Le clivage de l`objet et la clinique contemporaine
Contents
1. ai cependant d aller plus loin Parce que videmment Lacan ne pose pas la question du f tichisme en relation seulement avec la question du 109 mensuel 18 phallus et j ai d pour aller plus loin dans la question du f tichisme pour traiter aussi de la question de la perversion questionner ce qui se passe du c t de l objet a Comment pose t on en g n ral la question du dans la perversion Il faut d abord rappeler ce qu il en est pour le sujet hors perversion Pour le sujet vaut comme cause du d sir pr cis ment partir de ceci qu il est n gativ N gativ au niveau de l Autre de l Autre du langage o s organise notre d sir mais aussi de l Autre du corps Certains objets vont venir tre d tach s ils vont choir et c est partir de cela que nous d sirons Tout a n a rien de myst rieux En termes freudiens on dira que c est le renoncement des objets pulsionnels le sein l excr ment c est la perte de ces objets qui va nous faire d sirer En termes lacaniens on en ajoutera d autres le regard la voix et surtout on dira que l Autre est un terrain nettoy de la jouissance On sait que Lacan dit en revanche que le pervers tente de restituer au champ de l autre C est cela que font le voyeur ou l exhibitionniste Alors que le sujet tre civilis en principe neutralise plus ou moins le regard le voyeur ou l exhibitionniste eux le mobilisent de fa on directe Ils l imposent l Au2. Easton Ellis Celui ci est connu pour crire des uvres pleines de violence avec par exemple American psycho o un yuppie riche beau et qui r ussit fort bien sur le plan professionnel passerait conditionnel une bonne partie de son temps violer torturer mutiler tuer tuer des femmes mais aussi des hommes des animaux que sais je Mais au fond comme l auteur narrateur le dit dans un ouvrage plus r cent Lunar Park rien ne prouve dans le livre que tous ces crimes aient vraiment lieu a peut tre dit Bret Easton Ellis de simples fantasmes du personnage Mais vous voyez qu ici ce 113 mensuel 18 sont tout de m me des fantasmes particuliers tellement envahissants qu ils ont une dimension quasi hallucinatoire Et il faut alors reprendre le tout premier livre de Bret Easton Ellis Moins que z ro livre qui raconte la vie vide et sans aucun sens d un jeune homme de 20 ans riche et sans souci mais incapable d investir quoi que ce soit notamment sur le plan affectif et qui rencontre dans le r el ou dans des films la plus grande violence Et la fin ce jeune homme le narrateur du livre va dire ceci pro pos des images qui se mettent l accompagner sans cesse et c est la der ni re phrase de ce premier livre des images si violentes et si perverses que pendant tr s longtemps elles me sembl rent tre mon seul point de rep re Et donc voila une nouvelle id e int grer C est qu u
3. ande chelle la t tine mais aussi par exemple l enregistrement phonographique Ces objets sont suppo s s venir nous combler Je n en parlerai pas parce que je crois que vous avez eu un expos sur le gadget En tout cas vous voyez que ce double clairage permet de se situer la fois dans la cure et dans notre analyse de l tat de notre civilisation Dans la cure d j Je pense un cas Un sujet homosexuel dont la jouissance principale se situait au niveau d un dispositif qui mettait en sc ne le regard d une certaine fa on C est dire qu il n avait rien de plus press chaque fois qu il avait un nouvel amant que de l utiliser dans des s ances de photographies qu il disait lui m me longues et fatigantes Il faisait tendre ses amants nus dans des positions et dans une ambiance qui sans que lui m me le sache vraiment avaient apparemment une connotation mortif re Lui sa pratique lui convenait tout fait et il n aurait gu re pens l interroger s il n y avait pas eu un r ve o il y avait peu de choses Mais il y avait le drapeau corse Un maure Et comme il pense alors ses amants quasi toujours maghr bins ce maure fait pont verbal et l am ne question ner son d sir d une tout autre fa on y compris avec le r cit d un certain deuil de son enfance Peu importe d ailleurs le d tail de ce cas Vous voyez comment tout cela vient un peu r pondre mon questionnement de d part sur la possibi lit de re
4. d de l Autre et des autres Pourquoi croyez vous que dans les moments de d pression particuli rement intense le sujet ne peut plus sortir de chez lui Alors cette esp ce de pr sence de l objet vous savez peut tre ce qu elle provoque du moins chez les sujets qui ne sont pas pervers c est l an goisse cet gard j ai longtemps pens qu il fallait distinguer de fa on assez stricte l angoisse et la d pression Au niveau en particulier des pre miers entretiens il me semblait important de ne pas les confondre Si la d pression se d finit comme inhibition radicale du d sir l angoisse quant elle pr cis ment parce qu elle a rapport avec qui est objet cause du d sir me semblait se manifester sur le chemin d une laboration de ce m me d sir Je n en suis plus si s r Il me semble en effet que lorsque le sujet se trouve priv de la possibilit de former son d sir se r duit au signe de la jouissance de l Autre une jouissance d sormais d vorante C est sur cette question de la jouissance de l Autre que je finirai Cette jouissance je dirai qu elle concerne au premier chef l objet que l Autre pour jouir peut vouloir d couper en moi Et si je vais un peu aux limites de ce qui est contemporain je vous parlerai volontiers pour illustrer la question de l objet aujourd hui objet qui est aussi ne l oubliez pas une partie suppos e cessible du corps je vous parlerai bien rapidement de l uvre de Bret
5. ien j essaie pour la caract riser de la diff rencier de la n vrose au sens freu dien Dans la n vrose freudienne le sympt me repr sente un d sir En com posant avec la censure bien s r mais un d sir Or beaucoup de ceux qui aujourd hui viennent nous consulter ne font pas tellement tat de sympt mes pr cis Ils ne vont pas bien Ils n ont de go t rien aucun projet professionnel Ils op rent un retrait plus ou moins complet de affectivit de la sexualit Leurs relations quand ils en ont sont tr s d sinvesties ils se plaignent surtout d une absence totale de motivation de d sir ou encore d une paralysie plus ou moins compl te Ils supportent la vie passivement ils n agissent pas ils se sentent impuissants Vous noterez que ce type de difficult s peut aller tr s loin Je pense par exemple telle jeune femme qui est dans l errance litt ralement Elle prend un train un peu au hasard elle se retrouve dans une ville o elle n a rien faire Elle s y retrouve d r alis e comment le serait elle pas d per sonnalis e Enfin vous devez conna tre tout a Jusque et y compris le fait que peut tre pour retrouver un peu de r el ces personnes agissent sur leur corps Elles le maltraitent l entaillent le scarifient etc videmment je n ai pas trop le temps ici de dire comment j ai abord dans mon livre cette clinique particuli re j en ai tent un abord structurel et j y ai t encourag pa
6. ines cures Il s agissait de sujets assur s d un savoir sur le d sir et la jouissance On pensera alors qu il s agissait de sujets pervers C tait parfois le cas Mais il s agissait aussi en v rit de sujets pris dans ce que j appellerai une perversion sociale parce que c est le social aujourd hui qui propose au sujet un mode d emploi du corps et des marchandises propre lui assurer tout coup une jouissance Tout cela fait bien s r difficult pour l analyse parce qu un sujet qui se trouve dans ce type de position qui exclut le manque la castration com ment entrerait il et surtout comment se maintiendrait il dans l analyse L analyse suppose qu on reconnaisse un certain manque et d abord pr cis ment un trou dans le savoir Il y avait donc difficult ceci pr s que j ai d abord pu me soutenir du concept freudien de clivage Ce concept vous vous en souvenez est for mul propos du f tichisme Le f tichiste c est celui qui la fois nie la cas tration de la femme le f tiche c est le phallus f minin mais en m me temps bien s r l a reconnue Il ne d lire pas Il y a donc clivage Eh bien cela d j me donnait la possibilit de penser que chez ces sujets qui me faisaient difficult qui leur fa on niaient la castration en niant tout trou dans le savoir il y avait peut tre une possibilit d un travail qui les am ne reconna tre que d un autre c t il y avait un manque J
7. mensuel 18 Roland Chemama Le clivage de l objet et la clinique contemporaine Je vous remercie de m avoir invit intervenir dans un cycle de conf rences qui engage aborder des questions essentielles aujourd hui Pour ma part je vais tenter de questionner notre clinique dans sa dimension histori que li e au formes modernes du malaise dans la civilisation et bien videm ment j aurai montrer comment mon avis le concept d objet peut clairer cette clinique Il le fait dirai je une condition et a va tre sans doute l essentiel de mon apport cette condition que l on articule la th orie de cet objet th orie bien s r lacanienne avec le th me freudien du clivage La civilisation c est le malaise Le sujet ne s y sent pas bien Mais quel malaise Pour Freud disons en simplifiant que le probl me se pose ainsi La civilisation au nom de son id al culturel impose un renoncement pul sionnel et l homme devient n vros parce qu il ne peut supporter le degr de renoncement exig par la soci t Or l aussi en simplifiant beaucoup il n est pas s r que la civilisa tion aujourd hui fonctionne de cette fa on l C est ce que j ai crit dans un livre paru en 2003 Chivage et modernit Je vais aujourd hui en repren dre quelques th ses Disons qu effectivement il fut un temps o chacun tait somm de dissimuler ce qui n avait pas droit de cit des d sirs peu assortis aux id au
8. ne mise mal aujourd hui du symbolique de ce qui nous permet de nous y rep rer entra ne plus encore peut tre qu une exacerbation de la violence un retour quasi hallucinatoire de la jouissance de l Autre en tant qu elle a rapport avec un corps toujours susceptible d tre d coup ou morcel ce qui je pense va de plus en plus nous confronter une clinique de la phobie Je pense que la phobie pourrait devenir finalement une des formes dominante de la subjectivit mais si j ai quelque id e de la fa on dont nous pouvons r pondre des sujet pervers ou d pressifs je ne vous cache pas que par rapport cette phobie g n ralis e la question reste encore laborer Merci de votre attention 114
9. r la lecture de textes de Lacan parce que m me si celui ci parle tr s rarement de d pression ce qu il appelle d s 1938 la grande n vrose contemporaine quand il parle de l impuissance et de l uto pie ces marraines sinistres install es au berceau du n vros eh bien a res semble terriblement ce que je viens de d crire l poque Lacan mettait impuissance et utopie en rapport avec un d clin de l nago paternelle le sujet ne trouvant plus un p re qui s af fronter ne peut former son d sir Plus tard videmment la question du rap port au p re se transformera et n appara tra en somme que comme un cas particulier du rapport du sujet ce qui fait limite castration et en m me temps ce qui pousse au franchissement des limites l acte 112 Mais ce n est pas de a que je veux parler Je dirai plut t un mot de la question de l objet C est que si c est la castration qui d tache l objet a eh bien il est paradoxalement aussi peu d tach dans la d pression que dans cet autre versant de la clinique dont j ai parl tout d abord Disons que si dans la d pression la fonction phallique est d faillante elle ne permet pas de faire de l objet un objet vraiment d tach manquant inscriptible seulement dans le cadre du fantasme C est pour cela qu il est si envahissant dans le r el de la d pression soit que le sujet se per oive on le sait comme une merde soit qu il sente sans cesse sur lui le regar
10. tre au grand ou au petit d ailleurs Enfin tout a c est notre doxa Il faut cependant ajouter quelque chose C est que si le pervers pr sentifie l objet en m me temps sa fa on il lui garde sa dimension de manque Lacan disait par exemple que l exhibitionnisme c est un pantalon qui s ouvre et qui se ferme illustrant ainsi la dimension de fente du d sir De fa on plus conceptuelle je dirai que l objet est un objet cliv et il y a au moins un texte o Lacan le dit de fa on explicite C est Position de l inconscient En fait Lacan emploie le terme de refente refente donc de l objet Mais comme il se r f re l article de Freud sur l Ichspaltung on peut penser qu il s agit bien du clivage Voila la d marche le clivage du sujet correspond un clivage de l objet clivage qui chez Freud est un clivage de l objet phallique mais que Lacan g n ralise et c est ce qui lui fait parler d un clivage de l objet J irai m me assez loin Je vous dirai qu mon avis si on ne pose pas un clivage de l objet on ne comprendra jamais comment Lacan peut faire de l objet la fois un objet radicalement manquant celui autour duquel tourne la pulsion le sein comme objet ne se confond jamais avec l organe nourricier et en m me temps un objet bouchon venant boucher le trou du manque 110 C est au point d ailleurs que cet objet fait s rie avec les objets manu factur s objets a produits par l industrie gr
11. trouver un manque ici un deuil o apparemment il y a un d ni de tout manque Je serai tr s bref sur une autre s rie de cons quences qui concerne plut t le social puisque videmment comme je vous l ai dit c est dans le social que semble t il le sujet se met dans la d pendance d objets toujours plus nombreux objets sans lesquels il serait hors d tat de trouver une satis faction Eh bien il me semble que ce que je vous ai dit peut nous encourager non d noncer cet tat de choses mais plut t faire entendre au sujet ce qu il est tout pr t de pouvoir dire que cette d pendance lui p se que c est m me un esclavage et qu apr s tout il n a pas totalement oubli la voix du d sir m me si celle ci comporte une insatisfaction Puisque j en suis la question du sujet contemporain dans son rap port difficile avec le d sir je dirai qu mon sens la clinique contemporaine 111 mensuel 18 s oriente selon deux axes principaux Le premier c est celui dont je vous ai parl celui de toutes les pratiques qui comportent un crasement apparent du d sir sous la jouissance On peut penser bien s r aux addictions qu el les soient sexuelle ou toxicomaniaque Mais il y a un second axe celui que je ne crains pas de reprendre du terme tr s galvaud de d pression J y ai consacr un second livre paru il y a quelques mois D pression la grande n vrose contemporaine Qu est ce que j appelle d pression Eh b
12. x culturels consid r s comme excessifs ou d gradants videmment cette dis qualification sociale n tait pas pour rien dans le refoulement de ces m mes d sirs Aujourd hui la r gle implicite est plut t de tout dire d afficher ce qui hier encore tait jug inconvenant Cela va des reality show jusqu l exhibition des cadavres que fait un Von Hagens vous savez ces cadavres corch s ou d coup s en tranches fines Il me semble que d s lors le sujet ne peut plus refouler tout fait ce que pourtant souvent il rejette D o sa position de clivage c est dire de 108 maintien en m me temps du d ni de certaines repr sentations et de leur affirmation comme si ces contenus contradictoires pouvaient coexister sans pourtant s influencer r ciproquement Vous voyez que je ne crains pas de dire des choses tr s g n rales Je ne crains pas de dire qu aujourd hui le refoulement perd du terrain par rap port au d ni et au clivage Et bien s r comme vous tes tous tr s savants vous pensez tout de suite ce que Freud a pu en dire En revanche peut tre vous demandez vous comment je vais pr sent amener la question de l objet a Eh bien je repartirai alors d autre chose En fait les questions qui m ont pouss travailler sur le clivage n taient pas d embl e des questions de civilisation C taient des questions relatives la cure disons des difficul t s que je rencontrais comme psychanalyste dans certa
Download Pdf Manuals
Related Search