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1. me type d objectivit ou m me une quelconque objecti vit lorsqu il s tudie lui m me que lorsqu il tu die un ph nom ne qui lui est externe comme par exemple la composition chimique des min raux ou la migration des oies blanches De la r ponse ces questions ont merg les deux types de positions pist mologiques qui depuis plusieurs d cennies s affrontent et se confrontent D un c t les tenants d une pist mologie de la rupture entre le chercheur et son objet pr tendent la suite de Comte et de bien d autres dans l univers des sciences sociales qu il n existe qu une mani re positive d ana lyser l univers l tre humain faisant partie de cet univers doit donc tre trait comme les autres objets d tude Ne sont alors consid r s comme l gitimes pour la recherche scientifique que les ph nom nes ext rieurs au chercheur observables de mani re objective par plu sieurs personnes les scientifiques veulent alors expliquer ces ph nom nes par des exp rien ces visant prouver ou infirmer des th ories qui ultimement se verront conf rer le statut de loi permettant de pr dire avec certitude l occur rence des ph nom nes tudi s De l autre c t les tenants de la position pist mologique de l implication se sont davan tage int ress s la suite des Dilthey Weber et autres comprendre ce qui caract rise l esp ce humaine M m2. concept of health In A Pederson M O Neill amp I Rootman Eds Health Promotion in Canada Provincial National and International Perspectives pp 56 72 Toronto W B Saunders Abstract Saillant F 1994 Au coeur de la baleine Montr al Remue m nage Stevenson H M amp Burke M 1992 Bureaucratic logic in new social movement clothing the limits of health promotion research Canadian Journal of Public Health 83 S1 47 S54 Watson J D 1969 The double helix New York Mentor Paperbacks This paper offers a critical analysis of scientific research in health promotion by someone who has worked as a researcher in this field for more than twenty years Some cultural contextual elements are first proposed The methodological beliefs of the author are then presented under four headings ontology epistemology methodolo gy and research techniques A set of attitudes and skills to develop are also proposed if one wants to conduct appropriate health promotion research Finally it is suggested that health promotion should be positioned within the paradigm of postmodernism Biographie Michel O Neill est professeur titulaire en sociologie de la sant en sant communautaire et en promotion de la sant l cole des sciences infirmi res de l Universit Laval Qu bec il est aussi coresponsable du GRIPSUL Groupe de recherche et d intervention en promotion de la sant de l Universit Laval et codi
3. dans la marginalit Finalement attendu la mani re dont les disciplines scientifiques sont structur es dont les crit res de promotion acad mique sont organi s s et dont la production du savoir fonctionne dans nos soci t s faire le type de recherche requis pour aider promouvoir la sant va souvent ren dre marginaux les chercheurs qui s y adonneront Cela a des cons quences importantes Premi rement pour survivre moyen et long terme dans des environnements de recher che il faut conna tre leurs r gles du jeu afin d une part de tenter de les infl chir dans la mesure du pouvoir habituellement minime dont on dispose cet gard et d autre part de s y conformer ne serait ce que minimalement moins qu on ait choisi d lib r ment de perdre son emploi Malgr toutes ses contraintes le milieu acad mique est probablement un des lieux de nos soci t s o les libert s et les marges de manoeuvre sont les plus consid rables C est un lieu d o en compl mentarit avec d autres Entre l ontologique et les statistiques 153 types d intervenants et de producteurs de con naissances on peut aussi participer activement aux changements auxquels la promotion de la sant nous convie Deuxi mement il y a fort parier que le r seau de support personnel et professionnel n cessaire sa survie en tant que marginal sera tr s dispers ce n est vraisemblablement ni dans le bureau
4. en promotion de la sant apr s une vingtaine d ann es d exercice de ce m tier dans des contextes divers l int Ruptures revue transdisciplinaire en sant vol 3 n 2 1996 pp 144 156 rieur et l ext rieur du milieu acad mique Apr s deux livres et plus de 70 publications en fran ais anglais espagnol et n erlandais apr s environ 200 communications scientifiques et professionnelles pr sent es localement r giona lement nationalement ou internationalement apr s avoir compl t plus d une trentaine de projets de recherche utilisant une palette diver sifi e d approches et de techniques tout en con tinuant d tre au milieu des ann es 1990 un chercheur actif et subventionn et apr s avoir dirig une vingtaine d tudiants gradu s dans leurs travaux de recherche quelles sont donc mes croyances m thodologiques Car c est bien de croyances dont il sera question ici En effet comme l ont d montr de mani re fort convaincante les travaux des histo riens et sociologues de la science ainsi que les t moignages de chercheurs lorsque comme le d couvreur de la structure de l ADN Watson 1969 ils acceptent d en faire la recherche scien tifique est r alis e par des tres qui ob issent aux lois g n rales du comportement humain Par un concours de circonstances uniques l int rieur d un contexte historique donn un chercheur en vient adh rer un certain credo m thodolog
5. encore compl tement en place Nous sommes donc dans une poque r vo lutionnaire une poque o se transforment radi calement l chelle mondiale non seulement les structures conomiques les empires politiques et les institutions telles les religions ou la famille mais aussi la nature de nos relations intimes avec nos proches et la nature m me du regard scientifi que Comme deux vagues oppos es qui s entre choquent l interface entre modernisme et postmo dernisme cr e des remous des turbulences des zones agit es Cela ne peut manquer de nous affecter en promotion de la sant En effet d une part les chan gements que nous souhaitons introduire de mani re planifi e dans les comportements humains reli s la sant s inscrivent sur une trame de change ments majeurs tr s profonds sur lesquels nous n avons que tr s peu de prise mais qu il nous faut absolument tenter de saisir si nous voulons que nos recherches et nos interventions aient une quelcon que pertinence D autre part ces changements majeurs alt rent de mani re consid rable le sens que les humains conf reront la vie la mort et a leur rapport avec l univers donc la d finition m me de la sant que nous aurons promouvoir Saurons nous en tant que personnes et en tant que chercheurs nous adapter ces boule versements profonds C est la seconde et der ni re question laquelle je tenterai de r pondre ici Comme
6. positivistes mettant souvent sous le boisseau les d bats philosophiques qui avaient lieu au m me moment en Europe Toutefois le positivisme dont s inspirent la bio m decine et nombre de d marches en sciences Entre l ontologique et les statistiques 149 sociales est encore tr s largement celui d velop p par les sciences de la nature aux XVIII et XIX si cles La physique des quanta la logique floue et la th orie du chaos ne sont que quelques exemples des sciences exactes du XX si cle o les rapports entre le chercheur et son objet sont carr ment modifi s et o une proposition th o rique n est plus comme par le pass soit vraie soit fausse mais parfois vraie et parfois fausse ou un peu vraie et un peu fausse la fois Sans entrer dans le d tail de ces champs du savoir on peut certainement faire l observation suivante la version actuelle du vieux d bat entre expli quer et comprendre ou entre sciences dures et sciences molles est probablement d pass e d au moins deux mani res D une part les approches compr hensi ves ont probablement t trop conditionn es par l anthropocentrisme blanc typique du XIXe si cle europ en o l on voyait l humain comme le centre de l univers et le seul l ment de cet univers dot de conscience Les travaux des sciences psi qui se pr occupent de l occulte et des autres formes de conscience ou d nergie repo
7. 986 que the heal thiest choice becomes the easiest choice La litt ra ture sugg re habituellement trois types de stra t gies d intervention visant surtout les compor tements individuels l ducation pour la sant le marketing social et la communication de masse trois autres types de strat gies tentent surtout d influencer l aspect collectif des com portements l action politique l organisation communautaire et le d veloppement organisa tionnel O Neill amp Cardinal 1994 Si le coeur de la promotion de la sant est le changement du comportement humain cela positionne donc d entr e de jeu ce domaine comme relevant de mani re privil gi e des sciences du comportement i e la psychologie et les diverses sciences sociales sociologie anthro pologie science conomique science politique etc en interaction avec les diverses disciplines qui ont fait de la sant et de la maladie leur objet d intervention m decine sciences infirmi res nutrition activit physique etc Voyons donc maintenant quelles sont les cons quences de cette d finition de la promotion de la sant quant aux m thodes de recherche partir des quelles produire des connaissances dans ce domaine Entre l ontologique et les statistiques 147 De l ontologique aux statistiques quatre niveaux de pr occupations m thodologiques consid rer en promotion de la sant Je dois aux enseignements en m
8. Entre Pontologique et les statistiques un point de vue sur les m thodes de recherche en promotion de la sant Michel O Neill Universit Laval Une premi re version de ce texte a t pr sent e comme allocution pl ni re dans le cadre de la 3 conf rence nationale de recherche en promotion de la sant Congr s annuel des soci t s savantes Nouvelles altitudes Calgary juin 1994 L auteur tient remercier mesdames Pascale Lehoux et Lucie Richard de m me que M Ron Levy de leurs commentaires sur une version pr liminaire de ce texte dont il assume cependant l enti re responsa bilit Dans cet article le mot chercheur est utilis dans son sens pic ne De plus la forme grammaticale employ e d signe autant les femmes que les hommes R sum Ce texte pr sente une r flexion critique sur la recherche scientifique en promotion de la sant Sous forme d une analyse critique de la pratique du m tier de chercheur exerc par l auteur depuis plus de vingt ans l article pr sente d abord quelques l ments du contexte partir duquel se sont labor es ses croyances m thodologiques Ces croyances sont ensuite nonc es sous quatre rubriques l ontologique l pist mologique le m thodologique et le technique Dans un troisi me temps une s rie d attitudes et d habilet s de recherche d coulant des r flexions pr c dentes sont propos es Afin que la recherche faite son gard soit p
9. ait d effectuer une telle d marche et de savoir que le mat riel sur lequel on travaille a habituellement t recueilli avec une strat gie o la capacit g n raliser ou poser des juge ments d ensemble sur un ph nom ne n entrait pas en ligne de compte incite g n ralement le chercheur qualitatif une grande prudence dans l interpr tation des r sultats cela peut donc conduire une appr hension de la r alit au moins aussi juste sinon plus juste que lorsqu on se laisse endormir par la fausse s cu rit des chiffres Enfin quelle que soit la technique utilis e il faut que l interpr tation des r sultats soit con gruente avec l ensemble d une d marche particu li re de recherche Il est inappropri de g n rali Entre l ontologique et les statistiques 151 ser sans commentaire l ensemble d une popula tion des r sultats recueillis aupr s de quelques individus ou d un sous groupe choisi de mani re non al atoire Mais il est aussi inappropri de vouloir appliquer une unit de mesure plus petite par exemple une r gion des donn es recueillies de mani re avoir un portrait repr sentatif d une unit de mesure plus grande par exemple une province Il faut donc faire dire des donn es de recherche tout ce qu elles ont dire mais pas plus qu elles ne peuvent en dire Pour prendre en compte les dilemmes voqu s plus haut quant aux quatr
10. artient chaque chercheur de d ci der jusqu o il con oit comme partie int grante de son r le de voir ce que ses projets r pon dent des besoins r els et de s assurer que les r sultats de ses travaux sont diffus s et mis en oeuvre de mani re concr te Mais faire de la recherche en promotion de la sant sans ce pr requis interventionniste me semble une sorte de contradiction dans les termes Dans cette opti que avoir une orientation de recherche action ou de recherche participative est probablement ce qui est davantage souhaitable Cette orienta tion ne pr sume en rien du type de m thode ou de technique de recherche qui seront utilis s Green et al 1995 elle pr suppose toutefois une pr sence active et r aliste tout au long du proces sus de recherche des personnes et ou des orga nisations dont on esp re un changement de com portement De cette mani re le processus de recherche devient le r sultat d une n gociation entre le chercheur et la population les deux en ressortant en bout de piste transform s L importance de la qualit Il n est pas n cessaire d tre un supp t du capitalisme et de r ver aux cercles de qualit ou la qualit totale pour voir en cet attribut quelque chose d important En effet m me ce chef d oeuvre de la litt rature mystico hippie des ann es 1970 qu est le Trait du Zen et de l entretien des motocyclettes Pirsig 1978 est structur aut
11. du XX si cle Quelques racines culturelles de nos pratiques scientifiques En tant que qu b cois francophones nous devons collectivement Ren L vesque d avoir raffermi notre fiert nationale au point de ne plus nous consid rer comme triplement oppri m s par les cultures trang res qui nous ont 146 Michel O Neill faconn s la fran aise d abord la British ensuite et finalement l am ricaine Il me semble en effet que nous nous percevons plut t depuis environ deux d cennies comme ayant le privil ge de nous situer aux confluents de ces trois riches traditions Toutefois contrairement plu sieurs autres endroits en Am rique du Nord dont notamment en Colombie Britannique nous avons peu pr s compl tement occult l h ritage qui nous vient des nations autochto nes et nous sommes encore peu perm ables a ce que les Qu b cois d autres souches que la franco phone ont a offrir pour enrichir notre v cu collec tif Quel est le r sultat de ce bouillon de cultures et en quoi tout cela concerne t il la m thodologie de recherche en promotion de la sant La mani re dont la culture qu b coise s est d velopp e r cemment a eu un impact direct sur la mani re que nous avons ici de con cevoir la science de pratiquer la recherche scien tifique et d utiliser ses r sultats Ainsi c est pour avoir t expos d s les d buts de ma formation sociologique notamment gr ce plusieurs pro fess
12. e aquarian conspiracy Los Angeles J P Tarcher Green L W George M A Daniel M Herbert C J Bowie W R amp O Neill M 1995 La recherche partici pative en promotion de la sant au Canada bilan et pro spectives rapport pr par pour la Soci t Royale du Canada Vancouver Institute of Health Promotion Research et B C Consortium for Health Promotion Research University of British Columbia Kelly MP Davies J K amp Charlton B G 1983 Healthy Cities a modern problem or a post modern solution In M P Kelly amp J K Davies Eds Healthy Cities Research and Practice pp 159 168 London Routledge Kickbusch I 1989 Good planets are hard to find Copenhagen FADL Publishers Healthy Cities paper no 5 Entre ontologique et les statistiques 155 Kickbusch I 1994 Tell me a story In A Pederson M O Neill amp I Rootman Eds Health Promotion in Canada Provincial National and International Perspecti ves pp 8 19 Toronto W B Saunders Lincoln Y S 1992 Fourth generation evaluation the paradigm revolution and health promotion Canadian Journal of Public Health 83 S1 56 511 Martin C amp McQueen D Eds 1989 Readings for a New Public Health Edinburgh dinburgh University Press Milio N 1986 Promoting Health through Public Policy Ottawa Canadian Public Health Association McKinlay J B 1992 Health Promotion through heal thy publ
13. e assez fr quemment chez les intervenants de terrain mais malheureusement mon sens trop peu souvent chez les scientifiques quelques excep tions int ressantes en sant Elling amp Sokolowska 1978 Saillant 1994 Or comme plusieurs se plaisent le rappeler par exemple Kickbusch 1994 dans l univers de la promo tion de la sant comme dans plusieurs autres institutions learn from data but individuals learn from stories Ce texte propose donc une histoire qu on pourra trouver int ressante ou pas et un certain nombre de croyances m tho dologiques avec lesquelles on pourra tre en accord ou en opposition Ces l ments sont pr sent s ici sans pr tention peut tre m me un peu naivement pour servir ventuellement de base de discussion ou encore de point de rep re permettant notamment a des jeunes chercheurs de voir ce qu un chercheur un peu moins jeune pense de son m tier apr s l avoir exerc durant une vingtaine d ann es dans divers pays et divers types de contextes En conclusion a ces remarques d introduction il me semble impor tant de saluer l ouverture intellectuelle de Ruptures qui s est donn comme politique di toriale d accueillir en ses pages non seulement des articles scientifiques originaux au sens clas sique du terme mais aussi d autres types de tex tes permettant de d battre de divers enjeux li s la sant publique Promouvoir la sant au Qu bec la fin
14. e des d bats du milieu du XIX si cle alors que les changements de paradigmes scientifiques qui nous ont affect s depuis sont consid rables Positivisme vs constructivisme le plus r cent pisode d un inutile combat pist mologique En effet ainsi que l avait si bien diagnos tiqu Toffler il y a d j pr s de 30 ans les cher cheurs scientifiques sont comme le reste de notre soci t sous le choc du futur difficilement capables d absorber les changements profonds et acc l r s qui nous assaillent sans cesse plus rapidement depuis le milieu du XX si cle Sans renoncer questionner si fondamentalement le mode scientifique est ontologiquement le plus appropri pour promouvoir la sant conve nons pour la dur e de ce texte du moins qu effectivement ce mode demeure utilisable Surgit alors le second niveau auquel on doit s int resser si l on se pr occupe de m thode celui de l pist mologie ou de la mani re dont l entreprise scientifique doit tre conduite cet gard la question fondamentale qui hante depuis longtemps les gens qui veulent faire des comportements humains l objet de leurs investigations scientifiques est la suivante peut on analyser avec la m me m thode le reste de la nature et l tre humain Si l tre humain est essentiellement diff rent en ce qu il serait le seul dans l univers tre dot de conscience et d auto r flexivit peut il alors pr tendre au m
15. e niveaux de pr occupations m thodologiques il me semble donc fondamental de d velopper en tant que chercheur en promotion de la sant une s rie d attitudes et d habilet s particuli res Des attitudes et habilet s de base pour la recherche en promotion de la sant Un parti pris interventionniste Si l on accepte la d finition de la promo tion de la sant propos e plus haut cela colore irr m diablement les entreprises de d veloppe ment des connaissances mises de l avant pour construire et valuer ces interventions Les cher cheurs acad miques en promotion de la sant sont continuellement confront s plusieurs malaises notamment celui de ne pas n cessaire ment tre les seuls ni m me toujours les plus pertinents pour d velopper les connaissances n cessaires l intervention attendu ce que l on peut apprendre par une r flexion syst matique sur les pratiques professionnelles ou militantes Rootman amp O Neill 1994 mon sens il faut accepter chez ceux qui oeuvrent en milieu uni versitaire que quel que soit le type de recherche que l on pratique fondamentale ou clinique th orique ou appliqu e valuative ou descripti ve etc et quelles que soient ses positions onto logiques pist mologiques m thodologiques ou techniques elles ne font sens dans le domai ne de la promotion de la sant que si l on a en vue leur utilisation dans l action 152 Michel O Neill fl app
16. e si l on ne peut p n trer dans me de quelqu un pour voir objectivement ce qui s y passe il est toutefois vident pour tout tre humain que nous pensons et ressen tons car nous l exp rimentons quotidiennement de mani re subjective Qu elles soient interpr tatives ph nom nologiques herm neutiques ou dans leur derni re cuv e constructivistes les m thodes mises de l avant pour produire un tel type de science sont donc fort diff rentes de celles des positivistes elles ne pr tendent ni l objectivit ni la g n ralisation des r sultats ni la pr diction mais bien la compr hension syst matique de ce qui caract rise l exp rience humaine Les oppositions entre constructivisme et positivisme sont la limite irr conciliables Cependant elles t moignent surtout selon moi de la mani re dont la science se diffuse En effet il me semble exister un d calage significatif entre l endroit o les sciences exactes sont ren dues aujourd hui et l image que l on nous en donne Il est vident que dans le domaine de la sant ce sont les sciences biom dicales qui ont le haut du pav et que ces sciences s inscrivent encore tr s largement dans une vision positivis te de la science Les sciences sociales nord am ricaines afin d atteindre la respectabilit n ces saire leur reconnaissance institutionnelle au cours du XX si cle ont elles aussi d se dra per des couleurs
17. en 1989 Kickbusch 1989 Chu amp Simpson 1994 il semble d abord n cessaire de ne plus appeler promotion de la sant mais bien nouvelle sant publique ou sant publique cologi que l aspect philosophique de cette approche En effet cet aspect est conforme en tout point la tradition de sant publique que l on peut faire remonter au public health movement euro p en de la seconde moiti du XIX si cle ou m me aux prescriptions de la d esse Hygie de la Gr ce antique Depuis le milieu des ann es 1970 cette tradition l ancienne se trouve reformu l e la moderne dans des documents comme le rapport Lalonde la charte d Ottawa en pro motion de la sant le cadre de r f rence de Jake Epp la politique qu b coise de sant et de bien tre et d innombrables autres chartes et docu ments analogues produits un peu partout dans le monde Il semble donc davantage appropri de r server l appellation promotion de la sant pour cet ensemble particulier d interventions professionnelles ou non qui visent le change ment planifi des comportements humains reli s la sant O Neill amp Cardinal 1994 Ces comportements peuvent tre individuels ou col lectifs et on doit entre autres se pr occuper d intervenir sur l environnement sociopolitique o ils se d roulent afin dans toute la mesure du possible et pour paraphraser l heureuse expres sion de Nancy Milio 1
18. enjeux de la transition vers des soci t s postmodernes C est donc probablement l mergence du postmodernisme tel que le sugg rent notamment Kelly Davies et Charlton 1993 qu il faut d abord et surtout lier notre compr hension de l volution de la promotion de la sant des populations humaines et des m tho des de recherche requises pour que cette promo tion se fasse de mani re efficace et signifiante R f rences Ashton J amp Seymour H 1988 The New Public Health Milton Keynes and Philadelphia Open University Press Castel R 1981 Octobre L apr s psychanalyse vers une culture psychologique In Vers une soci t psycho relationnelle colloque du groupe de recherche sur les nouvelles th rapies Namur Chu C amp Simpson R Eds 1994 Ecological public health from vision to practice Toronto Center for Health Promotion University of Toronto and Participaction Eakin J amp Maclean H 1992 A critical perspective on research and knowledge development in health promotion Canadian Journal of Public Health 83 S1 72 S77 Edwards R K 1996 Conditions for a science of health promotion theory and research on the health of persons Unpublished Ph D dissertation Dept of Behavioural Sciences University of Toronto Toronto Elling R amp Sokolowska M Eds 1978 Medical sociologists at work New Brunswick Transaction Books Ferguson M 1980 Th
19. eurs d origine europ enne aux d bats pis t mologiques fondamentaux qui font rage depuis plus de 150 ans dans les sciences humai nes du vieux continent que je puis aborder aujourd hui la question de la m thode scientifi que a partir des quatre niveaux utilis s plus loin Par ailleurs c est pour avoir baign dans l empirisme et le pragmatisme nord am ricains au contact des praticiens de la sant communau taire qui m ont initi ce domaine et lors de mes tudes doctorales Boston que j ai d velopp une impatience certaine envers les constructions discursives si fr quentes des sciences sociales europ ennes en particulier en France Ces cons tructions sont d une l gance intellectuelle ind niable mais il est souvent tr s difficile de les comprendre et de les rattacher la r alit con cr te dont il me semble absolument n cessaire de se pr occuper lorsqu on oeuvre en promo tion de la sant Finalement c est aussi je crois une carac t ristique de notre pass historique et culturel r cent d avoir fait de la g n ration des cher cheurs qu b cois en sciences sociales laquelle j appartiens celle des babyboomers des gens qui davantage que ce que j ai pu constater ailleurs notamment au Canada anglais sont des gens d action Au Qu bec nous n abandonnons pas qu aux autres politiciens fonctionnaires jour nalistes le soin de convertir en projets de soci t concret
20. i e et complexe Le mode scientifique quant lui a pour pr tention d expliquer et de comprendre afin de d gager dans toute la mesure du possible des lois permet tant de pr dire l occurrence de ph nom nes obser vables par des chercheurs Ce que la science a g n ralement tendan ce vacuer cependant c est l aspect de la signification que prennent ces questions ontolo 148 Michel O Neill giques fondamentales que sont pour les humains l origine de la vie la souffrance ou la mort Or dans le domaine de la promotion de la sant on est sans cesse renvoy la question du sens profond de l existence humaine En effet les d finitions de la sant se sont largies depuis la seconde guerre mondiale de mani re telle que des auteurs font maintenant peu pr s quiva loir sant qualit de vie et bonheur Rootman amp Raeburn 1994 Quand comme certains on caract rise la sant comme la capacit a faire sens dans un magma en attente de signifi cation Castel 1981 ou encore a tre the pattern that connects Kickbusch 1989 ou quand on d finit la sant en utilisant la notion de personhood Edwards 1996 il devient difficile d ignorer la mani re dont se construit individuel lement et collectivement chez les humains la signification de la vie de la mort et de la maladie Si l entreprise scientifique comme ce n est pas son but premier est peu utile pour co
21. ic policy the contribution of complementary research methods Canadian Journal of Public Health 83 61 S11 520 O Neill M amp Pederson A 1992 Building a methods bridge between policy analysis and healthy public policy Canadian Journal of Public Health 83 S1 525 531 O Neill M amp Cardinal L 1994 Health promotion in Quebec did it ever catch on In A Pederson M O Neill amp I Rootman Eds Health Promotion in Canada Provincial National and International Perspecti ves pp 262 284 Toronto W B Saunders Pederson A O Neill M amp Rootman I Eds 1994 Health Promotion in Canada Provincial National and International Perspectives Toronto W B Saunders Pirsig R M 1978 Trait du Zen et de l entretien des motocyclettes Paris Seuil Poland B 1992 Learning to walk our talk the implications of sociological theory for research methodologies in health promotion Canadian Journal of Public Health 83 S1 531 S47 Raeburn J 1992 Health promotion research with heart keeping a people perspective Canadian Journal of Public Health 83 S1 520 925 156 Michel O Neill Rootman I amp O Neill M 1994 Developing kno wledge for health promotion In A Pederson M O Neill amp I Rootman Eds Health Promotion in Canada Provincial National and International Perspectives pp 139 153 Toronto W B Saunders Rootman I amp Raeburn J 1994 The
22. ique comme on adh re une reli gion i e sur la base de croyances en posant plus ou moins consciemment un acte de foi en cer tains principes qui servent ensuite guider des entreprises concr tes Alors en tant que cher cheur en promotion de la sant en quoi ai je donc eu foi durant toutes ces ann es C est ce qui sera explor en trois temps dans les pages qui suivent D abord afin de cir conscrire le contexte duquel ont merg mes croyances m thodologiques quelques consid rations historiques sur la production de la scien ce au Qu bec seront offertes Dans un second temps les quatre niveaux dont on peut se pr oc cuper lorsque l on parle de m thode fontologi que l pist mologique le m thodologique et le technique seront abord s en rapport avec la promotion de la sant Finalement un ensemble d attitudes m thodologiques qu il me semble n cessaire de d velopper pour qui veut faire de mani re fructueuse de la recherche en promo tion de la sant sera pr sent suivi de quelques remarques de conclusion Entre l ontologique et les statistiques 145 Tel que le mentionnait fort justement une des personnes qui ont r vis ce texte on ne trou vera pas dans les pages qui suivent une analyse critique sophistiqu e ou originale de la litt ra ture sur le sujet Il s agit plut t d un t moignage qui rel ve de la r flexion critique sur un v cu professionnel entreprise que l on observ
23. l ordinateur quantifier des r ponses manipuler des statistiques Comme tout ceux qui ont eu effectuer ce type de mani pulation le savent bien le risque qu une erreur fatidique se glisse quelque part dans les proces sus de formulation de cueillette de codage de saisie de v rification de manipulation ou d interpr tation de donn es quantitatives est significatif Toutefois on a souvent l impression que parce que c est quantitatif on est en quelque sorte immunis contre les erreurs que ce qui va sortir de l ordinateur est une v rit de foi Or comme le rappelle si bien le vieux dicton gi 80 des informaticiens Garbage in garbage out Un autre pi ge important est de croire que parce ce qu elles ne font habituellement pas appel une logique de preuve bas e sur les math matiques les techniques qualitatives d analyse de donn es sont moins rigoureuses ou plus faciles d application D une part plu sieurs techniques dites qualitatives en analy se de contenu par exemple peuvent faire un usage abondant de processus de quantification D autre part toutes ces techniques ont g n rale ment un mode d emploi bien pr cis que doit suivre avec rigueur l analyste Finalement Yanalyste qualitatif est souvent invit comme partie int grale de sa d marche expliciter d s le d part ses biais ses th ories implicites et ses pr suppos s afin de les mettre entre parenth ses Le f
24. lus fructueuse la conclusion propose de positionner le champ de la promotion de la sant l int rieur du paradigme de la postmodernit Mots clefs M thodes de recherche promotion de la sant pist mologie Un point de vue sur les m thodes de recherche en promotion de la sant Pourquoi Comment es organisateurs de la 3 conf rence natio nale de recherche en promotion de la sant prenaient un risque en demandant quelqu un qui ne se consid re pas comme un m thodologue de discuter des m thodes de recherche en promotion de la sant On a d j beaucoup crit sur le sujet notamment dans un num ro sp cial de la Revue canadienne de sant publique o se retrouvent plusieurs tex tes marquants Lincoln 1992 McKinlay 1992 Raeburn 1992 Poland 1992 Stevenson et Burke 1992 Eakin et Maclean 1992 Pour ma part j ai d j expos techniquement les bases m thodologiques auxquelles je me rattache en ce qui a trait l objet de recherche particulier auquel je m int resse depuis longtemps celui des aspects politiques de la promotion de la sant O Neill amp Pederson 1992 J ai aussi pu formuler ma vision plus g n rale de ce qu est la promotion de la sant dans un ouvrage r cent Pederson O Neill amp Rootman 1994 Alors de quoi parler Et surtout comment J ai finalement r solu d utiliser cette occa sion pour effectuer une sorte de bilan critique du m tier de chercheur
25. nce qu on enseigne dans les coles que par manque de culture scientifique g n rale ou par manque de capacit collective absorber la science moderne nous sommes encore sous le choc du futur la remorque des mod les scientifiques du XIX si cle Quantitatives ou qualitatives Inductives ou hypoth tico d ductives Quelles approches m thodologiques sont les meilleures Le troisi me niveau dont on doit se pr oc cuper est celui des processus m thodologiques concrets mettre en oeuvre pour expliquer ou comprendre scientifiquement le changement des comportements humains reli s la sant Cela a en particulier voir avec les types de devis de recherche laborer et avec la mani re de construire la preuve Dans ce domaine il me semble exister toute une s rie de fausses opposi tions et le titre de cette section contient une s rie de questions qui me semblent toutes plus inutiles les unes que les autres I n y a pas de meilleure approche m tho dologique Il n y a que diff rents types de questions que l on peut poser propos d un objet d tude qui nous concerne ici celui du changement planifi des comportements humains Ces types de ques tions appellent diff rents types de processus pour y r pondre Dans cette optique il n y a pas selon moi de bonnes ou de mauvaises questions Il y a des questions plus ou moins pertinentes plus ou moins bien formul es ou dont on a d ja plus ou moi
26. nf rer un sens l univers qui nous entoure et l exis tence humaine on peut alors se demander jusqu o elle est utilisable pour promouvoir la sant des individus et des populations Peut tre que l art la religion ou la politique sont des entreprises humaines bien davantage appro pri es la promotion de la sant que la science D ailleurs les Marcuse Adorno Habermas et autres penseurs de l cole critique de Francfort ont t parmi ceux qui au milieu du XX si cle ont soulign avec le plus d a propos qu ultime ment la science n est finalement rien d autre qu une forme particuli re d id ologie qui avec la s cularisation de nos soci t s industrielles moder nes a historiquement fait concurrence au reli gieux comme outil d interpr tation ontologique Pour tre de vrais promoteurs de la sant nous faudrait il alors abandonner la respectabi lit de la science et nous convertir en pr cheurs en artistes ou en politiciens Peut tre pas car comme on a tendance de plus en plus le pr tendre chez les savants de la fin du XX si cle Ferguson 1980 s parer le scientifique du reli gieux du magique ou du po tique est probable ment une erreur significative ces modes de rap port des humains l univers se rejoignant vrai semblablement tous quelque part Finalement c est donc probablement notre conception de la science qui est r viser car elle est encore large ment tributair
27. ns les r ponses C est l int r t pour une ques tion qui est en quelque sorte la bougie d allumage de la passion du chercheur passion qui lui sera bien n cessaire pour poursuivre les op rations longues et fastidieuses g n ralement requises pour obtenir une r ponse l interrogation de d part Les questions sont donc fondamentales Si Yon travaille sur un sujet peu connu dont les contours sont encore mal pr cis s on aura souvent avantage utiliser une approche inductive pour aider en interface avec la r alit empirique construire ce domaine Si l on tra vaille au contraire dans un domaine tr s connu on est probablement en mesure de formuler afin de les v rifier des hypoth ses qu on testera ensuite de mani re plus d ductive Qui plus est ind pendamment du degr d avancement de la connaissance sur un sujet donn les types de questions qu on se pose en promotion de la sant pourront n cessiter des approches m thodologi ques compl tement diff rentes faisant appel des outils qualitatifs quantitatifs o m me mix tes comme c est souvent le cas lorsqu on se pr occupe de trianguler les informations Comme pour les d bats pist mologi ques les querelles de clochers favorisant une seule approche une seule m thode ou un seul type de devis quel que soit le probl me en cause m apparaissent st riles et intellectuelle ment born es Il est vident que chaque cher cheur a ses sujet
28. nt J aimerais le faire en tentant de r pondre deux questions La premi re pour reprendre la terminolo gie que Kuhn a mise la mode est dans les m thodes de recherche en promotion de la sant vivons nous vraiment un changement de para 154 Michel O Neill digme C est ce que soutient Lincoln 1992 qui pr tend que le constructivisme prend de plus en plus d assaut la forteresse du positivisme Je crois cet gard que Lincoln a en partie raison mais qu au del d une bataille positivisme constructi visme il s agit de quelque chose de beaucoup plus profond qui se trame En effet il me semble que les d bats actuels dans le monde de la scien ce en g n ral et de la promotion de la sant en particulier ne sont qu une des nombreuses mani festations de la transition v cue dans les soci t s industrialis es entre un rapport moderne et un rapport postmoderne l univers Pour utiliser encore une fois les images sim ples mais percutantes d Alvin Toffler nous avons commenc a vivre au cours des trente ou quaran te derni res ann es la troisi me vague de change ment plan taire depuis le d but de la pr sence humaine sur le vaisseau spatial terre Alors que s effrite la vision moderne du monde qui avec la r volution industrielle a peu peu supplant la vision traditionnelle des soci t s agricoles la vision postmoderne des soci t s postindustriel les n est toutefois pas
29. our de l id e ma tresse de la quali t Par les temps qui courent la pression des milieux acad miques et autres est beaucoup la quantit cela pousse souvent d velopper des pratiques de qualit douteuse exploitation du travail du personnel de soutien en particu lier les assistants et professionnels de recherche production la cha ne de projets d int r t mini mal d coupage en tranches infinit simales des aspects publiables d un projet etc A long terme si les chercheurs visent maintenir les seuils de qualit les plus lev s possibles et dans leurs rapports humains et dans leurs d marches professionnelles tout le monde en sortira gagnant sur tous les tableaux C est cependant une attitude tr s difficile cultiver car au del des discours sur l excellence que l on se fait servir r guli rement par les temps qui courent encore faut il avoir un minimum de conditions de tra vail qui permettent d y pr tendre Finalement pour moi qualit gale rigueur dans l utilisation de l approche ou de la m thode choisie une atti tude de doute critique devant pr valoir tout moment La n cessaire multidisciplinarit La promotion de la sant est un domaine o sant et social s interpellent o action et d veloppement de connaissances s entrem lent et o il est impossible de grandir de survivre et d tre efficace sans un pari r solu en faveur de l intersectorialit et de la m
30. recteur du Centre qu b cois collaborateur de l OMS pour le d veloppement de villes et villages en sant Il est d tenteur d un doc torat en sociologie de l Universit de Boston Ses champs d enseignement et de recherche gravitent depuis plu sieurs ann es autour des aspects sociopolitiques de la promotion de la sant
31. s et ses m thodes pr f r s avec lesquels il se sent davantage l aise ce n est tou tefois pas une raison pour utiliser un devis de recherche inappropri au type de probl me ou de question tudier ou pour vouloir absolu ment reformuler toutes les questions de mani re ce qu une m thode unique soit utilisable Un peu plus d humilit et d honn tet intellectuel le ne seraient sans doute pas inutiles cet gard on observerait moins de r sultats de recherche inutiles parce qu ils ont t abord s partir de questions inappropri es ou l aide d une appro che de recherche non pertinente la question Quelles techniques de recherche mettre en oeuvre On aura probablement d j devin la lumi re des positions nonc es quant aux trois niveaux pr c dents qu il n y a pas pour moi de bonnes ou de mauvaises techniques de recher che Il n y a que des techniques plus ou moins pertinentes attendu le probl me la question de recherche ou le stade de d veloppement des connaissances Et il n y a que des techniques plus ou moins bien appliqu es selon les r gles de l art de chacune J aimerais toutefois souligner quel ques uns des pi ges qui nous guettent lorsqu on utilise des outils de cueillette ou d analyse des donn es Le premier c est l impression de rigueur que l on retire g n ralement de la manipulation quantitative de donn es Il existe toute une mys tique utiliser
32. s les r sultats de nos travaux scientifi ques tel qu en t moigne encore l engagement politique ou militant d un nombre consid rable de chercheurs Peut tre est ce parce que nous avons v cu les grands enthousiasmes collectifs de la r volution tranquille du projet ind pen dantiste ou plus r cemment de la conqu te des march s internationaux que nous avons peine ne regarder qu en analystes d tach s ce qui se passe Et peut tre aussi n avons nous pas la profondeur culturelle ni les traditions qui ailleurs assignent aux scientifiques des r les davantage loign s de la m l e Ces quelques racines rapidement vo qu es quels fruits ont elles produits du moins en ce qui me concerne D abord une vision de ce qu est la promotion de la sant qui on le verra plus loin porte en elle le germe d orienta tions m thodologiques assez pr cises Une d finition de la promotion de la sant On peut dire que la promotion de la sant est une approche la prise en charge des probl mes de sant qui dans nos soci t s comporte deux l ments interreli s un l ment philoso phique et un l ment technique O Neill amp Cardinal 1994 Le fait d inclure ces deux l ments sous le m me vocable de promotion de la sant est d une certaine mani re probl matique C est pourquoi s inspirant en cela des travaux de plusieurs autres auteurs par exemple Ashton amp Seymour 1988 Martin amp McQue
33. thodolo gie de la recherche re us lors de la premi re ann e de mon baccalaur at en sociologie l Universit Laval d avoir t tr s t t expos la n cessit pour qui pensait m thode scientifi que de distinguer les pr occupations d ordre pist mologique de celles d ordre m thodologi que ou d ordre plus technique Qui plus est l instar de plusieurs autres m thodologues Yvonna Lincoln 1992 la c l bre m re de l valuation de quatri me g n ration rappe lait aux chercheuses et chercheurs en promotion de la sant de ne pas oublier le niveau des pr occupations d ordre ontologique Regardons d un peu plus pr s chacun de ces quatre niveaux et ce qu ils signifient pour la recherche en promotion de la sant Le dilemme ontologique de la promotion de la sant science ou pas Lontologie est cette branche de la philoso phie qui se pr occupe de la place qu occupe l tre humain dans l univers et notamment de la mani re dont il entre en rapport avec cet univers N ayant pas de formation philosophique pouss e je ne m tendrai pas longuement sur l ontologie sauf pour souligner que l tre humain peut entrer en rapport avec l univers de bien des mani res dont le mode scientifique ne repr sente qu une des possibilit s Que ce soit sous les modes reli gieux po tique ludique ou encore psychanalyti que par exemple les rapports au monde de l tre humain sont de nature diversif
34. toutes les r volutions celle que nous traversons fera chez les chercheurs comme chez les autres des victimes et des laiss s pour comp te Je crois toutefois que si nous sommes capa bles de remettre continuellement en question nos positions scientifiques afin de mieux com prendre pour mieux l expliquer et le changer l univers qui nous entoure nous nous outillons sans doute pour que ces bouleversements soient plus des opportunit s de changements positifs que des catastrophes cet gard d ailleurs bien davantage que les valeurs modernes d or dre de progr s ou de d termination les valeurs postmodernes d ind termination de paradoxe et de chaos semblent proches de l exp rience que les humains chercheurs inclus vivant dans les soci t s en transition entre l industriel et le postindustriel ont de leur monde par les temps qui courent Une fois qu on l a un peu d cap de l enflure verbale qui le caract rise encore trop souvent le postmodernisme me semble tout simplement la transposition dans le monde des comportements humains des l ments de com pr hension de l univers que les sciences exactes laborent depuis quelques dizaines d ann es d j L tat plus ou moins flou du consensus actuel sur la nature de la promotion de la sant ainsi que sur la mani re de conduire de la recherche ou d intervenir dans ce domaine me semble aussi typique d un des domaines de l a gir humain qui est au coeur des
35. tte derni re La promotion de la sant est situ e aux confluents de nombreuses disciplines ayant chacune ses traditions ses m thodes pr f r es et ses approches privil gi es l exp rience prouve qu il est utopique de penser que le m lange de ces diff rentes tendan ces se fera sans explosion si l occasion n est pas fournie de faire collectivement si possible une r flexion pist mologique plus syst matique permettant de confronter les divers points de vue et de voir dans quel contexte tel ou tel type de m thode est davantage pertinent Ici encore une attitude d ouverture d esprit et de respect mutuel me semble de mise toutefois elle ne surgira pas par magie et elle se devra d tre cul tiv e au cours de la formation acad mique des futurs chercheurs et dans les milieux o ils oeu vreront par la suite Qui plus est personne oeuvrant en recher che en promotion de la sant ne devrait faire l co nomie d une initiation technique r ussie et aux m thodes qualitatives et aux m thodes quantita tives Presque in vitablement les projets et cir constances am neront un chercheur davantage dans une direction que dans une autre avoir une compr hension de base des fondements et princi pes des deux univers me semble malgr tout une n cessit incontournable m me si elle est difficile mettre en oeuvre avec les contraintes que les programmes universitaires imposent La capacit vivre long terme
36. ultidisciplinarit Pourtant un tel pari est p rilleux Trop souvent il est fait naivement en pensant que le fait d tre assis autour d une m me table et d tre des per sonnes de bonne volont suffira ce que des cul tures des int r ts et des enjeux diff rents se con cilient comme par magie C est pourquoi plus souvent qu autrement les exp riences multidis ciplinaires qui sont le pendant acad mique des aventures intersectorielles sont des checs plus ou moins retentissants Oser la multidisciplinarit suppose d abord selon moi des racines solides que ce soit dans une discipline ou un domaine de pra tique particulier partir desquelles on a d ve lopp une certaine expertise en laquelle on est relativement confiant et qui b n ficie d une cer taine reconnaissance Cela permet ensuite de s engager dans les dialogues et les n gociations n cessaires la multidisciplinarit avec une atti tude de respect et d ouverture qui risque son tour de provoquer le respect et l ouverture plu t t que l agressivit et la fermeture caract risant encore trop souvent ce type d changes De solides fondements pist mologiques doubl s d habilet s techniques quantitatives et qualitatives Toute personne qui veut s adonner la recherche en promotion de la sant devrait d abord avoir eu l occasion de faire le point sur ce qu est la science ainsi que sur les possibilit s et limites de ce
37. ussent sans cesse les fronti res de notre compr hension de ces ph nom nes et question nent radicalement cet anthropocentrisme De plus comme le disait le grand philosophe et math maticien Bertrand Russell peut tre que les fleurs ont entre elles un langage et un niveau de conscience qui leur sont propres et qu elles laborent m me une science o les humains sont un de leurs objets d investigation D autre part le positivisme des sciences exactes de la fin du XX si cle qui ont fait entrer le paradoxe les lois probabilistes et la logique floue dans leurs uni vers est beaucoup moins positif qu on ne se le repr sente habituellement Requestionner leurs fondements pist mologiques offre ainsi aux chercheurs en pro motion de la sant des avenues nouvelles et insoup onn es pour mieux comprendre et pr dire le comportement humain On ne peut n an moins nier la forte coloration positiviste qui impr gne encore les activit s pr tention scien tifique en promotion de la sant et les cons quences en termes d acc s aux subventions aux 150 Michel O Neill publications et la l gitimit scientifique de cette coloration Toutefois il me semble que les fronti res des positions pist mologiques classi ques en sciences sociales sont d ores et d j beaucoup plus floues qu elles ne l taient aupa ravant C est probablement cause du d calage entre l avant garde de la science et la scie
38. voisin ni souvent m me dans sa propre organisation universitaire ou autre que l on trouvera des personnes ayant d velopp le m me genre de vision Et ce n est pas toujours non plus dans son environnement familial ou relationnel imm diat que l on trouvera une com pr hension empathique des enjeux profession nels auxquels on est confront si l on veut faire de la recherche significative en promotion de la sant cet gard les moyens de communication modernes en particulier le courrier lectronique dont l acc s se d mocratise la vitesse de l clair sont une ressource pr cieuse qu ils se trouvent dans le bureau d c t ou l autre bout de la plan te les membres de notre r seau sont main tenant accessibles avec la m me facilit Il est cer tain que l cran cathodique ne remplacera jamais la chaleur des contacts humains en face face l importance cet gard des colloques congr s et autres conf rences de m me acabit ne doit jamais tre sous estim e Mais pouvoir changer de mani re confidentielle en temps r el ou pres que et avec un ou plusieurs interlocuteurs la fois o qu ils se trouvent sur la plan te cr e un contexte o la survie dans la marginalit sera sans doute grandement facilit e La promotion de la sant un enjeu scientifique postmoderne Comment conclure suite cette br ve incursion au royaume de la m thodologie de la recherche en promotion de la sa
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