Franz Hellens, Mélusine. Littérature et Informatique
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1. que sa robe p 24 Dans l criture de F Hellens qui construit chaque paragraphe comme une unit logique la femme s est d j m tamorphos e en navire Les phrases de M lusine contiennent des mots qui par le voisinage prolongent leur aire d influence sur les groupes adjacents et deviennent m me interchangeables Ainsi chaque paragraphe est pr sent dans le paragraphe suivant et collabore ce qui Bergson appelait la multiplicit d interp n tration Cette fusion peut m me se pr senter comme le mouvement musical dont parle Sartre propos de la po sie de Francis Ponge mouvement engendr par les notes coul es d une m lodie qui sont encore entendues dans la note suivante et qui viennent la teinter et lui donner son sens le paragraphe pass hante le paragraphe pr sent et cherche s y fondre L image de la femme navire sera par ailleurs reprise et compl t e au chapitre II dans le discours amoureux du narrateur La sc ne d amour plac e d s le d but sous le signe de l eau s ouvre avec la danse de M lusine autour de la fontaine le jeu avec les bulles d eau la suppression du jet et se renferme sur la soif M lusine dont les narines se reposent comme deux voiles le long du m t d mont p 29 compl te par son portrait la symbiose aquatique Jean Paul SARTRE L Homme et les choses in Situations I Paris Gallimard 1984 p 250 13 Tout en gardant ses a2. Dans ce sens les nombreuses occurrences du vertige associ es au balancement des sources de lumi re aux distorsions des murs qui se transforment en de mouvantes parois b ties de sons et de lumi res p 11 au tangage de la rue qui devient semblable au pont d un navire et surtout au flottement des sons contribuent l instauration d une atmosph re tourdissante Concordance de vertige tri ordre du texte tions au dernier chelon lorsque le vertige m alourdit si bien la t te que je me crus je pris la porte car un nouveau vertige me faisait tourner la t te comme si je soudain entra n e sur une ligne de vertige toute raide qui s achevait dans un nouvel rendus ma tres c est vrai mais le vertige me d vissait la t te je regrette d avoir Une s rie de m taphores aquatiques appliqu es aux mouvements humains compl tent l entrecroisement des forces oppos es par une alternance de mouvements centrifuges et centrip tes Si les flots humains coulant des diff rentes ruelles remplissent rapidement la place publique d un mouvement inverse aussi pr cipit que le premier la cuve se vide de 10 son eau vivante en la d versant dans les canaux des rues voisines La foule roule comme des flots successifs D humaines masses toute sombres de cette teinte verte et profonde que prennent les vagues de la mer heurt es l une contre autre formaient de furieux monc
3. Ferrand Presses Universitaires Blaise Pascal 2003 p 117 138 LYSOE Eric M lusine et le futurisme plaidoyer pour une relecture in Courrant d ombres no 3 Franz Hellens printemps 1996 p 51 66 Logiciels Textopol quipe du C ditec Jean Marc Leblanc Pierre Fiala O L F A C T Outils Lexicom triques pour la Formation et L Analyse de Corpus Textuels 2004 Lamalle C dric Martinez William Fleury Serge Salem Andr Lexico 3 Outils de statistique textuelle Kuncova Andreea Maisondieu Aude Lexico 3 Manuel d utilisation abr g Dix premiers pas avec Lexico 3 23
4. alors que la connexion des t n bres et de la pierre engendre une obscurit solidifi e la pierre de la nuit Le sch ma qui inclut la lumi re et les t n bres l eau et la pierre en tant que constituants d une mati re instable et d une harmonisation du masculin et de f minin rend compte du roman dans son entier 22 L criture fonctionne la fa on d un prisme qui laisse saisir chacune de ses facettes travers les deux autres Une superposition qui r it re mutatis mutandis le principe des correspondances et qui les rend indissociables Bibliographie Corpus HELLENS Franz M lusine Roman Paris Bruxelle Ed de La Voile rouge Emile Paul fr res 1920 HELLENS Franz M lusine ou La Robe de saphir Roman d aventures Paris Gallimard 1952 HELLENS Franz M lusine ou La Robe de saphir Bruxelles Les Eperonniers 1987 Etudes critiques et th oriques ARON Paul M lusine lecture d une l gende surr aliste in Vic Nachtergaele Franz Hellens entre mythe et r alit Leuven Leuven University Press 1990 p 145 154 GORCEIX Paul R ve Fantastique et Surr alit in Ben Ali Sourour d Les critures po tiques de Franz Hellens Clermont Ferrand Presses Universitaires Blaise Pascal 2003 p 147 157 KLATTE Gerlinde Feu brume soleil l imaginaire de la lumi re dans l uvre de Franz Hellens in Ben Ali Sourour d Les critures po tiques de Franz Hellens Clermont
5. ce aux d terminants choisis ce segment corporel s apparente une pierre lumineuse presque transparente et mall able ou qui vient d tre model e Des bras qui ondulent ne sont pas encore des bras enferm s dans la rigidit du marbre La pierre peut n anmoins se solidifier compl tement et le corps de M lusine requiert la densit des pav s qui p n trent ses pieds nus Et plus elles nos ombres s tiraient plus la marche me devenait difficile comme si cette ombre sortant de moi me privait peu peu de toutes les choses l g res qui m aidaient d habitude m lever Je sentais entrer les pointes des pav s dans mes pieds nus p 21 A l exemple de M lusine l obscurit requiert elle aussi tant t les attributs de la p trification tant t l apparence de la liquidit l ombre impond rable peut tremper les pieds du narrateur ou bine elle peut devenir pesanteur se segmentant en blocs de nuit Ainsi deux tableaux successifs s opposent en fonction de la densit qu ils lui attribuent Apr s avoir perdu M lusine le narrateur va sa recherche et p n tre dans la semi obscurit d un cabaret Les couples qu il y per oit semblent plong s dans un sommeil m dusant car ils ne 14 bougent pas plus que des statues La musique m me change en pierre non seulement comme prolongation des joueurs aux yeux teints mais par le biais de l interrogation lanc e par
6. tre mont si haut et descendu si bas je m tonnai qu une pens e si petite p t germer entre de pareils extr mes en pleine nuit Vois j ai les pieds nus j ai laiss mes sandales au pied de la cath drale Mais tu t es souvenu de ce d tail infime et pendant que tu cherchais tes chaussures dans l obscurit moi je me mis chercher une route et je t ai oubli p 17 Le d calage qui les s pare est toujours li la capacit dynamique Marche la premi re M lusine Je suis trop lourd pour tes c t s Ma t che est de te suivre et de t aimer dans cet loignement si proche comme une chose sans cesse avanc e et presque inaccessible p 16 L h ro ne est en effet le principe moteur qui entra ne les hommes et tout l univers dans ses l vations et ses chutes avec son tempo infernal Les nombreuses r f rences au champ s mantique du mouvement autorisent une lecture qui mette l accent sur la manifestation de l nergie cin tique Forme Fr quence Forme Fr quence marche 5 mouvement 5 marcher 3 mouvements 2 marchaient 1 mouvalent 1 marchais mouvantes 1 marchait Forme Fr quence Forme Fr quence monter 4 descendaient 2 montant 2 descendait 1 monta 1 descendre 1 montai 1 descendu 1 montaient 1 redescendis 1 mont 1 redescendus 1 mont e 1 Forme Fr quence chute 4 chutes 1 Forme Fr quence tomber 3 tombait 2 retormbaignt 1 retomber 1 tombant 1 tombe 1
7. un univers romanesque de l analyse pr cise des fragments brefs La vision panoramique du r seau de quelques champs s mantiques dominants o tout fait sens nous a paru la plus indiqu e pour le sujet de notre recherche Dans une tentative de lecture mim tique du texte en nous installant dans l uvre pour saisir les mouvements de l imagination aussi bien que ceux de la composition nous avons essay de surprendre un moment originaire dont est cens proc der l uvre Ce point de d part cette intuition premi re partir de laquelle l uvre rayonne se trouve dans le deuxi me chapitre dans le portrait de M lusine Ses composantes r it r es syst matiquement au long du roman d velopp es avec des variations minimales proc dent une contamination de tous les niveaux du texte M lusine marche la premi re La voil d j devant la jet e elle entre dans la mer par ce chemin audacieux Ses pas glissent sur le sable et le gravier pil Ses pieds sont nus et transparents Elle porte une robe bleue d une seule pi ce taill e dans le saphir et dont la forme simple flotte et s allonge avec des plis cisel s Sa t te est brune sur un cou souple ses bras sont deux clart s de marbres qui ondulent et comme toujours elle est heureuse de marcher car elle est la lumi re et le mouvement Les th mes comme unit s de signification autour desquels le texte a la tendance de s organiser ont t d ab
8. Leur interaction peut tre lue comme une tendance mutuelle de s imposer une certaine tonalit Ainsi le feu originaire du ciel tombe sur la mer sous forme de capsules de couleurs ou de lambeaux enflamm s Le rouge du coucher du soleil s empare des flots qui en sont couverts comme d un manteau ce mouvement d attirance qui tend confondre les deux l ments la mer et le ciel sous l action de la m me teinte lumineuse s oppose une forme de rejet un coloriage diff rent compl mentaire les carte l un de l autre l eau s assombrit tandis que le ciel devient bleu Vers le soir les reflets de l eau s assombrirent le ciel devint bleu puis se colora rapidement du mauve clair au jaune de souffre tandis que les tons de la mer descendaient dans une profondeur de plus en plus t n breuse p 24 19 Cette succession lumineuse se manifeste une autre chelle dans la chambre de M lusine qui restitue en cho l ordre ext rieur Les murs d un vert uni prennent l aspect des vagues tandis que la couleur du plafond est aussi ind finissable que l air mobile du dehors La d gradation du violet une teinte violette de glycine flott e le long du mur et s obscurcit l g rement le bleu qui descend du plafond et remplit tous les creux d une couleur pareille au ciel la teinte presque rouge qui couvre les murs ne sont que des variations s
9. dont l immersion de l ondine dans la mer se prolonge par le biais du mouvement sa marche acquiert le rythme et le bruit de l eau ses pas 12 chant ent comme les vagues sur la route infinie p 24 Le d nominateur commun qui rend possible cette fusion femme mer est la nature insaisissable fuyante de M lusine dont le mouvement continu la transforme en objet de convoitise d autant plus qu il est une force impossible ma triser A partir de son statut de r v latrice du myst re des choses sans laquelle jamais le narrateur ne parviendrai t traverser la mer et il ne conna trailt jamais le fond des choses p 16 M lusine se confond avec une embarcation En d crivant leur marche sur la chauss e qui divise la mer le narrateur fait la pr cision suivante ils ne rencontrent aucun passant et aucun navire ne se montr e sur la mer M me impliqu dans un nonc qui le nie comme objet le navire est pourtant d j pr sent l esprit imm diatement apr s le discours focalise sur M lusine dont les cheveux d nou s et la robe l g re flottent dans le vent comme les l ment d un bateau voiles La chauss e divisait la mer en deux parts gales maintenant bleues aux extr mit s violettes Le ciel tait vert sans nuages Nous ne rencontr mes plus un seul homme et aucun navire ne se montra sur la mer M lusine avait d nou ses cheveux le vent les emportait dans le m me sens
10. du c t de la liquidit car elle se retire comme un flot pour s adosser aux constructions prodigieuses Les immenses chafaudages de fer et de b ton les moellons construits la proximit de la mer se disloquent et se liqu fient avec la foule qui se d vers e des balustrades Quant l eau elle re oit la duret du min ral ayant l aspect d un plateau d acier stri de lignes sombres l instar de la ligne dure et noire de l horizon Pourtant le m tissage le plus vident et le plus spectaculaire du masculin et du 21 f minin se produit du c t de la lumi re Pr sent e d abord sous son aspect masculin la lumi re est l objet d une f minisation progressive pour aboutir une harmonisation des deux composantes La sc ne ouvre sur les grandes torches qui br lent aux pieds des colonnes se soumettant ainsi au m me lan vertical violent que les contours massifs sur lev s qu elles clairent Le d placement des significations se fait par un jeu s mantique qui privil gie ensuite les connotations f minines des mots La lumi re se pr sente sous la forme d un rayonnement glissant les torches teintes sont remplac es par des lueurs lisses comme des nappes de phosphore qui se tend ent tout en bas sur l espace La lumi re ne jaillit plus elle se tend pour recouvrir l espace comme une vaste couche plane de fluide Ce n est pas par hasard que cet
11. interrogeai je tout haut Non le d sert p 8 Parall lement la d couverte de la mer est l objet de la m me confusion la vue du plateau d acier stri de lignes sombres qui met un bourgeonnement musical est trompeuse Le d sert Demandai je Non la mer p 14 Le mouvement en contrepoint tout tour ascendant et descendant se propage au niveau de la ville dont l croulement des promontoires contraste avec la hauteur inhabituelle de la cath drale Par extension en plan horizontal les progressions rapides s associent des 2 ei Voir ric LYSOE M lusine et le futurisme plaidoyer pour une relecture in Courant d ombres no 3 Franz Hellens printemps 1996 p 51 66 r gressions vertigineuses Apr s avoir t d couverte par le pierrot qui lui promet de la conduire sur une route convenant sa nature M lusine est entra n e dans une marche en arri re la vitesse de l clair qui lui restitue la mobilit perdue La justification de cette agitation perp tu e est donn e par M lusine m me qui s auto d finit de la sorte Je ne suis qu une femme gar e qui cherche son chemin p 20 L ambivalence s mantique du mot chemin qui laisse se confondre l id e de distance parcourir d un lieu l autre de trajectoire et le sens m taphorique de conduite qu il faut suivre pour arriver un but sera compl t e par une distr
12. peine hors du cahos une distance suffisante du vacarme pour entendre les sons pluvieux d une guitare Un homme blanc sous un r verb re jouait la t te lev e dans un grand halo bleu Je reconnus un pierrot La lune incrust e dans un nuage se refl tait aux vitres d une fen tre Le pierrot se mit chanter vivement Un store s abaissa sur la lune refl t e et comme elle s effa ait de la fen tre elle me parut plus grande au ciel Je fus emprisonn e dans son rayon La guitare s crasa sur les pierres p 20 Le catalyseur peut tre un certain personnage dont les attributs se d placent facilement d un registre l autre Ainsi M lusine se revendique en m me temps de l imagerie aquatique 20 en l occurrence d une m tamorphose mortelle de l eau comme glaciation solidification ou cristallisation et de la lumi re stellaire Je glissais d un bout l autre d un immense champ de glace dont le froid n tait pas blessant J tais seule jusqu au fond du silence et partout o je passais ma propre clart me pr c dait comme tout l heure mon ombre Si les hommes regardent encore en haut me disais je en tra ant une glissade infinie ils doivent me prendre pour une toile filante p 22 Quand elle ne devient pas pierre voire glace l eau se trouve toujours dans son voisinage l heurte et l impr gne Une foule nerveuse remplissait les rues troites et
13. tomb e 1 tombent 1 Forme Fr quence balan ait 4 Forme Fr quence balan aient glissant J balan ant glissade 1 balancer 1 dlissaient glizsais 1 glissait 1 Fome Fr quence EE 1 flotta 2 glissent 1 flotte 2 glisser 1 flottante 1 flott otter 7 Les axes dynamiques La trajectoire de M lusine comporte une suite d l vations et de chutes de mont es a riennes et de culbutes Les deux dimensions peuvent se confondre ce qui importe est le d placement continu M lusine dis je le ciel nous annonce un voyage Nous nous aventurerons tr s haut Ou tr s bas fit elle ce qui est la m me chose p 25 La mont e commence par l escalade des murs de la cath drale et se termine brusquement par la pr cipitation des trois protagonistes dans l ab me Ce premier pisode conna t dans le m me chapitre un d veloppement analogue suivi d une r exposition conform ment une architecture musicale Le fragment suivant pr sente le narrateur en pleine ascension d une rue en escaliers et s ach ve par la perte de l quilibre et la plong e dans un bain d toiles Finalement la r exposition du fragment initial se lit au niveau d un jeu de sym trie des dialogues Avant de s aventurer dans l ascension de la cath drale l origine du roulement myst rieux provoque cet change de r pliques entre le narrateur et l inconnu qui les avait guid s La mer sans doute
14. Franz Hellens M lusine Litt rature et informatique M lusine est peut tre le roman le plus connu de Franz Hellens et cela gr ce sa structure particuli re et l atmosph re qui s en d gage En effet une collaboration unique entre les l ments de la l gende m di vale transgress s et d form s et les l ments du pr sent le plus actuel relevant du futurisme et du surr alisme autorise une lecture plurielle de ce roman Pr sent comme le r sultat d une somme de r ves M lusine se d veloppe entre deux p les le premier et le dernier chapitre l endroit et son revers La mati re qui s y intercale s organise en vingt quatre chapitres interchangeables dont l ordre al atoire semble se soumettre une logique onirique L action est dense et prolifique les pisodes se succ dent rapidement de sorte qu il devient difficile de les r sumer de suivre la progression de l histoire ou de chercher son fil rouge Le roman se pr sente alors comme une construction multiforme fond e sur l enchev trement d intrigues le r seau d actions s articulant autour de quelques points de signification Une approche th matique d velopp e comme une recherche partir d une intuition centrale semble tout particuli rement convenir une uvre qui affirme constamment d un bout l autre les m mes noyaux d une inspiration spontan e rig e en principe cr ateur Les th mes comme l
15. M lusine se construit par la combinaison des l ments per us normalement comme oppos s mais que F Hellens r ussit joindre et faire participer une fusion Ce genre de collaboration pr sente d s son premier roman En Ville morte 1906 est particuli rement d velopp dans M lusine Le roman rend compte de la fa on dont chez Hellens le masculin et le f minin se conjuguent annulant toute opposition pr con ue Paul GORCEIX Pr face in M lusine ou La Robe de saphir Bruxelles Les Eperonniers 1987 p 11 18 Lumi re Pierre de la Liqu faction nuit de la lumi re T n bres Une analyse crois e de l eau et de la lumi re ainsi que de la pierre et des t n bres permettra de d tacher plusieurs modalit s qui facilitent la d marche commune de ces l ments La strat gie la plus explicite est celle qui les int gre dans le m me tableau dans des vocations successives ou simultan es Ainsi la d composition de la lumi re dans la pr sence de l eau engendre un coloris particulier Le ciel et la mer composent souvent un fond lumineux multicolore par le biais des images juxtapos es mettant en sc ne tout le spectre solaire Quand l horizon se colore du violet terrestre au rose a rien rappelant la suite ininterrompue des couleurs de l arc en ciel il met en pr sence la mer connot e comme l ment f minin matriciel et le ciel l air le soleil assimil s la figure paterne
16. d eau je laissai tomber les bras de m lusine sur les coussins o ils demeur rent F 3 if g mit elle en m me temps ses bras s tir rent puis ses mains se joignirent cette 29 du 29 plus 29 tout 29 d un 28 pas 27 son 27 sa 26 si 26 mais 25 d une 24 est 24 ce 23 par 22 sans zi ibras 20 mi ni 2005 formes Nombre de contextes 20 Les contextes dans lesquels ce mot est engag indiquent l existence d une structure conflictuelle qui oppose au dynamisme de M lusine le statisme que lui infligent les hommes avec lesquels elle entre en contact Ainsi le narrateur insiste d un c t sur l image nergique des bras nus et lumineux de la femme souples ouverts la lumi re assimilables deux clart s de marbres qui ondulent qui s amus ent de leur mouvement De l autre c t il souligne le pouvoir qu exercent les hommes dans la tentative de retenir la jeune femme de l arr ter de son mouvement continu a Concordance de bras tri ordre du texte heureusement l inconnu la retint d un bras ferme en quelques secondes nous f mes noirs brillaient et qui tenait ses deux bras crois s derri re sa nuque d autres couples de l eau je commen ai balancer les bras en gravissant les marches une odeur de flot je crois qu il m emporta dans ses bras solides les torches furent teintes et transparente comme l air les deux bras lev s el
17. e 97 flot je crois qu il m emporta dans ses bras solides les torches furent teintes me 78 e et transparente comme l air les deux bras lev s elle ouvrait ses mains la lumi re s 78 a t te est brune sur un cou souple ses bras sont deux clart s de marbres qui ondulent ire e et qui s arr tent en te voyant leurs bras pendent soudain leurs flancs ils demeurent Come 68 gue je suis comme un char qui tend les bras vers le coursier plus personne sur la en 68 s avait sauv la vie la force de son bras j ai senti que ce n tait pas un homme des 66 ent m aper urent l un d eux me prit le bras un chapeau melon noir trop petit se que 64 egarde un autre me prend r solument le bras c est un athl te en maillot rouge son qui 64 l abat sur le puceau d j rependu mon bras et qui roule cass en deux sur le pav ee s en m me temps il me prit galamment le bras sous le collant bonnet noir quels yeux as 3 passait sans doute au plafond l un des bras nus de m lusine demeura seul clair pour il 45 r ses paules laissaient nu ses deux bras souples qui s amusaient de leurs mouvements m lusine 45 ur de la fontaine une danse lente o ses bras et ses jambes se ployaient en parfaite harmonie ses 41 temps avant de retomber plus loin les bras de m lusine serr s contre ses flancs elle 35 corps je pris ses mains et relevai ses bras une ligne de lumi re naissait au creux ne 35 sur le jet
18. e remit tanguer comme le pont d un navire elles reprenaient leur avance par la rue toute claire et plus elles s tiraient comme du fil noir glissaient sur la rue blanche la lune elle m me en retard En partant de l aveu qu elle fait au pierrot D j je ne con ois plus d autre route que l espace et le temps me para t un perp tuel mouvement p 22 la route de M lusine re oit les connotations de voyage d itin raire au del du sens initial Le m me choix linguistique appara t dans deux contextes o la lune est voqu e par le pierrot et puis par M lusine Ne crains rien la route o je te m ne est celle que prend la lune lorsqu elle se l ve p 20 et La lune m me en retard s essoufflait mi route p 21 Ce jeu identificatoire s explique par l empathie qui s instaure entre la femme est les l ments astraux En revanche les occurrences du nom rue permettent de remarquer que ce terme s applique avec pr pond rance au trajet ascendant du narrateur et exceptionnellement pour la course de M lusine pour s associer la suggestion de fatigue de pas durcis qui regrettaient leur souplesse de marche difficile Ce qui la d finit ce sont le glissement ou mieux le vol Parmi les diverses variations du mouvement on retient l impression du protagoniste que les objets environnants et lui m me sont anim s d un mouvement circulaire qui trouble son quilibre
19. eaux d une mobilit liquide qui s levaient et s croulaient entre les murs pavois s Ici les cris semblaient noy s et touff s Je fus comme le flot l ger qu un flot plus puissant emporte et je montai tourbillonnant de vague en vague vers les lumi res trangement remu es des lampes qui m inqui taient si fort p 11 Cette identification de la foule aux flots renvoie un type de mouvement ondulatoire imp tueux dont la force est due aussi la pression qu en exercent les murs rigides L image des masses liquides superpos e celle des habitants de la ville contient le s me de l indiff renciation de la puissance aveugle et chaotique La pr sence massive dans le paragraphe que nous venons de citer des mots appartenant au champ lexical de l eau voire de la mer vagues mer liquide noy s flot s affirme aussi intens ment dans tout l espace romanesque Eau vs pierre L eau l ment r current dans la po tique de Franz Hellens contamine de ses propres mouvements de ceux qu elle impose ou favorise aux l ments avec lesquels elle entre en contact tout son vocabulaire le mouvement est souvent forrentiel la marche de M lusine devient glissade le narrateur plonge dans un bain d toiles et devient ensuite le premier l ment d une comparaison un baigneur qui se r chauffe en balan ant son corps les cris sont noy s les bras de M lusine o
20. es pieds nus je fus satisfaite d avoir n glig Ainsi les pieds nus et transparents qui donnent M lusine cette aisance de mouvement apparaissent avec une fr quence importante six occurrences sur un total de treize dans le corpus choisi Cet l ment se retrouve galement dans le cas du narrateur cette fois ci dans un fonctionnement paradoxal signalant une marche ralentie alourdie semblable au trucage cin matographique En contrepoint avec la l g ret dont M lusine fait preuve les pieds de son compagnon s embarrass ent comme dans du linge quand il se met courir sa recherche L agilit de la femme qui ouvre son chemin et l entra ne dans sa course affolante devient objet de fascination car elle d nonce sa nature insaisissable Une pr cision relative l inconnu avec chapeau melon renvoie une fois de plus la fonction dont le narrateur investit cet l ment corporel et le type de mouvement qu il facilite voire le r le de circonscrire l identit des personnages On retient pour ce dernier ses larges pieds non seulement dans le contexte d un pas rapide et d cid mais avec des connotations m canicistes C est un indice de disproportion qui engendre le d s quilibre Le rapport qui s tablit entre M lusine et le narrateur permet de pr ciser que ce qui apparemment emp che ce dernier d adopter le rythme de l h ro ne ce sont ses chaussures Conc
21. ibution lexicale particuli re Ainsi le parcours de M lusine est toujours transcrit par route alors que celui du narrateur exploite les significations beaucoup plus restreintes et plus homog nes du nom rue Concordance de route tri ordre du texte obscurit moi je me mis chercher une route et je t ai oubli mais cet inconnu viens avec moi je te montrerai une route digne de ta beaut en m me temps il demandai je ne crains rien la route o je te m ne est celle que prend la lune m me en retard s essoufflait mi route tout coup il me sembla que nous reculions ement d j je ne con ois plus d autre route que l espace et le temps me para t un qui chantaient comme les vagues sur la route infinie chapitre iii la chambre de m lusine descendre je ne me suis jamais arr t e en route tu le sais ouvre la fontaine il lumi res chantent dans les cailloux de la route m lusine rouvrit les yeux j ai soif Concordance de rue tri ordre du texte je me trouvai tout seul dans une rue en escaliers il y faisait plus froid qu au pond rable j atteignis au sommet de la rue cet endroit je vis la silhouette d un masqu es je voulus savoir de quoi cette rue tait faite et d o venaient ces sons et l autre je rebondis je m miette sur la rue l endroit est plein de curieux arr t s moi ce fut un brusque changement la rue s
22. int gralement dans le registre nocturne l escalade de la cath drale la recherche de M lusine l arriv e la mer le spectacle de l aurore africaine On voit se d velopper tout un champ s mantique de l obscurit 17 occurrences du mot nuit 14 occurrences du mot ombre 9 occurrences du mot obscur et de ses d riv s obscurit et obscurcir 6 occurrences pour sombre et assombrir et 2 pour t n bres et t n breuse Concordance de nuit tri ordre du texte facile et nous nous trouv mes avant la nuit compl te en plein d sert un homme inconnu pareilles d invisibles papillons de nuit en m me temps les lampes de couleur autour de moi il faisait toujours nuit de grandes torches br laient aux pieds vers l espace que nous cachait encore la nuit on vit surgir dans le lointain un immense poids de mes jambes fatigu es par cette nuit d ascensions et de chutes mais je m aper us maintenant comment je l ai perdue cette nuit la faute en est tes chaussures dit entre de pareils extr mes en pleine nuit vois j ai les pieds nus j ai laiss de son r cit moi aussi j ai vu cette nuit ton pierrot il s en allait criant j ai paroles que l inconnu m avait dites cette nuit et des spectacles qu il m avait promis o quatre hommes m avaient disput cette nuit je crus que tout ce qui pr c dait n avait crochait au passage d u
23. le narrateur propos de ce sujet Je pensais de cette musique la m me chose que de cette cath drale De quelle mati re s chappe t elle comme les lignes et les contours du monument ou je venais de grimper tr s haut sur cette musique interminable p 10 La musique serait alors faite elle aussi de cette mati re ambigu ni pierre ni m tal mais du solide que la cath drale A l instar de la pierre l ombre tend rendre captif celui qu elle enveloppe Apr s la descente pr cipit e du haut de la cath drale le narrateur se sent absorb par le sable mais aussi par l obscurit On ne voyait plus rien pas m me la cath drale mais une lueur froide et p n trante me remplissait les yeux Je fis quelques pas malais s dans le sable Le poids de la chute semblait m entra ner plus bas encore Les t n bres taient si paisses que je m y crus pour toujours enseveli Je me mis courir Mes pieds s embarrassaient comme dans du linge A bout de souffle je parvins la fronti re du d sert p 9 L obstacle invisible qui emp che sa marche n a pas la duret et la discontinuit des grains de sable Il est pais et continu ce sont les t n bres qui l ensevelissent comme le linge Au p le oppos se situe l ombre liqu fi e de la rue o tout devient flou vaporeux L ombre me semblait sans issue Peu peu des sons tranges d une extraordinai
24. le ouvrait ses mains la lumi re t te est brune sur un cou souple ses bras sont deux clart s de marbres qui ondulent et qui s arr tent en te voyant leurs bras pendent soudain leurs flancs ils demeurent je suis comme un char qui tend les bras vers le coursier plus personne sur la avait sauv la vie la force de son bras j ai senti que ce n tait pas un homme m aper urent l un d eux me prit le bras un chapeau melon noir trop petit se regarde un autre me prend r solument le bras c est un athl te en maillot rouge son l abat sur le puceau d j rependu mon bras et qui roule cass en deux sur le pav en m me temps il me prit galamment le bras sous le collant bonnet noir quels yeux passait sans doute au plafond l un des bras nus de m lusine demeura seul clair pour ses paules laissaient nu ses deux bras souples qui s amusaient de leurs mouvements autour de la fontaine une danse lente o ses bras et ses jambes se ployaient en parfaite harmonie temps avant de retomber plus loin les bras de m lusine serr s contre ses flancs corps je pris ses mains et relevai ses bras une ligne de lumi re naissait au creux sur le jet d eau je laissai tomber les bras de m lusine sur les coussins o ils demeur rent soif g mit elle en m me temps ses bras s tir rent puis ses mains se joignirent Cette opposition s tend d autres composantes
25. ments communs de signification sont circonscrits par le mouvement l l ment aquatique la lumi re Ils sont annonc s par le haut degr de fr quence des noms tels que pas bras mer nuit ciel occupant les premi res positions dans le lexique du roman apr s les conjonctions les pr positions les articles et les pronoms L un des concepts majeurs de la critique th matique est toutefois celui de relation or dans le corpus choisi c est par le rapport entre ces l ments que le monde fictionnel se fonde et c est par leurs interrelations qu il se d finit Ce type de d marche ayant comme point d appui le th me d fini par sa r currence sa permanence travers les variations du texte focalise des s ries de m taphores fil es Une uvre qui dans la tentative de se soumettre l imp ratif du songe fait circuler non uniquement les motifs d un chapitre l autre mais aussi les ruptures les d chirements les retours en arri re oblige accorder le privil ge aux relations de ressemblance Ainsi nous avons proc d une lecture homog n isante de l uvre pour chercher en d voiler la coh rence latente r v ler les relations secr tes entre les l ments dispers s Le texte s est ainsi d ploy dans un espace offert simultan ment notre regard ce qui a permis que chaque partie en soit subordonn e une approche englobante mais aussi que surgisse la totalit d
26. ndulent sous ses cheveux ruisselants tandis que sa robe trempe dans la mer La mer n est jamais un simple l ment du paysage Elle est constamment associ e l l ment humain auquel elle d l gue certaines propri t s notamment le mouvement ondoyant des vagues L origine de cette identification est M lusine qui entretient un rapport particulier avec l eau surtout avec la mer Une telle connexion s inscrit dans le topos de l eau et de la symbolique f minine la mer tant connot e comme l ment matriciel source de myst re et voie d vasion 11 Concordance de mer tri ordre du texte nous avait accompagn quelque temps la mer sans doute interrogeai je tout haut profonde que prennent les vagues de la mer heurt es l une contre autre formaient beau l interroger autant demander la mer de r pondre mais soudain tout le d sert demandai je non la mer je cherchai l inconnu pr s de moi mais lampes cr pit rent l extr mit de la mer et lanc rent soudain jusqu au plus haut m l es se joignaient aux sonorit s de la mer et le feu grandissait sur l ventail ouvert et d or le soleil se montra sur la mer les lourds chafaudages de fer et de b ton n aper oit pas la fin baigne dans la mer mauve le soleil fait des bonds en plein devant la jet e elle entre dans la mer par ce chemin audacieux ses pas glissent voici des hommes qui viennent de la me
27. ne toile et la nuit durait toujours je n en souhaitais pas et l arrosoir viennent faire dans cette nuit agit e d o nous sortons pour moi le enfon ait dans les sables du d sert la nuit enveloppa m lusine puis l obscurcit hommes qui se laiss rent prendre cette nuit l aspect pr cieux de ma robe bien qu aucun et pourtant j ai beau chercher dans la nuit je ne me souviens plus de sa figure muguets ont pouss d une main cette nuit la terre se secouait comme la peau d un m lusine j ai fait v u l autre nuit si je te retrouvais d arracher le secret 16 Si l emploi de ce champ lexical est justifi par l encadrement temporel de l histoire une telle extension ainsi que la fr quence de ces mots par rapport au nombre total de formes supposent une insistance de la part de l auteur sur ce que cette ambiance lumineuse peut apporter l imaginaire hellensien Au del de la simple fonction d clairage la lumi re ainsi que son contrepoids l obscurit participent la construction de l univers au m me titre que la pierre et l eau Il ne s agit que de fa on isol e d une parfaite obscurit qui ne permet de rien distinguer ou d un soleil qui fait des bonds en plein ciel Ce dernier 9 apparitions se pr sente surtout sur le point de se lever de surgir de la mer ou en train de dispara tre de s enfonc er dans les sables du d sert Le texte joue alor
28. ne ou la robe de saphir Roman d aventures Paris Gallimard 1952 272 p Le mouvement sempiternel Le narrateur signale d s le d but que M lusine incarne la fois la lumi re et le mouvement En effet elle est toujours surprise en plein d placement Sa mobilit s exprime en termes de marche alerte de vol de glissement d escalade ou de travers e maritime Le dynamisme lui permet de se d finir par rapport ceux qu elle rencontre Son portrait physique focalise plus que sur d autres l ments corporels sur ses bras Ce mot occupe une place importante dans l conomie lexicale du texte apparaissant en premi re position dans la liste des occurrences apr s les l ments relationnels les pronoms les articles et le nom de l h ro ne I Lexico3 Concordances W Fichier Traitement Fen tre OL O ETHER Navigation Rapport Dictionnaire d KE ml li Aucun _x Regroupement lt aucuns v Largeur jo A S lectionnez une couleur MR T Expression rationnelle Type de documentation Concordance X pre 104 008 Recherche marche heureusement l inconnu la retint d un bras ferme en quelques secondes nous f mes Formes ordre lexicom trique Fr quence a noirs brillaient et qui tenait ses deux bras crois s derri re sa nuque d autres couples les 138 t de l eau je commen ai balancer les bras en gravissant les marches une odeur d
29. omme l air Les deux bras lev s elle ouvrait ses mains la lumi re p 15 Dans un geste de v n ration M lusine accueille le soleil et s en laisse transpercer Une nouvelle m tamorphose a lieu car le d but du chapitre suivant agglom re une s rie d pith tes lumineuses dans l image de la femme ses pieds sont d sormais nus et transparents ses bras des clart s de marbre et elle elle est la lumi re et le mouvement Ces composantes absentes avant la d couverte du soleil t moignent des transformations qu il lui imprime Si M lusine est devenue la lumi re l influence est r ciproque Dans le troisi me chapitre une ligne de lumi re dessine le contour du corps nu de M lusine autant de dire que son compagnon baignera dor navant dans une lumi re f minis e maternelle Par ailleurs le nom de la protagoniste est associ avec le saphir symbole de la force lumineuse La plurivocit d une M lusine qui soit la fois eau et pierre obscurit et lumi re fait partie de la logique des coincidentia opositorum qui devient chez Hellens principe cr ateur La m tamorphose r ciproques des contraires fait que chaque l ment contienne et se conjugue avec son antonyme Si les tres et les choses ne se montrent d abord demi que pour r appara tre ensuite plus victorieusement p 28 l apparition future sera doubl e de celle de son compl mentaire L univers de
30. ord identifi s d apr s la r currence de certains mots le champ s mantique du mouvement de la lumi re de l aquatique Nous avons tent de d passer la d marche comme simple relev de fr quences et de nous concentrer sur le r seau d associations sur l ensemble des connexions qui dessinent l uvre L utilisation des outils informatiques en l occurrence du Lexico 3 nous a permis de relever avec plus de pr cision et de rapidit non seulement les apparitions des diff rents mots cl mais leur disposition par chapitres les contextes dans lesquels ils fonctionnent et se multiplient ainsi que leur fa on de collaborer la cr ation de la signification Nous avons choisi comme chantillon repr sentatif pour l ensemble les trois premiers chapitres de M lusine roman dont Franz Hellens publie une premi re version en 1920 et une deuxi me en 1952 L dition originale accueillie plut t par les milieux litt raires que par le grand public est propre repr senter bien l entrecroisement des tendances et des courants culturels europ ens du d but du XX si cle Franz HELLENS M lusine Roman Paris Bruxelles Ed de la Voile rouge Emile Paul fr res 1920 p 16 A la suite de ces lignes les r f rences cette dition seront indiqu es entre parenth ses dans le texte Franz HELLENS M lusine Roman Paris Bruxelles Ed de la Voile rouge Emile Paul fr res 1920 320 p Franz HELLENS M lusi
31. ordance de chaussures tri ordre du texte M lusine dis je il faut enlever nos chaussures pour monter plus ais ment tandis que nous apper us que j avais oubli de remettre mes chaussures je les retrouvai t tons au pied aper us que j avais oubli de lacer mes chaussures chapitre ii m lusine sur le quai de sable perdue cette nuit la faute en est tes chaussures dit elle apr s tre mont si haut fime et pendant que tu cherchais tes chaussures dans l obscurit moi je me mis chercher Le h ros commence par recommander ses compagnons M lusine et l ing nieur sorcier Nilrem comme l ment indispensable l ascension d enlever leurs chaussures et il est ensuite incommod par leur manque j avais oubli de remettre mes chaussures et j avais oubli de lacer mes chaussures Une remarque de M lusine fait que cet l ment vestimentaire incarne l ensemble d habitudes qui emp che l homme de mener bout une exp rience initiatique Suivre M lusine ne se r duit pas un exercice sportif mais constitue une preuve spirituelle La mission du narrateur est d adh rer au mouvement de M lusine en d passant la borne des apparences pour se transformer et acqu rir une grande aisance de mouvement Si son dessein choue pour le moment la faute en est ses chaussures du moins dans le discours de M lusine Apr s
32. physiques responsables du dynamisme des protagonistes les pieds les jambes les chaussures Les pieds constituent un l ment qui participe l ensemble des oppositions permettant de dissocier les personnages en fonction de leur disponibilit motrice Concordance de pieds tri ordre du texte ours enseveli je me mis courir mes pieds s embarrassaient comme dans du linge rois b ties de sons et de lumi res mes pieds trempaient dans l ombre impond rable j atteignis nuit de grandes torches br laient aux pieds des colonnes le long des balustrades sur le sable et le gravier pil ses pieds sont nus et transparents elle porte une trempe dans la mer je me jette ses pieds et j embrasse ses mains il faut qu elle r mes en pleine nuit vois j ai les pieds nus j ai laiss mes sandales au pied chelle de corde trop blessante pour des pieds tels que les v tres comme nous avancions et pendait tristement sur ses grands pieds de sa main libre il s appuyait sur une d un pas rapide et d cid ses larges pieds s cartent et tout son corps de droite m canique toujours valide ses larges pieds ses gants ouverts sa canne et son chapeau m eut aper u le pierrot se jeta mes pieds joyau de la lune s cria t il entrer les pointes des pav s dans mes pieds nus les pens es se d versaient de ma t te une douce fra cheur caressait m
33. pond rabilit Ainsi la ville se pr sente d embl e au narrateur comme un ensemble d ombres d coup es sur le ciel plein d toiles lorsque M lusine restitue son trajet la fr quence avec laquelle elle se d signe soi m me et son compagnon par le biais de l ombre 5 occurrences parvient la substitution de l ombre au corps physique nos ombres suivaient la lune et notre couple fermait le cort ge Elles sont int gr es ensuite dans un jeu r it r d amincissement et d allongement qui accompagne le mouvement vers l avant ou le recul M lusine ne peut qu assimiler cette synth se de lumi re et de t n bres en se d couvrant fascin e galement par la nuit et par le soleil 17 M lusine remarquai je je comprends ton amour de la nuit il ne m a pas chapp cependant que l arriv e du soleil te jeta dans un nouvel enivrement Je l avais tout fait oubli II me sembla que je le voyais pour la premi re fois de ma vie p 23 Si M lusine entretient une relation de complicit avec la lune laquelle elle est assimil e explicitement dans le surnom que lui donne le pierrot joyau de la lune elle se laisse aussi transfigurer par l aurore africaine En regardant amoureusement le soleil qui montait en se tassant M lusine tablit une relation particuli re avec la lumi re solaire Le premier chapitre s ach ve sur l image suivante Elle tait bleue et transparente c
34. r par la chauss e et qui s arr tent en te jamais je ne parviendrais traverser la mer et je ne conna trais jamais le fond des le bout de sa robe trempe dans la mer je me jette ses pieds et j embrasse obstacles j tais parvenu devant la mer nous sommes environn s de forces myst rieuses en silence la chauss e divisait la mer en deux parts gales maintenant bleues et aucun navire ne se montra sur la mer m lusine avait d nou ses cheveux le de soufre tandis que les tons de la mer descendaient dans une profondeur de plus le tour de l horizon et brilla sur la mer je me retournai pour voir le soleil qui foule et la faisait ondoyer comme la mer tandis que de son souffle il me poussait M lusine cet avatar moderne de la f e doit son apparition au songe aussi bien qu la mer Son corps nu se mat rialise devant les yeux du narrateur gr ce la contemplation prolong e d une vague Sa robe de saphir est une prolongation bleu tre des flots avec lesquels elle garde une relation de contigu t car tendue sur le sable son bout trempe dans la mer M lusine garde toujours le contact avec l aquatique dont elle ne se d tache que partiellement Ainsi le chemin qu elle se fraie semble continuer droit au milieu de l eau elle marche sur la large chauss e blanche et droite dont on n aper oit pas la fin et qui baigne dans la mer mauve p 16 Le jeu de la superposition liquide
35. re l g ret se mirent flotter autour de moi En m me temps les lampes de couleur commenc rent osciller lentement et les murs que touchaient mes mains se transform rent en de mouvantes parois b ties de sons et de lumi res Mes pieds trempaient dans l ombre impond rable p 12 Tout devient liquide dans cette rue les sons qui flottent les lampes qui se laissent entra ner dans un mouvement oscillatoire les murs faits de sons et de lumi res et notamment l ombre qui trempe les pieds du narrateur Il devient vident qu un certain nombre de motifs tels l eau et la pierre envisag s en g n ral comme oppos s se combinent et s entrecroisent de fa on diff rente dans de divers paragraphes en la pr sence de deux autres l ments contradictoires la lumi re et la nuit 15 Obscurit vs lumi re En effet l imagerie aquatique dont la mer est une composante majeure n est jamais vraiment distincte de l imagerie lunaire et les deux se rattachent une symbolique de la f minit M lusine en tant que joyau de la lune se laisse conduire par le Pierrot sur la route que prend son astre tut laire Lors de son mouvement a rien elle se plait s identifier une toile filante ou laisser sa robe s accrocher au passage d une toile La f e est amoureuse de la nuit qui l obscurcit et l enveloppe D ailleurs l action des deux premiers chapitres se d roule
36. s coulait en se heurtant aux pierres tandis que les murs rapi c s se mouvaient autour d elle comme des toiles de d cor dans le vent p 9 Si la rencontre de ces deux l ments a l apparence de la confrontation de deux forces oppos es leur rapprochement r v le cependant la perm abilit de leurs fronti res le torrent humain est contraint de se mouler dans le couloir troit impos par les murs qui bordent les rues mais ce premier agit en retour sur la matrice et la p trit selon sa propre forme les murs ne repr sentent plus la mati re rigide ils contournent de leur mouvement la foule et ondulent comme des toiles de d cor sous l action du vent Leur mati re pierreuse devient liquide ainsi que celle des rues car les murs sont souvent tendus comme des voiles sur les m ts tandis que les rues se mettent tanguer En fin l eau se conjugue implacablement avec la pierre et la lumi re par le biais d une apparente confusion du narrateur dans deux dialogues sym triques il demande l inconnu si ce que se trouve devant eux c est la mer ou le d sert Chaque fois la r ponse lui r v le la pr sence de l l ment oppos Sans oublier que la finalit de toute cette agitation indice parfait du syncr tisme est la contemplation de l aurore africaine au bord de la mer De nouveau la foule est simultan ment du c t de la pierre car elle double comme une deuxi me couche les parois et
37. s sur les valences du clair obscur sur le m lange des lumi res et des t n bres dont la pr minence est manifeste dans l oxymore aucune clart terrestre ne valait cette lumineuse obscurit Les sources lumineuses sont d nomm es toujours par des pluriels tels lumi res 8 lampes 6 clart s 3 torches 4 lueurs 3 rayons 3 feux 1 ce qui renvoie une fa on d indiquer leur caract re ponctuel m me dans un ensemble group sous forme de faisceau fluctuant et menac par la dissolution Cela leur permet aussi de se soumettre un mouvement oscillatoire un balancement qui fait que leurs projections fixent des instantan s fantasmagoriques la marche du narrateur s oriente vers les lumi res l g rement remu es des lampes qui l inqui taient si fort tandis que la ville se transforme en un d cor de th tre avec des murs immat riels qui ondulent comme des rideaux L apparition et la disparition de la lumi re sont soumises un lexique de l instantan it les lueurs les rayons les clairs font irruption ou disparaissent de fa on imm diate Les masses des b timents ainsi que les masses humaines basculent d un registre lumineux un autre sans aucun avertissement tant t sombres tant t embras es par les derniers ou les premiers rayons du soleil Un tel clairage fait que les individus soient souvent r duits des ombres La mati re se convertit en im
38. te tendue lumineuse est associ e au phosphore la substance capable de devenir lumineuse dans l obscurit Finalement le ph nom ne de l aurore africaine se manifeste par une triple antenne de feu qui s largit aux sommets image qui rappelle en m me temps un puit art sien et un feu d artifice Une trange pollinisation est accomplie par les grappes flamboyantes gren es par les rayons qui r pandent des capsules de couleur sur les flots kkk M lusine se construit par la conjonction de quelques l ments le mouvement y compris rythme musique l eau la lumi re Une connexion s tablit d s le d but entre la cath drale la musique la foule et la mer par l interm diaire d une question du narrateur qui revient comme un leitmotiv des intervalles r guliers De quelle mati re s chappe t elle comme les lignes et les contours du monument p 10 la musique De quels bizarres l ments cette foule est elle faite p 11 On aurait beau l interroger autant demander la mer de r pondre p 11 On n aurait pu d finir de quelle mati re elle tait faite p 8 la cath drale Ces composantes se combinent continuellement deux par deux en raison d un troisi me r f rent commun se modifient les unes les autres et cr ent des l ments interm diaires La conjonction de l eau et de la lumi re aboutit une liqu faction de cette derni re
39. ttributs marins M lusine dont la robe tait d ailleurs taill e dans le saphir et qui allait rejoindre la bague comme dans une op ration magique l envers participe aussi du r gne min ral de cette mati re connot e comme masculine la pierre Ce sont les hommes qui se p trifient la contemplation de M lusine c est l inconnu myst rieux qui semble tre b ti de fer et de b ton ce sont encore les hommes qui accomplissent le vertigineux travail de la construction des belv d res Le rapprochement M lusine pierre est imperceptible il est introduit par un glissement des qualit s transcrites par un mot cl vers tous les r f rents mis en pr sence dans un m me paragraphe Je regardai par les fen tres l obscurit dormait sur des lits de pierre Mes pas taient si durs et si d tach s que j aurais pu les ramasser Et je songeai soudain que si je retrouvais ici M lusine elle serait froide elle m me comme le silence p 12 Un mot th matique pierre contamine de ses propri t s tactiles tous les autres l ments les pas se font durs mat riels d limitables et palpables tandis que la femme devient froide quant au silence lui aussi renvoie une p trification de la parole D une p trification fantasm e le texte passe une autre partielle imminente sur le point de s accomplir les bras de M lusine apparaissent comme deux clart s de marbre qui ondulent Gr
40. ur le th me donn Une autre modalit de r unir ces l ments divergents l eau et la lumi re jusqu au parfait syncr tisme repose sur la cr ation d un syntagme binaire dont les termes appartiennent deux champs s mantiques oppos s bain d toile rayonnement glissant ombre nuageuse les toiles se fondaient Les pith tes ainsi que les nonc s m taphoriques sont tellement soud s que leur signifi semble proc der d une nouvelle mati re faite d eau et de lumi re L association se fait aussi distance par l interm diaire d un tiers qui fonctionne comme un liant Ainsi les propri t s de l eau sont d l gu es la foule qui s coule ou la musique qui flotte Les gens et les sons feront ensuite partie du m me ensemble qui inclut aussi la lumi re l clairage lectrique les lampes de couleur Quand le narrateur pr cise que dans la place publique se cognaient tous les courants dans une bataille norme coups de torches et de drapeaux p 11 le feux et implicitement la lumi re adh rent l eau par un artifice m taphorique qui veut que les groupes humains forment des courants A l eau et la lumi re s ajoute fr quemment la pierre Le pierrot qui joue de la guitare rassemble autour de lui le halo bleu d au r verb re les sons pluvieux de son instrument et la pierre sur laquelle celui ci s crasera J arrivai sans
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