TRAVAIL Donn es analyses d bats Collectif IRES Editions de l Atelier septembre 2009 238 pages 19 PAR NICOLAS VIGNOLLES Ouvrir quelques failles dans la chape des id es re ues La France du travail propose en six chapitres une description fine du paysage conomique et social fran ais tel qu il s est fa onn historique ment et tel qu il est aujourd hui Politiques de l emploi in galit s salariales protection sociale mutations du travail restructurations d entre prises et conception des relations sociales et professionnelles sont successivement pass es au crible Cette analyse critique extr mement docu ment e nourrie des statistiques fran aises et europ ennes les plus actualis es parvient parfai tement l objectif pourtant ambitieux qu elle s tait assign e permettre de penser autrement le champ conomique et social ouvrir quelque
14. entre socialisme et r publique que la rupture entre l Eglise et les aspirations ouvri res doivent beaucoup aux hasards de l Histoire qui fait prendre un mot un sens que rien ne pr d terminait Un vent frais donc un pass rafra chissant et stimulant qui interroge jusqu l id e m me de cause imm diate Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES Jean Jaur s Fondation EUROPE 8 HISTOIRE SECRETE DE LA CHUTE DU MUR DE BERLIN Michel Meyer Editions Odile Jacob ao t 2009 348 pages 21 PAR JOEL LE DEROFF Le titre choisi par Michel Meyer ancien correspondant en Allemagne d Antenne 2 France Inter et L Express et surtout le ton choisi pour la quatri me de couver ture font penser un roman d espionnage suspense Le lecteur assoupi dans la tor peur de l ann e 2009 pour qui il s agit d un v nement depuis longtemps devenu une vi dence fondatrice de l actuel ordre des choses peut trouver cela surprenant CHERE Si le style adopt tout au long de l ouvrage ne d ment pas cette premi re impression il per met surtout l auteur de donner vie une enqu te s rieuse croisant implacablement les propos des diff rents acteurs au fil des entre tiens successifs et prenant en compte les informations devenues disponibles seulement a posteriori l ensemble aurait sans doute sur la forme b n fici d une relecture plus attentive pour rec tifier d
15. juste Ninon ou la sagesse avant l heure On l aura compris l enfant a du g nie en elle mais ce qui la rend si attachante c est qu elle ne s en doute pas Dis oui Ninon est le merveilleux premier roman de Maud Lethielleux dans lequel le lecteur se d lecte sentir la nature entre ses orteils Un hymne la simplicit aux plaisirs humanistes et pourquoi le nier aux joies insolentes de l cole buissonni re num ro 95 d cembre 2009 page 30
16. la mesure o la vie et les affaires ne sont qu incertitudes et al as il convient de se prot ger ou de s assurer C est dans cet esprit que des m canismes assu rantiels ont t cr s Toutefois ces derniers ne peuvent r parer les catastrophes les plus dures ou inattendues du genre Katrina En dernier ressort c est toujours l Etat qui est appel en garantie Etape n 5 La voie de la f licit se trouve dans la d mocratie des petits propri taires Les th ories conomiques enseignent que les citoyens en devenant propri taires de leur loge ment font tourner la boutique la condition que ces op rations s accompagnent de cr dits immobiliers qui seuls permettent de faire d coller l activit conomique et les march s Des pr ts immobiliers taux variables lev s sont d s lors consentis des m nages am ri cains modestes Petit d tail le syst me repose sur un principe absolu la valeur du logement ne doit que cro tre Petit probl me ce n est pas tou jours le cas D o les gros probl mes Etape n 6 Fergusson s int resse enfin la diffusion des crises localis es Il interroge alors les diff rentes mondialisations leurs origines et volutions pour envisager les rapports si particuliers entre les Etats Unis et la Chine qu il a rassembl s autour d une union et d un n ologisme Chimerica Pour pr senter cette union aux carac t ristiques exceptionnelles 10 de la surface du monde 2
17. risme galitaire catholique dont le Moyen Age nous fournit plusieurs exemples marque gale ment de son empreinte le Paris de 1848 Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES Jean Jaur s Fondation L un des principaux int r ts de cet ouvrage r side dans lentrem lement continu des com bats politiques et id ologiques et de la parole des humbles qui ne ma trisaient pas les ismes mais portaient sur les barricades des aspirations concr tes un mieux tre et plus de recon naissance Ce travail sur les archives nous fait galement vivre au jour le jour les v nements grandioses de la place de Gr ve comme la trag die de l touffement du soul vement ouvrier de juin 1848 rue par rue barricade par barricade Ces allers retours constants entre ce que l on appelle de fa on impropre la grande et la petite histoire ouvre une r flexion sur ce qu est l Histoire sur les limites d une conception lin aire des v nements tr s ancr e dans notre inconscient et la cis e entre autres par Hegel l v nement r volutionnaire est une rupture non seulement dans l histoire d une soci t mais galement dans le tissu des habitudes pour les gens qui le vivent Peut on dire que ces circonvolutions sont le fruit in vitable des ten sions et des luttes qui les ont imm diatement pr c d es Le fait que f vrier 1848 ait t provo qu par la campagne des banquets pour l largisseme
18. s Fondation an am could seriously damage your wealth allusion la campagne anti tabac Smoking can damage your health Mais on l aura compris en refermant The Ascent of Money le lecteur est un peu d u Pire encore il ne peut se sentir clair Aussi souhaitera t il se reporter vers d autres livres ou exp riences p dagogiques Pour l auteur de ces lignes ce sera le Power of Yes et le National Theatre de Londres La suite donc au prochain num ro 1 La version documentaire de ce livre est encore plus accrocheuse et d bute par Bread cash dosh dough loot lucre moolah readies the wherewithal call it what you like money can make us or can break us 2 Il s agit de la premi re dition dat e du 13 novembre 2008 The Penguin Press 3 Il s agit de la version amend e et augment e du 4 juin 2009 4 V notamment K Cherny amp Y Demyanyk Les mythes des subprimes Telos en date du 21 octobre 2009 http wwitelos eu com fr article les_ mythes des subprimes 5 Une version courte de 48 minutes est accessible en ligne num ro 95 d cembre 2009 page 27 Esprit Critique se faire son opinion ECHAPPEES 3 J Jean Jaur s Fondation CINEMA 11 IN THE LOOP Film britannique 2008 r alis par Armando lannucci avec James Gandolfini Peter Capaldi Steve Coogan Sortie fran aise le 18 novembre 2009 PAR VIRGINIE HIS A l heure o me
19. 5 de la population mondiale 50 de la croissance mondiale sur les huit derni res ann es l historien file la m taphore du mariage pr tendu traditionnel savoir l homme pargne et la femme d pense Appliqu Chimerica les Chimericains de l Ouest les Am ricains d pensent et les Chimercians de l Est les Chinois pargnent En d autres termes num ro 95 d cembre 2009 page 26 les importations chinoises maintiennent l infla tion am ricaine l pargne des Chinois prot ge les taux d int r t am ricains Curieuse situation que le lecteur ne manque pas de relever la Chine communiste est aujourd hui le banquier de l Am rique capitaliste Pour Fergusson cette union est si forte qu elle devrait tre c l br e par un G 2 C est du reste la proposi tion que l auteur a formul e par la suite en indiquant que le G 20 devrait toujours tre suivie par un G 2 entre Chinois et Am ricains D cevant au final car le lecteur ne peut tre s duit par un r cit peine rudit dans lequel l anecdote l emporte sur une d monstration organis e et structur e L analyse des concepts est cart e avec une attention toute particuli re l ouvrage est une succession d l ments factuels et les th mes ne sont en r alit qu effleur s Et pourtant le lecteur avait un certain nombre de questions stimulantes sur lesquelles il aurait souhait interroger l auteur pourquoi George Soros est il souven
20. Mouhoub Mouhoud et de Dominique Plihon sur Le Savoir et la finance liaison dangereuses au c ur du capitalisme contemporain elle montre le degr d intrication qu il existe entre la recherche appli qu e et notamment la multiplication des mod les math matiques et le d veloppement de la finance redonnant une nouvelle vigueur aux analyses pr monitoires de Foucault sur le lien entre savoir et pouvoir Ce faisant elle insiste au moment o elle est remise en cause par la loi P cresse sur la n cessit de maintenir l autono mie de la recherche fondamentale y compris des fins de d veloppement conomique On trouvera galement dans ce num ro un vibrant hommage Maurice Nadeau de Claudio Magris le grand crivain et essayiste de Trieste auteur cosmopolite et fragmentaire de Microcosmes compare ainsi La Quinzaine litt raire une agora visant am liorer l existence de chacun preuve s il en est d une orientation politique r solument humaniste A une poque o les critiques s apparentent le plus souvent des loges flatteurs voire des publicit s souvent suspectes de renvois d ascenseurs entre auteurs et critiques qui sont parfois les m mes La Quinzaine litt raire poursuit sa route de mani re certes artisanale mais en continuant nous clairer dans un monde de plus en plus incertain num ro 95 d cembre 2009 page 13 Esprit Critique se faire son opini CRITIQUES
21. a capitale que commenc rent se dessiner les clivages politiques qui structur rent notre modernit l abondance d archives et d ob servateurs aussi prestigieux que le jeune Marx Tocqueville Flaubert ou Lamartine permettent d obtenir des clairages fascinants sur ce qui fit alors vibrer et mourir le petit peuple de Paris Les r volutions parisiennes de 1848 celles de f vrier et de juin raisonn rent encore des mots d ordre et des id es de 1789 La Montagne se reconstitua au grand jour et connut une de ses heures de gloire la R publique fut sur bon nombre de l vres qui pour certaines accla maient la monarchie quelques mois plus t t A l int rieur de ses contenants incontournables merg rent de nouvelles id es pour la plupart li es l apparition sur la sc ne politique d une des grandes figures des combats politiques modernes savoir l ouvrier La R publique commenca tre entendue par certains comme d mocratique et sociale comme porteuse d un id al d mancipation plus ou moins affirm que la commission du Luxembourg dirig e par Louis Blanc et l ouvrier Albert symbolisa La diff rentiation puis la lutte entre r publicains du journal La R forme et conservateurs du National tra a alors une ligne de partage que l on vit r appara tre apr s 1870 L intervention non pas tant de l id e mais des id es communistes et du mot communisme alors explicitement marqu s par le mill na
22. acteurs en chef Thierry Germain Laurent Cohen Webmestre Jean Pierre P cau FONDATION JEAN JAURES 12 CITE MALESHERBES 75009 PARIS 01 40 23 24 00 Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Q e Jean Jaur s Fondation A L ESSAI 1 LA GLOBALISATION HUMAINE Catherine Wihtol de Wenden Editions PUF septembre 2009 261 pages 26 PAR ETIENNE PATAUT LA A l heure o s ouvre un bien contestable d bat sur une suppo s e identit nationale la lecture du nouveau livre de Catherine Wihtol de Wenden appara t comme un exercice bien salu taire Un exercice pourtant qui n incite pas n cessairement l optimisme malgr celui mesur mais communicatif de l auteur Comme elle l affirme les questions d immigration sont en effet l un des rares domaines o la quasi unanimit des experts contredit directement les politiques men es au niveau tatique au moins dans les pays du Nord Le constat il est vrai n est gu re tonnant C est que les flux d immigration ont un tr s fort impact sur l tat et la nation qu ils d fient les principes m mes du syst me ta tique westphalien au point que l auteur n h site pas affirmer qu avec l immigration la nation n est plus la communaut de base du syst me international dans des soci t s deve nues multiculturelles Catherine Wihtol de Wenden GLOBALISATION HUMAINE Rien ne l illustre mieux qu
23. aire la fois ferme et frileuse A cet gard d ailleurs il faut se f liciter de la r cente ratification du trait de Lisbonne qui fait entrer m me si c est par la petite porte le Parlement europ en dans le jeu entre Commission et Conseil C est qu en effet l auteur ne peine gu re convaincre que la r ponse consistant simple ment fermer toujours plus les fronti res est terme intenable Elle est intenable humaine ment parce que cette politique se traduit par des violations r p t es devenues structurelles des droits fondamentaux des migrants jusqu ces insoutenables images des barques pleines de cadavres chou es sur les c tes europ ennes Mais elle est aussi intenable politiquement et conomiquement l immigration est un ph no m ne irr sistible et surtout n cessaire pour pallier p nurie de main d uvre et vieillisse ment Il est d s lors pour l auteur imp ratif aujourd hui de repenser compl tement la poli tique d encadrement des migrations pour parvenir une solution satisfaisante pour les pays d accueil comme pour les pays d origine A cet gard la proposition la plus audacieuse et la plus int ressante de l ouvrage est sans conteste celle visant faire consacrer un droit universel la mobilit d origine kantienne et s appuyant la fois sur les travaux de Zigmunt Bauman et sur un certain nombre de textes internationaux dans lesquels ce droit figure en germe En
24. aissance que la finance acquiert ses lettres de noblesses Ils financent la guerre et se diffusent de l autre c t de l atlan tique Faiseurs de rois ce march obligataire a conduit la famille Rothschild se placer comme la famille la plus puissante et la plus riche du XIX si cle Etape n 3 L auteur tente d expliquer pourquoi les march s boursiers conduisent tr s souvent aux bulles et aux faillites Le retour aux origines conduit le lecteur revisiter l histoire de France et des Pays Bas et notamment la cr a tion de soci t s capitaux anc tres des soci t s anonymes et la bourse L explication de la crise actuelle est trait e par analogie avec la cha ne de Ponzi pens e par John Law qui aurait laiss la France au bord du d p t de bilan et dans un tat de fragilit qui devait d boucher sur la R volution de 1789 Avec la m me logique on Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES Jean Jaur s Fondation comprend que les bulles finissent toujours par clater et la faillite de Enron en 2001 en est l exem ple le plus percutant Quant l explication de ces m canismes l auteur carte tr s vite la rationa lit des th ories financi res et conomiques au profit de l analyse plus fine d un leveur de tau reaux De m me que les taureaux agissent irrationnellement les investisseurs interagissent en meute sans qu il soit possible de fixer les pr misses de leur course folle Dans
25. anger sans v ritablement y parvenir ou sans toujours l avoir fait expr s Au travers d une construction assez pr visible arr ter r fl chir bouger inventer en croisant les exp riences et les analyses les portraits et les initiatives ce num ro n en joue pas moins une partition assez audacieuse d terminer sans concession les failles sur lesquelles pros p re la menace environnementale envisager sans craindre de tutoyer l utopie les solutions qui s imposent Si le hors s rie du Monde nous le verrons plus bas appara t d cid ment et c est son ambition comme une somme annuelle sur les questions environnementales le tr s sympa thique num ro sp cial de Courrier International a tous les traits d un poil gratter sur papier imprim un condens d utopies en format kiosque Sans concessions et aff t il l est d abord sur l nonc de ce qui est condamnable Le romancier Einar Mar Gudmunsson s inter roge ainsi sur la responsabilit des dirigeants islandais lesquels ont r ussi l exploit d craser leur pays sous une dette absolument impensable et nen assument aujourd hui que la sanction d tre provisoirement retir s de ce qu il faut bien appeler les affaires Un article difiant pose la question des effets de la crise sur les pays du Sud selon la Banque mondiale ce sont 400 000 enfants en plus qui mourront par an jusqu en 2015 alors que seule ment 5 des 18 milliards promis pour le
26. ataille qui marquera rien de moins que le d but d une guerre num ro 95 d cembre 2009 page 28 Au terme de cette bouriffante course au pouvoir les ga gnants s assoient dans leur pr cieux fauteuil en attendant de de venir leur tour la marionnette d un autre tandis que les perdants rejoignent leur bureau sinistre quelque part dans PESEE une circonscription de province loin des centres de pouvoir de Londres ou de Washington Au del de ce raz de mar e d humour british c est la marche in luctable des va t en guerre qui sous tend le r cit jusqu l ultime d faite de la v rit On rit jaune et on n ose admettre qu in comp tence et manipulation puissent tre les deux principaux traits des d mocraties occiden tales qui dominent le monde Si vous ne pouvez vous rendre dans les salles obscures n oubliez pas de demander au P re No l de d poser l an prochain le DVD de ce film exquis et piquant comme les pines du sapin Vous pourrez alors vous repasser en boucle la French touch du film tout droit sortie de la bouche de ce versatile g n ral am ricain Quand on a fait la guerre on n y retourne que quand on est forc C est comme la France Esprit Critique se faire son opinion ECHAPPEES u Jean Jaur s Fondation LITTERATURE 12 DIS OUI NINON Maud Lethielleux Editions Stock mars 2009 247 pages 17 50 PAR CLARA BAMBERGER clara bamberger mailhec ne
27. chapitre montre avec pr cision que le travail a chang en profondeur et en quelques ann es sous l effet de trois facteurs essentiels l organisation de la production les nouvelles technologies et enfin les m thodes et outils de gestion Globalement la modernisation des modes d organisation a abouti une situation paradoxale remarquablement formul e par les auteurs d un c t on a encourag l autonomie et la responsabilisation croissante des individus de l autre jamais la subordination au travail n a t aussi forte temps partiel contraint ampli tude horaire adh sion aux valeurs de l entreprise exig e Dans le cinqui me chapitre les chercheurs de l IRES s int ressent aux restructurations d en treprise et l volution du dispositif l gal qui les encadre Outre les rappels utiles sur ce qu im plique par exemple la mise en place du Plan de sauvegarde de l emploi pour les employeurs on comprend plus largement ici l origine des choix op r s par certaines entreprises en mati re d emploi Le r gime l gal du licenciement cono mique jug trop lourd et complexe les conduit de plus en plus privil gier d un c t les embauches en CDD et de l autre les licencie ments pour motifs personnels Confront la num ro 95 d cembre 2009 page 7 multiplication des restructurations le l gisla teur a tent de s adapter en encourageant les possibilit s d anticipation et de n
28. ctuelle crise du syst me mais le fonctionnement effectif encore un tanti net brumeux Amartya Sen se livre une d capante relec ture d Adam Smith ce qui est une autre fa on de battre en br che un ultralib ralisme qui ne s est pas priv d en imposer jusqu alors l ex g se l analyste de Focus on the globlal south Wolden Bello fait lui un toilettage sa fa on de la pens e de Keynes ce pour envisager une d mondialisation qui permette partout de r encastrer l conomie dans la soci t Eric Zensey s emploie dynamiter sans trop de regrets ce bon vieux PIB au profit d un indice bien plus large mais op rationnel de bien tre conomique net Richard Layard de la London School of Economics mieux vaut le pr ciser d entr e va au bout du bout en posant la question la plus essentielle quand et comment le march rend il les gens plus heureux et redit apr s d autres que le bonheur est d cid ment une id e neuve Il en profite pour glisser qu un tel crit re de gou vernement am nerait les dirigeants mieux articuler les diff rents champs de leur politique ce qui n est pas tout fait faux num ro 95 d cembre 2009 page 15 S il le fait large ment par les penseurs c est aussi par les exp riences d crites que ce num ro s en prend aux fondamen taux de notre syst me le microcr dit et la finance solidaire qui interrogent le capita lisme dans ses r gles a
29. de musulman contemporain n est pas contrairement la doctrine de Clausewitz la continuation de la politique par d autres moyens La violence dans cette r gion constitue la politique et la politique constitue la violence La martyrologie des mouvements islamistes leur amour de la mort seraient le r sultat d une hybridation id olo gique m lant le mill narisme de l Europe m di vale le gnosticisme et plus r cemment les totalitarismes nazi et communiste L analyse rappelle ainsi l instrumentalisation des revendi cations islamistes par l Allemagne de la premi re guerre mondiale puis de URSS par tir des ann es 20 Avec un souci du d tail historique Laurent Murawiec pr sente avec acuit les rapprochements ambigus entre l Internationale communiste et les mouvements islamistes qu il s agisse du soutien des cama rades de route du PC au FLN durant la guerre d Alg rie ou encore de l appui des mouvements socialistes la r volution khomeyniste en Iran partir de 1979 Malgr une d monstration remarquable sur le plan rh torique The Mind of Jihad reste pri sonnier de son postulat initial D une part la n gligence du contexte social d laboration des doctrines islamiques tend donner une vision tronqu e du monde musulman o les popula tions se trouveraient la merci d id ologues isol s D autre part l id e d un unique esprit Esprit Critique se faire son opinion an
30. de base le traitement des d chets par infra rouge qui implique de repenser tout le processus industriel le projet Desertec qui rel ve de l utopie technologique l exemple danois qui met l accent sur le r le de la puis sance publique la question climatique qui peut tre porteuse d nergie cr ative pour lhuma nit et en tout cas lui renvoie en pleine face la question centrale du long terme it Mo nir Bilan Plan te e Ce Courrier International cest un stock d utopies planqu sous un code barre Le Monde joue de la m me franchise avec le titre de son imposant num ro sp cial comme il le fait depuis tr s longtemps en dressant chaque ann e rien moins que le Bilan du monde le quotidien de r f rence entreprendra d sormais de faire chaque ann e celui de la pla n te Je vous laisse go ter la nuance Mais comme le clame l ditorial urgence colo gique commande Bilan donc c est dire nonc d taill et document au travers de nombreux articles des temps forts acteurs et initiatives qui entretien nent aujourd hui le suspense sur le devenir de notre bonne vieille terre La premi re partie de cet imposant num ro dresse donc un panorama irr prochable des sujets br lants Copenhague le paquet euro p en les initiatives d Obama la fiscalit verte les rapports Nord Sud la biodiversit les solu tions envisageables agrocarburants lectricit verte biomass
31. du mur de Berlin est aussi celle d un monde com muniste dont le centre russe se lib ralise unilat ralement finalement presque entra n par son propre lan Un monde dans lequel dans le m me temps les fronti res de certains pays s ouvrent ainsi entre la Hongrie et l Autriche et dans lequel les citoyens d Allemagne de l Est finissent par se retrouver par dizaines de mil liers r fugi s dans les ambassades de la RFA Prague Budapest ou Varsovie fuyant l immobi lisme du r gime de Honecker C est un monde dont le glacis a en r alit largement commenc se fissurer avant novembre 1989 depuis le printemps et la Table Ronde qui a r tabli le pluralisme en Pologne Un monde enfin dont les apparatchiks et militaires conservateurs envisagent encore path tique ment une reprise en main par la force et dans le sang alors qu ils n en ont plus les moyens et que Gorbatchev doit demander pour tenir l hiver 1989 1990 le renfort des surplus de l agriculture allemande gracieusement offerts par un Kohl dont l incomparable prosp rit est un atout sans r plique Ce dernier l ment les Honecker et autres conservateurs l ont tr s bien compris ex post eux qui ont accus le Kremlin d avoir trahi en vendant purement et simplement la RDA Ont ils pour autant d fini ce qu aurait pu tre une alternative r aliste Ce monde tait certaine ment en sursis mais sa transformation rapide et sans trop de violence aura
32. e les enjeux particuliers li s l urbanisation la question des indicateurs La seconde consacr e aux portraits offre vi demment un peu plus de chemins de traverse Si des incontournables tr nent leur place dans cette imposante galerie Yves de Boer le secr taire de la Convention climat Steven Chu Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation le secr taire l nergie de Barack Obama Michel Rocard et sa taxe carbone Rajendra Pachauri du GIEC et m me si l on peut trouver le ton g n ral de ces instantan s un peu trop sage certaines figures n en pr sentent pas moins un relief particulier Par la valeur et l originalit de leurs initia tives comme Patrick Coulombel d Architectes pour l urgence ou Alain Supiot et son institut d tudes avanc es Nantes Par l impact de l ac tion men e comme Ren e Vellve de l ONG Grain qui a identifi et rendu public la question cruciale de l accaparement des terres Par la valeur symbolique de leur parcours tel Sha Agassi ex grand dirigeant d entreprise devenu le promoteur opini tre de la voiture propre Par l importance des concepts qu ils manient l instar de Jean Paul Fitoussi et du bien tre Ou par leur position comme Zhou Shengxian ministre chinois de l Environnement confront des enjeux particuli rement cruciaux et diffi ciles ou Pavan Sukhdev qui dirige le programme
33. e la multiplication des diasporas vues comme la dispersion par tir dun territoire et l organisation d une communaut r partie entre plusieurs pays num ro 95 d cembre 2009 page 2 maintenant des liens entre les groupes lexis tence d une identit collective et de recompositions identitaires autour d une m moire et d un h ritage culturel un sentiment d appartenance d tach ou non d un espace de r f rence Pour ces groupes l vidence la logique des r seaux familiaux conomiques sociaux culturels et religieux l emporte sur la logique des liens territoriaux D s lors les r actions de d fiance de protec tion sont l gion dans les pays d accueil Europe et Etats Unis en t te illustrant l un des grands paradoxes du lib ralisme dans sa version globa lis e celui de pr voir la libre circulation des marchandises des capitaux des soci t s mais pas des hommes l objectif du livre est partir de l d essayer de remettre plat toutes ces politiques pour essayer de b tir ce que l auteur appelle une approche win win expression par laquelle il faut comprendre qu il serait possible d laborer une vision et partant une politique de l immi gration profitable aux pays d origine aux pays d accueil et bien entendu aux migrants eux m mes Le propos comme on le voit est la fois ambitieux et radical Il ne s agit rien de moins que de proc der une r
34. e trop nombreuses coquilles La plus grosse consistant attribuer Yitzhak Rabin un refus d accorder l asile Markus Wolf ancien num ro 95 d cembre 2009 page 20 espion est allemand en fuite apr s la chute de la RDA en 2001 Personnalit s et collectifs faire revivre des personnages historiques Qui pense se rappeler avec pr cision la s quence historique des ann es 1989 1991 aura peut tre la surprise en se plongeant dans un r cit construit avec un recul tranger au tourbillon m diatique du moment de voir appara tre parmi les premiers r les des noms et des acteurs d sormais oubli s par les occidentaux ou peu connus A c t des Honecker Krenz Kohl Gorbatchev prennent place leurs conseillers diplomatiques et minences grises et divers chefs de d parte ments minist riels ou d organes d Etat Appara t ainsi une dimension peu souvent mentionn e mais tellement vidente de la diplomatie le jeu des interactions et des discussions entre des hommes dont chacun a sa perception propre du cours des choses et souvent les appr hende travers le filtre de ses opinions personnelles C est ainsi qu au fil des pages chacun com prendra la place d Anatoli Tcherniaev et Alexandre lakovlev conseillers du secr taire g n ral du PCUS favorables au compromis avec l Ouest d Hans Modrow dernier premier mi nistre de la RDA et de Markus Wolf appel s contretemps jouer le r le des r formateu
35. ead cash dosh dough loot lucre moolah read ies the wherewithal call it what you like 1 1E money matters ASCENT cest en ces termes F MIN EY accrocheurs que d V Tonanooai lt Flostory bute l ouvrage de Niall Ferguson The MIALL nant que ceive FERGUSON ait nb un tr s grand succ s de libraires aux Etats Unis et au Royaume Uni tant les formules et la d monstration sont intel ligibles par tous et peuvent sembler m me intelligentes l histoire de la finance est le miroir de l humanit et la monnaie n est en r alit que le produit de notre propre valuation de nous m mes et de la mani re dont nous valorisons le monde qui nous entoure Il n est d s lors pas n cessaire en p riode de crise de s acharner sur le miroir puisque ce dernier ne fait que refl ter nos valeurs nos faiblesses et nos propres angoisses On se rappelle alors de la vielle antienne Money is not metal It is trust inscribed 7 f y Ae y Pour asseoir sa d monstration et plus encore pour expliquer la crise actuelle Niall Ferguson propose un voyage de quatre mill naires tra vers l ensemble des continents pour revenir sur num ro 95 d cembre 2009 page 24 l origine et le d veloppement de la monnaie du syst me bancaire de la bourse des instruments financiers des institutions financi res et videm ment des cr dits hypoth caires subprime L invitation au voyage tait s duisante promett
36. electure compl te des politiques d immigration particuli rement celles du Nord au prisme de la r alit des flux de mobilit des hommes On comprend bien que l un des piliers d un tel travail soit de proc der la collecte des don n es effective de ces flux D s lors l un des premiers et tr s impressionnants apports du livre est de donner un tableau extr mement pr cis et dans la mesure du possible chiffr des migrations aujourd hui Continent par conti nent les flux migratoires sont scrut s la loupe Aust re souvent un peu t l graphique voire l occasion r p titive le livre aurait m rit un travail de rewriting cons quent cette partie n en est pas moins essentielle Elle permet de livrer un tableau la fois impressionnant et nuanc propre en tout cas remettre profon d ment en cause les nombreuses id es re ues qui circulent notamment en France sur le sujet Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation Cette partie permet notamment de se faire une id e de l importance de la vari t du ph no m ne migratoire qui doit conduire distinguer les migrations d tablissement de travail de famille ou d tude les r fugi s et demandeurs d asile et les migrants ill gaux et tenir compte des ph nom nes migratoires plus r cents mais en pleine expansion les d plac s environnemen taux pouss s par le r chauffement climatique ou
37. encore la mobilit de retrait s partant s installer dans des pays ensoleill s Le ph nom ne migra toire est extraordinairement complexe et la r alit qui appara t progressivement sous les yeux du lecteur est tr s souvent bien loign e des cadres juridiques qui sont cens s la r gir Elle permet aussi de se rendre compte non seulement que l immigration est un ph no m ne mondial l immigrant moyen nous dit l auteur est un Asiatique qui vit et circule en Asie mais encore quel point elle est aussi un ph nom ne Sud Sud puisque seuls 61 des migrants vivent dans des pays d velopp s Les ph nom nes d crits notamment ceux de migrations en cha ne par lesquels les pays la fronti re d un aimant migratoire Mexique pour les Etats Unis Turquie ou Maghreb pour l Europe deviennent eux m mes des terres d immigration sont ici particuli rement specta culaires Vue du continent europ en l analyse du ph nom ne offre videmment moins de surprise Elle met le doigt toutefois et un doigt pr cis chiffr et mesurable sur les importants boule versements qui r sultent de ce que l Europe est aujourd hui devenu le premier p le d immigra tion au monde Sont ainsi soulign es les importantes difficult s politiques de certains pays notamment en Europe du Sud devenus brutalement des terres d immigration apr s avoir longtemps t caract ris s par l migra tion de m me qu est mise en ple
38. es citoyennes ce vaste tour d horizon du Val d Oise l Himalaya de l nergie solaire au gu pard en passant par le bison et les ufs bio pr sente une diversit dangles et d approches fort s dui sante et pour tout dire passionnante Le bilan Plan te du Monde ou l almanach de l urgence cologique num ro 95 d cembre 2009 page 17 Esprit Critique SAT 7 se faire son opinion CRITIQUES Un oiseau sur huit un mammif re sur quatre et un oiseau sur trois sont aujourd hui menac s de disparition Et combien d hommes Victimes du r chauffement les deux pre mi res les de l archipel de Kiritabi ont sombr et le dirigeant de ce micro Etat du Pacifique Sud a entam une tourn e pour trouver son peuple une patrie d adoption Demain en serons nous tous l e Jean Jaur s Fondation Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES J Jean Jaur s Fondation HISTOIRE 7 1848 LA REVOLUTION OUBLIEE Mich le Riot Sarcey et Maurizio Gribaudi Editions La D couverte septembre 2009 288 pages 12 PAR BENJAMIN FOISSEY L ann e 1848 reste dans les m moires comme un sursaut europ en face au carcan impos par les vainqueurs de Napol on au congr s de Vienne une mosa que de soul vements o se m lent revendications sociales et nationales de la Pologne qui cessa d exister en 1795 jusqu au royaume des Deux Siciles en passant par l Autriche des Habsbo
39. euse et utile Utile tout d abord car la lecture du livre devait assur ment replacer la crise dans son contexte historique et offrir une meilleure com pr hension du cataclysme r cent Et cela est d autant plus n cessaire que avec le recul il semble que la crise des subprimes ne peut pas s expliquer exclusivement par ces m nages am ricains surendett s qui ont eu recours des cr dits hypoth caires ni m me par les circons tances conomiques dans lesquelles ces emprunts ont t contract s mais par un ensemble important de facteurs et au premier chef l histoire sans cesse recommenc e des bulles financi res qui finissent toujours par clater Utile toujours car ce livre s inscrit par faitement dans la s rie de chroniques relative la r gulation de la mondialisation et de la finance que la Fondation Jean Jaur s souhaite r aliser sur des livres qui traitent de sujets aussi divers que le commerce mondial les bonus des traders des paradis fiscaux des hedge funds des transactions financi res des investissements trangers des normes comptables des agences de notation de la gouvernance des entreprises du secret bancaire de POMC de la Banque mon diale Mais avant de r guler il faut comprendre Comprendre les crises Comprendre l effon drement du march immobilier am ricain Comprendre comment cette crise localis e aux Etats Unis a travers l Atlantique pour venir jusqu nous C est dans cet e
40. i l incroyable force de ce t moi gnage des analyses p n trantes sur la mainmise des nazis allemands sur l ensemble de la soci t allemande il ajoute un t moignage lucide o il ne se donne pas le beau r le mais o il joue le sien En 1934 fut cr e Paris l initiative de Heinrich Mann Andr Gide et Romain Rolland une Biblioth que des livres br l s en Allemagne Deutsche Freiheitsbibliothek litt ralement la Biblioth que allemande de la Libert Elle rassemblait des uvres qui avaient t SAT 7 Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES e Jean Jaur s Fondation interdites et br l es par les nazis lors de lauto daf de livres en 1933 Si l on cr ait son pendant contemporain une sorte de biblioth que contre la barbarie et le totalitarisme Histoire d un alle mand y figurerait en bonne place c t du Complot contre l Am rique de Philip Roth et de Conscience contre Violence de Stefan Sweig Autant d honorables tentatives de nous avertir des folies des Hommes Pour les tourdis les Hommes c est nous num ro 95 d cembre 2009 page 11 Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES J Jean Jaur s Fondation EN REVUE 4 LA QUINZAINE LITTERAIRE Num ro 1000 sp cial 1 octobre 2009 47 pages 4 80 PAR THIERRY ROURE La Quinzaine litt raire revue de critique litt raire aussi mythique qu originale dans le pa
41. ine lumi re la fonction de fronti re de la M diterran e quali fi e de Rio Grande europ en et le r le consid rable pris par les alc ves europ ennes qui servent de point de passage au prix de tr s num ro 95 d cembre 2009 page 3 grandes tensions Ceuta et Melilla Malte Sangatte II faut aussi lire avec beaucoup d attention les passages consacr s la diversit des parcours migratoires qui peuvent varier consid rablement en fonction des pays d ac cueil souvent en raison de liens historiques aussi anciens qu vidents Alg riens en France migrants du Commonwealth au Royaume Uni sovi tiques d origine allemande en Allemagne parfois en raison de bouleversements politiques plus r cents au premier rang desquels il faut bien videmment compter l croulement du mur de Berlin qui a fait entrer en mobilit pour reprendre l expression de l auteur un grand nombre d tats Face ces mouvements aussi profonds que divers la r ponse europ enne est plus que para doxale La conscience des n cessit s de l immigration face au double d fi de la p nurie de main d uvre et de l inexorable vieillisse ment de la population est r elle La r ponse apport e pourtant est loin d tre la hauteur Malgr en effet quelques tentatives timides notamment l laboration d un titre de s jour pour les trangers qualifi s la communautari sation s est jusqu aujourd hui essentiellement t
42. ique et religieuse jetant des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Leipzig Dresde ou Berlin Est est une autre donn e constante de l automne 1989 qui tranche avec les discours aujourd hui en vogue sur une Ostalgie peut tre exag r e s rement mal comprise certainement pas unanimement partag e Un v nement ni impossible ni fatalement d termin Au del m me de ces rappels utiles et de ces pr cisions bienvenues l apport de Michel Meyer et aussi d autres ouvrages publi s l occasion de cet anniversaire est de rappeler que la chute du mur de Berlin et le tournant historique de 1989 n taient en rien un miracle survenant dans un environnement o la division du monde en deux blocs aurait t solidement assise Et cela quelle que soit la surprise de tous ceux qui furent pris au d pourvu commencer par les dirigeants fran ais de l poque Pour autant la chute du mur sans effusion de sang et la disparition pacifique du sovi tisme tait tout aussi loin d tre une issue in luctable et pr visible une n cessaire fin de chapitre de l histoire d faut d une fin de l histoire Et ce malgr l apparence d vidence que ces v ne ments prennent d sormais pour nous en tant que points de rep re historiques marquants num ro 95 d cembre 2009 page 21 Au del des sc nes d action de discussion et de tractation l histoire secr te de la chute
43. it pu ne pas avoir lieu Les r flexes de la guerre froide pouvaient tout moment faire d g n rer les choses de mani re dramatique Ultime clin d il l actualit politique alle mande alors que 1989 trouve peu peu toute sa place dans l criture de l histoire la description de la transition r novation du SED en PDS avec l av nement d un jeune cadre encore peu connu Gregor Gysi dont les intuitions politiques sont l une des mamelles de la nouvelle configuration plus complexe d un paysage politique o la gauche est forte mais trop divis e Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES Q Jean Jaur s Fondation QUESTIONS INTERNATIONALES 9 THE MIND OF JIHAD Laurent Murawiec Cambridge University Press d cembre 2008 352 pages PAR JEAN LOUP SAMAAN Le regrett Laurent Murawiec chercheur au think tank conservateur le Hudson Institute avait d fray la chronique du tout Washington lorsqu il avait d fendu l t 2002 devant les hautes instances du D partement de la D fense l id e d une politique am ricaine parti culi rement agressive l gard de l Arabie saoudite La pr sentation orale controvers e s tait ainsi retrouv e en premi re page du Washington Post et avait conduit une mini crise diplomatique entre Washington et Riyad Depuis lors Laurent Murawiec n a cess de tra vailler sur l islam et ses expressions politiques contemporaine The
44. l Education nationale la formation et lem ploi Sacr programme Les trois derniers chapitres quatre cinq et six traitent des mutations du travail des restructurations d entreprise et de l tat des relations sociales Plusieurs consid rations m ri tent que l on s y arr te nous nous contenterons de quelques remarques par chapitre La r duction du temps de travail est un l ment majeur pour comprendre les derni res Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation mutations du monde du travail Plusieurs id es re ues sont pour le moins rudoy es Par exemple le volume d heures travaill es serait inf rieur en France ce qu il est chez ses voisins C est faux puisque la dur e annuelle effectivement travaill e en France est de 1457 heures en 2007 contre 1353 en Allemagne et 1336 aux Pays Bas par exemple La dur e hebdomadaire du travail est autour de 37 5 heures en France si l on prend en compte le total des emplois elle est de 36 5 heures au Royaume Uni et autour de 35 heures en Allemagne Ces diff rences s expliquent essen tiellement par le recours beaucoup plus d velopp chez nos voisins europ ens au temps partiel voire tr s partiel Mais la r duction du temps de travail a tout de m me eu un impact certain sur la p nibilit du travail et le stress notamment parce qu elle a servi de cadre une intensification du travail Au del du temps de travail ce
45. loin jusqu au camp de concentration jusqu la torture jusqu avoir le droit de figurer un jour sur un monument com m moratif D autres ont succomb bien plus t t aujourd hui ils r criminent sous cape dans la r serve de la SA Comment sortir du huis clos sinon par la politique Mais la r ponse de Sebastian Haffner est terrible Pour parachever l accession des nazis au pouvoir il souligne qu une chose tait indispensable la l che tra hison de tous les chefs de partis et d organisations auxquels s taient confi s les cinquante six pour cent d Allemands qui le 5 mars 1933 avaient vot contre les nazis Seule cette trahison insiste t il un peu plus loin explique le fait apparemment inexplicable qu un grand peuple qui ne se com pose pas exclusivement de poltrons ait pu sombrer dans l infamie sans r sistance C est en effet l honneur de la politique que de permettre num ro 95 d cembre 2009 page 10 de faire ensemble de construire ensemble de r sister ensemble C est son d shonneur d y chouer ou pire d y renoncer Et c est aussi en politique que l on peut borner poser des limites aux petits compromis du quotidien Que l on peut partir d un v ne ment donner de la force un acte de r sistance Et donner un sens puissant et f cond une sorte de limite au del de laquelle on est dans l inac ceptable Mais en Allemagne les politiques ont fait d fa
46. n gros caract res dans l histoire de l Allemagne Mais il est peu probable qu elle ait fait date dans l histoire d un Allemand en dehors du petit c nacle des gens directement concern s La vie suit son cours Pas de famille d chir e pas d amiti bris e pas de d part pour l exil Pas m me l annulation d un rendez vous galant ou d une soir e l op ra Les amours malheureuses n en furent pas moins malheureuses les amours heureuses n en furent pas moins heureuses les pauvres rest rent pauvres et les riches rest rent riches Et maintenant en regard cette autre date 1933 Hindenburg nomme Hitler chancelier Un s isme branle soixante six millions de vies humaines C est dans ce rapport singulier l Histoire qu il inscrit efficacement sa d marche d crivain de t moin puisque c est avec sa vie avec les v nements qui pass rent port e de son regard ou de son c ur qu il construit cette Histoire d un Allemand A plusieurs reprises et c en est frap pant Sebastian Haffner s excuse de trop parler de lui Comme une candide pudeur dans un exercice qui par essence doit le d voiler Il s ex cuse et se justifie raison car l histoire n est pas faite que de h ros et de chefs d Etat faut lire les biographies non pas celles des hommes d Etat mais celles trop rares de citoyens ordinaires inconnus souligne t il l auteur utilise donc sa Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES
47. nt du suffrage est une th se large ment diffus e dans les manuels scolaires Ce livre nous apprend qu un coup de fusil transforma une manifestation populaire en soul vement destruc teur pour le r gime en place La m canique bien huil e de notre pens e historique scolaire voire parfois universitaire se doit alors de laisser la place l id e de sponta n it Pourquoi ce coup de fusil l d clencha la r volte alors que tant d autres furent tir s Paris comme Lyon et Rouen dans des condi tions similaires par les agents du m me r gime sans que ce dernier ne chancela s rieusement Cette pens e de la spontan it historique se dessine par l expos m thodique des faits et nargue les lin arit s temporelles comme la phy sique quantique le fit des syst mes de Newton en l obligeant concevoir le hasard C est cette part de hasard qui rendit les observateurs les num ro 95 d cembre 2009 page 19 plus fins d alors incapables de pr dire les v ne ments comme ceux plus tard des v nements de mai 1968 De 1848 partirent ou s affirm rent nombre de dynamiques qui structurent encore aujour d hui nos pens es et nos combats politiques mais on sent bien la lecture de ce texte que d un m me v nement aurait pu d couler des paysages intellectuels tr s diff rents que la pr dominance d un mat rialisme historique sur le socialisme utopique n avait rien d crit que la diff rentiation
48. ournaliste et d his torien reconnu C est apr s sa mort en 1999 que l on a retrouv dans ses archives cette Histoire d un Allemand Elle r pondait en 1939 une commande de l diteur Warburg qui resta sans suite probablement pour cause de guerre Apr s num ro 95 d cembre 2009 page 9 il se peut bien qu elle rest t rang e dans un de ses tiroirs parce qu on ne pouvait pas l entendre cette Histoire d un Allemand l y avait tant d autres histoires plus dramatiques plus pouvantables qu on n entendait pas non plus Le temps fit son travail qui nous permit de d tailler ce qui fut d abord un bloc ignoble compl tement ferm le nazisme On put alors entendre l histoire des d port s des assassin s entre nuit et brouillard On sortit ici en France de l enluminure d un pays r sistant pour commencer d couvrir une r alit plus nuanc e Et finalement on tenta de comprendre ce qui s tait pass comment la d mocratie avait enfant la barbarie Et nous voici avec cette Histoire de Sebastian Haffner Son histoire Comme il l crit dans le prologue il peut arriver qu un v nement historique ne laisse presque pas de trace dans la r alit vraie c est dire dans la vie la plus authentique la plus intime de l individu Il peut au contraire la ravager jusqu n en rien laisser intacte 1890 Guillaume Il renvoie Bismarck C est certainement une date importante inscrite e
49. oyennes De plus la victoire moyenne de 1918 a provoqu la mont e du nazisme et a conduit inexorablement le monde dans une deuxi me guerre S duisante toujours car l auteur accompagne toujours ses livres de documentaires ponymes qui lui permettent de diffuser ses recherches au grand public lors de grands messes sur Channel 4 De ce point de vue la pr sente s rie ne marque pas de rupture par rapport Colossus Empire The war of the world mais cette fois ci il tente la filia tion avec la s rie The ascent of Man de Jacob Bronowski Comme l accoutum e on retrouve ce quadra aux tenues soign es raconter tou jours seul l cran la mani re d un grand reporter son ascension de l argent miroir de l ascension des Hommes dans des d cors tou jours aussi impressionnants Le voyage s est r v l tour tour int ressant puis tr s d cevant Int ressant au d but car le lecteur ou le t l spectateur est emport par un voyage de six tapes Etape n 1 Du marchand de Venise et de cette livre de chaire humaine pr lev e en cas de d faut de paiement aux requins usuriers de Glasgow en passant par l empire des M dicis et la M sopotamie on y d couvre que le cr dit et la dette sont indispensables l mergence de toute civilisation humaine Etape n 2 La finance devient un l ment essentiel du Pouvoir C est avec l invention des emprunts obligataires dans l Italie de la Ren
50. possible selon l heureuse formule d Angelo Rinaldi Maurice Nadeau m rite toute notre gratitude car entre la politique et la vie il y a la litt rature Au sein de La Quinzaine litt raire qui prit la suite des Lettres nouvelles en 1966 et dont le titre fait bien s r r f rence aux mythiques Cahiers de la quinzaine de P guy ont eu lieu bon nombre des controverses qui ont anim le milieu intellectuel depuis 1945 notamment autour du d bat Sartre Foucault Lacan Lagache ou sur Bataille et Sade De cette pr occupation constante pour la chose politique on trouvera galement des traces dans les articles de ce num ro sur l actualit de la Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation chute du mur de Berlin et la crise financi re Au sujet de la premi re sont recens s les meilleurs ouvrages notamment de Marc Ferro et de Frederick Taylor sur l incroyable implosion du communisme qui trouva son paroxysme le 9 novembre 1989 Chemin faisant au regard des analyses et de la chronologie qui sont propo s es on s interrogera sur l incroyable concours de circonstances qui a accompagn la chute du mur ce qui devrait nous conduire nous interro ger nouveaux frais sur le hasard et la n cessit en histoire Il est excellemment rappel que les hommes font l histoire mais ils ne savent pas l histoire qu ils font comme l a crit Aron Quant la critique du livre de El
51. prendre le r le conomique et non plus seulement social jou par les presta tions sociales Pourtant le constat dress est bien celui d une protection globale face aux risques en recul le taux de remplacement ratio retraites salaires baisse tandis qu augmente le nombre de retrait s le d remboursement des d penses de soins se multiplie tandis qu un nombre croissant de Fran ais n a pas de compl mentaire sant Si l on veut bien avoir en t te que 80 des d penses de protection sociale concernent la vieillesse ou la maladie on com prend mieux les d fis pos s la protection sociale l id e de construire un Etat d investisse ment social tel que lont par exemple propos r cemment Jacques Delors et Marc Doll dans leur ouvrage Investir dans le social ne saurait constituer une perspective s rieuse que sous certaines conditions Un tel projet serait vou l chec et resterait au rang des politiques incan tatoires s il ne devait selon les auteurs ne pas remettre en cause le dogme de l impossible augmentation des cotisations sociales et ou imp ts directs Les chercheurs de l IRES posent ainsi clairement les conditions d un Etat pr ven tif efficace sur le plan social pour d passer le stade du v u pieu il faudrait dans le m me temps augmenter la fiscalit sur le patrimoine concevoir une nouvelle fiscalit notamment sur les revenus accepter un investissement massif dans
52. r s de leur travail qui ont subi les cons quences les plus n gatives de la rigueur salariale A cette premi re ligne de fracture au sein de la soci t fran aise sont venues s ajou ter d autres lignes de fracture directement corr l es la premi re locataire propri taire salari s de petites entreprises salari s de grandes entreprises etc Le mod le social fran ais parvient tant bien que mal faire tenir l difice social sa sur vie doit beaucoup l existence des prestations sociales chapitre trois Elles ont une fonction dite contra cyclique Cela signifie notamment que en p riode de r cession conomique elles jouent le r le de stabilisateurs conomiques att nuant les effets n gatifs de la crise sur les conditions de vie Cette fonction conomique reconnue actuellement observable alors que nous connaissons une crise conomique majeure ne peut jouer qu la condition de ne num ro 95 d cembre 2009 page 6 pas faire le choix d une approche trop restrictive des prestations sociales en p riode de croissance conomique C est ainsi une autre id e re ue sur la France du travail qui doit tre lev e plus on res treint le champ et le niveau des prestations sociales plus on annihile leur fonction d amortis seur social et conomique en cas de crise Lorsque l on sait l importance de la consommation des m nages dans la structure de la croissance du PIB fran ais on peut com
53. raduite par un alignement vers le bas sur la politique la plus restrictive Sur ce point le constat de l auteur est absolument accablant L exp rience de l Europe aurait pourtant pu ser vir de parfait contre exemple L auteur met en lumi re en effet en quoi l acc s la libre circula tion des pays d Europe orientale ayant adh r l Union europ enne montre tr s bien et contrairement une croyance fermement ta blie que les migrants reviennent d autant plus dans leur pays d origine que la circulation entre celui ci et le pays d accueil est ais e et juridique ment garantie On ajoutera ici qu il aurait t sans doute fructueux d opposer le r le de la Commission europ enne et celui du Conseil De nombreux exemples le dernier en date tant celui de la r cente directive retour sur les modalit s d loignement des trangers montrent en effet que la Commission europ enne est beaucoup plus sensible aux exigences de la mobilit Celle ci est en quelque sorte int gr e dans son code culturel puisque l on sait le r le d cisif que la Commission a jou pour la construction de la libre circulation l int rieur de l Europe mod le Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation qu elle garde en m moire lorsqu il s agit de pro poser des textes sur les migrations en provenance des pays tiers La r ponse du Conseil miroir de celle des tats est au contr
54. rap pelle celle d un tang en plein t avec un peu de vase dedans L auteur retranscrit subtile ment la relation p re fille faite ici de protection et de fiert r ciproques Chaque page de Dis oui Ninon fera sourire le lecteur attendri par la malice de la fillette comme par sa douceur toute ironique Chaque page lui rappellera que l enfance se doit d tre prot g e comme un tr sor parce qu elle porte en elle l infini des promesses du monde Une enfant attachante et profonde Ninon adore son p re mais ce qui fait tout le charme du roman c est d abord celui de l enfant Esprit Critique se faire son opinion ECHAPPEES J Jean Jaur s Fondation qui multiplie les traits d esprit sans le vouloir qu elle parle de Fred manifestant contre les mas sifs centrales nucl aires ou des campings ces endroits o l on prend des douches froides avec des jetons d eau chaude qui ne marchent pas Tout au long du livre l enfant donne aux choses de la vie des d finitions magnifiques pleines d humour et de fra cheur La m lancolie C est ce qu il y a de plus beau au monde a veut dire qu on a eu une enfance tr s belle et que nos parents sont pas du tout des pervers Un cadeau C est quelque chose de rare qu on te donne comme a sans raison parce que tu le m rites sans le savoir Souvent Ninon se parle elle m me Plut t que de crier haut la gamine pr f re chuchoter
55. re la mise en perspective historique propos e par les auteurs de ce chapitre tra vers plusieurs exemples concrets on dessine une France caract ris e par l omnipr sence de l Etat une relative atonie syndicale et la d cou verte tardive de la n gociation collective elle m me tr s d pendante d ailleurs de l inter vention des pouvoirs publics On lira surtout ici une description de l volution l gislative en mati re de dialogue social et d encadrement de la n gociation collective et la tentation r cente et critiquable notamment traduite dans la loi du 20 ao t 2008 d encourager les d rogations aux accords de branches entreprises par entre prises Ce dernier chapitre est galement l occasion d interroger le r le des organisations syndicales Am liorer la repr sentativit en la fondant sur l lection ne suffira pas car c est bien la mani re dont sont concues les n gocia Esprit Critiqu an in se faire son opinion CRITIQUES J Jean Jaur s Fondation tions nationales qui aujourd hui posent ques tion Ces n gociations continuent de faire des organisations syndicales de simples adapta teurs des accompagnateurs des politiques publiques bien plus que des co acteurs Au del donc des questions souvent mises en avant de la repr sentativit et du taux de syndicalisation autour de 8 se pose aujourd hui la question de la capacit peser des organisations syndi cales Celle
56. rs de la R publique d mocratique Ou encore c t RFA de Horst Teltschick conseiller diplomatique de la chancellerie Mais aussi des plus conserva teurs des communistes est allemands ou des faucons moscovites dont Vladimir Krioutchkov le pr sident du KGB Le d roulement de l op ration Loutch con ue par les strat ges r formateurs du sovi tisme pour importer la perestro ka et la glasnost en RDA en imposant un changement la t te de l Etat et du parti unique SED constitue avec ses retards irrattrapables un des moteurs du r cit Avant d tre d finitivement d pass e par le jeu des gos et par les v ne ments et de laisser les d cideurs improviser pour finalement composer avec l inimaginable Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES Jean Jaur s Fondation Parmi les l ments forts un peu oubli s vingt ans apr s figure le niveau de tension alors atteint entre les services de s curit et d es pionnage ainsi que les arm es non pr par s un tel traumatisme Le rappel de l assassinat du banquier Alfred Herrhausen conseiller et intime du chancelier Kohl et porteur d une vision g opolitique constitue un r cit dans le r cit Non encore formellement lucid es les ques tions pos es par ce crime sont r v latrices de ce que le d roulement pacifique des v nements n tait en rien acquis La pr sence en toile de fond d une constante mobilisation populaire polit
57. s failles dans la chape des id es re ues l emploi est au c ur du premier chapitre Ce choix n est videmment pas neutre La compr hension des logiques l uvre en mati re de politique salariale de co t du travail de qualit de l emploi de segmentation du march du tra vail de statuts de protections par l emploi offre d j une vision compl te de grandes options id ologiques et politiques que l on retrouvera ensuite plus ou moins l identique dans toutes les autres dimensions du monde du travail l emploi est d sormais miett il ne correspond ni une norme unique ni ne permet plus l acc s un statut pr cis et stabilis Lemploi renvoie d sormais des degr s divers de s curit Globalement en m me temps qu il est devenu num ro 95 d cembre 2009 page 5 une denr e rare il a perdu de sa qualit La a lutte contre le ch F mage partir des rance ann es 1985 95 a conduit privil gier du des approches en ter mes de co t du travail traval l et multiplier les types DONN ES ANALYSES D BATS de contrats de travail Mais cette recherche TI de flexibilit n a pas amp ul apport de r ponse efficace au ch mage de masse comme le d montre sa progression quasi continue depuis un quart de si cle Elle a en revanche constitu un l ment important dans la d gradation de la qualit des emplois et du niveau de protection auxquels ils donnent droit
58. s ci devront concevoir des strat gies nouvelles accepter de se regrouper sans doute r fl chir la mani re de b tir des alliances offensives et non plus seulement d fensives num ro 95 d cembre 2009 page 8 Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES i J Jean Jaur s Fondation A L ESSAI 3 HISTOIRE D UN ALLEMAND Souvenirs 1914 1933 Sebastian Haffner Edition revue et augment e Traduit de l allemand par Brigitte H bert Editions Actes Sud collection Babel septembre 2004 434 pages 9 50 PAR DENIS QUINQUETON SEBASTIAN HAFFNER P HISTOIRE D UN ALLEMAND SA SOUVENI Cette histoire finale ment il lavait gard e pour lui Elle ne fut AJ publi e qu en 2000 Sebastian Haffner Raimund Pretzel de son vrai nom est n en 1907 Il s est exil en 1938 passant quelques semaines Paris avant de s installer en Angleterre o il tente en vain de former un gouvernement allemand exil dot de son propre service de propagande et d une organisation d aide aux r fugi s Son id e ne put s imposer en raison des divisions internes entre les mouvements de r sistance allemands qui bien que peu nom breux furent divers et soumis aux vents contradictoires de l histoire II v cut en Angle terre dans la pr carit jusqu en 1954 Juriste de formation magistrat stagiaire Berlin au d but des ann es 30 il m nera son retour en Allemagne une carri re de j
59. s doigts tapotent le clavier il reste 41 salles en France dont huit Paris qui programment le so fucking but so delicious In the loop d Armando lanucci Autant dire que les occasions d une rigolade franche et grin ante sur grand cran et son dolby s amenuisent de semaine en semaine Il vous faudra aff ter vos oreilles et vos yeux pour les sous titres parce qu in the loop file toute vitesse de Londres New York en passant par Washington d un camp un autre d un puissant l autre les v nements s encha nent dans un flot ininter rompu de jeux de mots et d insultes gratin es Ministre amateur jeunes assistants passa blement cyniques et opportunistes souhait communicants hyst riques et diplomates v reux lunivers politique est la noce dans cette com die inspir e de la s rie TV britannique du m me lannucci Thick of it Suite une d claration impr visible du ministre du D veloppement mondial c est toute la diplomatie anglo am ricaine qui se trouve embarqu e dans une spirale d lirante qui fera de ce m me ministre la marionnette des interventionnistes au Moyen Orient Le press officer clairement inspir par Alastair Campbell totalement d jant et scato ne fera qu une bouch e du ministre gaffeur presque touchant d incr dulit Du g n ral am ricain qui retourne sa veste aux assistants qui surfent d un camp l autre tout ce joli monde place ses pions pour emporter la b
60. sprit que le livre The Ascent of Money devait nous aider r aliser notre mission Prometteuse ensuite car cette invitation au voyage s op re dans le temps long et dans un espace large en ambitionnait en quelque 366 pages d tre aussi exhaustif que divertissant La performance de l artiste cet effet ne devait pas manquer d audace Relevons une s rie de probl matiques qui ne manqueront pas d veiller la gourmandise du lecteur fran ais pourquoi la R volution fran aise est elle deve nue in vitable la suite de John Law meurtrier num ro 95 d cembre 2009 page 25 Esprit Critique se faire son opinion condamn e se nicher dans la cat gorie des CHRONIQUES Jean Jaur s cossais ministre des Finances du Royaume de France p re de la finance et du papier monnaie qui a su conduire la France au bord de la ban queroute en organisant la premi re cha ne de Ponzi en Louisiane pourquoi la d faite de Napol on Waterloo est autant le fait de Nathan Rothschild que de Wellington pourquoi George Soros a t il pu s enrichir d un milliard de dollars en pariant sur la chute de la livre sterling en 1992 pourquoi l obsession anglo am ricaine de l accession la propri t et aux cr dits immo biliers peut conduire la catastrophe pourquoi Enron cette entreprise performante peut faire faillite pourquoi le Japon a construit un Etat providence pourquoi l conomie chilienne sous Pinochet a t
61. t Il est des signes qui ne trompent pas pendant les f tes Fred et Z lie ont commenc ne plus rire ensemble Ils riaient contre eux Ninon l a n e des deux fillettes est bien oblig e de constater qu entre ses parents c est comme a que tout a d g n r La suite est inexorable un jour Fred n a pas voulu rentrer la maison et le samedi d apr s Z lie a rencontr l amour qui dure Et elle n a plus jamais t la m me Mais la rupture d vie les chemins de ceux qui la subissent autant que de ceux qui la choisis sent Ceux qui n ont pas rompu enfants amis doivent se positionner et vite Ninon n h sitera pas Et l je prends ma d cision celle qui changera ma vie jamais Pour toujours Mon papa a besoin de moi et je ne le quitterai plus Agathe la cadette sera elle sous la garde de Z lie Ainsi d bute le roman plein d allant et de fantaisie de Maud Lethielleux Fred en hirsute po tique a le projet un peu fou de construire lui m me sa nouvelle maison au milieu d un champ o s entrem lent l odeur de la for t l ombre des arbres et la lumi re travers les feuilles Ninon enchant e par l id e voudra l y aider Aussi le p re et la fille commencent ils num ro 95 d cembre 2009 page 29 mener ensemble une vie paysanne presque sauvage dans laquelle l enfant s tonne et se r jouit de tout On reste frapp devant la facult
62. t convoqu et Adam Smith presque toujours oubli pourquoi Kenneth Griffin le PDG du hedge fund Citadel est il longuement cit alors que Karl Mark et Friedrich Engels ont t effac s des annales peine sait on que Le capital existe pourquoi le r le de la Banque mondiale n est il jamais critiqu ou analys notamment dans sa r ponse la crise asiatique des ann es 90 pourquoi l auteur est il d une tr s grande complaisance avec le miracle conomique chilien sous Pinochet pourquoi les critiques de Stiglitz et de Krugman sur la mondialisation ne sont elles pas abord es pourquoi enfin les rapports entre la R volution industrielle et la finance sont ils peine trait s Alors que retenir de bon de The Ascent of Money Pour le bon une dissertation de culture g n rale solidement charpent e Et pour le tr s bon une analogie que nous pourrions filer avec le slogan de Decathlon A fond la forme car Fergusson a le sens des formules Ces derni res sont tr s nombreuses et toujours percutantes les emprunts obligataires bonds sont com par s James Bond So how did this Mr Bond become so much more powerful than the Mr Bond created by lan Fleming Why indeed do both kinds of bond have a licence to kill et la m connaissance de l histoire de la finance au tabac Not knowing the history of Finance Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES J Jean Jaur
63. toute hypoth se l id e g n rale est enti rement contenue dans la formulation de ce nouveau droit une pr rogative particuli re individuelle opposable aux tats garantissant comme droit fondamental celui de se d placer d un pays l autre et d y rester La proposition serait proprement r volution naire Elle demeure bien entendu construire Il reste en effet lui trouver une formulation juri dique pr cise l encadrer et lui construire des num ro 95 d cembre 2009 page 4 limites M me en effet si l auteur affirme avec beaucoup de force qu un monde sans fronti re n est pas une utopie elle n en est pas moins consciente que les tats conserveront encore longtemps le droit d apporter des restrictions l entr e de migrants sur leur territoire Il n en reste pas moins qu en renversant le principe et l exception en estimant que le point de d part doit tre le droit de chaque personne se d placer et non pas le principe g n ral de fermeture des fronti res l auteur propose un profond renverse ment de perspective Partir de l individu et non plus de l tat affir mer le droit subjectif de celui l et non la pr rogative de souverainet de celui ci le chan gement de focale est complet Appuy sur des faits empiriquement constat s et des donn es chiffr es il convainc au moins qu un autre discours sur l immigration est aujourd hui r elle ment possible Il est donc
64. ues de l emploi La France du travail pr sente une France en tension et en d s quilibre Esprit Critique se faire son opini CRITIQUES Jean Jaur s Fondation on Les cons quences sociales de la rigueur sala riale chapitre deux sont la fois de plus en plus ais ment observables et difficiles vivre pour les personnes concern es Le pouvoir d achat du salaire net moyen a augment de 0 5 entre 1978 et 2006 Pourtant dans le m me temps la croissance des gains de productivit est rest e chaque ann e de l ordre de 1 5 2 Ces trente derni res ann es sont ainsi r sum es la crois sance conomique a davantage b n fici d autres cat gories de revenus que les salaires en particulier les revenus de la propri t l illustration la meilleure de ce glissement prin cipale cause du creusement continue des in galit s sociales en France est sans aucun doute l volution de la structure du revenu dis ponible des m nages depuis 1949 La part que constitue le salaire net est en 2006 exactement la m me que celle qu il repr sentait soixante ans plus t t quand la part des revenus de la pro pri t est elle pass e de 8 8 212 La France qui se l ve t t a t la grande per dante de la rigueur salariale Ce sont en effet les Fran ais dont les revenus taient les plus troi tement li s leur activit salari e les Fran ais les plus directement d pendants des revenus ti
65. ur permettre de mettre en uvre des politiques environnementales et pr ventives leur ont t vers s Un zoom est fait sur la strat gie d accapare ment des terres agricoles par des Etats que ce soit via des fonds souverains ou des soci t s parapubliques Avec une crise alimentaire qui n en finit plus de s amorcer les terres cultivables deviennent un investissement tout fait strat gique et pourquoi pas lucratif Il n est pas neutre alors de comparer les trente milliards que la FAO Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES J Jean Jaur s Fondation estime n cessaire pour radiquer la faim dans le monde aux trois mille d pens s pour juguler pour combien de temps la derni re crise d un capitalisme qui aujourd hui se rue sur les terres Mais ce hors s rie a surtout le m rite de ne pas luder les questionnements les plus pro fonds et de mettre en avant les pistes en apparence les plus iconoclastes Le sociologue Amita Etzioni veut d finir un bien vivre qui permette d assurer l panouis sement des tres humains autrement qu travers des achats et aborder ainsi d un m me mouvement au travers dun concept au nom passablement barbare le communautaria nisme les crises conomique et cologique l conomiste Noreena Hertz pr ne en ce qui la concerne un capitalisme coop ratif dont les fondements sont limpides ils s appuient sur les lignes de force de l a
66. urg et ce qui deviendra l Allemagne Cette m me ann e fit de la France et de Paris en particulier un picentre d aspirations qui bien que brouillonnes firent des passions popu laires qu elles suscit rent la preuve de leur force Une grande partie de la trag die qui se noua ensuite vint du fait que ce centre ne s assuma pas comme tel Quatre r gimes se succ d rent alors La monarchie de Juillet incarn e par Louis Philippe et Fran ois Guizot personnage fascinant par son acuit m l e d un conservatisme politique intransigeant La Deuxi me R publique ensuite qui fut impuissante canaliser les aspirations qui la firent na tre puis la dictature de Cavaignac et enfin celle de Louis Napol on Bonaparte pre mier pr sident lu au suffrage universel masculin et futur empereur Jamais l histoire de France ne connut pareille succession m me aux temps instables de la Premi re R publique Cet ouvrage de deux universitaires sp cia listes d une histoire des aspirations politiques num ro 95 d cembre 2009 page 18 Maurizio Gribaudi Mich le Riot Sarcey 1848 la r volution du peuple nous plonge dans ce Paris de 1848 aux structures intellec tuelles et sociales en cours de cristalli sation dans cette capitale fra che ment sortie de l Ancien R gime de ses corporations et de ses mythes qui tel Byzance n en finissaient pas de finir C est dans les rues des quartiers populaires et hupp s de l
67. ut Alors le huis clos a continu et nom breux sont ceux probablement qui se sont interrog s quel acte faut il refuser A partir de quand n accepte t on plus C est la question qui traverse l ensemble de cette Histoire Et l encore la r ponse est terrible partir de quand n accepte t on plus Trop tard Alors qu il suit une sorte de stage d embrigadement orga nis par les nazis destination des juristes stagiaires Sebastian Haffner cherche borner son action Il y a des choses ne pas faire jamais ne rien dire moi m me dont j aurais honte plus tard Tirer sur une cible d accord Mais pas sur des gens Ne pas me lier Ne pas me ven dre Quoi encore Mais tout le reste tait d j abandonn perdu Je portais un uniforme un brassard avec une croix gamm e Je me mettais au garde vous et j astiquais mon fusil Que r pondre au juge qui me demanderait tu portes une croix gamm e Tu ne le veux pas Bien Alors pourquoi le fais tu Aurais je d refuser d s le premier jour au moment o on nous avait distri bu les brassards D clarer d embl e Non je ne porterai pas ce truc et le pi tiner Mais c aurait t une folie et surtout ridicule Tout ce que j y aurait gagn ce t t de me retrouver dans un camp de concentration au lieu d aller Paris Et je serai sans doute mort pour rien pour une donquichottade pas m me publique Ridicule L s exprime auss
68. ysage intellectuel fran ais vient de f ter son 1000 num ro Elle en profite pour faire un num ro sp cial apr s pas moins de quarante trois ann es d existence depuis sa cr ation en 1966 par Maurice Nadeau C est pour nous l occasion de faire retour sur l itin raire tant politique que litt raire de ce grand Monsieur qui vient de f ter ses 98 ans Gagn en 1932 au trotskysme par Pierre Naville lui m me surr aliste et futur fondateur de la sociologie du travail avec Georges Friedmann Maurice Nadeau fit rapidement partie de la garde rapproch e du proph te d sarm et lia toujours engagement politique et litt rature On en veut pour preuve son int r t tr s pr coce pour le surr alisme Il en crira d ailleurs en 1945 une histoire qui fera date On verra cet engage ment de jeunesse un clin d il dans ce num ro anniversaire par la republication de la recension du Thomas Hobbes de Pierre Naville qui inter pr tait l auteur du L viathan comme un critique pr monitoire de la d rive bureaucratique De cette poque date galement son amiti avec David Rousset dont il ditera apr s guerre L univers concentrationnaire une des premi res analyses sociologiques des camps de concentra tion qui sera galement suivi par le t moignage litt raire Les Jours de notre mort Mais apr s la Seconde Guerre mondiale Maurice Nadeau abandonne quasiment le mili tantisme politique pour se jeter dans une num

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