La question de l`amour dans Capitale
Contents
1. cr e Il n y a pas l le simple d part deux des images idylliques mais beaucoup plus c est avec notre moi intime que nous nous r concilions avec ce que nous avons t mais aussi avec ce que nous avons le devoir de devenir Par la concentration que permet l extr me attention l autre le divertissement est aboli L homme a trouv la ma trise et la responsabilit de son temps dans une libert absolue qui a quelque chose de terrible Souvenirs de bois vert brouillard o je m enfonce J ai referm les yeux sur moi je suis toi Toute ma vie t coute et je ne peux d truire Les terribles loisir que ton amour me cr e p 136 Il y a l une puissance destructrice des conventions et de l ordre ancien L amour a une dimension politique m me si Eluard ne l avouera telle que beaucoup plus tard Il ne peut accepter la r signation ni la piti m me si le discours spiritualiste les a jadis sacralis es Es tu s re h ro ne aux yeux de phare d avoir vaincu la mis ricorde et l ombre ces deux s urs lavandi res prenons les la gorge elles ne sont pas jolies et pour ce que nous voulons en faire le monde se d tachera bien assez vite de leur crini re peignant l encens sur le bord des fontaines p 111 Revenons notre question initiale Il faut en convenir Eluard a agenc son recueil de fa on telle que les po mes qui donnent une repr sentation positive de la force de2. dont Eluard crit l amour est changeante comme sa mani re de le ressentie Avec tes yeux je change comme avec les lunes p 79 Et si c tait recommencer je te rencontrerais sans te chercher Au c ur de mon amour p 52 Cette certitude nouvelle r concilie avec l ordre physique Par le femme les perversions et les violences sont adoucies L amour conduit une fraternit qui nous remet en accord avec le monde des hommes et sa cr ation son image qu est la cit Nocturne l univers se meut dans ta chaleur et les villes d hiver ont des gestes de rue plus d licats que l aub pine plus saisissants que l heure p 137 Ce n est pas qu une question de sensibilit Cette r conciliation est d ordre m taphysique Nous retrouvons le paradis perdu des temps anciens Baigneuse du clair au sombre p 95 L id e de nuit est abolie comme celles de pass et de futur L amour donne naissance l homme pour une vocation ternelle dans un pr sent transparent dans un temps sans discontinuit Elle sera r alis e deux dans la contemplation et dans la possession confiante d une pl nitude O toi qui supprimes l oubli l espoir et l ignorance Qui supprimes l absence et qui me mets au monde Je chante pour chanter je t aime pour chanter Le myst re o l amour me cr e et se d livre Celle de toujours toute p 140 L amour me cr e et non pas nous
3. de mon c ur aux yeux de tout le monde Ce n est m me que gr ce la perception rotis e qui sollicite plus directement les sens que les choses acqui rent pr sence et r alit L rotisme triomphant et obs dant avait m me fonction dans certaines peintures surr alistes et nous voyons Eluard rejoindre le proc d dans le premier po me intitul Max Ernst p 13 Il suffit de s lectionner quelques termes rotiques virginit seins quelques r alit s simples et gracieuses robe lampe rouge de choisir un mouvement cr par les allit rations insecte inceste et tourne autour et de laisser cela se mettre en mouvement et engendrer une multitude d images celles qui sont crites bien s r mais aussi celles qu on imagine par quoi remplacer agile ou inceste ou robe ou la premi re ou insectes devant l adjectif rouges ou si on conserve ces mots par quoi remplacer les autres Dans un coin l inceste agile Tourne autour de la virginit d une petite robe A la lueur de la jeunesse Des lampes allum es tr s tard La premi re montre ses seins qui tuent des insectes rouges Devant la r alit ainsi restitu e dans son dynamisme et dans la totalit de sa pr sence sensuelle on est d embl e contraint de reconna tre que la barri re morale entre perception oculaire et contact sensoriel est infond e et que c est une puissance diffuse du monde qui
4. je ne sais plus tout ce que j ai v cu C est que tes yeux ne m ont pas toujours vu p 139 L amour devient la v ritable r gle de vie la mesure de sa dur e Il est all gement aussi bien qu all geance centrip te autant que centrifuge Avec tes yeux je change comme avec les lunes Et je suis tour tour et de plomb et de plume Une eau myst rieuse et noire qui t enserre Ou bien dans tes cheveux ta l g re victoire p 79 Mieux m me ce n est que prof r par la bouche de la femme aim e que le monde est v ritablement connu En nommant les choses leur v ritable place qui a la forme parfaite du cercle elle les situe dans le tunnel du temps et le chaos de l espace Ta bouche aux l vres d or n est pas en moi pour rire Et tes mots d aur ole ont un sens si parfait Que dans mes nuits d ann es de jeunesse et de mort J entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde p 136 Ainsi est tablie une confiance parfaite la femme est celle qui nous fait d couvrir la valeur des choses m me et surtout de celles qui nous paraissaient mis rables Si parfait est l accomplissement de nous m mes que nous nous sentons contraints de croire en une pr destination de la rencontre elle a restitu une harmonie pr tablie dont nos r ves nous avaient donn le pressentiment Nous avons pourtant crit plus haut qu il n y a ni pr destination ni communaut ternelle C est ainsi La fa on
5. se concentre dans le rayonnement f minin D ailleurs il n est pas limit l attirance des corps On lit dans l ultime po me du recueil cette r v lation surprenante Si je vous dis j ai tout abandonn C est qu elle n est pas celle de mon corps Ce n est pas vrai p 140 V rit d un nouvel ordre qui ressortit plus au r ve qu la veille On retrouve le merveilleux hasard cher Andr Breton La femme est autant l imagination qu au monde et cette derni re peut loisir s en emparer pour le diviniser Trente filles au corps opaque trente filles divinis es par l imagination s approchent de l homme qui repose dans la petite vall e de la folie Dans le cylindre des tribulations p 64 En fait la pr sence f minine ne peut videmment pas admettre les contingences de ce qu on appelle la r alit elle invite les d passer contempler d autres soleils C est ce que montre l hymne la femme intitul L amoureuse p 56 o celle ci est r v l e non comme un tre fini mais comme une perspective Elle est debout sur mes paupi res une exigence d veil permanent Elle a toujours les yeux ouverts Et ne me laisse pas dormir une porte ouverte sur un univers plus vaste qui est celui du r ve Ses r ves en pleine lumi re Font s vaporer les soleils Ce somnambulisme est une lib ration des contradictoires bruit et sil
6. Journ e Paul luard vendredi 29 novembre 2013 Ecole normale sup rieure de Lyon La question de l amour dans Capitale de la douleur Jean Yves DEBREUILLE Universit de Lyon Il Il y a un demi si cle le titre de mon propos aurait choqu et on lui aurait substitu L vidence amoureuse dans Capitale de la douleur Le titre suivant choisi par Eluard ne sera t il pas une sorte d quation L amour la po sie Mais les lecteurs ont chang et leurs attentes par rapport la po sie Jean Marie Gleize dans sa postface la r dition du Paul Eluard de la collection Po tes d aujourd hui des ditions Seghers en 2002 caract rise avec cruaut la po sie d Eluard Ce chant est fait pour plaire tous ceux qui n attendent du po te qu un agr ment d coratif et une musique de fond un lyrisme aussi enchanteur que vague o rien n est r ellement en jeu ni en cause Avec le recul qui nous est maintenant donn on peut constater que la c l bration de l amour combl ou du comblement par l amour a t une sp cificit de la po sie de la premi re moiti du XXe si cle Par la suite on chercherait en vain une telle attitude dans la po sie d Yves Bonnefoy ou de Philippe Jaccottet Si la question de l amour demeure visible c est sous la forme de son impossibilit Et quand une femme est c l br e elle est c l br e perdue c est dire d plor e Des exemples illustre
7. Viens vite cours Et ton corps va plus vite que tes pens es mais rien entends tu rien ne peut te d passer Le grand jour p 138 Il s agit bien d entendre le vertige est aussi celui des mots jasmin des mains pens e d passer Mais c est aussi l aveu d une fragilit qui est celle m me de la nudit Mon esprit est nu comme l amour p 115 La sinc rit totale autrui devient vuln rabilit face au monde et par del se profile l mouvante faiblesse de l amour lieu de la compassion 4 seul difice de valeurs que l homme puisse tablir sur le malheur de sa condition que le titre du recueil nomme douleur Une ombre Toute l infortune du monde Et mon amour dessus Comme une b te nue Sans rancune p 70 La vulgarit de dessus la brutalit des mots b te et nue explicitent une imminente d tresse appel e succ der la br ve fulguration L difice que l on a construit tout en le d fendant et tout en l ouvrant sur le monde est vite menac d croulement L amour est certes une force mais il appara t plut t comme un drapeau h ro que flottant sur le chaos incertain du monde Telle est du moins l image saisissante impos e par le ciel entrevu travers le rideau des cheveux Ta force dans le ciel d compos Ta t te lamentable Ta t te que je porte Ta foi p 74 L amour est plus d fi que victoire et plus co
8. des directions diverses contradictoires comme la po sie Est ce l trop solliciter les mots C est bien le moins que l on puisse attendre d un lecteur de po mes qui est convaincu que la valeur d une po sie ne se limite pas au message explicite qu elle v hicule supposer qu il soit univoque L int r t 1 Notre vie in Le temps d borde 1947 1 Le ch teau des pauvres in Po sie ininterrompue II 1953 12 Postface la r dition du Paul Eluard de la collection Po tes d aujourd hui Seghers In La vie imm diate 1932 de Capitale de la douleur recueil composite bilan de recherches contradictoires somm d un titre qui exprime rien moins que l euphorie est pr cis ment d ouvrir jusqu l nigme la diversit des significations possibles Pour en revenir la question qui nous pr occupe son int r t est bien davantage que d en proposer un mode d emploi de faire miroiter les diverses et nigmatiques facettes de ce qu Eluard a appel ailleurs et plus tard le paysage f minin Je suis devant ce paysage f minin Comme un enfant devant le feu Souriant vaguement et les larmes aux yeux Devant ce paysage o tout remue en moi z 14 L extase in Le temps d borde 1947
9. en sont Quelque chose noir de Jacques Roubaud ou ce qui n en finit pas thr ne de Michel Deguy De fait on est revenu la posture Orphique qui tait d j celle des romantiques qu on songe au Lac de Lamartine ou a Lucie de Musset L amour heureux exalt et exaltant n a t qu un moment de la po sie et a particuli rement concern deux po tes qui ont appartenu au mouvement surr aliste Eluard et Aragon Andr Breton a d ailleurs c l br L Amour fou comme l attitude surr aliste par excellence C est dans cet tat amoureux total que se situe Eluard Le mode de pr sence f minin Dans la po sie d Eluard l appr hension des choses et des v nements est d abord sensuelle La compr hension vient ensuite si elle vient Le titre d un de ses plus c l bres po mes consacr aux femmes tondues la Lib ration est Comprenne qui voudra Mieux m me l objet ressenti n a l origine pas tellement d importance seule compte l identit de la sensation D un c t de mon c ur des vierges s obscurcissent Du moins aux ditions Gallimard puisque Les dessous d une vie aux Cahiers du Sud et D fense de savoir aux Edition surr alistes se seront intercal s Il en avait t le premier num ro en 1944 sous la plume de Louis Parrot Gallimard 1986 Editions du Seuil 1995 Publi en 1937 Dans Au rendez vous allemand 1944 De l autre la mai
10. ence lumi re et p nombre folie au sens ambigu du terme ce qui fait divaguer mais aussi lib re de la raison Et paradoxalement on trouve l une occasion de prise plus directe sur la r alit Si la femme est par une de ses faces nous m mes pr sence scandaleuse elle est par son autre face pr sence au monde solide Je suis tomb de ma fureur la fatigue me d figure mais je vous aper ois encore femmes bruyantes toiles muettes je vous apercevrai toujours folies En toi le sang des astres coule en toi leur lumi re te soutient Sur les fleurs tu te dresses avec les fleurs sur les pierres avec les pierres Une p 117 Pr sence explosive mais aussi pr sence paisible La femme est perp tuellement offerte C est dans la po sie d Eluard la r currence de la femme couch e au milieu du paysage Au loin g t une belle qui voudrait lutter Et qui ne peut couch e au pied de la colline Et que le ciel soit mis rable ou transparent On ne peut la voir sans l aimer Po mes p 25 Mais il faut bien comprendre ce que signifie aimer que ne d ploie pas ce po me un des plus anciens du recueil C est ressentir en elles toutes les virtualit s de la nature qui vivent en elle et sont reli es la trame invisible du monde C est acc der un langage qui 7 Eluard parle des visages successifs et f minins d un hasard d occasion p 120 Et Breton crit Eluard
11. id s ne jamais c der Un seul maillon de leur fraternit Il est donc ind niable qu Eluard a volontairement contribu une lecture sinon spiritualiste du moins id ologique de sa po sie Et que peut se trouver ainsi justifi l agacement d j voqu de Jean Marie Gleize D un c t l amour la po sie la po sie de l amour l amour de la po sie sa maintenance et sa r sistance de l autre on le sait la r sistance cette r sistance de multiples fa ons la haine de la po sie Mais il faut observer que Paul Eluard avait d j pris son compte une telle haine dans un po me intitul Critique de la po sie en 1932 C est entendu je hais le r gne des bourgeois Le r gne des flics et des pr tres Mais je hais plus encore l homme qui ne le hait pas Comme moi De toutes ses forces Je crache la face de l homme plus petit que nature Qui tous mes po mes ne pr f re pas cette Critique de la po sie Assur ment ce texte est ant rieur aux grands engagements politiques d Eluard Mais Capitale de la douleur l est aussi Et s il nous fallait relire le sens que l usure de l habitude a donn au titre qui appara t comme une quation L amour la po sie la po sie est belle comme l amour l amour est beau comme la po sie tous deux ne constituent qu un m me id al S il fallait comprendre que l amour est foisonnant nigmatique orient dans
12. l amour sont majoritairement dispos s la fin et imposent ainsi l impression finale La d dicace A G de la derni re partie intitul e Nouveaux po mes corrobore cette volont t l ologique Elle sera explicit e dans la d dicace de L amour la po sie trois ans plus tard 7 A Gala ce livre sans fin Livre sans fin peut tre amour bien pr s de finir mais pr cis ment les contingences de telle ou telle rencontre amoureuse ne sont pas l essentiel Il est plus important de relever que l ann e de parution de Capitale de la douleur est aussi celle de l adh sion d Eluard au Parti communiste Il est en train de construire un message amoureux et politique qui va de l horizon d un seul l horizon de tous Il ne cessera de le confirmer comme une valeur transcendante puisque c est la suite de la mort d une femme aim e qu il crira Nous n irons pas au but un par un mais par deux Nous connaissant par deux nous nous connaf ftront tous Nous nous aimerons tous et nos enfants riront De la l gende noire o pleure un solitaire Ce message deviendra pour lui le message po tique essentiel qu il affirmera dans le recueil justement intitul Po sie ininterrompue autre fa on de nommer le livre sans fin Une longue cha ne d amants Sortit de la prison dont on prend l habitude Sur leur amour ils avaient tous jur D aller ensemble en se tenant la main Ils taient d c
13. n douce est au flanc des collines Absences p 91 La cause des mois sensoriels est donc loin d tre nettement discern e et c est au niveau de ses sensations imm diates que le sujet d couvre cette vidence que formule la psychanalyse la nature est per ue comme sexu e m me dans ses manifestations qui sembleraient avoir une origine humaine et donc labor e Ainsi est il dit des routes p n trantes ou p n tr es Routes viriles dans les champs humides routes f minines dans les villes p 114 Dans ces conditions le vocabulaire rotique sera employ pour la repr sentation de la nature et inversement des m taphores jardini res seront appliqu es la femme aim e vers une d couverte plus profonde d une union plus intime Dans les deux cas il y a don et le don de la terre n est pas ressenti comme diff rent de celui de la femme le m lange de vocabulaire charnel concret descriptif tant le signe et la cons quence de cette unit Il faut lire dans ce sens le po me Celle qui n a pas la parole p 71 po me consacr la nature dont le d but est une peinture enchev tr e d une pluralit paysag re elle est assimil e une femme qui se donne sans cesse l infiniment petit que nous sommes qui s effrite et meurt pour nous qui nous alimente de sa dispersion Miracle d v tu miettement rupture Pour un seul tre La plus belle inconnue Agonise ternellement Etoiles
14. nviction que certitude La possession de l tre aim n est peut tre elle m me qu une belle illusion Elle n est en tout cas pas durable et ob it la discontinuit de la vie Et je la vois et je la perds et je subis Ma douleur comme un peu de soleil dans l eau froide p 86 L amour est soudain reconnu comme une abstraction qu on ne peut saisir pas plus que l objet aim car nous appr hendons les tres non dans leur devenir mais dans le souvenir que nous en avons ou dans ce que nous voudrions qu ils soient La forme de ton c ur est chim rique Et ton amour ressemble mon d sir perdu 4 Mais tu n as pas toujours t avec moi Ma m moire Est encore obscurcie de t avoir vu venir Et partir Le temps se sert de mots comme l amour L unique p 134 Il n existe pas de communaut ternelle ni de pr destination comme le montre le brutal rejet de et partir Les amants sont deux jouets distincts du temps qui se sont assembl s par hasard Pourtant la forme m me de ces derniers vers h sitante ne se d cidant pas conclure et surtout la postulation du titre l unique semblent laisser entrevoir que la perfection de la communion e t elle dur un instant a t atteinte et que la vie sera diff rente apr s l avoir connue re 8 La force vidente de l amour Le sens commun sait bien que l amour est conqu te c est dire capture Il place dans une tr
15. oite d pendance celui qui n existe plus que par l autre Il embellit mais cette beaut 8 Dit de la force de l amour sera le titre de deux po mes d Eluard l un dans Le dur d sir de durer 1946 l autre dans Po mes politiques 1948 n est pas autonome Tel est sans doute le sens tr s simple de ces deux vers apparemment canularesques et nigmatiques Pourquoi suis je si belle Parce que mon ma tre me lave p 78 Plus profond ment les forces de l un s incarnent dans celles de l autre sans qu il y ait pour autant le sentiment d un moindre tre C est qu il y a dans cette incarnation mutuelle une r ciprocit parfaite qui est le gage qu aucune alt ration n est subie Ainsi s explique le cheminement entre les deux vers extr mes du po me Ta foi p 74 Suis je autre chose que ta force 1 Ma force bouge dans tes bras Mais on est pass d une force latente une force motrice La perte en l tre aim est tr s vite ressentie comme une r insertion dans le monde que les certitudes de notre auto centrage et la confiance aveugle en notre perception nous emp chaient de voir C est une v ritable renaissance souhait e d ailleurs malgr le pass qu elle occulte car elle abolit les limites de l espace et de la communication La courbe de tes yeux fait le tour de mon c ur Un rond de danse et de douceur Aur ole du temps berceau nocturne et s r Et si
16. raconte que peu apr s son retour Paris il vit en r ve un ch teau sur un paysage gyptien o rien ne manquait ni la flore compliqu e ni les longues galeries prolong es par des marches immenses interminables Au pied des marches une femme mince et brune est accroupie Or le lendemain en entrant dans un caf de la place Blanche o il retrouve chaque soir ses amis il reconna t la femme qu il a vue dans son r ve elle parle de ch teaux construire cit par Louis Parrot dans Paul Eluard Seghers collection Po tes d aujourd hui bouge derri re le monde un merveilleux o tout ce qui tait refus semble d sormais possible o tout ce qui tait autre est d sormais tourn vers le sujet contemplant et aimant La nature s est prise aux filets de ta vie L arbre ton ombre montre sa chair nue le ciel Il a la voix du sable et les gestes du vent Et tout ce que tu dis bouge derri re toi p 83 Et l air a un visage un visage aim Un visage aimant ton visage A toi qui n as pas de nom et que les autres ignorent La mer te dit sur moi le ciel te dit sur moi Les astres te devinent les nuages te devinent Celle de toujours toute p 140 Par un effet d inversion ce n est plus la femme couch e dans le paysage c est le monde d ploy sur la femme et illimit par elle D s lors l obscurit peut bien r gner sur le monde ext rieur L homme est de
17. venu cr ateur d clat et c est de lui m me qu il tire la splendeur Il y a dans les r ves un soleil doux qui abolit la nuit le sommeil de l amour est soleil sous les paupi res De l aube b illonn e un seul cri veut jaillir Un soleil tournoyant ruisselle sous l corce Il ira se fixe sur tes paupi res closes O douce quand tu sors la nuit se m le au jour Premi re du monde p 97 Fragilit s et pr carit De cette invitation accro tre le visible participe la nudit Proc dant de la mise en sc ne de l amour elle participe au d part de son aspect merveilleux L adjectif nu appara t maint d tour des po mes de Capitale de la douleur La nudit jamais la m me Raison de plus p 39 est source de surprise et d merveillement Elle ne d voile pas la d nudation n est pas un acte achev mais au contraire accroissement de l obscurit pour inviter voir au del du visible Une femme au c ur p le Met la nuit dans ses habits L amour a d couvert la nuit Sur ses seins impalpables Au c ur de mon amour p 52 Le d voilement de la femme invite voir au del d elle il est acc s aux forces myst rieuses de la terre et du ciel Dans le vertige de l blouissement le corps entra ne la pens e dans une course folle Les flammes de la terre s vadent par les seins et le jasmin des mains s ouvre sur une toile Andr Masson p 105
Download Pdf Manuals
Related Search