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Heterog_n5_Mise en page 1

1. Revue des homolitt ratures ou pas Num ro 5 Printemps 2011 Prix CHF 15 10 Revue des homolitt ratures ou pas Pas un ghetto mais un lieu de r flexion Lieu est le mot central de cette d marche Un lieu rend visible permet le partage l change fait de la place L criture est un lieu une voix un lien La place publique est indispensable pour que la voix soit entendue L entrecroisement des lignes identitaires permet d chapper l enfermement Militer est une fa on d exister de nommer de faire face au silence Num ro 5 Printemps 2011 Ecritures PAGE 8 DE LA LUDIQUE NATURE R mulo Bustos Aguirre traduit de l espagnol Colombie par Yasmina Tippenhauer PAGE 10 UN MARIN Leonid Dobytchine traduit du russe par Annick Morard PAGE 16 R QUE JE NENVOIE PAS Laurent Herrou PAGE 24 GAUGE Alban Lefranc PAGE 30 HANNAH 18 EUROS Gilles Sebhan PAGE 36 JOUER LA LIMITE DU HORS JEU R J Robillard traduit de l anglais tats Unis par Sylvain Th voz PAGE 42 DES AMES DES HERBES Dubravko Pusek traduit de l italien par Pierre Lepori Entretiens PAGE 44 DENNIS COOPER LA V RIT DANS LE BORDEL par Antoine Bal PAGE 50 MARCELA IACUB LOIS DE LA CHAIR par Pierre Lepori Images PAGES 57 73 LENI RIEFENSTAHL MY ETHIOPIA Diego Sanchez R flexions PAGE 74 CORPORALIT SPORTIVE ET NAZISME Gianni Haver PAGE 80 GERT
2. le soir o tu rentres o tu vas rentrer chez toi seul o je ne serai pas l parce que tu ne me l as pas demand parce que je n ai aucun droit sur ca tre l ton retour sinon tre l a roport et te poser ce probl me de choisir tu rentres critures 21 avec moi ou tu rentres avec eux ce que je ne ferais pas ce que pour rien au monde je ne voudrais faire tu leur as demand de venir te chercher ils ont une voiture c est pratique sans doute que si j avais eu une voiture c est moi que tu l aurais demand pour moi c est vident ce n est pas grave tu rentres tu rentres chez toi tu dors seul je ne suis pas l eux ils trouvent a bien tu trouves a bien je ne trouve pas a bien mais je l crase et je te l cris je te ecris tellement fort la pour ca je pourrais te dire c est fini parce que ca n existe pas parce que tu rentres tu reviens tu dors seul et on se verra dans la semaine comme n importe qui c est inhumain c est de la jalousie c est injuste aussi de te faire payer a toi ta propre incomp tence et la fa on dont les autres l utilisent contre toi mais quand le verras tu je t ai aim tr s vite et d s que je serai dans tes bras a va revenir l c est parti tu es loin et je suis seul je ne te fais pas de mal je ne t envoie pas ces mots mais d autres auxquels je r fl chis en m me temps que je tape ceux ci pardonne moi critures 22
3. M re de Carl C est de sa faute elle bon lui enfin elle ou lui on ne sait pas M re de Jo l Une personne comme a que ce soit un homme ou une femme ne poursuit pas les enfants On ne veut pas qu elle tra ne pr s des enfants gt Le conflit se situe dans une dimension morale et concerne la normalit l acceptabilit sociale du changement de sexe Les expressions faciales des m res traduisent leur d sapprobation Elles ne peuvent pas consid rer Olga comme tant l une d entre elles comme une femme En contraste lors de la premi re s ance Olga insistait Je suis une femme comme les autres je suis comme tout le monde Et la m re de Yan de noter pour clore la deuxi me r union On a tous quelque chose et en regardant sa fille IMC elle a rajout Moi aussi quand je me balade avec ma fille je ressens le regard des autres faut prendre sur soi il faut que cette dame prenne sur elle ce n est pas de la faute nos enfants Au d but de la troisi me s ance de m diation Olga affirme Je travaille dans l administration Je ne me prostitue pas je suis une femme comme les autres je prom ne ma chienne et je fais mes achats comme tout le monde Olga tient des propos revendiquant sa normalit elle poursuit J tais all e la police pour porter plainte et ils m ont dit qu il fallait les identifier Ils m ont sugg r de les prendre en photo Les enfan
4. pardonne leur o continue de les aimer eux oublie moi continue de faire ce que tu fais sois bien ou viens me chercher l o je suis gt 28 juillet R j h site mais je n envoie pas peut tre que j ai tort d essayer de tout avoir et que je finirai par tout perdre mais je tiens bon je ne suis facile avec personne mais je vaux le coup toi aussi eux aussi d autres s rement passe un bon week end 24 ao t j ai pens toi pendant le repas je ne t avais pas entendu ni lu de la journ e et c tait un manque j ai pens que a avait t le cas avec l homme qui partageait ma vie pendant des ann es et qu trangement je me rendais compte que c tait toi tes mots ta voix qui me manquais aujourd hui je n en tire pas de conclusion d finitive ni radicale je sais juste que j aime un certain nombre de choses et que tu fais le lien entre ces choses j ai chang en venant paris ou en venant chez toi critures 23 je change encore je ne t envoie pas ces mots ils ne regardent que moi mais c est bon de te les crire tu recevras une version simplifi e de ce mail qui dira seulement que tu me manques je peux dire que je t aime pr sent puisque tu ne liras pas ces mots je t aime R c est arriv sans que je le veuille a partira de la m me fa on 27 ao t R que je n envoie pas je ne sais pas si tu oscilles entre pluie et soleil ou si tu t es allong
5. vage le Noir qui vit nu et dont la culture est en train de dispara tre Elle y r alise plu sieurs s ries de photos qui donneront nais sance ses c lebres livres sur le peuple Nouba en 1973 puis 1976 Sainte femme qui 60 ans a vu les derni res v rit s d un peuple et d une culture qui se meurent auto illus tr e au Soudan dans la pr face de ses livres comme une matrone texane qui vaine Tavan cee de l ge ainsi que le souligne Susan Sontag dans son essai Fascinating Fascism 1974 Leni orchestre sa renaissance son rachat de la FAUTE Elle cl t ainsi toujours selon Sontag son triptyque de Timagerie fasciste Nuremberg et son documentaire sur le congres du parti nazi Les Dieux du Stade Olympia de 1938 et maintenant les Noubas qui lui sont chers o scarifications combats rituels nous donnent appr cier la perfection d un monde non loin des th mes d velopp s dans ces deux pr c dents chapitres Cette figure faite femme incarne le pire et le meilleur de ce que nous avons v cu ou de ce qu est notre h ritage Une figure de notre pass puisque elle est morte le 8 septembre 2003 P king en Allemagne C est donc bien le trouble de ce personnage aujourd hui populaire qui m a int ress Lambiguit que sugg re la seule vocation de son nom Leni Riefenstahl Linstrumentalisation de ce port altier pour le meilleur et pour le pire voir Ce Triumph des W
6. Provoquer et se faire courir apr s est un jeu pratiqu par les enfants dans toutes les cultures Si le danger est r el mais pas tres grand le jeu est d autant plus excitant Pour ces adolescents l interaction avec Olga ob it d abord son tranget Elle ne fait pas partie des tres qu ils rencontrent habituellement Ils entrent dans l adolescence en affirmant leur genre d appartenance travers les initiations et les ambivalences propres cette p riode Du coup ils per oivent Olga comme un tra tre C est comme si elle les R flexions 92 mettait devant leurs interrogations fr quemment inconscientes concernant leur propre identit sexuelle Linteraction avec Olga est volutive Elle a trahi ils la provoquent elle r agit ca les amuse II ne semble y avoir aucune malveillance d lib r e chez ces jeunes La r action d Olga relance l interaction D sormais l escalade devient in vitable Les adolescents ne peuvent plus ne pas provoquer Olga c est trop divertissant Par ailleurs l insulter se faire poursuivre devient une activit f d ratrice qui leur permet d actualiser leurs valeurs et leurs postures de jeunes m les Olga r torque aux enfants Vous m insultez et vous partez en courant Pourquoi vous m avez insult e qu est ce que je vous ai fait Quel plaisir vous avez eu m insulter C est parce que je suis diff rente moi ca m a fait tr s mal Carl Ce n est pas dans la vie
7. ceux de l homme germanique conduit des mesures de r pression et d limination sociale des individus non conformes D s 1933 le sport est centralis et les associations ouvri res et juives interdites Si les sportifs ouvriers sont r partis dans les organisations contr l es par le parti pas plus que 20 par association les Juifs en sont pour leur part exclus l id ologie corporelle du nazisme est construite autour de notions racistes qui mises en application conduiront la destruction syst matique du corps de l autre du d viant du handicap du Juif de homosexuel dans les camps d extermination Derri re la beaut de corps cherchant atteindre une forme de perfection ce r gime cache l humiliation d autres corps par la faim la fatigue et les privations leur assassinat m thodique dans les chambres gaz et leur annihilation dans les fours cr matoires Cet article repose sur les recherches men es avec Laurent Guido pour une exposition au Mus e Olympique de Lausanne voir La Mise en sc ne du corps sportif de la Belle poque l ge des extr mes Lausanne CIO 2002 R flexions 82 GERTRUDE STEIN ET ALICE TOKLAS par Edward Burns Il semble que Gertrude Stein soit l origine du premier usage crit du mot gay au sens qu on lui conna t aujourd hui le terme appara t plus d une centaine de fois dans le tr s court r cit Miss Furr and Miss Skeen gt 1925 Mais Edward Burn
8. et sous la table la reproduction peinte d une carte de visite portant les mots MIS sic GERTRUDE STEIN gt Stein et Toklas taient pass es l atelier de Picasso en son absence et Gertrude avait laiss sa carte corn e ce qui signifiait dans le code de l poque que la visite avait t faite et devait tre rendue Picasso avait alors introduit la carte dans le tableau auquel il tait en train de travailler mais sous forme peinte pour pouvoir conserver le coin corn en trompe l il En 1914 apr s le d part d finitif de Leo en ltalie Stein et Toklas d cid rent de faire imprimer une carte de visite commune Peut tre est ce pour c l brer cette union que Picasso introduisit la carte en question cette fois sous forme de collage dans Nature morte avec carte de visite 1914 Yale University Cette mani re de dire les choses indirectement dans une uvre d art comme le faisait d ailleurs la citation de la chanson Ma Jolie qui servait de r f rence crypt e Eva la nouvelle femme aim e de Picasso le fait de ne pas se livrer un aveu une confes sion mais de d tacher de la r alit les mots et les objets pour accorder l uvre sa pleine autonomie ce proc d fondamentale ment artistique correspondait pleinement l esprit et l esth tique de Gertrude Stein Traduit et adapt de l anglais tats Unis par Guy Poitry R flexions 87 R flexions 88 IL VA VENIR LA M
9. pour oublier ce temps que tu ne veux pas voir moi j oscille entre pens es sombres et abandon total allong sur mon lit le regard vers ce temps que je peux regarder de la fen tre ses moindres changements ses effets sur moi le soleil brusquement en morsure la fra cheur du vent la pluie et je pousse la fen tre et plus t t j tais dessous juste au moment o les gouttes normes s crasaient j allais crire je voudrais que tu sois l mais est ce vrai je voudrais quelque chose qui s loigne de nous chaque minute pass e ensemble chaque fois que je te parle que je te dis quelque chose je voudrais que tu aies sur moi ce premier regard mais il n existe plus et dans ce premier regard je n existais pas encore critures 24 je n tais rien un fantasme j ai r sist tu te souviens tu as voulu que je parle et je tai parl il n y a rien regretter j avais des choses dire et tu as servi a il y aurait quelque chose regretter si tu perdais quelque chose mais tu ne perds rien parce que tu ne veux rien v ritablement sinon que les choses restent immuables qu elles ne changent jamais en cela tu ressembles l homme qui partageait ma vie moi je me transforme chaque jour je change je m adapte je me mod le je cherche je suis rappelle toi a nous fera toujours rire poreux je laisse les gens passer travers moi et je deviens ce qu ils veulent pour un temps plus ou moi
10. raconte ma propre histoire Par ailleurs c est la premi re fois que je parle de moi dans un livre que je suis l objet de mes recherches moi en tant que membre de l esp ce humaine et en tant que mangeuse de viande Mais aussi en tant que sujet d exp riences vitales singuli res et sp cifiques travers ces fictions vous abordez certains des th mes qu on retrouve dans vos essais plus acad miques je pense par exemple votre travail sur l espace public Par le trou de la serrure Une histoire de la pudeur publique XIX XXI si cles o vous d montrez avec finesse le passage d une conception de la pudeur de type spatial ce qu on peu montrer voir une conception plus psychologique ce qui est sain ou pervers L espace public est il un enjeu central pour vous La d marcation entre priv et public rel ve de la distribution tatique des Entretiens 55 d sirs et des plaisirs dans l espace c est une mani re de cr er des zones de visibilit et de dissimulation Ce n est pas un crit re moral que le droit met en sc ne mais purement spatial Poutrage public la pudeur institu par le Code p nal fran ais de 1810 tait aussi la garantie d un tat qui n intervenait pas sur la vie sexuelle du citoyen L tat avait cr un mur le mur de la pudeur qui d partageait donc deux mondes ayant des r gles de visibilit de la sexualit enti rement diff rentes Tout ce qui ta
11. tendu sur tout et que la marge ne s est montr e Nous sommes mortels promis notre silence la parole us e qui se cache partout Et pourtant libres de d river dans le vert de nous approcher de l image r alisable KKKKK Da tempo sei confuso davanti alla moltitudine di erbe una foglia strettamente ovale singoli capolini all estremit dello stelo fiori lingulati ed ermafroditi cinque petali riuniti in una lingua gialla rossiccia sul lato esterno Tutto sar riordinato dal verde Un verde sfavillante che precipitera nel loro cuore la linfa resa rapida Non l abbiamo mai capito Ma non si pu capire niente finch il sospiro mortale si stende su tutto e finch il margine non s ancora svelato Siamo mortali promessi al nostro silenzio alla parola consunta che si cela ovunque Eppure liberi di svariare nel verde di avvicinarci all immagine realizzabile Traduit de l italien par Pierre Lepori La suite po tique Des mes des herbes ainsi que d autres textes de Dubravko Pusek para tront dans la rubrique In dits du quotidien Le Courrier notre partenaire presse dition du 2 mai 2011 en collaboration avec le site www culturactif ch DENNIS COOPER LA VERITE DANS LE BORDEL par Antoine Bal nis Cooper n en 1953 LA crit la tourmente d une _ n d r liction portrait en creux de la grisai ille du nde Depuis Closer en 1989 et jusqu Un type immonde en 2010 l crivain a
12. Je voulais crire sur le sexe II faut dire que j ai grandi L A C est un endroit tr s lib ral et comme je me suis toujours senti tranger au milieu gay c est plut t par le milieu des hustlers que j ai com menc tudier comment le sexe fonctionnait D autre part j ai toujours t interpell par cette esp ce de traitement bizarre appliqu au travers de l admiration et de la projection aux gens Darticulierement attirants Le rapport de ces garcons la surface de la beaut et ce qu elle repr sente cr e chez eux une incroyable confu sion Et quand tu baises tout a vole en clats et tu finis par les voir vraiment Ils sont juste l comme a dans toutes leurs imperfections Je cherche d lib r ment mener le lecteur au del de cette surface en contournant le pouvoir si accablant et puissant de l rotisme Dans mes livres le sexe n est g n ralement pas sexy Je joue parfois volontairement avec l excitation du lecteur Mais c est pour une raison subversive Par exemple dans Frisk il y a ce person nage qui fait l aveu de nombreux meurtres qu il d crit pr cis ment dans une lettre Et c est de la pornographie Mais j utilise cela comme un proc d dans le but d exercer un pouvoir pervers en tout cas d routant sur le lecteur pour le renvoyer lui m me dans ce rapport limite entre meurtre et pornographie C est crit comme si a devait tre sexy tout est d taill mais quand
13. avaient d valis un grenier couraient gaiement Il y avait du boucan On faisait la queue devant les glaciers Les cales de graines de tournesol bruissaient sous les pas Dans le parc les r verb res taient allum s on entendait de la musique la fontaine jaillissait La m re disparut On ne laissait pas entrer les petits dans le cin matographe Lechka clata en sanglots Il commen ait faire nuit La musique tournoyait au niveau du sol accroch e par la ros e Silebina tait assise sur le perron toute silencieuse pensive sans agiter son essuie main sans crier Dans le jardinet dans le noir le marin jouait tout doucement de la balala ka Transvaal Transvaal Lui non plus comme Lechka n tait pas la s ance gratuite tendre ami Tout en soupirant Trifonikha arpentait la cour elle m chouillait en admirant une petite toile De son sac d cor d un tigre elle sortit un g teau qu elle tendit a Lechka critures 17 Assis sur une marche il se mit manger deux mains fourrant du g teau dans sa bouche celui ci tait sucr ses mains sal es par la salet et am res de cette herbe qu il avait arrach e lorsqu il marchait vers la plage avec sa m re Traduit du russe par Annick Morard critures 18 A R QUE JE Laurent Herrou Auteur ni ois n en 1967 Laurent Herrou publie son premier roman Laura en 2000 dans la mythique collection Le Rayon Gay des dit
14. changer quoi que ce soit ces textes bruts sont exceptionnels J ai l intention de faire un livre partir de leurs profils Sans photos juste les textes Je n crirais rien La version int grale de cet entretien est disponible sur www heterographe com MARCELA IACUB LOIS DE LA CHAIR ar Pierre Lepori d couvrir de nid c d s politiques et disciplinair qui n ont rien de naturel Vous tes juriste de formation et vous avez montr travers votre travail tr s pointu combien le droit est un v ritable instrument de connaissance et un pr cieux outil de critique politique en vous concentrant tout particuli rement sur les domaines du corps Pourquoi la question du corps est elle centrale dans votre recherche Si je dois aller vers l origine intellectuelle lointaine de cet int r t il me revient une image de ma propre r volte adolescente quand j opposais mes parents le droit disposer de mon corps ce qui me semble un droit l mentaire dans un r gime d mo cratique Dans ma th se non publi e je me suis int ress e l interdiction du suicide sous l Ancien R gime il tait alors consid r un crime majeur car se tuer tait plus grave que de tuer autrui on en arrivait m me faire des proc s aux cadavres et d sh riter toute la famille du suicid Pourquoi l apparition de l tat comme ph no m ne institutionnel partir de la fin du XIIIe si cle est elle co
15. d couvre son cou son ventre une jupe courte motifs cossais Gauge resplendit tous les jours Gauge agenouill e minuscule au milieu de ses hommes Gauge l unique le v ritable amour du p re Le p re d teste Nina Roberts ses allures de vamp ses normes seins d sastreux sa familiarit Pauvre me de secr taire atroce voix rauque de maton Nina Roberts n a jamais emp ch personne de mourir Les cheveux blonds cendr s de Gauge descendent sur ses joues sa bouche Gauge a les yeux verts Le p re suit Gauge depuis plusieurs ann es Il a vu tous les films de Gauge Le p re conna t Gauge par c ur ll sort avec Gauge depuis plusieurs ann es Assis devant l cran de la t l vision les cuisses nues l g rement cart es les plis du pantalon entravant ses chevilles les mains plat les pouces fr lant ses couilles concentr il regarde Gauge depuis plusieurs ann es Les trois hommes autour de Gauge parlent anglais Le p re ne voit pas leur visage le p re les m prise Les trois hommes clatent de rire Gauge rit avec eux faible et franche depuis trois ans toujours la m me incomparable Le p re jamais pas le plus petit rictus sur le visage du p re Le p re a commenc se branler grand renfort de lenteur grand renfort de raideur Le p re s applique ne pas jouir avant la fin de la sc ne qui dure pr s de vingt bonnes minutes Il entre dans de fameuses col res quand il d charge avant les trois cr t
16. de tous les jours que l on voit des personnes diff rentes comme vous gt La racine du conflit est nouveau point e D abord Olga reconna t tre diff rente ensuite Carl souligne le caract re peu commun de sa diff rence Olga Ok mais je n insulte pas les personnes diff rentes moi Je ne sais pas si je vois un handicap dans sa chaise roulante qui ne peut m me pas parler je ne vais pas l insulter ni me moquer de lui Cette histoire m a fait tr s mal Je suis gentille bon je reconnais qu avec vous j ai t aussi un peu m chante mais en g n ral je suis pour le dialogue mais avec vous je n arrivais pas alors j ai pris les photos et j ai port plainte gt Yan Mais madame il faut comprendre qu on est des ados Olga J ai t ado moi aussi gt Lo c Oui mais vous comprenez madame on est des gar ons Il y a ici un renversement crucial Olga qui est consid r e par les jeunes comme tant tra tre son genre a t entendue R flexions 93 Elle est maintenant reconnue en tant que femme s op re donc une deuxi me reconnaissance d Olga mais un autre niveau Les premi res reconnaissances touchaient au bien fond de sa plainte la r alit des insultes et a fortiori sa qualit de victime Maintenant Lo c va plus loin et reconna t son statut de femme Lo c avait oubli gt qu Olga aussi avait t un gar on II lui a dit d une fa on spont
17. dommage que le droit de contrat n ait pas pu rentrer dans la sph re priv e pour nous laisser choisir de mani re plus autonome le type de vie que nous entendons mener Votre nouvel ouvrage Confessions d une mangeuse de viande traite une question que vous avez d j voqu e auparavant sp cialement dans les chroniques pour Lib ra tion celle des droits des animaux C est encore une fois un livre assez personnel qui relate votre histoire de mangeuse de viande convertie au v g tarisme J ai t fascin e par une histoire jurisprudentielle celle d un homme condamn pour avoir sodomis son poney m me si l animal en question n avait pas souffert Je trouvais tellement excessif ce jugement que je me suis int ress e l histoire de la protection des animaux Je suis ensuite tomb e sur un livre de Plutarque intitul Manger la chair Ce texte m a litt ralement boulevers e et je suis devenue incapable de mettre un morceau de viande dans ma bouche Moi qui suis Argentine et qui ai mang des quantit s immenses de viande je me suis retrouv e d construire ma propre histoire mon ducation carnivore les distinctions que j ai apprises entre animalit et humanit la suppos e n cessit de manger de la viande De fait j ai fait le r cit de ma vie de mangeuse de viande depuis mon enfance J ai essay de comprendre notre condition carnivore dans une d marche la fois th orique et litt
18. est en fait une phrase tr s compliqu e qui sugg re toute la charge d un enjeu puissant et grave implicite ment Et comme mes personnages disent souvent une chose tout en en signifiant une autre la cl est juste l entre les lignes Dans cette avalanche de sentiments et derri re le fantasme de des truction de beaucoup de vos per sonnages le d sir persiste et vos personnages cherchent aussi un truc comme l amour Bien s r Presque toujours Par des moyens un peu bizarres c est s r mais d une mani re ou d une autre videmment qu ils cherchent a L amour ou bien se sentir importants sentir qu ils ont de la valeur Dans D faits il ne s agit que de a Le personnage principal ne peut pas s identifier lui m me ll ne se sent ni ceci ni cela Finalement il pourrait tre un peu n importe quoi et alors il tue sa m re juste pour tre quelque chose Il se dit que ca va le rendre important peu importe ce que c est il est cette personne qui a tu sa m re Mes personnages ont besoin de se sentir uniques c est certain Dans presque tous vos romans vos personnages sont d crits comme tant tr s attirants D autre part le sexe y est central et essentiel Mais il est trait sans concession Un sexe plus cru prostitu parfois incestueux Il est rarement tr s rotique Quand j avais quinze ans jecrivais d j plein de trucs J tais particuli rement int ress par le sexe
19. est sinc re Hannah n a pas d oreilles Le dessin en a t oubli C est sans doute qu elle n a pas besoin d entendre les mots d amour qui ne lui seront pas adress s Une version longue de cette nouvelle de Gilles Sebhan est lire sur notre site internet www heterographe com critures 38 JOUER LA LIMITE DU HORS JEU Nord am ricain vivant Gen ve Raymond Joseph Robillard aime jouer de ses diverses identit s publiant sous diff rents pseudonymes dans ce court r cit il nous place sur la ligne tendue entre s duction exhibitionnisme chec et interdit Les rapports entre les corps sont emplis de tendresse de d sir et d indiff rence dans le banal d cor d une piscine publique critures 39 Au YMCA de Hartford Connecticut C tait une soir e particuli rement calme et le YMCA tait compl tement vide Quand enfin il quitta le sauna pour aller la piscine il tait vingt heures pass es Cela lui laissait presque une heure pour nager s il arrivait tenir autant La soir e pr c dente il avait commenc nager pratiquement la m me heure luttant pour faire au moins ses 1800 yards n ces saires afin de r aliser un mile esp rant m me en faire plus neuf heures moins dix seul dans la piscine il n tait qu 1600 yards et pour se donner la motivation d en faire plus il s tait arr t dans la ligne mi chemin devant la chaise du ma tre nageur et lui avait de
20. finir la lecture des identit s pr sent es non pour les opposer de mani re radicale mais davantage pour les positionner aux carrefours de probl matiques plus larges qu elles soient sociales culturelles ou politiques R cemment Diego Sanchez a expos son projet Buenos Aires Bangkok a la galerie TM projet de Gen ve ainsi qu au Kunsthalle Palazzo de Liestal il travaille actuellement comme assistant de l artiste suisse Sylvie Fleury R flexions 76 CORPORALIT SPORTIVE ET NAZISME par Gianni Haver Au del de sa mat rialit physique le corps est un objet culturel travers le temps l tre humain a constamment adapt son enveloppe charnelle en la modifiant afin de la faire correspondre des id aux ou des exigences qui d pendent pour une large part du contexte socioculturel dans lequel il volue Professeur de sociologie de l image et d histoire sociale des m dias l Universit de Lausanne Gianni Haver nous explique comment cette construction est devenue plus que discriminatoire lors de l mergence du nazisme R flexions 77 Au XIX si cle se produit une s rie de bouleversements majeurs qui voient l existence quotidienne des habitants des pays occidentaux se transformer rapidement sous l impulsion de l indus trialisation triomphante urbanisation m canisation r glementation des rythmes de travail Dans ce contexte de nouvelles conceptions gouvern es par le pro
21. flammeche que quelques esprits en mal de grands mots ont pu sauver de l extinction du joyeux incendie du structu ralisme anthropologique et psy chanalytique des ann es 1950 1970 comme si un basculement puissant s tait op r d une loi qui cr ait des cloisons des limites et des divisions on est pass une loi naturalisante qui fantasme ses objets La lib ration sexuelle n a pas lib r la loi elle Ta presque rendue esclave des a priori culturels La th orie de l ordre symbolique est une construction id ologique tr s faible pour justifier le conservatisme au lieu de dire que l on fait des choix politiques de cette nature on se borne avancer que les enfants vont devenir fous sans telle ou telle ducation ou famille Les soci t s d mocratiques ont d s arm peu peu la soci t civile des moyens qu elle aurait pu se donner pour s organiser d une mani re riche et ouverte en la privant de son pouvoir d imaginer On aurait pu n anmoins esp rer que les bouleversements des ann es 70 auraient pu amener une soci t civile plus autonome de l tat capable de r inventer les liens inter personnels et familiaux par le moyen du contrat La contractualisation de la vie priv e la possibilit que les gens inventent comme ils le souhaitent les rapports familiaux ou ceux de soli darit conomique aurait favoris l mergence de soci t s plus libres et plurielles Je trouve
22. la pr sentation de l int rieur et sans jugement du prota goniste Conscient de l influence qu il exerce sur ses employ es Jean ne peut se retenir de les pervertir et de les sodomiser par surprise Il est entretenu dans l illusion de voltiger au dessus de la morale jud o chr tienne et de la mort elle m me par des sources c l bres comme le p dophile et tueur en s rie m di val Gilles de Rais et naturellement par son nom de famille de Dieu qui lui assure toute puissance et immortalit Le spectateur est invit prendre plaisir entrer dans le d passement de valeurs du personnage jouir avec lui de mati res premi res telles que le lait les ufs et la peau virginale se r veille alors brutalement quand la chute du film te Jean toute splendeur et l expose d plum et piteux aux quatre vents de son appartement comme les hordes de pigeons qui l ont occup Paris Deno l 2010 125 p par Sylvain Th voz Domodossola en Italie au printemps 67 Jean Genet a tent de se suicider dans une chambre d h tel Ainsi s ouvre le livre de Gilles Sebhan Ce qui aurait pu adopter la forme d une hagiographie prend pourtant un autre aiguillage et devient la source d un dialogue Sebhan en ferraillant le noue sa propre histoire le 12 f vrier 2007 mon jeune amant a t arr t sans papiers et enferm dans un bateau prison des Pays Bas L v nement du suicide de Genet n es
23. laver Un jour il lui a m me dit tu pues et l a balanc e contre le mur Elle a rebondi mollement comme si les reproches lui taient indiff rents Hannah semble attendre quelque chose Hannah semble savoir que cette chose qu elle attend ne viendra pas C est un samedi soir Depuis son placard Hannah contemple la sc ne Une femme est assise sur le canap lit L o se trouve Hannah dans les grandes occasions quatre fois par mois Hannah ne sert qu en urgence Hannah ne sert qu une fois la fois et pour Si peu de temps C est oubliable La dur e de vie du souvenir d Hannah n exc de pas la seconde Elle voit la femme Elle voit son acqu reur sur la femme Cette femme fait du bruit Cette femme fait tout ce qu Hannah ne fait pas Hannah s ennuie Hannah b ille Elle est dans sa nouvelle vie depuis un an d j L appartement a chang d apparence L homme aussi Il ne la sort plus que pour nettoyer la poussi re accumul e dans le placard Il ne lui dit pas un mot II ne la regarde m me pas Elle se sent flasque et d courag e Hannah est tellement l g re qu elle ne peut pas se jeter par la fen tre M me l air elle le doit son propri taire qui le lui refuse de plus en plus souvent Parfois encore l homme la regarde d un air fatigu avant de peser sur elle de se perdre en elle de la faire exister trois minutes Mais ensuite ce sera de nouveau le placard Hannah ne sert que si l on en use Hannah ne s use que si l on
24. peut s attendre au pire avec son fils Dans le doute le p re essaie de lui allonger une gifle Le p re lance une bouteille vaguement Son fils esquive Tu pues le p re dit son fils au p re Le p re n est plus ce qu il tait sait que a finira mal esp re pouvoir garder Gauge Apr s avoir parl avec Gauge le p re se sent plus calme un peu de baume coule sur ses nerfs il sourit Gauge il le lui dit pour le baume et elle lui sourit en retour sans jamais le quitter des yeux pendant qu elle essuie le sperme que les hommes viennent de d charger dans sa bouche avec des grognements de triomphe Le p re fait visiter Gauge son petit appartement familial dans l affreuse petite ville r elle Gauge comprend d embl e ac quiesce sourit pardonne Elle le conseille pour les achats de No l critures 31 pour les anniversaires elle sait ce que veulent les ados d aujourd hui leurs lubies Il lui montre les chambres le salon ses collections les consoles de jeu Gauge refuse qu il abandonne sa femme qu il la jette dans le d sespoir Gauge est sensible et ses enfants est ce qu il pense ses enfants Gauge pr f re se sacrifier continuer seule sa carri re Los Angeles attendre que les enfants du p re com mencent leurs tudes Ils partiront alors Gauge et le p re loin d ici critures 32 HANNAH 18 EUROS quoi reve t elle la poup e gonflable conomique Hannah lorsqu elle d barque d
25. r jouit qu une maison d dition publie aujourd hui un livre qui aborde de fa on si d routante des questions li es l enfance Provincetown Playhouse Normand Chaurette Montr al Lem ac 1981 123 p par Guy Poitry Provincetown c est au bout de la presqu le de Cape Cod Massachusetts un petit port de p cheurs devenu l un des hauts lieux du tourisme homosexuel Mais c est aussi l que le dramaturge Eugene O Neill cr a ses premiers drames de la mer de 1916 1919 Et le Qu b cois Normand Chaurette joue avec cette double r f rence Le 19 juillet 1919 jour de ses dix neuf ans Charles Charles d cide de monter l unique repr sentation de la pi ce qu il a crite et qui doit c l brer le sacrifice de la beaut Trois ans plus t t avec son amant Winslow il a particip la cr ation de Bound East for Cardiff la toute premi re pi ce d O Neill Cette fois ils voleront de leurs propres ailes et bien plus haut Mais comme le reconna t Charles Charles le th tre est devenu de moins en moins accessible et Chaurette prend plaisir a complexifier les choses L action se d roule en fait dix neuf ans plus tard dans la t te de Charles Charles qui se trouve dans un asile psychiatrique de Chi cago faut dire que l immolation de la beaut sur laquelle devait se terminer sa piece pr voyait la mise a mort d un enfant Lectures 97 enferm dans un sac fictiv
26. raire C est une sorte de roman fait de th ories un roman et Entretiens 57 un essai tout la fois Dans ce livre j ai cherch non seulement r fl chir la condition animale d une mani re tr s radicale d un point de vue th orique mais aussi au rapport que nous entretenons avec la v rit lorsque nous mangeons de la viande Car pour pouvoir le faire nous devons oublier toute une s rie d tapes qui ont t n cessaires pour que ce steak soit dans notre assiette et notamment notre propre responsabilit dans ce processus Il faut une norme mauvaise foi pour manger de la viande Mais dans ce livre je ne parle pas de celle des autres mais de la mienne de ma mauvaise foi moi Comment pourrais je accuser quelqu un de ce que j ai fait pendant toute ma vie On a tout dit sur elle On a tout crit sur elle On Ta pi g e humili e et tra n e dans la boue Le web est rempli de commentaires aussi di thyrambiques que franchement insultants Et tout le monde s y exprime de la m nag re bavaroise qui a vu Leni Riefenstahl une fois de ses propres yeux universitaire articu lant sa th se autour du cas Riefenstahl Car cette femme a travers notre si cle D abord danseuse puis actrice enfin r alisa trice de films de propagande pour le Ie Reich elle a toujours t pr s des projec teurs s est toujours plac e sous les feux de la rampe Sa chute m me est au solstice des ac
27. s Lettres Gen ve enseignante d italien et po te Gonzague Bochud secr taire de r daction conomiste d entreprise ES La Poste Suisse Berne Fabrice Huggler metteur en sc ne et cofondateur de la galerie Ex Machina Guy Poitry enseignant de litt rature fran aise moderne aux Universit s de Gen ve et de Berne crivain Jelena Ristic doctorante en litt rature fran aise et tudes genre l Universit de Lausanne Sylvain Th voz po te ethnologue et th ologien OMBUDSMAN Francesco Biamonte francesco biamonte freesurf ch WEBMASTER Fabrice Huggler COMIT DE SOUTIEN Alexandre Barrelet Marie Caffari Danielle Chaperon St phanie Cudr Mauroux Martine Hennard Dutheil de la Rochere Bernard Lescaze Daniel Maggetti J r me Meizoz Mich le Pralong Fabio Pusterla Jean Richard diteur Silvia Ricci Lempen pr sidente de l Association H t rographe Anne Catherine Sutermeister Francois Wasserfallen CONCEPTION ET R ALISATION GRAPHIQUE Isabelle Guillaume isabelleguillaume mac com CORRECTION Anne Lise Delacr taz Chapitre Premier PARTENAIRE PRESSE Le Courrier www lecourrier ch LA REVUE HETEROGRAPHE EST PUBLI E GR CE AU SOUTIEN DE przhelvetia MIGROS pour cent culturel Ville de Gen ve D partement de la coh sion sociale de la jeunesse et des sports AdS Autrices et Auteurs de Suisse Fondation Oertli Z rich Fondation Jan Michalski Fondation Pittet Soci t Acad
28. s fid le tient aux com diens les flics en voix off la cam ra subjective rend leur pr sence la fois ridicule et inqui tante et les t moins interrog s Fran oise Marthouret se r v le magni fique dans le r le de la m re de 51 de m me Anna Prucnal com dienne au visage asym trique et l accent polonais qui interpr te un amour de jeunesse androgyne et engag de notre diplomate C est surtout la pr sence de l immense Roger Planchon qui entra ne le film vers une r ussite troublante dans le r le d un psychiatre terriblement morbide le bien nomm Esculape il d montre les pen chants secrets de notre antih ros avec un panache qui fait vite oublier les proc d s lourdement psychologisants symboles phalliques la sauce dipe rendant presque g nante la conclusion du livre de Perrault Le film re ut juste titre le prestigieux Prix M li s de la critique on oublie trop souvent que Michel Deville eut par trois fois l honneur de cette r com pense c t des plus grands cin astes fran ais O Jean Louis Fournier Paris Stock 2008 156 p par Gonzague Bochud Dans ce petit livre Jean Louis Fournier pr sente un t moignage sur ses deux fils handicap s Mathieu et Thomas Il exprime sa culpabilit et la difficult pour un p re d accepter de supporter leur tat sa responsabilit de g niteur Pourquoi crire ce livre Peut tre pour dire mes re
29. s guerre ne fait pas que susciter des espoirs aussi ludiques et na fs Elle provoque aussi l exacerbation de conceptions patriotiques en particulier dans l Allemagne vaincue o l on cherche faire retrouver au citoyen ses vertus fondamentales de force de sant de courage de combativit d anti intellectualisme et de jeunesse Les id es nationalistes trouvent donc des points de conver gence avec les traits essentiels de la culture corporelle En t moigne notamment Ausdrucksgymnastik de Rudolph Bode Sa m thode mi chemin entre danse et gymnastique met l accent sur le principe d une renaissance du corps organique lib r des entraves de la technique et en harmonie avec le rythme du cosmos Mais elle repose galement sur l affirmation de la sup riorit raciale du peuple ger manique Ce lien entre les courants de la culture corporelle et les mouvements de pens e r actionnaire appara t aussi dans la revue Die Sonne qui pr conise la culture physique le nudisme et la R flexions 79 m decine par les plantes Le rythme fonctionne l poque comme un concept central permettant d articuler vision du monde et corpo ralit humaine Dans cette p riode d entre deux guerres les Jeux olympiques prennent une place non n gligeable dans les pr occupations diplo matiques des grandes puissances Les efforts de l Allemagne de Weimar pour r int grer les Jeux sont en ce sens tr s r v lateurs Mise en quara
30. son avis au voisin Sur Gauge ce qu il devrait faire sa femme les enfants sa r putation Gauge comment faire Le voisin na pas trop d avis Pas du genre se mouiller le voisin mais brave type au fond Depuis deux ans le p re ne jouit plus que pour Gauge Les autres les Nina Roberts les Katsumi les Clara Morgane c est fini plus une goutte jamais il a offert leurs films aux enfants No l Les films de Gauge sont le fond de son c ur Gauge Gauge uniquement son talisman son lieu et sa formule Il protege Gauge de tous les masturbateurs distraits Il pourrait tuer les voyous qui regardent Gauge effront ment d une seule main comme a Ils sortent ensemble ils rencontrent des gens Gauge appr cie sa discr tion ses attentions ses modesties Il emm ne Gauge en taxi dans la galerie commerciale de Carrefour le samedi apr s midi il prot ge Gauge des jeunes encapuchonn s qui manqueraient de la renverser sans la voir Est ce qu on est oblig s d y aller justement le samedi apr s midi au moment de exhibition de toutes les port es des familles demande Gauge Mais avec ton emploi du temps r pond le p re tes films tes rendez vous ta car ri re am ricaine C est vrai admet Gauge Mais Gauge au fond sait qu il tient absolument montrer aux voisins le corps de Gauge son torrent d enfance son cul incomparable Gauge comprend Tu lui parles quelle langue ta copine demande Raymond qui les voit s approcher sur
31. tre achemin e dans cette ville ce magasin ce rayonnage o elle devait stagner avec ses consceurs dans l espoir que quelqu un veuille bien en faire l acquisition ferme et d finitive Et que sa vraie vie commence Une vie d Hannah On en tait aux premi res neiges Rien ne venait Ses charmes avaient t vant s dans des prospectus qui trainaient dans toute la ville au fond des poches sous des lits d adolescents dans des poubelles pas encore vid es dans la boue que formait la neige en fondant sur le bas c t des routes On parlait de ses trois trous d amour Quelqu un avait imagin une phrase cl qui disait ses mains sont de forme r elle et ses ongles de pieds sont vernis En g n ral bien que plus ch res V et K avaient beaucoup plus de succ s Elles taient d j parties une bonne quinzaine de fois chacune depuis le d but de l ann e Vera 33 euros la voluptueuse brune nouvelle g n ration offrait sur le m me prospectus un visage au dessin renouvel et ses v tements sexy taient imprim s au moyen de couleurs de grande qualit Elle poss dait des nichons fantastiquement durs et une chatte d une douceur merveilleuse Katia 106 euros nous faisait encore grimper un cran au dessus dans l chelle du plaisir Il tait pr vu qu elle batte les cils de ses yeux bleus au rythme de vos assauts Quel luxe L homme avait h sit un moment L homme avait le prospectus dans la poche ll avait de la neige fondue
32. tualit s D s lors tout le monde peut avoir son avis Ses apparitions t l vis es seront toujours un gage daudience assur e tant Leni Riefenstahl est au c ur de probl ma tiques sociales de notre si cle et de son peuple thique collaboration pouvoir spectacle et aventure d fis extr mes esth tisation et manipulation culpabilit et d sir de puret Leni Riefenstahl celle qui tait ambitieuse manipulatrice et opportuniste qui aimait les hommes le pouvoir et l argent Comment mieux incarner le MAL qu a travers le mensonge et les dissimulations de celle qui fut surnomm e la cin aste de Hitler Celle qui filma les Jeux olympiques de Berlin de 1936 en commengant par nous montrer une carte d Europe marqu e d une croix gamm e et concluant son film par un gros plan d Hit ler Celle encore qui eut pour seul discours celui de l innocence et de l absence de regret puisque la r alit ne Pint ressait pas art et la beaut les d nis du sentiment de responsabilit Apr s une disgr ce interminable de quelques d cennies suivant la chute du r gime fas ciste allemand l histoire se r p te Comme au temps de la nouvelle Allemagne voulue par les nazis lorsqu elle filmait le congr s du parti de Nuremberg de 1934 et r alisait Le Triomphe de la Volont elle est nouveau encens e Sainte femme qui conna t le secret de la dif f rence Partie en Afrique elle a su dompter le sau
33. ADAME par Fernando Carvajal S nchez R compens du premier Prix suisse de la M diation ce r cit met en lumi re les pr jug s et la violence l uvre dans les rapports entre une transsexuelle et un groupe d adolescents Fernando Carvajal S nchez chercheur l Universit de Gen ve Facult de Psychologie et des Sciences de l ducation nous place en t moins d un dialogue renou menant au del de la peur et du rejet R flexions 89 Les crit res h g moniques des cat gories homme et femme sont construits et cristallis s dans une toile de relations st r otyp es leur tour ces crit res vont renforcer les d terminismes qui par ailleurs sont des dispositifs de contr le des corps et assurent la reproduction des r les dominants Autrement dit il ne s agit pas de propri t s biologiquement assign es ni danormalites physiques ou psychiques mais de construction sociale des corps ll est toujours tr s difficile pour une personne ne correspondant pas l id al type d tre accept e Ce texte souhaite montrer comment l acceptation de l alt rit peut tre v cue La m diation en question concernait une transsexuelle que j appellerai Olga Cette dame disait avoir t agress e et insult e par une bande d adolescents d environ treize ans que je nommerai Jo l Luc Carl Yan et Lo c contre lesquels elle a port plainte Cette m diation a n cessit trois r unions successives Lors de la p
34. RUDE STEIN ET ALICE TOKLAS Edward Burns traduit de l anglais tats Unis par Guy Poitry PAGE 86 IL VA VENIR LA MADAME gt Fernando Carvajal S nchez Lectures PAGES 94 100 RETRO Olivier Bouillere Fabrice Huggler PROVINCETOWN PLAYHOUSE JUILLET 1919 J AVAIS 19 ANS Normand Chaurette Guy Poitry LE DOSSIER 51 Michel Deville Pierre Lepori O ON VA PAPA 2 Jean Louis Fournier Gonzague Bochud LA COM DIE DE DIEU Jo o C sar Monteiro Elena Jurissevich DOMODOSSOLA LE SUICIDE DE JEAN GENET Gilles Sebhan Sylvain Th voz GEMMA BOVERY Posy Simmonds Jelena Ristic EDITORIAL Pierre Lepori Au cinqui me num ro d H t rographe force est de constater que dans les textes d auteurs connus et inconnus qui affluent vers le comit de r daction le th me central presque obsessionnel est la sexualit le sexe sous ses formes parfois crues disparates en bordure des solitudes les plus contemporaines ou des aventures les plus hasardeuses dans cette livraison une poup e gonflable prend la parole Gilles Sebhan tandis qu un p re de famille fruste vit son amour t l fantasm pour une star du porno Alban Lefranc Certes nous arpentons toujours des chemins moins explicites comme dans les deux poemes qui ouvrent et cl turent le cahier de cr ation et faisons encore entendre les voix de la marge Mais le sexe est bien l comme une vidence dans nos sommaires Nous ne souhaitons ni une occult
35. a D sol mais c est votre aspect physique qui nous a fait peur Olga bonne joueuse o plus affirm e dans sa f minit maintenant r torque en souriant critures 94 Ah oui c est vrai que je suis assez carr e gt Elle a donc pris cette remarque finale avec bonne humeur et d cid de l attribuer sa carrure plut t qu son identit sexuelle Comme si pour elle les apparences externes laissaient transpara tre une ambigu t qu elle souhaite contenir la fin de la derni re s ance les parents de Lo c se sont approch s d Olga et ont convers aimablement avec elle Ils la consid raient avec une profonde humanite et la traitaient comme la dame qu elle tait mais que d autres avaient malheureusement toujours de la peine a reconna tre Olga gr ce a sa d marche a cherch et obtenu deux types de reconnaissance Non seulement elle a t reconnue en tant que victime d insultes mais encore et surtout comme femme Une argu mentation exclusivement intellectuelle aurait t insuffisante pour r gler le conflit C est gr ce aux discussions aux sentiments et aux motions exprim s par les uns et les autres que les adolescents et a fortiori leurs parents ont accueilli et finalement accept le chan gement d tat d Olga De cette fa on Olga a acquis le respect de ses droits De leur c t les jeunes et leurs parents ont obtenu d Olga qu elle retire sa plainte Dans un contexte d in
36. a nouvelle vie d Hannah Elle n a pas une conversation passionnante et ne poss de ni maison de ma tre ni voiture de sport ni assurance vie D un autre c t elle ne contrarie personne Si elle pouvait tre un peu plus contrariante d ailleurs personne ne s en plaindrait Hannah na jamais froid Hannah ne ment pas L homme n a pas besoin de regarder Hannah pour savoir qu elle est l Hannah ne quittera pas le domicile conjugal Et pour cause Mais Hannah ne rapporte rien non plus Elle ne se charge ni des courses ni du m nage et ne paie pas le loyer Elle ne se penche pas pour passer l aspirateur Elle ne se mouille pas les l vres avant de sourire Elle ne r clame pas un mot gentil ni une faveur Elle ne met pas la musique trop fort Elle ne sent rien Elle ne dit rien Elle n met aucun son par aucun de ses trois trous damour Et quand on la p n tre elle se contente de grincer un peu sechement comme un ballon de plage pr t a exploser 4 Hannah a une place dans le placard Elle n est pas pr sen table Impossible de lui faire tenir le r le d pouse pour l ap ritif Hannah attend sagement que les invit s des hommes en tous points semblables son acqu reur soient repartis Hannah se sent lasse critures 37 Elle pense son pays Elle serait nostalgique mais elle n est pas quip e pour pleurer Elle finit quand m me par d gager un fumet faisand Elle sent l odeur de l homme qui n a jamais pens la
37. abriquez et d sormais plus jamais vous ne pouvez avoir compl tement ce sentiment d avoir peur et honte que vous aviez alors quand vous tiez en train d crire ou daimer cette chose et que personne n avait approuv cette chose Une approbation Aussi importante centrale que soit l ap parition d Alice la nature amoureuse sexuelle de leur relation reste absente des crits lt publics gt de Stein qui se contente d une description factuelle de leur premi re rencontre dans l Autobiographie alors qu Alice Toklas se la rem morera avec emotion dans What Is Remembered ses m moires parus en 1963 Il est vrai qu Alice est c l br e dans les crits exp rimentaux et m me parfois dans une langue rotiquement charg e Mais ces textes restaient inacces sibles du vivant de Stein ou taient jug s trop obscurs pour retenir l attention C est en fait travers deux uvres de Picasso qu on peut envisager la mani re dont Stein et Toklas ont annonc leur vie R flexions 86 commune Gertrude et son fr re avaient achet ensemble plusieurs tableaux du peintre En 1912 pour la premi re fois elle en acquiert un seule La Table de l architecte 1912 New York MoMA ainsi nomm sans doute par Kahnweiler en raison de l querre qui se trouve en haut du tableau avec au dessous deux verres liqueur et une bouteille de vieux marc sur la gauche l inscription MA JOLIE des port es de musique une pipe
38. ait sa tignasse Dans le ciel passaient de petits nuages en vestes de marin des nuages semblables du pain de gruau et des tas de linge L envie de dormir venait et passait Les filles s exclama la m re en sautant sur ses pieds si on veut se baigner alors allons y Ou nous serons en retard pour la s ance gratuite La s ance gratuite Elles se lev rent d un bond se mirent courir de ci de l nou rent les fichus autour de leur t te et se h terent de passer le portail On fit la course en riant puis le calme revint et on chanta d une voix triste le manteau du pauvre h re se prend dans les racines les branches se sont emm l es dans ses cheveux critures 16 De longs brins d herbe dure furent arrach s pour tre dis pos s sous les pieds la sortie de l eau Blanche et am re la s ve coulait et s chait sur les doigts On nageait en battant des pieds on s accroupissait dans l eau en poussant des cris Le soleil se couchait Les moustiques se mirent piquer Les grenouilles coasser Le ciel perdit sa couleur Pherbe se rafra chit La poussi re reposait ti de dans les orni res et chauffait les pieds La rue tait anim e Tous se h taient la s ance gratuite Le porteur d eau passa jetant des regards de haut en bas comme de son tonneau en tortillant ses moustaches Secouant son bras comme Si elle tenait une corde la vieille poinconneuse pressait le pas et les quatre gredins qui
39. an 1998 et dont les deux derniers chiffres eux m mes vacillent 1978 Olivier se retrouve dans son corps d enfant tout en conservant son cerveau dadulte et va parcourir une nouvelle fois cette vie qu il croyait jamais perdue Du haut de ses dix ans il porte un regard profond sur les gens qui l entourent dres sant un tableau de famille aux saveurs proustiennes et retrouve les quartiers de Paris qui ont marqu son enfance la gare d Orsay et ses horloges cass es le mus e Guimet noir de pollution Mais ce parcours va peu peu basculer dans une r alit aux contours troublants ll va conna tre un inhabituel veil sexuel frottant son corps pr pub re une m l e d hommes dans un lieu de drague o acceptant de la part d un inconnu de l alcool une cigarette et un doigt enrob de salive alors qu il assiste d guis en femme un concert d Amanda Lear au Palace et va finalement tre impliqu dans une bien nigmatique affaire de m urs Certaines sc nes m lant violence et volupt sont presque insoute nables et l on chavire tr s loin avec ce personnage d saccord mais ce roman plein de beaut et d humanit nous ap porte dans sa troisi me partie un certain apaisement Je vais appara tre Finalement c est une question d attitude un moment il faut accepter de rev tir une certaine forme d existence gt Lorsqu on songe au retour en force d une certaine morale ambiante on se
40. an e que pour elle avoir t adolescent ne pouvait pas avoir t la m me chose que pour eux qui sont de vrais gt gar ons Justifiant son attitude provocante et insultante envers Olga par un statut d adolescent masculin trahi il lui reconna t indirectement le statut f minin qu elle revendique Cette autojustification du m le a donc un effet b n fique sur Olga pour sa r alit de dame qui nhabitait pas un corps de femme quand elle avait l ge de ses agres seurs Dans une autre situation s agissant d une femme de tou jours l autojustification de Lo c affirmant nous on est des gar ons gt aurait s rement t mal re ue par les femmes pr sentes dans la salle Lo c touche donc une blessure identitaire profonde mais en m me temps lui applique un baume apaisant qui d samorce le conflit La discussion va continuer de se d tendre partir de la remarque de Loic Il rajoute Madame je voulais m excuser si on vous a fait mal Yan Moi aussi excusez moi madame Olga est tr s mue elle a les larmes aux yeux Elle vient de se faire qualifier de madame et en plus on lui pr sente des excuses Yan se met visiblement pleurer mais avec g ne ll baisse la t te et la recouvre de ses bras La tension a t forte On a voqu le respect d aux personnes diff rentes et on a donn l exemple des handicap s ce qui fait cho la situation de la s ur de Yan Carl explique Olg
41. ans un appartement anonyme pour meubler la sexualit d un bel homme fran ais Dans ses romans Presque gentil 2005 F te des p res 2009 publi s chez Deno l et Gallimard partir de 2003 le Parisien Gilles Sebhan a arpent les chemins de la sexualit entre violence et ambigu t pour ensuite s attaquer aux figures tut laires des crivains maudits Tony Duvert et Jean Genet Domodossola Le suicide de Jean Genet 2010 voir notre cahier Lectures critures 33 1 Elle tait l objet L objet s appelait Hannah Elle avait t manufactur e des mois plus t t dans une usine de l ex bloc sovi tique pr sent pulv ris Elle avait sans doute t con ue mais pas par amour on ne peut pas l imaginer ou alors comme une machine par un savant fou Un obs d Un technicien Quelqu un lavait dessin e aussi imparfaite f t elle car Hannah l tait En un sens Terriblement imparfaite Elle avait t sommairement trac e mais cela avait pris quand m me des jours entiers de projets de croquis de tests sur la r sistance des mat riaux Une v ritable cr ation Elle tait imparfaite bien s r bien s r Comme toute femme Seul Dieu est parfait Et un mari au portefeuille garni Elle tait donc imparfaite par d finition Dun autre c t il n y avait pas mieux Elle avait t import e par camion Elle avait travers des for ts vert sombre elle avait subi la chaleur des autoroutes et avai
42. ation ni une surd termination Loin de nous scandaliser cela nous interroge nous imaginons une revue qui s loigne des sentiers battus Mais n est ce pas un clich de retrouver chaque coin de rue la sexualit Est ce peut tre la pr sence du mot homo ou pas dans le sous titre qui renvoie encore et toujours une d marcation sexualis e des genres et des identit s h rit e du XIX si cle et qui finirait par rabattre toujours sur cette cat gorie des chapp es diverses Dans l entretien qu elle nous accorde la juriste Marcela Iacub nous rappelle qu historiquement les interdictions qui frappent le corps et le d sir comme celle qui menace la pornographie dans le pays le plus libre du monde les tats Unis travaillent au c ur m me de l articulation entre ce qu on peut dire ce qu on peut montrer et ce qu on peut faire La bio politique et les instances de productions discursives gt Foucault qui fa onnent nos agissements nos valeurs et nos regrets frappent le plus fort l o le corps s expose dans les travers es de la barri re socialement construite entre l intime et le public entre le tu et le revendiqu critures 10 DE LA LUDIQUE NATURE N en 1954 Santa Catalina de Alejandria dans les Cara bes colombiennes professeur de litt rature l Universit de Carthagene R mulo Bustos Aguirre compte parmi les voix marquantes de la nouvelle po sie co
43. contraste entre l aspect enfantin de Gauge et les queues normes qui la traversent devient vite mouvant puis la raison principale enfin de attirance qu on prouve pour elle Katsumi a plus d allure d j de l humour un vrai sourire sait rester sa place Les petits seins de Katsumi taient un gage de v rit mais elle s en est fait refaire des plus gros mais elle le snobe maintenant mais son regard passe travers le p re pour atteindre un autre spectateur derri re lui son fils Dans Le bal des infirmi res Katsumi se fout ouvertement de sa gueule Eh le p re qu elle crie esp ce de p re Je vais appeler les flics Le p re est f brile depuis qu il essaye d arr ter de fumer on a d plac Gauge dans une autre pi ce le p re rate toujours ce moment le p re finit toujours par se d concentrer ce moment pr cis ils ont d couper le transport de Gauge au montage la voici sur un matelas la pi ce est plus claire les hommes ahanent elle critures 29 sourit elle sourit comme Si elle tait heureuse la mort viendra avec les yeux de Gauge qui fait semblant de jouir Le pastis rend le p re joyeux Il invite le voisin trinquer lui montre ses collections Le voisin s int resse S int resse vraiment pas par politesse le p re sent ces choses Le voisin admire la col lection de films Deux cent soixante dix neuf pr cise le p re Pour le mettre l aise par pure politesse le pere demande
44. du cin ma tographe collait des affiches Il y tait crit S ance gratuite mais Lechka ne savait pas lire Dans un jardinet entour d une palissade brune un marin assis Sur un banc sous un cerisier se dorait au soleil et jouait de la balala ka Transvaal Transvaal critures 14 ll faisait bon dans le jardinet La palissade avait engrang de la chaleur et tait ti de les paules se r chauffaient son contact le tr fle r pandait son parfum Un marin La m re tait d j de retour et se brossait les cheveux devant un clat de miroir On but de l eau bouillante avec du sucre et du pain On souffla sous l effet de la chaleur La m re interdit de se rendre la rivi re Elle tira les rideaux et se coucha Soudain de la musique retentit Tous se pr cipiterent Des pointes de fanions brillaient Des tambours tonnaient De petits coliers d filaient dans la for t avec leurs foulards rouges Une t l gue de kwas roulait avec fracas derri re eux En route Avec les enfants avec les chiens en levant les bras en dansant en sautillant la for t Le marin longeait les jardinets en faisant tourner une filasse Son col bleu volait au vent deux fins rubans voltigeaient derri re sa nuque Un marin La musique s estompait en seloignant et la poussi re retombait Lechka sentit son coeur palpiter Il courut la riviere rejoindre le marin Un marin On accourut de toute par
45. e de la Entretiens 54 Cour europ enne j ai alors compris qu en Europe l expression artistique est plus suspecte plus facilement l objet de condamnations que l ex pression journalistique Bizarrement tout ce qui est dit d une mani re m taphorique est consid r plus grave que les discours directs J ai alors voulu confronter cette situation avec celle des tats Unis et j ai t surprise cette d mocratie a r invent la libert d expression sous la forme la plus radicale qui soit dans des th ories labor es par les juges de la Cour supr me depuis les ann es 1920 Ce n est qu partir de la fin des ann es 1950 que la lib ralisation commence devenir effective Pourtant cette lib ralisation triomphante a trouv un v ritable point d arr t avec le sexe C est pourquoi on peut dire que le sexe n est pas une question d mo cratique comme une autre dans le d bat public Vous avez publi des essais tres pointus mais vous avez aussi confi vos pr occupations intellectuelles une contre figure na ve Louise Tug nes dans Qu avez vous fait de la lib ration sexuelle ou carr ment abord ces questions d une mani re romanesque Aimer tue dans Une journ e dans la vie de Lionel Jospin vous gratignez l homme politique tout en d clarant qu il ne s agit que de pure fiction Pourquoi ces glissements de genre Je ne suis pas du tout une romanci re je suis trop intellectuelle p
46. eces copia el ingenio del hombre detr s de cualquier cuadr pedo se agazapa la met fora de una silla A veces imita el Arte un rbol es la vana y laboriosa duplicaci n de las nervaduras de una hoja dir a Borges y corrobora Magritte A veces suma el coraz n del hombre equivale al coraz n de un tigre m s la fantasmagor a de un ngel A veces resta el hermoso muchacho de la esquina es un ngel menos el ingr vido par de alas A veces simple perversamente juega como en la inquietante condici n de cierta flor carn vora que en las noches abre sus p talos para arrojar los restos de las moscas capturadas durante el d a o en el refinado erotismo de la mantis cuya vida hembra en un acto de suprema generosidad eterniza al macho mientras este goza inmerso en el infinito placer de la c pula critures 12 Leonid Dobytchine Leonid Dobytchine 1894 1936 na publi que quelques brefs r cits et nouvelles lorsque en 1936 TUnion des crivains de Leningrad lui reproche le formalisme et P id al bourgeois de son unique roman La Ville de N Gorod N 1935 traduction fran aise Circ 1993 Boulevers par cette accusation qui lexclut de l espace litt raire russe Dobytchine se serait suicid dans les jours qui suivent Ce n est qu en 1989 que son uvre aussi originale que m connue sera nouveau publi e en Russie critures 13 Lechka sauta en bas de son lit Sa m re ta
47. ement comme toujours au th tre le sac ne contenant que de la ouate et du sang de cochon Mais quand on ouvre le sac apres les dix neuf coups de couteau ass n s par Winslow et son partenaire Alvan c est bien un enfant que l on d couvre poignard Winslow et Alvan seront pendus Charles Charles chappe a la condamnation en se faisant passer pour fou Il l est peut tre r ellement Mais Chaurette se joue des fronti res entre illusion th trale et r alit Le public fran ais et romand a pu voir de lui Les Reines au r pertoire de la Com die fran aise Le Passage de Indiana ou Le Petit K chel Dans toutes ses pieces le sujet n est jamais que le th tre et les multiples ressources qu il offre les pi ges qu il tend Les d tails de l intrigue ne font que donner chair cette r flexion et la chair prend ici la forme de trois beaux adolescents qui se d sirent mutuellement jusqu ce que l un deux d cide daller au del d une simple all gorie et de sacri fier leur propre beaut par le meurtre de enfant qui entra ne aussi la mise a mort de leur enfance Un th tre voir donc pour jouir pleinement de cette jeunesse offerte et du caract re c r moniel de la pi ce Mais un th tre lire aussi tout se rejoue dans la t te du personnage dont le nom m me est comme un b gaiement un th tre fonci rement intellectuel qui ponallalo rolactua ei ton venttoni bia Lectures 98 Le D
48. emmes l exercice physique est en revanche promu comme une n cessit pour celles que l on consid re comme les reproductrices de la race aryenne Pour des motifs de propagande l Allemagne R flexions 80 nazie pr sente lors des Jeux de Berlin 1936 la plus forte d l gation f minine qui remporte un maximum de m dailles C est aussi une femme qui est choisie pour r aliser le film officiel des Jeux de Berlin 1936 Appr ci e par Hitler Leni Riefenstahl a d j tourn sa demande des films de propagande sur les rassemblements annuels du parti nazi Nuremberg en particulier Triumph des Willens 1934 Olympia 1938 prolonge le r le d apaisement jou par l organisation des Jeux o l attention internationale sur la violence int rieure et les vell it s expansionnistes du r gime hitl rien est d tourn e par la mise en sc ne d une rencontre pacifique entre les diff rents peuples accueillis par le puissant Reich Le r f rent antique est largement mis contribution dans le prologue de Fest der V lker la premi re partie d Olympia Leni Riefenstahl r alise par le montage la comparaison r v e entre athl tes grecs et modernes Dans un d cor de ruines antiques on passe en effet par un fondu encha n d une statue de discobole un corps r el signalant ainsi la continuit de l un l autre et la volont d offrir au geste id al fig dans la pierre le mouvement qui lui manquait encore La sortie d Ol
49. ersonnages deviennent des gosses si accabl s Le niveau d objectivation qui les traverse limine toute once de senti ment l gard de la disparition de l autre et des cons quences qu elle pourrait r ellement entra ner Et si on se met penser le sexe de mani re tr s complexe un peu cingl e un peu extr me comme le font mes person nages toute cette violence parfois tr s l mentaire est un moyen de se rapprocher de ceux qui les attirent Dans leur d sir de reconnaissance face ce d bordement confus de sen timents ils cherchent comprendre cet autre en le dessinant en le baisant ou en en tombant amoureux Mais ils pourraient tout aussi bien pour que cet autre leur appartienne complete ment le tuer pour l arracher tous les autres Cette toute puissance en jeu devient en fait absolument logique dans la psychose de mes personnages lls veulent mourir o tuer l autre que je les tue ou que quelqu un les tue mais sans mourir r ellement Je suis tr s frapp par votre accessibilit sur internet via votre blog par exemple Il me semble que c est relativement rare pour un crivain Dans cette autre r alit interactive toute proche vous alimentez ce travail avec de vraies photos de jeunes mecs comment es ce qui n est pas sans rappeler Salopes C est dr le tout coup la r alit semble rattraper vos fictions Je publie chaque mois sur mon blog des photos de jeunes esc
50. espectives celle de Palt rit qui nous red finit done l un par rapport a Pautre Une performance des confrontations mon tour de me refaire une identit Celle du touriste explorateur qui s expose au sauvage qui na pas besoin de partager ou qui croit partager mais qui va surtout a la re cherche de ces images projet es Non pour les D COUVRIR mais bien pour les RECONNAITRE Marcher aussi les yeux ferm s sur une cul ture qui se meurt sur des tres que l on per vertit d un syst me qui n est pas le leur et qui nous donne tous les pouvoirs Le touriste aujourd hui a ceci de commun avec Leni qu il crase en pr tendant ne pas le vouloir ou sans vouloir le voir tout ce vers quoi son fantasme va le porter la d couverte d une richesse al atoire Celle de faire correspondre une r alit objective avec nos pr jug s ce que nous croyons ou pr tendons conna tre Leni Riefenstahl N y a t il pas aussi l oppos de cette vision moraliste manich enne et loign e de notre vision premi re motionnelle la mise en jeu de nos interculturalit s respectives Le postcolonialisme a depuis longtemps com menc travailler Nourries des consid rations de Stuart Hall et de l h ritage des Cultural Studies proches des remarques contempo raines de Maxime Cervulle sur la repr sen tation et finalement aux fronti res politiques des pr occupations de chercheurs comme Jacques Ranci re et so
51. et boueuse sous les chaussures L homme tournait autour d Hannah Hannah ne bougeait critures 35 pas L homme s immobilisa Elle neut pas la moindre r action et pour cause Contrairement l habitude ce n tait pas un client entre deux ges ou m me franchement vieux il ne portait pas un imperm able couleur mastic il ne perdait pas des cheveux tr s fins sur le devant du cr ne Il n avait rien du prototype du mari id al ni m me du repr sentant ni m me du petit commer ant qui se seraient tous port s acqu reur de V voire de K L homme tait jeune h las L homme tait beau h las L homme tait fascin par son d sir pour Hannah H las H las H las Hannah voyait venir le d sastre Elle n aurait pu tomber sur pire pr tendant Il h sitait victime d un d bat int rieur triturant un billet de 20 euros en essayant de renoncer son projet Mais Ils taient destin s l un l autre Lui le plus pauvre Elle la moins ch re Le compte tait vite fait L homme se pr senta la caisse et se f licita lui m me comme un jeune mari 3 Ce qui est bien c est qu elle est vierge Son cachet en plas tique fait foi Durant le trajet qui le ramenait chez lui il avait pris soin de ne croiser aucune connaissance Une fois seul dans l escalier de son immeuble il ouvrit le sac contempla la photo cens e repr senter Hannah et lui fit un clin d il l int rieur de son appartement il se for a d abo
52. flation juridique o l on fait davantage recours la voie juridique pour r tablir les d nis de droit l utilisation d une proc dure alternative comme la m diation a permis de transformer une situation conflictuelle en exp rience posi tive Ainsi la transaction op r e entre Olga et les adolescents a t galement une transaction entre deux univers normatifs Le droit au respect passait par l acceptation morale du changement d tat d Olga critures 95 Lectures 96 Paris PO L 2008 198 p par Fabrice Huggler la fin d une soir e arros e comme souvent de whisky Renutryl et Temesta Olivier erre dans l appartement tandis que son ami Alain s est endormi Ressentant le besoin de sortir il se glisse sous les rideaux du salon et monte sur le balcon La vue lui est famili re mais trangement il ne la reconna t plus tout fait Au lieu du vide il y a maintenant un sol et Olivier franchit soudain la rambarde Le sol r siste Mais son contact c est moi qui vacille comme un reflet sur une eau qu on touche Je descends a travers une pellicule horizontale Mes jambes battent en dessous pendant que le buste est encore retenu un instant Puis je passe Je disparais dans le temps Jespere que je vais m arr ter J esp re que je ne vais pas d passer le moment de ma naissance Une date annonce alors la deuxieme et principale partie de R tro une date ant rieure a celle qui ouvre ce rom
53. gr s et le positivisme scientifique font leur apparition la vie moderne appelle un nouveau corps plus rationnel plus efficace plus fort L activit physique en g n ral et le sport en particulier apparaissent alors comme le moyen d op rer cette r g n ration S inspirant des principes du p dagogue Johann Frederich Guts Muths Gymnastik f r die Jugend 1793 Friedrich Ludwig Jahn 1778 1852 pose alors les bases th oriques et pratiques de l ducation physique contemporaine Plus tard dans le si cle ce v ritable ph nom ne de soci t ne se traduit pas seule ment par la pratique mais donne lieu une culture sportive qui amplifi e par des m dias galement en plein essor cr e les condi tions de nouvelles visions de la corporalit Paradoxalement c est dans l Antiquit qu on cherche alors les canons esth tiques qui vont servir d finir le profil de athlete moderne La r surgence de l olympisme t moigne d ailleurs de ces pr occupations Dans le prolongement des id aux grecs on aspire alors la mise en place de spectacles de masse o les foules saluent la puissance rythmique d hommes et de femmes anim s par cette philosophie de la r novation physique Mais cet engouement g n ralis pour le renouveau des id aux antiques ne constitue pas la seule source d influence de la culture corporelle qui d coule pour une large part d une vaste r action la civilisation industrielle D s le d but du XX s
54. i cle ces id es anticapitalistes influencent de nombreux mouvements artistiques et courants de pens e en Europe centrale qui critiquent de mani re virulente les cons quences sociales du progr s technique et scientifique Stigmatisant la transformation brutale des conditions de la vie quotidienne en milieu urbain des mouvements de r forme de R flexions 78 la vie font leur apparition et opposent cette conception pessimiste du monde moderne une vision libertaire et id alis e de la nature Ils se traduisent par des tendances d orientations politiques des ligues ouvri res aux groupes nationalistes et de provenances sociales tr s vari es o se c toient des mouvements de gymnastique d ducation physique et m me de danse d expression L exp rience de la guerre de 1914 1918 renforce l attrait de la culture corporelle encourag e dans une perspective de renais sance spirituelle et de r g n ration mystique de l humanit apr s les horreurs du conflit mondial Ce climat favorise aussi l essor du mouvement naturiste T moignant de la popularit de ce nouveau mode de vie en plein air de nombreux films centr s sur la corporalit sont tourn s dans l espace germanique Ainsi la grande firme allemande UFA sort en 1926 Force et beaut Wege Zur Kraft und Sch nheit qui montre des athl tes d nud s et des rythmiciennes voluant dans un d cor aux r sonances la fois bucoliques et antiquisantes Mais l apr
55. illens qu a t sa vie Mon travail sur Pimage et la repr sentation choisit dutiliser cette approche du commun du suppos ment connu parce que surexploit Aujourd hui fatigu s des arch types ne som mes nous pas devenus aveugles l image de l autre Quelle position lui donnons nous et dans quel syst me de repr sentation Le portrait serait lessiv de son sens pro fond de sa raison de t moignage individuel au profit d une repr sentativit d sincarn e et finalement d shumanis e Mon voyage en Afrique de janvier 2010 m a permis de r aliser une s rie d images que j ai intitule Leni Riefenstahl my Ethiopia la recherche des derni res tribus thiopiennes vivant de mani re primitive quelques centaines de kilom tres seulement des terri toires noubas Afin de moi aussi aller cher cher la correspondance de ce qui est pour nous l Image de l Afrique travers la carica ture des projections de notre blanchitude Il existe sur le web presque autant de sites consacr s aux photos de vacances que ceux qui d crivent la vie de la cin aste Leni Riefenstahl my Ethiopia Parcourir le terrain des jours durant afin de faire correspondre le st r otype de l homme tout nu tout noir qui vit dans une case id a lement dans une savane br l e par les rayons d un soleil trop chaud une r alit pragma tique Utiliser l autoportrait afin d inclure dans la lecture de nos images r
56. ins de l cran ll conna t Gauge par c ur Gauge prend l une apr s l autre les queues des trois hommes dans sa main sa bouche le fond de sa gorge tout au fond puis deux ensemble dans sa bouche d mesur e Les hommes parlent anglais le p re ne voit pas leur visage il suit Gauge depuis plusieurs ann es il a vu tous ses films ils s aiment passionn ment critures 28 tous les deux Gauge et lui depuis plusieurs ann es Gauge alterne maintenant tr s rapidement le su age des queues aucune logique ne semble pr sider la saisie des queues aucune pr s ance Gauge est concentr e Le p re d teste Clara Morgane son corps lisse ses pr ches sur le port du pr servatif et la paix des m nages le sourire ind racinable qui poin onne son visage Le p re ne lui adresse plus la parole depuis longtemps Gauge met un bref sifflement ext nu quand elle recrache un des membres prend une br ve inspiration avant den avaler un nouveau force de visionner tous les films de Gauge depuis des ann es le p re a fini par s apercevoir que Gauge tait tr s menue Gauge porte des chaussettes blanches des souliers noirs vernis une jupe courte motifs cossais Des couettes ach vent parfois de transformer Gauge en coli re mod le ll suit Gauge depuis plusieurs ann es Beaucoup de masturbateurs distraits ignorent que Gauge est minuscule qu on la bousculerait sans la voir tant elle est fragile Troublant d abord ce
57. ions Ballant cr e par Guillaume Dustan viennent ensuite Femme qui marche H et O 2003 et plusieurs livres en format lectronique Je suis un crivain Cocktail Dans une prose tendre et cruelle il nous livre le r cit par courriels d une s paration amoureuse critures 19 16 juin R que je n envoie pas peut tre est ce de te savoir chez eux peut tre est ce autre chose une fin de journ e charg e peut tre ta voix dans le t l phone et savoir que l on ne se voit que demain soir peut tre aussi me demander si c est possible si j ai le droit comme tu l as et j aime que tu l aies me demander non pas ce que tu diras ou peut tre que c est aussi con que a te tester peut tre que c est parce que je n ai pas dit pendant des ann es et que j ai besoin de dire aujourd hui tout de partager d tre touch et compris et c est le cas jusqu pr sent peut tre est ce parce que je suis seul et que je ne suis pas tr s bien parce que je n en ai pas l habitude pas comme ca peut tre aussi parce que j ai peur du moment o tu me diras que tu en as marre qu on arr te j ai quitt le boulot je suis rentr l appartement j ai d pos mes affaires et je suis retourn au bar que tu n aimes pas j ai bu un verre un deuxi me j ai eu des propositions tr s directes il y avait un couple qui me plaisait ils taient tous les deux actifs j ai pens toi et moi entre
58. it d tre tout le temps dans la circulation et de se sentir relativement isol De maniere tres explicite vos personnages sont d bord s par ce qu ils ressentent En revanche dans leurs relations comme dans leurs dialogues et conflits int rieurs ils essaient constamment de d finir ou de cerner ces sentiments non sans difficult mais d une mani re extre mement pr cise Et la ponctuation et les rythmes de relayer cela Try se termine ainsi Ziggy ressent tellement de trucs qu il est genre incapable de penser Tic tac tic tac Rien foutre du reste Pour moi la confusion est la v rit Elle peut tre effrayante Certains n ont s rement pas la patience de la supporter Alors ils ordonnent tout D une certaine mani re le lecteur en sait plus que le personnage et la fois les personnages ont toujours beau coup de choses cach es que le lecteur ne peut saisir C est tr s complexe et cette relation est vraiment d termi nante dans ce que j essaie de faire C est comme si je jouais constamment entre communication claire et communication confuse Je suis obnu Entretiens 48 bil par leurs pens es et leurs motions par leur monde int rieur Mais pas en terme d objectivation Je ne suis pas int ress par les causes Il y a cette phrase dans Try o Ziggy dit Si tu m aimais tu ne me l cherais pas le cul pendant que je pleure C est brut et terriblement simple en apparence Mais c
59. it encore au travail Comme pench e au dessus d un puits la demi lune irradiait une faible lumi re blanche Le fr le bouleau aux sombres branches restait immobile Sur l herbe des gouttelettes brillaient Les poules et leurs poussins d ambulaient dans la cour en becquetant V tue d une ample robe noire avec des roses bleu clair Trifonikha descendait l escalier en balan ant son ventre Elle tenait une cl dans la main son bras pendait un sac brod avec un tigre Pouah petit cochon s exclama Trifonikha avec un regard en biais Lair important elle partit acheter des petits pains Je me suis lav cria Lechka dans son dos Mordant dans une livre de pain de gruau un porteur d eau moustachu faisait gronder les roues de son chariot La poussi re s levait somnolente et se posait nouveau Grand pere tu me fais faire un tour demanda tendrement Lechka et le porteur d eau l autorisa s asseoir sur son tonneau Tous l enviaient des femmes qui portaient attach s des palanches des pots d argile remplis de lait cuit une poin onneuse lunettes qui menait sa vache et levait sur elle le licou et quatre gredins assis sous un monticule fouiller un sac de linge Ils ont d valis un grenier fit le porteur d eau en les d signant Et il d posa Lechka terre Le soleil s tait lev et commen ait chauffer Il illuminait le pain de gruau dans la buvette de Silebina Un gar onnet
60. it sexuel n tait visible que dans le monde priv celui qui n tait pas accessible au public partir du milieu du XIXe si cle et plus pr cis ment partir des ann es 1970 la spatialisation de la sexualit a laiss la place une psy chologisation de plus en plus pouss e En m me temps que les m urs se lib ralisaient les fronti res spatiales sont devenues des fronti res mentales ce qui a engendr un contr le sur l individu et ses pulsions Comme un syst me de vases communicants au fur et mesure que l espace public se lib ralisait le priv subissait un contr le tatique accru J aime beau coup m me s il s agit d une tendance tr s critiqu e la mani re dont les gens s emparent aujourd hui de l espace public pour parler de questions tr s personnelles Entretiens 56 La possibilit d investir le personnel dans l espace public est mon sens une r ponse de la population au fait que l tat se soit mis surveiller de si pr s notre vie priv e C est comme une mani re de dire ce n est pas seulement l tat qui a droit rendre publics les probl mes priv s pour appliquer des sanctions Nous qui sommes surveill s par lui nous avons aussi le droit d exprimer notre intimit dans l espace public de nous emparer de ce dernier pour en parler de la mani re dont nous le souhaitons Vous avez beaucoup insist dans vos livres sur l id e de l ordre symbolique triste
61. iteur et marchand d art Georges Maratier crit Stein lt Avec ce volume vous ne serez plus une l gende mais une r alit ferme et puissante enfin ce que vous tes exactement gt Il se trompait La l gende Stein na fait que prendre de l ampleur apr s la publication de l ouvrage Quand elle rentre aux tats Unis apr s un s jour de plus de trente ans en France Stein d clare aux journalistes am essentially a realist Le terme n est pourtant pas prendre au pied de la lettre si le marchand d art Daniel Henry Kahnweiler a pu dire delle et de ses amis cubistes qu ils pratiquaient un art r aliste c est dans le sens o ils proposaient une image reconstruite de la r alit Ainsi en va t il aussi bien de ses crits exp rimentaux qu elle consid rait comme son uvre authentique que de ses crits plus publics comme l Autobiographie Les premiers n taient pas mim tiques ils R flexions 84 ne la repr sentaient pas en tant qu individu elle ne cherchait pas les expliquer elle ne donnait aucune cl au lecteur ils taient autosuffisants pour elle L Autobiographie de son c t ne parle que tr s peu de ces crits de sa mani re de travailler et de ses douleurs lorsque les uns apr s les autres les diteurs refusaient ses textes De m me elle reste fort discr te sur ses amours lesbiennes Gertrude Stein a rejoint son fr re Leo Paris l automne 1903 pour chapper aux derniers soubresau
62. j cris sur le sexe vous l aurez compris je n crit pas sur le p nis Par contre le cul pr cis ment est omnipr sent dans presque tous vos romans Il exerce une vraie fasci nation sur vous et vos personnages Les culs ont terriblement l air d tre ce qu ils sont et pourtant ils sont pleins de myst res simples et complexes la fois D abord c est une chose tr s Entretiens 49 fonctionnelle C est parfaitement con u pour s asseoir confortablement C est sur cette partie basique que repose tout le poids du corps Cette dimension tr s fonctionnelle fait que ce n est pas cens tre tr s rotique Et pourtant c est un magnifique travail d architecture dans un certain sens si c est un beau cul bien s r Mais il y a un autre aspect int ressant du cul par rapport a la facon dont le corps est construit moins qu elle ne se torde et fasse son chemin on ne sait trop comment jusqu lui une personne ne conna t pas vraiment son propre cul C est comme s il nous tait cach invisible inaccessible On se situe dans une zone du corps tr s priv e que l autre peut tudier explorer et comprendre bien mieux que son pro pri taire ne le pourra jamais En ce sens le cul appartient l autre Mais surtout je trouve que l on peut y voir une sorte de second visage du corps Pour un corps m le c est concr te ment l unique autre entr e oppos e la bouche Mais il ny a pas d yeux pour te regarde
63. l revint ils taient encore ensemble et le gars plus g tenait le crachoir alors que S bastien ne faisait qu couter Depuis embrasure de la porte menant aux douches il pouvait les voir sans tre vu Et puis apr s une minute environ il abandonna et se retira doucement Traduit de l anglais tats Unis par Sylvain Th voz critures 43 critures 44 Mr N a Zagreb en 1956 et install en Suisse italienne depuis quarante ans Dubravko PuSek a traduit plusieurs po tes croates notamment Sop Tomasovi Dragojevi et fond une maison d dition I Laghi di Plitvice ainsi que la revue litt raire Viola Il est Tauteur de nombreux ouvrages dont Effetto Raman Prix Schiller 2002 Quatre de ses recueils Les stances des morts Pierre de l vres Requiem pour Vukovar Scotopies ont t traduits en fran ais par Christian Viredaz dans la collection Poche Po sie gt des Editions Empreintes 2004 critures 45 Depuis longtemps tu restes d concert devant la multitude des herbes une feuille strictement ovale chaque capitule l extr mit de la tige des fleurs lanc ol es et hermaphrodites cinq p tales r unis dans une langue jaune rousse sur la tranche ext rieure Tout sera r ordonn partir du vert Un vert tincelant qui se jettera dans leur c ur la s ve devenue rapide Nous ne l avons jamais compris Mais on ne peut rien comprendre tant que le dernier soupir ne s est pas
64. le seuil de la boucherie Fran ais qu elle parle con r torque le p re sans se d monter et mieux que toi Ils avancent ainsi Gauge au bras du p re sous les yeux transis de tous les jaloux critures 30 ils ralentissent devant les vitrines les plus ch res ils se penchent sur les nouvelles marques ils commentent les prix tr s fort Voici qu ils rejoignent les bouteilles hors de prix l autre bout du supermarch qu il a envie de la prendre au milieu de la profusion des liquides envie d un jaillissement de tessons vengeurs qui pourfendraient les sceptiques de vagues de vin sanglant qui noieraient les m res et les fils La f te commence vendredi soir son fils a la permission de quitter l appartement son fils d niche pr s de la gare une nouvelle picerie qui fait cr dit Son fils ram ne cahin caha un pack de vingt bouteilles dix litres que le p re vide jusqu au samedi matin Le p re se confie quand il boit Le p re boit pour mieux parler Le p re parle de Gauge son fils le p re lui explique que a ne peut pas continuer comme a cette tristesse ce ratage la famille Il faut qu il comprenne son fils maintenant qu il est au lyc e ce n est plus un b b Est ce que son fils lui dit daller se faire foutre Est ce que le p re a bien entendu Est ce que son fils lui dit qu il peut se carrer une bouteille dans le cul plut t que de emmerder avec ses conneries de clodo Son fils en serait capable on
65. leurs bras j ai pens que l on n avait pas les m mes go ts qu ils ne te plairaient pas j ai pris leur num ro de t l phone je n ai pas donn le mien je n avais pas envie de jouir ou d tre pris je me disais que je serais avec toi demain et que c tait de ta queue que j avais envie en moi comme j ai d autres envies gt critures 20 18 juillet je t avais dit que j crirais plus tard ce soir j ai commenc j ai effac et puis je m y suis remis parce que je pense toi parce que j y pense comme tu dis tu es b te des fois tu fais du mal sans t en rendre compte et puis tu dis apr s que c tait pour rire et que si on peut plus plaisanter h ho on peut plaisanter moi je prends mal a dure une minute ou deux apr s je me raisonne apr s je pense tes six mails d affil e et ton grognement parce que je n en crivais pas un autre apr s je pense l change de sms qui s est conclu sur je Tappellerai si j y pense tu es loin tu fennuies tu es sensible tu joues les gros durs sans c ur mais il est plus gros que toi et moi r unis ce c ur que tu ne veux pas dire tout a du coup je n ai pas le droit de te le dire et je vais l enregistrer et le copier dans mon journal toi je vais crire quelques mots sages qui ne diront pas que j ai t la fois heureux et malheureux de te lire plus t t je t aime un petit peu R je n ai pas le droit de le dire gt 24 juillet
66. lombienne Son abondante production a t r unie en 2004 en un seul volume sous le titre Oraci n del impuro La nature qui est souvent au centre de son travail riche en images et r flexions m taphysiques se pr sente ici sous un jour implacable critures 11 Parfois la nature Simite elle m me le dessin de la feuille du schefflera r p te celui de la feuille du flamboyant OU vice versa Parfois elle imite le talent de l homme derri re un quadrup de quelconque se tapit la m taphore d une chaise Parfois elle imite l Art un arbre est la vaine et laborieuse duplication des nervures d une feuille dirait Borges et souligne Magritte Parfois elle additionne Le c ur de l homme est gal au c ur du tigre la fantasmagorie d un ange en plus Parfois elle soustrait le charmant gar on da c t est un ange les vaporeuses ailes en moins Parfois simplement perversement elle joue comme dans l inqui tante condition d une certaine fleur carnivore qui la nuit ouvre ses p tales pour expulser les restes de mouches captur es pendant la journ e ou dans l rotisme raffin de la mante dont l avide femelle dans un acte de sublime g n rosit ternise le m le pendant que celui ci jouit enfoui dans l infini plaisir de la copulation Traduit de l espagnol Colombie par Yasmina Tippenhauer A veces la naturaleza se copia a sf misma el dise o de la hoja de la cheflera repite el de la hoja de la ceiba o viceversa A v
67. m ricain rend un hommage incisif a confusion des sentiments Vos uvres sont toujours peupl es d adolescents en recherche souvent tr s isol s aux prises avec un monde qui ne leur fait pas de cadeau On vous pr sente comme l ic ne d une litt rature trash sur fond de sexe de drogue et de comportements extr mes Comment d finiriez vous votre travail et qu est ce qui provoque cet lan crire quasi syst matiquement sur le m me type de personnages Je remarque que le sujet de l ado lescence ou d une certaine jeunesse n est pas pris tr s au s rieux Je re grette que ce sur quoi j cris soit souvent d peint ou exprim de mani re si racoleuse gratuitement choquante Le mat riel est manipul En ce sens je naime pas le mot trash gt dans ce qu il repr sente Je n envisage pas du tout mon travail de cette mani re Les adolescents sont consid r s comme ces demi cr atures en transition ni enfants ni adultes Les gens les envi sagent comme temporaires Une sorte de bordel temporaire Or je pense plut t que c est un moment de grande perspicacit de v rit de libert et d audace de croyance m me Alors j essaie de prendre ce que sont font ou subissent ces adolescents et les questions qu ils se posent aussi s rieu sement qu ils le vivent eux m mes Entretiens 47 C est une des raisons pour lesquelles je fais a Et puis mes romans sont tr s influenc s par L A par le fa
68. mand s il pouvait nager nu juste un instant Pour le gardien convaincu c tait totalement inacceptable Il se rappelait qu une fois il avait laiss un homme nager avec un string un homme et une femme taient venus peu apr s avaient vu les fesses d nud es de l homme et offens s s taient plaints au directeur le gardien avait t s v rement r primand averti qu il perdrait son travail si une telle chose devait se reproduire Mais ce soir il y avait un autre gardien grand l gant bien qu un peu lent neuf heures moins dix il avait nag seulement 1500 yards et voulait se restimuler Le soir d avant apr s l change avec le gardien il avait r alis 200 yards de plus et son mile effectu tait parti De nouveau il s arr ta face la chaise du gardien et renou vela sa demande Est ce O K si je nage quelques longueurs nu Eh bien il ny a personne alentour r pondit l autre lentement avec lassitude regardant dans l tendue du grand hall r p ta il ny a personne alentour ajoutant mais vous n tes pas cens le faire Cela ne lui prit que quelques secondes pour accrocher ses pouces la bande de son maillot de bain et le d rouler sur ses critures 40 jambes Pli en deux dans l eau comme s il allait commencer plonger il retira le v tement de ses pieds et ramenant sa t te la surface raidissant son corps il claqua le maillot mouill sur le bord de la
69. mation fut suivie d un grand silence puis d une trange rumeur faite de compassion d tonnement et de curiosit venant de ceux qui ne savaient pas Mais ce qui domine dans ce livre c est la tendresse l amour qu il voue ses enfants et une parfaite franchise Lectures 100 La Com die de Dieu 11995 163 min DVD Grupo de Estudos et Realizagoes 2010 par Elena Jurissevich Grand Prix du Jury au Festival de Venise en 1995 A Com dia de Deus est le second long m trage d une trilogie portugaise qui met en Scene son r alisateur Jo o C sar Monteiro sous les traits de Jean de Dieu un h doniste manipulateur d guis en perfectionniste Ce dernier est bien plus qu un glacier quinquag naire maniaque de l hygi ne de ses vendeuses un v ri table pr tre officiant au Paradis de la Glace l inventeur de l inimitable parfum Paradis la recherche obsessionnelle des eunes vestales qui participeront bon gr mal gr aux ablutions indispensables pour produire sa glace f tiche aux senteurs de L Origine du monde de Gustave Courbet Uintrigue se joue entre la boutique impr gn e d eau de javel ou Jean de Dieu s lectionne ses prochaines initi es et son appartement sur les hauteurs de Lisbonne o il feuillette sa collection de poils pubiens f minins Le film bouleverse la morale bien pensante et interroge sur ses principes de biens ance ll choque et s duit par ses longs plans s quences qui accentuent
70. mique Vaudoise ABONNEMENT ANNUEL 2 NUM ROS CHF 40 Suisse CHF 55 37 Etranger abonnement heterographe com L abonnement comprend l envoi et les frais de port des deux num ros annuels ainsi que l adh sion l Association vous soutenez ainsi le projet H t rographe et vous pouvez participer l assembl e g n rale annuelle CONTACT www heterographe com H t rographe Revue des homolitt ratures ou pas Avenue Montagibert 10 1005 Lausanne Suisse T l phone 41 0 21 323 03 67 info heterographe com Vous pouvez joindre un membre de la r daction par courriel avec son pr nom suivi de heterographe com ADMINISTRATION Association H t rographe Revue des homolitt ratures ou pas Case postale 231 1705 Fribourg Suisse T l phone 41 0 78 659 87 81 admin heterographe com EDITEUR ET DIFFUSEUR Editions d en bas Rue des C tes de Montbenon 30 1003 Lausanne T l phone 41 0 21 323 39 18 enbas bluewin ch www enbas ch ISSN 1662 3150 ISBN 978 2 8290 0405 6 ISBN 978 2 8290 0405 6 Nx D EN BAS 9 782829 004056
71. mme le gardien attachait ses baskets il le regarda longuement Vous allez travailler demain soir Non gt critures 41 Encore merci Son corps nu brillant d humidit il s en alla en direction de la salle de douche fit une pause regarda en arri re Le gardien se penchait sur le sol devant sa chaise le nettoyant lentement avec une serviette de bain YMCA De loin sous la r verb ration des lampes hautes il pouvait voir des flaques gluantes diss min es sur le carrelage lesquelles devaient tre frott es plusieurs fois afin que la serviette les absorbe La salle de douches tait vide et la salle de repos ou se trouvait le sauna aussi Le sauna et le vestiaire taient d serts de m me que dans le corridor conduisant au hall d entr e le bureau du surveillant Dans le hall d entr e il rencontra le r ceptionniste un ancien militaire appel Rocky qui faisait penser un boxeur la retraite Ils se serrerent la main et en hommage aux origines qu b coises de Rocky il dit au revoir Le soir suivant alors qu il conversait avec le gardien de piquet il apprit que le nom du gardien blond tait S bastien et qu il faisait de la comp tition plut t un bon niveau La personne qui lui dit cela tait un homme dau moins quarante ans peut tre cinquante s rement le plus vieux qu il ait rencontr dans un lieu pourtant reconnu pour engager ses gardiens parmi les tudiants cherchant un t
72. mords Je nai pas t un tr s bon p re Souvent je ne les supportais pas Avec eux il fallait une patience d ange et je ne suis pas un ange gt l auteur regrette de ne pas pouvoir communiquer avec ses enfants comme chaque parent le fait de ne pas pouvoir changer et discuter avec eux sur les arts la vie de tous les jours leurs tudes et leurs projets Quand vous tiez petits j ai eu quelquefois la tentation No l de vous offrir un livre un Tintin par exemple On aurait pu en parler ensemble apr s Je ne l ai jamais fait Ce n tait pas la peine vous ne saviez pas lire Vous ne saurez jamais lire Jusqu la fin vos cadeaux de No l seront des cubes ou des petites voitures Pour surmonter le sentiment d impuissance paternelle reste la distance de l humour de l ironie comme lorsqu il se f licite de n avoir pas eu se soucier de leur avenir profes Lectures 99 sionnel pour eux qui ont si peu d avenir devant eux Il parle sans pudeur des tats d me qui l ont souvent travers d sespoir r volte honte regret puisement et parfois l envie de mettre fin au calvaire de ses enfants voque galement le comportement parfois trange des gens face cette r v lation lt Et tes gar ons gt Le repas tait termin tout le monde avait parl de son actualit il fallait r ac tiver l ambiance Saviez vous que Jean Louis a deux enfants handicap s gt L infor
73. n Spectateur Emancip 2008 mes rencontres loign es puis mes images rendent compte de cette instrumen talisation de l alt rit Une confrontation qui induit de fait une incompatibilit de nos cadres de compr hension respectifs ce qui nous s pare jusqu sa visibilit sur l image L authenticit des deux partis n a somme toute d ORIGINELLE que celle que nous d ci dons d y PROJETER La repr sentation d un leurre Celui auquel nous aimerions tous croire et que malgr tout en soci t nous osons perp tuer Leni Riefenstahl Une multitude dindices de lectures antino miques qui pris en compte parlent eux seuls Non pas d un sujet non pas d une ba taille ni de morale non plus Sans doute un peu plus de la relativit de nos existences dans cette contemporan it que nous parta geons avec le spectateur et enfin de l affir mation explicite de nos diff rences pour une relecture de nos identit s portraitur es Diego Sanchez 2011 Images 75 LENI RIEFENSTAHL MY ETHIOPIA Diego Sanchez N en 1977 Gen ve Diego Sanchez est photographe autodidacte Depuis 2002 il d veloppe ses projets de portraits conceptuels travers le monde allant rencontrer certains de ceux que notre soci t occidentale a r ussi classer comme lt st r otyp s Des images o l autoportrait est instrumentalis afin de red
74. nc maintenant par del la mort Sebhan a pris le parti d crire dans le par del de la mort en partant de la fin et la faisant d buter dans l amour de son amant On peut chercher les correspondances on peut les prendre comme donn es Et si tout le travail d criture tait de faire briller ces collu sions clandestines et de les actualiser dans un lieu o temps et espace seraient enfin r concili s en m me temps que dissous Lectures 102 Gemma Bovery Posy Simmonds New York Pantheon Books 1999 106 p Traduction frangaise a paraitre fin 2011 Jelena Ristic Gemma Bovery uvre multiple tant dans sa description sans faille de la bourgeoisie anglaise migr e que dans sa savante orchestration des r f rences litt raires pr c de Tamara Drewe 2007 le dernier roman illustr de Posy Simmonds dessi natrice de presse et illustratrice de livres pour enfants L insistance de l autrice sur les rapports sociaux et motionnels de ses personnages d ja pr sente dans Gemma Bovery a valu Tamara Drewe d tre port e l cran sous la direction du cultis sime Stephen Frears Si Tamara Drewe est inspir par un classique de la litt rature du XIXe si cle Far From the Madding Crowd de Thomas Hardy l h ro ne de Gemma Bovery quant a elle n est pas sans rappeler celle de Flaubert Normandy The Present Day Ainsi s ouvre le roman graphique pastiche savant du roman francais alternant tex
75. ncomitante avec l apparition du crime de suicide On disait que celui qui s tait la vie enlevait un sujet au prince Au fond c est une question qui a structur tout mon travail par la suite Des reliquats de ces structures l sont encore Entretiens 53 pr sents dans le monde qui a suivi la R volution fran aise le devoir de mourir pour la patrie jadis ou les difficult s que l on retrouve encore aujourd hui a l galiser le suicide assist l euthanasie Le droit la vie ressemble trop un devoir de vivre non pas pour soi mais pour un Autre C est pour cela que vous vous tes attach e la question De la pornographie en Am rique votre livre paru en 2010 et sous titr justement La libert d expression l ge de la d mocratie d lib ra tive Il est quand m me paradoxal qu au pays du Premier amende ment la libert de parole et de cr ation souffre des exceptions d s qu on s approche du domaine du sexe Ce livre a une genese tout a fait particuli re en 2007 la Cour europ enne a confirm la condamnation de l crivain francais Mathieu Lindon pour son roman Le proc s de Jean Marie Le Pen pour les propos tenus par un personnage de fiction tant donn que l auteur est un ami j ai suivi de pr s son proc s et je n arrivais pas comprendre comment on pouvait consid rer les propos d un personnage de fiction comme tant diffamatoires En tudiant la jurisprudenc
76. ns long avec toi ca a t si vite parfois je me dis que l erreur a a t de revenir j aurais d apr s avoir pleur apr s que les mots se sont tellement trangl s dans ma gorge que je ne pouvais plus parler que j ai d quitter le travail pli en deux m enfermer dormir toublier m assommer me faire plus de mal encore j aurais d trancher le premier taimer R pourquoi pour me rendre compte que je naime plus les autres pour me rendre compte enfin de tous mes mensonges oui voil ton r le R taimer pour passer autre chose critures 25 critures 26 Alban Lefranc Traducteur fondateur de la revue franco allemande La mer gel e Alban Lefranc 1975 est fascin par le terrorisme allemand mis en sc ne dans ses romans Des foules des bouches des armes L o Scheer 2006 o nous croisons les destins chahut s de R W Fassbinder Attaques sur le chemin le soir dans la neige Le Quartanier 2005 ou de la chan teuse Nico Vous n tiez pas l Verticales 2009 Cet extrait d un roman in dit nous mene sur les chemins d une campagne grise o le reflet t l d une star du porno suscite des passions immod r es critures 27 Le p re suit Gauge depuis plusieurs ann es il la conna t par c ur Gauge a de petites chaussettes blanches des souliers noirs vernis un grand front d tonnement une bouche rouge qui luit de longs sourcils arqu s un chemisier blanc nou qui
77. ntaine d s 1918 pour sa responsabilit dans le premier conflit mondial elle n est pas accept e aux Jeux de 1924 et 1928 Quatre ans plus tard la participation aux Jeux de Los Angeles est per ue comme une occasion ne pas manquer pour r int grer le concert des nations et mettre fin aux diff rents mouvements de boycott organis s contre elle D s leur arriv e au pouvoir les nazis profitent de ces efforts de l gitimation qui avaient port le CIO attribuer les Jeux de 1936 l Allemagne d mocratique de la R pu blique de Weimar Ce mariage entre sport et nazisme n a au d part rien d vident Lid ologie corporelle des nazis consid re en effet le corps humain en fonction de valeurs diverses esth tiques thiques sociales et biologiques Trois secteurs sont donc mis en avant l ducation physique l hygi ne de race et la plastique corporelle Rejetant initialement l id e de comp tition et de record li e aux pra tiques sportives elle r alise au cours des ann es trente l importance populaire et m diatique du ph nom ne ainsi que l occasion de r ussir une formidable op ration publicitaire l occasion des Jeux de Berlin D s lors le r gime mise sur la valorisation du sport et de l olympisme Il s agit non seulement de montrer une Allemagne forte mais avant tout d att nuer l image n gative de prises de positions plus belliqueuses Si les nazis assignent dans leur id ologie un r le subalterne aux f
78. orts et esclaves S M tir s de sites existants Je suis tres intrigu par la facon dont ils choisissent de se repr senter Je suis fascin par le dialogue qu ils ont avec une personne imaginaire dont ils pensent qu elle pourrait les acheter gt et leur d cision de ce qui potentiel lement les rendrait attirants pour les clients Et je suis absolument effar par certaines choses qu ils expriment tant elles sont tranges et tout sauf rotiques Ils se photographient en mecs super sexy et attirants et vont se labelliser non seulement de mani re tr s sexuelle mais paradoxalement aussi bien par des choses soit vrai ment mouvantes soit compl tement confuses mais tr s investies a peut aller de j ai une grosse queue et je vais bien te baiser des trucs comme je ne devrais pas faire a je sais que Dieu me regarde mais j ai pas un rond Le mois dernier il y a eu ce Entretiens 51 gosse qui avait l air d avoir quinze ans un genre d emo portait un T Shirt avec le mot Animal inscrit dessus La description sous la photo disait un truc du genre J ai tu mon chien aujourd hui et j aurais voulu que ce soit moi Et puis juste en dessous de a quelques jours plus tard quand il a mis jour son profil il avait tout coup inscrit en lettre majuscules ARRETEZ DE ME DRAGUER Ces contradictions me fascinent tellement elles conduisent tout mon travail Et ce n est pas la peine de
79. ossier 51 1978 105 min DVD Gaumont Vid o 2009 par Pierre Lepori En 1969 Gilles Perrault Signe aux ditions Fayard un Dossier 51 qui n est rien d autre que ce qu il d signe le dossier tabli par les services de renseignements afin de pi ger un diplomate francais d sign par le chiffre 51 Fouinant dans son pass et dans sa vie priv e des agents emp tr s dans de minables batailles de pouvoir arrivent a d nicher le secret de ses secrets celui la m me que l enqu t ignore son homosexualit latente et sa b tardise Ces d couvertes le feront exploser psychique ment dans un final abrupt et sinistre Adapter l cran un roman qui se refuse toute narration classique et d tourne les codes du polar en vogue alors chez les tenants du Nouveau Roman tait une vraie gageure Si Le Dossier 51 int ressa plusieurs cin astes de l poque on parle m me de Godard seul Michel Deville s y aventura dans un long m trage homo nyme d une rare finesse et d une grande ntelligence filmique Comme dans un puzzle le sc nario repose sur un savant jeu de photos de captations d enregistre ments et de voix off o l influence de la Nouvelle Vague est vidente on pense Alphaville de Godard ou La Jet e de Chris Marker Mais paradoxalement dans un film qui laisse le personnage principal en creux dans le r cit nous ne l aperce vrons qu peine la r ussite de cette adaptation tr
80. our m adon ner vraiment la litt rature et j ai du mal travailler avec les motions Ces ouvrages la limite des genres sont donc plut t des exp riences de pens e Il s agit de livres fort diff rents au regard de mes travaux universitaires car ils sont le r sultat d une inspiration pure Le personnage de Qu avez vous fait de la lib ration sexuelle s est presque manifest tout seul comme une vidence comme une voix qui m habitait Dans le cas de Lionel Jospin j tais impressionn e par certains traits de son caract re dont il n est pas le seul exemple bien entendu Et l encore la voix que j ai employ e pour crire ce livre m est venue toute seule comme dict e par quelqu un d autre Dans mon dernier livre sur la viande ce proc d est diff rent que dans les autres C est aussi le r sultat d une inspiration mais pour la premi re fois j essaie de me servir d un r cit presque litt raire pour des explorations th o riques et philosophiques que je n avais pas faites auparavant Mon souhait est de chercher faire penser des questions tr s importantes et qui concernent tout un chacun notamment l alimentation carn e notre rapport aux animaux partir de proc d s qui soient accessibles un grand public Ce n est pas pour autant un livre de vulgarisation Je ne tente pas de rendre accessibles des choses que je savais d j Je d couvre des probl mes th oriques en m me temps que je
81. piscine aux pieds du gardien Vous allez entrer dedans et me re joindre demanda t il La r ponse tomba d une m me voix lasse Non Il nagea ainsi nu l eau caressant l entier de son corps pendant qu il arpentait la piscine en longueur aller et retour pensait avoir le temps pour faire 500 yards de plus ce qui lui en aurait donn presque 2000 Aussi fatigu qu il fat il se d cida a le faire nu pendant qu il en avait la possibilit Apr s la derni re longueur il revint le long de la ligne s arr tant devant la chaise du gardien Celui ci tait en train de mettre un pull col roul alors qu il se pr parait fermer et partir Il portait une paire de bermudas bleus et alors que le nageur se hissait au bord du bassin il retira son short pour laisser appara tre un maillot de bain Pourtant au lieu de le retirer il prit une paire de jeans qu il passa C tait bon merci beaucoup Vous n tes pas cens le faire r p ta l autre saisissant ses chaussettes et baskets Je sais C est la raison pour laquelle j appr cie que vous m ayez laiss le faire gt Pas de r ponse II refusait obstin ment de regarder le nageur Je peux faire quelque chose pour vous remercier Encore une r ponse s che non Toujours d goulinant maillot de bain la main il alla au bout de la piscine s approcha de la sortie pour prendre sa serviette et mettre ses lunettes puis revint sur ses pas Co
82. r Le cul est un visage qui ne te juge pas Non seulement dans Salopes sous la forme de forums internet comme matrice de fantasmes mais dans la plupart de vos livres vous triturez Entretiens 50 sans cesse une limite entre le d sir le sexe et l an antissement de l autre Je pense une citation de Closer que j aime particuli rement et qui me semble tr s vocatrice ce titre Ce jour l il se trouv rent c te c te devant les urinoirs John tait tellement troubl qu il n arrivait pas pisser M me quelques centim tres David tait de ces beaux garcons dont la peau a Pair en plastique ou en sucre Ne pr tant aucune attention John il perdit ces pr cieuses secondes pass es ensemble raconter au mur que quelqu un le suivait tout le temps John n essaya pas de Tinterrompre De toute fa on il n aurait pas su quoi dire Il avait du mal savoir s il avait envie de dessiner David de coucher avec lui de le tabasser ou de tomber amoureux p 27 L encore vous cherchez volontairement semer le trouble C est vrai que les personnages ne sont pas tout fait s rs de ce qu ils veulent faire En fait je reviens des choses tr s primaires dans mes r cits Je renvoie ce qui nourrit le pouvoir attractif et ses effets sur les person nages Ils essaient constamment de saisir ce quelque chose de l isoler pour comprendre ce qu il veut dire C est pour a que mes p
83. ravail temps partiel Le gars avait un petit bidon qui convenait mal son physique bien b ti et sa belle apparence Au cours de la conversation il y fit allusion en le tapotant disant qu il ferait mieux d tre dans la piscine nager plut t qu marcher autour en regardant les autres le faire Il continua en disant quelque chose propos du fait qu il tait lui m me impliqu dans des comp titions et que l heure qu il pourrait prendre pour s adonner la natation si personne ne surgissait ce critures 42 soir l serait pour lui peine un echauffement Lorsqu il fut questionn sur le fait de nager nu il refusa lui aussi de l assumer par peur des r actions de la hi rarchie En m me temps il sugg ra que Hank le directeur du service des sports soit consult parce qu apr s tout peut tre qu une telle chose tait possible peut tre en fin de soir e juste avant de fermer en effet comme le nageur l avait sugg r Le soir suivant quand il alla nager le m me type tait l mais S bastien travaillait tait t t pas encore sept heures Il pensa nager utiliser le sauna et puis revenir autour de neuf heures moins quart et demander a S bastien s il pouvait de nouveau nager nu Quand il ressortit de la piscine le type plus g tait assis avec S bastien et avait entam avec lui une discussion anim e tout du moins du c t du type Environ une heure plus tard quand i
84. rd faire un peu d ordre puis ouvrit le carton et lib ra Hannah Son mode d emploi tomba terre II le ramassa et le remisa dans une bo te o se trouvaient tous les impay s des trois derniers mois Avec sa belle bouche il gonfla Hannah qui prit corps II tait assis Sur une chaise demi nu et tr s concentr Hannah se laissait faire Il d cacheta son sexe en tant la languette protectrice ressentit une certaine motion Il pronon a un mot qui le rendit ivre pendant quelques secondes II prit Hannah dans ses bras et s allongea avec elle sur le canap lit Il s en servit Ce qui est bien c est qu elle ne change pas Le lendemain il la retrouva identique elle m me Le surlendemain aussi s habituait critures 36 Douce habitude ll se disait ce qui est bien c est qu elle ne bouge pas Il ne lui arrive jamais d tre absente encore moins d tre en retard En retard serait le plus insupportable II la frapperait pour lui apprendre les bonnes mani res Mais l occasion ne se pr sentait pas De toute fa on si on la tue Hannah ne meurt pas Ce qui est bien aussi Et pratique Hannah est une femme parfaite Et imparfaite L homme sait tout cela comme si tout cela se trouvait inscrit sur le mode d emploi dHannah Peut on faire un enfant avec Hannah Hannah a t elle faim a t elle froid R ponse non non non Hannah est avant tout ECONO MIQUE Elle a t pay e une bonne fois pour toutes Idylle L
85. re dans le sens d une psychologie syst matique des relations humaines Ainsi distingue t elle par exemple du c t f minin la prostitu e la m re de tous la lady la ma tresse la servante la s ur la vieille fille celle qui est authentiquement virile Ou du c t R flexions 85 masculin en vrac l homme du monde l Anglo Saxon le prostitu l adolescent le fanatique l me primitive Leo sinsurgera tr s violem ment contre cette taxinomie qu il consid re comme une nouvelle t l ologie La rupture d abord intellectuelle entre le fr re et la s ur apr s des ann es d changes troits entra nera chez Gertrude le sentiment d une grande solitude dans son travail de cr ation Sa rencontre avec Alice Toklas lui permettra non seulement de surmonter cette rupture mais m me de la consommer totalement Leo quittant leur domicile commun pour c der la place Alice l automne 1910 L intervention d cisive d Alice dans sa vie et son uvre peut tre lue dans The Making of Americans vous crivez un livre et pendant que vous l Ecrivez vous avez honte car tout le monde doit penser que vous tes une imb cile ou une folle et pourtant vous l crivez et vous avez honte vous savez que chacun va se moquer de vous ou avoir piti et vous avez un trange sentiment et vous n tes pas tr s convaincue et vous continuez crire Et puis quelqu un l approuve ce que vous aimez ou faites ou f
86. remi re les m diatrices ont re u la partie plaignante la deuxi me elles se sont entretenues avec les cing jeunes mis en cause Si l un d eux seulement tait accompagn par son p re les m res taient pr sentes En outre Yan a une petite s ur infirme moteur c r bral IMC d environ six ans qui tait pr sente elle aussi La troisi me et derni re s ance a r uni les cinq jeunes leurs m res les p res de deux d entre eux ainsi qu Olga accompagn e de son avocate et de son m decin Lors des deux premi res r unions il a t tabli que suite aux insultes dont Olga affirmait avoir t victime de la part des ado lescents elle les a pourchass s avec l intention disait elle de discuter avec eux Le noyau central du conflit entre les parties a t nonc par Carl qui au tout d but de la deuxi me s ance a demand va venir la madame D embl e cette question met en lumi re le point central du litige entre la plaignante et les adolescents accompagn s de leurs parents le statut le genre de cette dame qui son tour cherchait R flexions 90 dans la m diation une source potentielle de reconnaissance et d acceptation de sa diff rence Les propos suivants tenus lors de cette s ance illustrent bien la source du conflit M re de Yan Les enfants ont peur de cette personne Une fois elle a dit une fille je me suis fait op rer pour avoir la m me chose que ta mere
87. s sp cialiste de son uvre et ex cuteur testamentaire d Alice Toklas montre bien la fa on fort ambigu dont elle envisageait son image de lesbienne R flexions 83 Comment d finir L Autobiographie d Alice B Toklas que Gertrude Stein fait para tre en 1933 Est ce une simple autobiographie d guis e de Gertrude Stein elle m me ou l crivaine confie la narration celle qui partage sa vie depuis plus de vingt ans Serait ce plut t ce qu on appelle aujourd hui une autofiction mais alors avec quelle part de fiction la fin de l ouvrage l autrice Stein appara t comme personnage pour d clarer la narratrice Toklas On dirait que vous n allez jamais vous d cider crire cette auto biographie Savez vous ce que je vais faire Je vais l crire pour vous Je vais l crire tout simplement comme Defoe crivit l autobio graphie de Robinson Crusoe Mais Toklas n est pas Robinson elle a bel et bien exist Il ny a donc que le proc d de narration qui soit fictif et non la narratrice Toutefois cette distanciation narrative entra ne une transposition qui tire bien du c t de l autofiction Ce jeu complexe a gar bon nombre de critiques et de bio graphes qui ont n glig la part de fictionnalisation du texte et qui ont cru voir dans le personnage du r cit la personne m me de l autrice la parution d un premier extrait de Autobiographie dans Atlantic Monthly en mai 1933 le jeune d
88. t Les baigneurs sortirent de l eau Ceux qui taient tendus sur le sable saut rent sur leurs pieds Un marin Brun comme un pot d argile il plongea refit surface et se mit nager Il avait sur son bras une ancre bleue ses muscles se gon flaient comme le pain torsad sur l tal de Silebina C est moi qui l ai amen r p tait Lechka avec orgueil ll faisait chaud Lair se striait au dessus de la rivi re critures 15 Des poissons faisaient clapoter la surface de l eau Des barques passaient des femmes aux bandeaux color s se penchaient par dessus bord et trempaient leurs doigts dans l eau Les baigneurs luttaient faisaient des culbutes et marchaient sur les mains Et le soleil continuait sa course Il tait derri re le voil devant il est l heure de d jeuner La m re attendait Les pommes de terre taient cuites le pain et la bouteille d huile sur la table On mangea sati t La m re avait fait l loge de l huile On l cha les cuill res On sortit sur le perron Dans la cour les voisines taient assises sur des couvertures qu elles avaient tendues Elles bercaient les petits enfants chantonnaient tout doucement et se cherchaient les poux avec des couteaux de cuisine Installons nous nous aussi proposa joyeusement la m re Et elle courut chercher une couverture On tait allong Lechka avait pos la t te sur les genoux de sa m re De ses doigts elle fouill
89. t peut tre support l assaut d un chauffeur en manque ou la fougue de douaniers z l s Elle avait vu autour d elle des cartons lac r s comme autant de meurtres Elle avait hurl dans son emballage de contrebande pour qu on la laisse sortir et respirer un peu sur une aire de repos Mais non Elle avait simplement d tre ballott e par les cahots de la route l asphalte ventr passant des zones qui fumaient encore d un combat de guerre civile Paysages disparus Elle avait si peu de m moire et plus rien dans le regard Elle aurait pu se retrouver n importe o dans le monde Ou presque Car il y a des pays o sa simple pr sence pourtant silen cieuse aurait d cha n un s isme de haine On l aurait expos e la vindicte populaire Elle aurait t pendue elle aurait constitu un scandale son visage pourtant sommaire aurait t soumis la censure Finalement tout ce bruit aurait conduit sa lapidation son ventration son embrasement criminel Sa peau aurait t noy e critures 34 dans l essence Hannah flamb e comme une omelette norv gienne peu pr s partout la loi exige qu on la tienne loign e des gar ons mineurs qui pourtant sont infiniment moins chastes que la pauvre Hannah Moins chastes et plus sales De vrais petits animaux Qui se vautreraient bien sur Hannah 2 Hannah est arriv e en France la fin du mois d ao t Elle a attendu dans un hangar pendant des semaines avant d
90. t pourtant pas un pr texte mais un fait qui renvoie a l auto limination en 1964 d Abdallah jeune acrobate pour qui Genet avait crit Le Funambule Ce suicide branlera l ancien taulard au point qu il annoncera a ses proches vouloir renoncer la litt rature Cette relation la vie la mort entre Genet et Abdallah offre Sebhan la possibilit d interroger la nature de son obsession pour son amant Majed ll y a l trop de correspondances pour ne pas commencer crire Les voies s entrem lent celles menant aux fronti res l amour au d sir mais aussi aux arr ts carc raux Genet Lectures 101 mort l criture retrouvait Abdallah Amsterdam comme Sebhan y rencontre Majed survivant D clinaisons tendres d un r cit amoureux que vrille une langue finement torsad e puis polie jusqu a faire miroir Est ce la mort l amour la desti nation finale de ce roman Sebhan suit Genet qui le pr cede et le retrouve en accueillant Majed double d Abdallah qui le d passe On se dit alors que tout cela va mal finir On n est pas crivain sans qu un crime s en soit m l Quatre c urs pour deux amours deux morts d ja Ce livre a un parfum de morgue et d amour printanier Trois ans apres son suicide rat de Domodossola Genet s criait en 1970 dans un meeting des Black Panthers l annonce d une alerte la bombe Maintenant il est entendu que nous avons saut Nous sommes morts Nous sommes do
91. te et images en noir et blanc d une grande finesse En usant de sa plume sans g ne Simmonds met en scene et disseque la trag die quotidienne de la classe moyenne de cette race peu appr ci e en francophonie les Expats La Bovery de Simmonds est une Anglaise qui se marie Charlie un homme dont elle n est pas vraiment amoureuse et avec qui elle finit par migrer en France o les attend leur petite ferme au charme rural dans un petit village de Normandie tout aussi rustique afin de fuir le stress et la grisaille de la m tropole londonienne C est partir de l que l ennui et les regrets s installent Je l imagine allong e l comptant ses erreurs Trois mauvais choix mauvais mari mauvaise maison mauvais endroit Elle serait morte d ennui au fin fond de la Normandie de m me que le b b quand il aurait grandi Le narra teur principal n est de loin pas une voix d sincarn e mais Raymond Joubert le boulanger du coin une sorte de gauchiste rudit et amoureux de la campagne Obs d par Gemma de son vivant il par vient a d rober les journaux intimes de la morte pour lucider sa brutale disparition Car oui Gemma s est suicid e et le bovarysme est bien vivant COMIT DE REDACTION Pierre Lepori directeur crivain traducteur et journaliste radiophonique historien du th tre Elena Jurissevich r dactrice responsable licenci e en Th ologie l Universit de Lausanne et
92. ts de sa relation avec May Bookstaver son ancienne condisciple la Johns Hopkins University de Baltimore Elle n en parle pas dans Autobiographie ne faisant qu une allusion tr s indirecte au roman posthume dans lequel elle avait transpos sa passion tr s physique Q E D Elle met essentiellement en avant sa vie mondaine au 27 rue de Fleurus on l y voit notamment discutant avec Picasso de la philosophie de William James dont elle avait t l l ve l Universit Harvard et de l esth tique de la peinture ou se laissant emporter dans dintenses d bats En r alit durant ces premi res ann es parisiennes elle a d lutter pour surmonter ses frustrations apr s l chec de sa relation avec Bookstaver et pour satisfaire sa recherche d une sagesse personnelle partir de 1903 elle s est efforc e de trouver sa voix d crivain en travaillant son roman The Making of Americans Mais en 1908 la situation devient encore plus douloureuse lorsque son fr re Leo s aper oit de la tournure que prend ce roman apr s leur lecture commune de Sexe et Caract re d Otto Weininger Lanti f ministe et antis mite Weininger y d fend notamment la th se selon laquelle chaque tre humain aurait des composantes mascu lines et f minines les premi res ayant valeur positive les secondes n gative Sur cette base Weininger labore une classification des tres humains dont Gertrude Stein s inspire en tentant daller plus loin enco
93. ts ont couru et ont continu m insulter a a dur un R flexions 91 mois c tait atroce j ai fait une d prime Je ne suis peut tre pas comme tout le monde mais je ne suis pas d accord de me faire insulter Olga reconna t son alt rit son discours est maintenant en tension avec les propos normalisateurs tenus quelques secondes auparavant Olga sait ressent que le changement de genre reste encore peu commun et mal tol r Si nous revenons au r cit de la m diation les parents sont v h ments et font directement des reproches Olga Pourquoi avez vous port plainte contre nos enfants ce ne sont pas des d linquants Le syst me p nal est profond ment stigmatisant le fait d avoir t mis en cause est lourd porter Olga rest e assez calme jusqu ce moment r pond exc d e Vous voulez quoi alors que je leur donne une gifle gt Les m diatrices insistent aupr s des parents pour qu ils se calment Les enfants soutiennent les m diatrices Finalement les parents c dent aux appels l apaisement et finissent par donner la parole leurs enfants Carl On ne vous insulte pas tous les matins On ne savait pas que vous vouliez nous parler Apparait l une premi re reconnaissance implicite des accusations d Olga de la part d un des adolescents Loic ll n y a pas que nous qui vous avons insult e gt Un deuxi me adolescent reconna t les d nonciations d Olga
94. ympia en 1938 donne lieu une c r monie imposante o l on convie les ambassadeurs d une quarantaine de pays Cette manifestation et le succ s remport au plan international par le film serviront encore donner une image rassurante de l Allemagne un mois pourtant apr s l annexion de l Autriche par le Reich Le prologue de Fest der Sch nheit deuxi me partie du film Olympia est quant lui impr gn d aspirations li es la K rperkultur puisqu il montre un groupe de jeunes hommes courant dans la for t avant de se baigner dans un sauna leur musculature soulign e par des clairages fortement contrast s Le film signale aussi que les id aux utopistes et mystiques li s au mouvement de r forme de la vie sont d sormais clairement mis au service d une id ologie natio R flexions S1 nale renouant ainsi avec le sens des exercices d ducation physique patriotiques pr n s par Friedrich Ludwig Jahn un si cle auparavant Non sans d magogie Adolf Hitler l affirme lui m me au lendemain des Olympiades de 1936 Nous voyons merger autour de nous un nouveau corps La lumi re l air et le soleil nous offrent un nouvel id al G Krause Olympische Spiele 1936 cit par Laure Guilbert Danser avec le IF Reich Les danseurs modernes sous le nazisme Editions Complexe Bruxelles 2000 p 305 La valorisation par les nazis d un corps national o les crit res de beaut de la culture corporelle sont assimil s

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