Georges Perec : pour être, besoin d`étai / Georges Perec, W
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1. ce qu on ne sai sissait que vaguement la simple lecture des textes D ailleurs Perec promouvait lui m me ce type de dis cours critique et facilitait volontiers la t che du lecteur en commentant ses propres crits et en r v lant certains secrets de fabrication Il en va parfois des uvres de Perec tant elles sont d routantes comme de l art concep tuel la glose critique clairant ses projets acquiert autant d importance que ses uvres elles m mes le paratexte devient un guide essentiel dans le processus de r ception des textes Ce que Lejeune nous dit par exemple de Lieux 172 projet in dit d une infinie complexit est une synth se intelligible qui rend passionnants les fragments confus du texte perecquien En tant qu crivain Perec avait des ambitions tota litaires On peut lire son uvre comme une encyclop die contemporaine En bon h ros de l puisement du monde il cherchait explorer la vie selon deux axes pour lui intimement li s l existentiel et le formel Comme il l a r v l lui m me son travail se nourrissait de quatre approches le sociologique l autobiographique le ludi que et le romanesque Ajoutons y le scientifique En prolongeant les observations de Chassay sur le dialogue de la science et de la litt rature on pourrait assur ment situer le travail de Perec l ombre des recherches con temporaines sur les r alit s virtuelles Le d veloppement des microtechnologie2. Proust on ne le dit pas assez est aussi un crivain spatial un clocher d glise avec les rues qui rayonnent autour de lui structure les points de vue et l toilement narratif les deux c t s organisent sa mati re romanesque et les all es du bois spatialisent l criture la fin de Com bray etc Que dire des tentatives d puisement d un lieu observ divers moments selon de multiples points de vue cubistes C est sans nul doute ce titre qu il a in fluenc l auteur d Esp ces d espaces W ou le Souvenir d enfance repr sente une tape vitale dans son volution La r solution des conflits existentiels et formels qui en r sulte lui a permis de poursuivre le reste de son uvre Lejeune montre les incroyables dif ficult s que Perec a prouv es pour l accouchement de 1 J aime beaucoup les renvois en bas de page m me si je n ai rien de particulier y pr ciser Esp ces d espaces p 19 175 ce livre Il tait en panne Voil la marque d un crivain authentique c est l intensit d un blocage cr ateur qu on peut mesurer la force d un vrai crivain non la ponte m canique d uvres sans questionnement et sou mise quelque cocorico stakhanoviste d un diteur Pour qui avait projet d crire tout ce qui est possible un homme d aujourd hui pour qui sentait la n cessit int rieure de ce livre on peut comprendre ce que pouvait avoir d exasp rant cette pan
3. Souvenir d enfance comme de toute l uvre de Perec Cette dualit correspond celle des grands per sonnages perecquiens les collectionneurs et les joueurs Ces derniers sont ouverts au risque et l enfant des sou venirs est assur ment un de ces joueurs les premiers sont conservateurs et ferm s ils vivent dans un monde o on cherche tout comptabiliser et puiser un aspect du r el Tels sont bien les sportifs de W collectionneurs de scores et de performances S y associent galement deux tons l humour et l ironie Le r cit du souvenir d enfance penche ici vers l humour le h ros tant soumis quelque ballottement existentiel rappelle dans sa gaucherie Charlot ou le Plume de Michaux L utopie elle maintient une froide ironie qui est surtout sensible lorsque le narrateur s merveille sadiquement des syst mes atroces qu il d crit De plus chacun de ces deux r cits s organise en deux parties peu articul es entre elles le passage de la premi re la deuxi me partie est notamment marqu pour la narration des souvenirs par la disparition de la m re et dans l expos utopique par la disparition d un 178 enfant Au lecteur d articuler ces troublantes dispari tions D une partie l autre le r cit olympique passe du je au il triomphant sous cette pression constante du il victorieux l autobiographique surtout r dig au je passe lui aussi finalement au il des livres lus l ob
4. Compte rendu Georges Perec pour tre besoin d tai Ouvrages recens s Georges Perec W ou le Souvenir d enfance Paris Deno l 1975 R d Gallimard L imaginaire 1993 220 pages Philippe Lejeune La M moire et l Oblique Georges Perec autobiographe Paris P O L 1991 255 pages Jean Fran ois Chassay Le Jeu des co ncidences dans La Vie mode d emploi de Georges Perec Montr al HMH Br ches 1992 172 pages par Ga tan Brulotte Libert vol 35 n 6 210 1993 p 170 181 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 31610ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al II a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 November 2015 05 58 LIRE EN F
5. RAN AIS GA TAN BRULOTTE GEORGES PEREC POUR ETRE BESOIN D ETAI Georges Perec W ou le Souvenir d enfance Paris Deno l 1975 R d Gallimard L imaginaire 1993 220 pages Philippe Lejeune La M moire et l Oblique Georges Perec autobiographe Paris P O L 1991 255 pages Jean Fran ois Chassay Le Jeu des co ncidences dans La Vie mode d emploi de Georges Perec Montr al HMH Br ches 1992 172 pages Georges Perec est mort en 1982 46 ans en pleine effervescence cr atrice Il avait alors publi une bonne quinzaine d ouvrages dont l uvre monumentale La Vie mode d emploi prix M dicis 1978 qui est assur ment un v nement dans l histoire du roman contemporain Il a laiss derri re lui une moisson d in dits qu on a com menc faire para tre apr s 1985 Etabli comme l un des crivains marquants de la France d aujourd hui faisant les d lices de toute une critique universitaire surtout des formalistes sensibles au ludisme autant qu la rigueur math matique de ses constructions il ne soulevait pas tant d enthousiasme au d but de sa carri re Les tu diants et le grand public le bouda ient le jugeaient froid ennuyeux loufoque gratuit On l accusait tant t d tre facile tant t tout l oppos d tre difficile et incompr hensible Le Figaro a d j m me pu trouver dommage d abattre des arbres pour publier du Perec 171 Aujourd hui les admirateur
6. a libert mais sous celui de la rigueur De prisons esth tiques il est parvenu inventer des vertiges Avec le lipogramme par exemple proc d qui consiste omettre une lettre ou plusieurs il a crit tout un roman La Disparition sans la lettre e si indispensable dans la langue fran aise Il est arriv encore produire les plus longs palin dromes qui soient nonc que l on peut lire autant de droite gauche que normalement Amor Roma Ces contraintes lui ont permis de sonder des couches vierges de la langue et de la litt rature Avec le groupe OULIPO il a travaill sur la litt rature virtuelle et a extirp du n ant des objets nouveaux proprement inclassables Ce qui frappe surtout aujourd hui c est combien l criture de Perec est spatiale il multiplie plans et descriptions g om triques il quantifie les formes voire traduit le temps en termes d espace en cultivant ce que la critique appelle des chronotopes Esp ces d espaces est un livre phare cet gard son auteur l a crit au cours de cette p riode cruciale qui a aussi vu na tre son uvre tournante W ou le Souvenir d enfance 1969 1975 Perec y dit sa fascination pour l espace et d une mani re pro leptique unique dans l histoire litt raire y d crit ses projets de livres sur le lit ce qui donnera Lieux o j ai dormi sur l immeuble ce qui aboutira La Vie mode d emploi sur la topique voir le projet Lieux Il r ve
7. de topo analyses et de nouveaux chronotopes comme l in dique encore ce premier titre r v lateur de W ou le Sou venir d enfance Les lieux de la trentaine L espace n est pas seulement trait ici comme un th me ce qui serait banal d une fa on plus innovatrice il y a spatiali sation de l criture elle m me L espace premier est celui 174 de la page que Perec a exploit dans tous ses possibles faisant par exemple mimer une phrase ce qu elle dit Je vais la ligne Je renvoie une note Les uvres de Perec remplacent aussi souvent l his toire par le catalogue la lin arit par le labyrinthe Elles d cloisonnent les genres et int grent par exemple le dis cours savant au fictif Il a ainsi pastich non seulement la note en bas de page mais aussi l index auquel il s est ironiquement acharn dans nombre de ses romans en laborant des listes de noms et de sujets trait s avec sou vent le soin de les faire basculer dans l absurde le plus amusant tant celui de Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour L index est ici un mode spatial d cri ture notamment parce qu il renvoie des lieux du texte Cette obsession spatiale n entre pas en contradiction avec le mod le proustien dont il se disait hant le fas cinait en particulier ce passage c l bre o le narrateur de Combray amorce le classement des chambres o il a dormi Malgr ses pr occupations pour le temps
8. ire Au fond je ne parle que de moi Pour nous convain cre de l importance de l enjeu autobiographique ici Lejeune tudie de pr s les avant textes brouillons manuscrits qui retracent les contradictions que Perec a connues dans la gen se de ce livre tant le fait de raconter son enfance ob issait une n cessit et se heurtait une forte et mouvante r sistance Le critique nous entra ne encore vers d autres projets autobiographiques dans le d dale des Lieux et dans les litanies de Je me souviens Partout ce qui domine c est l approche indirecte du moi l oblique dit Lejeune tant la seule voie possible pour affronter un pass indicible qui est aussi un inoubliable cauchemar Chassay quant lui concentre toute son attention sur La Vie mode d emploi qui contient plusieurs romans Dans cette histoire d un immeuble et de ses habitants Perec a fait peut tre plus qu ailleurs uvre encyclop dique Le critique met jour les contraintes ludiques que l crivain s est impos es ici les structures math mati ques de la composition la redondance tudi e les dis positifs de sym trie et d asym trie la polyphonie des savoirs convoqu s la pr sence des jeux voir galement la bataille navale mais aussi les jeux sportifs dans W ou le Souvenir d enfance On retrouve dans ce travail convaincant une attitude commune tous les perec 181 quiens et qui est un enthousiasme sinc re dans le com me
9. jec tivation brutale de ce que l enfant d couvre sur le tard et le lecteur avec lui la r alit des camps de concen tration et de l Holocauste Le rapprochement de ces deux textes en apparence trangers l un l autre dans le m me espace force le lec teur tablir des ponts entre l autobiographique et la fiction Dans son pri re d ins rer l auteur en un com mentaire pr cieux et typiquement perecquien nous invite porter attention ce jeu de lueurs re ues et ren voy es que leur juxtaposition suscite De fait le lecteur tablit progressivement des rapports entre les deux textes et entre les deux moiti s du livre On se rend compte que les d tails des souvenirs se retrouvent trans pos s dans l autre histoire et vice versa En devenant l vocation d un univers concentrationnaire atroce le r cit olympique n est tout compte fait que la m taphore de l poque hitl rienne qui a entra n son orphelinage Juif polonais l auteur a en effet perdu son p re la guerre et sa m re dans un camp de concentration La guerre les camps l Histoire avec sa grande hache comme dit Perec voil quoi se r sument ses souvenirs d enfance Nous avons ainsi le destin du p re entrem l celui de la m re dans un m me traumatisme indicible Comme l crit Perec L criture est le souvenir de leur mort et l affirmation de ma vie Le livre est d di E ce qui donne r trospective men
10. n l autobiographie en un montage qui sans explication laisse au lecteur le soin de rapprocher deux moiti s d histoire d cousues et deux textes qui vont apparemment en s loignant l un de l autre La fiction qui se met d crire peu peu l univers concentrationnaire allume des lumi res sur tout ce qui est tu dans la portion autobiographique C est le fictif qui claire l autobiographique et non l inverse comme c est habituellement le cas Autre aspect original ici les crits de jeunesse tant int gr s au projet c est l criture elle m me qui revient comme trace autobiogra phique L ouvrage de Lejeune est essentiel si l on veut non seulement comprendre la nouveaut du montage auto biographique mais aussi situer l importance de W ou le Souvenir d enfance dans le cheminement d ensemble de 180 l auteur Cette autobiographie correspond un moment de crise dans la vie de Perec car l autobiographie n est chez lui ni un acte constant comme Leiris ni terminal comme Gracq mais correspond une p riode de re mise en question majeure Dans le m me mouvement Lejeune montre cependant que la pr occupation auto biographique est tonnamment sous jacente tous ses crits Le besoin d tai qui est besoin de lois struc turantes peu tonnant dans un contexte familial si per turb est aussi besoin d fait c est dire de pass solidifiant d origine fondatrice Perec pourrait d
11. ne cr atrice Mais c est jus tement le d sespoir qui l a aid sortir de l impasse c est le d sespoir qui lui a permis de ruser avec lui m me et d innover Ce livre cl est un r cit autobiographique qui selon le sp cialiste Lejeune est unique sans exemple connu L auteur est parti de micro v nements de son enfance rassembl s p le m le le catalogue et l h t rog ne tant des formes constituantes chez lui et par un montage de trente sept brefs chapitres assembl s par de nanopoints de suture en a b ti une machinerie infernale Et en actionnant cet appareil on acc de progressivement une v rit insoutenable virtuelle qui n est pas dite dans le texte C est donc le lecteur qui a ici le r le principal comme pour bien des uvres de Perec dont la structure s apparente un puzzle il doit travailler apparier les morceaux et le r sultat r v le un tableau horrifiant W ou le Souvenir d enfance est un objet difficile d crire S y juxtaposent deux textes comme le titre d j le sugg re o l on raconte en alternance sur le mod le A B A B des souvenirs d enfance marqu s par la guerre et des pisodes d un roman d aventures r cup ration d un texte enfantin imagin douze ans sur une soci t utopique W centr e sur une folie sportive qui tourne en cauchemar sadien L utopie sportive de W montre une cit insulaire anim e par l id al olympique dont la fi re devise es
12. ntaire critique Le plaisir que Chassay prouve com muniquer ses d couvertes se transmet au lecteur Tout cela nous fait encore plus appr cier non seulement un roman pluriel et complexe mais encore toute l uvre de Perec Ces multiples efforts ditoriaux et critiques produits autour de Perec nous rendent davantage pr sent celui qui est devenu sans contredit l un des crivains parmi les plus inspirants de notre temps et dont l uvre est sans quivalent dans la litt rature fran aise et peut tre dans la litt rature universelle
13. rec se montrer nul en sport ski v lo barque bobsleigh conduite automobile il a m me rat son permis partout il est de toute vidence du c t des perdants et il ne lui reste qu passer en revue ses gaucheries Des sports il n a retir que cica trices chutes et blessures dont les traces se reconnaissent dans son uvre Il tait incapable de dominer de gagner ou de rouler les autres Les deux r cits sont dispos s en contrepoint bien diff renci s dans le texte par la typographie ils se s pa rent encore par le ton et l criture Constitu de bribes 177 parses d anecdotes peu labor es le r cit autobiogra phique est fragmentaire et maigre le discours en est trou bourr d h sitations branch sur l motion et ne contient gu re d exploits le narrateur se souvient en fait peu de ce pass lointain Je n ai pas de souvenirs d en fance est il contraint de constater En contraste le r cit utopique lui s en d marque par son caract re ample et exhaustif une phrase s re et assertive pleine et impla cable analytique et pr cise L histoire de W est donc sous le signe clatant de la ma trise et de la victoire L autre r cit sous celui de la brisure et de la d faite D un c t une conscience crasante de l autre une subjectivit cra s e L ordre r pressif du sport le d sordre affolant du sort telle est bien la structure duelle organisatrice de W ou le
14. s voire des nanotechnologies un nanom tre par exemple quivaut un milliardi me de m tre a commenc transformer nos fa ons grossi res de voir le monde et de cr er des objets On envisage de s inspirer du comportement des mol cules plut t que de leur imposer des formes de l ext rieur pour conce voir des nano objets in dits d une extr me pr cision et qui seront diff rents de tout objet connu De m me Perec exp rimentateur et explorateur dans le domaine litt raire annonce de nouvelles formes d uvres n es de l observation des structures microscopiques de la vie ambiante et de leur mise jour Nul doute que Lieux lorsqu on en publiera les notes brutes bribes d observa tions et de souvenirs sur douze lieux parisiens r v lera un texte sans quivalent dans l histoire L une des techniques exploratoires de Perec c tait la contrainte Il aimait se donner des consignes de travail suivre des r gles d criture s imposer un carcan formel jusqu touffer parfois Ces lois surmo ques r pondaient chez lui son besoin d tai comme il l appelle lui m me Besoin d tai pour tre pour continuer pour 173 crire pour exp rimenter Comment l int rieur de limites strictes puiser un possible Que peut il arriver si l on pousse une contrainte son ultime but e Voil quelques unes des questions qui animaient son travail La cr ation n est alors plus sous le signe de l
15. s de l auteur des Choses sont d cisivement veng s avec le succ s croissant que conna t son uvre Outre les nombreux in dits enfin sor tis de l ombre et les commentaires critiques qui se mul tiplient on a cr Paris une association d amis de Perec et on publie des Cahiers sur son travail Cette ann e on vient de r diter son autobiographie W ou le Souvenir d enfance livre qui est comme la cl de vo te de son uvre et qui d ailleurs retiendra surtout notre attention Perec est un de ces rares auteurs dont on aime lire autant les critiques son propos que les uvres elles m mes Deux ouvrages r cents nous offrent supr me ment ce plaisir Philippe Lejeune dans La M moire et l Oblique mesure l originalit autobiographique de Perec ce qui est tout fait int ressant pour notre propos et Jean Fran ois Chassay dans sa th se sur Perec analyse La Vie mode d emploi Il y a une r elle joie pour un lecteur paresseux et non sp cialiste d couvrir ce que l on peut appeler l infratexte c est dire ce texte second r alit virtuelle du texte premier enfoui en lui que seule une lecture attentive et savante peut faire ressortir jouis sance donc devant une uvre exigeante de voir les structures mises jour les proc d s rep r s quelques vertiges perecquiens expliqu s sans qu on ait produire soi m me l effort de les d busquer On comprend alors mieux lire ce m talangage clairant
16. t plus vite plus haut plus fort C est une soci t hi rar 176 chis e o les victorieux les h ros de la performance ont finalement tous les avantages sur les vaincus auxquels est r serv le pire des sorts vexations redoubl es rejet radical et violent voire pendaison Cette olympie est gouvern e par des lois d autant plus implacables qu elles peuvent tre capricieuses impr visibles L id al olym pique se trouve ainsi min par le hasard l injustice et la brutalit Dans cette organisation les femmes les hommes et les enfants vivent dans des mondes s par s Les relations amoureuses y sont r duites des courses athl tiques bes tiales qui se terminent en viols collectifs Les enfants sont tenus l cart des r alit s olympiennes jusqu leur ge de passage alors on leur impose un traitement de choc On les extirpe de leur innocence pour les plonger sans transition dans ce monde de comp tition qu ils croyaient id al mais qui se r v le tre un enfer Le choc les rend en g n ral fous ou muets Quant aux vieillards loin de les respecter et de les prot ger on les bafoue on les affame on les abandonne autour des poubelles En parall le on lit les modestes bribes d enfance de l autre r cit et on fait des associations l aide d indices diss min s dans l une et l autre narration Pendant qu en W voluent des super athl tes arrogants on voit dans la portion souvenirs l enfant Pe
17. t ses romans ant rieurs La Disparition premi re plong e dans le monde des origines qui racontait la dis parition de la lettre e et Les Revenentes sic o le e fait retour et se substitue toutes les voyelles une signification autobiographique douloureuse et surpre 179 nante E tait une lettre familiale importante qu on re trouve dans Esther tante et m re adoptive de Perec Ela la cousine Andr le p re C cile la m re Lede rer l ami de jeunesse et dans le nom m me de Georges Perec qui en contient quatre Lejeune montre en quoi W ou le Souvenir d enfance innove dans ce genre du r cit d enfance Il le rapproche non pas de la confession la Rousseau ni de l auto analyse la Freud mais de l exercice spirituel la Loyola C est une autobiographie pudique et sans narcissisme Son originalit tient la dimension critique de sa m moire et l int gration de la fiction L autobiographie critique met en doute la fid lit des souvenirs d pour vue d arrogance elle offre les ruines du pass en l tat sans les embellir sans les organiser et se pr sente comme un journal de fouilles Au chapitre VII Perec retranscrit deux textes de jeunesse sur son enfance mais en les annotant longuement de sorte que les notes par leurs rectifications leurs doutes et scrupules en viennent d truire le texte qu elles commentent Le plus innovateur r side dans l int gration de la fictio
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