Home

Perec

1. L Homme et l uvre ou comment en sortir d Eric Beaumartin Cahiers Georges Perec 4 M langes d du Limon 1990 pp 9 13 50 Par exemple S il tait licite de se hasarder noircir cette page blanche on pourrait dire que dans cet espace o rien n est dit le faux Gaspard Winckler part pour W et le petit Georges Perec part pour Villard quittant sa m re qu il ne reverra jamais elle mourra Auschwitz En fait dans cette page blanche c est l explosion de l univers fictif pour Winckler r el pour Perec qui fonde le texte En ce sens W pourrait aussi s appeler La Disparition C est dire que les liens des deux deux textes n appara tront qu des lectures successives Anne Roche SouWenir d enfance Magazine litt raire Num ro sp cial G Perec mode d emploi mars 1983 n 193 pp 27 28 51 Harry Mathews Le Catalogue d une vie Magazine litt raire 193 1983 p 14 cit dans Motte p 113 Warren Motte reconduit toute la po tique de la lettre au centre de l entreprise de Perec sous le signe de l tre vivant o mort Concluons la lettre chez Perec renvoie aux origines lje souligne Le E de la Disparition figure ses parents le W est souvenir d enfance caract re de la jud it La lettre devient aussi signe de la mort de l exil du vide et signe de cl ture textuelle le E tue les personnages de la Disparition l histoire de l le de W finit dans les camps B
2. litt rature REVUE TRIMESTRIELLE REVUE TRIMESTRIELLE MAI 1995 e N 98 REVUE TRIMESTRIELLE MAI 1995 N 98 BIOGRAPHISMES par Michel Sirvent Bruno Ackermann Susan Marson Pierre Marie H ron R FLEXIONS CRITIQUES Ambroise Barras gt Nathalie Pi gay Gros Koenraad Geldof fo Conseil de r daction Jean Bellemin No l Claude Duchet Jean Lacoste Jean Levaillant Henri Mitterand Claude Mouchard Bureau Jean Claude Coquet Jean Claude Mathieu Jacques Neefs Georges Raillard Correspondants Allemagne Wolf Dieter Lange Gerhard Neumann Belgique Fernand Hallyn Br sil Leyla Perrone Mo ses Canada Michel Pierssens Espagne Joaquim Sala Sanahuja tats Unis Tom Conley Joan Dejean Thomas Pavel Italie Luigi de Nardis Fausta Garavini Japon Hidetaka Ishida Pays Bas A Kib di Varga Portugal Eduardo Prado Coelho Royaume Uni Peter France Marian Hobson Suisse Michel Jeanneret Les manuscrits doivent tre adress s Jacques Neefs 3 rue de Turenne 75004 Paris Les auteurs sont pri s de conserver un double de ces manuscrits qui ne sont pas retourn s Les demandes d abonnement doivent tre adress es CDR Centrale Des Revues 11 RUE GOSSIN 92543 MONTROUGE CEDEX FRANCE Tarif un an quatre num ros FRANCE 300 FF TRANGER 350 FF le num ro 95 FF Revue publi e par Larousse et le D partement de litt ratur
3. M Ribi re art cit p 26 44 Les points de rep re biographiques mat riau transform dans et par l criture ne g n rent pas seulement l anecdote fictionnelle ils fournissent le syst me num rique qui ordonne la fois le r cit de fiction et l ensemble du volume dans lequel il s inscrit Encore le r cit de fiction devient un document autobiographique au m me titre que les textes de jeunesse largement annot s du chapitre VIII Ibid p 26 7 45 Ibid p 25 L insert autobiographique assure ainsi en partie la lisibilit du r cit de fiction 27 je souligne 46 Ibid p 32 je souligne 47 Bernard Magn Les sutures dans W ou le souvenir d enfance Cahiers Georges Perec n 2 Textuel 34 44 n 21 1988 48 Ibid p 41 je souligne 16 Biographismes vre 49 qui est en jeu travers les entrelacs h t rographiques l imbri cation des s ries et la dicho scriptomie en quelque sorte simul e de W De m me lorsqu on rapproche W du lipogramme La Dispari tion c est partir de l hypoth se selon laquelle le proc d serait le moyen d exprimer outil formel plus que symbole le vide l absence la mort qui sont au centre de l entreprise de Perec 1 Quand on rapproche encore Wde La Vie mode d emploi c est dans le m me sens que l on interpr te l entreprise inachev e de Bartlebooth qui meurt sa table de travail le dernier trou combler dan
4. motion d un syst me de juxtaposition en contraignant le lecteur prendre en charge l imagination de ce qui relie les l ments M moire op cit p 70 18 Biographismes non plus tre re ues chacune ind pendamment comme un lieu clos et originaire d o un montage prendrait forme et sens Le r cit dans son ensemble ne peut tre saisi qu au regard des divisions possibles du volume un tel r cit ne se d gage que du jeu de ses parties Non seulement ne veut on pas remarquer la diff rence qui s pare tel sujet d nonciation de W d une ventuelle d claration paratextuelle interview avant texte document etc mais encore oublie t on de souligner que dans ce livre ce qui se dit en romain dans la partie autobiographique ne peut absolument pas avoir la m me teneur la m me valeur de v rit que ce qui se dit en italiques L on oublie encore d insister sur le fait que le d r glement de l alternance m ca nique partir de l ellipse bi partitive implique le d calage virtuel d une s rie sur l autre de la fiction sous l autobiographie et inversement puisque chacune se trouve l une la place de l autre Rappelons que cette interversion des deux p les fiction et v rit Queneau la voyait l uvre entre L Iiade et L Odyss e on peut dire que la fiction a consist soit placer des personnages imaginaires dans une histoire vraie ce qui est Z Iliade
5. nu m ration pour toutes les tentatives d exhaustion du r el par l cri ture la mise en catalogue Disons que celui ci semble aller de pair avec une manie pour l num ration progressive pour ce que l on devra bien nommer une poly num ration textuelle La disposition de l ouvrage entra ne plusieurs cons quences D abord toute identification usuelle entre un volume et un texte ainsi que leur respective fonction unificatrice se voient directement mises en cause La division travaille au d part l unit celle d un tome dans la 64 Sur cette vaste question je me tiendrai deux remarques d un c t tout geste repr sentatif est la fois issu d une scripto censure ce qui est retenu par l crit se fait n cessairement au d triment de ce qui ne l est pas d un autre c t tout geste repr sentatif entra ne l effacement compl mentaire non seulement de ce qui rend la repr sentation possible par exemple la mati re signifiante mais aussi de tous les aspects non repr sent s de l objet que se donne et construit l crit Voir notamment Le mat rialisme textuel dans Nouveaux Probl mes du roman op cit pp 184 186 L ap pr ciation dans Le Th tre des m tamorphoses Seuil 1982 pp 19 23 de Jean Ricardou 21 Perec auto bio graphies biblioth que et du coup l quation entre un crit et un genre d fini 65 Ensuite le livre n est pas un simple montage de deux t
6. XII l issue du premier tiers du livre Un blanc g n rateur le lieu initial serait ici mat rialis dans l intervalle entre les deux parties entre les fils rompus de l enfance et la trame de l criture dans cette rupture dans cette cassure qui suspend le r cit autour d on ne sait quelle attente se trouve le lieu initial d o est sorti ce livre ces points de suspension auxquels se sont accroch s les fils rompus de l enfance et la trame de l criture pri re d ins rer C est une portion de l espace du livre que l on peut dire tomo topo graphique Si l on observe l ordonnancement g n ral depuis cette autobiographique Georges Perec Seuil Les Contemporains 1988 pp 138 139 Pour Lejeune dans un certain sens C est une autobiographie psychanalytique op cit p 65 7 La s rie initiale parue dans La Quinzaine litt raire sous forme de feuilleton entre septembre 1969 et ao t 1970 W II 14 proc de d un roman d aventure un roman de voyages un roman d ducation n d un souvenir d enfance ou plus pr cis ment d un phantasme enfantin mais aussi d un pastiche des Enfants du Capitaine Grant Lettre Maurice Nadeau cit dans M moire p 96 8 Ibid 9 Rappelons que dans la seconde partie la section en italiques donne lieu une histoire assez distincte Il ne s agit plus de celle de Gaspard Winckler de sa rencontre avec ce myst rieux missaire Otto
7. autobiographique de l uvre perecquienne qui rendrait compte aussi bien de toutes les aventures m tatextuelles en reversant au chapitre de l Histoire ou de l histoire individuelle tous les r cits de fiction dont l unique fonction serait de mat rialiser un certain paradigme de l omission Si c est bien au lecteur de construire le lieu d o l alternance des deux s ries prend sens ce lieu n est pas abstrait il est cet espace graphique entre fictions autobiographies et m tatextes Cette dis position singuli re du r cit qui se propose la lecture qui lui indique sa place si tant est qu il y en ait une d finissable cet espace n est pas ici signifi seulement l objet d une repr sentation mais signifiant il participe de ce qui se repr sente entre les s ries Or non seulement a t on un ouvrage qui tout en les ayant int gr es outrepasse diverses dichotomies apparentes les deux textes la fiction l autobiogra phie l histoire l Histoire l existence l criture les deux parties les deux typographies les deux s ries imaginaires les deux c t s autobiographiques mais telles autres partitions th oriques ne peuvent 56 Le manque sous la forme privil gi de l usure aurait alors pour but paradoxal de remplir l immeuble d y assurer la pr sence d un v cu en en multipliant les traces Il serait du c t de la vie bref de la repr sentation Sans doute un second n
8. comme on sait aux Trois Mousquetaires premier livre d une double s rie de trois dans la trilogie de Dumas et dans la biblioth que enfantine de Perec dont le principe est qu ils taient incomplets qu ils en impliquaient d autres absents et introuvables 29 Il faut signaler que dans la seconde partie le r cit de fiction prend l allure d un r cit narrateur b t rodi g tique Pour Colonna Winckler reste l auteur suppos de cette nouvelle histoire qui n est plus directement la sienne mais dont il est bien le chroniqueur art cit p 17 Mais seul le montage des deux r cits permet de pr sumer qu un protagoniste de la premi re partie l un des deux Winckler a pu tre explorateur d serteur ou naufrag t moin de la soci t W 30 Pour Lejeune c est la troisi me s rie qui a disparu M moire op cit p 131 31 Ainsi Wentrem le deux r cits dont aucun ne dit au sens propre ce que le lecteur ne peut restituer st r oscopiquement que par leur confrontation titubant de chapitre en chapitre d une amn sie une obsession ibid p 44 32 La recherche de sens produite dans W par la conjonction disjonction des textes italique et le romain les deux parties de l italique jointes et disjointes par les points de suspension etc et l nigme de leur rapport Genevi ve Mouillaud Fraisse Cherchez Angus W une r criture multiplie Cahiers Georges Perec n 2 op cit p 87
9. r f rence cruciale pour le dispositif du livre Il y a donc plusieurs lignes possibles de d marca tion Dans ce second premier chapitre il y a d un c t l absence de souvenirs d enfance Jusqu ma douzi me ann e peu pr s mon histoire tient en quelques lignes 13 d un autre l invention d une histoire treize ans j inventai racontai et dessinai une histoire je me souvins tout coup que cette histoire s appelait W et qu elle tait d une certaine fa on sinon l histoire du moins une histoire de mon enfance 14 W gt est la fiction ou l un des sc narios de son enfance pour laquelle aucun souvenir ne subsiste Mais autour de ce vide Z il y a encore une autre division g ographique telle qu elle se 20 On remarquera l homophonie des termes Il le occupant des places oppos es dans une m me phrase en antichorisme selon le vocabulaire de Ricardou El ments de textique V Contrebandes art cit pp 167 188 la substitution des pronoms masculin f minin entre les deux phrases le Elle permettant l articulation virtuelle en sus de cette entre Elle et W de cette autre W il Tout ceci s inscrit au moment o s effectue un changement dans le r gime narratif voir infra 21 Documents 10 et 11 M moire op cit pp 111 113 p 114 22 Rappelons nous l incipit de l avant propos d Esp ces d espaces L objet de ce livre n est pas exactement le vide c
10. soit pr senter l histoire d un individu comme ayant une valeur historique g n rale ce qu est L Odyss e Nul doute que ce qui se d gage du mode d exposition c est une impression de manque Le texte imprime plut t qu il n exprime le vide Perec dit de la fin d un grand nombre de romans des Trois Mousque taires Pierrot mon ami nous ressentons un trou 6 et de Z du cation sentimentale a t on jamais mieux exprim le vide Des phrases lapidaires rythm es incisives jouant sur l acc l ration tem porelle et les alin as Il voyagea Il connut la m lancolie des paquebots les froids r veils sous la tente l tourdissement des paysa ges et des ruines l amertume des sympathies interrompues Il revint Il fr quenta le monde et il eut d autes amours encore 61 Rapprochons ce passage puisqu il s agit de pastiche du d but de la seconde partie de W juste apr s l ellipse du temps passait Il y avait des saisons On faisait du ski ou les foins Il n y avait ni commencement ni fin Il n y avait plus de pass et pendant tr s longtemps il n y eut pas non plus d avenir simplement a durait On tait l W XII 94 enfin des vers de Queneau d o sont tir s les pigraphes de W Le monde tait chang nous avions une histoire je me souvenais d un pass D un c t l s indicible c est ce qui aurait d clench l criture Je ne sais pas si
11. Apfelstahl qui d couvre sa fausse identit et le charge d une mission de sauvetage retrouver l enfant disparu duquel il emprunte le nom toutes p rip ties qui constituent le r cit du voyage W s rie 1 partir du chapitre XII ce qui sou couvert d une m me typographie se donne comme une suite en r alit une fausse continuation voir pour ce type de probl mes Jean Ricardou Le dispositif osiriaque Nouveaux Probl mes du roman Seuil 1978 pp 198 223 se substitue un type de r cit tout autre la description de la cit W s rie 3 voir tableau 2 infra p 13 4 Biographismes mal rio rupture 1 on compte dans la premi re partie 6 chapitres fictionnels 5 sections autobiographiques dans la seconde 13 chapi tres en italiques consacr s la description de l le W et cette fois un nombre gal de sections autobiographiques Les deux parties d mar rent avec les deux s ries imaginaires mais alors que la premi re se cl t avec l italique le livre se termine sur une section en romain s rie 2 autobiographique Onze chapitres pour la premi re partie contre 37 pour l ensemble ce qui laisse 26 chapitres pour la seconde 11 26 TABLEAU 1 parties I ER Il nombre de chapitres 11 26 italique IS S TSI 12 14 16 18 34 36 romain 2 4 6 8 10 12 13 15 17 33 35 37 la charni re des deux parties se situe la seule infraction au syst me d ensemble cet endr
12. THESAURUS A 5 DAINIS AUX MOTS DES MOTS AUX IDEES DICTK NN IRI historique l orthographe fran aise LE R SULTAT ANN ES DE RECHERCHES ENFIN PUBU DICTIONNAIRE DE LVANCIEN FRAN AIS A J Greimas DICTIONNAIRE DU FRAN AIS CLASSIQUE J Dubois R Lagane A Lerond DICTIONNAIRE DU MOYEN FRAN AIS A J Greimas T M Keane DICTIONNAIRE DE L ARGOT J P Colin J P M vel DICTIONNAIRE TYMOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU FRAN AIS J Dubois H Mitterand A Dauzat DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE L ORTHOGRAPHE FRAN AISE sous la direction de N Catach i DICTIONNAIRE DE LINGUISTIQUE ET DES SCIENCES DU LANGAGE J Dubois L Guespin M Giacomo C et J B Marcellesi J P M vel TH SAURUS LAROUSSE sous la direction de D P choin Chaque volume reli sous jaquette 15 x 22 5 cm aiis ETES PPS litt rature D MASeN9 O O 1995 o N 98 7 BIOGRAPHISMES Michel Sirvent Blanc coupe nigme auto bio graphies W ou le souvenir d enfance de Georges Perec Bruno Ackermann Paratextes et Journal non intime le Journal d une poque de Denis de Rougemont Susan Marson Au bord de L Asphyxie remarques sur l autobiographie chez Violette Leduc Pierre Marie H ron Sur une se attendue de Genet la v rit de la litt rature R FLEXIONS CRITIQUES Ambroise Barras Prol gom nes toute litt rature informatique Nathalie Pi gay Gros La mort
13. non pas comme une fin mais en tant que tel Bartleby a ceci de particulier qu il est pour moi tout entier contenu dans ce sentiment trouble l tranget l loignement l irr m diable l inachevable le vide etc Il est moins question finale ment de dire l indicible de redonner un simulacre de voix une absence de vie l criture est le souvenir de leur mort et l affirma tion de ma vie VIII 59 ce qui reconduit toujours plus ou moins la structure une m taphysique de l inexprimable que de donner parcourir l espace du r cit d o quelque chose ne se repr sente pas comme l expression d un quelque chose que l on ne peut pas dire mais se pr sente depuis la partition des s ries comme l effet d un inscriptible un quelque chose qu on peut effectivement lire comme tant absent de ce qui est crit C est cela que je dis c est cela que j cris et c est cela seulement qui se trouve dans les mots que je trace et dans les lignes que ces mots dessinent et dans les blancs que laisse appara tre l intervalle entre ces lignes je ne retrouverai jamais dans mon ressassement m me que l ultime reflet d une parole absente l criture le scandale de leur silence et de mon silence CVIII 58 9 je souligne Aux antipodes de la strat gie de lecture o l on s attache expliquer l origine d un texte la raison de sa fabrique ou celle de sa st
14. op cit p 130 24 Le chiffre 11 li par exemple la m re de Perec C cile dont la date officielle de d c s est le 11 f vrier 1943 participe de divers r glages num riques dans l intertexte perecquien Ainsi dans 53 jours les peu nombreuses occurrences du 11 sont d autant plus r v latrices qu on les trouve toujours associ es soit la fracture mortelle soit l objet symbolique qui dans l univers perecquien permet de la r duire c est dire le livre Bernard Magn 53 jours Pour lecteurs chevronn s tudes litt raires Vol 23 n 1 2 t Automne 1990 p 199 On sait que le dernier roman inachev de Perec devait tre aussi en 2 parties respectivement de 13 et de 15 chapitres donc en quelque sorte d centr comme W ou le souvenir d enfance Harry Mathews Jacques Roubaud 53 jours P O L 1989 p 191 9 Perec auto bio graphies avec sa raison ou sa d raison c est la fois leur somme avec une implacable logique que l individu au quotidien ne peut saisir et ce qui est v cu dans ses d combres comme un pouvoir de n antisa tion V ritable machine infernale d sint grer l histoire individuelle sa fonction est immuable elle vacue les petites histoires du quoti dien qui ne sont que des vestiges g n rateurs de fictions autobio graphiques l autre bout les fantasmes d enfant en remarquent les effets leur mani re pal
15. pas ce qui l a pr c d e quand donc pr cis ment ai je appris lire crire compter mais dont je peux faire d couler machinalement tout ce qui l a suivie CXXIX 181 Quelle que soit la version privil gi e il para t bon de retenir que c est leur addition contradictoire qui peut la rigueur donner une id e au croisement des r cits qu il y en aurait eu une d histoire biographi que dont la mati re est irr cup rable une fois pour toutes Et ce n est pas seulement le fil existentiel qui se divise mais l crit qui le pr sente fait de r p titions de reprises huit ans huiti me de parenth ses d amodiations toujours sous le signe du double le cours l mentaire deuxi me ann e Il en va ainsi de l histoire celle avec sa grande hache l autre que l on d nomme fiction dont le sens se fractionne et que d plie la phrase inaugurale Je n ai pas de souvenirs d enfance je posais cette affirmation avec assurance avec presque une sorte de d fi L on n avait pas m interroger sur cette question Elle n tait pas inscrite mon programme J en tais dispens une autre histoire la Grande l Histoire avec sa grande hache avait d j r pondu ma place la guerre les camps I 13 Entre l histoire particuli re et l Histoire collective mais aussi entre les fictions minuscules les r cits de m moire improbables et l Histoire 23 M moire
16. sire le plus rester cach tre d couvert IE 14 Les r plications lexicale que souligne telle unit compos e cache cache syntaxique les deux relatives un enfant qui joue et qui ne sait pas puis nouveau la subdivision ce qu il craint ou d sire le double infinitif actif passif antith tique rester cach tre d couvert cr ent une forme d nonc alternatif dont le sujet l objet sont peut tre aussi bien l existence que l criture l on raconte pour mieux cacher ce que l on veut taire ou pour mieux exhiber ce que l on ne peut dire tout en se masquant davantage Le m me en se divisant rencontre l autre ou l un en se d doublant produit son contraire si je raconte son histoire ce n est pas cette histoire que je peux raconter mais une autre celle qui se d robe sous cette unit nominale son objet l histoire mais aussi bien le sujet qui la narre L on est toujours d j deux singulier et g n ral individuel et historique Sous 25 Un texte de Derrida Mnemosyne dans M moires pour Paul de Man apr s un prologue en italiques et diverses marges pr paratoires commence ainsi Je n ai jamais su raconter une histoire Cette phrase est reprise un peu plus loin Je n ai jamais su raconter une histoire Pourquoi n ai je pas re u ce don de Mnemosyne A travers cette plainte et sans doute pour m en d fendre un soup on s insinue toujours qui peut v
17. tableau peut tre de Rembrandt ou peut tre invent qui se nommerait J sus en face des Docteurs IV 22 3 je souligne 38 l entr e 101 de Je me souviens on sait que les mousquetaires du tennis taient bien quatre Hachette 1978 p 35 39 W Motte art cit pp 121 122 CI Burgelin op cit pp 165 66 M Ribi re art cit pp 27 30 Ph Lejeune La Lettre h bra que dans M moire op ctt pp 210 231 14 PARADIGME DE L OMISSION Biographismes Ce c t non trac interrompu ou suspendu de la lettre h bra que renverrait toutes les structures incompl tes toutes les organisations qui font la part du vide du creux et de l omission par exemple le chapitre manquant depuis le centre d cal et d calant de La Vie mode d emploi le chapitre cinq de Za Disparition ou celui autobiographi que de W aux multiples traductions di g tiques ces trous construits par l architecture dans laquelle l affabulation se moule sortes de figuration de ce qui appara t comme central dans le texte et l intertexte perecquien suivant une conomie de suppression qui semble d couler du syst me Le graphe W lettre initiale ou crypte serait l embl me de cette structure ouverte Cette crypte entr ouvre l espace de la lecture d une lecture qui ne saurait tre monologique C est pourtant partir de la s rie autobiographique notamment d
18. 2 Les trous du r cit seraient encore des repr sentations de la m moire comme un trou M moire op cit p 68 15 Perec auto bio graphies qu s au del des diff rences g n riques l criture autobiographique ne se distingue pas fondamentalement de l criture fictionnelle c est le plus souvent sous l angle de la s rie autobiographique que se d chiffre la fiction celle ci en est r duite n tre que la transposition de donn es biographiques Non seulement la s rie fictionnelle se d crypte en fonction d allusions l histoire personnelle ou collective mais le r cit autobiographique lui m me en est r duit ses mat riaux Si l criture de l autobiographie s est accomplie comme une lecture une extension du r cit de fiction le fait que Perec ait conserv la priorit de la fiction dans l ordre du volume qui est celle de son ant riorit g n tique conduit bien envisager de fa on plus d cisive ainsi que le souligne Mireille Ribi re comment l autobio graphie travaille les donn es biographiques de la m me mani re que la fiction 46 et plus largement quels sont les liens textuels qui articulent au del des diff rences g n riques typographiques de leur d coupe et de leur espacement les multiples s ries Mais l encore une fois m me quand les analyses s attachent montrer comment les deux textes sont inextricablement enchev tr s comme si aucun de
19. 33 Voir le commentaire de Perec sur La Vie mode d emploi Il faut et c est important d truire le syst me des contraintes Il ne faut pas qu il soit rigide il faut qu il y ait du jeu il faut un clinamen c est dans la th orie des atomes d Epicure le monde fonctionne parce qu au d part il y a un d s quilibre Selon Klee le g nie c est l erreur dans le syst me Entretien avec Ewa Pawlikowska Litt ratures n 7 Universit de Toulouse Le Mirail 1983 p 70 12 Biographismes Le troisi me livre tait Vingt Ans apr s dont mon souvenir exag re l exc s l impression qu il me fit peut tre parce que c est le seul de ces trois livres que j ai relu depuis et qu il m arrive encore aujourd hui de relire Il y avait pourtant quelque chose de frappant dans ces trois premiers livres c est pr cis ment qu ils taient incomplets qu ils en impliquaient d autres absents et introuvables les aventures du petit Parisien n taient pas termin es il devait manquer un second volume Micha l le chien de cirque avait un fr re nomm Jerry h ros d aventures insulaires dont j ignorais tout et mon cousin Henri ne poss dait ni les Trois Mousquetaires ni le Vicomte de Bragelonne qui me faisait l effet d tre des raret s bibliographiques des livres sans prix dont on pouvait seulement esp rer qu un jour je pourrais les consulter XXXI 192 194 194 je souligne 34 Si un di
20. alique et du romain la bi partition principale les subdivisions di g tiques le titre s affiche comme il affiche un ensemble doublement double 15 Ce sous titre alternatif en commen ant par d plier l nigmatique lettre embl me d une double Vie 16 d une identit ou d un nom qu son insu l on usurpe Gaspard Winckler la place de l enfant ponyme qu il recherche en s ajoutant comme second l ment entame l assurance du premier Incise ouvrant ce qui s nonce l exc s d criture Y la conjonction ou d double mais aussi divise toute formule d s qu elle se propose Le sous titre se divise encore dans une fonction d indication g n rique souvenir d enfance g n ricit son tour contredite par l article d fini le souvenir d enfance nigmatique par son incompl tude le W inscrit le r cit sous le signe du double et comme dans les romans cl s du secret n du manque et du masque Le W place en tout cas le r cit sous le sceau de la ficticit en ce qu il pr c de d s le titre tout souvenir quel qu il soit 18 Comme il y a deux parties deux d dicaces il y a aussi deux pigraphes la m me et une autre selon le principe de la variante sign es Raymond Queneau Cette brume insens e o s agitent des ombres comment pourrais je l clair cir Premi re partie cette brume insens e o s agitent des ombres est ce donc l mon avenir Deuxi me partie Apr
21. artlebooth meurt un W la main p 122 52 Ibid p 122 53 Ibid pp 115 6 122 je souligne 54 Voir le sonnet de Jacques Roubaud en exergue C noir pour blanc et le Post scriptum de La Disparition Ainsi naquit mot mot noir sur blanc surgissant d un canon d autant plus ardu qu il appara t d abord insignifiant pour qui lit sans savoir la solution un roman s 55 W Motte art cit p 123 17 FICTIONS AUTO BIO GRAPHIQUES Perec auto bio graphies Bernard Magn l inverse le manque serait moins un effet de r el ou un mythe personnel qu une structure textuelle 56 Toutefois si l objet d une lecture est d assigner maint aspect d une uvre une significa tion unilat rale par exemple sous le chef d une r currente all gorie m tatextuelle du manque au plan de la structure d ensemble 57 telle ligne interpr tative se fonderait elle sur des analyses au demeurant convaincantes n en serait pas moins tout aussi monologique que les explications psycho critiques Non seulement l uvre de Perec semble trouver sa r solution dans l ouvrage qui est a priori le plus autobio graphique non seulement oublie t on d interroger le fait que la plupart des intertextes int gr s r crits transpos s etc dans cette uvre appartiennent la cat gorie surtout romanesque 58 mais l on a pu constater la m me d marche r ductrice quand on s en tient au texte de W Il y aurait une finalit
22. chose ne se repr sente pas comme l expression d un quelque chose que l on ne peut pas dire mais se pr sente depuis la partition des s ries comme l effet d un inscriptible un quelque chose qu on peut effectivement lire comme tant absent de ce qui est crit C est cela que je dis c est cela que j cris et c est cela seulement qui se trouve dans les mots que je trace et dans les lignes que ces mots dessinent et dans les blancs que laisse appara tre l intervalle entre ces lignes je ne retrouverai jamais dans mon ressassement m me que l ultime reflet d une parole absente l criture le scandale de leur silence et de mon silence CVIII 58 9 je souligne Aux antipodes de la strat gie de lecture o l on s attache expliquer l origine d un texte la raison de sa fabrique ou celle de sa structure afin de la reconduire unilat ralement sa face bio psycho existentielle il y a une tournure contraire qui peut tout autant rendre compte de ce qui peut avoir lieu dans W mais cette fois entre le livre et son lecteur voquer l irr vocable je n ai pas d autre choix que d voquer ce que trop longtemps j ai nomm l irr vocable IV 22 et qui re produit l exp rience de la perte de ce qui fut voquer l irr vocable c est moins exprimer que redonner voix ce qui litt ralement ne peut plus tre re suscit Si l on cesse d interpr ter seulement partir des d combres de la guer
23. du sujet imp rialisme et d cadence de l invention dans la tradition critique Koenraad Geldof Autorit lecture et r flexivit Pierre Bourdieu et le jugement esth tique de Kant COUVERTURE SIMONE MATUSZEK AAAI INANC NO NN fi al d s x
24. e Ribi re L autobiographie comme fiction Cahiers Georges Perec n 2 Textuel 34 44 n 21 1988 p 27 12 Cela se d duit non seulement de leur emplacement dans le livre et sur la page les deux d dicaces sont en relation selon un vocabulaire que j emprunte aux travaux de Ricardou d isochorotopisme El ments de textique IV Contrebandes Cons quences 13 14 1990 mais aussi du fait que ces signes a priori nigmatiques semblent relever d un commun paradigme celui de l absence de la 5 SOUS LE SIGNE DU DOUBLE Perec auto bio graphies premi re renvoie une personne r elle la tante Esther par exemple la lettre joue aussi bien le r le d une v ritable d dicace intertextuelle 3 Le montage p ritextuel place en quivalence une lettre l objet d un intertexte lipogrammatique La Disparition et des signes diacritiques dont la fonction n est plus seulement ruptrice et suspensive mais embl matique En effet cette section disparue de l espace de Wque sugg re en filigrane la structure celle qui e t t la douzi me joue ce m me r le d aporie structurelle que le chapitre V de Za Disparition L on sait que ce roman lipogrammatique s est ordonn partir du paradigme arithmo alphab tique le rapport du rang du chapitre disparu V au nombre de chapitres 26 du livre est quivalent celui entre le num ro de la lettre disparue la cinqui me la lettre E et le nombre de lettres de
25. e fran aise de l universit de Paris VIII Vincennes St Denis LAROUSSE 17 RUE DU MONTPARNASSE 75298 PARIS CEDEX 06 Michel Sirvent Loyola University Chicago BLANC COUPE NIGME AUTO BIO GRAPHIES W OU LE SOUVENIR D ENFANCE DE GEORGES PEREC Tout se passe comme si apr s avoir t une aide l criture autobiographique tait devenue un obs tacle qui devait son tour tre d pass Philippe Lejeune La M moire et l oblique Geor ges Perec autobiographe Nous supposons que la vie produit l autobiogra phie comme un acte produit ses cons quences mais ne pouvons nous pas sugg rer en toute galit que le projet autobiographique peut lui m me aussi produire et d terminer la vie qu il est en fait gouvern quoi que fasse l crivain par les n cessit s techniques de l auto protrait et qu il se trouve ainsi d termin dans tous ses aspects par les ressources de son medium Paul de Man Autobiography As De Facement 2 Il arrive qu une autobiographie soit d pass e par le contexte o elle se propose l espace du livre 3 Or cela ne se proclame gu re sinon r duire l ensemble l une de ses parties 4 W ou le souvenir d enfance n est pas un simple puzzle autobiographique 6 C est 1 P O L p 37 abr M moire 2 The Rhetoric of Romanticism New York Columbia University Press 1984 p 69 je traduis 3 Rappelons que Esp ces d espaces commence son investigatio
26. e serait plut t ce qu il y a autour ou dedans p 13 op cit 8 Biographismes pr cise avec ce nouveau d but de l autobiographie au chapitre XIII le d part de Paris qui ouvre la seconde partie 2 La fracture chronologique se traduit dans l espace il y a le c t Vilin et le c t Villard double vie double V la maison de la rue Vilin repr sente le premier volet existentiel avant la vie Villard l poque de W entre disons ma onzi me et ma quinzi me ann e Ce qui caract rise cette poque c est avant tout son absence de rep res 93 4 Onze treize quinze ans tous chiffres qui renvoient aux partitions du livre les 11 sections de la premi re partie 2 le chapitre XIII qui est le second d but autobiographique le 15 qui peut renvoyer au premier lieu de parution La Quinzaine Litt raire peu importe la date exacte Ce qui compte c est que W s inventa une histoire entre dessin et criture Car il se trouve au del des fractures familiale chronologi que g ographique une quatri me ligne de partage l entr e l cole communale et c est cette ann e scolaire l peut tre le cours l mentaire deuxi me ann e en tout cas l quivalent de la huiti me qui constitue encore aujourd hui le point de d part de ma chronologie huit ans huiti me comme n importe quel autre enfant scolaris dans des conditions norma les sorte d ann e z ro dont je ne sais
27. e si entre temps elle tait tomb e dans l intervalle qui s pare les deux chapitres traduite en points de suspension la charni re des deux versants du livre Comme il y a trois s ries deux imaginaires une autobiographique il y a tout compte fait un troisi me incipit qui rime avec le premier J y aurait l bas l autre bout du monde une le Elle s appelle W XII 89 puis un quatri me D sormais les souvenirs existent fugaces ou tenaces futiles ou pesants mais rien ne les rassemble XII 93 Ces derniers reprennent une seconde fois une partie du titre W souvenirs Faux d part changement de registre en tout cas pour commencer il faut s y prendre au moins deux fois sur un autre plan transpos l un dans l autre imbriqu Il n y a pas de r gime narratif qui doive l emporter il n y a pas non plus de version d finitive c est ce que semble indiquer la structure mais aussi bien le site du chapitre II dans l espace du livre Comme la s rie fictionnelle l histoire individuelle ici se d double Seulement telle coupure biographique on peut la situer d une autre mani re Non pas uniquement partir de l poque de la s paration avec la m re mais avec la premi re tentative d criture Il y aurait un avant et un apr s la vocation d crire qui se r v le quand Perec crit pour un journal de classe un feuilleton policier 21
28. emand s il m tait vraiment indispen sable d avoir recours une stimulation ext rieure qui jouerait pour W le r le que l absence d E joua pour La Disparition 66 Ce passage est introduit en ces termes c est li la chose crite elle m me au projet de l criture comme au projet du souvenir Si l on insiste sur les intertextes romanesques de W l uvre puise dans les domaines du roman d aventure d exploration et du r cit d nigme 67 bref aussi bien dans le corpus de la paralitt rature c est que cela est ainsi li au dispositif lipographique Quelles qu en soient les raisons avant o bien au cours de l exp rience d criture ou quelles qu en soient dans le texte les motivations le montage vient du roman feuilleton Forme de r cit en suspension ou l on prend bien soin d arr ter l pisode au moment le plus palpitant o l on attend chaque fois la suite au prochain num ro Le feuilleton c est d abord l art de la coupe et du blanc entre des parutions successives Les lettres nigmatiques abr viations ellipses points de suspensions histoires de fractures divi 65 Telle lecture n tre qu autobiographique vis vis d un tel ouvrage en restera pour le moins tout fait monologique je me r f re ici au second sens du mot autobiographie exactement celui de l adjectif autobiographique qui a selon Lejeune vocation prendre le sens de p
29. en soit l hypoth se selon laquelle ne Les Trois Mousquetaires peut tenir lieu de mod le triadique implique sit t l ombre d un quatuor Davantage rien dans W qui n aille par trois qui ne soit fr quemment suivi d une quatri me unit Ainsi d s le premier chapitre les quatre occurrences du proustien adverbe longtemps J ai longtemps h sit Longtemps j ai voulu garder Longtemps je demeurai ind cis Longtemps j ai cherch les traces de mon histoire 9 10 Le graphe W n a t il pas 4 c t s avant de dessiner 3 triangles imbriqu s des morceaux s embo tent nous relournons au puzzle son principe articulatoire Dans le passage sur la lettre h bra que objet de nombreux commentaires ce signe qui aurait eu la forme d un carr ouvert son angle inf rieur gauche C peut donner une image du livre un texte 4 c t s dont l un resterait concocter dans l espace de la lecture Le chapitre IV qui ins re ce qui aurait tout l air d une mise en abyme de la structure lipographique est lui m me on l a vu un peu quatre c t s Tout le monde s extasie devant le fait que j ai d sign une lettre h bra que en l identifiant le signe aurait eu la forme d un carr ouvert son angle inf rieur gauche quelque chose comme et son nom aurait t gammeth ou gammel 1 La sc ne toute enti re par son th me sa douceur sa lumi re ressemble pour moi un
30. enre se figure depuis ce qui a pu tre finalement dit le continent de tout ce qu on ne dit pas Non pas simplement ce que 62 Lettre in dite op cit p 63 63 Voir Les Horreurs de la guerre in La Litt rature potentielle Gallimard Id es 1973 p 111 114 Notons avec Derrida que la parole et l criture fun raires ne vien draient pas apr s la mort elles travaillent la vie dans ce qu on appelle autobiographie Et cela se passe entre fiction et v rit Dichtung und Wahrheit M moire pour Paul de Man op cit p 44 20 AUTOLIPO BIO GRAPHIES Biographismes l on veut taire ou ce que l on ne peut plus dire parce que cela a disparu de la m moire mais ce que n cessairement l on tait par le simple fait de dire autre chose on escamote toujours la part d ombre que porte ce qui se dit Qu une autobiographie s expose de mani re partitive c est moins adopter une forme de r cit fragmentaire parce qu on se restreint aux fragments d une vie que de permettre que tel isomor phisme rende sensible la contrainte en quelque sorte g n rique d une condition narrative Il peut ainsi advenir que l organisation d un livre ait t fonci re ment d termin e par son espace de parution M me si certaines tudes le rappellent on ne tire pas toutes les cons quences du fait que W ou le souvenir d enfance poss de tous les caract res du roman feuilleton En tenir compte permet d expliquer la factu
31. epuis les sc nes qui tournent autour de l id e de suspension que l on tend expliquer les perturbations narratives les chapitres la charni re des deux parties anormalement juxtapos s 1 En g n ral lon tend interpr ter toutes les mat rio ruptures et le montage de W comme les figurations spatiales d un manque pr existant d ordre pr cis ment psycho existentiel Ws est crit dans le prolongement de la psychoth rapie faite en 1949 2 comme s il s agissait d une sus pension impos e apparemment par l Histoire le grand naufrage de l Holocauste ou l histoire individuelle la disparition de la m re sur la forme du r cit Ainsi interpr te t on les silences et les trous du r cit comme un montage de sympt mes laissant le lecteur affronter seul le probl me de l interpr tation Davantage de Burgelin Le jeune on r duit les s ries fictionnelles la cat gorie de fantasme la fiction est fantasme Or si le syst me de W est bien issu d s un fantasme enfantin il est surtout devenu tel qu il se donne lire une recons titution pri re d ins rer Pour d autres critiques m me si l on s attache montrer comment le r cit autobiographique prend son compte les proc d s d criture l uvre dans la fiction pour conclure 40 Donc 99 chapitres au lieu de 100 et c est le chapitre 66 qui dispara t ou plus exactement ce qui aurai
32. extes h t rog nes Et ce n est pas davantage la multiplicit des sections des s ries des typographies et des r gimes distincts qu il faut prendre en compte mais leur conjugaison Ce qui vacille c est non seulement toute assimilation de l opus un unique genre mais la construction d en semble serait polylogique suivant en quelque sorte le sch ma d une num ration 1 l unit livre 2 la dichotomie g n rale 3 la deuxi me partie r v le un troisi me r cit 4 le r cit autobiographi que se partage en deux principe de production qui rel ve dirait on d une scissigraphie de la division du sujet par redoublement d une dualit n e de la ressemblance ou de la r p tition Bref tout dans la mani re dont se pr sente ce livre semble signaler qu il s est moul dans un espace calcul celui ci jouant en quelque sorte le r le d une forme certes mobile mais contraignante avec laquelle la repr sentation qu elle soit biographique ou romanesque a d composer Les m canismes que l on peut dire inventaires proc dent de l num ration de la reprise de la scission Au d part de l criture de W il y avait bien l id e d un feuilleton Pour Perec cette id e d une forme devait bien jouer le r le d une contrainte et c est en pensant au proc d lipogrammatique qu il mit en uvre la fiction W l id e d un feuilleton vrai dire en me posant la question je me suis d
33. gue au cours duquel Apfelstahl fait le r cit Winckler du naufrage du Sylvandre le r cit fictionnel annonce par son silence Je me tus Un bref instant j eus envie de demander Otto Apfestahl s il croyait que j aurais plus de chance que les garde c tes Mais c tait une question laquelle d sormais je pouvais seul r pondre sa prochaine dispa rition locutoire le suicide en quelque sorte du narrateur apparent je me tue cette question litt ralement suspendue pourra t il retrouver celui dont il porte le nom et depuis laquelle on attend comme pour un roman feuilleton la r ponse au prochain pisode ces points de suspension qui terminent donc ce r cit narrateur autodi g tique 2 succ de d s l incipit de la seconde partie un r cit d o tout narrateur a non seulement disparu de l univers de l le mais qui encore a effac toute marque de sa pr sence dans le discours un r cit pris en charge par son principal protagoniste fait suite un autre qui adopte tous les traits d une apparente objectivit la fa on d un guide ethnographique au narrateur anonyme pour lequel le sujet r el du discours retire ses marques les plus visibles Elle l le W est orient e Le voyageur gar le naufrag volontaire ou malheu reux l explorateur hardi XII 89 Au sujet Winckler la premi re personne se substitue un sujet topographique quasi homonyme quant
34. iers et ses tagements de rendre sensible au lecteur telle impression de manque c est le temps qui passe le d s uvrement le creux le vide la m lancolie le cafard le souvenir l irr m diable 70 Il n est pas question de s en tenir ce que Perec a voulu faire Mais il s av re que ce qu il produit avec ce livre ne me para t pas tr s loin de ce qu il a recherch l image de ce qu on peut ressentir la lecture de Bartleby le scrivain pr senter un texte qui soit l expression la plus achev e de l inachevable il en est l expression ma connaissance la plus achev e 71 69 Doit on lire Wcomme une prosopop e cherchant donner une voix la mort faire parler les morts Le sentiment de la mort constitue le sujet de l nonciation autobiographique puisque son sujet commence par ne pas tre l la prosopop e reste une voix fictive mais je crois que d avance elle hante toute voix dite r elle et pr sente Derrida M moire op cit p 62 70 Lettre in dite op cit p 62 71 Ibid Par Bartleby l homme de Wall Street d couvre le revers du monde son moule en creux p 65 23 COLLECTION TR SORS DU FRAN AIS LAROUSSE f LAROUSSE DICTIONNAIRE DICK mi MRE l ancie LAROUSSE fran DIC FIONNAR W LARQUSSE 4 DICTK S MIRE du fran ais classic jue ENVI skak ch LAROUSSE WQX A SHIONNAIRE de LARQUS USSE uistique
35. itiaux e Jules Verne Roussel et Lewis Carroll signale Perec Lettre M Nadeau art cit p 96 ainsi que dans la version finale qui ici au premier chef nous int resse voir M Ribi re art cit p 31 Vincent Colonna W un livre blanc Cahiers Georges Perec n 2 op cit p 16 Un des intertextes majeurs outre le Bartleby de Melville sur lequel on reviendra est William Wilson d E A Poe fiction all gorique d une certaine criture la fois autobiographique et intertextuelle dans laquelle un narrateur racontant sa vie en vient raconter celle d un autre son homonyme fable o le r cit de soi devient en cours d criture le r cit d un autre 19 Ch ne et chien I Biblioth que de la pl iade uvres compl tes I 1989 Dans le texte original il y a passage la ligne avant le segment interrogatif 7 Perec auto bio graphies titre souvenir Double vie d o se d signent deux cat gories temporelles le pass l avenir r duites pour l autobiographe au m me sort une brume insens e o s agitent des ombres Comme il y a deux pigraphes il y a aussi deux incipits J ai longtemps h sit avant d entreprendre le r cit de mon voyage WA 9 Je n ai pas de souvenirs d enfance QI 13 On retrouve au bout des deux phrases la part du titre cette fois d pli distendu correspondante La conjonction qui op rait l alter nance devient signe de la c sure comm
36. iveau peut on lire cette prolif ration des manques comme un th me r current valeur autobiographique mort du p re disparition de la m re Il serait alors du c t d une vie bref de l expression Mais sit t voqu le titre du livre en sa dualit sugg re une toute autre lecture du c t du mode d emploi bref de la narration Le manque serait moins un effet de r el ou un mythe personnel qu une structure textuelle Le Puzzle mode d emploi art cit pp 81 82 je souligne 57 Ainsi la forme du carr ouvert son angle inf rieur gauche non seulement commande toute l armature distributionnelle de La Vie mode d emploi en ce qu elle pr voit des infractions dans un syst me contraignant d ordination et de distributions d l ments pr s lectionn s mais embl matise les trois motifs de la famille de la jud it et de l criture qui travaillent toute l uvre de Perec Le Puzzle mode d emploi art cit p 8 je souligne 58 Il y a des micro r cits m re fils naufrage t moin survivant r cit puis s dans le r pertoire du roman d aventure de formation ou de navigation dont nous trouvons les mod les dans tout le roman du dix huiti me et dix neuvi me de Defoe Fielding Poe Verne Melville et James Voir Mouillaud Fraisse art cit p 88 Pour l intertexte autobiographique voir Magn 53 jours art cit p 198 59 Perec veut faire jaillir le sens et l
37. je n ai rien dire je sais que je ne dis rien je ne sais pas si ce que j aurais dire n est pas dit parce qu il est l indicible l indicible n est pas tapi dans l criture il est ce qui l a bien avant d clench VIII 58 9 Toutefois l criture produit le sentiment de l inexprimable je sais que je ne dis rien sans qu elle ait pourtant voulu l exprimer Je ne sais pas si je n ai rien dire L criture r v le alors ce qui l a d clench e l indicible l irr m diable La nouvelle de Melville Bartleby tait pour Perec le parfait exemple d un texte qui 60 Lettre in dite Denise Getzler Litt ratures n 7 op cit p 62 61 Biblioth que de la pl iade Gallimard 1952 p 448 19 Perec auto bio grapbhies suscite telle impression de vide non pas comme une fin mais en tant que tel Bartleby a ceci de particulier qu il est pour moi tout entier contenu dans ce sentiment trouble l tranget l loignement l irr m diable l inachevable le vide etc Il est moins question finale ment de dire l indicible de redonner un simulacre de voix une absence de vie l criture est le souvenir de leur mort et l affirma tion de ma vie VIII 59 ce qui reconduit toujours plus ou moins la structure une m taphysique de l inexprimable que de donner parcourir l espace du r cit d o quelque
38. l alphabet qui la contient 26 Non seulement le nombre de chapitres de la seconde partie de Wcorrespond celui de La Disparition comme si le roman tait ici plac en abyme mais en rapportant du coup le chiffre au nombre de lettres qui compose notre alphabet l on peut admettre que la composition suit un principe tr s voisin de celui qui ordonne le lipogramme Cette hypoth se se trouve corrobor e dans le chapitre VIII La dichotomie qui affecte la s rie autobiographique avant et apr s l apprentissage de l criture par exemple s y traduit sur le plan graphique Un peu l image des chapitres II et IV le chapitre VIII dispose deux textes le premier sur la photo du p re le second de la m re Ces deux textes sont une transcription d une ancienne version qui date de quinze ans W41 Afin de la distinguer la typographie se d double encore une fois ces deux anciennes descriptions se pr sentent bien en romain mais en caract re gras Double d doublement donc non seulement ce double texte document est encadr par un deuxi me texte qui les ins re mais ce texte cadre se r partit en deux de part et d autre de cette insertion en rassemblant de fa on tout fait inusit e une prolif ration de notes m tatextuelles au nombre faut il le souligner de 26 Vis vis du principe lipogrammatique qui fonde Za Disparition la composition de W pourrait tre qualifi e de lipo graphique L on n a gu re p
39. l initiale l le W bref un r cit o un espace un territoire entre plus de mille est aussi l homophone d un pronom de la troisi me personne Ainsi le faux Winckler dispara t comme pre mi re personne de narration au moment o celui qui le charge de 26 L nonc initial Une fois de plus les pi ges de l criture se mirent en place en cache bien un autre pith tique une fois de plus les pi ges de l criture se refl tent en place Ricardou donne une analyse d taill e de cette phrase dans l ments de textique V document de travail Centre Culturel International de Cerisy la Salle 1991 pp 31 34 27 Ribi re art cit p 26 7 et Ph Lejeune M moire op cit p 63 4 28 J emprunte ici la terminologie G Genette Nouveaux discours du r cit Seuil coll Po tique 1983 p 69 11 Perec auto bio graphies retrouver son homonyme vient de retrouver sa trace XI 83 Mais son sort est indissolublement li celui de l enfant ponyme G Vous tiez beaucoup plus facile retrouver que l autre le seul dont on n ait pas retrouv le corps parmi les naufrag s il y avait un sixi me nom sur la liste des passagers IX 65 Selon un rapport encore une fois iso num rique dans un groupe de six il manque un l ment un corps un chapitre myst re d une disparition dont on ne sait pas au d part de ce second r cit de fiction de Winckler o
40. liant le vide creus par l Histoire sous une double enseigne la guerre les camps Au d part de ce chapitre IT dans lequel tout ce qui s avance se d double pour commencer l histoire de sa vie il n y aurait d j eu plus rien Je n ai pas de souvenirs d enfance Par l auto citation l in cision de ce qu on a pu avancer l ind cision que cela propage m me si l on retient sa forme n gative s engage en lieu et place du r cit impossible de son histoire un m tadiscours de l in narrable autobiographique C est sous le d mon de la division et de la r p tition que prendrait forme une criture de plut t que sur la disparition C est de la m me fa on que l autobiographe de W deux paragraphes apr s son lapidaire recommencement r it re cette fois entre guillemets la formule la m me et une autre Je n ai pas de souvenirs d enfance je posais cette affirmation avec assurance avec presque une sorte de d fi Tout se narre donc bien sous l allure d une reprise Avanc e scissipare qui insiste dans sa re inscription un peu plus loin le une fois de plus actualise ce que l expression signifie et se replace en d but de la seconde phrase signalant que la division au d part est d j pro gramm e Une fois de plus les pi ges de l criture se mirent en place Une fois de plus je fus comme un enfant qui joue cache cache et qui ne sait pas ce qu il craint ou d
41. n depuis l espace litt ral l espace de la page L espace commence ainsi avec seulement des mots des signes trac s sur la page blanche Galil e 1985 p 21 L espace est compris comme ce au milieu de quoi nous nous d pla ons le milieu ambiant l espace alentour ibid p 13 L espace litt raire dont il s agit ici je renvoie G rard Genette La Litt rature et l espace Figures II Seuil coll Points 1969 pp 43 48 se constitue d un ensemble de param tres manifestes notamment dans la graphie la mise en page mais aussi le d coupage de l crit J entends donc cet espace comme ce au milieu de quoi la lecture se d place et d o la repr sentation advient 4 Perec envisageait trois s ries de chapitres le feuilleton les souvenirs d enfance et l histoire m me de son rapport W M moire p 89 La troisi me partie du livre celle qui aurait disparu aurait t constitu e de l histoire de la gen se du livre ibid p 92 la fiction l autobiographie se serait ajout e une dimension en quelque sorte m ta op rationnelle ibid p 113 5 Paris Deno l coll Les Lettres Nouvelles 1975 6 Pour Burgelin il s agit d une autobiographie en deux textes d un montage 3 LIPOGRAPHIE Perec auto bio graphies aussi un roman feuilleton un r cit feuillet qui dans sa disposition actuelle garde les traces de son e
42. o me roman histoire autobiographi ques Le pacte autobiographique bis Po tique 56 nov 1983 p 420 66 Lettre Maurice Nadeau M moire op cit p 97 67 Comme le remarque Mouillaud Fraisse propos d un des intertextes suppos s le Myst re de Marie Roget entre les conjectures de Dupin et la conclusion de M Poe intervient pour des raisons que nous ne sp cifierons pas mais qui sautent aux yeux de nombreux lecteurs une coupure dans le manuscrit art cit p 88 68 Les dix neuf pisodes publi s dans La Quinzaine Litt raire correspondent quelques modifications pr s dans le d coupage aux dix neuf chapitres des deux s ries fictionnelles Ribi re art cit note 3 p 35 22 Biographismes sions espaces intercalaires variations typographiques etc seraient d s lors les signes scriptographiques d une contrainte topomorpholo gique Selon cette hypoth se et puisque la s rie autobiographique ne constitue qu une part du livre pour qualifier W je ne peux r sister forger le label d autolipo bio graphie Dans cette prosopop e 6 l ab sence parle travers ce lieu virtuel o se disjointent et se rassemblent les r cits dans leur entrelacs tomo topo typographique Tout se passe comme s il s agissait depuis sa disposition mat rielle dans la forme vid e du r cit dans son mode d exposition dans sa mise en espace ses d crochements ses pal
43. oit les s ries n alternent pas Le r cit en italiques semble se poursuivre apr s les points de suspension Telle anomalie structurelle 1 dispose moins une rupture de la s quence fictionnelle qu elle ne sugg re l inscription en creux d un pisode autobiographique un espace remplir qu appelle l alternance g n rale Avec cette coupure il ne s agit plus seulement d un espace vide mais la fois d un seuil et d une suite le r cit est suspendu autour d on ne sait quelle attente Cet espace signal comme vacant suspend non seulement le r cit mais au lieu m me o ils se disposent les points de suspension remarquent sa fonction signifiante Ceux ci entre parenth ses soulignent une deuxi me fois qu la limite ils auraient pu ne pas tre re marqu s Suivant le principe de redouble ment qui r gle apparemment l ensemble de l ouvrage l on peut affirmer que cette seconde ouverture en r pondant la formule pour E de la premi re partie se verrait ainsi attribu e le r le d une seconde d dicace 12 Si l on peut supposer que le E majuscule de la 10 Avec les mat rio rupteurs vides ce qui s ins re dans le texte ce n est plus du texte ce sont des blancs en g n ral r gl s Jean Ricardou La R volution textuelle Esprit 12 1974 p 940 11 La fiction vient occuper au chapitre XII la place que le principe d alternance attribua t l autobiographie Mireill
44. raiment raconter une histoire Une narration est ce possible Qui peut se vanter de savoir ce qu engage un r cit Et d abord la m moire qu il r clame Galil e 1988 p 27 10 TRIPTYQUE Biographismes chaque titre sous chaque lettre sous chaque mot et sous chaque nonc d s qu on y pense s en faufile un autre qui le partage Ecrire c est diviser 26 cette rupture mat rielle dans l organisation spatiale correspon dent diverses ellipses narratives Entre les deux c t s biographiques Vilin Villard l omission porte sur le trajet de Paris Villard de Lans que l enfant effectue seul et surtout la forclusion de tout discours sur la m re dans les souvenirs d enfance de la seconde partie Entre les deux versants fictionnels le r cit du voyage la description du syst me totalitaire sur l le W la mission confi e Gaspard Winckler celle de rechercher l enfant homonyme sourd muet disparu dans un naufrage ou bien abandonn sur une le d serte para t suspen due cette omission r pond une ellipse g ographique l on passe pour ainsi dire de but en blanc d Allemagne en Terre de Feu Sur les cartes W n apparaissait pas ou n tait qu une tache vague et sans nom XII 90 Sur le plan nonciatif la disparition de Winckler entra ne sa sortie hors sc ne sinon comme narrateur effectif du moins des marques de la premi re personne la fin du long dialo
45. re de l Histoire et des histoires familiales l obscur objet qui dans le corps de l autobiographie manquerait ici s inscrire le vide palpable minant sa disposition lipographique l on peut imaginer qu il n y a plus loin de l criture autobiographique l criture lipogrammatique ainsi c est un proc d oulipien qui rend compte des Horreurs de la guerre 63 Le roman La Disparition loin de recourir un proc d artificieux et m canique loin de revenir un pur exercice de style trahirait il ainsi une condition narrative pour ainsi dire l mentaire Car m me lorsqu on pr tend raconter son histoire on laisse surtout beaucoup de place ce que par la force des choses l on ne raconte pas Au travers d une reconstruction qui du coup ne pourra qu tre toujours parcellaire c est le topos du genre se figure depuis ce qui a pu tre finalement dit le continent de tout ce qu on ne dit pas Non pas simplement ce que 62 Lettre in dite op cit p 63 63 Voir Les Horreurs de la guerre in La Litt rature potentielle Gallimard Id es 1973 p 111 114 Notons avec Derrida que la parole et l criture fun raires ne vien draient pas apr s la mort elles travaillent la vie dans ce qu on appelle autobiographie Et cela se passe entre fiction et v rit Dichtung und Wahrheit M moire pour Paul de Man op cit p 44 20 Perec auto bio grapbhies suscite telle impression de vide
46. re tout fait singuli re d un livre qui de bout en bout semble chapper un principe d organisation conventionnel monologique Certes Perec aurait pu remanier son autobiographie lors de la r daction du texte d finitif vincer certains aspects accidentels li s aux contraintes du genre Il semble plut t qu il ait poursuivi la logique de cette contrainte tout en la d tournant S il n a pu jusqu au bout se plier l obligation chronique en chappant celle ci il a con u un nouveau lieu qui joue entre les textes multiples int gre son p ritexte et son bibliotexte une plate forme d exp rimentation pour une mise en page in dite un autre d coupage une s riation nouvelle du r cit o interviennent de mani re tout fait d terminante des param tres que l analyse du r cit a tendance n gliger le param tre certes typographique mais non moins ce que j ai appel le param tre tomo topo graphique et principalement dans la mesure o l on aurait affaire un texte chiffr un texte r gl selon des facteurs arithmotomo topo gra phiques Au regard de la composition du livre les rapports qui unissent la typographie la d coupe la r partition ainsi que l enveloppe du livre son p ritexte rel vent non pas d un chiffre singulier mais d un principe polylogique mettant en jeu une vari t de bases arithmiques On connaissait la fascination pour l inventaire chez Perec pour l
47. ris la mesure du fait que les deux parties s ouvrent avec la s rie fictionnelle et que la s rie autobiographique se trouve disparition de la suspension Dans La Disparition on se souvient qu apr s la page de titre c est le sonnet lipogrammatique en E La disparition de Roubaud qui ouvre le roman D autre part l on remarquera que parmi les nombreuses indications sur la position topographique des villages de l le W rien ne se situe l Est et par cons quent tout se trouve toujours l ouest W XIV 97 101 13 Sans entrer ici dans le d tail la d dicace Pour E que nous pouvons appeler une dynamo d dicace que je forge sur le concept de dynamoscripture toute scripture dont une part demeure l tat virtuel Ricardou El ments de textique 1 Cons quences 10 1987 p 18 est aussi mixte sous langle du d dicataire puisque le monogramme recouvre la fois une personne r elle un d dicataire priv voir G rard Genette Seuils 1987 p 123 et la voyelle absente de tout bouquin bref le h ros grammatique d un ouvrage autographe qui se fait remarquer du coup par une absence de d dicace significative comme un degr z ro ibid p 126 6 Biographismes donc deux fois en seconde position 14 Avec la lettre bifide W double V que d double encore le second segment ou le souvenir d enfance la forme du titre anticipe sur l ordre des s ries le battement de l it
48. ructure afin de la reconduire unilat ralement sa face bio psycho existentielle il y a une tournure contraire qui peut tout autant rendre compte de ce qui peut avoir lieu dans W mais cette fois entre le livre et son lecteur voquer l irr vocable je n ai pas d autre choix que d voquer ce que trop longtemps j ai nomm l irr vocable IV 22 et qui re produit l exp rience de la perte de ce qui fut voquer l irr vocable c est moins exprimer que redonner voix ce qui litt ralement ne peut plus tre re suscit Si l on cesse d interpr ter seulement partir des d combres de la guerre de l Histoire et des histoires familiales l obscur objet qui dans le corps de l autobiographie manquerait ici s inscrire le vide palpable minant sa disposition lipographique l on peut imaginer qu il n y a plus loin de l criture autobiographique l criture lipogrammatique ainsi c est un proc d oulipien qui rend compte des Horreurs de la guerre 63 Le roman La Disparition loin de recourir un proc d artificieux et m canique loin de revenir un pur exercice de style trahirait il ainsi une condition narrative pour ainsi dire l mentaire Car m me lorsqu on pr tend raconter son histoire on laisse surtout beaucoup de place ce que par la force des choses l on ne raconte pas Au travers d une reconstruction qui du coup ne pourra qu tre toujours parcellaire c est le topos du g
49. s deux ne pouvait exister seul pri re d ins rer et quoique l on puisse r v ler les r guli res ressemblances litt rales translin aires ou sutu res 7 entre les sections h t rographiques contig es attestant une continuit sous jacente sur l ensemble de l ouvrage on suppose toujoghs que la fiction constitue un l ment du r cit autobiogra phique que l nonciation autobiographique est en position dominante les deux textes fiction et autobiographie sont en relation hi rarchique si la fiction est premi re dans une chronologie de la lecture le premier chapitre est fonctionnel elle reste en fait soumise l autobiographie 8 Bref les composants de la fiction ne sont retenus qu en tant qu ils repr sentent que ce soit de fa on crypt e indirecte ou allusive des v nements biographiques On y trouve une origine du c t de l exp rience bio graphique tant entendu que tout dispositif graphique n en serait qu une traduction d o la valorisation de la s rie existentielle en r duisant un tout en l occurrence polylogique l une de ses parties On conna t le credo l existence pr c de toujours l criture Or c est bien cette dichotomie qui gouverne couramment l opposition entre l homme et l u 43 Ainsi de la naissance de Winckler qui transpose des v nements biographiques tels que la date de naissance de l auteur et celles du d c s de ses parents
50. s la reprise de l alexandrin blanc la rime du second segment octosyllabique claircir avenir fait cho un des l ments du 14 Par rapport l ordre conventionnellement assign aux deux graphies il faut noter leur inversion dans W L on commence plut t par le romain l on passe l italique avec une seconde s rie c est le cas des G orgiques ou de The Sound and the Fury D autre part si Perec affecte le caract re romain au c t autobiographique peut tre porteur selon l usage d une plus grande valeur de v rit documentaire que l italique on sait que Barthes opte l inverse pour l italique dans une section nettement plus personnelle Pause anamn ses du roland BARTHES par roland barthes Seuil coll crivains de toujours 1975 p 111 113 15 F Warren Motte Embellir les lettres Cahiers Georges Perec n 1 Colloque de Cerisy juillet 1984 P O L 1985 p 120 16 Y aurait il un lien entre cette hypoth se et cette remarque de Renaud Camus sur la coutume d utiliser le W comme force optative de vivre qu il remarque dans les affiches du xvm si cle Journal d un voyage en France Paris Hachette P O L 1981 p 333 17 1 C est ce surcro t de pr cision qui suffit ruiner le souvenir ou en tout cas le charge d une lettre qu il n avait pas W IV 23 18 Rappelons l importance de l intertexte fictionnel dans ce montage d s les projets in
51. s le quatre cent trente neuvi me puzzle a la forme d un X mais la derni re pi ce qui reste poser a la forme d un W 52 Ainsi l organisation formelle de Za Disparition le rapport arithmotomo topo graphique entre l emplacement du chapitre disparu et le rang alphab tique de la lettre E un ensemble d intertextes effectifs Moby Dick Don Gio vanni convoqu s selon un fil chromatique la blancheur ou bien tout leitmotiv qu il s agisse du mot bourdon dans le sens de coquille typographique consistant en l omission d un l ment quel conque ou des allusions l aspect physique du caract re disparu tout ce qui finalement conduit placer la po tique de la lettre au centre de l entreprise de Perec se trouve ramen un commun d nominateur pour signifier l absence absolue 53 criture noire pour blanc 51 qu il s agisse de puiser dans l intertexte perecquien tout ce qui est allusion aux moyens aux conditions mat rielles de la repr sentation est r duit de fa on toute monos mique n tre que le signe d un manque inaugural d ordre existentie puisque E figure les parents de Perec et que la litt rature forme pour lui une parent retrouv e il s ensuit que E la lettre m ne la litt rature 55 Se v rifierait ainsi l chelle de toute l uvre perecquienne une topique de l incompl tude une isotopie du manque Certes pour 49 Voir
52. space de parution 7 vrai dire d un espace temps d o les lois de la coupe et du blanc r gissent l entier dispositif C est dans ces termes que Perec fait part de son projet Maurice Nadeau je me suis dit que la forme qui conviendrait le mieux tait celle du roman feuilleton m obligeant chaque jour une nouvelle invention la construction d pisodes dont chacun conclurait heureusement celui qui pr c de et pr parerait dans le myst re et le suspens ou suspense celui qui suit Le montage final se d couvre suivant la r partition des s ries le d coupage des s quences et tout ce qui touche en gros le mode de pr sentation mat rielle fonci rement partitif des r cits qui s y croisent Ce plan d exposition est si bien organis qu il s apparente une partition N d une recherche men e dans et sur l espace du livre W ou le souvenir d enfance est une fiction autobiographique qu expose une criture blanche En alternant avec un roman d aventure suivi dans la seconde partie de la description d une cit r gie par l id al olympique 9 l autobiographie n occupe qu une moiti de l ouvrage L alternance des deux volets romanesque autobiographique se fait en une succession de 37 chapitres de part et d autre d une division pas tout fait m diane puisque l ellipse cardinale figur e par les fameux points de suspension de la page 85 se place entre les chapitres XI et
53. spositif duel sur le plan essentiellement mat riel s en superpose un autre virtuel d ordre principalement narratif et model sur un bibliotexte 35 la fois ternaire et lacunaire alors on peut redisposer W il y a non seulement les 3 s ries mais aussi 3 types de r cit romanesque et odyss en documentaire descriptif et ilia d en 36 qui semblent correspondre trois sens du mot histoire ici en vigueur un r cit de fiction la reconstruction d une existence individuelle l all gorie d une Histoire collective celle du totalita risme 3 narrateurs homodi g tique autodi g tique h t rodi g ti que et 3 disparitions l enfant Winckler la m re le narrateur Winc kler 3 points de suspension etc TABLEAU 2 r cits I Il II Winckler autobiographie la cit W typographie italique romain italique r partition partie I parties I et II partie II type romanesque documentaire descriptif odyss en iliad en voix homodi g tique autodi g tique h t rodi g tique histoire fiction individuelle individuelle collective fiction collective disparition lenfant la m re le p re le narrateur 34 Le num ro du chapitre dans lequel la r f rence s ins re est bien s r loin d tre indiff rent 3 1 35 Voir Ricardou il s agit de l ensemble des textes voqu s nomm ment dans un texte Nouveaux Probl mes du roman op cit p 304 36 Queneau tablit cet
54. t d tre le chapitre 66 car il y a videmment un chapitre 66 dans le roman mais c est celui qui aurait d tre le chapitre 67 B Magn Le Puzzle mode d emploi petite prop deutique une lecture m tatextuelle de La Vie mode d emploi de Georges Perec Texte 1 1982 note 2 p 77 voir le commentaire de Magn sur les diverses syst misations du syst me du manque ibid pp 83 85 par exemple le compendium du chapitre 51 central o il manque un vers ce qui fait sens ici au del d une suppl mentaire occurrence certes d cisive du manque c est la place de ce lieu absent de ce lieu vide de cette cave faisant cavit ibid p 85 41 Les perturbations narratives que l on y rel ve s apparentent bien elles aussi la suspension Le r cit autobiographique leur assigne donc indirectement une cause elles seraient le sympt me d un traumatisme dont l autobiographie r v le en creux l existence je souligne M Ribi re art cit p 27 L emplacement de la rupture tomographique qui marque le changement de r gime narratif dans ce qui se pr sente bien dans une continuit typotopographique se trouve expliqu par des l ments biographi ques ge de Perec trouve expliqu selon des indications biographiques ge de Perec six ans sixi me chapitre de fiction au moment de la s paration d avec sa m re et date officielle de d c s 11 f vrier 1943 11 chapitres de la premi re partie Ibid 4
55. te distinction toute grande uvre est soit une Iliade soit une Odyss e dans B tons chiffres et lettres Les odyss es sont des r cits de temps pleins tandis que les iliades sont au contraire des recherches du temps perdu devant Troie sur une le d serte ou chez les Guermantes Gallimard Id es 1965 p 116 7 37 C est pl t t dans un W les trois triangles qui dessinent la lettre qu il faudrait pr senter le tableau figurant alors moins le graph me qu une articulation en chevron puisque les r cits ne font pas simplement qu alterner ils s imbriquent rentrent l un dans l autre 13 Perec auto bio graphies Cette tri partition narrative offre encore une image tr s simplifi e du montage En effet le r cit I est fait de 3 parties s il est au d part 1 un r cit de type autodi g tique il est constitu dans sa seconde moiti 2 d un dialogue chapitre V partir duquel Apfelstahl devient peu peu en racontant le naufrage du Sylvandre et les recherches conduites par le Bureau V ritas B le narrateur d un r cit m tadi g tique chapitre VID De son c t la s rie III n est pas sans changer de registre Au reportage g ographique succ de la pr senta tion de la cit olympique qui ne devient tout fait inqui tante que de mani re tr s progressive comme si sa d rive inhumaine ne r sultait que d une logique de la description exhaustive Quoi qu il
56. u de son double lequel a pu en rendre compte On constate alors que cette bi partition g n rale vidente sur le plan typographique annonc e d s la couverture accentu e sur le plan tomo topo graphique masque sur le plan di g tique une mani re de triptyque Entre les deux textes visibles on l a signal la partition centrale signale un espace tiers celui qu aurait occup un troisi me texte un texte en quelque sorte disparu un texte perdu 30 La graphie du W figure bien une imbrication de 3 triangles l un pris entre les deux autres la t te en bas Y aurait il un autre texte tiers absent qui s immisce par endroit entre les deux volets qui s offrent la lecture un texte vid entre deux textes vidents 31 partir de cet effet d nigme issu de la juxtaposition de r cits apparemment h t ro g nes le travail de lecture va se faire dans cet entre deux ce qu on appelle conjonction disjonction 32 D s lors contre le dispositif duel qui dans une premi re phase de lecture subvertissait tous les aspects usuels qui tendent renforcer le c t unitaire du livre se dessine ensuite depuis la s rie fictionnelle une composition en 3 parties La structure bouge s instaure un d s quilibre un cli namen Or le paradigme de l infrastructure ternaire se retrouve dans une lecture d enfance Vingt Ans apr s tome 2 qui fait suite

Perec

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents