T18 9, vol. 3/4 - Société de l`information et emploi 45
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1. leur coordination compte tenu des caract ristiques des activit s Dans un second temps on s interroge sur l impact des TIC sur cette contrainte et de l sur leur capacit introduire une nouvelle g ographie de la coordination distance 1 1 La proximit physique une contrainte relative La th se peut s noncer ainsi Proximity and location matter Audretsch et Feldman 1996 entre les acteurs participant 4 un processus de R amp D et plus g n ralement a des processus d innovation en raison de la nature particuli re des changes op r s dans ces processus La sp cificit de ces changes est de porter sur des connaissances dont la transmission entre individus est difficile En effet les inputs informationnels qui composent les processus de R amp D ou d innovation ne doivent pas tre consid r s comme des biens publics contrairement ce qu Arrow a autrefois sugg r 1962 c est dire qu ils ne constituent pas des informations librement acces sibles et utilisables se diffusant rapidement dans l ensemble de l conomie Les recherches ult rieures ont fait apparaitre la n cessit de distinguer primo les informations des connaissances et secundo les connaissances codifi es des connaissances tacites Par information on entend des flux de messages Machlup 1983 tandis que la connaissance implique par d finition l activit cognitive de l agent c est dire sa capacit s lectionner traiter et2. formaliser les processus dans les communau t s informelles et les adapter et a les rendre plus efficaces dans les organisa tions d ja structur es Les possibilit s de se coordonner distance s accroissent Les TIC ont galement des effets directs sur les TIC Comme nous l avons rappel elles constituent d abord un puissant instrument de codification des connaissances sans toutefois liminer les connaissances tacites et donc la contrainte de proximit voir le d bat expos plus haut Nous souhaitons mettre ici l accent sur un autre effet moins visible et plus prospectif mais dont l impact sur le besoin de proximit dans la coordination nous apparait plus important que le pr c dent Les TIC sont g n ralement identifi es la codification des contenus et des relations Or un des changements les plus importants apport s par les TIC ces derni res ann es est leur capacit supporter des relations informelles Il est bien s r vain d attendre d elles qu elles remplacent distance le face face La pr sence sociale assur e par la proximit physique c est dire la conscience de l autre qu elle donne dans les relations interindividuelles ne peut tre reconstitu e telle quelle par un moyen technique De nombreuses tudes l ont montr en comparant en laboratoire des situations de face face et des situations m diatis es approche psycho behavioriste ou en analysant en contexte ces situations dans le c
3. m diatis e Gallon et Wellman 1995 Par ailleurs les acteurs ont besoin d avoir des connaissances de contexte attitudes mimiques des personnes comportements en r union etc pour interpr ter les arguments chang s et faire voluer les leurs notamment lorsqu ils ne connaissent pas auparavant les personnes et ou que les enjeux de la discussion sont importants En permettant des interactions visuelles et verbales instantan es le face face est cet gard irrempla able d faut le t l phone peut tre utilis mais surtout pour confronter des points de vue sur un point pr cis dans un cadre bilat ral et non dans le cadre d une discussion longue et multilat rale Quant la t l ou visioconf rence elle est encore trop contraignante pour pr tendre remplacer le face face La t l r union doit tre pr structur e pour pallier les interactions spontan es qui ne peuvent s tablir du fait de l absence de face face Ce qui ne peut plus s improviser doit tre pr vu Cette pr structuration rigidifie le processus de discussion et fait aggravant ne peut totalement se substituer aux interactions spontan es du face face En effet la reconstitution distance d une r union de face face suppose l intervention d un m diateur mettant en sc ne au sens litt ral du terme la discussion La solution utilis e est de dissocier les r unions d lib ratives des r u nions de suivi technique de main
4. me que l impact des TIC mais nous nous en tenons ici au cadre l mentaire du raisonnement th orique Le m rite de cette th se est de s opposer aux effets ravageurs de certains discours sur la soci t ou l conomie virtuelle Elle sous estime cependant les potentialit s de la coordination distance potentialit s qui ne d coulent pas seulement des TIC mais aussi de l volution des modes d organisation des activit s de recherche et d innovation C est pourquoi il faut en venir une position plus nuanc e et pour cela pr ciser notre grille conceptuelle C est l objectif de la seconde section 2 UNE GRILLE ANALYTIQUE Trois types de param tres importent pour analyser les relations entre les m canismes de coordination la distance proximit et les TIC Il faut d abord caract riser la nature des m canismes de coordination Ceux ci se pr tent plus ou moins la coordination distance et l usage des TIC Il est aussi n cessaire de tenir compte de la nature des outils techniques Ceux ci pr sentent des fonctionnalit s diff rentes sur le plan de la coordination Le t l phone ne sert pas en effet aux m mes interactions que les syst mes informatiques int gr s Cette distinction est importante pour valuer les poten tialit s de la coordination distance Il faut ensuite tenir compte des types d organisation et de management qui g rent ces m canismes pe n est pas la m me chose de d velopper un pr
5. re flou des t ches et la nature informelle des relations peuvent appara tre comme des conditions structurelles de la cr ativit d une quipe Ou encore les changes d information appara tront 52 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi plus efficaces s ils ne sont pas canalis s a priori et se d veloppent librement entre les membres d une profession pour l exemple du BTP voir Brousseau et Rallet 1995 Appelons informelles de telles interactions Cette grille s applique ais ment l analyse de la coordination spatiale des activit s de recherche et d innovation Ces activit s reposent davantage que d autres sur des interactions informelles II faut certes relativiser le propos car ces activit s ne sont pas homog nes la nature des interactions varie selon les types d activit s leur phase de d veloppement l organisation dans laquelle elles se d roulent etc Le poids important des interactions informelles dans les activit s de recherche et d innovation est cependant incontestable On en d duit une forte contrainte de proximit physique pour les acteurs impliqu s dans ces activit s La n cessit de proc der des ajustements mutuels fr quents en cours de coordination leur impose d tre physiquement proches les uns des autres 2 2 Les outils techniques Les TIC n ont pas toutes les m mes propri t s au regard de la coordination C est pourquoi il faut distinguer diff rents types d outils
6. Study of Information New York John Wiley MINTZBERG H 1990 Le pouvoir dans les organisations Paris LES Editions d Organisation Paris MOATTY F 1998 Travail communication et polarisation spatiale Revue d Economie R gionale et Urbaine n 2 pp 185 210 NONAKA I 1994 A Dynamic Theory of Organizational Knowledge Creation Organization Science vol 5 n 1 pp 14 37 POLANYI M 1966 The Tacit Dimension Londres Routledge amp Kegan WELLMAN B SALAFF J DIMITROVA D GARTON L GULIA M et HAYTHORNTHWAITE C 1996 Computer Networks As Social Networks Collaborative Work Telework and Virtual Community Annual Review of Sociology n 22 pp 213 238 68 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi NOTICE BIOGRAPHIQUE Alain Rallet est professeur de sciences conomiques aux Universit s de Bourgogne et de Paris Dauphine et directeur adjoint de l Institut de Recherche Interdisciplinaire en Socio conomie IRIS du CNRS et de l Universit de Paris Dauphine Il enseigne l conomie industrielle l conomie de l innovation et l conomie spatiale Il consacre ses recherches actuelles l analyse des impacts conomiques des TIC sur les entreprises et le syst me productif Avec E Brousseau il vient de diriger sur ce sujet un groupe d une quarantaine d experts au Commissariat G n ral du Plan Paris La synth se de ce travail Technologies de l information et d
7. TIC d veloppent galement les possibilit s de la coordination distance Elles la remettent en cause un double titre indirectement et directement Indirectement car les TIC influent sur les modifications organisationnelles directement car elles agissent directement sur la relation entre le formel et Yinformel Le rythme rapide de diffusion des TIC et les possibilit s qu elles offrent incitent les individus et les organisations faire voluer leur fa on de travailler TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 63 et la mani re dont ils se coordonnent Sans modification de l organisation ant rieure du travail ces technologies apportent peu d efficacit Leur utilisa tion implique en particulier de modifier les m canismes de coordination Ainsi dans les communaut s informelles les chercheurs sont contraints d adopter des conventions communes pour m moriser ou consulter leurs travaux respectifs de d velopper des ressources centralis es et de discipliner a minima leurs modes de fonctionnement et de coordination Le degr de formalisation de leurs modes de travail et de coordination s accro t Nous avons galement soulign que l utilisation de la visioconf rence obligeait les participants d finir et s rier diff rents types de r union L utilisation massive des TIC incite ainsi les individus et les organisations 4 mieux structurer les t ches et les proc dures de coordination Elles contribuent
8. bases d information et de connaissances et de proc dures d acc s et de consultation L Intranet est dans les entreprises le domaine par excellence des outils de coordination indirecte Relations formelles ou informelles outils de communication outils de consultation et de partage de l information outils d automatisation de la coor dination organisations sp cialis es et hi rarchiques communaut s peu sp cia lis es et sans superviseur central explicite telles nous semblent les cat gories pertinentes pour analyser le r le des TIC dans la coordination distance Il faut maintenant les appliquer aux cas observ s et en d duire quelques conclusions 3 TUDES DE CAS ET CONCLUSIONS On ne dispose pas pour l instant d tudes statistiques significatives sur la coordination dans l espace des activit s conomiques au moyen des TIC Moatty 1998 tire cependant quelques indications sur les modes de communi cation des salari s en exploitant l enqu te TOTTO Techniques et Organisa tion du Travail aupr s des Travailleurs Occup s men e par l INSEE en 1987 et 1993 en compl ment de l Enqu te Emploi Mais les informations restent fragmentaires Trois tudes de cas ont t effectu es in situ et un questionnaire envoy aux chercheurs et universitaires de certaines universit s de Bordeaux On d gagera de mani re synth tique ce qui ressort de ces tudes pour revenir ensuite sur l volution de la contrainte de p
9. d automatisation de la coordination 2 2 1 les outils de communication Ils lient directement les individus premier crit re et la communication se fait en langage naturel second crit re Ces outils mettent en contact directement les individus qui se contentent de parler d crire ou de dessiner sans tre contraints de suivre une proc dure pr d termin e de coordination et de coder leurs messages Le contenu de l change peut toutefois tre codifi par exemple t l copier un plan On rangera dans cette cat gorie le t l phone le fax le courrier lectronique et l envoi de fichiers dans la mesure o il peut tre assimil un envoi de courrier La communication est synchrone t l phone ou asynchrone courrier lectronique Ces outils servent surtout de support des relations informelles ou semi formelles Ils sont de mani re privil gi e utilis s pour proc der des ajuste ments mutuels 2 2 2 Les outils de consultation et de partage d informations la diff rence du cas pr c dent la relation entre les individus n est plus directe Les individus consultent ou alimentent des bases de donn es dans le cadre d une relation homme machine que traduit bien l expression client serveur La coordination r alis e au moyen de ces outils est de nature indirecte les individus ne communiquent pas directement entre eux mais par l interm diaire d un r pertoire d adresses d une base de connaissa
10. les r sultats d un centre de recherche en sciences exactes comme l ont montr les travaux de Callon et Latour Callon 1989 m me si le savoir est in fine produit sous la forme de r sultats codifi s Les connaissances tacites sont compl mentaires des connaissances codi fi es Comme le souligne Nonaka 1994 il est difficile d imaginer des connais sances codifi es sans recours des connaissances tacites Pour tre utilis es les connaissances codifi es requi rent des codes d interpr tation qui d pendent des facult s subjectives des individus et appartiennent au domaine de l exp rience sensible Toute communication formalis e implique une m ta communication qui ne l est pas Des connaissances totalement codifi es seraient inemployables et non partageables L usage des TIC demande lui m me le partage de connaissances tacites L usage de tout outil technique de communication suppose l existence de codes et de pratiques qui sont pour l essentiel implicites Quand les outils sont nouveaux et que leur usage n est pas encore socialis une large chelle les codes et les pratiques n cessaires l utilisation de ces outils doivent tre pr lev s dans le stock des connaissances tacites partag es par une m me communaut d individus On aboutit l apparent paradoxe selon lequel l usage des nouveaux outils de communication distance est le plus intensif entre les individus qui se rencontrent le plus fr quemment Il
11. needs for coordination are no longer a sufficient explanation of the geographic concentration of innovative activities As a conclusion new directions for local development policies are suggested TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 69 RESUMEN Al principio de los a os 80 numerosos autores anunciaban que la repartici n espacial de los empleos y de las actividades iba a ser trastornada por la difusi n r pida y espectacular de las tecnolog as de informaci n y comunicaci n TIC En reacci n otros autores sostuvieron que la necesidad de relaciones cara a cara no se encontraba profundamente modificada por el uso de las tecnolog as de informaci n y comunicaci n y que por eso no hab a que esperar cambios importantes en los esquemas anteriores de localizaci n Este art culo considera otra vez esta cuesti n a partir del ejemplo de actividades complejas e intensas en cambios de informaciones y de conocimientos las de investigaci n cient fica y de inovaci n Empieza por examinar la argumentaci n propuesta en la literatura econ mica a prop sito del fen meno de los spillovers geogr ficos es decir que la importancia de los conocimientos t citos en los procesos de investigaci n limita las posibilidades de coordinaci n remota y que esta coacci n no sufre modificaciones por el uso de las TIC Despu s proponemos una red anal tica basada en un n mero limitado de variables explicativas la natura de los mecani
12. probl mes d ajustement quotidiens La proximit physique et la connaissance des person nes est alors un avantage pour pallier des dysfonctionnements organisationnels ou faire face de petits probl mes techniques quotidiens 3 2 Le desserrement de la contrainte de proximit Les tudes de cas nous montrent que la contrainte de proximit physique des acteurs de l innovation reste forte pour certaines s quences du processus de coop ration Mais deux facteurs la relativisent de fa on importante D une part les organisations peuvent mettre en place des m canismes de coordination facilitant la coop ration distance r duction du poids des relations informelles recours une autorit hi rarchique etc D autre part les TIC favorisent pareille forme de coop ration en accroissant la codification des relations ou l inverse en tant le support de nouvelles formes de relations informelles distance 3 2 1 Les tudes de cas montrent que la n cessit d tre physiquement proche reste forte dans les activit s de recherche et d innovation Cela tient aux caract ristiques intrins ques de tellesactivit s savoir l impor tance des ajustements informels dans la coordination ce qui implique de nombreux contacts de face face Ceux ci s expliquent par l h t rog n it des modes de raisonnement d une part et par la nature des processus de n gociation et de d lib ration d autre part Les diff rences de repr
13. Les distinctions que nous allons proposer ne sont pas d ordre technique Ainsi les outils distingu s peuvent tre int gr s sur le plan technique On peut en effet avec les m mes outils envoyer du courrier lectronique consulter un r pertoire d adresses automatiser une proc dure s quentielle de coordination et m me s entretenir au t l phone De plus les typologies techniques sont tr s floues et varient d un auteur l autre Nos crit res sont bas s sur les diff rences fonctionnelles des outils techniques au regard de la coordination Ils r pondent deux grandes questions e la coordination entre les individus est elle directe ou indirecte e le m canisme de coordination est il ou non formalis c est dire codifi au moyen d un langage particulier La codification peut porter sur le contenu de ce qui est chang et ou sur la relation la proc dure de coordination D autres crit res peuvent tre utilis s notamment le caract re synchrone ou asynchrone de la communication et le caract re bilat ral ou multilat ral des relations mais ces caract res apparaissent secondaires au regard des deux premiers Nous les utiliserons aussi mais sans qu ils discriminent des types d outils diff rents TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 53 Nous distinguerons trois grands types d outils les outils de communica tion les outils de consultation et de partage de l information et enfin les outils
14. TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 45 L IMPACT SPATIAL DES TECHNOLOGIES DE L INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION LE CAS DES ACTIVITES D INNOVA TION Alain Rallet Au d but des ann es 80 de nombreux auteurs annon aient que la r partition spatiale des emplois et des activit s allait tre boulevers e par la rapide et spectaculaire diffusion des technologies de l information et de la communication En r action d autres auteurs ont soutenu que la n cessit de relations de face face n tait pas profond ment modifi e par l usage des TIC et qu en cons quence il ne fallait pas s attendre des changements importants des sch mas ant rieurs de localisation Le pr sent article revient sur cette question partir de l exemple d activit s complexes et intenses en change d informations et de connaissances les activit s de recherche et d innovation Il commence par examiner l argumentation pr sent e dans la litt rature conomique sur le ph nom ne des spillovers g ographiques savoir que l importance des connaissances tacites dans les processus de recherche limite les possibilit s de la coordination distance contrainte qui n est pas fondamentalement modifi e par l usage des TIC Puis il propose une grille analytique fond e sur un nombre limit de variables explicatives la nature des m canismes de coordination des outils techniques et des mod les d organisation Il examine ensuite un certain no
15. adre d une approche ethnologique voir les surveys de Garton et Wellman 1996 Wellman et alii 1996 Cardon et Licoppe 1997 ainsi que les tudes dans Galegher Kraut et Egido 1990 On se r f rera aussi bien entendu l analyse du travail coop ratif support par les TIC voir les travaux sur le CSCW Computer Supported Cooperative Work dans Hiltz et Turoff 1993 Mais les TIC peuvent tre le cadre de m canismes informels de coordi nation d un type nouveau Ainsi les computer conferencing cr ent elles un nouveau mode d change dont les r gles sont diff rentes du face a face D autres exemples peuvent tre cit s Les TIC permettent d entrer en contact avec des 64 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi individus que l on n a jamais rencontr s au travers d un protocole de commu nication diff rent de celui pr valant dans les rencontres physiques Une des cons quences est la capacit des groupes de recherche faire voluer plus rapidement leur fronti re et leur composition Les TIC cr ent galement une redondance de l information ainsi l usage de l e mail assez proche mais diff rente du foisonnement d informations en apparence inutiles qui est un des grands avantages de la proximit physique Ainsi pour reprendre le langage des sociologues les TIC ne servent pas seulement de support aux liens forts mais aussi aux liens faibles Or ceux ci sont tr s importants dans les activit s de
16. alors temporaire Il suffit de r unir les participants l activit de recherche certains moments cruciaux de la vie du projet Entre temps les participants effectuent les t ches qui leur sont prescrites et se coordonnent selon la proc dure d finie lors des rencontres de face face Lorsque les t ches sont peu sp cialis es que les relations sont largement informelles et qu il n existe pas de superviseur central occupant une position d autorit le besoin du face face est beaucoup plus important Les individus doivent se rencontrer fr quemment pour proc der aux ajustements n cessaires confrontation de leurs travaux discussion de nouvelles hypoth ses r organisa tion du cadre de travail r solution de probl mes de dysfonctionnements etc Notons toutefois que le besoin de proximit physique peut tre partiellement satisfait par des d placements fr quents Les chercheurs se d placent effective ment beaucoup La contrainte de proximit est d autant plus forte que la fr quence des rencontres est lev e Le type d organisation influe aussi sur les possibilit s de la coordination distance via les outils utilis s Dans les organisations de type communaut de chercheurs les outils utilis s sont les outils de communication et les outils de consultation et de partage de l information Les outils de communication s accordent au caract re informel de leurs relations tandis que les outils de partage de l informa
17. duites dans des algorithmes pr cis On rangera dans cette cat gorie des outils de type EDI change de documents informatis s pour les relations interfirmes ou de type workflow pour les processus de travail Le workflow consiste automatiser la coordination dans le cadre de processus s quentiels d composables en t ches bien d finies comme par exemple l laboration d une r ponse collective un appel d offres impliquant des person nes et des comp tences diff rentes Les contraintes de codification portant sur la coordination sont donc tr s fortes puisque la diff rence du cas pr c dent elles ne concernent pas seulement le contenu du message et les r gles d acc s des bases de donn es mais touchent au travail m me des individus et la mani re dont ils se coordonnent dans le travail En r capitulant on peut donc dire que certains outils sont le support d une coordination directe mais peu formalis e outils de communication que d autres servent tablir une coordination indirecte impliquant une formalisa tion interm diaire outils de consultation et de partage d informations et qu enfin d autres sont utilis s pour une coordination directe tr s formalis e outils d automatisation de la coordination Les trois types d outils sont mobilis s dans la coordination distance selon la nature de la coordination que les individus doivent tablir Le caract re informel des outils de communication leur perm
18. e coop ration fonctionnent souvent de mani re informelle et sans autorit hi rarchique explicite Cela ne veut pas dire qu elles s tablissent et s effectuent de mani re anarchique mais qu elles fonctionnent sur la base de r gles implicites que les individus ou les organisations ne veulent pas formaliser par exemple institutionnaliser une position d autorit de facto ou qu elles ne peuvent pas formaliser compte tenu de la part importante d v nements impr vus dans tout processus de recherche Or toutes choses gales par ailleurs la possibilit de formaliser les relations en les codifiant accro t les potentialit s de la coordination distance Si le travail est divis pr cis ment entre les unit s et que la mani re de 56 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi coordonner le travail r pond des proc dures d finies l avance sous l autorit d un superviseur central le besoin de rencontres de face face est moins important II se limite certaines phases du processus lancement du projet pour d finir les t ches et r partir le travail en fonction des comp tences de chacun et des objectifs de la recherche moments de synth se pour faire le bilan collectif des actions entreprises et ventuellement r orienter le projet r unions pour r soudre une difficult importante surgie dans le d veloppement de la recherche et risquant de paralyser sa poursuite etc Le besoin de proximit est
19. e la communication et performances conomiques est publi e aux ditions du Commissariat G n ral ABSTRACT This paper intends to contribute to the discussion about the impact of ICT on the location of economic activities concentration versus dispersion Most of studies claim that geographic concentration will go on because many activities imply face to face relationships especially complex and knowledge based activities This is the reason why the paper puts the case of research and innovative activities under closer examination We ask whether advances in ICT could change the need for physical proximity to cooperate and enable partners to develop remote coordination in innovative activities In the first section we present the conventional wisdom according to which ICT does not change the need for physical proximity because of the weight of tacit knowledge in innovative activities They are supposed only to increase remote coordination for codified knowledge exchange In the second section a conceptual framework is proposed with a limited number of explanatory variables related to the nature of coordination mechanisms technical tools and types of organisation and management In the third section a few lessons are drawn from case studies The conclusion is that physical proximity plays always a role but needs for physical proximity can be increasingly satisfied by the mobility of people and the use of ICT One result is that functional
20. es Mais les TIC ne peuvent faire dispara tre les connaissances tacites ni m me les r duire une proportion accessoire pour quatre raisons D s lors la contrainte de proximit reste forte Le rapport entre le co t et l efficacit de la codification des connaissances peut tre m diocre La codification a en effet un co t et ce co t cro t avec le degr d implicite de la connaissance Il est parfois plus efficace de s appuyer sur des connaissances implicites que sur des connaissances codifi es Elles sont certes difficilement transmissibles mais leur emploi est imm diat et a des effets prouv s Le registre aujourd hui plus modeste d volu lintelligente artifi cielle et aux syst mes experts t moigne des limites de la codification sur ce point voir Hatchuel et Weil 1995 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 49 Le progr s des sciences et des technologies reconstitue sans cesse de nouvelles connaissances tacites car les connaissances nouvelles mergent sous la forme de savoirs non imm diatement formalisables et transmissibles un grand nombre Cela est vrai non seulement des savoirs empiriques mais aussi des savoirs plus abstraits La diff rence est que plus le savoir prend une forme abstraite plus sa part implicite se situe en amont de la phase d mergence Par exemple la vie de laboratoire et plus g n ralement l organisation de la communaut scientifique sont essentielles pour comprendre
21. es des entreprises num ro sp cial Revue Economique Revue Frangaise de Gestion Sociologie du Travail dirig par FORAY D et MAIRESSE J ditions de l EHESS Paris CARDON D et LICOPPE C 1997 Approches des usages en Computer Supported Cooperative Work CSCW document mim o CNET Pa ris CALLON M 1989 La science et ses r seaux Paris La D couverte DE SAINT LAURENT A F 1996 Groupware et usages des TIC dans la coordination IRIS Universit de Paris Dauphine document mim o GALEGHER J KRAUT R et EGIDO C 1990 Intellectual Teamwork Hillsdale NJ Lawrence Erlbaum TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 67 GARTON L et WELLMAN B 1995 Social Impacts of Electronic Mail in Organizations A Review of Literature Communication Yearbook vol 18 pp 434 453 GLAESER E KALLAL H D SCHEINKMAN J A et SCHLEIFER A Growth in Cities Journal of Political Economy vol 100 n 6 pp 1129 1152 HATCHUEL A et WEIL B 1995 Experts in organizations New York De Gruyter HILTZ S R et TUROFF M 1993 The Network Nation Human Communi cation Via Computer New York Paperback LUNG Y sous la direction de 1997 Organisation Spatiale et coordination des activit s d innovation des entreprises IERSO Universit de Bor deaux MACHLUP F 1983 Semantic Quirks in Studies of Information dans MACHLUP F et MANSFIELD U EDIT The
22. es t l services le commerce lectronique ou la d localisation d activit s tertiaires l tranger mais sur lesquels il existe aujourd hui peu de conjectures raisonn es Dans cet article nous prenons l exemple d activit s qui sont la fois tr s concentr es dans l espace et tr s intenses en changes d information les activit s de recherche et d innovation La question est de savoir si ces activit s qui constituent la base du d veloppement conomique pourraient tre plus galement r parties dans l espace gr ce l utilisation des TIC La question se pose aussi bien pour les firmes qui doivent d finir l organisation spatiale de leur activit de R amp D que pour les institutions publi ques d sireuses de favoriser les synergies entre les universit s les centres de recherche et les firmes Par exemple y a t il encore un sens valoriser les synergies locales par rapport des liaisons avec des acteurs loign s La question est fort complexe Elle l est d autant plus que nous manquons de recul et que les effets des technologies de communication ou de transport sur la localisation des activit s sont toujours tr s longs appara tre clairement La recherche dans ce domaine a surtout pour objectif d laborer des conjectures en s appuyant sur une grille conceptuelle et sur des tudes de cas Tel est ici l objectif Une fois formul es ces conjectures peuvent faire l objet d analyses empiriques plus syst matique
23. et de servir de support des ajustements mutuels dans le cadre d une coordination directe bilat rale ou multilat rale Les outils de consultation et de partage de l information sont galement souples d utilisation puisqu ils n imposent que la codification des informations et des connaissances et pas celle de la coordination qui reste indirecte On voit donc bien que le couplage des outils de communication et des outils de consultation et de partage de l information ouvre de larges possibilit s de se coordonner distance dans le cas de processus de coordination reposant sur des relations informelles et formelles Seuls les outils d automatisation de la coordination impliquent une codification de l objet et de la proc dure de la coordination TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 55 2 3 Les types d organisation Les possibilit s de se coordonner distance d pendent galement du type d organisation dans lequel le processus de recherche et d innovation se d roule On opposera deux grands types d organisation On trouve dans le premier cas les organisations fond es sur la sp ciali sation des taches et la hi rarchie organisations sp cialis es et centralis es et dans le second cas les organisations o la division du travail est faible et la hi rarchie mal tablie Il existe videmment toute une s rie de cas interm diai res organisations sp cialis es mais faiblement hi rarchis es organisat
24. ilisation des outils de consultation et de partage d information dans une communaut donn e Comme nous l avons indiqu l utilisation de ces outils implique un certain degr de codification La constitu tion d une base de connaissances implique que des normes soient respect es sur le fond par exemple une mani re de faire la synth se des documents de structurer les connaissances et sur la forme par exemple une forme normalis e de pr sentation de la synth se Elle suppose aussi que des proc dures d acc s aux bases soient d finies droits d alimentation et de consultation de la base Les conditions organisationnelles d utilisation de ces outils sont donc plus fortes que pour les outils de communication L exemple du Cirval montre la difficult de coop rer distance via la participation des bases de connaissances dans des collectifs non structur s La logique d centralis e d Internet je mets sur le r seau mes informations pour en obtenir d autres en change selon un principe d autor gulation ne vaut que pour des informations ou des connaissances qui sont d j constitu es Il en va autrement lorsque le r seau technique est utilis comme mode ou lieu d centra lis d laboration de connaissances Une telle tentative met imm diatement en vidence des probl mes organisationnels quels sont les acteurs qui vont faire l effort de produire des connaissances destination du r seau sachant qu ils doivent effec
25. interpr ter des flux de messages de mani re en produire de nouveaux On comprend qu tant attach e aux individus l activit de connaissance ne puisse se partager et s laborer qu au travers de contacts directs Cette contrainte est toutefois rel ch e par la possi bilit d objectiver une partie de l activit de connaissance sous la forme de r sultats existant en dehors des individus et pouvant circuler ind pendamment des personnes les ayant labor es On est alors conduit la seconde distinction entre connaissances tacites et connaissances codifi es Polanyi 1966 Les connaissances tacites sont incorpor es aux individus ou aux organisations tandis que les connaissances codifi es prennent la forme de flux de messages circulant sous la forme de supports ind pendants des personnes 48 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi Dans la mesure ot elles sont incorpor es dans les individus les connais sances tacites ne peuvent tre transmises qu en partageant les m mes exp rien ces En revanche les connaissances codifi es peuvent tre transmises distance puisqu elles circulent sur des supports ind pendants des personnes On en conclut que la contrainte de proximit s exerce proportion des connaissances tacites incluses dans le processus de recherche Plus l l ment tacite est fort plus la relation de face face est n cessaire 1 2 Contrainte de proximit et utilisation des TIC Est ce q
26. ions non sp cialis es et hi rarchis es etc mais les deux premi res cat gories expriment les deux cas polaires des activit s d innovation et de recherche En effet celles ci tendent a s exercer dans le cadre soit d quipes projets fond es sur un principe de sp cialisation des comp tences et plac es sous l autorit d un coordinateur central soit dans le cadre d une communaut de chercheurs aux comp tences proches et sans v ritable coordinateur Le premier cas est celui d une quipe projet rassembl e au sein d une firme pour d velopper un nouveau mod le le second se rapporte une exp rience de coop ration scientifique au sein d une communaut de chercheurs La coop ration technologique interfirmes se r f re un cas interm diaire il y a sp cialisation des comp tences c est l objectif recherch de l accord mais l autorit hi rarchique n est pas toujours tr s bien tablie car elle est partag e Comment ces deux types d organisation et par cons quence de manage ment influent ils sur les possibilit s de se coordonner distance En influant sur les deux autres crit res la nature des m canismes de coordination et la gamme utilisable d outils La formalisation des relations est a priori plus lev e dans une organisa tion sp cialis e et hi rarchis e que dans une organisation faiblement sp cialis e et peu hi rarchis e Dans les communaut s de chercheurs ou d ing nieurs les relations d
27. mbre d tudes de cas et en tire les enseignements En conclusion l article souligne l importance croissante de la coordination distance mais ne conclut pour autant pas au desserrement g ogra phique des activit s d innovation Ce travail a t r alis dans le cadre d un rapport au Commissariat G n ral au Plan intitul Organisation spatiale et coordination des activit s d innovation des entrepri ses dirig par Yannick Lung 1997 Abstract in english at the end of the article Resumen espa ol al final del texto La question de l impact spatial des technologies de l information et de la communication TIC est tr s discut e depuis le d but des ann es 80 Certains soutiennent que les possibilit s offertes par les TIC de transmettre de l informa tion sous des formes riches et vari es auront pour effet d abolir progressivement le r le de la distance dans une conomie de plus en plus domin e par les activit s immat rielles En r action cette position d autres soulignent au contraire que les acteurs devront toujours se rencontrer dans des relations de face a face notamment quand il s agit d activit s complexes impliquant des interactions fr quentes Professeur de sciences conomiques aux universit s de Bourgogne et Paris Dauphine 46 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi Le d bat conditionne les hypoth ses que l on peut faire sur le d veloppe ment de ph nom nes comme le t l travail l
28. nces ou d une armoire lectronique archivant p riodiquement les r alisations des individus ou des groupes Le second crit re distingue aussi ces outils des pr c dents En effet la constitution de bases de donn es communes repose sur deux types de codifica tion Il faut d abord que les informations soient nonc es dans un langage commun et selon une m me structure de pr sentation de fa on pouvoir tre lues et interpr t es par tous les individus concern s Le contenu transmis doit donc tre pr alablement codifi ce qui diff re du cas pr c dent mais galement une partie de la relation les r gles d acc s aux bases que ce soit pour les consulter ou les alimenter doivent tre d finies l avance et g n ralement traduites en proc dures informatiques La coordina tion est indirecte mais elle ne peut tre informelle 54 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 2 2 3 Les outils d automatisation de la coordination Ces outils r alisent des changes d information selon des modalit s et un ordre programm s l avance La coordination est directe bien que la relation entre les individus s tablisse au travers d une relation entre deux machines Elle est aussi tr s codifi e tant au niveau des contenus que des relations D une part les nomenclatures et les formats d information doivent tre les m mes D autre part les proc dures de coordination doivent tre explicit es a l avance et tra
29. ojet d innovation dans le cadre d une organisa tion centralis e que de coop rer dans le cadre d une communaut aux r gles informelles 2 1 Les m canismes de coordination Il est commode de partir de la classification des m canismes de coordination construite partir de la typologie propos e par Mintzberg 1990 Cette classification est bas e sur le caract re plus ou moins formel des interactions TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 5 Mintzberg distingue cinq types de m canismes de coordination l ajustement mutuel qui se r alise par communication informelle e la supervision directe e la standardisation des proc d s e la standardisation des produits e la standardisation des qualifications En suivant de Saint Laurent 1996 nous n en retiendrons que trois notre typologie tant exclusivement bas e sur le degr de formalisation de la coordi nation Premi re cat gorie les interactions qui se d roulent conform ment des m canismes d finis l avance Deux conditions doivent tre a minima r unies pour que de telles interactions fonctionnent Primo la division du travail doit tre strictement d finie chacun sait pr cis ment ce qu il doit faire l avance Secundo le m canisme d interaction peut tre explicit et formalis dans une proc dure crite qu il suffira de suivre la lettre Qualifions ces interactions de formelles ou de codifi es De
30. ordeaux IV Emmanuel Pierre INRA Corte et A F de Saint Laurent IRIS Universit de Paris Dauphine Elles figurent en annexe du rapport pr cit 66 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ARROW K 1962 Economic Welfare and the Allocation of Ressources to Invention dans NELSON R EDIT The Rate and Direction of Inventive Activity NBER Princeton UP AUDRETSCH D B et FELDMAN M P 1996 R amp D Spillovers and the Geography of Innovation and Production American Economic Review vol 86 n 3 pp 630 640 BROUSSEAU E et RALLET A 1995 Efficacit et inefficacit du B ti ment une interpr tation en termes de trajectoire organisationnelle Revue d Economie Industrielle n 74 pp 9 30 BROUSSEAU E et RALLET A 1998 Beyond Technological or Organizational Determinism A Framework to Understand the Link Between Information Technologies and Organizational Changes dans MAC DONALD S MADDEN G et SALOMON M DIT Telecommunications and Socio Economic Development Elsevier Science BROUSSEAU E et RALLET A 1999 Technologies de l information et performances conomiques Editions du Commissariat G n ral du Plan Paris CABY L GREENAN N GUEISSAZ A et RALLET A 1999 Informa tisation organisation et performances des entreprises quelques propo sitions pour une mod lisation dans Innovations et performanc
31. ques technologiques locales cet objectif et ce qui va de pair consid rer implicitement la faible densit des relations locales comme un handicap pour le d veloppement local Il nous semble que la capacit d tablir des relations avec des acteurs loign s d tenant des ressources compl mentaires celles des acteurs locaux est un objectif tout aussi important particuli rement dans le domaine des activit s de recherche et d innovation Les TIC accroissent les possibilit s de connaitre des partenaires loign s et d tablir avec eux des relations de coop ration H faut soutenir la capacit des acteurs locaux tirer parti de ces nouvelles opportunit s et donc revoir l orientation donn e aux politiques de d veloppe ment local depuis les ann es 80 NOTES l Un bilan de l ensemble des impacts conomiques des TIC est propos dans Brousseau et Rallet 1998 2 On reprend ici les l ments d une probl matique expos e de mani re plus syst matique dans Caby Greenan Guiessaz et Rallet 1998 et dans Brousseau et Rallet 1998b 3 On ne cherche qu qualifier l organisation des activit s de recherche et d inno vation et non les organisations dans lesquelles ces activit s prennent place Les deux choses sont distinctes Ainsi des processus d centralis s de R amp D peuvent se d velopper dans des firmes centralis es 4 Les tudes de cas ont t r alis es par Christophe Bitard IERSO Universit de B
32. recherche et d innovation Les TIC ont donc la capacit de d velopper de nouvelles proc dures informelles d change des connaissances et par cons quent d largir plus encore les possibilit s de se coordonner dans l espace CONCLUSION NE PAS CONFONDRE AGGLOM RATION ET COORDINATION DE PROXIMIT Nous avons soulign que la contrainte de proximit demeurait importante pour le d roulement de certaines phases des activit s Mais le besoin de proximit est souvent de nature temporaire Il peut tre satisfait par des d placements de courte ou de moyenne dur e D s lors l important n est pas d tre proximit physique de ses partenaires mais d tre localis pr s d infrastructures de transport rapide permettant aux individus de se rencontrer en cas de besoin Cette contrainte de localisation est renforc e par le fait que si les TIC accroissent les possibilit s de communiquer distance elles accroissent aussi les incitations se d placer et les raisons de le faire Cette r gle est particuli rement vraie dans le domaine de la recherche Dans de nombreux cas de t l coop ration le principal poste de d penses de fonctionnement ce sont les billets d avion ou de train Il ne faut pas oublier que dans l conomie actuelle cens e devenir virtuelle la d mat rialisation des changes de personnes ou de mar chandises rendue possible par les TIC est conditionn e par le d veloppement d une logistique de transport q
33. roximit 3 1 Les enseignements des tudes de cas Deux tudes de cas ont port sur des projets de recherche et de d veloppement L une a t effectu e au sein d une soci t d infographie Silicon Graphics dont les centres de R amp D sont r partis sur 5 sites mondiaux L objet de la coop ration est de concevoir et d velopper des logiciels d animation graphique La seconde a port sur la conception et la mise au point d un syst me de visio conf rence haut d bit par le CNET partir de comp tences dispers es dans quatre centres diff rents La troisi me tude de cas porte sur la constitution par le CIRVAL Centre de Ressource et de Valorisation de l Information dans les fili res Lait petits ruminants situ Corte d une base documentaire et d expertise alimen t e et consult e par des centres de recherche et d tudes r partis sur l ensemble du bassin m diterran en Enfin un questionnaire a t adress aux chercheurs 58 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi et universitaires des universit s de Bordeaux I physique et chimie et Bordeaux II sciences de la vie et m decine sur leurs pratiques de communication en liaison avec leurs projets de recherche Il s en d gage un certain nombre de points voqu s ci dessous 3 1 1 Les TIC n ont pas d influence sur la localisation mais sur la coordi nation Le probl me pour les individus ou les organisations n est pas de se poser la q
34. s Par ailleurs cette question peut tre trait e de diff rentes mani res Nous privil gierons ici une approche en termes de m canismes de coordination et analyserons la question sous la forme pr sent es ci dessous Dans quelle mesure les caract ristiques des m canismes de coordination d velopp s dans le cadre d un processus coop ratif de recherche ou d innova tion imposent ils aux acteurs d tre physiquement proches les uns des autres et jusqu quel point et sous quelle forme les TIC modifient elles cette contrainte en transformant les supports de ces m canismes Nous proc derons en trois temps Dans une premi re section nous exposerons la th se sur la localisation des activit s de recherche et d innovation habituellement pr sent e dans la litt rature conomique Dans une deuxi me section nous pr senterons une grille conceptuelle La troisi me section sera consacr e aux enseignements des tudes de cas que nous avons menges et aux conclusions TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 47 1 CARACTERISTIQUES DES ACTIVITES DE RECHERCHE CONTRAINTE DE PROXIMITE PHYSIQUE DES ACTEURS ET DEVELOPPEMENT DES TIC La th se peut tre pr sent e en deux temps Dans un premier temps il est fait abstraction des TIC Le probl me de la coordination a distance pour des activit s complexes se pose en effet en soi On cherche savoir dans quelle mesure la proximit physique des acteurs est n cessaire
35. s de chercheurs du moins celles qui fonctionnent au r gime des pairs La faible division du travail implique un chevauchement important des travaux r alis s et la n cessit pour les partenaires de proc der des ajustements mutuels dans la phase de mise en uvre L obligation de proc der des ajustements fr quents dans cette phase est renforc e par l absence d une fonction d autorit susceptible de r soudre les probl mes de fonctionnement Qu ils soient importants ou non ces probl mes doivent tre r gl s par une concertation directe et consensuelle entre les chercheurs Les TIC ne changent pas fondamentalement cette situation C est d ailleurs celle ci qui explique l emploi dominant des m dias dits riches face face avec ou sans d placement et outils de communication t l phone fax courrier TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 59 lectronique et plus marginalement les forums lectroniques Les m dias pauvres c est dire ceux qui impliquent une formalisation des relations ne sont pratiquement pas utilis s C est le cas des outils de groupware ainsi que celui des outils supposant de respecter pr alablement certaines contraintes d organisation la visioconf rence dans son tat actuel 3 1 3 Moins le projet est structur plus difficile est la coop ration distance Les remarques s inspirent ici du cas du Cirval qui rejoint bien d autres exp rien ces Elles concernent l ut
36. s puisent dans leurs rencontres et leur fr quentation mutuelle les l ments tacites qui leur permettent de trouver un langage de communication adapt aux nouveaux outils techniques Pour toutes ces raisons les connaissances tacites ne sont pas appel es dispara tre En cons quence de quoi les relations de face face s av rent n cessaires pour les transmettre Dans la mesure o la mise en uvre des processus de recherche et d innovation implique d importants changes de connaissances tacites la contrainte de proximit des acteurs concourant ces processus est forte Qn en conclut que la proximit s av re un instrument n cessaire de la coordination bien qu il faille s attendre une extension de l chelle g ographi 50 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi que des processus de coordination gr ce la possibilit d acc der distance des connaissances codifi es et de les partager Tel est le cadre g n ral du raisonnement Il faut ensuite videmment l appliquer tel ou tel processus de recherche ou d innovation Le rapport entre connaissances tacites et connaissances codifi es varie selon la nature de ces processus activit s scientifiques ou technologiques recherche fondamentale ou appliqu e recherche ou d veloppement activit science based ou technology pushed biotechnologie ou textile etc La contrainte de proximit est ainsi plus ou moins forte selon les activit s de m
37. se d roule Nous avons vu que toutes choses gales par ailleurs le poids de l informel sera plus important dans une communaut de chercheurs que dans une quipe projet dirig e par un superviseur au sein d une entreprise De m me sera t il plus fort dans une quipe projet plac e sous une autorit faible paralys e par les cloisonnements verticaux d une grande organisation bureaucratique que dans une quipe projet dont le coordinateur est vivement soutenu par la direction centrale au nom d int r ts strat giques La fronti re entre l informel et le formel peut se d placer au gr des investissements organisationnels Car codifier les relations revient faire un investissement organisationnel Pour les organisations sp cialis es et hi rarchi ques il s agit d homog n iser la culture technique des unit s sp cialis es de d velopper la coordination horizontale entre des d partements cloisonn s ou d investir les coordinateurs d une autorit r elle Pour les organisations faible ment sp cialis es et peu hi rarchis es la codification signifie l introduction d un minimum de division du travail de formalisation des proc dures de coordination et d autorit hi rarchique La possibilit de d velopper la coordination distance d pend par cons quent des investissements organisationnels Elle n est donc pas seulement une donn e de nature 3 2 3 En d pla ant aussi la fronti re du formel et de l informel les
38. sentation de l objet de connaissance cr es parles formations ant rieures ou l appartenance tel ou tel d partement ou plus simplement encore les diff rences d habitudes de travail cr ent des dysfonc tionnements continuels qui ne peuvent tre r solus que par le contact de face face La contrainte qui lui est li e se transforme en contrainte de co localisation ou en proximit temporaire selon la dur e de la coop ration la fr quence des contacts et l importance des difficult s soulev es La seconde caract ristique n est pas sp cifique aux activit s de recherche et d innovation mais concerne toutes les activit s impliquant des processus de d lib ration et de n gociation On la retrouve aussi bien dans les activit s 62 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi commerciales financi res ou productives que dans les activit s de recherche D s qu il faut argumenter pour convaincre et prendre des d cisions dans le cadre d une discussion et d une d lib ration multilat rales le face face s impose Il fournit les donn es de contexte permettant aux individus de conduire le processus d lib ratif et leur donne la possibilit de le faire converger plus rapidement au travers d interactions instantan es Il repr sente donc une grande conomie de moyens 3 2 2 Le poids des relations informelles ne tient pas qu la nature de l activit mais aussi aux formes organisationnelles dans lesquelles elle
39. smos de coordinaci n de las herramientas t cnicas y de los modelos de organizaci n Examinamos entonces unos estudios de casos y sacamos elementos aleccionadores En conclusi n el art culo subraya la importancia creciente de la coordinaci n remota pero sin concluir consecuentemente al aflojamiento geogr fico de las actividades de inovaci n
40. tenir les r unions de face face pour les premi res et d adopter pour les secondes la visioconf rence mesure que les contraintes techniques sont moins fortes et que le co t de l quipement et des communications baisse Le progr s technique n est donc pas sans effet 1l introduit la division du travail dans un domaine traditionnellement peu expli cit celui du motif de l organisation d une r union L utilisation efficace des TIC suppose que soit fait le partage entre diff rents types de r unions auparavant m l s dans la succession de points d ordre du jour h t rog nes au sein d une m me r union de l lection du directeur au rappel de communiquer temps des documents La contrainte du face face s all ge dans les phases de d veloppement technique pendant lesquelles les t ches pr alablement d finies et r parties TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 61 doivent tre r alis es Durant ces phases les ajustements peuvent s effectuer distance en utilisant de mani re compl mentaire toute la gamme d outils du t l phone au logiciel de workflow et en se d pla ant au besoin ponctuellement pour r soudre une difficult particuli re La contrainte reste toutefois forte lorsque les d veloppeurs n ont pas l habitude de travailler ensemble cas d quipes projets constitu es de mani re transversale dans les grandes organi sations ou que le processus de d veloppement fait surgir des
41. tion s appuient sur le processus de codification des contenus bases bibliographi ques banques d articles etc Internet est le domaine par excellence de ces deux types d outils Les outils d automatisation de la coordination sont en revanche peu utilis s et inefficaces lorsqu ils le sont Dans les organisations sp cialis es et hi rarchiques les outils utilis s sont les outils de consultation et de partage de l information et les outils d automatisation de la coordination Les outils de communication sont par contre d un maniement plus difficile On objectera l usage r pandu du t l phone mais celui ci est surtout utilis comme outil de communication dans les relations avec l ext rieur l int rieur de ces organisations l usage du t l phone suit des r gles pr cises Les proc dures de coordination tant verticales qu hori zontales tant formalis es les individus n ont tablir de relations directes via TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 57 le t l phone que pour des besoins pr cis et non pour d cider de leur mode de coordination On avance aussi une autre objection la p n tration d un mod le d centralis de communication de type Internet dans les organisations l Intranet On nous permettra d tre sceptique sur le d veloppement de m ca nismes de coordination informels non contr l s par la hi rarchie L Intranet dans les entreprises se limite en fait la mise sur pied de
42. tuer un travail de production Comment y seront ils incit s Y a t il des int r ts communs susceptibles de l emporter sur des comportements de type passager clandes tin Comment atteindre le seuil d externalit s de r seau au del duquel le syst me se reproduit de lui m me etc Ces probl mes ne sont pas techniques mais organisationnels Or la communaut vis e par le projet du Cirval n est pas organis e d o la difficult le r aliser 3 1 4 La n cessit de la proximit dans le cas d quipes projets de recher che et d veloppement est relative Elle peut tre en partie satisfaite par des rencontres p riodiques Lorsque les projets de recherche sont structur s au sein d une organisation avec 60 TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi des objectifs pr cis et une instance centrale de coordination la proximit est surtout n cessaire dans certaines phases projet Maya Silicon Graphic et projet Varese au Cnet Elle l est dans la phase amont de sp cification du projet Dans cette phase les individus et quipes rassembl s se livrent des s ances de brainstorming o il s agit de confronter des arguments de comprendre et de convaincre et de faire converger les positions Les r unions de face face sont cet gard irrempla ables il a t en particulier d montr que la convergence des positions est obtenue beaucoup plus rapidement en situation de face face qu en situation
43. ue l utilisation des TIC dans la coordination des activit s de recherche et d innovation change fondamentalement la situation d crite ci dessus Les arguments habituellement rencontr s seront pr sent pass s en revue Les TIC ne modifient pas fondamentalement la contrainte de proximit En effet les TIC permettent surtout de transmettre distance les connaissances qui sont d j codifi es D une position distante on peut ainsi plus facilement acc der des bases d information consulter un mode d emploi ou une publica tion envoyer des textes des donn es ou des images etc Les TIC ne servent pas seulement accro tre la circulation distance des connaissances codifi es mais sont aussi un puissant instrument de codification des connaissances On a cru pouvoir en d duire que le d veloppement des TIC allait se traduire par un degr de codification croissante des connaissances Dans ce cas la contrainte de proximit qui s exerce sur les activit s de recherche et d innovation aurait t consid rablement rel ch e voire annul e On ne trouve plus aujourd hui d auteurs soutenant cette th se simpliste voir la position nuanc e prise par Foray et Lundvall 1996 Certes les TIC transforment des connaissances tacites en connaissances codifi es par des op rations aussi diverses que les syst mes experts la m morisation et l archivage des savoirs tacites ou la formalisation de proc dures de travail auparavant informell
44. uestion de modifier leur localisation compte tenu des nouvelles opportunit s offertes par les TIC mais tant localis s dans des lieux d termin s d accroitre l efficacit de leur coordination ainsi que d tablir de nouvelles relations La localisation est pr d termin e par des facteurs historiques et contingents l appartenance des centres de recherche les chercheurs universitaires ou les centres correspondant du Cirval des localisations h rit es de la politique de d centralisation le Cnet ou de fusions acquisitions Silicon Graphics 3 1 2 La contrainte de proximit physique reste forte tous les stades des processus de coop ration s inscrivant dans des projets de recherche men s au sein de la communaut universitaire La n cessit d interactions verbales et non verbales fr quentes ne cesse en effet d tre importante tout au long du processus non seulement pour les phases d exploration du sujet de d finition d un framework et de conclusion mais aussi pour celle de mise en oeuvre phase pour laquelle la solution du s jour de long ou moyenne dur e est souvent utilis e Cela tient l importance des connaissan ces tacites qui sont utilis es toutes les tapes pour proc der aux ajustements mutuels L importance des relations informelles tient bien entendu aux caract ristiques intrins ques de ce type de recherches mais elle r sulte aussi des caract ristiques organisationnelles des communaut
45. ui elle est tr s mat rielle La cons quence en est que les acteurs conomiques continueront de vivre et de travailler de mani re agglom r e non pas tant parce qu ils ont se coordonner entre eux les TIC accroissent les possibilit s de se coordonner distance et la logistique de transport permet de satisfaire les besoins occasion nels de proximit mais parce que les grandes agglom rations disposent de points d entr e dans les r seaux de transport grande vitesse Ainsi la concen tration s expliquera de plus en plus par la n cessit de partager des infrastruc tures mat rielles et immat rielles tr s s lectivement r parties sur le territoire et de moins en moins par des besoins de coordination directe Ceci nous am ne une derni re remarque sur l orientation des politiques technologiques locales TIS 9 vol 3 4 Soci t de l information et emploi 65 Les politiques technologiques sont implicitement ou explicitement gouvern es par l id e de valoriser les synergies locales La mise en r seau des partenaires du d veloppement technologique firmes universit s centres de recherche centres techniques organismes d interm diation divers etc appa rait comme la cl du succ s Ces synergies accroissent ind niablement le potentiel des conomies locales De plus certaines d entre elles ont une forte dimension territoriale comme la relation formation emploi Faut il pour autant limiter les politi
46. uxi me cat gorie les interactions qui r pondent des proc dures d finies l avance mais dont la r alisation d pend d ajustements effectu s au cours des interactions Les individus ou groupes qui se coordonnent doivent intervenir pour que la proc dure formalis e s ajuste aux conditions concr tes dans lesquelles s effectue la coordination Deux raisons peuvent rendre n ces saire cette intervention C est tout d abord le cas lorsque les t ches ne peuvent tre strictement d finies et qu une part d al as subsiste quant ce que chacun doit faire C est aussi le cas lorsque la proc dure de coordination ne peut tre totalement explicit e soit parce que les gains d efficacit apport s sont faibles par rapport au co t de la codification de la proc dure soit parce qu elle introduit des rigidit s inadapt es un contexte o les unit s doivent r agir rapidement Qualifions ces relations de semi formelles Troisi me cat gorie les interactions qui se d veloppent au moyen d ajustements mutuels sans proc dure pr d finie de coordination Elles r pon dent g n ralement deux cas de figure En premier lieu la coordination base d ajustements mutuels r gle les activit s mergentes o les t ches et les proc dures de coordination ne sont pas encore stabilis es Mais elle peut aussi r pondre aux caract ristiques structurelles de l activit et dans ce cas ne pas s effacer avec le temps Par exemple le caract
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