lire l`article - TransLittérature
Contents
1. Et de sombrer dans le L th Ce n est pas que j envie ton sort heureux Mais je suis si heureux de ton bonheur Dryade ail e vive des bois Que dans une m lodie De h tres verts et d ombres innombrables Tu chantes tue t te l t pour ton plaisir Et ce n est pas tout En 2013 Fran ois Turner entre en lice Mon c ur des cendres et transi et glac De sens aurais je bu quelque cigu Vid d un trait quelque fiole d opium L l il y a une minute et les gardiens L du L th aient coul point jaloux D un heureux sort le tien mais trop heureux D un bonheur que toi Toi Dryade Ailes l g res dans les arbres M lodieux arpent Vert de h tre ombres sans nombre Et qui chante l t pleine gorge Certains textes peuvent tre lus tels quels d autres comme celui ci requi rent un mode d emploi Dans John Keats Ode au rossignol traduit amp interpr t par Fran ois Turner Le Lavoir Saint Martin les 8o vers du po me donn s en bilingue sont pr c d s de 66 pages o le traducteur nous explique l uvre de Keats et la sienne propre S tonne t on par exemple des cendres du v 1 Patience tout va s clairer Le mal est mal physique aches et ce titre lui aussi de la nature Comment traduire puisque nous ne sommes que dans le texte Il faut tre incisif Sens d une fin d j entendue et comprise Celle l m me qui m ne le po me et provoque la confrontation C2. de Robert Ellrodt Imprimerie nationale 2000 reprise dans l Anthologie bilingue de la po sie anglaise Pl iade 2005 suit plus ou moins le m me chemin Mon c ur souffre et mes sens une somnolence Succombent comme si j avais bu la cigu Ou vid jusqu au fond une coupe opiac e L instant d auparavant et gliss au L th Ce n est pas par envie de ton heureux destin Mais d tre trop heureux du bonheur qu est le tien Quand Dryade des bois l aile si l g re Dans un bosquet m lodieux De h tres verdoyants et d ombres innombrables plein gosier tu chantes pour c l brer l t C TE C TE Toujours en 2000 dans Keats et Leopardi au Mercure de France Yves Bonnefoy s empare selon sa coutume de ce po me d un autre pour le faire sien Mon c ur a mal une somnolence Endolorit mes sens comme si je venais De boire la cigu ou jusqu la lie Le vin noir de l opium et sombrais maintenant Dans les remous des rives du L th La sortie du film en 2009 d clenche une avalanche ditoriale r dition de Suied chez Arfuyen de Davreu en Points Seuil traduction d Alain Praud sur Internet et parution en 2011 La D lirante de la version command e Fouad El Etr lui aussi po te pour les sous titres du film l C TE C TE Mon c ur a mal et une langueur sourde oppresse Mes sens comme si j avais bu la cigu Ou venais de vider une drogue opiac e jusqu la lie
3. SACHA MAROUNIAN C TE C TE C TE C TE Mort en 1821 vingt cinq ans John Keats est aujourd hui plus vivant que jamais On le retraduit tour de bras en fran ais du moins La sortie de Bright Star le film de Jane Campion dont il est le h ros n a fait qu acc l rer le mouvement Cette effervescence justifie que TransLitt rature lui consacre un nouveau C te c te dix sept ans apr s son n 13 o Claire Malroux pr sentait quatre versions de l Ode l automne cette fois place la non moins c l bre et non moins g niale Ode au rossignol dont voici la premi re strophe Ode to a nightingale My heart aches and a drowsy numbness pains My sense as though of hemlock I had drunk Or emptied some dull opiate to the drains One minute past and Lethe wards had sunk Tis not through envy of thy happy lot But being too happy in thy happiness That thou light wing d Dryad of the trees In some melodious plot Of beechen green and shadows numberless Singest of summer in full throated ease Un petit tour sur Internet permet de rep rer pas moins de treize traductions dont cinq depuis l an 2000 Chose curieuse les plus anciennes ont peine cent ans Est il possible que Keats po te majeur soit rest in dit en fran ais pendant pr s d un si cle La premi re version r pertori e est celle d Elisabeth de Gramont marquise de Clermont Tonnerre peu apr s 1900 Mon c ur est lourd et une
4. ence 1990 et Alain Suied Odes Cahiers Arfuyen 1994 po tes par ailleurs travaillent en fait dans le m me sens que Laffay pratiquant comme lui le vers libre mais avec un plus grand souci de concision et de rythme Davreu cherche l alexandrin tandis que Suied ci dessous semble le fuir Mon c ur souffre et la douleur engourdit Mes sens comme si j avais bu d un trait La cigu ou quelque liquide opiac Et coul en un instant au fond du L th Ce n est pas que j envie ton heureux sort Mais plut t que je me r jouis trop de ton bonheur Quand tu chantes Dryade des bois aux ailes L g res dans la m lodie d un bosquet De h tres verts et d ombres infinies L t dans l aise de ta gorge d ploy e Changement de d cor avec Sur l aile du Ph nix Jos Corti 1996 de Claude Dandr a et retour au vers Cette fois cependant le traducteur ne s astreint pas aux rimes et s autorise un quatorzain ici ou l lorsque l alexandrin ne peut tout contenir Mon c ur a mal un sourd engourdissement p se Sur mes sens comme si j avais bu la cigu Ou vid jusqu au fond un breuvage opiac l instant et sombr aux rives du L th Ce n est pas qu ton sort heureux je porte envie Mais c est qu ton bonheur je participe trop t entendre dryade aux ailes si l g res En un bosquet m lodieux De h tres verdoyants aux ombres infinies Toi qui chantes l t gorge d ploy e La version
5. hant et chant Le po me est un chant et un contre chant Son propre m me contre chant S expose Ainsi r pons ultime strophe anthem Il s agit d un pari orphique Tout est mort Et mon c ur des cendres O cendres et est descendre L o l oiseau est dans les branches nous tombons sommes d j terre Nous regardons entendons vers l haut dans la nuit Aussi homographiquement ashes des cendres Heart encore to hurt homophoniquement qui sommes violemment frapp s de coups port s et comme mort mis sac et r duits en cendres La dialectique du c ur est traditionnelle comme chez P trarque par exemple et transi et glac La diabolique encore parce que si per ante du Shakespeare des Sonnets Le po me feint la mort Il parle comme d outre tombe Il parle dans les livres Il y a une troisi me nuit alors Une autre Donc Etc etc Ce n est pas la premi re fois que la glose est plus nocturne que le texte Les myst rieux gardiens du L th Ils doivent tre sortis tout arm s warder en anglais de la particule wards en direction de Ne parlons pas de contresens ce serait vulgaire mais plut t de traduction cr atrice et concluons de cette br ve balade qu en cherchant un peu on trouve le plus souvent de quoi satisfaire tous les go ts y compris les plus pervers C TE C TE 11
6. s C l brer de tes chants plein gosier l t Vient ensuite une version vers libriste due Louis Cazamian dans son Anthologie de la po sie anglaise Stock 1947 laquelle restera longtemps l ouvrage de r f rence des tudiants anglicistes Celle d Albert Laffay dans les ann es 6o Keats Po mes choisis Aubier Montaigne lui ressemble assez C TE C TE 7 C TE C TE Mon c ur se serre un demi sommeil engourdissant p se Sur mes sens comme si j avais bu la cigu Ou vid l instant m me jusqu la lie un lourd breuvage opiac Qui m e t fait descendre aux profondeurs du L th Ce n est pas qu ton heureux sort je porte envie C est que je prends trop de part ton bonheur Alors que Dryade des bois l aile l g re En un bosquet m lodieux De h tres verdoyants aux ombres infinies Tu chantes l t plein gosier ravi Dans la tr s riche introduction cent pages l de cette dition bilingue le professeur Laffay expose clairement sa strat gie qui est peu de chose pr s celle du professeur Cazamian il ne s agit pas de produire une recr ation po tique mais plus humblement de faciliter la lecture et l appr ciation de l original sans pour autant que la fid lit au sens du po me emp che qu on s efforce de maintenir un certain rythme et d accorder les sons Les auteurs des deux versions suivantes Robert Davreu Seul dans la splendeur La Diff r
7. torpeur engourdit de souffrance tous mes sens comme si j avais bu de la cigu ou l instant vid jusqu la lie une coupe opiac e et sombr vers les profondeurs du L th Ce n est pas par envie de ton heureux sort mais d tre trop heureux de ton bonheur que Dryade des for ts aux ailes l g res dans quelque m lodieux abri de la h traie verte aux ombrages infinis tu chantes l t de toute la joie de ta gorge palpitante Si le lecteur ne comprend pas bien qu il se dise que la marquise non plus Le that du v 7 qui l a gar e ne veut pas dire que mais du fait que Entre en sc ne peu de temps apr s Paul Gallimard p re de Gaston dont le Keats sera pieusement r dit en 1996 dans la collection Po sie Gallimard par son arri re petit fils Antoine il est suivi par L on Bocquet et Lucien Wolff dont les travaux semblent avoir disparu corps et biens puis par l peine moins m connu Jean Catel Cahiers du Sud 1933 premi re version en vers et ma connaissance la seule rim e ce jour Ah dans cette torpeur que mon c ur a de peine Comme si la cigu circulait dans mes veines Quel est donc l opium vid jusqu la lie Qui m a fait aussit t la proie du noir L th De ton heureux destin ce n est point jalousie Mais exc s de bonheur Dryade t couter Muet parmi la nuit des ramures heureuses De la h traie m lodieuse O je vois se jouer les ombres infinie
Download Pdf Manuals
Related Search