au-delà du développement - Centre d`études et de recherches
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1. la r ussite conomique au d triment des libert s civiques et politiques L innovation est une valeur encourag e de m me que l ind pendance vis vis des pays de l Occident et de leur aide conditionn e L auto d termination permise par ce d veloppement permet de contrebalancer le pouvoir h g monique Ensuite le Consensus du Sud tire ses sources des mod les asiatiques et de l approche n o structurelle La strat gie nationale doit comprendre des politiques macro conomiques de croissance avec des politiques fiscales qui visent r duire l inflation et les d ficits ainsi que s orienter vers l offre travers des politiques de d veloppement des capacit s des investissements La croissance conomique est atteinte de mani re optimale travers l interaction strat gique entre l conomie nationale et l engagement international c est dire que par exemple la lib ralisation doit se faire graduellement L appareil bureaucratique tr s efficace collabore avec les milieux d affaires pour planifier dans une certaine mesure l conomie En outre le gouvernement conserve sa l gitimit gr ce la 28 mise en place de politiques de redistribution Enfin le Consensus du Sud met l accent sur l importance de l int gration r gionale pour contrer les m faits de la mondialisation Conclusion De l aide internationale la solidarit citoyenne Quel bilan peut on tirer de ces six d cennies du projet de d velopp2. Nord Sud apparait quant elle de plus en plus d su te L mergence de la Chine de l Inde et des autres pays du BRIC la mont e d une gauche autonomiste et anti am ricaine en Am rique du Sud mais aussi l largissement du G 8 au G 20 remettent s rieusement en question cette division du monde De m me les nouveaux enjeux de s curit internationale y compris une pr occupation omnipr sente face au terrorisme ont eu comme cons quence de rendre les enjeux de d veloppement tributaire des consid rations de s curit Ainsi alors que l aide internationale longtemps t conditionn e par les r flexes de la Guerre froide son autonomie partielle gagn e durant les ann es 90 s est vu de nouveau contrainte par des pr occupations de s curit et de lutte au terrorisme Au Canada le programme d aide fourni l Afghanistan constitue un exemple flagrant de cette d rive Le p le contre h g monique de cette d rive de l aide et la coop ration reste possiblement l altermondialisme Cette mouvance tente de mani re plurielle et parfois clat e de se distancer d une conception de la coop ration internationale qui se voudrait unilat rale ou 31 encore domin e par un mode de connaissance lin aire ou inspir par la modernit des Lumi res Ici l id e de solidarit internationale semble prendre son sens propre Associ es cette id e les notions d quit de durabilit de mutualit et de r ciprocit devienn
3. acteur structur et centralis ou courant unifi capable demain de gouverner le monde diff remment l altermondialisme se constitue d un ensemble pluriel et clectique Dans ce paysage haut en couleurs parfois chaotique le d sordre bariol fait ressortir une des composantes majeures de la richesse de l humanit sa diversit Parce que tout le monde est accept personne n est exclu ce qui cr e une unit La diversit devient source d unit La subtilit de la devise du Forum Social Mondial FSM Un autre monde est possible r side dans le fait qu elle ne pr ne pas de prime abord un monde meilleur mais invite la r flexion sur la multitude d options qui sont envisageables La mouvance s applique ainsi d montrer dans son h t rog n it que diff rentes solutions sont 24 envisageables et qu tre altermondialiste aujourd hui n est pas exiger le remplacement d une pens e unique par une autre Une r ponse au There is no alternative Il n y a pas d alternative expression du Premier ministre britannique Margaret Tchatcher martel durant les ann es 1980 pour justifier le lib ralisme En effet dans la vision n o lib rale suite la chute du communisme au d but des ann es 1990 il n y a plus qu un seul mod le de soci t possible Au contraire dans la vision altermondialiste le syst me n o lib ral n est pas viable et l on pr ne la construction d alternatives multiples qui pourraient s illu
4. dans la mondialisation Ainsi ils souhaitent construire une mondialisation visage humain Ils pr nent une r vision des relations inter tatiques qui passe par exemple par une r forme et une d mocratisation de la prise de d cision au sein des organisations 26 internationales ou une annulation de la dette des pays en d veloppement Ils r clament galement un meilleur acc s aux march s internationaux c est dire la fin du protectionnisme d guis de la part des pays riches Les r formistes soutiennent l approche de la deglobalization entreprise par Walden Bello et qui se propose de r pondre au d fi d imaginer une alternative la mondialisation dominante Il analyse qu au del de la r forme ou de la d construction il faut couper avec le mod le dominant et reconstruire une nouvelle gouvernance mondiale sur une base propositionnelle l intervention doit tre simultan e sur plusieurs niveaux local et global les conomies nationales doivent tre d globalis es et le syst me des institutions internationales doit tre modifi Il pr ne en effet tout d abord un d sengagement des conomies nationales bas sur un engagement s lectif dans le commerce international ainsi qu une subordination de l conomie au politique et pr conise une gouvernance mondiale alternative fond e sur une d concentration et d centralisation du pouvoir institutionnel au profit d un syst me pluraliste et flexible Enfin
5. projet de d veloppement merge ainsi dans un contexte de mont e en puissance de nouveaux pouvoirs mondiaux au sortir de la guerre les tats Unis et l Union Sovi tique avec pour but de l gitimer un certain nombre de pratiques extraterritoriales dans les deux camps Les deux blocs capitalisme et socialisme vont tous deux s appuyer id ologiquement sur des th ories antagonistes le modernisme de Rostow pour l Occident le marxisme pour l URSS Ces deux blocs de th ories seront utilis s principalement durant les ann es 1950 1970 avant d tre d pass s par d autres courants mais demeureront cependant fondamentaux dans les conceptions g n rales du d veloppement Aujourd hui encore le terme de d veloppement est associ la notion de modernit entendue comme le progr s amalgam alors au ph nom ne d industrialisation Ces deux approches antagonistes sont n anmoins regroup es au sein du m me temps de th orisation du d veloppement en ce qu elles se rejoignent dans leur m ta interpr tation positiviste empreinte d un structuralisme prononc Modernisation et d pendance sont des th ories mono paradigmatiques En effet chez Rostow comme chez les marxistes et les d pendantistes cinq pr occupations conceptuelles sont communes Premi rement les deux s int ressent aux transformations sociales li es aux transformations conomiques Deuxi mement la naturalit d tapes de la croissance et du d ve
6. valeurs et des int r ts des pays d velopp s est elle aussi lourdement questionnable Au del de l ethnocentrisme des mod les pr n s on pointera principalement comme cause conceptuelle de l chec une essentialisation du tiers monde par une approche de ce dernier comme un tout homog ne essentialisme aliment par une domination des conceptions scientifiques modernistes M La pr gnance du mythe du progr s naturel in luctable et universel dans les discours sur le d veloppement contribue en effet de fa on non n gligeable son impasse et chec La dictature du progr s et de la science a men la sacralisation du r le de l expert technocratique aujourd hui incarn dans le consultant sans fronti re et a conduit une pratique directive et manag riale du d veloppement Un momentum particulier se d gage cependant dans l re du temps depuis les ann es 2000 pour un renouveau en profondeur de l approche du d veloppement Le paysage international est effectivement en proie de grandes mutations de multiples niveaux Le concept de d veloppement est d autant plus questionn que l re des grandes m tath ories sur le d veloppement est termin e Les analyses structurelles h g moniques du sous d veloppement comme un manque moderniste ou comme un blocage marxiste sont d pass es sans pour autant tre remplac es par des th ories de taille quivalente Aujourd hui les approches partielles et non totalisantes
7. AU DEL DU D VELOPPEMENT QUAND LA COOP RATION INTERNATIONALE RENCONTRE L ALTERMONDIALISME 1 Dominique Caouette Anne C cile Gallet Timoth Nothias moins de cinq ans du terme fix en 2000 lors du Sommet du mill naire il est d j tabli que la plupart sinon l ensemble des Objectifs du mill naire ne seront pas atteints au moment de l ch ance de 2015 S agit il d une grande et surprenante d ception ou plut t d une nouvelle manifestation du mirage du d veloppement et de sa mythologie moderniste et progressiste Dans ce chapitre nous optons sans h sitation pour la seconde possibilit Le d veloppement et l id e sous jacente d une coop ration internationale tirent leurs racines la fois des crits et des id es des philosophes des Lumi res du XVIII et XIX si cles mais aussi du contexte g opolitique de son mergence en tant que construction s mantique et institutionnelle sp cifique Tout d passement de ce cul de sac et de cette mythologie moderne n cessite un double mouvement cognitif D une part une analyse des origines ainsi que de l volution tant des discours que des pratiques institutionnalis es du d veloppement et de ses acolytes que sont l aide internationale et la coop ration Et d autre part la possibilit de reconnaitre l int rieur de la mouvance altermondialiste diffuse h t roclite et h t rog ne les premiers signes d une red finition de la conceptualisation de la coop ration in
8. Banque mondiale on commence percevoir un tournant dans les pratiques et le discours de la solidarit internationale Cinquante six meutes anti FMI ont t relev es entre 1985 et 1992 Se dessinent alors quelques grandes caract ristiques des pratiques et du discours altermondialistes l insistance sur l inclusion l quit la participation et la dissidence directe dans la rue et non plus travers des partis politiques ou institutions tatiques Le soul vement zapatiste de janvier 1994 et son appel une r sistance transcontinentale au n olib ralisme global rev tent aussi une importance particuli re La cr ation du mouvement La Via Campesina en 1996 marque galement une tape cl de la construction d un espace politique transnational Par la suite les forums et les rassemblements parall les aux rencontres de l Organisation mondiale du commerce sont devenus des moments privil gi s d expression de la dissidence D abord Gen ve en 1998 puis l ann e suivante lors de la bataille de Seattle une multitude d acteurs de la soci t civile se sont rencontr s et ont manifest Les rencontres minist rielles qui ont suivi Doha 2001 Cancun 2003 et Hong Kong en 2005 les sommets du G 8 les r unions du FMI et de la Banque mondiale sont ainsi devenus des occasions importantes pour les mouvements sociaux transnationaux de se rassembler et d agir collectivement en vue de protester contre des modes de d cisions j
9. ainsi que sur la financiarisation men e par Wall Street Ce mod le s enracine petit petit dans un contexte premi rement de guerre froide pendant laquelle le mythe de la libert est rig comme nouvelle religion ainsi que secondement de crises ext rieures qui justifient ces prescriptions conomiques En somme 13 le projet de d veloppement change de visage au profit du libre march et s axe autour de l insertion marqu e dans la mondialisation comme voie d avenir L impasse du d veloppement Le triomphe de la doctrine autour de la synergie march mondialisation dans l establishment de la pratique de la coop ration internationale n occulte cependant pas la volont entam e lors des luttes inter paradigmatiques de penser une autre forme de d veloppement De nombreux courants intellectuels critiques fleurissent partir de la fin des ann es 1980 surtout pendant la d cennie suivante pla ant cette p riode sous le signe du questionnement et de l clectisme D essence constructiviste ces approches remettent en question les perspectives structuralistes positivistes et critiquent essentiellement les notions de progr s lin aire et modernisation qui pr valent dans la th orie et la pratique du d veloppement Elles cherchent concevoir un d veloppement davantage quitable inclusif et durable Dans la lign e du d veloppement alternatif qui avait pr conis un autre d veloppement dans les ann es 1980 les appro
10. alization What Social Forces vol 85 n 3 p 1263 1278 36 M Hardt et A Negri 2004 mJ agdish Bhagwati In defense of globalization Oxford Oxford University Press 2004 38 Martin Wolf Why Globalization works New Haven et Londres Yale University Press 2004 3 Mariella Pandolfi et Didier Fassin Contemporary states of emergency the politics of military and humanitarian interventions Cambridge MIT Press 2010 0 Laurence McFalls Doit on intervenir in Guillermo Aureano Philippe Faucher Fr d ric M rand et Marie Jo lle Zahar dir La Politique internationale en Questions Montr al Les Presses de l Universit de Montr al 2009 p 214 223
11. ar les acteurs transnationaux qu ils soient des individus des organisations internationales ou des organisations non gouvernementales internationales afin d apporter une compr hension du monde nuanc e et plus proche de la r alit La mondialisation a g n r des conflits transnationaux crise financi re internationale changements climatiques crise alimentaire par exemple d o l mergence de r seaux transnationaux renforc e par la compression du temps permise par la mondialisation Tous ces acteurs se nourrissent de l ouverture d un espace politique transnational qui merge et se construit depuis une quinzaine d ann e Selon Robert O Brien la mont e de 21 mouvements transnationaux peut tre associ e aux mutations de l ordre international qui ayant conduit une phase de multilat ralisme complexe ouvre l espace la voix de la militance transnationale Il note que ce nouveau ph nom ne dans les relations internationales s exprime de mani re conflictuelle car d un c t les institutions au pouvoir cherchent maintenir l ordre en place alors que les mouvements altermondialistes ambitionnent de l alt rer Ce courant s inscrit dans ce que Held nomme d mocratie E 22 N V zt p cosmopolite concept qui met en lumi re le d sir des militants de se pr occuper de probl matiques reli es des r gions proches ou loign es et l ordre mondial en g n ral La multiplication des appartenances
12. ches constructivistes poststructuralistes telles que l anti d veloppement l au del du d veloppement et le post d veloppement soutiennent que le d veloppement est dans une impasse L accent est mis sur le pouvoir des discours et des id es pour fa onner la r alit ou comment le projet de d veloppement s est construit et vient r pondre aux int r ts occidentaux De plus pour ces perspectives critiques la mondialisation repr sente une radicalisation du projet de la modernit Ces courants viennent critiquer l approche par le haut top down et le r le donn aux experts aux professionnels du d veloppement et privil gient plut t des pistes de recherches pour un 14 d veloppement interactif non directif participatif et local grassroots participation et bottom up strategy Autres approches constructivistes celles post modernistes et postcoloniales viennent quant elles mettre l accent sur le postnationalisme identitaire les cultures sont mixtes et mondialis es soumises une dynamique de syncr tisme et d hybridit L approche de l apr s post d veloppement s rige en perspective critique des courants constructivistes Elle met de l avant quatre points Premi rement elle avance que les constructivistes prennent racine dans le contexte de la d cennie perdue ce qui explique la radicalit de leur r action et notamment leur r fractivit l autorit Mais de par ce fait ils p chent par exc s
13. de z le et mettent de c t l importance de la gestion Deuxi mement les diff rentes approches num r es ci dessus sont davantage un programme de recherche discursif d construction des pr misses ontologiques du projet de d veloppement et de r sistance qu une praxis mancipatrice Ces perspectives manquent encore d tudes empiriques et de bilans sur le terrain Troisi mement la critique de la modernit ou du scientisme est bas e sur un m lange des genres et traduit parfois une vision romantique du pass pr colonial Enfin quatri mement une simplification outrance et trop dichotomique aboutit une tendance r ductionniste plus rh torique que logique Le d veloppement est amalgam l occidentalisation ce qui est tautologique Ces courants de r flexion aux approches trop critiques et radicales trouvent cependant peu d cho dans les doctrines au sein des institutions internationales de pratique du d veloppement Celles ci en proie leurs propres tourments essaient de renouveler la probl matique sans arriver une v ritable nouvelle approche comme en t moignent les 15 travaux de la Commission Sud Le r sultat est la pr minence de bons sentiments sans v ritable innovation conceptuelle la division Nord Sud entre pays pauvres et pays riches les ann es 2000 voient appara tre deux nouveaux paradigmes Celui dit de Bretton Woods v hicul par les institutions telles que le FMI la Banque Mond
14. dentale Paris Les Presses de Science po 2001 p 234 276 Vijay Prashad New Delhi Les nations obscures Une histoire populaire du tiers monde p 263 280 10 Voir Philip McMichael International Finance and the Rise of Global Managerialism Development and Social Change A Global Perspective Thousand Oaks Pine Forge Press 33 2000 p 113 146 Jan Nederveen Neoliberal Globalisation and the Washington Consensus International Development Governance Ahmed Shafiqul Huque et Habib Zafarullah dir New York Taylor and Francis 2006 p 91 104 ll Voir Jane L Parpart et Henry Veltmeyer The Development Project in Theory and Practice A Review of its Shifting Dynamics Revue canadienne d tudes du d veloppement vol 5 n 1 2004 p 39 59 12 Jan N ederveen Neoliberal Globalisation and the Washington Consensus International Development Governance Ahmed Shafiqul Huque et Habib Zafarullah dir New York Taylor and Francis 2006 p 91 104 P Jean Philippe Th rien Beyond North South Divide The Two Tales of World Poverty Third World Quaterly vol 20 n 4 1999 p 723 742 14 G Rist 2001 p 116 129 5 Francis Dupuis D ri L altermondialisme Montr al Bor al 2009 p 21 22 16 Jean Louis Laville et Antonio David Cattani dir Dictionnaire de l autre conomie Paris Gallimard 2006 James H Mittelman The Globalization Syndrome Transformation and Resistance Pri
15. e internationale l closion de la crise de la dette ainsi qu une restructuration des tats Cette mondialisation financi re se caract rise par l mergence d un syst me bancaire mondial servi par le foisonnement de banques transnationales nourries d eurodollars et par un afflux de capitaux offshore De plus la fin du syst me de Bretton Woods en 1971 suspend la convertibilit du dollar en or laissant flotter cette monnaie qui de facto s impose comme la devise internationale d change Ainsi une partie de l aide internationale est petit petit convertie en emprunts aupr s des banques dont les liquidit s sont abondantes depuis la crise p troli re de 1973 La dette des pays du Sud envers les tablissements financiers atteint soixante pourcents de l endettement total mondial en 1980 et marque l chec du NOEI qui insistait sur la coop ration inter tatique pour le financement du d veloppement et de nouveaux termes pour les changes commerciaux entre le Nord et le Sud Cette dette devient une crise dans les pays en d veloppement lorsqu au d but des ann es 1980 les politiques mon taristes de Friedman s imposent comme unique solution d assainissement des finances publiques face des d ficits publics mirobolants Le Mexique est le premier se d clarer en faillite en 12 1982 initiant une vraie d confiture en Am rique latine puis en Afrique Face cette crise les tats perdent de leur autonomie au
16. ement Tout d abord il ressort que les id es datant du lib ralisme philosophique persistent encore aujourd hui Pour les tenants de la mondialisation la modernisation et le progr s restent toujours l agenda Il faut donc y voir une continuit importante Tant le projet colonial le d veloppement et aujourd hui la mondialisation restent prisonniers d une certaine conception t l ologique de l histoire et du changement social En m me temps il faut viter le pi ge d un r ductionniste simpliste ces soixante ann es de d veloppement ont t toutes sauf statiques des premiers projets de modernisation des ann es 1950 l approche sur les besoins essentiels les demandes pour un Nouvel ordre international conomique aux programmes d ajustements structurels ou encore au d veloppement conomique ax sur les exportations et la lib ralisation conomique Enfin des investissements importants non seulement conomiques et financiers mais aussi intellectuels auront caract ris ces six d cennies O en sommes nous aujourd hui Comme le souligne Wallerstein nous sommes aujourd hui un carrefour D une part il existe un vaste consensus que nous sommes arriv s la fin des grandes m tath ories et des grandes narrations sur le d veloppement D autre part les discussions les plus contemporaines se structurent autour de deux avenues conceptuelles Une premi re choisit d inscrire le d veloppement l int rieur des r flexi
17. ement local et non directif Ceci implique alors que la coop ration internationale se r organise autour de collaborations et de solidarit s Ces diverses nouvelles formes de coop ration permettent de prendre en compte la diversit culturelle lou e au sein des mouvements altermondialistes et vue comme une richesse Enfin une derni re valeur commune se retrouve dans la volont d agir dans l alternatif Le FSM en tant que sph re public alternative est une illustration de cette dynamique Cet objet social encore diffus et qui r siste aux cadres d analyses traditionnels est un espace ouvert horizontal et d mocratique de r flexion et r seautage Plus qu une dynamique de contre sommet mais moins qu un processus de table ronde de la part de la mouvance altermondialiste les forums sociaux sont une plateforme ouverte d changes en tout genre Repenser la coop ration internationale Ainsi la mouvance altermondialiste se r unit dans le fond autour de ce corpus de valeurs et de normes partag es mais dans la forme la r alit reste souvent complexe et hybride En d pit de cette unit de valeurs les solutions propos es demeurent h t rog nes Il est possible d identifier de mani re sch matique trois tendances Les tatistes repr sent s entre autres par Martin Khor de Third World Network un r seau altermondialiste mettent l accent sur l importance d une int gration croissante mais plus quitable
18. ence de la pauvret et la r volution industrielle naissante Le processus de d veloppement est alors dans un premier temps entendu comme une dynamique sociale interne devant permettre la r conciliation entre progr s et ordre comme le th orise le groupe positiviste des Saint simoniens Le maintien de l ordre social g n ralement menac en p riode de changements radicaux comme lors de la mont e du capitalisme industriel n est pas assur par le laisser faire lib ral pr conis par Smith mais se r alise dans une curatelle exerc e par certains acteurs d volus entrusted sur la soci t Quelques d cennies plus tard List travers ses th ses sur le protectionnisme introduit l id e de l intervention tatique pour t lescoper le progr s travers l action directe et intentionn e de l tat Au cours de ce processus le d veloppement appr hend comme le progr s s impose alors non pas comme un moyen mais une finalit Il devient progressivement une pratique tatique volontaire et s inscrit surtout dans un nouveau discours celui du sous d veloppement Reposant sur une dialectique la notion de d veloppement appelle une contrepartie en l occurrence le sous d veloppement Dans une re consacrant l volutionnisme social c est dire la croyance de la sup riorit occidentale sur les autres soci t s la notion de curatelle est extrapol e l international avec la construction d un discours autour de l
19. ent le propre des pratiques altermondialistes De plus loin d arriver des approches totalisantes ou des mani res paradigmatiques et institutionnelles de vivre cette solidarit on observe plut t une large vari t de modalit allant des initiatives micro l chelle de quartiers de communaut s la formation d alliances transfrontali res De plus c est l engagement pour une mobilisation collective et citoyenne qui semble dominer cette mouvance qui reste largement antisyst mique Imaginer un autre monde passe donc par la d construction d un syst me d accumulation priv et non durable Certains analystes dont Wallerstein vont jusqu avancer que les limites syst miques du capitalisme et son effondrement sont d j l horizon d ici 25 50 ans Plut t que d opter pour le difficile art de la pr diction il apparait plut t important ici d insister sur la m tamorphose de la coop ration internationale qui s op re actuellement Celle ci s loigne progressivement de ses racines li es la modernit et l id e de progr s universel pour ouvrir plut t un nouvel imaginaire structur autour de l id e de solidarit s transfrontali res face un destin cosmopolite commun Les id es pr sent es dans ce texte ont fait l objet d une pr sentation durant le colloque intitul e Coop ration partenariat d veloppement Efficacit et l gitimit de l aide organis dans le cadre du 78 Congr s de l Associati
20. er le revenu que de combler les besoins essentiels des populations pauvres Toutefois elle est vite confront e un certain nombre d impasses puisque la d finition des besoins essentiels souffre d une certaine naivet et ethnocentrisme par exemple la possibilit de pouvoir identifier et de mesurer de mani re universelle l apport calorifique et nutritif n cessaire chaque tre humain peu importe le contexte culturel g ographique et historique Du d veloppement la mondialisation L chec du NOEI ouvre la voie au d but des ann es 1980 une lutte inter paradigmatique autour du d veloppement et de la question des pratiques de coop ration internationale Alors que le d veloppement alternatif pr ne une approche par le bas grassroots et que la nouvelle conomie politique internationale th orise le syst me monde la division internationale du travail ou encore l Etat rentier la contre r volution n olib rale men e par 11 les tats Unis le Royaume Uni et les institutions internationales s impose de fa on h g monique Ce triomphe n est pas advenu par hasard En effet plusieurs facteurs se renfor ant mutuellement concourent l chec du NOEI et ouvrent la voie au n olib ralisme rendant ce choix presque vident voire in vitable La mondialisation financi re engag e depuis l poque coloniale s est acc l r e depuis le milieu des ann es 1970 et m ne une financiarisation de l aid
21. et des loyaut s subjectives reste plus envisageable que la naissance d une citoyennet mondiale qui serait une simple transposition du syst me national au niveau international Selon James Rosenau cet cart lement de l analyse statocentrique peut tre illustr par l id e de la fragm gration n ologisme voulant qu il faille maintenant tenir compte dans nos analyses la fois des processus de fragmentation et des processus globaux d int gration conomique politique culturelle etc qui au final nous m nent une certaine glocalisation C est l int rieur de ce processus dialectique que l on peut voir merger les avenues les plus prometteuses pour une compr hension la fois originale et explicative de la mondialisation et de l altermondialisation mais aussi d un renouv lement de l appr hension et de la pratique de la coop ration internationale M me si la date de naissance officielle de la mont e de la mouvance altermondialiste figur e par les acteurs transnationaux est souvent associ e aux r sistances en marge du Sommet de Seattle en 1999 sa gestation a dur de longues ann es voire de longues 22 d cennies selon certains depuis l apparition de crises p troli res et conomiques r p tition dans les ann es 1970 D s les ann es 1980 avec la mise en place des programmes d ajustement structurel et la prise en charge de la gestion macro conomique tatique par le FMI et la
22. ge 2004 26 Boaventura De Sousas Santos The WSF Toward a Counter Hegemonic Globalization Part I amp II in Jay Sen Anita Anand Arturo Escobar et Peter Waterman 35 dir The World Social Forum Challenging Empires New Delhi The Viveka Foundation 2004 p 235 245 p 336 343 77 Arturo Escobar Other Worlds are Already Possible Self organisation Complexity and Post capitalist Cultures in Jay Sen Anita Anand Arturo Escobar et Peter Waterman dir The World Social Forum Challenging Empires New Delhi The Viveka Foundation 2004 p 349 358 28 P m Blaise Lempen La d mocratie sans fronti res essai sur les mouvements anti mondialisation Lausanne L ge D Homme 2003 p 67 82 Ibid p 83 96 Chico Whitaker Changer le monde nouveau mode d emploi Paris Les ditions de l Atelier 2006 Peter Waterman The Global Justice and Solidarity Movement And The World Social Forum A Backgrounder in Jay Sen Anita Anand Arturo Escobar et Peter Waterman dir The World Social Forum Challenging Empires New Delhi The Viveka Foundation 2004 p 55 66 32 Walden Bello Deglobalization ideas for a new world economy Londres Zed 2004 33 Francis Dupuis D ri L altermondialisme Montr al Bor al 2009 p 59 60 36 34 Joshua Cooper Ramo The Beijing Consensus Londres The Foreign Policy Center 2004 35 Immanuel Wallerstein After Developmentalism and Glob
23. iale et l OMC reprend les conceptions du Consensus de Washington En vertu de quoi radiquer la pauvret s effectue par le d veloppement du march l int gration conomique des tats dans la mondialisation Celui dit des Nations Unies regroupant les institutions affili es l ONU voit la pauvret mondialis e en raison d une mondialisation double vitesse avec l expansion des richesses conomiques mais aussi une intensification des in galit s Les approches se centrent sur l individu et le combat contre la pauvret par le d veloppement humain passe par la lutte mondiale contre l exclusion sociale Sans qu aucun de ces paradigmes n arrive cependant dans ses pratiques enrayer la mont e de la pauvret Trop faiblement renouvel e la pratique du d veloppement est elle aussi dans l impasse DE L AIDE INTERNATIONALE L ALTERMONDIALISME Le carrefour de la coop ration Cinq d cennies de pratique du d veloppement am nent un bilan mitig L inefficacit du r gime de l aide internationale au d veloppement se fait cr ment sentir Cette inefficacit peut s attribuer entre autres au manque de coh sion des politiques des pays d velopp s o les gains de l aide sont souvent annul s par d autres politiques internationales n fastes telles les subventions agricoles l exportation De plus la praxis 16 du d veloppement dans le cadre de la coop ration internationale r alis e en fonction des
24. id e de la fid icommis trusteeship des pays d velopp s sur les pays dits du Sud Ainsi tr s rapidement le d veloppement vient occuper une place centrale dans l tayement pour l opinion publique d une doctrine d intervention bas e sur une mission civilisatrice Ceci vient pr senter sous un joug philanthropique bien plus flatteur les vis es conomiques obtenir de nouveaux d bouch s ainsi que sources de mati res premi res et politiques comp tition entre les grandes puissances du colonialisme Par ailleurs ce moment colonial est aussi important parce qu il voit outre la construction du discours les premi res pratiques sous le couvert du d veloppement L administration coloniale v hicule le mod le europ en comme tant la voie naturelle vers le progr s et son projet est de promouvoir la modernit d alors positiviste dans les colonies grand renfort d expertise scientifique et technique Cependant le d veloppement d fini comme un projet na t v ritablement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en 1948 lorsque suite au discours du pr sident Truman et son point IV sur l assistance technique aux nations d favoris es la moiti de la population de l humanit se r veille litt ralement sous d velopp e Cette innovation terminologique va cependant au del de la simple transformation s mantique et inaugure une nouvelle re dans la conception des rapports inte
25. les radicaux regroupent de nombreux groupuscules qui restent souvent plus anti que altermondialistes Privil giant une multitude de formes d action y compris la violence et les actions spectaculaires ce courant est celui qui a le plus de visibilit Ironiquement ce courant contribue sans le vouloir discr diter l altermondialisme que beaucoup voient comme une utopie d fendue par des anarchistes et des casseurs Il s agit d une double ironie car ces altermondialistes sont souvent ceux et celles la recherche d une plus grande coh rence Ainsi plusieurs organisent leur vie dans des camps autog r s et insistent sur un mode de vie au quotidien qui refl te les valeurs d fendues d autonomie d autogestion et 27 de d mocratie directe Malheureusement les m dias dominants souvent simplistes et sensationnalistes plut t qu analytiques exacerbent ce paradoxe leur conduite offre une certaine visibilit l altermondialisme mais d un autre c t elle peut aider les n olib raux asseoir l ordre tabli en d l gitimant leur action Deux autres approches remettant en cause le n olib ralisme dominant se d gagent galement sans pour autant se revendiquer altermondialistes Tout d abord ce que Ramo a nomm Consensus de Beijing P kin et qui d signe la politique de d veloppement pr n e par la Chine met l accent sur les r formes structurelles et la discipline collective en tant que conditions sine qua none
26. llusion technologique techno fix les probl mes cologiques sans pr c dent auxquels fait face la Terre La surexploitation des ressources naturelles ainsi que le spectre des changements climatiques appellent de v ritables renouveaux conceptuels La g opolitique mute rapidement avec la mont e de nouvelles puissances conomiques Alors que la mondialisation conomique atteint une intensit d un niveau in gal dans l histoire de l humanit la compression de l espace temps gr ce aux nouveaux moyens de communication favorise l mancipation et mont e en puissance d une multitude d acteurs non tatiques capables d agir au del et travers les fronti res Aujourd hui il existe une pluralit croissante d acteurs qui prennent part aux projets alternatifs en s articulant aux chelles locales nationales et internationales 18 Dans cette p riode aux enjeux exacerb s la praxis de la coop ration internationale se trouve ainsi un v ritable carrefour dont on d gage deux grandes tendances Celle de l establishment dite des coles gestionnaires s appuie fondamentalement sur les id es lib rales et modernistes L accent est mis sur la formation d experts sp cialis s afin d am liorer la gestion de l aide et des situations d urgence le d veloppement tant alors de nouveau ramen une comp tence technique davantage qu une probl matique civilisationnelle Il n est plus tant question du d veloppement pou
27. loppement est consacr e avec la m me id e d une trajectoire naturelle et t l ologique dont il faut rectifier les d viances obtenir la croissance conomique et devenir moins d pendant de l Occident Le bin me modernit tradition de Rostow trouve son quivalence dans la dichotomie centre p riph rie des d pendantistes Troisi mement les deux d veloppent une philosophie de l histoire avec une vision volutionniste de cette derni re qui admet une fin au terme de ses diff rentes tapes la soci t sans classes pour Marx et celle de consommation de masse pour Rostow Quatri mement les deux th ories admettent comme objectif ultime le d veloppement des forces productives c est dire la modernisation et l industrialisation Enfin elles s inscrivent dans la continuit de l histoire intellectuelle occidentale et n apportent aucune rupture fondamentale avec la conception du d veloppement qui s est construite au cours des si cles pr c dents La th orie de la modernisation formul e par Rostow dans les ann es 1950 avance que le d veloppement de n importe quelle soci t adopte un sch ma en cinq stades de croissance conomique Au cours de ces tapes la soci t traditionnelle peut ainsi aboutir l re de la consommation de masse Le succ s que remporte cette approche s explique par la conjoncture historique particuli re dans laquelle elle merge PURSS est en avance dans la conqu te spatiale et s
28. mettent l accent sur la n cessit de d passer la notion m me de d veloppement Un message r appropri puisqu il n est d sormais plus question du d veloppement pour lui m me mais davantage de saisir sa multi dimensionnalit politique conomique sociale et environnementale Ainsi les courants en vogue depuis la fin des ann es 1990 mettent l accent sur l impasse du d veloppement et la n cessit de d passer la notion Le questionnement du d veloppement 17 s amplifie non plus de mani re singuli re et causale c est dire dans un sens unidirectionnel mais de fa on plurielle et interactive pluralit des acteurs synergie entre les processus sociaux conomiques et politiques et partage des r flexions militantes au Nord comme au Sud Ensuite le syst me capitaliste se fissure et les institutions telles que la Banque mondiale le FMI et l OMC voient leur l gitimit sans cesse davantage d cri e et remise en cause L attention et les questionnements se concentrent sur les liens entre r duction de la pauvret et l expansion g ographique ainsi que l intensification de la mondialisation conomique Le ph nom ne de marchandisation progresse mais g n re de plus en plus d hostilit de la part des populations marginalis es qui d crient haut et fort les promesses illusoires offertes par le n olib ralisme Cette fissuration s acc l re d autant plus face son incapacit solutionner autrement que par l i
29. n reste d finie par ses pratiques actions directes et concr tes plut t que par des axes organisationnels et un programme politique pr cis Cette dispersion et cette impr cision expliquent tout autant la fascination de plus en plus grande non seulement des 20 militants de toute sorte qui s en r clament mais aussi des politologues sociologues philosophes et m me des conomistes qui tentent d en comprendre ses contours et ses pratiques La construction d une th orie autour de l altermondialisation demeure ainsi alambiqu e et il reste m me compliqu d en d terminer le champ d tudes Nous pouvons toutefois articuler quelques r flexions qui comme l altermondialisme sont aujourd hui en mouvement continu et entrent dans le vaste domaine de l analyse politique Selon Thomas Risse il s agit de permettre la rencontre de deux grands terrains d analyse soit la sociologie politique et l tude des relations internationales La rencontre de ces deux agendas de recherche a remis l ordre du jour l importance de comprendre et d expliquer le r le des acteurs non tatiques et la place d terminante des normes et des id es au sein des relations internationales deux dimensions centrales de l altermondialisme Il est en effet n cessaire pour comprendre les dynamiques de l altermondialisme de d passer l analyse stato centr e ch re l tude des relations internationales et de retenir le r le privil gi jou p
30. nceton Princeton University Press 2000 13 Louise Amoore The Global Resistance Reader Londres Routledge 2005 Michael Hardt et Antonio Negri Multitude War and Democracy in the Age of Empire New York The Penguin Press 2004 34 20 Thomas Risse Kappen dir Bringing Transnational Relations Back In Non State Actors Domestic Structures and International Institutions Cambridge Cambridge University Press 1995 Robert O Brien Anne Marie Goetz Jan Aart Scholte et Marc Williams Contesting Global Governance Cambridge Cambridge University Press 2000 p 5 22 Voir Chaire de Recherche du Canada en Mondialisation Citoyennet et D mocratie Le mouvement altermondialiste dans les relations transnationales Fruit de l rosion du pouvoir de l tat l re de la mondialisation Paris Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales 2005 p 9 David Held Democracy and the Global Order Cambridge Polity 1995 Mary Kaldor Global Civil Society An Answer to War Cambridge Polity 2003 Daniele Archibugi Cosmopolitan Democracy and its Critics A Review European Journal of International Relations vol 10 p 437 473 5 James N Rosenau Distant Proximities Dynamics Beyond Globalization Princeton Princeton University Press 2003 David Graeber Pour une anthropologie anarchiste Montr al Lux diteur 2006 23 Angus Cameron et Ronen Palan The Imagined Economies of Globalization Londres Sa
31. on francophone pour le savoir tenu l Universit de Montr al le 10 mai 2010 Elles mergent galement des changes et des ateliers de discussion tenus dans le cadre du cours Th ories du d veloppement 32 Voir Gilbert Rist L invention du d veloppement Le d veloppement histoire d une croyance occidentale Paris Les Presses de Science po 2001 p 116 129 Michael Cowen et Robert Shenton The Invention of Development Power of development Jonathan Crush dir Londres Routledge 1995 Arturo Escobar The Problematization of Poverty The Tale of Three Worlds and Development Encountering Development The Making and Unmaking of the Third World Princeton Princeton University Press 1995 p 21 54 G Rist 2001 p 190 196 Walt W Rostow Les cinq tapes de la croissance Les tapes de la croissance conomique Paris Seuil 1975 p 53 5 G Rist 2001 p 164 170 Id 7 Ibid p 174 175 8 Gilbert Rist Le Triomphe du Tiers Mondisme Le d veloppement histoire d une croyance occidentale Paris Les Presses de Science po 2001 p 234 276 Suzanne Dansereau Les th ories du d veloppement Histoires et trajectoires Introduction au d veloppement international Approches Acteurs et Enjeux Ottawa Les Presses de l Universit d Ottawa 2008 p 39 51 Voir Gilbert Rist Le Triomphe du Tiers Mondisme Le d veloppement histoire d une croyance occi
32. on id ologie s duit car elle apparait comme un mod le viable La th se apparait alors comme un contre discours d fendant la consommation de masse r ifiant le mythe occidental de la croissance conomique Pour les pays du Nord sa th orie justifie la poursuite des politiques et pour les pays du Sud elle perp tue l espoir d un avenir meilleur Ces apports la pratique du d veloppement sont normes l poque Rostow est au capitalisme ce que Marx est au socialisme Sa th orie situe le r le des conomistes comme des acteurs centraux en proposant le d veloppement comme une science conomique elle rend intelligible les d fis du d veloppement et enfin elle rationalise et organise l id e d une aide internationale au d veloppement Par contre d s les ann es 1950 des voix dissonantes se font entendre On critique entres autres son universalisme et ethnocentrisme Pour Dudley Seers Rostow a th oris l envers puisqu il est parti d un cas particulier l Occident pour formuler une loi g n rale Ces quelques opposants inquiets des cons quences d une telle h g monie ne peuvent vraiment arr ter le rouleau compresseur des promoteurs du d veloppement modernisant Ainsi la pratique du d veloppement s institutionnalise et se professionnalise la source du pouvoir et de la connaissance est plac e dans l expertise scientifique en opposition au savoir traditionnel Progressivement un narratif se constitue sur le d
33. ons macro sur le systeme monde capitaliste Wallerstein Negri et Hardt ou la 29 mondialisation Bahgwati et Wolf Une seconde approche telle que pr sent e plus t t fait plut t le pari de penser qu un autre monde est possible Ce vaste chantier de r flexion altermondialiste est en pleine effervescence et ne peut se capturer au singulier tant sa diversit et son clectisme sont importants Ces deux grandes avenues intellectuelles ont galement leur expression institutionnelle D un c t on assiste la prolif ration des coles et des programmes de gestion du d veloppement Il s agit aujourd hui de former les sans fronti res de ce monde m decins ing nieurs gestionnaires intervenants humanitaires etc De l autre les altermondialistes se r unissent travers toute une panoplie de forums sociaux diff rentes chelles d un forum social de quartiers aux forums nationaux ou encore mondiaux Beaucoup aussi choisissent la praxis directe de l autogestion de la vie associative de l conomie parallele et de la d mocratie directe D autres choisissent des formations plus clat es combinant l anthropologie la g ographie l tude des langues les area studies l tude des arts la litt rature la recherche d approches contextualis es partielles marqu es par un post positivisme et un penchant prononc pour les approches constructivistes l int rieur de ce courant le r le des s
34. profit des organisations internationales Les institutions internationales soutenues par les tats unis et conscientes de la r ussite des nouveaux pays industrialis s asiatiques relancent le projet de d veloppement comme un objectif d insertion sur les march s mondialis s Le march et le libre change se pr sentent d sormais comme les cl s de vo te du d veloppement Ce programme de modernisation est g r par de nouveaux technocrates sans fronti res qui cr ent une gestion financi re mondialis e Il est concr tis dans les pays en d veloppement par les plans d ajustements structurels qui pr nent une aust rit un retrait de l tat et une d r gulation de l conomie visant une meilleure participation au commerce international Cette conception du d veloppement devient h g monique durant les ann es Reagan et la th orisation de cette pratique est d fendue et intellectualis e par l cole de Chicago qui remet en cause le New Deal et le fordisme en pr nant la d r gulation la lib ralisation et la privatisation les pr ceptes qui forment le Consensus de Washington Ce nouveau paradigme id ologique d veloppe des conceptions de court terme qui tournent autour d un retrait de l tat d une faible r gulation de taxes et de salaires minimaux Ainsi l accent est mis sur les politiques de d r gulation qui se traduisent par des privatisations et une lib ralisation sur la marchandisation du monde
35. r leur aspect mono paradigmatique partag avec le modernisme demeurent n anmoins les premiers signes vers l essor de th ories critiques L re avort e du r formisme Les th ories de la d pendance ont suscit beaucoup d enthousiasme et ont ouvert la voie un contexte de contestation du discours de la modernisation sans bornes Le foisonnement de mouvements sociaux domin s par des revendications pacifistes et cologiques dont Mai 1968 en repr sente l apog e Parall lement les victoires remport es par des mouvements r volutionnaires que ce soit la d colonisation portugaise la r volution culturelle chinoise ou la d faite am ricaine au Vietnam montrent que le combat contre l ordre tabli est susceptible d tre gagn Ainsi na t un climat de contestation de l h g monie occidentale Cette remise en cause manifeste toute sa puissance dans la cr ation de l Organisation des pays exportateurs de p trole OPEP qui apr s la crise p troli re de 1973 t moigne d une nouvelle force collective de n gociation manant pour la premi re fois du Sud capable d sormais d branler les conomies occidentales Ce renouveau prend aussi ses racines dans une s rie d v nements s enchainant depuis la d colonisation En effet outre le contexte d optimisme qui pr vaut dans les ann es 1960 1970 le mouvement des pays non align s en 1961 qui se renouvelle en Groupe des 77 ainsi que la Conf rence des Nations unies s
36. r la mondialisation particuli rement celui manant des tenants de l extension des march s et des d fendeurs de normes lib rales individuelles on assiste en parall le la mont e d un contre discours et de pratiques sociales autres dites alternatives Pour certains on peut y voir ce que Karl Polanyi d signait de double mouvement un mouvement de r sistance qui forcerait la mise en place de m canismes d ajustement et de mesures sociales pour limiter les abus et les exc s d un hyper lib ralisme exclusif L altermondialisation serait alors le contre mouvement qui permettrait de donner un visage humain ou du moins assurerait la p rennit de la mondialisation des march s et de l conomie D autres voient plut t en l altermondialisation une vision tout autre de la mondialisation fond e sur l id e de multitudes de pluralit s et de diversit s Encore plus difficile d finir que la mondialisation l autre mondialisation serait une mouvance sociale beaucoup moins bien d finie d o le recours diff rentes terminologies souvent inspirantes mais difficiles saisir ou op rationnaliser constellation d oppositions multitudes ou encore r sistance intergalactique pour reprendre l expression des Zapatistes Encore en gestation et profond ment horizontaliste par opposition au verticalisme de l organisation des grands conglom rats ou des partis et organisations associ s la gauche marxiste l altermondialisatio
37. r lui m me que son inscription dans une approche et un contexte plus large L accent est ainsi mis sur la r duction de la pauvret au travers de la mondialisation La seconde se situe dans la construction d un contre discours marqu par une ontologie post positiviste et une pist mologie constructiviste Ce contre discours s incarne dans un vaste ventail de courants de pens e et de mouvements sociaux que l on peut regrouper sous l appellation altermondialisme Au sein de cette mouvance altermondialiste de nouvelles perspectives sont en gestation Celles ci offrent la possibilit de concevoir et de repenser la coop ration internationale d entrer dans une nouvelle re L altermondialisme des r flexions en mouvement L altermondialisme s est d velopp comme un nouveau champ de connaissances des relations internationales dont les contours restent tr s flous mouvants et ondoyants D fini par Dupuis D ri comme une convergence de mouvements sociaux et d acteurs politiques intellectuels ONG partis politiques qui se reconnaissent mutuellement comme victimes et adversaires du n olib ralisme et du capitalisme national ou mondialis p l altermondialisme montre qu il devient de plus en plus urgent de briser certaines fronti res 19 pist mologiques qui ont marqu l tude des relations internationales et de la politique compar e L altermondialisme reste avant tout un contre discours En effet face au discours su
38. rnationaux Le paradigme nouveau du sous d veloppement analyse ce dernier comme un simple tat de manque et forme embryonnaire du d veloppement Le d veloppement prend alors un caract re transitif puisqu il a d sormais la possibilit de provoquer activement le changement vers une situation d abondance ce qui consacre l id e de la curatelle Offrir le salut aux populations sous d velopp es devient ainsi la seule et meilleure politique possible Le projet de d veloppement prend l aspect non plus d un internationalisme g n reux mais d une entreprise collective mondiale et en r sumant le d veloppement un ensemble de mesures techniques visant la croissance de la production toute consid ration politique est vacu e ce qui contribue sa l gitimation normative et universelle Ce discours au nom du bien tre de l humanit sert alors les int r ts des tats Unis L invention du projet de d veloppement s inscrit en effet dans un cadre historique particulier Le contexte est l heure de la fin du colonialisme la r organisation du syst me mondial au profit d une h g monie tasunienne l entr e dans la guerre froide imp ratif d entraver les avanc es du communisme l essor de l industrialisation avec sa n cessit d tendre le capitalisme pour maintenir les profits et enfin la foi en le progr s la technologie s impose comme v hicule des id aux modernistes Les premi res th ories du d veloppement Le
39. son apog e en 1975 Conf rence de Lima Convention de Lom et se poursuit jusqu en 1979 avec l adoption par l ONU d une r solution en faveur de n gociations sur l avenir de l conomie mondiale N anmoins les grands appels des pays du Sud restent lettres mortes lorsque le contexte s assombrit en raison de la Guerre froide et d un ralentissement de la croissance r sultant en une r duction de l aide internationale 10 Outre sa conjoncture historique particuli re le NOEI comportait d j les causes de son chec en lui m me La domination de l OPEP avait fractionn les int r ts du Sud et c l br les p trodollars pr misses de la crise de la dette De surcro t le NOEI abritait quelques contradictions rendant par exemple impossible le renforcement simultan de la coop ration internationale et de la souverainet nationale Au final le NOEI n apporte aucun changement structurel et se contente plut t de r ifier le mythe du d veloppement instrumentalis par les lites du Sud Plus loin encore alors que le NOEI occupe le devant de la sc ne une s rie de rapports se succ dent le rapport What Now de Hammarskj ld le rapport Nord Sud de Brandt ou encore l approche des besoins essentiels de McNamara Ces rapports et approches ont en commun le d sir d identifier et de d passer les rat s des deux premi res d cennies du d veloppement Avec l approche sur les besoins essentiels il n est plus tant question d augment
40. strer par un arc en ciel De ces alternatives multiples merge toutefois un corpus de valeurs communes une convergence qui tend renforcer l id e d unit dans la diversit Le premier appel des altermondialistes reste celui de la remobilisation politique et j P 28 i citoyenne pour r sister et proposer Cette prise de conscience doit refl ter une nouvelle culture politique qui loin d tre r volutionnaire pourrait juste d une part se rapprocher des grands principes d mocratiques dont selon certains les pays traditionnellement d mocratiques se sont loign s pour se rapprocher d une oligarchie et d autre part int grer un processus de d cision plus horizontal Les nouvelles strat gies visent les capacit s d action du citoyen et de la soci t civile en tant que moteur d innovation L inclusion et la participation politique sont donc au centre des pr occupations des altermondialistes L altermondialisme pr ne en outre le respect de la nature et l av nement d un humble quilibre entre l activit humaine et l environnement Selon cette m me logique le contr le des biens publics naturels doit d op rer par la communaut et ne pas tre laiss au libre march Par ailleurs l autonomie prime sur la d pendance donc l aide au d veloppement est s rieusement remise en cause L accent est ici plac sur l autosuffisance 25 qui n est pas synonyme d autarcie mais qui pointe plut t vers un d velopp
41. ternationale qui pointe vers de nouvelles solidarit s horizontales post nationales et plurielles Plut t que d avancer un programme d action pour une renouvellement de la coop ration il est ici sugg r qu une nouvelle r flexivit normative enracin e dans une praxis fond e sur une coh rence transnationale offre nombres d avenues capables d imaginer la coop ration internationale tel un mouvement r ciproque syncr tique et partag de solidarit citoyenne L invention du d veloppement Pendant longtemps le d veloppement a t d fini comme l ensemble des pratiques sociales dont la finalit tait l am lioration du bien tre de la soci t celle ci li e de mani re inh rente la modernisation de l Occident C est ainsi que qualifier l id e de d veloppement empreinte d ethnocentrisme occidental est un pl onasme elle prend ses fondements d s les origines de la civilisation occidentale et se construit progressivement au fil des si cles En effet le d veloppement concept li l imaginaire de la modernit est intrins que la soci t o cette modernit s est en premier r alis e savoir l Occident Suite la p riode des Lumi res qui consacre la domination de l id ologie du progr s infini l apparition de la doctrine du d veloppement prend v ritablement corps aux XVIII et XIX si cles dans une Europe en proie au d sordre social caus entre autres par l urbanisation rapide l omnipr s
42. tructures cognitives des id es et des normes ainsi que la place des individus constituent des r f rents importants Comment alors penser l aide au d veloppement et la coop ration internationale La premi re id e qui ressort sans doute le plus clairement c est la nouvelle humilit qui marque ce champ Humilit face aux r sultats mitig s du projet du d veloppement mais galement parce que l aide internationale constitue une fraction bien minuscule de l ensemble des flux financiers internationaux L exception cette humilit reste sans doute les interventions humanitaires et d urgence ou toute une industrie la fois mat rielle mais aussi disciplinaire se met en place sous les regards attentifs des m dias L urgence 30 humanitaire occupe maintenant l avant sc ne m diatique lorsqu il s agit d aborder les enjeux de d veloppement Ainsi telle la dialectique mondialisation altermondialisation il existe aujourd hui un courant critique Pandolfi Mcfalls Corbet qui remettent en question ces interventions en exposant et r v lant les enjeux thiques et les relations de pouvoir de ces op rations grand d ploiement Ce retour de l thique est salutaire car au del de projets et de programmes de d veloppement il convient de s interroger sur les normes et les cons quences non mat rielles de cet appareillage sophistiqu de techniques de mesures et d quipements import s Plus largement la division
43. ug s non d mocratiques et exclusifs Ainsi la mont e d une nouvelle mouvance citoyenne devient une r alit visible et tangible d o la n cessit de d velopper significativement un champ des tudes transnationales au sein des relations internationales et de la sociologie politique 23 Sur le plan th orique l tude de l altermondialisme emprunte essentiellement au constructivisme et aux analyses post positivistes Le constructivisme semble tre le paradigme privil gi en particulier pour l tude de l altermondialisme D une part son insistance sur le r le de l intersubjectivit c est dire l importance de la co constitution de la r alit comme produit de l interaction sociale semble particuli rement pertinente pour saisir la mise en place du discours altermondialiste sur la mondialisation D autre part le constructivisme permet de comprendre toute une s rie de pratiques alternatives et de normes comme composantes de ce mouvement multiforme pluriel et clat Que ce soit le r le grandissant des normes internationales des id es telles la justice sociale le commerce quitable ou encore le d veloppement durable l cologie la simplicit volontaire la d croissance force est de reconnaitre qu il s agit l de constructions discursives et narratives Diversit horizontalit inclusion et autonomie L altermondialisme s apparente davantage une mouvance qu un mouvement Loin d tre un
44. ur le commerce et le d veloppement CNUCED deviennent les tribunes d expression privil gi es des pays du Sud Elles consacrent le r le de l Organisation des Nations unies ONU dans l av nement d un ordre nouveau le multilat ralisme plut t que l unilat ralisme des tats Unis Le premier pas significatif est incarn par la Charte d Alger de 1967 qui liste l ensemble des dol ances des pays en d veloppement C est au sein de cette m me organisation en 1974 que le tiers mondisme d passe son c t intellectuel d opposition pour se concr tiser dans une version r formiste qui propose la mise en place d un Nouvel ordre conomique international NOED qui veut sauver le d veloppement Les revendications des r solutions qui constituent le NOEI se construisent autour de trois axes Les pays du Sud aspirent tout d abord r former le syst me commercial mondial A cette fin ils demandent que les prix des mati res premi res soient stabilis s que des transferts de technologies s op rent et que le syst me favorise les cultures d exportations des pays en d veloppement Ensuite mention est faite d une r forme du syst me financier qui impliquerait entre autres d augmenter l aide internationale et la mise en place de nouvelles institutions internationales Enfin le Groupe des 77 exhortent les pays riches leur offrir davantage de pouvoir au sein des institutions internationales L activisme en faveur du NOFI atteint
45. veloppement des strat gies d intervention r formes dans de multiples domaines se mettent en place avec des prescriptions traduisant la modernisation industrialisation et urbanisation et le projet se b tit comme technocratique puisque l expert y occupe une place centrale Les approches contre h g moniques telles que l cole de la d pendance ou du syst me monde s rigent en r action la th orie de la modernisation l establishment international de l poque qui refl te largement les vis es de la politique trang re am ricaine Les postulats g n raux en sont que le d veloppement tel que men au travers de la th orie de la modernisation loin de mener l autonomisation du Sud en lui garantissant la prosp rit exerce sur lui en r alit des effets de domination en l enfermant dans une d pendance structurelle Le syst me international est analys comme d form par l poque de la domination coloniale pour r pondre aux besoins europ ens laissant les pays du Sud structurellement d pendant m me apr s leur ind pendance La th orie de la modernisation est per ue comme perp tuant le sous d veloppement Une strat gie alternative de d veloppement est mise de l avant celle de la d connexion delinking c est dire le d tachement des pays du Sud du syst me international par la r volution socialiste afin de s orienter vers un mod le de d veloppement endog ne Ces th ories malg
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