Notes de lecture 7
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1. pulsion du capital dans les pays les plus avanc s D ployer un mod le industriel dans lequel le capital n a plus besoin du travail et de la consommation de masse Le travail salari stable est r serv une fraction de la population tr s qualifi e bien r mun r e et dont la gabegie de consommation suffit rentabiliser une production adapt e au seul march des riches Le reste de la population survit en marge de ce progr s et l Etat priv se charge de garder la fronti re entre les riches et les pauvres Fantasme Non r alit dans nombre de pays sous d velopp s o le capitalisme moderne n est qu une succession d enclaves pompant toutes les ressources profitables d un pays sans rien redistribuer dans le reste de la soci t o la classe sup rieure salari e et les capitalistes vivent retranch s dans des r serves fortifi es pour chapper la convoitise et la ranc ur des pauvres Et si nous croyons chapper au pire des mondes seulement parce qu il nous para t aujourd hui incompatible avec notre attachement la paix sociale la d mocratie et l autonomie des individus nous nageons en pleine illusion Le capitalisme globalis n a pas seulement acc l r et approfondi une crise cologique d j programm e par deux si cles de croissance industrielle Il a surtout bloqu la possibilit d une bifurcation salutaire au moment m me vers la fin des ann es 19702. sera voqu e plus loin est parfaitement d raisonnable La croissance conomique long terme a besoin d une demande globale soutenue et de biens publics Or depuis les ann es 1980 les exigences de rentabilit financi re la pression de la comp tition internationale la peur du ch mage et la menace des localisations sont mis en avant pour justifier le recul ou la stagnation des bas salaires et la privatisation de l Etat au profit des riches Ce faisant la capitalisme r active sa contradiction interne pour soutenir les profits imm diats il r prime ce qui soutient l activit et la rentabilit des entreprises long terme Des opportunit s de profit bien plus consid rables sont d sormais offertes par l investissement dans les pays mergents ou par la sp culation financi re Entre les ann es 1980 et les ann es 2000 dans tous les pays du G7 l augmentation de la part des profits dans le PIB s est accompagn e d une baisse du taux d investissement Du point de vue de l int r t conomique global la distribution de profits est d sormais une simple nuisance Depuis la fin des ann es 1990 le march financier n a m me plus l alibi de constituer une source de financement de l conomie r elle les actionnaires pr l vent plus de dividendes aux entreprises qu ils ne les alimentent en capitaux Les entreprises capitalistes disposeraient de plus de moyens financiers si on fermait la Bourse Pour tenter d
3. Notes de lecture 7 mars 2011 Les Notes de lecture sont une publication ap riodique La Grande R gression Jacques G n reux Seuil 2010 279 pages 18 Notes de lecture de J P All tru Comprendre Comprendre pour agir Comprendre comment nous en sommes arriv s l Trouver les ressorts pour en sortir Ouvrage apr s ouvrage Jacques G n reux approfondit sa r flexion Il avait notamment crit la Dissoci t avril 2007 Je riens la disposition des lecteurs qui le souhaiteraient mes notes de lecture sur cet ouvrage Jacques G n reux professeur Sciences Po est secr taire national l conomie du Parti de gauche Dans le pr sent ouvrage p n trant mais facile lire Jacques G n reux nous explique pourquoi et comment nous sommes engag s depuis trente ans dans la spirale de la Grande R gression Pourtant la voie du progr s humain est connue et possible Il nous faut esp rer qu une nouvelle majorit authentiquement progressiste r ussira nous sortir de la dissoci t de march pour nous emmener vers la soci t du progr s humain J ai vu mourir la promesse d un monde meilleur A la fin des ann es 1970 nous tions en tat d tablir un double inventaire d abord celui des avanc es r alis es gr ce une premi re mise au pas du capitalisme et des march s pendant les Trente Glorieuses puis celui des nouveaux progr s accomplir il fa
4. ales restaient compatibles avec le maintien des profits r els Or partir des ann es 1970 la rentabilit du capital finit par tre lamin e ralentissement des gains de productivit d s 1965 forte hausse des co ts salariaux la fin des ann es 1960 chocs p troliers de 1974 et 1979 acc l ration de l inflation Pour restaurer la rentabilit r elle il fallait limiter l imposition du capital stopper l inflation trouver de nouveaux d bouch s et abaisser le co t de la main d uvre Les d bouch s pourraient s largir l tranger en levant les obstacles au libre change des biens des services et des capitaux comme l int rieur en privatisant ou en ouvrant la concurrence les services collectifs tels que l ducation la sant les assurances sociales les t l communications les transports publics le distribution de l nergie La baisse des co ts de la main d uvre supposait la r duction des salaires ou de l emploi l intensification du travail le recul des droits sociaux et des cotisations sociales Et pour briser la r sistance des salari s il suffisait de les exposer la concurrence du reste du monde Le moment tait opportun pour engager ce retournement des politiques car apr s le premier choc p trolier le ralentissement de l activit et la forte pouss e du ch mage limitaient la capacit de r sistance des syndicats et jetaient le doute sur le r gime conomiq
5. e surmonter cette contradiction interne on recourt donc l endettement endettement priv dans le monde anglo saxon endettement public pour certains pays europ ens France Italie Gr ce Portugal Ce qui d bouche sur une nouvelle impasse une crise de solvabilit des m nages ou des gouvernements Rappelons nous Sarkozy dans la campagne pr sidentielle de 2007 les m nages fran ais sont aujourd hui les moins endett s d Europe Or une conomie qui ne s endette pas suffisamment c est une conomie qui ne croit pas en l avenir Je propose que ceux qui ont des revenus modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement Ainsi quand il voulait tre le pr sident du pouvoir d achat il fallait comprendre que le pouvoir d achat se r duisait au pouvoir de s endetter davantage ce qu il proposait la France tait le non sens conomique qui d s l t 2007 allait entra ner l Am rique dans une grave crise financi re avant de plonger le monde dans la premi re crise globale du XXI si cle Une fois au bout de l impasse au moment o la crise financi re se d ploie 2007 la pression du capital reflue pour aller s exercer sur les mati res premi res et d clencher une explosion sociale dans une dizaine de pays 2008 A ce stade au lieu de reprendre le contr le public des instruments et des flux financiers les gouvernements choisissent d lib r ment de transf
6. enaces accumul es par des si cles de productivisme loin de recentrer les esprits sur l imp ratif du progr s social peut tout aussi bien nourrir l illusion que la question sociale est devenue secondaire au regard d une question de simple survie de l humanit Il y a l un danger car la peur du d sordre et des catastrophes ne soutient jamais l aspiration au progr s social Les profiteurs de la gabegie capitaliste ne manqueront pas d exploiter la peur d un d sastre plan taire La r gression sociale morale et politique Selon l intensit des liens au sein d une m me communaut ou entre communaut s humaines diff rents on peut sch matiquement distinguer quatre types possibles de soci t s entre lesquels les soci t s humaines ont volu au cours de l histoire la dissoci t individualiste atomisation et d liaison sociale g n ralis e tendant vers un p le libertaire la dissoci t communautaris e processus de balkanisation de l espace et de la population ou cohabitation de communaut s s par es tendant vers un p le communautariste P hypersoci t processus de fusion des individus et des communaut s dans le tout social tendant vers un p le totalitaire la soci t de progr s humain processus de m tissage ou coexistent des identit s singuli res forgeant un monde pluriel et bigarr tendant vers un p le associationniste Nos gra
7. ent des autres acteurs travailleurs collectivit s territoriales et m me entrepreneurs ou managers Trois s ries de contraintes limitent le pouvoir du capitaliste et peuvent le contraindre de composer avec les int r ts des autres acteurs les contraintes morales patronat social paternalisme les contraintes politiques interventions d un gouvernement contraint de contenir le m contentement du peuple actions syndicales les contraintes territoriales la firme d pend du territoire pour disposer de main d uvre de d bouch s d infrastructures De fait dans le dernier tiers du XIX me si cle la premi re tentative de marchandisation du monde a d clench un mouvement de resocialisation de l conomie Puis l chec fracassant des march s dans les ann es 1920 a d bouch sur la grande transformation des ann es 1929 1945 la reprise en main de l conomie et de la soci t par l Etat parfois jusqu aux extr mit s fascistes et totalitaires Mais la fin du XX me si cle les trois s ries de contraintes ont t lamin es Les contraintes morales avec l mancipation l gard des Eglises et communaut s traditionnelles Les contraintes territoriales avec le d veloppement des moyens de transport les nouvelles technologies de l information et l arriv e maturit de nouveaux pays industriels en Asie et en Am rique latine Les contraintes politiques avec l mergence d une i
8. es derniers gouvernaient la plupart des d mocraties occidentales de 1992 2002 et ont alors soumis les nations comme jamais au dogme de la libre concurrence et au pouvoir de la finance A gauche comme droite la prosp rit conomique et l expansion de la consommation deviennent les cl s du bonheur des individus et de la soci t La gauche veut profiter de la prosp rit pour r duire les in galit s la droite croit que trop d galit conomique tue la croissance Mais ce ne sont l finalement que des d bats techniques d conomistes ou de sociologues qui portent plus sur les moyens que sur la philosophie et la finalit de l action politique La conception implicite de l tre humain et de la soci t qui sous tend la position des deux camps n est en r alit pas tr s diff rente une soci t d individus en qu te d ind pendance d autonomie et dont la rivalit ne doit pas tre contenue par des lois liberticides mais par un syst me conomique efficace qui soutient la croissance Mais nous savons pourtant o m ne le mythe de l abondance par la lib ration de la rivalit marchande l puisement des ressources l exacerbation du conflit social la famine pour les pauvres et l ob sit pour les riches la concentration des richesses et du pouvoir au sein d une minorit Nombre de citoyens anesth si s par la consommation intoxiqu s par le stress t tanis s par la peur abru
9. et conventions sociales gr ce auxquelles ces conomies ne sont ni vraiment de march ni pleinement capitalistes Au capitalisme primitif et la libre concurrence nous devons le travail des enfants dans les mines et le droit de cuissage des patrons sur les ouvri res aux luttes ouvri res aux gr ves aux mouvements socialistes et communistes au front populaire au New deal et toutes les victoires politiques des progressistes nous devons les droits sociaux la s curit sociale et une distribution un peu moins in quitable des richesses Ce que le capitaliste revendique en r alit dans son appel au march libre c est la libert d agir sa guise pour dominer tous ses concurrents au sens large c est dire tous ceux qui se mettent en travers de sa course au profit Cela dit si le champ de bataille reste limit si les firmes ne peuvent d ployer leur activit que dans une r gion ou un pays donn elles ont collectivement int r t tenir quelque compte des exigences des habitants qui sont aussi les travailleurs consommateurs dont elles ne peuvent se passer et les lecteurs susceptibles d tre entendus par les pouvoirs publics Tel est le substrat du compromis fordiste pass durant le deuxi me ge du capitalisme au d but du XX me si cle aux Etats Unis et partir des ann es 1940 en Europe de l Ouest On a vu plus haut pourquoi et comment cette p riode a pris fin Les ann es Clinton 1992 2000 e
10. iants qu imm rit s du n olib ralisme Entre la trahison des clercs l abrutissement des masses par les m dias l affolement d une partie de la population par les bouleversements des moeurs il n est que trop facile pour n importe quel opportuniste de se faire pl bisciter en d tournant le vote ouvrier pour le FN ou Sarah Palin et l abstention en s appuyant sur les moyens de la haute finance C H sur le m me sujet l argent peut tre conna triez vous l argent dette de Paul Grignon la 2 me version est aussi tr s int ressante dont le th me est la vulgarisation du fonctionnement des banques Les propos sont int ressants R V Grand merci Jean Paul pour ce service de diffusion de la note de lecture n 6 que tu assures tr s aimablement Ce qui y est expliqu sur l usage de l argent souvent mal connu est l tr s difiant C d A Cette fin d ann e j y pense pas mal Ce qui para t cher l un et pas l autre ce qu on pourrait faire avec pas tellement pour des gens qui ont peu Et puis ces jours ci un peu de blues alors l argent a permis 3 films dont l patant LE NOM DES GENS un petit menu pour demain soir des marrons chauds une s ance bistrot chic pour lire et r ver Et puis les grandes questions psy conomiques Pierre D Pour de prochaines notes de lecture je te recommande si tu ne l as d j lu le livre de Patrick Artus et Marie Paule Virard Pourquoi il faut partager les re
11. ion d cisive vers un autre destin collectif Courrier des lecteurs R actions la note de lecture N 6 l argent mode d emploi Paul Jorion note de lecture de XXX N T Je vous recommande aussi des id es et des r ves de A Montebourg Tr s int ressant sur les paradis fiscaux Jean Marie Harribey Le probl me est que ce livre fourmille d erreurs et de contresens et heureusement je ne suis pas le seul le dire J en avais fait une critique sur mon blog que tu pourras retrouver http alternatives economiques fr blogs harribey 2010 01 05 de quoi largent est il le nom more 42 Ces erreurs ne sont d ailleurs pas trang res d une part au buzz r cent Cantonna et plus g n ralement d autre part aux discussions sur l euro R action de XXX Je ne me risquerai pas m introduire dans ce d bat de sp cialistes Le blog de JMH me semble fort int ressant mais il est extr mement difficile suivre pour un na f Il me semble que PJ a t n cessairement approximatif voire faux dans un but p dagogique Il ne cherche pas disculper les banques me semble t il Il a au moins le m rite de faire r fl chir Ce qui importe est davantage ce que l argent repr sente au plan sociologique que techniquement la diff rence entre les diverses formes de monnaie Autre sujet le bouquin de Serge Halimi Le grand bond en arri re claire tr s bien les rapports de force politiques actuels et les succ s aussi stup f
12. ises conomiques ou financi res la mont e de la pauvret ou de la pr carit sociale dans les pays riches la d gradation acc l r e des cosyst mes l explosion des in galit s Sous l cume des crises l engrenage d une r gression g n rale Pour une large part les crises contemporaines sont les r pliques d un s isme dont l picentre loge au c ur du r gime conomique instaur par les soci t s modernes Le moteur central c est la comp tition marchande instrumentalis e par les d tenteurs du capital pour asseoir leur domination sur les autres acteurs L entreprise moderne qui prend son essor partir de la r volution industrielle met en sc ne quatre acteurs les salari s qui fournissent le travail les apporteurs de capitaux n cessaires pour les investissements et le financement de la production les collectivit s publiques qui quipent les territoires et offrent des services collectifs ducation s curit des biens et des personnes droit des affaires et les entrepreneurs L mergence concr te des premi res entreprises industrielles s est op r e dans un contexte historique qui a install un mode de production dominant mais pas unique le capitalisme La firme capitaliste est une soci t constitu e par les d tenteurs de capitaux en vue de r aliser des b n fices et dans laquelle la totalit du pouvoir est d volue auxdits d tenteurs les capitalistes au d trim
13. le monde occidental prenait conscience de sa n cessit La globalisation lib rale a d grad l autonomie alimentaire des pays pauvres elle a exacerb la recherche de surplus de production exportables elle a allong les distances entre les lieux de production et les lieux de consommation faisant ainsi exploser la consommation d nergie pour le seul transport des marchandises elle a acc l r la d forestation au profit des agrocarburants Surmonter le d fi cologique et les conflits qu il rec le suppose l vidence une bifurcation radicale de nos syst mes conomiques et sociaux en sorte de privil gier la qualit du vivre ensemble plut t que l accumulation privative des consommations mat rielles c est dire les liens plut t que les biens Cela n cessite aussi un usage plus rationnel et conome des biens et donc un usage mutualis des quipements que nous poss dons aujourd hui 24 heures sur 24 pour n en jouir effectivement que quelques jours ou heures par mois j ai pens ma voiture qui dort la plupart du temps au parking ma perceuse mon taille haie qui servent encore moins souvent Mais il n y aura aucun progr s cologique d cisif sans l abolition du pouvoir exorbitant d volu depuis trente ans aux gestionnaires des capitaux et sans remis en cause du libre change qui constitue le levier principal de ce pouvoir Et la n cessaire prise de conscience cologique quant aux m
14. llait cette soci t plus d galit plus de souci des biens publics plus de d mocratie r elle plus de coop ration entre les peuples plus de solidarit et moins de comp tition plus d attention la qualit des liens sociaux et moins d app tit pour des consommations mat rielles profitant surtout une minorit de privil gi s plus d internationalisme et moins de nationalisme Or en lieu et place de ce nouveau bond en avant vers le progr s humain le monde prit le chemin inverse en tendant la plan te enti re non pas ce qui avait nourri le progr s mais ce qui l interdirait nouveau le productivisme le bon vouloir du capital le culte de la performance individuelle la rivalit exacerb e des individus et des nations la guerre conomique et la marchandisation de toutes les activit s humaines Ce retour en force du d sordre conomique et social allait r veiller les peurs qui font le lit de l obscurantisme des int grismes religieux des populismes fascisants du racisme en un mot de la b tise asservissante Comment un tel retournement du monde put il intervenir ce moment l Rappelons d abord pour commencer que durant les Trente Glorieuses les conservateurs ont tol r des politiques en r alit plus socialistes que capitalistes car celles ci permettaient de contenir une menace communiste tout fait cr dible Et qu en raison de conditions historiques exceptionnelles les politiques soci
15. nds parents ont explor les fronti res du totalitarisme et nous avons nous m mes test les limites de la dissoci t individualiste ou communautariste Nous sommes vaccin s contre le collectivisme conomique et social de l hypersoci t mais d sormais galement avertis de la nocivit du capitalisme comme du mythe des march s libres Il ne nous reste qu une seule autre voie soutenable celle du progr s humain celle d une nouvelle renaissance qui revisitera le projet moderne de l mancipation humaine pour en accomplir vraiment les promesses tout en s cartant des impasses o la premi re modernit nous a emmen s Le monde est plein de promesses inaccomplies ais es concevoir et accessibles la seule condition de regarder le chemin et vouloir s y engager Malheureusement les lites gouvernantes tant chez les r actionnaires que chez leurs opposants officiels semblent atteintes de paralysie de l entendement d asth nie de la pens e Elles ne d battent plus du syst me ni des mythes qu elles ont d sormais en commun le capitalisme l conomie de march le libre change et la pseudo d mocratie repr sentative qui leur permet de se partager en alternance les postes de commande Car la Grande R gression n a pas t entretenue que par des lib raux ou des n oconservateurs mais aussi par les d mocrates am ricains les travaillistes britanniques et toute la social d mocratie europ enne C
16. ndustrie de la communication de masse qui constitue une puissante fabrique de l opinion publique au service d int r ts priv s Et c est ainsi qu a pu s enclencher le renversement du progr s dans toutes ses dimensions la Grande R gression Reste comprendre l arme principale de sa mise en uvre l alli e paradoxale du pouvoir du capital la fameuse libre concurrence Depuis deux si cles les id ologues de l ultralib ralisme conomique s emploient d montrer que ce ne sont pas les digues de la morale de la loi ou de l ancrage dans un territoire qui emp chent le capitaliste de se transformer en impitoyable pr dateur En r gime de concurrence parfaite disent ils le capitaliste est forc de satisfaire au mieux ses clients les consommateurs sont les vrais souverains Les conomistes orthodoxes ont tent de transformer en th or me scientifique cette utopie des march s efficients et r gul s par la libre concurrence La masse des d monstrations accumul es durant un si cle de recherches impose un r sultat sans appel les march s en question ne fonctionnent pas gaspillent les ressources et aggravent les chocs au lieu de les r sorber Les ventuels bienfaits conomiques et sociaux constat s dans ce que l on appelle des conomies de march capitalistes ne r sultent ni de la libre concurrence ni de la nature capitaliste des firmes mais bien au contraire de l ensemble des institutions
17. ormer une crise de surendettement priv en une crise de surendettement public L Union europ enne s est elle m me interdit par ses trait s l usage de tous les instruments de la puissance publique mobilisables partout ailleurs dans le monde pour faire face une attaque des march s financiers D s 2009 peine sauv s par l argent public les grandes banques s en vont sp culer contre la dette publique en commen ant par les plus fragiles la Gr ce le Portugal l Irlande 1 Espagne Il y aurait pourtant une solution imm diate plus juste et moins co teuse Laisser les fauteurs de crise et les sp culateurs supporter leur perte nette de richesse garantir les avoirs et les cr ances des salari s et des entrepreneurs victimes de la crise financer partiellement la facture r siduelle par une ponction sur le capital priv immobilier et financier accumul par les plus riches depuis trente ans gr ce au syst me qui a engendr la crise Et immuniser le pays contre la r activation du mod le l origine de la crise en abolissant le pouvoir exorbitant des gestionnaires de capitaux en remettant le financement de l conomie sous contr le public en r duisant fortement les in galit s en refondant les relations internationales sur la coop ration solidaire des peuples Si les travailleurs mal pay s et les Etats ne peuvent plus s endetter pour soutenir la consommation vers quoi pourrait tendre d sormais la
18. ous tutelle On peut m me parler d une domination n ocoloniale exerc e sur les petits pays les plus pauvres L tonnante puissance du politique et sa mise au service du capital est particuli rement bien illustr e par la construction europ enne les trait s et la politique de la Commission avaient pour principale fonction d exposer les citoyens toujours plus la comp tition non seulement mondiale mais aussi et surtout la comp tition entre eux Un march unique europ en sans harmonisation de la fiscalit et des droits sociaux instaure une comp tition d loyale entre les travailleurs et les territoires en sorte de favoriser la stagnation des bas salaires l all gement des imp ts sur les b n fices le recul des droits sociaux la baisse des cotisations et des d penses sociales bref les int r ts du capital La r gression conomique et cologique L conomie ne s est jamais aussi mal port e qu partir du moment o les politiques ont tent d imposer la soci t r elle le moule fantasmagorique d une pure soci t de march Des ann es 1980 aux ann es 2000 la contre r volution n olib rale a provoqu en cascade krachs boursiers crises financi res internationales faillites retentissantes Enron Arthur Andersen clatement de bulles sp culatives immobilier internet La dynamique propre de la soci t de march ind pendamment m me de toute consid ration cologique qui
19. t la vague rose qui d ferla alors sur les gouvernements europ ens ne remirent pas sensiblement en cause la contre r volution conservatrice Pour mieux assurer la convergence d int r t entre actionnaires et dirigeants des entreprise on multiplia les m canismes liant la r mun ration de ces derniers aux b n fices et la valeur de l action primes bonus et stock options Les d r glementations privatisations baisses de salaires apparaissaient comme impos es par une f roce concurrence internationale face laquelle la seule alternative des Etats tait l adaptation ou le d clin Ce nouvel tat de guerre conomique fut pr sent aux populations comme une fatalit historique la mondialisation alors qu elle constituait un choix politique d lib r de gouvernements nationaux Le libre change entre des pays qui ont des mod les de soci t tr s diff rents impose d adapter ceux ci non la volont du peuple mais aux int r ts des d tenteurs du capital Le pouvoir de l argent se substitue celui du citoyen Mais il ne faut pas s y tromper le vrai malheur des soci t s d mocratiques n est pas le pr tendu recul de l Etat mais sa mise au service des int r ts du capital sa privatisation Toutefois dans certains pays en d veloppement ou mergents les plans d ajustement structurels impos s par le fMI ont pu d truire les marges de man uvre des Etats en pla ant les gouvernements quasiment s
20. tis et manipul s par la t l vision et finalement d go t s par la politique de leurs lus compose une masse atomis e qui ne vote plus ou vote proprement parler n importe comment en r action l humeur Ainsi s installe une d mocratie sans citoyens La raison pour laquelle personne ne vote pour une autre soci t c est que la quasi totalit des partis progressistes qui avaient port le projet d une autre soci t deux si cles auparavant se sont convertis au culte de l conomie de march capitaliste et la nouvelle doxa n olib rale A force de vouloir s duire des lecteurs au lieu de leur proposer un projet de transformation sociale la gauche est devenue la championne de l inconsistance id ologique et a perdu la confiance des classes populaires Peut on quand m me esp rer Quelques centaines de milliers de voix suffisent parfois changer le cours de l histoire Chaque individu qui bascule de l indiff rence l attention de l attention au vote du vote impulsif au vote raisonn accro t les chances d une renaissance pacifique Et chacun d entre nous ne peut accomplir une plus haute t che pour l humanit tout enti re que celle de choisir son camp et d y inviter quelques uns de ses semblables Quand la ronde bute face un mur au moment o le monde vacille au bout d une impasse c est parfois la voie choisie par une infime proportion de l humanit qui donne l impuls
21. ue et social en vigueur Le mod le sovi tique avait fini par tre compl tement discr dit les capitalistes et les conservateurs firent en sorte que ce discr dit se mue en m fiance syst matique envers l Etat les fonctionnaires les imp ts les services publics les r glementations etc Leur nouveau discours r activait en fait la pens e orthodoxe des ann es 1920 l antique corpus d id es et de prescriptions sagement remis par nos grands parents au vu de la catastrophe conomique et sociale o son emprise avait men le monde dans les ann es 1930 Ainsi s ouvrait une nouvelle re d obscurantisme sectaire La doctrine du march libre quoique rigoureusement fausse et inapplicable allait servir de caution scientifique une politique dont la consistance r elle ne fut ni le march libre ni le recul de l Etat mais la brutale soumission de la soci t aux exigences d une minorit obs d e par l accumulation du capital Tout ce que nos parents avaient consid r comme les marques du progr s droits sociaux services publics r glementations redistribution am lioration des conditions de travail d veloppement du temps libre etc nous fut d sormais pr sent comme des rigidit s des archa smes et des charges excessives qui bloquaient P initiative et la cr ation de richesses Les r sultats d une telle folie taient pr visibles et mille fois annonc s le retour des cr
22. venus aux Editions la D couverte J y ai trouv une analyse tr s int ressante de la mondialisation
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