Université Paul-Valéry Montpellier III
Contents
1. cente depuis 68 n a cess de construire L homme contemporain doit se construire entre une image destitu e que le p re ne manquera pas d incarner et une demande qui vient oblit rer l absence de projet social Cependant l tre sujet a besoin d outils sociaux pour se construire et ces outils se trouvent dans les discours Le p re dans sa fonction est celui qui fait acc der le sujet au discours Ce que peut montrer la psychanalyse ce n est pas seulement qu il y a un malaise moderne du p re 18 mais que sans malaise il n y a pas de modernit ni m me de culture que le p re reste celui qui incarne le nom partir duquel le sujet peut dire non Or si quelque chose d faille aujourd hui c est peut tre dans cette assise sociale du nom propre du p re dont la stabilit n est plus assur e Un p re absent Ce ne sont plus seulement dans les travaux th oriques et les cas cliniques des psychanalystes psychiatres et psychologues que nous est donn e la possibilit de prendre la mesure des faits et des effets de cette situation Il suffit de consulter les m dias pour tre submerg par la quantit d informations relat es Violence dans les banlieues enfants qui menacent physiquement leurs parents enfants viol s violence l cole augmentation de la criminalit chez les mineurs etc C est galement dans les m dias que nous apprendrons par quels moyens l autorit non plus de la famille mais du pays tente de r gler2. re de l intime La fonction paternelle est essentielle la construction de cette v rit singuli re du sujet qui peut laisser une place au d sir et la cr ation afin de r sister la force d un mod le qui r duit la valeur du sujet la valeur de l change Marie Jean Sauret a abord de fa on rapide la fonction paternelle en rappelant ses liens avec la fonction d autorit la lumi re de son expos et de sa logique il nous semble que la fonction 11 Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu paternelle elle m me est un enjeu politique majeur pour le devenir de nos soci t s et un axe central de cette dialectique entre psychanalyse et politique Le p re est ce tiers n cessaire pour assurer cette fonction paternelle et le d bat actuel en particulier sur l homoparentalit pose la question de savoir si cette fonction symbolique dans un au del du p re imaginaire peut assurer sa fonction castratrice lorsqu il est incarn par une femme ou un homme face un autre homme aim Il faudra trouver des r ponses et des actions qui suivront le sens de l histoire bonne ou mauvaise Cependant ce p re imaginaire quel que soit le sujet ou les sujets qui l incarne nt est une m taphore essentielle pour agir comme fonction op rante dont le sujet a besoin pour entrer dans le langage et le monde des hommes Pour se l approprier au travers de sa propre fiction de son propre savoir et trouver sa place
3. sence signifiante pour chacun Freud a su construire un mythe qui rend compte de ce qui nous construit comme sujet Le p re mort existe pas dans la mesure o il existe de ne pas exister uniquement au travers des fils Il est ce trait unaire qui ne repr sente pas puisqu il est l articulation que rend possible la repr sentation Il est le z ro n cessaire tout calcul dont la pr sence absence permet toute op ration Lacan par l criture quantique de la sexuation c t masculin valide cette logique En effet pour v rifier la fonction pour un x tel que pas Phi de x il n est pas n cessaire que x soit vrai L exception de l au moins Un crit le z ro de la perte et cr e la fonction l instar du mythe c est de sa logique que la fonction est vraie quelle que soit la valeur de x Identification et d pendance En 1921 Freud revient sur les principes d identification et de d pendance l uvre dans la construction du sujet Chaque individu est une partie constitutive de nombreuses masses li de nombreux c t s par identification et il a difi son id al du moi selon les mod les divers Chaque individu a ainsi part de nombreuses mes de masse celles de sa race de la classe de la communaut de croyance de l appartenance un tat etc et peut en plus de cela s lever jusqu une parcelle d autonomie et d originalit 4 C est ainsi d une fa on un peu trange ou disons trang re que le ra
4. au rang de fonction La litt rature abonde sur les questions de la place du p re dans la soci t postmoderne comme si le p re lui m me tait un r el inquestionnable une essence perdue un trou autour duquel la soci t volue sans savoir comment le combler Plus rares sont les travaux hors de la psychanalyse qui viennent questionner la sp cificit structurale du P re Quel est il Quels sont sa place sa r alit son r el et sa fonction Nous chercherons partir de points de vue sociologique et juridique comprendre les enjeux contemporains de ces probl matiques La psychanalyse peut rendre compte de la dimension dit mention symbolique de cette crise qui au del de la personne du p re touche aux structures m mes de la famille et de la soci t Le succ s du brulot antifreudien de Michel Onfray Le Cr puscule d une idole l affabulation freudienne dans lequel l auteur fait passer Freud pour un pervers sexuel obs d par l id e de tuer le p re est symptomatique de notre poque Il y pr sente le p re de la psychanalyse comme un fils indigne haineux et jaloux m prisant son propre p re pour sa jud it C est cet aspect du livre d Onfray qui en fait son succ s bien plus que la critique l gard de la psychanalyse et de son manque suppos de mat rialisme Freud et la fonction du P re Ce que tes a eux t ont laiss en h ritage si tu veux le poss der conquiers le Cet aphorisme c l bre
5. de Goethe Freud le confie lui m me ses successeurs 3 en l crivant un an avant de mourir Dans Mo se et le monoth isme Freud y d finit une fonction paternelle qui s articule avant tout sur une passation o p re et fils se construisent dans leurs r les respectifs l un par rapport l autre dans un rapport possible parce que non sym trique Cette fonction paternelle n est pas celle que Lacan entend d finir avec l aide des math mes elle s ancre dans la r alit des rapports familiaux et sociaux d finit une place plus qu une fonction symbolique Cette analyse de Freud sur la fonction du p re et la position du fils dans l enchainement des g n rations se nourrit essentiellement d une r flexion sur la pulsion et la violence et leur n cessaire transformation sublimation pour qu une transmission et une identification soient possibles La sublimation de la violence pulsionnelle laquelle la fonction paternelle ouvre la voie est un effet de l introjection par le fils des pulsions de vie et de mort cependant cette introjection n est pas suffisante si un travail de deuil des objets de la pulsion ne s op re pas conjointement Avons nous raison de penser que c est bien au bout de ce processus complexe l identification qui est aujourd hui si difficile Le P re mythique de Totem et tabou La r flexion freudienne vient faire trou dans le savoir de son poque avec la publication de Totem et tabou en 1912 Un si cle plus
6. la famille rejoue ce pas d cisif ce plus grand pas que l homme peut faire pour humaniser l humanit Cette vision est tr s loin du d terminisme que l on pr te aujourd hui encore Freud 17 La position d fendue par Marie Jean Sauret nous claire sur cette confusion souvent faite entre h t ronomie et d terminisme En effet si le sujet reste mal coup d avec cet Autre auquel il veut absolument donner une substance qui attesterait de sa propre v rit il est aussi sujet d un d sir singulier pour lequel il doit faire des choix Ces choix qui d terminent ce que l tre sujet est au monde dans une communaut peuvent tre appel s autonomie Si nous voulions parler de fonction maternelle il s agirait d une fonction sociale et affective Dans nos soci t s postmodernes les probl matiques sociales de l galit des droits entre les sexes produisent des constructions imaginaires qui alimentent la demande et nourrissent la confusion entre galit m met et semblable L asym trie des sexes des genres et des g n rations peut servir de relais la demande perverse de contr le du r el Nous pourrions plagier une publicit c l bre pour illustrer ce propos j en ai r v je peux le faire Plus rien n est impossible et l ab sens de limite qu offre la technologie moderne d place le curseur de l thique Possibilit technique et possible thique se subsument C est un fait social qui se r alise dans la biom dec
7. r el dans l tre du sujet Marie Jean Sauret nous rappelle galement que le d sir d finit la vie du sujet qui tente de r cup rer de cette jouissance Lacan parle de satisfaction obtenue Cependant si l on pouvait r cup rer la jouissance toute ce serait la mort du d sir 15 La fonction paternelle permet la castration et introduit le sujet au d sir en l inscrivant dans la signification phallique et rend tenable une position pour le sujet et l tre face aux signifiants Cette position est une position de v rit C est en ce sens que le p re marque l interdit par ce qui se perd de jouissance Le p re interdit la m re comme autre de la jouissance dont la jouissance est forclore dans la n vrose C est cela le Nom du P re la m taphore qui substitue ce nom la place premi rement symbolis e par l op ration de l absence de la m re 16 Fragilit de l tre force du lien social L tre biologique est fragile mais c est ce manque tre qui caract rise le sujet et en d termine la vuln rabilit qui le pousse chercher des r ponses dans la soci t et la culture en premier lieu vers sa famille pour interroger le myst re derri re le manque o n cessairement se cache quelque chose dont la d couverte viendra r gler la mesure de cette qu te Freud pense que la famille est ce que l humain a invent de plus efficace pour organiser et dialectiser cette pulsion L adolescence par le pas fait hors de
8. si l tre se demande qui il est c est la question de ce savoir que suis je laquelle le sujet tente de r pondre Ainsi ce n est pas par la r ponse que le sujet se construit comme sujet du d sir mais par la question Lorsqu il se demande que suis je il se demande je d sire quoi Or il n y a pas de r ponse cette question qui serait log e dans un savoir disponible et utilisable Ce savoir c est l inconscient m me Ce manque tre du sujet c est son acceptation tre repr sent C est par le langage qu il partage avec l Autre que le sujet est repr sent 1l ne pourrait se construire et se repr senter seul Pouvoir se reconna tre dans cette repr sentation c est la marque de notre dimension sociale de ce qui nous lie l autre partir de la filiation Cette dialectique est constitutive du sujet parce qu elle est constitutive du d sir pour le sujet d sirant parlant Si le p re est le tiers n cessaire dans l op ration de castration symbolique pour le sujet il est aussi celui auquel le fils doit pouvoir s identifier L identification Revenir sur le concept d identification c est op rer une rupture avec une vision psychologisante de la fonction paternelle comme le pr cise liane Pamart car c est avec la psychanalyse appr hender la clinique au c ur de la structuration psychique la racine du narcissisme puisqu elle con oit l identification comme la premi re manifestat
9. sur le curseur entre h t ronomie et autonomie 20 Notes 1 Conf rence de Marie Jean SAURET Psychanalyse et politique l universit de Montpellier 3 le 30 avril 2010 2 le phallocentrisme est fr quemment d nonc par les penseurs des queer studies comme le mod le dominant des soci t s h f rocentr es 3 S Freud 1940 a Abr g de psychanalyse Paris PUF 1985 p 84 4 S Freud Psychologie des masses et analyse du moi 1921 c OCP t XVI p 67 5 Vannier Alain Homme p re Figures de la psychanalyse 2001 2 nos p 127 137 6 id 7 Paul Ric ur soi m me comme un autre Points Essais Seuil Paris 1996 424 p 8 S Freud L identification 1921 dans Essais de psychanalyse Paris PBP 1979 p 126 9 Essais de psychanalyse Psychologie des foules et analyses du moi 1921 chapitre 7 L identification Petite Biblioth que Payot pp 167 174 10 liane Pamart Les identifications chez Freud avec la lecture de Lacan Intervention du 13 octobre 2008 Rennes dans le cadre de l Atelier de 4 S Freud Psychologie des masses et analyse du moi 1921 c OCP t XVI p 67 11 S Freud Deuil et m lancolie 1915 dans M tapsychologie Paris Gallimard 1976 p 160 12 9 S Freud Essais de psychanalyse op cit p 128 13 K Abraham Esquisse d une histoire du d veloppement de la libido t II dans uvres compl
10. tes Paris Payot 1989 p 183 14 liane Pamart ibid p 53 15 Conf rence de Marie Jean SAURET Psychanalyse et politique Montpellier III 2011 16 J Lacan D une question pr liminaire tout traitement possible de la psychose Ecrits Seuil Paris 1966 12 Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu p 557 17 id 14 18 A Vannier ibid 19 Yves Hiram Haesevoets est psychologue clinicien et psychoth rapeute Charg de recherches et Ma tre de conf rences l Universit Libre de Bruxelles il est galement Expert aupr s des Tribunaux et du Minist re de la Justice 20 Nous reprenons la distinction que Paul Ric ur fait entre la Fragilit radicale et universelle de l tre et sa vuln rabilit toujours relative et variable qui indique sa position entre h t ronomie et autonomie 13
11. Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu Prol gom nes aux questions du p re et de la fonction paternelle Laurent HYTTENHOV Psychanalyste formateur en thique des soins de sant et doctorant en psychologie l Universit de Rouen Le p re on peut s en passer condition de s en servir Jacques Lacan On peut toujours se demander si une femme est une bonne ou une mauvaise m re si la question est ais e la r ponse l est moins et reste tr s relative d un point de vue culturel mais du fait de la grande h t ronomie de la position maternelle on se demande moins souvent qu est ce qu une m re L tre m re reste pour une part fix au d terminisme culturel et biologique qui en donne la mesure Il n en va pas de m me pour un p re dont la paternit peut toujours tre prise en d faut d faut d origine d faut de validit de v rit Une fois l enfant n il faut encore ce p re trouver sa place dans cette diatribe qui pourrait bien se passer de sa pr sence Alors qu est ce qu un p re Il faut reconnaitre Freud de n avoir jamais pargn son uvre cette question difficile Elle parcourt toute la psychanalyse des confidences de Freud sur la perte de son propre p re qui lui ont permis de faire un lien entre la signification inconsciente du p re et la mort du p re jusqu Lacan chez qui cette question trouvera un clairage d cisif Le fantasme commun
12. de la demande en offrant une r ponse universelle Pour conclure Au del d une crise sociale dont il n est pas question de minimiser l ampleur il devient difficile de faire la part des choses dans le spectacle des mis res et fl aux mis en sc ne par les m dias t l vision en t te Sur fond de vuln rabilit et de mis re sociale la Crise mondiale crise de la famille et videmment crise du P re ont valeur de m taphore pour une autre crise des valeurs et de la croyance Pour autant la question dont les m dias se font l cho n est pas ill gitime la crise conomique est elle la cause de cette crise de la famille Un bref coup d il l histoire peut nous faire douter d un lien de type lien de cause effet La grande d pression de 1929 au nom si vocateur premi re grande crise conomique globale n a pas suffi remettre en question les structures sociales et la place du Pater familias L ouvrier am ricain brutalement au ch mage ne s est pas trouv automatiquement devenir la cible du m pris de ses enfants De quelle r alit les m dias s emparent ils pour voquer et invoquer le mod le paternel et familial id al perdu bien s r et devenu objet de demande Si l enfant est en lutte aujourd hui avec une image de l enfant id al le p re n chappe pas la tendance qui fait du p re id al un d dans la soci t occidentale o la demande l Autre est adress e au pouvoir politique e
13. e Freud et cette logique est celle du signifiant En 1963 Lacan revient sur cette notion dans son s minaire unique Les noms du P re en revenant sur le mythe de Totem et tabou Il en d gage la double fonction paternelle au p re primordial Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu animal le p re de la horde celui de l identification primordiale et le p re de l identification l amour celui qui fait retour dans les phobies infantiles Le p re est tu parce que sa pr sence est intenable comme signifiant il ne tient que comme absence et ne vaut que par son nom seule r ponse au myst re de la jouissance Lacan revient sur cette probl matique en 1973 avec Les non dupes errent et particuli rement sur cette pr sence absence du p re r el et du p re symbolique qui ne peuvent co exister que du nom Le p re mythique est animal insatiable et ne peut exister que dans un avant de la culture ce qui de facto le rejette dans un r el hors d atteinte pour le sujet autrement qu au travers du mythe mais qu il l appelle Freud totem et justement la lumi re des progr s apport s par la critique de l anthropologie structurale de L vi Strauss qui met en relief l essence classificatoire du totem ce qu il faut en second terme c est mettre au niveau de P re la fonction du nom Cette identification primordiale incorporation r elle du P re de la horde rend absent pour la communaut ce qui est pr
14. e op ration chimique de r duction Ce ph nom ne social pourrait tre illustr par la maxime fausse que la fonction cr e l organe Sur le m me mode imaginaire de l quivalence et du m me une fausse sym trie du rapport homme femme se prolonge dans un rapport d quivalence p re m re l o le symbolique vient rater immanquablement Dans son article sur Le p re absent 19 Yves Hiram Haesevoets cite Alexander Mitscherlich qui annonce d s 1963 l arriv e d un mouvement in luctable vers une soci t sans p re dans laquelle la figure paternelle s efface et l autorit se vide de tout contenu Y H Haesevoets d crit les diff rents courants de pens e qui dans les ann es 1960 tenteront une refonte th orique du f minisme et des th ses antifreudiennes et auront pour projet d laborer ce que Le Camus nomme le mythe de l quivalence fonctionnelle Apr s l int r t historique et sociologique d une telle analyse l auteur montre qu au del des divergences entre les coles de psychanalyse et de l volution de la doctrine un certain consensus se d gage chez les psychanalystes pour affirmer que le maternage des jeunes p res et leur engagement relatif dans le soin le care apport au b b la nouvelle paternit qui peut se manifester par une relation de proximit avec le nourrisson dont parle Colette Chiland peut avoir des effets tr s structurants pour l enfant Cette d c
15. ine la r assignation sexuelle Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu ramen e un acte simple de chirurgie esth tique Ou comme nous le racontait r cemment un m decin responsable d un service d AMP les cas de plus en plus nombreux de parents qui viennent se plaindre que l enfant qu ils ont eu avec l aide d une f condation in vitro ne correspond pas leurs attentes Ce tout est possible nous semble tre la marque d une demande de jouissance adress e l Autre social que la famille relaie dans ses tentatives trouver de nouveaux mod les viables L adolescent contemporain dans son refus radical de toute frustration n a pas sombr dans la jouissance toute il cherche dans sa course aux plaisirs les morceaux de l Un qui n a pas disparu mais se trouve en morceaux dispers s Qu il y ait un p re deux p res ou pas de p re du tout dans la r alit la fonction paternelle n est pas une option dans la construction du sujet Elle est n cessaire une identification qui sera identification de soi pour l tre sujet point de d part de sa qu te et de sa singularit La modernit vient brouiller les pistes Si elle offre plus de choix elle n offre pas plus de libert et le sujet contemporain est peu dou pour le choix Les mod les soci taux sont d stabilis s de fa on radicale et plus que jamais ont disqualifi une certaine image du p re qui est attach e une image n gative que l histoire r
16. ine une forme hyst rique d identification De cette seconde identification de Freud die einziger Zug Lacan fera son trait unaire l identification par l attachement au p re est distincte de la premi re identification la figure paternelle qui fixe un point d ali nation totale l Autre que le sujet veut galer L identification au trait unaire est signifiante et donc partielle Elle donne la mesure du sujet n vros dans son rapport l Autre et dans la construction de son sympt me Dans la premi re identification le sujet veut tre comme le p re dans la seconde il s attache au p re comme objet sexuel Si la seconde identification de Freud appara t comme une identification dipienne l identification au trait unaire se caract rise par l identification un trait unique Nous pouvons faire l hypoth se qu elle claire dans nos soci t s contemporaines le rejet de l autorit paternelle et de l autorit en g n ral et le rejet des insignes du p re masqu s par une inflation de signes distinctifs vestimentaires musicaux sportifs etc Identification de tout le groupe sur un trait la fois distinctif et identitaire Cette seconde identification au signifiant unaire qui constitue une identit pour le sujet est intimement li e au corps et en d termine les repr sentations et l criture d un code corporel fortement identitaire Ce que les adolescents voyous ou sauvageons au gr des r f rents culturels de
17. ion d un attachement une autre personne 8 Pour Freud il existe trois types d identifications n cessaires la construction du sujet 9 L identification primordiale est l identification au p re l identification un trait de l objet et l identification au d sir de l Autre Seule la premi re forme d identification n est pas pathologique n vrotique mais au contraire est consid r e par Freud comme une phase n cessaire et structurante dans la construction du sujet Ce processus inconscient du sujet qui vise faire du moi un moi identique au p re pris en mod le Le p re pris pour objet id al avant m me l dipe et pour Lacan identique au p re de la horde dont Freud d crit le destin dans Totem et tabou Avec Lacan ce p re freudien constituant du sujet devient un p re structurant qui fait du fils un tre phallique 10 Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu Cette imago du p re d bouchera sur le nom du P re dont la forclusion reviendrait un ratage dans cette identification originelle la figure paternelle et l chec de la structuration qui aurait d en proc der Pour Freud l identification narcissique est la plus originaire 11 Cette identification primordiale du sujet est constitutive du noyau hyst rique de la n vrose Cet attachement primordial au p re est pour Freud la forme la plus primitive de l attachement affectif 12 sa perte est co
18. le m me consid r e comme une atteinte aux droits de l homme Nous reviendrons sur ce point Dans les ann es 1980 c est la notion m me d autorit qui dispara t pour un glissement la fois s mantique et juridique vers une responsabilit parentale En th orie le droit fran ais a atteint l galit parfaite des sexes ce qui fait dire certains auteurs que le genre pourrait tre techniquement supprim des documents officiels de la personne L autre argument en faveur de cette suppression est que le genre n est pas une identit sociale il appartient avant tout la sph re priv e D un point de vue pratique comme au niveau symbolique les choses sont plus complexes Dans le Droit la protection du groupe passe par la protection de la personne en tant qu elle est un l ment du groupe D fendre une personne c est d fendre le groupe La protection de la personne commence donc en donnant au sujet une existence l gale de personne Pour cela le droit d finit des cat gories qui sont tablies partir de la diff rentiation qui est une classification binaire sans discrimination En droit il y a toujours la possibilit d une erreur mais le droit ne peut attendre il faut donner un sexe pour faire du sujet une personne civile Par d faut le droit se cale sur la m decine et sur le marqueur corporel pour d terminer le sexe de la personne Il faut nommer la personne dire son sexe est une nomination Nous
19. le Le droit fran ais reste tr s attach la diff rentiation entre lien maternel et lien paternel mais en revanche on pourrait tout fait supprimer les notions juridiques homme femme puisque l galit est atteinte Ce qui cr e une discrimination c est la filiation garantie par l accouchement Cette r alit de la doctrine juridique nous renvoie Lacan ce sur quoi nous voulons insister c est que ce n est pas uniquement de la fa on dont la m re s accommode de la personne du p re dont il conviendrait de s occuper mais du cas qu elle fait de sa parole disons le mot de son autorit autrement dit de la place qu elle r serve au Nom du P re dans la promotion de la loi Lacan nous claire de fa on d cisive sur ces points dans son s minaire Les noms du p re en montrant comment cette fonction unique n op re pas d un point unique Lacan en avance sur son poque d une bonne d cennie s interroge sur ce qu est un P re Si Freud d crit ses contemporains les m canismes sociaux et symboliques de la fonction du p re dans le triangle familial de l dipe il ne remet pas en question un savoir ni une autorit Lacan r fl chit la question du p re en termes de structure et pose la question du r el de ce p re Le savoir institutionnalis n a jamais pu r pondre la demande du sujet ni se substituer au seul vrai savoir inconscient mais l h t ronomie du sujet permettait au savoir de venir occulter l angoisse
20. le probl me ce n est plus le p re qui est jug et condamn par d faut mais l enfant qui est jug par exc s La loi du juge vient oblit rer la loi symbolique elle ne l incarne plus elle ne l interroge plus elle la d nie en jugeant l enfant comme un adulte en place d tre l adulte le p re L enfant quel que soit sa faute paie t 1l pour la responsabilit du p re Dans la soci t de l information le discours des m dias inverse les valeurs les causes et les effets il invoque une crise de la famille dans laquelle le p re n est pas mis directement en sc ne et pour cause puisqu il est fr quemment absent de l quation C est plut t le fils et la fille qui font le spectacle Une mission de t l vision de grande coute comme Pascal le grand fr re est symptomatique de notre poque Elle met en sc ne un ancien ducateur sp cialis aux allures de dur au grand c ur et de p re de substitution provisoire Ce grand fr re vient s installer dans une famille pose son baluchon dans la chambre de l adolescent probl me et vit avec la famille pour Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu quelques semaines la fin de son s jour il aura bien s r laiss la paix et l harmonie derri re lui C est un fait dans la plupart des cas la famille ainsi montr e se r duit une m re et ses enfants le p re y brille par son absence Cette m re n y arrive plus sur le plan fa
21. ls confondus dans une nature Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu commune Alain Vannier ajoute ce propos que la question n est pas obsol te 6 qu il y a des figures culturelles du p re et qu il ne faut pas n gliger de les traiter L auteur soutient l id e que c est parce qu il contenait un principe d affaiblissement du pouvoir du p re de famille que le monoth isme a eu un tel succ s Ce d ploiement des figures du p re est aussi l une des conditions d mergence de la science moderne Il nous semble que cette vision et en quelque sorte cette inqui tude Paul Ric ur 7 la croise dans sa logique quand il d finit l ips it le soi m me l aspect fluant pr suppos par le mod le de la promesse qui r clame la fid lit l engagement contract et la m met le m me ce que le temps laisse perdurer une substance Lacan th orie du sujet identification et d tachement La th orie du sujet Les sujets continuent n anmoins se poser la question de ce qu ils sont Or cette question n cessite de s tre mancip e de l Autre Les sujets ne peuvent pas r pondre ce qu ils sont mais ils peuvent s inscrire dans une lign e qui leur indique quelle est leur place par rapport l Autre La fonction d autorit permet ce d placement et cette fonction c est la fonction paternelle Marie Jean Sauret nous rappelle un point essentiel qui constitue le sujet
22. milial et professionnel elle se trouve en situation de pr carit sociale Le terme de parent isol devenu substantif touche particuli rement les femmes dans les pays du sud de l Europe o elles obtiennent par d faut la garde des enfants en cas de divorce Il faut aussi noter ce n est pas anecdotique que ces pays sont ceux dans lesquels les p res r clament le moins souvent la garde de leurs enfants Les cons quences sociales de ce ph nom ne de grande ampleur sont massives Un point de vue historique et juridique Le fait est que cette volution de nos soci t s d s le d but du vingti me si cle s acc l re brutalement dans la seconde moiti du si cle L observation de la justice nous donne une illustration assez fine de cette volution si l on prend pour principe que la l gislation et le droit ent rinent les volutions sociales et c dent au sens de l histoire mais ne les devancent jamais Depuis 1968 la puissance paternelle de la doctrine juridique est supprim e au b n fice d une autorit parentale cette volution positive li e l volution du droit des femmes et de leur r le dans la soci t a t elle pu suffire roder un peu plus une fonction d j malmen e Probablement que non car cette volution est elle m me un effet de la confusion d j ancienne aliment e par la soci t lib rale qu galit des droits est synonyme de m met L asym trie des places et des r les est el
23. mprendre comme un deuil pour le sujet E Pamart cite Karl Abraham qui claire la fa on dont le sujet rend supportable cette perte par l introjection l effet de choc de la perte est galis par le processus inconscient de l introjection de l objet perdu Pour Abraham le deuil contient une consolation l objet aim n est pas perdu car maintenant je le porterai tout jamais en moi 13 La seconde identification Lacan dans le s minaire Les formations de l inconscient reprend la th orie freudienne de la transformation de l amour en identification et fait de ce point d identification la figure paternelle le moment du renoncement aux objets d amour dipiens Si l on fait de l identification p re fils le paradigme de ce montage qu en est il lorsque la fille s identifie son p re Lacan reprend le cas de la toux de Dora pour pr cis ment montrer que cette forme d identification l image paternelle je tousse comme mon p re ne fait pas de la petite fille un gar on Cela ne la transforme pas Par cet exemple Lacan replace le point de vue freudien dans sa propre th orie du sujet et des signifiants Ces traits 1dentificatoires de l enfant sont signifiants Lacan parle d insigne du p re partir du cas de la toux de Dora d taill par Freud au chapitre 7 de Psychologie des foules et analyses du moi Lacan d crit le second type d attachement qui selon Freud d term
24. nde incessante adress e l Autre social de la science et du droit demande de jouissance qui se drape de revendications identitaires dans laquelle enfant et consommation viennent se subsumer logiquement sur l autel de la performance La disparition au niveau soci tal de la toute puissance du Pater familias qu incarnait sans concurrence possible le m le correspond elle une volution de formes et des valeurs de la famille sur le mode imaginaire ou une perte symbolique sans compensation dans la structure Quelle en serait la cause les causes Il parait logique qu une causalit ce ph nom ne si elle existe soit multifactorielle Cependant ne risquons nous pas de nous garer en cherchant une cause classique du type logique de cause Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu effet La crise du P re correspond elle une disparition de la soci t phallocentr e pour reprendre les termes de ses d tracteurs 2 et l apparition d une soci t matriarcale comme Derrida en fit l hypoth se Nous montrerons d abord comment la psychanalyse par son apport th orico clinique sur la question du p re permet de d passer les arch types du r le social paternel et d clairer les l ments d une fonction essentielle la construction du sujet et de l tre Ces probl matiques ne peuvent faire l conomie de l apport lacanien qui a montr un P re pluriel et promu un r le
25. nt que Lacan crit S A barr Le mythe est une r ponse ce dire impossible une construction logique qui d s lors permet de rep rer ce qui fait la fonction du p re donner un sens au d sir de la m re De cette fonction le mythe est fondateur d une temporalit qui inscrit dans la culture le p re Un des origines qui est pour toujours le p re Pas un p re de la g n ration mais un p re r el un p re mort dont le refoulement primordial est inaugural Jouir des femmes commande l acte parricide et la d voration du p re par ses fils mais cela produit l effet oppos en interdisant les femmes Du p re mort s institue la loi et l interdit de l inceste La traditionnelle le on du mythe est dans ce r el d un p re mort plus puissant qu il ne l tait vivant Ce n est pas l histoire des fondements de la horde et de sa chronologie qui importe dans le mythe freudien mais bien les effets du meurtre du p re qui interdisent l acc s la jouissance Si la m re n est pas explicitement cit e dans le r cit freudien c est bien de la s paration d avec la jouissance de la m re que les fils d couvrent le lien signifiant de leur fraternit Ce point est essentiel dans la d monstration de Freud car le lien de la fraternit c est aussi celui du retour du p re mort comme p re de l amour C est l dans ce qui s pare le d sir de l acte que se situe la diff rence entre le complexe d dipe comme d sir de tuer le p re et ce r el d un pas
26. pport P re fils ne peut se comprendre hors de la soci t qui le construit et qu il perp tue C est ainsi loin des id aux lib raux et philosophiques l autonomie n a aucun sens hors de l h t ronomie radicale du sujet et de l tre Ce p re lacanien rig ou r duit c est selon le point de vue une fonction ne peut s appr hender sans l imaginariser Il ne peut se concevoir m me d un point de vue logique hors de la langue et de culture qui lui donne un corps Pour Alain Vannier tre homme c est se situer par rapport ce rapport indique quelque chose que l on peut appeler p re Homme p re ou p re homme c est un d bat joycien Un p re peut il tre p re sans descendance sans fils qu est ce qui alors est premier du p re ou du fils Le d clin social de l imago paternel 5 n est pas une question r cente comme nous le rappelle ce titre du texte dans lequel Lacan d s 1938 aborde le probl me du lent d clin de l imago paternel du pater familias romain au p re moderne La trinit invent e par Lacan du R el du Symbolique et de l Imaginaire nous renvoie la trinit chr tienne et aux probl matiques de l ant riorit et de la m met qui sont au fondement dans la soci t occidentale des notions d autonomie et d h t ronomie Cette querelle du filioque a cliv durablement le monde chr tien Dans la trinit faut il concevoir le fils engendr par le p re ou le p re et le fi
27. s politiques et de l alternance la fran aise v tus d uniformes cr atifs qui constituent une identit pour le groupe un signe distinctif repr sentent ce n est pas tant l chec de la fonction paternelle mais un ternel recommencement celui d une g n ration qui a bricoler avec la langue des parents pour la faire sienne Trouver sa place comme on dit dans une autre maison que celle du p re Cet arbre signifiant cache la for t d une crise de la famille plus profonde qui se caract rise par une inversion Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu des places que ni l autorit publique ni la d mocratie ne suffiront r gler Il ne s agit pas de force ou de libert mais d une d faillance du symbolique qui malmen par la modernit peine borner une jouissance et peut laisser croire au p re puis au fils qu ils peuvent faire fi du r el et quitter leur place A Vannier illustre cette crise par la parabole du roi Lear Le roi renonce son tr ne et renonce tenir sa place de p re interdisant ainsi par le brouillage des places assign es chacun aux enfants d agir leur tour comme des hommes Nom du p re filiation et lien social Le sujet nait deux fois Comme tre biologique et comme sujet du d sir Cependant c est avec un d ficit structurel qu advient le sujet du d sir c est ce qui vient manquer que Lacan d finit comme la jouissance du sujet Cette jouissance c est ce qu il y a de
28. sage l acte que Freud pr sente avec la force d une d monstration scientifique Freud s avance sur ce probl me du r el dans la pr face en pr cisant qu supposer m me que celle ci la v rit historique se r v le finalement comme invraisemblable je n en estime pas moins qu elle aura contribu dans une certaine mesure nous rapprocher d une r alit disparue et si difficile reconstituer Lacan reprend cette probl matique de la v rit dans son s minaire sur les psychoses Le meurtre est d centr du fait historique et port sur sa dimension mythique car c est de sa structure que le mythe est vrai C est dans la transformation du lien du sang en lien signifiant que la structure est op rante Le lien social se constitue de cet interdit cannibalique dont le tabou est m tonymiquement le p re mort La m tonymie n est logiquement possible que de l introjection du p re d vor Lien inaugural partir duquel peut s laborer un lien signifiant identificatoire du fils au p re Le mot comme lien l autre est une pr sence qui appelle un signifiant de l absence Le p re donne le sens la langue des fils par son absence C est de cette structure proprement appel e mythique que Freud op re un retour sur la n vrose Lacan fait sienne cette forme discursive du mythe propos e par L vi Strauss et n a aucun doute sur ce qui fait ce discours cet tre verbal Il voit dans la structure du mythe la massenpsychologie d
29. sur le savoir psychanalytique pourrait laisser croire que Freud vient apporter la r ponse au myst re Freud ne vient pas ajouter une strate au savoir 1 il ne propose pas une nouvelle t l ologie mais au contraire claire la fa on dont le sujet se d brouille avec ce myst re de la filiation dans sa propre mythologie La demande refait surface dans les soci t s d velopp es sous la forme d une plainte Qu est un p re Y a t il encore seulement des p res Et surtout y a t il encore de vrais hommes La plainte incessante et r actionnaire celle qui ne change pas d une poque l autre dissimule encore aujourd hui la perte d un savoir qui ne suffit plus d signer l homme vrai et fait ressurgir l angoisse La perte du savoir est une perte de v rit et d authenticit que l imaginaire masculin ne relaie m me plus pour supporter l image du p re Le rem de l effondrement des valeurs sociales et la Crise de fa on g n rale se cherche dans un nouvel imaginaire de la famille Une famille dite postmoderne dont l id al n est plus un mod le conomique fond sur la diff rence des sexes ni sur les r les assign s chacun de ces sexes dans la soci t Au contraire c est par l absence de mod le unique que cet id al se caract rise ce qui en fait justement un mod le Mais avec deux d nominateurs communs la consommation et le droit enfant enfant plus que jamais objet id al enjeu des fantasmes objets de dema
30. t conomique C est un fait historique observable et observ que la soci t est en pleine mutation en a t 1l d j t autrement La redistribution des r les sociaux homme femme qui caract rise la fin du XXe si cle se caract rise elle m me par une non redistribution La d construction des r les et des places assign es en fonction des sexes a fait long feu mais aucun projet n est venu y prendre place Seuls la confusion et le trouble pour reprendre le terme employ avec succ s par Judith Butler de Trouble dans le 10 Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu genre sont un manteau bien troit pour l angoisse Reste de f minisme et reliquat de luttes sociales viennent s y confondre quelle que fussent leur l gitimit historique De cette volution des m urs et des pratiques la soci t contemporaine tarde reconstruire un projet C est peut tre ce qui caract rise la soci t n o capitaliste contemporaine mieux que la libre concurrence plus que le culte de la performance la croissance et la consommation une ab sens de projet long terme qui se retourne vers et contre la soci t Si la lutte pour l galit entre les hommes et les femmes doit tre salu e et reconnue comme une avanc e fondamentale de la fin du si cle dernier il faut en m me temps regretter la confusion et le glissement s mantique d gal dit semblable Comme si le sexe et le genre taient le produit d un
31. tard c est comme une proph tie que la fin du monde de l histoire et Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu ses valeurs nous est annonc e pour 2012 Ce qui fut r ellement proph tique c est bien le travail de Freud sur la croyance et la pens e magique structuralement li es cette fonction paternelle Lacan clairera d un jour nouveau cette question avec son s minaire Le nom du p re et par le passage d cisif de ce nom du singulier au pluriel Car pour s identifier un mod le en l occurrence celui du p re le sujet doit pouvoir y croire y adh rer et comme le pr cisera Lacan en tre dupe pour que son histoire et son tre soit d une m me texture celle de la v rit Lacan continuateur de Freud fera sienne cette logique qui est aussi celle du mythe en l attribuant au signifiant Lacan pourra d s lors affirmer que le mythe freudien du p re de la horde et de ses fils est vrai parce que Freud tait un n vros Lacan aborde le probl me du mythe sous l angle strict du psychanalyste c est dire du langage De ce point de vue le mythe est essentiel par le point d indicible qu il porte La question de l origine voil la question du mythe Cette question construit la demande du n vros adress e l Autre celui qui l incarne qui ne peut y r pondre qu partir de sa propre nigme Ce point d impossible est un effet du langage Il rend compte dans la structure de ce poi
32. ulpabilisation des p res et de leur d sir de paternage n est pas contradictoire avec la n cessit et la possibilit de la fonction paternelle La fonction paternelle transcende le r le du Papa pour lequel il n existe pas de mode d emploi du bien faire et que cette fonction n est pas d limit e par ce que la bien pensance autorise ou pas au p re D s lors quel lien se noue entre le sexe et le genre du P re et cette fonction qui est la sienne La th orie du sujet permet de poser l hypoth se d un tre sujet barr loin des standards et des crit res de performance de la soci t de consommation Le sujet est seul pouvoir articuler quelque chose de sa v rit hors de tout projet de soci t qui parlerait sa place ou d objet id alis dont la consommation le r v lerait sa vraie nature et sa jouissance originelle perdue Or le mod le politique contemporain des grandes d mocraties lib rales tend construire un mod le id al de sujet que nous appellerons humanisme consum riste qui le destitue de ce qualificatif lib ral La th orie de Mill fait de l tat lib ral et de la libert du sujet la condition d panouissement de l tre condition qui est remplie si l tat reste tranger au devenir et aux choix du sujet Or une promesse de jouissance au plus m ritant vient supplanter cette libert inali nable Un utilitarisme m canis vient couvrir la subjectivit et renvoie la singularit dans la sph
33. voyons comme le droit n est pas embarrass par l aporie de son discours puisque c est de cette distinction des sexes que le droit construit sa doctrine de l galit et de l quivalence entre les sexes pour en faire un principe qui est aussi une condition du droit Cette identit est inscrite l tat civil c est l tat des personnes Nom pr nom ge filiation sexe en terme juridique c est la personnalit L tre humain n est d termin qu apr s sa naissance avant la naissance et apr s la mort il n y a plus de cat gorie de sexe Jusqu une poque assez r cente on se pr sentait avec le b b la mairie pour faire constater le genre par le sexe biologique Ainsi en droit on parle de sexe biologique non de genre le premier subsume le second art 56 du Code civil Revue Europ enne de Psychologie et de Droit www psyetdroit eu Sans remettre en question l importance de la nomination symbolique du b b il faut noter ce paradoxe tr s logique du droit L galit des droits et des devoirs des sexes se confond avec une fausse sym trie des genres et des fonctions symboliques o fonction droit et demande deviennent synonymes La femme mari e a moins de droits qu une femme c libataire car elle assujettit son tat de m re potentielle et de garante de la filiation la nomination du p re Elle a n anmoins le pouvoir d autoriser ou non le p re op rer cette nomination symbolique et l ga
Download Pdf Manuals
Related Search