Alain BERENBOOM - Service du Livre Luxembourgeois
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1. flexion le d bat le recul Dans La position du mission naire roux c est la famine africaine le commerce des multinationales dans les pays en voie de d veloppement et l hypocrisie du charity business qui sont clou s au pilori Dans La table de riz pr monitoire puisque crit avant le massacre des tudiants de la place Tien An Men c est une r flexion sur la dictature et le d cervelage dans une soci t polici re Le pique nique des Hollandaises explore l Europe de l apr s Maastricht et du post communisme en promenant ses h ros en Hollande et en Pologne Il nous montre un continent la recherche d une identit d un projet ou d une esp rance qui sortirait les tres de leur solitude et de leur goisme En plongeant ses h ros dans l air du temps et les convulsions de la plan te et en regardant loin au del des fronti res comme si celles ci Alain Berenboom 30 n existaient pas Alain Berenboom renoue mine de rien avec la longue tradition qui a travers la litt rature belge plusieurs poques de De Coster Mertens en passant par Plisnier Jean Ray les surr alistes et Herg Et on ne s tonnera pas que parmi ses crivains pr f r s Alain Berenboom interrog par Le Figaro cite notamment Cervantes Graham Greene Vonnegut Narayan Singer Multatuli et Jules Verne Elsa Colpin2. C tait vrai Nous aurions refus une portion suppl mentaire Tant mieux s exclama t il Alors je peux vous l avouer crevettes poissons poulet l gumes m me le riz tous les mets taient en papier en carton et en soie Ily eut un silence incr dule Se moquait il de nous Personne n osait bouger M me dans la lumi re artificielle de la lampe la table brillait comme nous l avions d couverte pr te tre d vor e Finalement Song Oiaonian tendit ses baguettes et s empara d une crevette Il la regarda longuement comme pour lui faire avouer son forfait avant de la passer d un geste d licat Wang Ho Celui ci gene s en d barrassa entre mes mains L animal tait app tissant croustillant parfait mais en effet fabriqu avec du papier Je fouillai un bol de riz chaque grain sculpt dans de la soie blanche pr sentait une particularit L g rement cras boudin stri de noir aucun n tait pareil Mais quand je plongeai un doigt vers la cr me verte catastrophe ma manche clabouss e goutta sur la belle robe de Sun Tianhua La sauce elle tait vraie et d licieuse Comme aussi la sauce brune transparente dans laquelle baignait le poulet Tout n est donc pas mensonge m exclamai je de mauvaise humeur en essayant de sauver la robe Tu sais bien Nai Minh Ho que les racines des meilleurs menson ges baignent dans la v rit La table de riz p 44 47 Tiens dit mis
3. Jusqu ici si quelqu un lui avait pos la question il aurait r pondu sinc rement surpris qui s y int resse De toute sa vie voil bien un souci qui ne l avait jamais effleure Benerian lui en avait parl comme si a allait de soi Y aurait il eu un rabbin des rites m me tranges des pri res des chants et des larmes Il aurait peut tre compris mais pourquoi accorder une telle importance au fait qu elle tait juive pour d terrer ensuite son corps comme celui d un animal Personne n avait apport de fleurs Il se maudit de n y avoir pas pens Elle haissait Dieu et les rabbins lui avait racont Benerian Pourtant il l avait trait e de Alain Berenboom 26 Juive Il fixa la caisse de bois avec l envie de l ouvrir La reponse s y trouvait enfermee il en etait s r Et nulle part ailleurs Cafmeyer et Mlle Manicewicz taient juifs et bien vivants pourtant dieu sait pourquoi il ne les voyait pas ainsi Il lui parut impossible que quiconque lui explique ce que signifiait tre juif sinon cette morte Avec honte il se dit que cette pens e r v lait peut tre chez lui une forme insidieuse d antisemitisme Suis je contamin par les Polonais I faillit clater de rire au moment o le camion s arr ta le pr cipitant la t te en avant sur le cercueil Un sandwich et des litres de bi re fra che la pression Ce n tait pas Mlle Manicewicz que pensait Van Loo en suivant les employ s des pompes fun
4. approcher du r cipient Ainsi clair e la fum e prenait une forme si trange que des soldats en armes auraient pu surgir ou un fant me la p le figure envelopp de son grand manteau sans nous surprendre Puis la lumi re se posa sur les l gumes rang s par couleur dans un ordre pr cis en commen ant par les plus sombres avant de plonger dans les bols de riz Une multitude de sauces diff rentes semblaient se m langer clairant de mille feux les bols de mets inconnus jusqu ce que l obscu rit faisant progressivement p lir l arc en ciel tombe enfin sur la table en recouvrant les plats d un suaire noir Alors la lune apparut cing fois dans chacun des vases m talliques Vos desserts murmura mon p re Sun Tianhua sourit Et l eclat de ses jolies dents blanches illumina la pi ce D s que la lampe fut allum e on se regarda en clignant des yeux honteux d une telle motion avant que la joie n clate comme la fin d une repr sentation th trale durant ces quelques instants juste avant les applaudissements quand tout est encore possible Les rires et les remerciements fus rent On se serait cru la sortie du banquet Les sens assouvis nous nous sentions aussi rassasi es que si le repas avait d j t aval Merci mille fois chanta Wang Ho suivi de tous les autres convives Alain Berenboom 24 Vous n avez vraiment plus faim interrogea mon pere Tout le monde clata de rire
5. bres l int rieur du cafe Le cur s tait discr tement eclipse En voyant entrer Van Loo Benerian attira son attention d un grand mouvement des bras et Mlle Manicewicz sourit Un de ses d licieux sourire avec fossette Il en aurait oubli les heures d angoisse et de malaise au cimeti re Elle semblait remise et lui plaisantait cyniquement comme son habitude en s agitant tellement que la moiti de son verre se r pandit sur sa veste Vous voulez vraiment manger demanda Benerian goguenard Il passa la commande en polonais un jeune homme maigre qui mordillait son bec de li vre La bi re se r v la ti de et plate la mince tranche de saucisson s che entre les deux tranches de pain dur Van Loo s en contenta sans se plaindre et reprit un autre verre De la paume de la main il ota la trace d un doigt sur l ext rieur du verre Cela ne rendit pas la bi re plus p tillante Une petite vodka pour faire passer le tout demanda Mlle Manicewicz en buvant une tasse de caf Ces deux l paraissaient en pleine forme Le pique nique des Hollandaises p 170 171 Alain Berenboom 27 Alain Berenboom 28 Synthese La position du missionnaire roux renoue apparemment avec l esprit du roman feuilleton une vraie histoire avec des personnages forts embarqu s dans des aventures qui d passent l amour fou comme un moteur du rire et des larmes et une libert totale dans l invention et la g ographi
6. dans une confiture d huitres et de ciboule Et la Du failong le potage de dragon volant murmura Li Ming les yeux exorbit s chaque coin de la table des petits pots de fromage de soja formaient des sentinelles d apparat Entre les plats des vases m talliques remplis d eau refletaient les derniers rayons rouges du soleil couchant gui penetraient par la fen tre De minuscules br le parfums discr tement Juches sur de petits tabourets repandaient les senteurs qui nous avaient saisis notre arriv e Nous pouss mes ensemble un grand cri avant de battre des mains en gloussant Mon p re r clama le silence Alain Berenboom 23 Regardez dit il dans quelques instants le repas va vraiment commencer Il se pr cipita la cuisine et revint avec les bols de riz qu il disposa harmonieusement entre les plats pr sent venez pr s de moi La jolie Sun Tianhua se retrouva tout naturellement contre son paule D abord une crevette murmura t il Comme s il ob issait sa faible voix un rayon du soleil d clinant tomba au m me instant sur le r cipient et les crevettes p les devinrent soudain carlates comme des homards au sortir d une casserole bouillante A boire pr sent demanda mon p re en avan ant un pot fumant Personne ne songea r pondre Nous savions qu il ne s adressait pas nous Il versa le potage br lant et ce signal le soleil quitta lentement le plat de crustac s pour s
7. en ce royaume d Bernard Pascuito Paris 2007 P rilsen ce Royaume Ed Bernard Pascuito 2008 r dition dition revue Ed Genese 2012 Grand Prix des amp crivains francophones 2009 Le Roi du Congo Ed Bernard Pascuito 2009 r dition dition revue Ed Gen se 2012 prix Bernehim de l Acad mie royale de langue et de litt rature en 2010 La Recette du Pigeon l italienne d Gen se 2012 Nouvelles Recueils personnels L auberge espagnole Le Grand Miroir 2002 La Fille du Super 8 Le Grand Miroir 2003 Le ma tre du savon Ed Le Cri 2009 Messsie malgr tout Ed gen se 2011 Alain Berenboom 8 Recueils collectifs La Cerise sur le g teau nouvelle publi e dans Succ s damn s Ed Luce Wilquin 1997 Bloum Bruxelles Bloem in Brussel nouvelle dans ce recueil collectif publi par Le Castor Astral France en fran ais et Meulen hof Amsterdam en n erlandais 2000 Vera v lo nouvelle publi e dans Bruxelles du noir dans la blanche d Autrement 2001 Milou chez les Juifs nouvelle dans Dr les de plumes Moulinsart 2003 crivain belge dans La Belgique toujours grande et belle Ed Complexe 2003 Un bon belge dans Sans tat d me d du Cerisier 2003 Refus d diter ou la Souffrance du Dibuk m La Nouvelle revue fran aise d Gallimard avril 2005 Diverses autres nouvelles parues en revues notamment Jn Hui
8. les marins mod les et autres moissonneuses batteuses mod les Mais pourquoi Mickey Puisque le cin ma U S s affichait nouveau sans honte fallait il se contenter de ces mi vreries pleines de bon sens mais non sous titr es Seul Wang Ho qui vouait un culte sans r serve au cin ma am ricain ne partageait pas nos critiques Vous avez tort de vous moquer de Disney et de son cin ma tendre Que nous imposera t on demain La projection de Alice au pays des merveilles acheva de me dego ter Arr te Ma Gong on n en peut plus On veut de vrais acteurs dans de vraies histoires Montre nous enfin le monde r el Des histoires un peu plus sensuelles souffla Sun Tianhua plus difiantes grogna le sage Song Oiaonian Bravo Miss s exclama Ma Gong pourquoi s en prendre toujours moi Puisque personne ne parvient se mettre d accord revenons Eisenstein Les meres les marins les landaus nous retrouverent cloues a nos chaises Pour peu de temps heureusement Un matin en effet Ma Gong apparut perplexe Je ne sais plus quelles images projeter confessa t il Turenonces al Histoire demanda Wang Ho ce qui eut pour effet de ranimer Ma Gong Alain Berenboom 18 Non non se reprit il Je remonte plus haut En fait je ne vois gu re qu un artiste vous proposer qui domine les autres et toute l histoire du cin ma Joseph Plateau Joseph qui L inve
9. Alice Marginales etc Les pratiques virtuelles du romancier in La Novellisation Leuven University Press KUL 2004 Chroniques r guli res au quotidien Le Soir Juridique Livres Le droit d auteur Ed Larcier 1984 r dition d Larcier 2009 Le nouveau droit d auteur et les droits voisins d Larcier 1994 3e dition 2005 Nouvelle dition 4 2008 Chronique p riodique de jurisprudence en mati re de droit d auteur au Journal des Tribunaux Alain Berenboom 9 Diverses contributions dans des ouvrages juridiques collectifs dont Droit d auteur et bandes dessin es Bruylant La Censure Larcier 2003 Le Trait de Maestricht Mode d emploi Ed 10 18 Divers articles et communications dans actes de colloques R dacteur en chef de la revue Auteurs amp Media Editeur de la collection Cr ation Communication Information aux Ed Larcier Outre de nombreux articles juridiques Alain Berenboom a publi plusieurs nouvelles notamment dans l hebdomadaire L Instant Bruxelles ainsi que dans des revues litt raires comme L Ing nu St Germain en Laye In hui Paris Bruxelles et dans l ouvrage collectif Qu est ce que la litt rature erotique Zulma Paris 1993 Alain Berenboom 11 Texte et analyse Je m interroge parfois sur ce que deviendra l art chez nous depuis que le sexe est lib r Quelle est votre exp rience de la question demand
10. DDR T DE BELGIQUE Alain BERENBOOM Photo J L Geoffroy Par Elsa Colpin 1994 Peut on rire de tout Oui r pond r solument Alain Berenboom dont Vironie n pargne personne pas m me les Suisses Paradoxe la biographie de ce romancier impertinent avocat expert professeur d universit droits de l homme etc ne pr pare pas ses lecteurs au choc de La position du missionnaire roux de La table de riz ou du Pique nique des Hollandaises Des romans qui pinglent cruellement les travers d une poque d boussol e qui cherche d sesp r ment une morale Plut t que d assener ses lecteurs des v rit s toutes faites Alain Berenboom les emm ne comme Tintin aux quatre coins de la plan te Les plus fut s auront remarqu qu apr s l Afrique La position du missionnaire roux il s est lanc dans un roman chinois La table de riz en attendant la Syldavie Le pique nique des Hollandaises L itin raire du plus c l bre reporter du petit XX me Mais la ligne claire est devenue trouble C est l poque qui veut a Alain Berenboom 5 Biographie Qu est ce qui alimente Alain Berenboom crivain D abord son m tier d avocat tre crivain en Belgique n tant gu re alimentaire explique t il Simple boutade Avocat professeur de droit d auteur et de droit de l audiovisuel l Universit Libre de Bruxelles auteur de plusieurs rapports sur la situation des droits de
11. Homme dans les ann es septante Alain Berenboom n est pas seulement juriste le jour pour lui permettre d crire la nuit Ces activit s se m lent Lorsqu on lit ses crits juridiques on retrouve sous l analyse technique son style mordant et parfois m me l imper tinence du romancier Quant ses romans ne tournent ils pas autour des droits de l homme et plus largement autour de la recherche de la justice N Bruxelles en 1947 de parents venus de Pologne et de Lituanie dont une grande partie de la famille a t d cim e pendant la guerre par les Allemands Alain Berenboom a toujours t plong dans une atmosph re cosmopolite Passionn de cin ma il a t critique de cin ma et est adminis trateur de la Cin math que royale de Belgique il se rappelle Enfant de la nouvelle vague fran aise je n ai pas toujours avou mes amis cin philes que je pr f rais Jerry Lewis Jean Luc Godard et les films d horreur de Terence Fisher la m lancolie morbide de Louis Malle Et encore J ai vraiment commenc comprendre mes go ts cin matographiques quand j ai abandonn l expressionnisme spectaculaire mais gourm de Fritz Lang au profit de la magie intimiste rotique et personnelle de G W Pabst Docteur en droit et licenci en droit conomique de l Universit Libre de Bruxelles il est reconnu comme le plus minent sp cialiste belge du droit d auteur Son trait Le droit d a
12. a brusquement Benerian en se tournant vers Van Loo qui essayait de le suivre toute vitesse ils parcouraient les quartiers lugubres des minist res encore assombris par la pluie Occup ne pas se faire l cher par le fonctionnaire fou Van Loo ne r agit pas imm diatement et continua de courir L trange question commen a le turlupiner l instant o Benerian disparut sous le porche d une maison Dans l obscurit du hall Van Loo t tonna avant de trouver l interrupteur qu il tourna sans r sultat Le son m tallique du ressort ne faisant pas r appa ra tre son guide il se d cida l appeler Pan Benerian Procze pan Benerian I avait lanc dans le noir les seuls mots de polonais qu il connaissait Une voix se fit entendre Une voix de femme Hier bitte Mister vieni qui Une faible lueur claira un escalier En montant Van Loo faillit heurter une silhouette menue qui passait la t te au dessus de la rampe Ola fit la dame Kommen Sie mit Sadi Alors vieni qua Trop surpris pour s interroger il la suivit dans un minuscule appartement encombre de tableaux de dessins et de sculptures mergeant d un fauteuil coinc entre un chevalet et une rang e de toiles pos es contre le mur Benerian s cria H bien Van Loo Qu est ce que vous attendiez Je vous croyais impatient de tater de l me polonaise La jeune dame r apparut Dans la lumi re sa peau d ivoire semblait par e des plus beaux bijo
13. de sonore a autant d importance que l image le dialogue provocant la pluie le son m tallique du ressort de l interrupteur r calcitrant la voix d une femme qui r sonne dans une cage d escalier et ce texte trange polyglotte et pourtant compr hensible Synth se des deux pr c dents romans Le pique nique des Hollandai ses m le en effet le ton satirique l rotisme provocant de La position du missionnaire roux et la m lancolie lunaire de La table de riz Un des personnages secondaires de ce faux roman la chinoise Van Loo l poque attach culturel belge en Chine devient le personnage principal du Pique nique ici attach culturel Varsovie Les trois romans d veloppent leurs intrigues dans un contexte politique troubl et tr s actuel La premi re phrase de l extrait situe d embl e l importance que le romancier attache l poque et au lieu qu il s est choisi pour y promener ses personnages ici la Pologne post communiste Il le fait de fa on provocante et humoristique mais sans s y attarder ni s essayer l analyse politique Mine de rien l extrait choisi est un passage essentiel du roman comme l est dans tout roman d amour la sc ne de la rencontre entre le h ros et la future femme de sa vie Encore une fois Alain Berenboom dynamite les lois du genre le h ros ahuri fonce dans le noir Ce qui Alain Berenboom 13 Vint resse c est de ne pas perdre la trace du
14. e Si le roman ne comporte pas de chapitres au sens strict du terme il est compos d une succession de sc nes qui chacune pourraient tre une histoire en soi Pourtant l ensemble est coh rent chaque tableau contenant les l ments n cessaires la suite du feuilleton Les textes suivants le confirmeront La table de riz et Le pique nique des Hollandaises Alain Berenboom nourrit ses histoires d autres histoires qui se m lent s intercalent se cognent Un subtil collage une construction apparemment compliqu e qui se parcourt pourtant toute vitesse comme les meilleurs romans picaresques Mais plus que le roman feuilleton c est le cin ma qui a influenc l auteur de La table de riz un roman dont les principaux personnages sont tudiants d une cole de cin ma et qui passent leur temps r ver de films occidentaux mythiques Le r cit est construit lui aussi comme un film avec flash back et inserts On y trouve m me le synopsis int gral d un film joli clin d ceil aux expressionnistes allemands Si l auteur s inspire des techniques du roman du cin ma populaire ou du thriller il y a m me un court r cit de science fiction dans La position du missionnaire roux c est pour mieux le d tourner et les tordre de rire Aucun des personnages n est jamais tout blanc ou tout noir Les bons r v lent peu peu leurs turpitudes et les m chants apparaissent fragiles et Alain Berenboom 29 parfo
15. ent en se servant d une cam ra mont e sur roulettes Tout le film tait construit comme si le destin du h ros suivait une seule et interminable ligne circulaire Les images coup es d aucun plan fixe donnaient le vertige Une impression renforc e par un clairage glauque et un d cor sinistre un port battu par les vents et une succession de bars sordides dans lesquels les personnages n arr taient pas de s enivrer Toujours Alain Berenboom 21 aussi en forme le grand cin aste reprit la parole des l apparition du mot fin sans l abandonner jusqu ce que la s ance f t lev e je ne sais combien d heures et de cigares plus tard Vu notre tat c est miracle qu on ne compt t pas d vanouissement Pour r sister l engourdis sement Sun Tianhua me recita a voix basse son livre de cuisine prefere de la premi re a la derni re recette Cinquante sept repas imaginaires nous permirent de dig rer ce que nous venions de voir sans subir le d tail des ingr dients L hommage se poursuivit le lendemain avec ses derniers films adapt s d oeuvres classiques fameuses La c l brit n avait pas r ussi les pr server Leurs auteurs morts depuis longtemps ne courant pas dans ses pattes son g nie s tait panoui librement permettant ses mains muscl es de mouler cette mati re brute selon son inspiration On avait l impression que la r putation des livres dont il s tait servi avait attis sa ra
16. enthousiaste Avec moi fin des tabous Les spectateurs ont d couvert la pr sence des plafonds dans les sc nes tourn es en int rieur Il se rengorgea s r de son effet Nous nous regard mes un peu genes Se moguait il de nous Vous ne saisissez pas Son norme rire traversa la salle avant de lui revenir dans la bouche coutez Et de nous citer une liste interminable de critiques fameux et d intellectuels minents qui avaient c l br l apparition des plafonds l cran avec plus d enthousiasme que l effort de guerre les deux v nements coincidaient Mais du sujet de son film il ne dit pas un mot Comme si cette affaire de plafond justifiait seule sa place dans l histoire du cin ma Jusque la le dessus du d cor n appa raissait pas les techniciens consid raient que l clairage devait venir d en haut Moi d clara t il j ai oblig les decorateurs boucher la route du ciel il tendit son cigare au dessus de sa t te pour tre s r que nous saisissions ses intentions pour faire jaillir la lumi re au niveau de l Homme il baissa la Alain Berenboom 20 main et se tapa la poitrine au risque de se br ler L Homme touffe priv du feu de Dieu Certes les acteurs aussi cause du plateau surchauffe mais le message passe Bouff e de fum e Sa t te disparut un instant Tres fier de son effet il nous pr senta son second film l adaptation d un roman policier Une m diocre s rie
17. fonctionnaire polonais aux basques duquel il s accroche la rencontre avec l h ro ne est clownesque et le dialogue voque plut t la m thode Berlitz que Rom o et Juliette L extrait claire ce qui caract rise le style d Alain Berenboom un m lange de descriptions rapides et de dialogues d brid s Peu d adjectifs mais des mots pr cis qui contiennent l image recherch e un style direct qui m le pr sent et pass pour viser la plus grande efficacit Il vite syst matiquement la pr ciosit pas d effet litt raire pas de phrase qui arr te la lecture et des bouts de dialogues en plusieurs langues non traduits int gr s dans le r cit Dans la sc ne que nous avons retenue le c t tragique du livre qui n appara t qu en fin de parcours ne se devine pas Mais m me dans la m lancolie le style Berenboom reste alerte direct et saugrenu On peut le rapprocher de certains romanciers am ricains Caldwell Cain ou britanniques Graham Swift Ishiguro Narayan Lodge galement pour les th mes qu il choisit sexe politique m moire et brutalit du monde autour du petit homme seul Mais au lieu de verser dans la noirceur Alain Berenboom qui a manifestement go t aux surr alistes belges A Baillon Magritte Scutenaire s en tire toujours par un pied de nez Alain Berenboom 15 Choix d extraits Je hais l Afrique je hais l Afrique A quoi bon r p ter cette phrase a mon vois
18. ge multipliant les trahisons transformant des personnages que l crivain avait voulu bons et vertueux en brutes sadiques ou t lescopant les poques pour d monter le ridicule des intrigues Ainsi d un drame de Shakespeare il avait donn selon son expression une interpr tation sauvage Son film semblait avoir t tourn sans clairages toujours l avarice des producteurs avec des acteurs en haillons qui hurlaient leur texte comme si le mat riel d enregistrement avait t arrach d une vieille publicit de la Voix de son Maitre Dans la derni re s quence une gigantesque explosion nucl aire engloutissait les personnages encore en vie Pendant que l avion qui avait lache la bombe s loignait le grand cin aste soupirait en voix off Shakespeare c est le plus grand La table de riz p 26 29 Je me lavai chez Sun Tianhua et passai exceptionnellement une robe de f te Je me permis m me du noir autour des yeux Sans ma veste et mon pantalon habituels je me sentais aussi maladroite que si je m tais gliss e dans la peau d une autre Une voix me disait tu ressembles une courtisane Quelle pens e stupide alors que Sun Tianhua changea cinq Alain Berenboom 22 fois de vetements avant de se decider pour une robe rouge fendue jusqu au dessous des fesses Et elle m obligea refaire sa coiffure toutes les heures Je la regardai avec admiration J aimais la fa on dont les robes couvra
19. ient son corps Malgr ses cuisses un peu paisses elle donnait l impression d tre insaisissable comme si chaque pouce de sa peau tait en mouvement Moi quand je porte de beaux habits il y a toujours quelque chose qui cloche Ils perdent aussit t leurs lignes harmonieuses se d tendent et se plissent comme si la pluie les avait imbib s Mais ce soir gr ce a Sun Tianhua j avais l allure d une de ces superbes masseuses du quartier ouest invit es par le commandant de district J en tais assez fi re Enfin nous tions pr ts Wang Ho avait pr par un discours et Li Ming des po mes burlesques Des le hall d entr e une odeur enivrante nous enveloppa M me Song Oiaonian salivait la bouche ouverte Un m lange d licat d aromates et de parfums caressaient la peau l chant les l vres avant de s insinuer insidieusement dans la gorge Impossible de ne pas se pr cipiter vers la table La nous attendaient un assortiment de hors d oeuvre dispos s avec tant de raffinement que personne ne songea y toucher Des crevettes baignees par une cr me verte comme si elles sortaient de la mer du blanc de poulet formant une fresque des poissons crus entour s de verdure des l gumes rouges verts mauves noirs dispos s comme sur un chiquier Des bols de nourritures inconnues D apr s les descriptions que j avais lues je devinais des ailes de requin et m me des cr pes de canard laqu d coup es en fines lamelles et roul es
20. in D abord il est noir Et l Afrique doit lui sortir de la peau comme moi Cette Afrique qui nous regarde avec indiff rence moi mon voisin et les trois cent cinquante deux autres passagers de cet avion immobilis depuis trois jours sur l a roport N Krumah d Accra Ghana N Krumah c est le nom du premier president du Ghana et le liberateur de ses cing millions d habitants Ses successeurs eux semblent incapa bles de lib rer trois cent cinguante guatre personnes Il est vrai que les pirates de l air qui nous tiennent en otage depuis Rome Italie ne parviennent m me pas obtenir la lib ration de leurs trois compagnons d tenus en France Pourquoi les choses simples se compliquent elles d s que l on commence en parler Si ces trois bonshommes quittent leur prison francaise les trois cent cinguante guatre passagers de cet avion lib reront les cing millions de Ghan ens de leur encombrante pr sence Cinq millions Ils doivent tre quinze millions aujourd hui Ces Africains n arr tent pas de se reproduire Et certains s tonnent qu ils aient le ventre vide Je sais ce que je dis je travaille chez Nestle Departement lait en poudre Ma sp cialit l Afrique La position du missionnaire roux p 9 Ah La rage du missionnaire lorsque je lui avais lanc ce discours la t te l issue d une de ses conf rences o ma femme m avait entra n Il lui tait facile de briller devant une salle de par
21. is tendres Par exemple le narrateur de Za position du missionnaire roux salaud int gral la premi re page et que l on se prend aimer en fin de parcours Ma Yong commissaire politique dans La table de riz froid cynique et calculateur s av re un sentimental id aliste Redoutable pi ge dans lequel l auteur fait tomber ses lecteurs Cafmeyer peintre faussaire d abord pr sent comme vieux et grognon se r v le le personnage le plus poignant du Pique nique des Hollandaises et dans le m me roman Benerian fonctionnaire polonais corrompu qui s est adapt tous les r gimes et collabore au projet odieux de transformer Auschwitz en une sorte de parc d attraction reste un tre complexe profond ment humain peut tre le plus sympathique des personnages du roman Cette ambiva lence des tres Alain Berenboom la cultive avec un art si ma tris que ses personnages deviennent inoubliables parce qu avec leurs lans mais aussi leurs faiblesses ils sont tellement humains tellement vrais De Jim P te sec le missionnaire roux aux trois hollandaises du Pique nique du directeur de la division lait pour l Afrique de son premier roman Van Loo attach culturel Varsovie dans son dernier ils forment une grande famille dont le lecteur aimerait faire partie Derri re le burlesque les romans d Alain Berenboom camouflent des intentions morales comme si seule l ironie et le rire pouvaient d clencher la r
22. noire pr cisa t il imm diatement que je n ai jamais t capable de lire au del du troisi me chapitre Peu importe je voulais disposer d un mat riau brut pour le fa onner librement Un bon conseil vitez d adapter les romanciers contemporains Avec leur manie de venir se fourrer dans vos pattes pour s assurer que vous ne trahissez pas leur chef d oeuvre il ne vous reste qu fabriquer un t l film dont les photos illustreront la r dition de leur bouquin en collection de poche Retenez une chose ne jamais coller l histoire Pour faire du cin ma occupez vous du style Raconter des histoires c est l affaire des fonctionnaires qui travaillent pour la t l vision Le film se r v la aussi incompr hensible qu il nous l avait annonc La faute aux producteurs expliqua t il sur une intervention de la jolie Sun Tianhua dont le doigt lev avait imm diatement attir son attention N avait il pas affirm le contraire tout l heure Dans le syst me capitaliste l argent commande tout Il enl ve l oeuvre son auteur de la m me fa on que l arm e arrache le fils sa m re La r plique tant destin e faire rire nous nous empress mes de pouffer poliment Apres un coup d oeil aux jolies dents de Sun Tianhua il prit un air satisfait L originalit cette fois r sultait para t il de l emploi syst matique du travelling cet artifice qui consiste donner l illusion du mouvem
23. nteur du cin ma camarades En personne Maudit soit il lan ai je Pourquoi ne nous as tu jamais montr ses films Il est russe ou am ricain Ni l un ni l autre Il est belge Et c est une mauvaise raison de d daigner ses oeuvres mais voil il n a laiss aucune trace Pauvre Joseph Plateau qui n a pas compris que la lumi re doit tre fix e sur pellicule et projet e sur un cran Coinc dans son id ologie individua liste il a cru que chaque spectateur peut conserver l image de son choix sur sa r tine Regardez moi dit il pour confondre les incr dules Je suis capable d imprimer sur ma r tine l image du soleil Et le voil qui s avance sans chapeau se plante bien droit face au ciel tout bleu rel ve la t te et sans ciller fixe l astre ternel Bilan deux yeux carbonis s Exit Joseph Plateau condamn errer le reste de ses jours avec ses orbites vides devant des crans teints Un aveugle belge inventeur du cinema Voil comment on nous apprenait l Histoire Quand j ai propos de rebaptiser l cole son nom tout le monde a clat de rire Quel est son m rite Il n a laiss aucun film Rien qui puisse tre montr en exemple Si on l appelait cole Rock Hudson sugg ra Li Ming l eff min Bravo applaudit Wang Ho Revenons au cin ma am ricain Ma Gong allait il d sormais nous priver d images comme Joseph Plateau son dernier h ros Ou les r se
24. rvait il comme le murmurait perfidement la belle Sun Tianhua celles qui acceptaient ses invitations Le bruit court me dit elle avec son merveilleux sourire qu il poss de une superbe collection d anciens magazines am ricains remplis de photos Alain Berenboom 19 de stars Merci pas pour moi Admirer des acteurs morts Je n ai aucune envie de contempler des cadavres sur papier glace avant de me r chauffer dans ses bras L amour la mort et tout a il ne m aura pas avec ces calembredaines La table de riz p 15 17 Lorsque nous rencontrons des artistes trangers ils se comportent envers nous comme des missionnaires en Afrique Que croient ils nous apporter que nous n ayons d couvert avant eux Notre professeur d histoire de la culture M Lai Ju dit que les Europ ens sont atteints du syndrome de Gutenberg Du nom de cet Allemand qui se vantait d avoir invent l imprimerie alors que nous l utilisions depuis quatre cents ans Un r alisateur dont je tairai le nom vint nous pr senter ses oeuvres Apr s la projection de son premier film consid r partout comme un grand classique il nous expliqua pourquoi il tait pass la post rit Un succ s se b tit sur une id e pourvu qu elle soit originale La mienne mes amis a boulevers le septi me art Il se tourna vers nous hilare le cigare lev comme un pistolet Mais comme nous ne d marrions pas son signal il poursuivit sur un ton moins
25. s Biceps en levant le nez vers Van Loo D apr s cette revue dans les pays de l Est les pouses ont douze fois plus de chance de se faire violer par leur mari que par un inconnu Ah oui Mon Dieu c est choquant balbutia le diplomate troubl comme si elle avait lu dans ses pens es Alain Berenboom 25 Ce que je me demande c est si vous financez ce genre d enqu te Selon Liza vous repr sentez l Europe Varsovie ou quelque chose comme a La fausse adolescente jeta un bref regard vers eux Liza c tait elle manifestement Plus exactement je suis attach culturel de Belgique Apr s une h sitation il ajouta Je devrais dire francophone Et les sondages c est dans vos cordes vrai dire je ne sais pas trop bredouilla Van Loo Peut tre s ils concernent le viol de femmes francophones Miss Biceps jeta sa cigarette et sortit une tartine un peu cras e de son sac Elle n arr tait jamais de manger Le pique nique des Hollandaises p 124 Van Loo monta sur la plate forme du camion en compagnie du cercueil Il avait d sesp r ment besoin d air frais Sans un regard pour lui les employ s des pompes fun bres et le pr tre prirent place dans l habitacle Le camion se mit en route sur le rythme lent de ses occupants En contemplant le cercueil de la vieille dame pour la premi re fois seul face elle il songea qu elle tait juive et se demanda ce que cela voulait dire
26. s la confusion quelles directives se fier Elles filaient dans tous les sens comme les destinations affich es au tableau de la gare centrale Quand j tais assez b te pour avouer mon d sarroi Ma Gong il disait la voix grave Le pr sent est incertain et le futur plein d aleas Me voila bien avanc e Qu offrait il Comme tous les m chants l tude du pass Ma Gong se bombardait sp cialiste de l histoire du cin ma La m moire il s y vautrait comme un porc dans la boue N est ce pas dans la boue qu on d terre les traces des temps anciens Encore si son histoire du cin ma se montrait immuable comme les colonnes des pagodes de la colline pr s de la lune bleue Mais chez Ma Gong elle se faisait capricieuse fluctuante engloutissant un un ceux qui mergeaient la veille Avec la souplesse d un acrobate il changeait Alain Berenboom 17 continuellement de modele Imaginez un musee qui modifierait chaque matin les l gendes des objets en vitrine Pendant quelques mois il exalta S M Eisenstein un titan un g nie avant de le traiter du jour au lendemain de clown au service du culte de la personnalit et de le remplacer par Walt Disney la trappe le Cuirass Potemkine sa viande avari e son landau cascadeur et ses interminables escaliers Place Mickey part Song Qiaonian aucun d entre nous ne regretta les images oppressantes et fig es du titan et son cort ge de m res mod
27. tisans convaincus d avance pr ts verser leur obole pour soulager leur mauvaise cons cience d Occidentaux repus Ce n est pas mon cas Comme je le dis souvent C line Je suis fier d tre Suisse ce n est pas seulement une Alain Berenboom 16 nationalite c est une fagon de penser un certain etat de la civilisation Celine qui est restee Belge apres notre mariage faisait semblant de detester cette phrase La premiere fois elle m avait r pliqu La Suisse vit sur le dos d un tas de monde sans en faire vivre aucun Nous tions sur la terrasse au premier tage de la maison la nuit tait douce et nous regardions le grand jet d eau qui s l ve au dessus du lac de Gen ve Sa r ponse m avait d abord interloqu puis j avais clat de rire J aimais sa franchise son ton mutin et son ind pendance Je m approchai de ses l vres et l entrainai sur le canap Nous tions tous deux haletants fi vreux press s Tu vois lui dis je en la caressant qu tre Suisse c est une forme de civilisation Non c est moi qui ai raison murmura t elle pendant que je la p n trais les Suisses vivent sur le dos des gens La position du missionnaire roux p 28 En ces temps la on se r veillait d une longue torpeur Seuls les m chants v n raient le passe mais ceux qui d bordaient d energie n taient pas bien vus pour autant On s en m fiait j allais bient t m en rendre compte Dan
28. uteur 1984 fait autorit Il a t choisi comme expert par la Chambre belge des repr sentants pour l assister dans la refonte de la loi sur le droit d auteur 1994 Il a aussi Alain Berenboom 6 particip plusieurs ouvrages collectifs en droit d auteur droit des artistes et droit audiovisuel notamment Les malheurs d Orph e dit chez Mardaga Li ge sous la direction de Robert Wangerm e qui fut administrateur de la RTBF Le centenaire de la loi sur le droit d auteur en 1987 chez Kluwer sous la direction de J Corbet encore Neighbou ring Rights chez Maklu aux Pays Bas ainsi qu un mode d emploi du Trait de Maastricht chez 10 18 Paris 1992 x k x k Alain Berenboom 7 Bibliographie Le droit d auteur Larcier Bruxelles 1984 Le centenaire de la loi sur le droit d auteur Kluwer 1987 Neighbouring Rights Maklu Pays Bas La position du missionnaire roux Le Cri Bruxelles 1989 Ramsay Paris 1991 La table de riz Le Cri Bruxelles et Ramsay Paris 1991 Le Trait de Maastricht mode d emploi 10 18 Paris 1993 Le pique nique des Hollandaises Le Cri 1993 En n erlandais De Hollandse Meiden trad Ernst van Altena co d Goossens et Manteau 1996 La J rusalem captive d Verticales Paris 1997 Le Lion noir d Flammarion Paris 2000 Reed Labor Poche 2006 Le go t amer de l Am rique Ed Bernard Pascuito Paris 2006 P rils
29. ux Jambes fines et bouche d ange elle poss dait les atouts gui font tourner les t tes Le pique nique des Hollandaises p 29 Ce texte est extrait de Le pique nique des Hollandaises 1993 le troisi me roman d Alain Berenboom plusieurs gards le style le sujet et la composition de ce roman explorent les voies d couvertes dans ses deux pr c dents ouvrages D entr e de jeu pr cisons que l extrait choisi Alain Berenboom 12 page 29 dans l dition Le Cri est un flash back une technique que l auteur ma trise parfaitement et sur laquelle il a construit ses trois romans Elle lui permet de raconter plusieurs histoires la fois histoires situ es dans des lieux g ographiques et des espaces temporels diff rents Le flash back n est pas le seul emprunt que le romancier fait au cin ma Son r cit est fait d images de s quences rythm es parfois par des gags burlesques chaque s quence formant un tout une petite histoire avec un d but un milieu et une fin comme l illustre l extrait ci dessus Un texte qui peut d ailleurs s analyser comme le script d un film apr s avoir saisi les deux personnages en plein dialogue un traveling les accompagne dans les rues de Varsovie Le d cor et la lumi re rappellent le cin ma expres sionniste d Allemagne et d Europe centrale comme le faisait Woody Allen dans son film r cent Ombres et lumi res ce n est sans doute pas une co ncidence La ban
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