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Le Processus - Iris Aleluia

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1. m me le sol et dont toutes les faces se composaient de miroirs les Mirrored Cubes Ceux ci r fl chis saient le sol de la galerie se prolongeant ainsi au travers des miroirs tandis que les limites des cubes semblaient se fondre dans leur environnement Ainsi pour Morris le rapport physique de la sculpture son espace suppose qu elle soit directement pos e au sol La couleur en est bannie puisqu elle est essentiellement optique et immat rielle et que l importance est donn e uniquement aux qualit s physiques comme l chelle la proportion la forme Pour lui il est galement essentiel de saisir le volume dans son unicit et donc pour ce faire de cr er des volumes l mentaires C est la simplicit du volume qui compte le fait qu il soit appr hendable d un boc plac directement au sol sans support ni socle Comme l observe Ghislain Mollet Vi ville face la neutralit de ces formes le seul choix visuel qui s impose au spectateur est celui d un va et vient permanent entre l objet et son environnement et inversement par ce jeu ce n est pas tant l uvre qu il voit ou qu il exp rimente mais le monde alentour o il se d place et qui contient une multiplicit infinie de choses d tres et d v nements L installation appelle le spectateur se positionner activement face l uvre afin d en percevoir les donn es formelles et contextuelles Pour Robert Morris donc le temps qui s coule et l espa
2. tre assujettie la forme la perspective ayant jou cet gard un r le pr pond rant Aux prises avec une conception fantasmagorique des quatre l ments elle n existe que par report des formes et des contours des objets longtemps appel rendu des objets Le revirement du d but du XX me si cle a transform cette mati re substantielle en flux nerg tique L approche des mat riaux ne d pend alors plus d une ph nom nologie des apparences qui r v le diff rentes qualit s de pesanteur et de texture de transparence ou d opacit Elle n est plus d pendante du syst me de perception dont elle rel ve Marcel Duchamp envisageait d j la mati re comme un support conceptuel en exploitant la zone d invisibilit de l uvre en prenant en compte l aspect programmatique l intention du projet artistique en pr cisant que tout tableau doit exister avant qu il soit sur toile il perd toujours quelque chose quand il est transform en peinture Alors que dans l histoire 1 Pro au sens de vers l avant et cessus cedere aller marcher Le terme est d riv de procedere qui sous entend le progr s l action de s avancer qui est galement li au proc s 2 Voir ce sujet l introduction de l ouvrage de DE MEREDIEU Florence Histoire mat rielle et immat rielle de l art moderne et contemporain ditions Larousse Paris 2008 Avec l impression nisme la touche est consid r e pour e
3. LAMARCHE VADEL Bernard Roman Opalka le temps retrouv LAMARCHE VADEL Bernard et alii Opalka 1965 1 co ditions La diff rence f vrier 1986 SMITHSON Robert The Writings of Robert Smithson Nancy Holt ed New York University Press 1979 New York 54 TIBERGHIEN Gilles Land Art Editions Carr 1993 WHITEHEAD Alfred North Le concept de temps trad J Douchement Le concept de Nature Vrin 2006 Monographie OPALKA Roman Opalka 1965 1 Autoportraits ditions Courtes et Longues 2011 Revues FRANCBLIN Catherine Une image en transit Les cahiers du Mus e National d Art Moderne n 27 printemps 1989 LEWITT Sol Paragraphs on Conceptual Art Artforum 1967 MORRIS Robert Some Notes on the Phenomenology of Making Artforum avril 1970 MORRIS Robert Anti Form Artforum avril 1968 MOLLET VIEVILLE Ghislain Le jeu de la tautologie dans l art des ann es soixante et soixante dix Frank Stella Robert Morris et Claude Rutaut Ce que vous voyez est ce que vous voyez Tautologie et litt ralit dans l art contemporain sous la direction de Leszek Brogowski et Pierre Henry Frangne Presses universitaires de Rennes 2009 POINSOT Jean Marc L in situ et la circonstance de sa mise en vue Les Cahiers du Mus e nationale d Art moderne n 27 printemps 1989 VANEL Herv et alii Pratique Mel Bochner PRATIQUES R fl
4. tudie On Kawara me permet d ouvrir ici une parenth se sur la conception que propose Tristan Garcia sur la variation des intensit s de pr sence Le temps rev t pour lui un caract re continu n tant pas susceptible d intensit s variables mais seulement de d coupages extensifs un temps long ou court beaucoup ou peu de temps C est alors la pr sence qui rel ve de la notion d intensit et de variabilit Le pass ne peut tre virtuel car de fait il a t Afin d en saisir sa pr sence r elle il est n cessaire de le comprendre en tant que variation d intensit de la pr sence de telle sorte que ce qui est pass est bel et bien pr sent comme l est le pr sent mais moins Le pr sent est constamment vou devenir du pass il se trouve ainsi toujours rejet de plus en plus loin dans le pass en s loignant significativement de la pr sence Il affirme un ordre du pass sur lequel la conscience du sujet peut se reposer Ce pass constamment renouvel il le qualifie de pr sent d pass Entendu comme un processus le pass est tout ce dont la pr sence s amoindrit Plus a passe moins c est pr sent Il prend pour exemple l enfance qui pour chaque tre ne cesse de devenir moins pr sente en tendant vers une absence totale mais non absolue puisqu elle maintient une forme de participation infinit simale la pr sence g n rale du syst me terrestre Il d finit
5. 44 minutes collection de la Tate National Gallery Londres Tacita Dean courtesy Frith Street Gallery London and Marian Goodman Gallery New York Paris DEAN Tacita Day For Night 2009 film couleur 16mm muet 10 minutes Tacita Dean courtesy of Firth Street Gallery London DEAN Tacita Quatemary 2014 Photogravure en 10 parties chacune 100 x 129 5 cm dimension totale 239 5 x 709 5 cm Marian Goodman Gallery courtesy de la Marian Goodman Gallery New York Paris DEAN Tacita The Tail end of film 2013 Photographie noir et blanc dimensions du tirage 123 x 159 cm Marian Goodman Gallery courtesy de la Marian Goodman Gallery New York Paris DE MARIA Walter Lightning Fields 1977 4000 mats en acier inoxydable sur une surface de 1 6 km dans le d sert du Nouveau Mexique John Cliett courtesy Dia Art Foundation New York DUCHAMP Marcel La bo te en valise 1936 bo te en carton recouverte de cuir rouge contenant des r pliques miniatures d uvres 69 photos fac simil s ou reproductions de tableaux coll es sur chemise noire 40 7 x 38 1 x 10 2 cm collection Centre Pompidou Succession Marcel Duchamp Adagp Paris courtesy du Centre Pompidou DUCHAMP Marcel Peigne 1916 peigne en acier 3 2 x 16 5 cm collection Louise et Walter Arensberg Philadelphie Philadelphia Museum of Art Marcel Duchamp Courtesy de l artiste GRAHAM Dan Rooftop Urban Park Project Two Way Mirror Cylinder In
6. Enfin le temps peut tre inclus dans des traces comme les multiples t moins d une continuelle instabilit Le travail de l artiste britannique Tacita Dean propose une observation a posteriori de ce qui a t ou l enregistrement d une fin d une forme d obsolescence programm e L interrogation sur la mat rialit du monde se r v le donc au travers d une investigation processuelle qui m ne les artistes sur des voies diverses que le processus soit int gr l uvre ou que celle ci soit le r sultat d une dur e le constat d un mouvement r volu ou en lente gestation Comment ce passage transitoire duratif devient il r v lateur de mati re et sous quelle forme L tude du champ d application du processus et son d ploiement depuis ses origines conduit mettre en vidence dans un d veloppement second l exploitation d une paisseur temporelle aux divers indices de mesures 1 WHITEHEAD Alfred N Le concept de temps trad J Douchement Le concept de Nature Vrin 2006 DUCHAMP Marcel Peigne 1916 peigne en acier 3 2 x 16 5 cm collection Louise et Walter Arensberg Philadelphie Philadelphia Museum of Art Marcel Duchamp Courtesy de l artiste STELLA Frank Mas o Menos 1964 poudre m tal lique dans mulsion acrylique sur toile 300 x 418 cm collection du Centre Pompidou Adagp Paris courtesy de l artiste I Les pr mices et le champ d application du processus 1 L exploration du
7. Il interroge le statut du dessin et le geste sort de l espace de la feuille pour se d ployer directement sur celui du mur formant des balisages de surfaces par la hachure ou la trame un ensemble de configurations de lignes horizontales verticales diagonales trac es la mine de plomb Dans le cours des ann es 80 la surface color e viendra relayer la ligne pour construire des formes g om triques et rythmiques Mel Bochner analyse ses structures comme le r sultat d un syst me logique rigoureux qui a pour but de resserrer l uvre dans les limites d une chose qui existe distincte la fois de son cr ateur et du spectateur En voquant les dessins muraux de Sol Lewitt il pr cise Sol a eu une id e et il se trouve que c est beau Mais le fait que ce le soit est je le maintiens d un int r t secondaire C est comme un ph nom ne naturel C est comme l herbe l bas Elle n avait pas cherch elle n avait pas l intention d tre verte parce que le vert est une belle couleur Tout ce qui tait convention nellement n cessaire pour qu une uvre soit consid r e comme telle le choc motionnel la subjectivit l originalit sont mis de c t 1 LEWITT Sol Paragraphs on Conceptual Art Artforum 1967 2 BOCHNER Mel Sp culations Ecrits 1965 1973 op cit p 119 3 VANEL Herv et alii Pratique Mel Bochner PRATIQUES R flexions sur l art 9 2000 p 20 VARIATIONS OF IN
8. es dans le but de saisir une totalit Il peut par exemple d crire les accidents de parcours durant ses courses ses ventuels retards pertes de fiches ou encore d crire les diff rents prix tout comme ses h sitations ou ses doutes Il donne galement le mode d emploi de ces fiches qui se renvoient les unes aux autres Ce classeur joue comme une m moire de la dur e des actions effectu es par l artiste Il est alors imparti au spectateur de regarder et lire ces fiches de ressentir cette dur e en allant d un terme un autre par les syst mes de renvois labor s par l artiste La fiche Conception 1 Structure la forme parall l pip dique grise de 244 x 61 x 61 cm 2 MOLLET VIEVILLE Ghislain Le jeu de la tautologie dans l art des ann es soixante et soixante dix Frank Stella Robert Morris et Claude Rutaut Ce que vous voyez est ce que vous voyez Tautologie et litt ralit dans l art contemporain sous la direction de Leszek Brogowski et Pierre Henry Frangne Presses universitaires de Rennes 2009 p 114 3 Notons ici l importance pour Morris de la mise en sc ne et de la th tralit de l objet toujours rapport la mesure humaine Il rencontre John Cage en 1960 qui le pr sente la troupe de La Monte Young Il participe ainsi des concerts et performances Cette influence se pressent nettement dans sa conception de la sculpture appr hender comme pr sence mat rielle dans un environnemen
9. une 2 A la m me p riode au Japon se d veloppe le mouvement Mono Ha dont les artistes questionnent et confrontent les mat riaux bruts dans leur relation directe avec la perception visuelle du monde ext rieur Ils cherchent transcender la mati re et les objets naturels inalt r s consid r s comme des l ments autonomes et interrogent leurs ph nom nes mutationnels les diverses formes des manifestations de leurs qualit s physiques Parmi ces principaux acteurs l artiste Nobuo Sekine r alise en 1968 une pi ce ma tresse Phase Mother Earth qui pr sente un trou creus dans le sol de 2 2 par 2 7 m tre de profondeur et la forme exacte de son extraction une tour cylindrique en terre battue L action interventionniste et performative est document e par des photographies L int r t port aux formes primaires au plein et au vide au d placement de la mati re d voil e telle quelle fait chos aux pr occupations qui animent le Double Negative de Michael Heizer bien qu il ajoute une dimension architecturale puisque le spectateur peut exp rimenter l uvre en la p n trant En 1970 le commissaire Yusuke Nakahara r unit autour de l v nement Between Man and Matter lors de la Biennale de Tokyo la fois des artistes du Land Art am ricains et europ ens de l arte povera italiens et du Mono Ha japonais qui partagent des territoires de recherches et d exp rimentations autour de la mati re organique 23 profondeur d
10. uvre au spectateur Dan Graham l h rite de son exp rience en tant que galeriste En 1964 il ouvre avec un ami la galerie John Daniels qui accueille la premi re exposition de Sol Lewitt et des artistes expos s par Richard Bellamy la Green Gallery tels Smithson Morris Judd et Flavin Dans un entretien avec Birgit Pelzer il confie quand la galerie a ferm je me suis mis faire des exp riences des uvres qu on pouvait consid rer comme des r actions l exp rience que j avais eu en galerie des r actions contre ce que j appellerais l art des galeries J ai voulu personnellement critiquer non seulement l art de la galerie mais aussi le statut cono mique de la galerie PAG Suzanne et alii Dan Graham catalogue de l exposition Dan Graham Mus e d Art Moderne de la ville de Paris f vrier avril 1987 Paris ditions Paris Mus es 1987 D33 30 g n rent dans un rapport entre espace priv et public mani re de voir et de se voir En 1974 il r alise Performer Audience Sequence au San Francisco Art Institute Un programme donn au performeur de la pi ce de Graham appara t comme une s quence d instruction Je suis face au public Je commence en me d crivant moi m me mes caract ristiques ext rieures tout en regardant en direction du public Je fais cela pendant environ huit minutes Puis j observe et je d cris sur le mode ph nom nologique l apparence ext rieure du public
11. va na tre le dernier film de l artiste JG hommage la fois l artiste et l crivain disparu en 2009 Les deux uvres ont un c ur analogique non pas uniquement parce qu elles ont 1 En t moigne le film Section Cinema film couleur 16 mm r alis en 2002 de 13 minutes pr sent en boucle et film D sseldorf dans l atelier de l artiste belge Marcel Broodthaers Elle met en lumi re les signes familiers et myst rieux que l artiste avait peint trente ans plus t t sur les murs de la section cin ma de son c l bre Mus e d Art Moderne Imaginaire En red couvrant cette collection de signes et d objets Tacita Dean transforme cette salle en lieu de spectacle Still Life et Day for Night r alis s tous deux en 2009 films couleur 16 mm tourn s la Via Fondazza de Bologne interrogent le m me lieu l atelier du peintre italien Giorgio Morandi rempli d objets en tous genres li s son travail Dans Day for Night elle les filme telle qu elle les a trouv s dans le studio et pose la question de filmer la mobilit les changements dus la d gradation du temps Avec Still Life elle montre les traces de ces objets que Morandi avait lui m me pos s sur une table pour les tudier Ils r v lent une partie plus math matique invisible dans le travail de Morandi des calculs de disposi tions et d agencement des ses objets Still life alors m me que son titre voque l immobilit montre la dur e une p riode d un temp
12. xion sur le temps et la vie humaine qui fait du temps le temps Il y pr cise que les ann es o tous les hommes pr sents sur terre vont mourir y figurent d j tout comme celle du dernier homme sur terre si l humanit venait dispara tre d ici un million d ann es Pour chaque NHAO22 09 BD129 NK107 western union Telegr 4 volume pr figure dans les pr faces re SLITS PDC NFR NEW UNEM gt respectives For all those who have 117 FEF ET NYK 10002 R L lived and died et For the last one EEA pe Eu ji Il s agit donc d une repr sentation du A AM STILL AG IYE i a ji temps qui englobe l histoire de tous les ON KAWARA hommes qui sont successivement n s et morts au cours de ce million d ann es pass es L artiste a choisi selon lui la quantification d un million d ann es car cette mesure correspond l acceptation de la venue du premier homme primitif sur terre Le pr sent serait le point M culminant de cette courbe fatalement descendante les dix autres volumes de One Million Year Future recensant le destin funeste qui attend chaque individu Ces 200 pages du pass et 200 pages du futur constituent une sorte de livre complet du temps dans un pr sent consacr sa cr ation comme un recueil de toute l histoire de l homme Le choix de la facture la forme de l num ration des ann es englobe en effet une totalit qui n exclut aucune diff re
13. choisir le terme que celui ci D tail du D tail 3307544 3324387 1965 1982 peinture SO t immanent cette procession Il acrylique sur toile de coton collection du Centre Pompidou arrive cependant le 6 ao t 2011 date 196 x 135 cm Adagp Paris courtesy de l artiste de la mort de l artiste qui a inscrit pour dernier chiffre 5 607 249 Ces artistes exp rimentent le temps l enregistrent inlassablement comme une forme de d fi qui confirme leur pr sence dans l ici et maintenant Dans cette radicalisation d un syst me artistique dans lequel l artiste s engage vie l assignation y est absolue et implique tout le sujet 1 POISAY Fran ois Roman Opalka de 1 co FR CHURET Maurice etalii L uvre en programme op cit p 64 2 LAMARCHE VADEL Bernard Roman Opalka le temps retrouv LAMARCHE VADEL Bernard et alii Opalka 1965 1 ditions La diff rence f vrier 1986 p 10 3 Ce dernier nombre rappelle l num ration que propose On Kawara le d compte de ses jours v cus plut t que sa date de naissance pour conna tre son ge L artiste meurt le 10 juillet 2014 son 29771 me jour 43 7 6550 5135439 et 5341636 Tirages argentiques noir et blanc 24x30 50 cm chacun courtesy de l artiste 3 Traces et r surgences du r el le temps r volu Pour Alfred North Whitehead la nature est un proc s qui se manifeste par le fait que chaque dur e arrive et passe
14. consomm dans l urgence du jour le jour La s rie To Day se pr sente comme un journal fait de classeurs anneaux documentant ann es apr s ann es l ensemble de sa production picturale Depuis 1966 chaque ann e correspond un classeur qui contient comme tous les autres un calendrier dans la langue du pays o l artiste se trouve au 1er janvier du d but de l ann e concern e des chantillons de couleurs pour chaque Date Painting r alis ainsi que des photographies documentant l envi ronnement de l artiste et un index mensuel de tous les tableaux Cette forme d enregistrement visuel et conceptuel du temps s accompagne de s rie de documents ou de classeurs dont les titres et les sujets correspondent des actes de la vie quotidienne tels I read ou I met Avec la s rie I read commenc e le 2 octobre 1966 New York il rassemble dans des classeurs des coupures de presse extraites de journaux correspondant OCT 261971 Date Painting 1971 acrylique sur toile et papier 20 5 x 26 cm 2015 Los Angeles Times courtesy de Lee Stalsworth National Gallery 1 DENIZOT Ren La peinture sinon rien DOUROUX Xavier et alii Whole and parts 1964 1995 catalogue de l exposition Whole and parts 1964 1995 Le Nouveau Mus e Institut d Art Contem porain Villeurbanne novembre 1996 f vrier 1997 ditions Les Presses du R el 1996 p 467 2 Ibidem p 468 3 la fin de l ann e 1987 il a ainsi ex cut m
15. environ 17 m tres Michael Heizer pr cise qu il suffit de regarder le Double Negative pour comprendre comment il a t r alis selon les lois de la pesanteur et partir de sa propre substance Le Double Negative sugg re un objet ou une forme qui en fait est absent Pour cr er cette sculpture on a d plac des mat riaux au lieu d en rajouter Le titre Double Negative est la description litt rale des deux entailles mais il voque quelque chose de m taphysique car un double n gatif est impossible Il wa rien et pourtant il y a bien une sculpture Chez Heizer le site est l uvre elle m me L artiste est d ailleurs fascin par le Mount Rushmore National Memorial dans le Dakota du sud avec laquelle il tablit des analogies quant au site la sculpture de Dakota est faite de mat riaux qui sont aussi son lieu comme le Double Negative L incision p n tre la face de la montagne La sculpture n utilise pas la montagne comme contenu mais lui imprime une image reconnaissable Le site ne pr domine pas l uvre elle le constitue et contribue par l lui donner une identit LE Te VE SA Une relation d appartenance r ciproque s ins HEIZER Michael Five Conic Displacements 1969 136 tonnes taure Heizer d solidarise l uvre de son de terre d plac es sur le fond plat d un lac ass ch 243 x 4 5 site en g n ral car elle pourrait tre dans un x 1 3 m cinq trous dans le sol du Coyote D
16. espace propre La mesure tout comme l chelle et la taille se rapporte au corps qui d termine notre perception de l espace En p n trant l int rieur de l uvre et en l exp rimentant l Obser vatory semble s effacer devant l exp rience qu il provoque Je suis int ress par des espaces que l on p n tre travers lesquels on passe des espaces au sens litt ral pas seulement une ie RENE A E ee a a aa Xe 2 5 Re E MORRIS Robert Observatory 1970 terre acier granit bois eau herbe 91 44 cm de diam tre situ Velsen Pays Bas The Flevo Landscape collection Stedelijk Museum courtesy de l artiste 1 Le Complex I City r alis entre 1972 et 1974 dans le Nevada de Michael Heizer s inspire en effet la fois de la pyramide de Djoser datant du troisi me mill naire avant J C Saqqarah en Egypte et du b timent du jeu de paume de Chich n Itz 2 MORRIS Robert Some Notes on the Phenomenology of Making Artforum avril 1970 22 ligne au loin mais un type d espace que le corps peut occuper et traverser Les sculptures du Land Art se r alisent dans un nouveau rapport l espace travers le sentiment de la masse notamment Chez Michael Heizer l importance est donn e aux mat riaux employ s et leur pes e sur le sol Il r alise des pi ces ph m res tranch es ou dessin es au sol dans le d sert de l ouest am ricain et des uvres monumentales d
17. et aux murs de l exposition elles perdent tout statut d uvre d art L encore l uvre doit tre d pouill e de toute sensualit de la part de l artiste qui pourrait provoquer l imaginaire du spectateur et l attirer dans les m andres d une r flexion int rieure contemplative La sculpture est bien au contraire d pendante de relations ext rieures celle entretenue avec l espace la lumi re qui le baigne et qu elle re oit et le champ visuel du regardeur On en revient la phrase de Duchamp c est le regardeur qui fait le tableau la sculpture est con ue dans la perspective d une relation l espace et au temps que le spectateur exp rimente Il existe dans le m me contexte de l uvre La question du processus se retrouve l encore dans une uvre ult rieure Aluminium Asphalt Clay Copper Felt Glass Lead Nickel Rubber Stainless Thread Zinc pr sent e la galerie L o Castelli en 1969 au 103 West 108th Street Les mat riaux nonc s dans le titre constituaient l uvre et taient chang s tous les matins durant la dur e de l exposition le statut de monstration de la galerie se substituait celui de l atelier et de l exp rimentation Chaque jour une photographie enregistrait le stade d volution de la pi ce pour tre expos e quelques jours apr s et faire partie int grante de l installation et des changements que subis saient les mat riaux L essentiel pour Morris r sidait dans son engagemen
18. invisible 1 L exp rience imm diate de la dur e Le temps ne se laisse ni voir ni toucher nous en avons conscience mais ne pouvons le d finir clairement On peut cependant mesurer la notion de dur e Le processus pr suppose un mouvement une action qui tend vers l avant Dans cette perspective la mesure du temps d un mouvement est li e la perception de l espace et suppose la saisie du lieu sur lequel s op re le d ploiement de ce mouvement Nous l avons vu c est cette prise en compte de la dur e que les pratiques processuelles int grent dans le champ de la sculpture dans un rapport volutif au mat riau et l espace qui le re oit Si la donn e du lieu du site est essentielle la notion d uvre in situ le r le du facteur temps est tout aussi fondamental L uvre in situ met en crise la stabilit de la forme pour lui opposer un mode de perception discontinu fait d instants une 1 Tristan Garcia remarque que dans la volont de d finir la question du temps l enjeu d pend du statut accord au pr sent L tonnement de Saint Augustin Qu est ce que en effet que le temps Qui saurait en donner avec aisance et bri vet une explication Si personne ne me pose la question je le sais si quelqu un pose la question et que je veuille expliquer je ne sais plus tient selon Tristan Garcia du fait qu il tente de comprendre le temps partir du pr sent Il identifie le pr sent la pr sence et la
19. l artiste pour la recevoir Il y colle dans le fond une coupure de presse de la date du jour de la r alisation La r p tition du processus de cr ation quasi journalier la pr sence physique et mat rielle du tableau font justement qualifier J rg Johnen ces Date Paintings de monuments du temps Selon lui les Date Paintings li s au d part une exp rience personnelle atteignent le public et le culturel dans lequel l artiste se d limite lui m me Il exploite d ailleurs une forme de mesure du temps universellement admise qu est la date Les tableaux d On Kawara manifestent la relation dialectique rituelle entre l individu et une totalit id alement d termin e le temps Chaque jour avec une discipline de fer il cr e un objet de culte du temps Le temps se pr sente la fois comme une abstraction mais aussi comme la source de multiples manifesta tions mat rielles possibles Ren Denizot remarque que la peinture est mise au jour pour ses dates m mes elle se conjugue l instantan it du pr sent livr e aux donn es imm diates de l criture du temps l inscription de la date et celle de l acte pictural en m me temps sur 1 Sur ce premier Date Paintings figure l inscription Jan 4 1966 Ses dimensions sont de 20 5 x 25 cm Par la suite les Date Paintings varient jusqu 155 x 226 cm La toile est tendue sur un ch ssis en bois de 5 cm d paisseur les c t s en sont ga
20. ller Museum Pavillon Sculpture for Argonne 1981 miroir a deux faces verre etacier 2 5 x 5 x 5 m Collection of Argonne National Laboratory Ilinois SCA courtesy Art Institute of Chicago de la structure du b timent La transparence absolue est seulement visuelle le verre s pare le visuel du verbal et isole les trangers du contenu des processus de prise de d cision et des interrelations invisibles mais r elles qui relient les op rations commerciales et la 1 DE DUVE Thierry Dan Graham et la critique de l autonomie artistique op cit p 51 2 Chacun mesurant 2 51 par 1 86m ils furent install s pour la premi re fois lors de la Documenta 7 de Kassel en 1982 3 GRAHAM Dan Ma position crits sur mes uvres op cit p 190 4 Miroir deux faces verre et acier 2 5 x 5 x 5 m National Laboratory Illinois 34 soci t D j en 1978 avec le projet de maquette standardis e des banlieues am ri iaaii caines Alteration to a suburban house Dan ao E IR E e Graham exploite le verre et le miroir La fa ade d un lotissement de banlieue am ricaine type est enti rement en verre r fl chissant la fois Fhe bege volateg rerb metrem part t A ss tive piss Aika systemtie pin A der iige DA D nie Ven cn Hits es maisons d en face tout en exposant la vie SE TE pas qui se d roule l int rieur Le mur du fond est D EE SELS Ho EI lui tapiss d un miroir redoublan
21. ments de 70 x 100 cm pages agrandies de la revue Art Magazine Dan Graham Courtesy Dan Graham et Marian Goodman Gallery New York Dans ces installations nous avons donc affaire une exp rience d un temps informatif et performatif Informatif par la critique analytique que nous propose Graham et performatif en tant que le spectateur active l uvre Celle ci se d roule en temps r el et c est cette temporalit directe qui participe de son processus de cr ation L exp rience de leur propre temporalit se trouve exploit e par des artistes tels On Kawara ou Roman Opalka au c ur de leur uvre elle en est le sujet et se d veloppe continuellement de mani re programmatique par le v cu de l artiste 1 GRAHAM Dan Ma position crits sur mes uvres op cit p 146 2 Le projet renoue avec Homes for America dont l objectif tait de proposer des photos documen taires formelles et descriptives prises sur deux ans d un lotissement de banlieue r sidentielle un magazine grand public comme une sorte d imitation du photoreportage dans un contexte non artistique L article a t publi dans Arts Magasine d cembre 1966 janvier 1967 3 Entretien accord Birgit Pelzer PAG Suzanne et alii Dan Graham catalogue de l exposition Dan Graham op cit p 35 4 En t moigne Splitting 1974 que nous avons d j voqu e une maison suburbaine du New Jersey analogue celle que Graham prend pour cible
22. motte de terre directement pos e sur le sol de l espace d exposition il pr sente un art qui se d ploie en temps r el 4 Sculpture r alis e dans le d sert du Nevada en 1969 Voir la partie suivante 20 4 L espace et le site la conqu te du territoire Au milieu des ann es 60 un certain nombre d artistes am ricains pour la plupart sont sortis des galeries et des mus es pour travailler dans les d serts et les banlieues indus trielles en friches consid rant la nature la fois comme un mat riau et comme une surface d inscription La disponibilit et l absence de valeur pour un usage productif de ces lieux favorisent la production des Land artistes qui endossent le r le d observateur dans une relation de confrontation aux trois dimensions de l espace et l l ment terre La libert de mouvement la lisibilit dun paysage d pourvu de rep res et la valeur esth tique semble cro tre l o rien d autre ne pourrait pousser Pour Gilles Tiberghien le ph nom ne Land Art est la r sultante d un entrecroisement de trajectoires qui admet des artistes d horizons tr s diff rents appartenant une m me g n ration intellectuelle c est dire ayant dispos d un m me ensemble de r f rences culturelles et artistiques dont les premi res expositions remontent la fin des ann es 60 Tous les artistes plus ou moins apparent s au Land Art ou earthworkers utilisent l l ment terre comme mat ri
23. on ne peut pas non plus traiter la photographie pour elle m me elle a valeur de document ni consid rer l uvre comme une entit puisqu il appartient la d finition de l uvre d tre attach e un lieu et un temps pr cis FRANCBLIN Catherine Une image en transit Les cahiers du Mus e National d Art moderne n 27 printemps 1989 2 ELIAS Norbert Du temps trad Librairie Arth me Fayard dition Pluriel 2014 p 18 Se r f rer ce sujet l introduction de l ouvrage il pr cise que chaque enfant en grandissant devient vite familier au concept de temps en tant que symbole d une institution sociale dont il prouve tr s t t le caract re contraignant Tout individu construit partir d un fond de savoir d j acquis qu il contribue amplifier il en est de m me pour ce qui rel ve de la connaissance du temps 3 Ibidem p 8 4 Notre constant besoin de nous situer dans le temps pr sente pour Elias le signe d un processus de civilisation L op ration de datation et de d termination du temps repose bien sur des processus physiques qu ils soient fa onn s ou non par l homme L homme et la nature ne doivent pas tre entendus comme deux donn es s par es il s agit bien plut t de l homme au sein de la nature 5 ELIAS Norbert Du temps op cit p 43 Ce r sultat de l apprentissage et de l exp rience suppose une transmission g n rationnelle tendue dans le temps 6 Cette relation de l
24. pendant huit minutes Je m arr te et je recommence en d crivant les r actions du public Ce sch ma consistant passer alternativement de la description de soi celle du public se poursuit jusqu ce que je d cide de terminer la performance Cet nonc s apparente une prescription qui se traduit sous la forme de comportements ext rieurs et de t ches accomplir ce qui montre son attachement au behaviourisme L nonciation est performative en ce qu elle fait l v nement Il n y a pas d observateur ext rieur le performeur et le public sont coupl s en boucle ils sont l un et l autre sujet et observateur dans un va et vient permanent entre eux au sein du dispositif exp rimental Toute personne pr sente dans l espace participe l uvre Le sujet du performeur en tant que moi est produit par l uvre comme un imaginaire projectif dont le lieu est le public formant globalement une incertaine surface de projection A la fin de la performance _ la d finition que le public projette de moi l aide se d finir en tant que groupe et la d finition du public que je projette tend d finir le sens que j ai de moi m me La t che du dispositif est de produire son espace s temps Thierry de Duve parle de l ici Rooftop Urban Park Project Two Way Mirror Cylinder Inside Cube 1981 1991 verre et acier 11 x 11 x 2 6 m 1995 2014 Dia Art Foundation courtesy de l arti
25. regroupant et les classant dans quatre classeurs Il y ajoute des notes pr paratoires d autres travailleurs intellectuels architecte biologiste math ma ticien ing nieur puis quelques diagrammes issus de magasines scientifiques et les plans de la galerie de la School of Visual Arts pour inscrire l espace d exposition Comme acte final d auto r f rencement il y ajoute le diagramme d installation du manuel de la photocopieuse Xerox datant de 1966 Chaque classeur est reproduit l identique quatre fois sur quatre socles Le titre de l exposition admet l ambigu t du statut du dessin de travail dont la forme est remise en question C est le processus de cr ation de l uvre qui est questionn ici il s agit de r v ler son fondement En utilisant le dessin de travail comme des reproductions il trouble toute dissociation entre l original et la copie par le truchement de la forme de reproduction la plus simple la photocopie Le processus de r duction de l information a transform ce travail en livre L objet final pr sent est la fois une exposition collective et une uvre personnelle par la r union de plusieurs individualit s selon une logique personnelle Il s agit d une suite de d cisions dans le d roulement du processus de travail Le statut de l auteur est fondamen talement remis en question par un travail de curateur un dispositif choisi pour d lib r ment d serter les murs de la galerie et se pr se
26. savoir comment les artistes se sont empar s de cette notion de processus afin de r v ler dans une temporalit donn e une mati re d termin e ou informelle Le processus dans son application produit ou agit sur du mat riel que ce soit sous forme de traces d acte performatif d installation de sculpture ou de peinture Il rel ve d un tat transitoire d une progression qui tend vers la transformation depuis l intention jusqu la r alisation du concept avec pour cons quence des modulations de la mati re Il est emprunt au latin processus qui signifie aller vers l avant avancer Comme il a t voqu plus haut la question de la temporalit lui est indissociable puisqu il y a un mouvement qui s op re dans la succession des ph nom nes entre un d but et une fin Ce mouvement d agir ce passage d un tat un autre peut tre soit entropique li au d sordre du milieu ou anthropologique de part l action humaine La mati re quant elle se caract rise par le fait d tre connaissable par les sens qu elle soit formelle ou informelle d termin e par des contours ou d limit e par un espace Poss dant une masse elle est ce qui constitue tout corps ayant une r alit tangible Elle se caract rise par une certaine paisseur une substance et une texture et op re comme obstacle surface ou objet plein qui r siste au regard Jusqu au tournant de l art moderne la mati re a tradi tionnellement pour r le d
27. syst me Au d but des ann es 60 l heure o l art de l objet conna t son apog e entre le Pop Art aux tats Unis et le Nouveau R alisme en Europe il se trouve alors revendiqu au nom d un nouvel int r t commun pour la g om trie l mentaire la s rialit la progression Au sein du Minimalisme mergent chaque artiste va cependant suivre sa propre probl matique La perception doit tre pur e de tout artifice la repr sentation et la chose repr sent e fusionnent Une forme de resserrement de l uvre autour de son propre nonc se trouve combin l exploitation syst matique du potentiel des structures autor flexives Le noyau de ce groupe est form par Donald Judd Robert Morris Carl Andre Dan Flavin et Sol Lewitt Les artistes de l poque ont fond et d fini leur position dans des textes qui permettent de saisir les uvres dans leur contexte d apparition et contribuent en saisir le sens dans un temps diff r Ainsi l artiste Mel Bochner publie t il dans la revue ArtMagazine son premier texte critique en 1966 l occasion de l exposition Primary Structures tenue au Jewish Museum New York Les uvres de Dan Flavin Carl Andre Sol Lewitt Donald Judd Robert Morris ou Robert Smithson y sont voqu es Ils produisent ce que Bochner qualifie de Nouvel Art ils n envisagent pas de possible dichotomie entre l art et la science et s int ressent la standardisation Leur uvre s oppose a
28. une uvre de vie L unit de temps r git de fa on rigoureuse l ensemble de son uvre Le temps y est compt peint dactylographi t l graphi collect et rassembl La dur e n cessaire l accomplissement de ses pi ces est fondamentale quelques instants suffisent envoyer un t l gramme ou une carte une journ e au maximum pour une peinture plusieurs mois voire des ann es pour achever les ditions de One Million Years Past et One Million Years Future L laboration minutieuse des Date Paintings passe par une succession de phases d application mesur e de couches de peinture qui les rigent au del du simple statut de document au champ de la peinture Son geste pictural implique une totale ad quation entre sa fabrication manuelle et son sujet la temporalit une date pr cise qui ne doit pas tre d pass e par l ach vement de sa repr sentation Les Date Paintings sont monochromes peints l acrylique de couleur plus ou moins fonc e gris bleu rouge vert jamais noir La date sujet du tableau est peinte en blanc en son centre dans la langue du pays o l artiste se situe quand il ex cute le tableau Chaque peinture doit tre achev e le jour m me de sa r alisation au risque d tre d truite L artiste insiste sur la v racit de l v nement de la date et du site qui lui correspondent Une bo te en carton dont les dimensions concordent avec celles de la peinture est fabriqu e par
29. 0 m de diam tre pour et Broken Circle et 23 m de diam tre pour le monticule de Spirall Hill courtesy de l artiste STELLA Frank Mas o Menos 1964 poudre m tallique dans mulsion acrylique sur toile 300 x 418 cm collection du Centre Pompidou Adagp Paris courtesy du Centre Pompidou 58 Iris Aleluia 59 Achev d imprimer en janvier 2015 Remerciements Anne Clarisse Aleluia Suzanne Cr pin Marie Douce Hardy et Fabien Vallos Image de couverture D tail du D tail 3307544 3324387 1965 1982 Adagp Paris courtesy de l artiste 60
30. 5 cm chacun Mel Bochner courtesy de l artiste nd j i n R 4 r it lt M W 3E LES ZT t wete Measurement Shadow 1969 chelle en aluminium ruban adh sif sur mur installation dans le studio de l artiste Mel Bochner courtesy de l artiste 11 2 L investigation du processus et la question du contexte Robert Morris va quant lui d velopper la question du Process en l appliquant au volume L existence d une sculpture pour Morris repose sur trois crit res fondamentaux c est la fois un objet fabriqu donn voir dans un espace pendant une dur e d termin e Sa Column de 1961 ne suscite aucune interpr tation qui ferait appel au fictionnel elle ne repr sente rien d autre qu elle m me L effort de conception et de fabrication de l artiste est compl tement r sorb au point de laisser penser que nous avons devant nous un objet anonyme ou quasiment sans auteur Cette colonne ne repr sente rien d autre qu une pr sence physique et mat rielle appr hend e dans un environnement spatial et temporel Cet aspect r ceptif est essentiel puisque l uvre avait t pr sent e au Living Theater de New York en 1961 Elle tait montr e successivement verticalement puis horizontalement dans des laps de temps pr cis de 3 minutes et demi Pr sent e devant un auditoire le statut de l uvre passait de l objet pur l v nement Les acteu
31. 6 et tourn St Abb s Head Berwickshire 9 Film couleur 16 mm de 63 minutes r alis le 11 ao t 1999 et tourn pendant l clipse totale de soleil Burnewhall Farm St Buryan Cornouailles 10 GARIMORTH Julia Tacita Dean un arr t sur le temps GARIMORTH Julia et alii Tacita Dean catalogue d exposition Tacita Dean Mus e d Art Moderne de la ville de Paris mai juin 2003 ditions des mus es de la ville de Paris et ditions Steidl 2003 11 DEAN Tacita October 100 printemps 2002 p 26 12 Installation cin matographique film 16 mm noir et blanc et couleur sonore 44 minutes L artiste apprenant que l usine avait cess de produire des films noir et blanc a d cid d utiliser ses derni res pellicules pour filmer l ultime production de l usine Le film s ouvre ainsi sur un plan en noir et blanc avant de passer la couleur 46 du medium en voie d extinction le film 16 mm sur ce m me support L atmosph re m ditative et nostalgique du film enregistre le processus d une fin en rappelant le lien qui unit pellicule et temporalit une certaine longueur du support quivaut une dur e pr cise On y observe la cadence des machines la r flexion rythm e des surfaces m talliques le mouvement de techniciens en blouses blanches En variant les points de vue larges et rapproch s des plans fixes nous montrent le roulement de cylindres le d placement de la mati re transparente du film dans l espace cl s
32. COMPLETE OPEN CUBES Apa Td ededed I A Shola A NC ANAA Rna F s A fa S e 21 S ROS VYRS AE o Eai FDA S elt FELCE TR S A E LT D 1 Les uvres sont de Sol Lewitt Ci dessus de gauche droite Variations of incomplete open cubes 1974 dessin sur papier Lewitt collection et courtesy de Sofia Lewitt Modular Structure 1972 bois peint blanc 61 x 61 x 97 8 cm 24 0 Saatchi Gallery courtesy de l artiste Wall Drawing 414 s rie de dessins IV au lavis d encre de Chine 24 dessins lavis d encre de Chine LeWitt Collection Chester Connecticut Centre Pompidou Metz courtesy de l artiste Dans sa propre pratique Bochner exploite la s rie dont il d finit l usage comme une m thode dont un ordre d un genre particulier s impose En consid rant qu au processus pr vaut un syst me il accorde une importance la r duction de la fracture entre l intention de l artiste et la r alisation finale L exposition Working drawings and other visible things on paper not necessarily meant to be viewed as art qu il organise la New York School of Visual Arts en 1966 est consid r e comme une des premi res propositions d expositions d art conceptuel Le dessin va devenir le v hicule essentiel de ses recherches Il a simplement photocopi l aide d une Xerox de l poque les dessins pr paratoires et les notes de travail d artistes dont il appr ciait la d marche en les
33. Kawara Il va partir de 1960 se livrer l exploitation de la mesure qui lui serait apparue par hasard la premi re pi ce de mesure je l ai faite parce que j tais incapable de mettre quoique ce soit sur le papier Rien ne me semblait alors avoir assez de sens pour tre not J avais deux feuilles de papier au mur que je regardais D un seul coup j ai vu l espace entre elles J ai vu que c tait autant le sujet que le papier J ai mesur cette distance et je l ai dessin e sur le mur Quand 1 VANEL Herv et alii Pratique Mel Bochner op cit p 22 A la diff rence d une esquisse avec ses r f rences projectives une forme visuelle finale une note de travail working drawing est le lieu de sp culations priv es un instantan de l esprit en marche the mind at work j ai t les feuilles de papier il me restait seulement la mesure Avec les Measurements le mur d finit l espace et l objet de la mesure La rigueur et l immuabilit de cette mesure au mur de la galerie renvoient le spectateur sa condition de point fluctuant au sein de cet espace et de son unit Une mesure qui rend le spectateur conscient de lui m me dans cet espace notion que l on retrouvera plus tard dans les performances de Dan Graham Dans Mesure Coupe longitudinale au niveau des yeux une ligne noire horizontale trac e au mur hauteur des yeux de l artiste et mat rialisant deux dimensions longueur et larg
34. Le Processus Du virtuel au mat riel r v ler le r el Iris Aleluia M moire de recherche 2014 2015 Ecole Nationale Sup rieure de la Photographie d Arles La notion de processus d signe une suite ordonn e d op rations et d actions dont l enchaf nement constitue un mod le une mani re de faire Il s agit donc d une succession qui s op re s coule sur une certaine paisseur temporelle L exploitation du syst me et son application se sont d velopp es comme partie int grante de d marches d artistes qui partagent d s lors une conception nouvelle de l art au tournant des ann es 60 Le processus appara t dans le monde de l art en l occurrence aux Etats Unis avec l art minimal conceptuel processuel ou encore dans son extension avec le Land Art les fronti res entre ces mouvances qui coexistent n tant pas strictement d limit es Cette forme d art mergente affirme alors la pr pond rance de la r alit physique de l objet d pourvu de toute forme de symbolisme s opposant ainsi la vision de l expressionnisme abstrait qui entendait d finir l objet comme le support d une tension dramatique motionnelle et introspective Les objets d art existent dans le temps et l espace en produisant du temps ils engendrent contrairement tous les objets et entit s leur dur e propre Le temps du processus est bien celui de la dur e avec son pouvoir de transformation et d effacement Se pose alors la question de
35. Mais ce n est pas tout fait dans le m me sens que celui dans lequel les v nements de la nature que sont les existences de nos cerveaux ont leurs positions spatiales et temporelles Ce myst re du passage cr ateur de la nature cette m ditation sur le temps l artiste britan nique Tacita Dean l exploite en cherchant susciter chez le spectateur une conscience aigu du temps Depuis les ann es 90 elle ne cesse de voyager travers le monde la recherche de mat riau pour ses uvres fascin e par des lieux desquels mane un charme magique qu elle s efforce de perdurer en mettant en vidence des choses inhabituelles mais aussi la puissance du temps et de ses cycles le processus entropique cher Robert Smithson des ph nom nes de d gradation et de disparition Elle fait appel la photographie au dessin l criture et l installation mais surtout au film 16 mm pour lequel elle maintient un attachement profond Sa cam ra fixe les proc dures du temps parfois au travers de ph nom nes physiques naturels Elle peut aussi partir d un v nement ou d un r cit de voyage enregistrer des lieux charg s d histoire Le temps qu elle exploite est celui de la dur e et de la m moire son regard porte une interrogation sur le r el et les productions de l homme pass es pr sentes ou futures Cette temporalit est exploit e pour ses qualit s de transformations et d effacement significatives Le paysage est pr
36. a fabrication des expositions innovantes vont venir transformer l espace de monstration de la galerie et du mus e 1 L artiste am ricaine Eva Hesse n e Hambourg de famille juive immigr e aux tats Unis sous le r gime nazi cr e des formes souples et molles en utilisant feutre caoutchouc latex ficelle et corde entre autres L ensemble de son uvre tant fortement inspir e de son histoire familiale les formes de ses sculptures s apparentent des s cr tions organiques aux r sonnances parfois sexuelles Elle exp rimente par la mati re tout comme Morris la pesanteur en accordant une grande impor tance la fabrication manuelle inventant sa mati re la travaillant finement pour en r v ler les qualit s En t moigne la pi ce Right After de 1969 compos e d un enchev trement de fils de fibres de verre qui se d veloppe dans l espace et exploite les irr gularit s et les al as formels inh rents l installation Untitled L Beams 1965 acier inoxydable 244x244x60 cm Robert Morris courtesy de l artiste 15 Mirrored Cubes 1965 miroirs sur bois 53 3 x 53 3 x 53 3 cm Spr th Magers Berlin London courtesy de l artiste Wall Hanging 1969 1970 feutre d coup 250 x 372 x 30 cm collection de centre Pompidou Adagp Paris courtesy de l artiste HESSE Eva Right After 1969 fils de fibre de verre approximativement 152 x 548 x 121 cm Milwaukee Art Museum Wisconsin tats Uni
37. a mouvance conceptuelle qui constitue l tude de cette recherche en regard du processus Quelles en sont donc les origines et les formes de d ploiements Ce terme largement employ dans diff rents domaines s immisce en effet de mani re certaine dans l art partir des ann es 60 J ai ici choisi de m appuyer sur le peintre am ricain Frank Stella comme point de d part de cette notion de processus Frank Stella annonce que l uvre d art semble se r duire un nonc simple what you see is what you see expression formul e devant son Shaped Canvas traduit litt ralement par tableau mis en forme Le tableau et sa surface sont alors privil gi s comme sujet de la peinture vin ant d finitivement le geste lyrique du peintre Le tableau ne repr sente plus une r alit qui lui soit ext rieure comme un paysage ou une nature morte il renonce toute forme de r f rence s mantique Il donne donc son Shaped Canvas la qualit d objet il se r v le dans son unit comme propre sujet pictural C est selon les termes de Ghislain Mollet Vi ville un tableau qui ne propose que ce qu il est une toile plane sur laquelle en toute logique la peinture qui la recouvre est galement plane afin d liminer tout effet illusionniste et artificiel de profondeur ou de relief La facture est parfaitement m caniste sans aucune implication motionnelle de la part de l artiste Les bandes de couleurs corre
38. a sculpture et le temps cin matographique diff r les deux s informent mutuellement comme des temps parall les temporels et intemporels Il ajoute l objectif est de produire un objet dot d assez de masse et de poids pour entrer en interaction avec les l ments naturels et r sister toutes sortes de m tamor phoses Si l uvre a une pr sence physique suffisante toute alt ration tendra la mettre en valeur L uvre doit pouvoir supporter les forces physiques et climatiques qui peuvent s exercer sur elle afin de r sister au temps L utilisation de la terre comme surface d inscription la g om trie de certains de ses dessins naturels leurs caract res gigantesques et leurs connotations sacr es ont inspir les Land Artistes Le r seau de ces trac s constitue comme un syst me de notes qui voque par l effet d aplatissement le dessin le plan ou encore le diagramme chers aux minimalistes Dans ces conditions les uvres de ces artistes apparaissent sous leur meilleur angle voire dans leur totalit depuis le ciel Gilles Tiberghien constate que c est en prenant un point de vue a rien sur le site que Smithson r fl chit au rapport temporel que le regardeur entretient avec les uvres On ne serait d finir quelle est la part que nous projetons de celle que nous voyons distinctement Notre perception de la dimension des objets per us leur statut ce rapport l chelle imaginaire puisque nou
39. aintenant de sa formulation La sensation qui semblait se maintenir apr s avoir assist Performer Audience Sequence tait le fait de n avoir rien retenu de ce moment faute de rep res ou d invariants spatio temporels communs au spectateur et au performeur L identit du public quant lui passe aussi par le performeur 1 Son contemporain Bruce Nauman propose quant lui une structure labyrinthique qui g n re un rapport spatio temporel mis en marche par le spectateur avec un enregistrement direct Dans l instal lation Video Corridor 1968 1971 il joue de l enregistrement et de la rediffusion d une image en direct ou en diff r Les installations cr ent une imbrication de temporalit s et d espaces divers Dans un troit corridor se situent deux moniteurs vid os l un transmettant en permanence l image du corridor vide alors m me que le second reli une cam ra situ e au dessus de l entr e du corridor retranscrit le mouvement vers l avant du spectateur en prise directe Ce dernier mesure qu il avance voit sa propre image vue de dos s loignant de mani re paradoxale alors m me qu il approche le moniteur Ci contre NAUMAN Bruce Video Corridor 1968 1971 plaques de pl tre deux moniteurs vid o une cam ra environ 975 x 50 cm New York Panza Collection 2015 Bruce Nauman Artists Rights Society courtesy du Solomon R Guggenheim Museum don de l artiste en 1992 Ci dessus GRAHAM Dan Perform
40. ajoute celle d une forme de prolongement li e la dur e En effet les Land Artistes parmi lesquels Robert Smithson Michael Heizer Walter de Maria ou encore Robert Morris dans une autre mesure se sont int ress s au temps et la notion de dur e Ces pratiques processuelles renou vellent nous l avons vu la r ceptivit et la visibilit des uvres et requi rent une r elle exp ri mentation physique du spectateur La mesure essentielle reste celle du corps et l valuation de l espace et du temps Ce glissement de contexte g n re une nouvelle exp rience temporelle et diff rentes formes de lectures comme autant de temps diff r s de dialogues entre le site et les repr sentations filmiques et photographiques qui mod lent notre perception du lieu 1 Les artistes du Land Art sont pr occup s par la perception et la Gestalttheorie Selon cette th orie fond e en Allemagne notamment par Christian von Ehrenfels ce que l on per oit n est pas une suite de sensations mais une configuration globale Elle montre notamment l importance de la subjectivit dans notre perception du monde Nous percevons notre environnement non pas de fa on neutre mais par rapport nos propres besoins Se r f rer ce sujet l ouvrage de Jean Paul Brun Nature art contemporain et soci t le Land Art comme analyseur social Il explique en effet que les regards et les mouvements du corps du spectateur dans l uvre son exp rienc
41. arquer Gilles Tiberghien note que tout en ayant ainsi recours au vocabulaire formel des minima listes ils puisent galement leurs r f rences dans les civilisations HAACKE Hans Sky Line 1967 ballons gonfl s h lium et cordon Central Park New York OHoward Wise Gallery courtesy MIT Museum Massachu setts tats Unis 1 Je pr cise ici que j aborderai le travail des acteurs am ricains et non europ ens L intervention dans la nature de Richard Long par exemple se fait sous forme ph m re par le biais de la marche les traces laiss es par l artiste sont rapidement effac es par la nature qui reprend le pas sur l action L uvre est ainsi constitu e de traces photographiques ou filmiques de la performance de l artiste Je m attacherai ici plus particuli rement la confrontation au mat riau terre et aux constructions architecturales et monumentales que proposent les protagonistes am ricains Dans cette optique Christophe Domino affirme le fait que ce mouvement de confrontation ait trouv sa source aux Etats Unis ne soit pas tonnant la logique de la conqu te de l espace s y pose plus concr tement que dans une Europe o les p rim tres de terra incognita sont rares DOMINO Christophe ciel ouvert l art contemporain l chelle du paysage ditions Scala 2005 p 19 2 TIBERGHIEN Gilles Land Art Editions Carr 1993 p 48 3 En faisant r f rence des exp riences sensorielles ou visuelle
42. ateur ancr dans la temporalit de l exp rience d une dur e Du bateau de glace de l installation de Bregenz en 2002 il ne reste que sa trace un simple tas de glace qui rappelle simplement que ce bateau comme l exp dition ont eu lieu et courtesy de l artiste L Exp dition scintillante 2002 Acte 2 Untitled Light Box Syst me de fum e et de lumi re son 200 x 190 x 155 cm Pierre Huyghe Centre Pompidou Galerie sud 2013 courtesy de l artiste L Exp dition scintillante 2002 Acte 3 Untitled Black Ice Stage patinoire de glace noire patineuse 30 x 755 x 1007 cm Pierre Huyghe Centre Pompidou Galerie sud 2013 courtesy de l artiste Bibliographie Catalogues d expositions BABA Shunkichi Le pr sent en tant que f te du n ant trad Hiromi Suguiyama DOUROUX Xavier et alii On Kawara catalogue de l exposition On Kawara Le Consortium Dijon mars avril 1985 ditions Le coin du miroir 1985 DE DUVE Thierry Dan Graham et la critique de l autonomie artistique BROUWER Marianne et alii Dan Graham uvres 1965 2000 catalogue de l exposition Dan Graham uvres 1965 2000 Museu de Arte Contempor nea de Serralves janvier mars 2001 Porto ditions Paris Mus es 2001 DENIZOT Ren La peinture sinon rien DOUROUX Xavier et alii Whole and parts 1964 1995 catalogue de l exposition Whole and parts 1964 1995 Le Nouveau Mus e Institut d Art Contem porai
43. au 4 MOLLET VIEVILLE Ghislain Le jeu de la tautologie dans l art des ann es soixante et soixante dix Frank Stella Robert Morris et Claude Rutaut Ce que vous voyez est ce que vous voyez Tautologie et litt ralit dans l art contemporain sous la direction de Leszek Brogowski et Pierre Henry Frangne Presses universitaires de Rennes 2009 p 113 L art conceptuel est avant tout un art du questionnement questionnement autour de ce qu est l art lui m me Il est centr sur la d mat rialisation pour reprendre les termes de Lucy Lippard de l objet artistique entendu comme produit unique et r v lateur du talent de son cr ateur L art conceptuel admet une certaine diversit d attitudes quant l objet artistique il est le lieu de rencontres de diff rentes individualit s qui coexistent et posent la question du r le de l art un moment donn de son histoire Cette forme d art se d ploie par l instruction dont le r sultat une photographie s il s agit d une performance une toile une sculpture une installation constituent les traces mat rielles du processus de fabrication de l uvre Parmi les aspects communs aux pr occupations de ces artistes se trouve la d finition linguistique du contenu dans le titre de la pi ce qui devient partie int grante de l uvre l infinit des r alisa tions possibles d o d coule la d l gation et enfin la n cessaire interaction avec le public qui fai
44. au et m dium bien que certains d entres eux exploitent d autres supports comme l air l eau ou le feu tel Hans Haacke Beaucoup d artistes tant fascin s par l volution de ses processus et la d composition organique de ces mat riaux naturels l exp rience in situ est privil gi e La terre est donc la fois socle support et mat riau d une uvre qui ne peut tre d plac e L acc s aux uvres n a alors plus l vidente simplicit de la visite et implique un nouveau mode de r ception des uvres C est dans la volont d viter toute approche intimiste de l uvre que certains artistes vont atteindre de tr s grandes dimensions dans les r alisations Cette caract ristique est directement h rit e du minimalisme dont l exp rience est centrale pour les artistes du Land Art trois d entres eux tant d j r unis dans l exposition Primary Structures de 1966 Robert Morris Robert Smithson et Walter de Maria Ils en maintiennent aussi l importance accord e l aspect th orique Le texte n a pas valeur de commentaire ou de suppl ment informatif il est bel et bien constitutif de l uvre La th orie s enracine pour ces artistes dans le processus d laboration ces crits ont une valeur op ratoire quelle que soit leur forme Les propos et les crits d artistes relay s par ceux de la critique prennent une importance consid rable l expressionnisme abstrait restant une r f rence dont il faut se d m
45. bert Untitled L Beams 1965 acier inoxydable 244x244x60 cm courtesy de l artiste MORRIS Robert Wall Hanging 1969 1970 feutre d coup 250 x 372 x 30 cm collection de centre Pompidou Adagp Paris courtesy de l artiste MORRIS Robert Mirrored Cubes 1965 miroirs sur bois 53 3 x 53 3 x 53 3 cm Spr th Magers Berlin London courtesy de l artiste MORRIS Robert Observatory 1970 terre acier granit bois eau herbe 91 44 cm de diam tre situ Velsen Pays Bas The Flevo Landscape collection Stedelijk Museum courtesy de l artiste NAUMAN Bruce Video Corridor 1968 1971 plaques de pl tre deux moniteurs vid o une cam ra environ 975 x 50 cm New York Panza Collection 2015 Bruce Nauman Artists Rights Society courtesy du Solomon R Guggenheim Museum don de l artiste en 1992 ON KAWARA Date Painting 1971 acrylique sur toile et papier 20 5 x 26 cm 2015 Los Angeles Times courtesy de Lee Stalsworth National Gallery ON KAWARA I met 1968 I went 1968 I read 1966 classeurs feuilles pochettes plastiques courtesy de l artiste ON KAWARA I got up 1 nouvembre 1969 carte postale 10 2 x 12 7 cm New Mexico Museum of Art Santa Fe don de Lucy R Lippard New Mexico Museum of Art Santa Fe ON KAWARA One Million Years Past et One Million Year Future 2 volumes de 4024 pages au total 14 4 x 10 5 cm chacun dition limit e 60 exemplaires num rot s et sign s 500 exe
46. bert Barry Douglas Huebler Joseph Kosuth Sol Lewitt Robert Morris et Lawrence Weiner dispo saient chacun de vingt cinq pages pour r aliser une pi ce impliquant la photocopie Xerox 3 POINSOT Jean Marc D ni d exposition BOUREL MICHEL et FROMENT Jean Louis Art conceptuel 1 catalogue d exposition Art conceptuel I On Kawara Joseph Kosuth Robert Morris Lawrence Weiner CAPC mus e d art contemporain de Bordeaux du 7 octobre au 27 novembre 1988 p 14 t Poinsot une id ologie de l uvre comme id e communicable une information Les artistes ayant jou de cette pratique de non exposition privil gient la configuration de l expo sition entendue traditionnellement comme une pr sentation d objets singuliers et pr cieux une activit discursive Siegelaub s en est largement inspir dans son activit de galeriste La formule arithm tique qui pr sente January 5 31 d montre bien l inversion des donn es il n y a plus d uvres mat rielles inscrites dans un espace mais des intentions pr sent es de mani re reproductible dans 2000 catalogues March 1969 ou One month posait pour principe que chaque artiste devait r aliser sa pi ce en un jour fix l avance par une liste Pour July August September 1969 les onze artistes participants r alisaient leur uvre dans des endroits diff rents du monde Le catalogue devient alors le seul lieu de rassemblement des uvres Ces diff rentes expositions propose
47. ce qui l entoure sont des composantes de l uvre au m me titre que les op rations qui la constituent 1 Fond e par le galeriste Richard Bellamy active entre 1960 et 1965 haut lieu de l art et du circuit avant gardiste de l poque avec la collectionneuse Virginia Dawn qui s int resse vivement l Ear thwork et aux travaux de Robert Smithson 2 MOLLET VIEVILLE Ghislain Le jeu de la tautologie dans l art des ann es soixante et soixante dix Frank Stella Robert Morris et Claude Rutaut op cit p 117 13 Lors de l exposition Primary Structures comment e l poque par Mel Bochner Morris pr senta en 1966 ses 3 L Beams trois sculptures en acier inoxydable dont les dimensions couleurs et mati res taient identiques mais per ues toutefois diff remment selon leur dispo sition respective dans l espace d exposition La premi re paraissait lourde comme si elle avait fait naufrage sur le sol elle tait au maximum d adh rence avec ce dernier La seconde d ployait au contraire une impression de l g ret car elle ne reposait que sur ses ar tes Quant la troisi me elle se conformait l espace environnant dans un juste quilibre avec une barre verticale et une autre horizontale Les pi ces existent uniquement pendant le temps de leur exposition et donc de leur r ception et exp rimentation par le spectateur Sans la pr sence de ce dernier et leur agencement dans l espace par rapport au sol
48. conjuguant diff rentes tempo ralit s celle de processus naturels directement inclus dans le d ploiement temporel de la 1 Artiste plasticien et vid aste n en 1962 Paris 2 Expos e pour la premi re fois la Kunsthaus de Bregenz en 2002 L uvre se d ploie sur les trois tages de l exposition 3 Des ouvertures pratiqu es dans le plafond permettaient l articulation programm e par intermit tence de ce syst me l tage du dessus entre deux structures l une au sol et l autre suspendue environ un m tre de distance de la premi re s l vent des volutes de fum es clair es par des lumi res de couleurs changeantes accompagn es par les Gymnop dies d Erik Satie Enfin au dernier tage se pr sente une large plateforme sombre qui n est autre qu une patinoire sur laquelle demeurent les traces d un patineur D2 pi ce et celle de l espace de monstration lieu de circulation et d exp rimentation directe des visiteurs Dans sa relation la mat rialit du monde il nous propose un va et vient permanent entre l art et la vie un processus de cr ation constamment en mouvement En pratiquant l in situ il repousse les limites de l espace en constante volution et au format sans cesse red fini Il pr sente une forme d aboutissement des questions relev es dans cette pr sente recherche li es au site au contexte de r ceptivit de l uvre au renouveau des formes de monstration et d engagement du spect
49. cte singulier du peintre Ce dernier est vou une in luctable finitude alors que les chiffres lui survivront L uvre se con oit au del de la mort de l artiste elle acquiert ainsi une dimension intemporelle et ternelle elle d fie le temps en le comptant sans s arr ter La variation du noir et du blanc impose le rythme dans la perception de sa peinture Peut tre doit on voir dans cette num ration de chiffres celle des juifs disparus dans les camps d extermination mesure qu il avance en ge la cadence se ralentit et les chiffres deviennent difficilement d chiffrables mais l artiste poursuit sa qu te d infini vers une toile de plus en plus blanche Son uvre pr sente un tout l image du peintre sa voix et la 1 Chaque toile porte ce m me titre suivi du premier et du dernier chiffre qui y sont repr sent s 2 OPALKA Roman Opalka 1965 1 Autoportraits ditions Courtes et Longues 2011 p 13 3 POISAY Fran ois Roman Opalka de 1 co FR CHURET Maurice et alii L uvre en programme catalogue d exposition L uvre en programme CAPC Mus e d Art Contemporain de Bordeaux f vrier mai 2005 ditions Fage 2005 p 61 4 Roman Opalka et sa famille ont t d port pendant la Seconde Guerre Mondiale et lib r s en 1945 42 trace de son geste Le corps est tout entier donn ce processus d num ration du temps qui passe et nous d passe irr m diablement et sa conscience d exis
50. d une Contre Culture grandissante et contesta taire du syst me de soci t industrielle remettant en cause des crit res identitaires et culturels la protestation contre la guerre du Vi t Nam les rapports li s l cologie et la d fense de l environ nement Smithson et Morris participent notamment ces mouvements protestataires 2 SMITHSON Robert The Writings of Robert Smithson Nancy Holt ed New York University Press 1979 New York p 113 dans la Spiral Jetty l incommensurable nous guide et nous transporte dans un monde qu aucun nombre ni aucune rationalit ne peuvent exprimer 3 TIBERGHIEN Gilles Land Art Editions Carr 1993 4 SMITHSON Robert The Writings of Robert Smithson op cit p 111 un s isme assoupi se propagea dans cette qui tude tr pidante cr ant une impression de tournoiement d pourvu de mouvement Ce site tait un syst me rotatif s enfermant lui m me dans une immense rotondit De cet espace giratoire mergea la possibilit de Spiral Jetty 25 de la pi ce fut accompagn e d un texte publi dans Arts of the Environment en 1972 d un ensemble de photographies et d un film Ces Non Sites documentaient l uvre tout en faisant partie int grante de celle ci dans une approche la fois intellectuelle et pratique Spiral Jetty est aujourd hui engloutie et ne subsiste que des images et le film r alis par Smithson Ceci r v le l importance entre le temps r el de l
51. d celer dans les r actions du spectateur Sa finalit est de se r guler cet imaginaire qu il croit d celer dans ce public propos de la pi ce Graham voque un parall le entre la performance et le discours d un homme politique en campagne qui produit en temps r el une image de soi qui ne peut qu esquiver la r alit de ce temps en parlant de ses r alisations pass es et surtout de ses promesses futures Et l image qu il projette s alimente aux attentes de ce public dont il esp re remporter le vote Mais le politicien d crit lui aussi son public en essayant de le rallier sa cause selon ses centres d int r ts cibl s 5 GRAHAM Dan Ma position crits sur mes uvres op cit p 124 31 et maintenant que la performance produit dans le lieu et le temps m me o elle s enregistre et s offre l exp rience v cue par les spectateurs dont ils sont la condition Il y a chez Graham une production d espace temps mais pas d enregistrement L identit du performeur est une projection dont le lieu est le public et vice versa Le maintenant dans lequel le performeur d crit le public ou lui m me n est pas celui dans lequel les spectateurs recueillent sa description Lorsque le performeur d crit le public il induit sans arr t chez lui des modifications de compor tements dont il s efforce de rendre compte fatalement trop tard La r ception du spectateur de sa propre description par le performeur n est pas le m
52. de l usine L inexorable passage du temps et son processus d effacement elle l exploite galement en relation avec l uvre d autres artistes dont elle cherche sauvegarder leur univers et leur atmosph re de travail En 1997 l artiste voyage aux tats Unis et essaie de retrouver Rozel Point l uvre embl matique de Robert Smithson la Spiral Jetty cens e tre ressurgie des eaux Elle ne parvient pas localiser la sculpture enfouie sous les eaux et produit partir de sa qu te une uvre sonore Trying to Find the Spiral Jetty Ses uvres pr sentent la caract ristique de ne faire qu un avec leur site le son correspondant l ambiance de la prise de vue Cet attachement au site reste fid le l uvre de l earthworker pour qui la terre est la fois support et mat riau de l uvre Dans un texte qui accompagne la pi ce l artiste t moigne de son exp rience sur les lieux c est devenu un lieu de voyage dans le temps de pr histoire et de futur de s dimentation de la pens e la mati re premi re et la trame du cin ma C est un peu comme une stimulation et une attirance incroyable travers le temps une r action personnelle inspir e par la pens e et l nergie d un autre et v hicul es par son travail L artiste tisse des liens avec l crivain britannique James G Ballard qui partage aussi une fascination pour l uvre de Smithson De cette relation et de cette correspondance soutenue
53. dominant les l ments naturels tels la mer les les le ciel sont autant de motifs r currents comme des espaces dans lesquels se maintient continuellement une forme de permanence et de changement incessant de mutations voire de d gradations des sites ou des personnes film es c t du cin ma elle n a de cesse d crire avant le tournage ou apr s ces r cits font partie int grante de l uvre Julia Garimorth remarque que l artiste use de plans longs et fixes alli s une composition structur e d horizontales et de verticales inscrivant l objet ou la sc ne dans un dispositif 1 Ibid p 91 2 Ibidem p 109 Whitehead en conclut que l imm diat pour la conscience se distingue de l ins tantan pour la nature 3 N e en 1965 Canterbury en Angleterre vit et travaille Berlin 4 En t moigne le film The Green Ray r alis en 2001 Film couleur de 16 mm muet d une dur e de 2 minutes 30 tourn Morombe c te ouest de Madagascar The Green Ray cherche capter l ventuel rayon vert au moment o le soleil dispara t derri re l horizon Ce rayon particuli rement difficile voir y est saisi et retranscri fid lement de mani re cyclique puisque le film est pr sent en boucle Le film pr sente une prise de vue en temps r el qui place le spectateur dans une situation d attente Le film est accompagn de deux ditions toutes deux r alis es en 2001 The Green Ray carte postale sign e num rot e et
54. e comme un d compte vital ou mortel L ensemble s apparente de loin un monochrome gris de plus pr s il active une vibration par l criture arithm tique et incompr hensible de ces suites de chiffres La toile mont e sur ch ssis est toujours identique 196 cm de haut 135 cm de large et le titre reste toujours le m me D tail Les nombres peints s claircissent d uvre en uvre En contre point le m me visage toujours celui de l artiste qui vieillit d autoportrait en autoportrait Enfin toujours les m mes pinceaux utilis s depuis 1965 que l artiste inclut dans la pr sentation de son uvre comme le lien entre les diff rents l ments qu il propose Chaque d tail rev t son importance dans son travail tout y est calcul de fa on pr cise ma d cision de photo graphier mon visage proc de de la n cessit imp rieuse de ne rien perdre de la captation du temps Parce que sur mon corps s enregistrent les changements aussi bien du temps d fini par les nombres que je trace sur une toile que du temps au del de la num ration celui du sommeil et des autres activit s de ma vie il me fallait en int grer les marques dans mon programme le D tail photographique de mon visage celui que je prends la fin de chaque journ e de travail devant le D tail peint en cours clich qui se r f re au dernier nombre peint est l instrument ad quat l enregistrement de ces modifications physiques Chaque jo
55. e de l uvre activent par la mise en fonctionnement du syst me perceptif l uvre toute enti re BRUN Jean Paul Nature art contemporain et soci t le Land Art comme analyseur social vol 3 L Harmattan 2007 p 71 SMITHSON Robert Spiral Jetty 1970 roche basaltique noire et eau rouge tre 4 6 m x 460 m Salt Lake City Utah et courtesy de la Dia Art Foundation de New York Al SMITHSON Robert Partially Buried Woodshed 1970 un abri en bois et terre dans le Kent State University l emplacement du Main Campus Ohio et courtesy de l artiste C2 Tee Sex But Ve ae LE Re SE Te NS Ce k z sa HER PP TARA UNS a s hi E ES re 5 SEKINE Nobuo Phase Mother Earth 1968 terre ciment cylindre 220 x 270 cm de diam tre trou 220 x 270 cm de diam tre vue de l installation au parc Suma Riky Kobe Japon et courtesy de l artiste TE Eb a ne ASE PR A SMITHSON Robert Broken Circle Spirall Hill 1971 S sable d saffect e et remplie d eau environ 40 m de diam tre pour et Broken Circle et 23 m de diam tre pour le monticule de Spirall Hill et courtesy de l artiste itu s Emmen aux Pays Bas dans une carri re de 28 DE MARIA Walter Lightning Fields 1977 4000 mats en acier inoxydable sur une surface de 1 6 km dans le d sert du Nouveau Mexique John Cliett courtesy Dia Art Foundation New York II Le temps m dium
56. e entaille d coupe les murs de l difice et r v le une inqui tante et inhabituelle travers e de lumi re Tout comme les actions de ses contemporains Land Artistes la performance est document e par des images et des films 2 On peut voir dans ce film r alis en 1968 la main de l artiste tentant d attraper des feuilles de plomb qui tombent r guli rement dans le champ de la cam ra Ce film exp rimental d compose le processus cin matographique pour travailler ses l ments s par ment en s attachant tout d abord sa mati re premi re la pellicule Le processus cin matographique n a ici besoin que de conditions rudimentaires pour cr er des images autonomes Cette pi ce se pr sente comme une m taphore du ruban filmique la chute verticale r p t e voquant le mouvement de la pellicule 19 Il s agit de pr senter comme le pr cise Harald Szeemann l activit de l artiste l accent tant galement mis sur la question du processus L exposition pr sentait les membres minents de l Arte Povera les pr curseurs du Land Art et de l Earthwork certains artistes conceptuels faisant ainsi se rencontrer la fois des artistes d Am rique du Nord et d Europe Gr goire M ller commente l exposition en pr cisant que les uvres pr sentent la particularit de parfaitement s int grer l espace qui les entoure aucun signe vident n indique qu il faut les voir comme uvre plut t que comme chose
57. e ou comme des signaux de vie en r ponse des interrogations concernant sa pratique Depuis le mois de janvier 2009 l artiste tweete quotidiennement I am still alive art en lettres de tailles souvent diff rentes comme une m ditation sur l merveillement d exister https twitter com on_kawara Par un proc d d automatisation il r ussit se survivre et ses tweets continuent r guli rement d tre post s m me apr s le 10 juillet 2014 date laquelle l artiste s est teint New York o il vivait depuis 50 ans l ge de 81 ans 2 Dix volumes de 30 x 23 5 x 8 cm chacun r alis s entre 1970 et 1971 Collection Annick et Anton Herbert Gand 3 Dix volumes de 30 x 23 5 x 8 cm chacun r alis s en 1980 Collection Walther K nig Cologne 4 L enregistrement sonore de cette uvre a commenc en 1999 Deux voix num rent le million d ann es pass es et futures de fa on continue Les dates paires sont lues par une voix f minine les dates impaires par une voix masculine La lecture int grale de ces deux millions d ann es devrait tenir dans environ 4000 CD 39 I got up 1 nouvembre 1969 carte postale 10 2 x 12 7 cm New Mexico Museum of Art Santa Fe don de Lucy R Lippard New Mexico Museum of Art Santa Fe commence la projection en avant dans le temps Cinq cents ann es sont tap es de mani re froide et r guli re sur chaque page Selon Shunkichi Baba On Kawara nous propose une r fl
58. e prises dans le processus de leur transformation et de leur r g n ration dans un constant mouvement lent et tir et dans un rapport au temps et la notion de boucle perp tuelle ch re Tacita Dean L action de d placer un mat riau et de l isoler dans un lieu autre dans la lign e de la dialectique smithsonienne me pose la question du d ploiement et de l articulation de sa forme dans l espace Cette question non encore r solue se manifeste brillamment dans les installations que propose l artiste fran ais Pierre Huyghe notamment avec L Exp dition Scintillante Dans un vaste espace au sous sol enti rement habill de pin brut arros intervalles r guliers de pluie de neige et de bruine tr ne un imposant bateau de glace sculpt e qui fond lentement tandis qu une bande sonore met l uvre Radio Music de John Cage L uvre ne se situe pas comme un compte rendu d un voyage qui aurait r ellement eu lieu mais plut t comme le sc nario d une exp dition po tique venir une fiction fragment e et imaginaire Pierre Huyghe renouvelle le statut de l uvre qui devient vivante dans un nouveau rapport perceptif constamment red fini mesure que la pi ce volue Le visiteur confront une perte de rep re est invit sentir physiquement les modifications climatiques d plac es l int rieur de l espace cl s de la galerie Il propose ainsi dans ses installations un espace de monstration performatif en
59. e moyen pour enregistrer et transmettre images et sons mais bien parce que leur forme h lico dale est analogue au temps lui m me t Le film est tourn dans plusieurs sites de l Utah pr sentant des images de paysages des lacs sal s L artiste utilise les techniques exp rimentales de pochoir consistant masquer partiellement l obturateur avec des d coupages puis projeter d autres images dans ces vides superposant ainsi diff rentes sc nes capt es dans le d sert de l Utah et brouillant les rep res spatio temporels Cette technique artisanale n aurait pas pu tre obtenue dans un format num rique Bien que nulle pr sence humaine ne se laisse voir dans le film Tacita Dean y fait r sonner diff rentes trajectoires et exp riences de vie des temporalit s d uvres qui s entrecroisent l criture l installation les processus de la nature r unit ici par le m dium cin matographique C est donc cette paisseur temporelle que Tacita Dean exploite la dur e du temps ses marques ses formes de survivances de mobilit s et d immobilit s De mani re contemplative parfois presque intemporelle elle exp rimente le temps et l espace dans sa relation au monde et filme la finitude in luctable et le caract re transitoire immanent au cours de toute chose 1 Tacita Dean cit e par HARRIS Gareth Tacita Dean takes on Spiral Jetty again The Artnews paper 31 janvier 2013 2 Le terme de survivance ne peut tre
60. epuis Double Negative Ne De gauche droite HEIZER Michael Double Negative 1969 gr s et rhyolite 15 m x 9 m x 457 m situ dans le Mormon Mesa Nevada collection et courtesy du Mus e d Art Contemporain de Los Angeles Vue du Mount Rushmore National Memorial granit situ dans le Dakota du Sud en 1969 Le travail de retrait laisse place au vide comme centre de l uvre Les lieux que Heizer choisit ont des qualit s d sertiques car seul le pr occupe le mat riau brut du paysage l espace et sa masse afin de s y confronter Sa conception de la sculpture ne s apparente pas la traditionnelle extraction l assemblage ou au modelage mais au d placement de la masse qui r v le ainsi sa mati re m me la terre en tant que r serve in puisable Sa sculpture se construit donc par le trou ou l videmment elle traverse l espace du sol dans ses profondeurs et ne se donne plus dans l espace a rien en ronde bosse Il appr hende les potentialit s du sol comme recueil de dessins gigantesques mat rialis s sous forme de trac s de cercle ou de traces du passage d une moto l ensemble de ces empreintes tant amen de mani re plus ou moins rapide subir une d gradation in luctable que l artiste documente par la photographie Cette fascination pour la masse est donc l origine de Double Negative sculpture tendue sur 500 m tres environ pour la longueur totale et 10 m tres de large pour chaque tranch e d
61. er Audience Mirror 1975 performance film e le public se tient assis devant un large miroir auquel Dan Graham tourne le dos L artiste d crit ses gestes puis ceux du public le dispositif est le m me que pour Performer Audience Sequence Il renouvelle l op ration devant le miroir dos au public vid o 22 minutes noir et blanc Collection Centre Georges Pompidou De Appel Arts Centre Amsterdam courtesy de l artiste 32 Ce dispositif autor flexif actant en temps r el se trouve galement exploit avec la performance Present Continuous Past s de 1974 La structure compos e de deux miroirs d une cam ra vid o et d un moniteur met en jeu un syst me de boucle les miroirs sont les reflets du temps pr sent La cam ra vid o enregistre ce qui est imm diatement devant elle ainsi que la r flexion compl te du mur oppos recouvert de miroirs L image vue par la cam ra appara t huit secondes plus tard sur l cran du moniteur L uvre met en vidence le dispo sitif de la repr sentation elle y int gre le spectateur qui devient acteur d un spectacle pris entre le direct et le diff r Le public est convoqu en tant que performeur pour exp rimenter la pi ce Cette m canique de regards renvoie aux syst mes de surveillance et de contr le de la soci t contem poraine Thierry de Duve note que le proc d du reflet de l cran dans l cran dans l cran r alise la fois la mise en abyme de l e
62. es des dur es imm diates de la conscience sensible sont tr s ind termin es et d pendent du sujet perceptif individuel WHITEHEAD Alfred N Le concept de temps op cit p 112 5 Ibidem p 99 il y a des dur es qui contiennent comme leurs parties deux dur es quelconques d une m me famille Par exemple une semaine contient comme ses parties deux quelconques de ses jours Chaque v nement en recouvre d autres par son extension et est lui m me recouvert par l extension d autres v nements donc chaque dur e est une partie d autres dur es 44 port e en tant que relatum dans la structure des v nements La nature enti re se pr sente selon lui comme un fait g n ral imm diat et pr sent une totalit englobant d autres v ne ments mutuels les relations des autres v nements cette totalit de la nature forment la texture du temps t Le temps concerne pour lui l esprit La conscience sensible et imm diate en tant que proc dure de l esprit est une relation de l esprit la nature Bien qu troi tement li s le passage de l esprit et celui de la nature se distinguent Leur union provient de leur participation conjointe cette condition ultime de passage qui domine tout tre l esprit n est pas dans le temps et dans l espace au m me sens o les v nements de la nature sont dans le temps nous sentons que nos esprits sont ici dans cette pi ce et cet instant
63. essus naturels de l espace et du site avec le Land Art dans une conqu te d un 1 Ibid p 179 2 Ibidem 3 Smithson prend conscience de l importance de ce point de vue lorsqu il travaille sur le projet d a roport de Dallas Le projet devait associer les travaux de Sol Lewitt Robert Morris et Carl Andre int grant ainsi des d marches conceptuelles dans le Land Art Aerial Map Proposal for Dallas Fort Worth Regional Aiport se pr sente sous forme de carte dont la structure du dessin s apparente une formation cristalline en spirale Durant cette p riode Smithson s int ressa de pr s aux cartes leurs syst mes de coordonn es et leur structure cristalline 4 L installation de Walter de Maria dans le d sert du Nouveau Mexique en 1977 s tend sur 1 6 km de long D pos s au milieu d une grande plaine 4000 mats d acier poli d une hauteur moyenne de 6 m tres sont plant s en lignes r guli res qui agissent comme paratonnerres et offrent un spectacle changeant de la lumi re de par leur aspect la limite de l invisible le jour et luisant sa tomb e 26 territoire abandonn aux potentialit s infinies Le processus de r alisation de l uvre prime autant que l objet final dans les d marches minimalistes et conceptuelles il perdure avec le Land Art puisque l objet finalis se maintient dans un environnement constamment sujet aux mouvances climatologiques et g ologiques qu il subit A la question du d placement s
64. et cette transition s op re aussi bien dans l espace que dans le temps Ce proc s de la nature il le nomme galement passage de la nature et pr cise que c est en vertu de ce passage que la nature poursuit toujours son mouvement La mesurabilit du temps d rive selon lui des propri t s des dur es une dur e retient en elle le passage de la nature une paisseur temporelle Elle est offerte de mani re imm diate notre connaissance par la conscience sensible La continuit de la nature d coule de ce qu il nomme le concept d extension qui renvoie la relation de la partie et du tout la partie est un v nement qui est recouvert par l extension de l autre v nement qu est le tout En discernant les caract res sp cifiques d un v nement nous sommes aussi conscients de sa 1 Scientifique et math maticien anglais 1861 1947 qui d veloppe dans les ann es 1930 une philosophie de la nature pour laquelle le monde est toujours en mouvement Le proc s d signe la nature intrins quement dynamique qui constitue notre r alit notre cosmos et sa temporalit 2 Se r f rer au chapitre Le Temps retranscription d une conf rence donn e au Trinity College l automne 1919 WHITEHEAD Alfred N Le concept de temps trad J Douchement Le concept de Nature Vrin 2006 p 92 3 Ibidem p 95 4 Cette dur e a en soi un pass et un futur et les amplitudes temporell
65. eur de la pi ce invite le spectateur se comparer cet l ment de mesure Dans un entretien accord Elayne Varian il explique propos des Measurements il me semble que notre perception des choses est d termin e par les id es que nous nous en faisons Nous disposons d un certain espace mental la fois pour voir et pour penser Nous consid rons volontiers ces activit s comme distinctes mais ce n est pas le cas elles se recoupent Elles se recoupent dans notre conception des choses et par cons quent dans l exp rience que nous en avons L emplacement physique n a qu une valeur de variable Une pi ce peut se trouver au m me moment dans son atelier dans un mus e ou encore dans une collection particuli re Pour l artiste ce n est pas un objet portatif mais une id e portative Ce qui se confirme avec Eye level crossection of room la ligne hauteur des yeux qui parcourt de mani re uniforme les murs de l espace rend compte d une r alit factuelle en nous guidant dans la mise en perspective de la r alit spatiale telle qu elle sert articuler notre pens e vis vis de la peinture La pr sence virtuelle potentielle de l uvre se manifeste par des traces des signes des indices celui d une hauteur de regard celui d une appr ciation de l espace d un marquage qui vient renouer avec la question fonda mentalement picturale de l horizon Au cours des ann es 70 Mel Bochner va explorer les res
66. exions sur l art 9 2000 Site internet CHEVALIER Pauline De l art processuel d rivations s mantiques et esth tiques de l uvre Nouvelle revue d esth tique n 8 f vrier 2011 cairn info www cairn info revue nouvelle revue d esthetique 2011 2 page 31 htm 2014 Index des uvres cit es BOCHNER Mel Actual Size Hand and Face 1968 photographies tirages argentiques 55x35 cm chacun Mel Bochner courtesy de l artiste BOCHNER Mel Measurement Shadow 1969 chelle en aluminium ruban adh sif sur mur instal lation dans le studio de l artiste Mel Bochner courtesy de l artiste BOCHNER Mel Measurement Room 1969 ruban adh sif sur mur les dimensions varient en fonction de l installation Mel Bochner courtesy de l artiste BOCHNER Mel Working Drawings and Other Visible Things on Paper Not Necessarily Meant to Be Viewed as Art 1966 quatre classeurs identiques 100 copies chacun courtesy de l artiste DEAN Tacita The Green Ray 2001 film couleur 16 mm 2 30 minutes Tacita Dean courtesy Marian Goodman Gallery Paris New York et Frith Street Gallery Londres DEAN Tacita Baobab 2002 film noir et blanc 16mm 10 minutes Frith Street Gallery courtesy Frith Street Gallery DEAN Tacita Boots trilogie de films couleur 16 mm de 20 minutes chacun en trois langues anglais allemand et fran ais r alis e en 2003 et film e la Casa Serralves de Porto Frith St
67. historienne de l art critique et commissaire d exposition am ricaine 5 Artiste et th oricien am ricain n en 1942 sur lequel nous reviendrons par rapport la question de l exp rience de la dur e notamment avec la pi ce Performer Audience Sequence de 1974 Il fait au m me titre que le performeur partie int grante de l uvre l instant pr cis o il l appr hende dans un nouveau rapport perceptif en tant tout la fois cr ateur et spectateur Cette dur e Alfred North Whitehead la consid re comme imm diate la conscience sensible Les variations temporelles de ces dur es imm diates sont ind termin es car d pendantes du sujet perceptif L int r t de l artiste Hans Haacke pour les lois physiques et leurs percep tions l am ne construire des cubes de condensation en 1963 qui redonnent en temps r el le d roulement des ph nom nes physiques climatologiques et biologiques L tat de la mati re le mouvement de ce syst me devient le principe cr ateur qui relie l art la vie et aux ph nom nes naturels Le temps est exploit comme un m dium invisible qui produit un mouvement un proc s Chez Roman Opalka et On Kawara l exploration de leur propre tempo ralit se r v le sous forme de s ries infinies o la journ e est un l ment de mesure type qui ne s ach vent qu la mort de leur auteur et proposent une m ditation sur le temps la r p tition l individualit et la mort in luctable
68. ille sept cent dix Date Paintings dans soixante et onze villes situ es dans le monde entier 38 I met 1968 I went 1968 I read 1966 classeurs feuilles pochettes plastiques courtesy de l artiste au jour d une date de fabrication d un Date Painting Il commence la s rie I met le 10 mai 1968 Mexico Il recense les noms des personnes rencontr es au cours d une journ e la date est inscrite au tampon et chaque page quivaut une journ e chaque ann e est galement rassembl e dans un classeur Une feuille s par e indique le lieu o se situe l artiste lorsqu il effectue ces rencontres I went commenc e Mexico galement le 1er juin pr sente les m mes caract ristiques Il indique sur un plan le trac de son parcours sur une journ e il figure aussi le nom du lieu qui inaugure une s quence de d placements Les pages sont rassembl es par ann es La s rie I got up se pr sente cette fois sous la forme de carte postale dont le verso illustre une vue de l endroit o se situe l artiste au moment de l envoi et le verso comporte l inscription 1 got up la date l heure dans la langue du pays et les adresses respectives de l envoyeur et du destinataire inscrites au tampon Il en envoie ainsi deux par jour La s rie a pris fin le 1er septembre 1979 Une des premi res fut envoy e au commissaire Kasper K nig qui les expose la Daad Galerie de Berlin en 1967 La demande de participation de Michel Claura pour l expos
69. ils les artistes nous placent devant telle mati re devant tel fait ou devant telle situation et nous laissent r agir L artiste interroge et investit le r el il interagit avec une mati re brute comme un chimiste ferait une exp rience en laboratoire En se fondant sur ce postulat l artiste n a plus de raisons de se sentir limit par une forme par une mati re par une dimension ou par un lieu Le travail de l artiste peut se faire ou exister partout il peut tre d l gu il peut tre p rissable comme le t moigne la pi ce Grass grows de Hans Haacke transportable ou l inverse dans le cas de Michael Heizer et de son Double Negative ancr de mani re p renne dans le sol Page 19 de gauche droite MATTA CLARK Gordon Incendiary Wafer 1970 m lange de mat riaux organiques dimensions variables 112 Green Street collection White Columns courtesy de David Zwirner SERRA Richard Hand Catching Lead 1968 film muet noir et blanc 16mm 3 min 30 Richard Serra Artists M Rights Society courtesy de Museum of Modern Art New York Ci dessus HAACKE Hans Grass grows 1969 terre et herbe dimensions variables collection Frac Nord Pas de Calais Adagp Paris courtesy Frac Nord Pas de Calais Ce contexte nouveau de r ception de l uvre et de son appr hension par le spectateur engendre de nouveaux rapports spatio temporels propres aux uvres et leur mode de monstration Comme il a
70. irectement aux murs l chelle du lieu d accueil et n existent que pour le temps de l exposition Sol Lewitt donne son langage graphique un aspect programmatique en vitant toute interpr tation subjective le principe de collaboration se situant au c ur de sa pratique Selon Lewitt il y a plusieurs fa ons de construire une uvre d art L une consiste prendre des d cisions 1 Dans les Paragraphs on Conceptual Art publi en 1967 dans la revue Artforum Sol Lewitt affirme que le concept d une uvre d art peut impliquer la mati re de la pi ce ou le processus qui la constitue 2 Commissionn e par le conservateur du mus e Kynaston Mc Shine 3 BOCHNER Mel Sp culations Ecrits 1965 1973 trad Thierry Dubois Mus e d art moderne et contemporain 2003 Gen ve p 35 4 Ibidem p 36 5 Dessin r alis en 1974 sous forme d nonc l origine des Incomplete Open Cubes sculptures pr sentant un d ploiement de structures sur la base de carr s de 20 3 cm de c t en bois peint en blanc chaque tape l autre inventer un syst me pour prendre des d cisions Celui ci peut tre structur de mani re aussi bien logique qu illogique Cet esprit du syst me est marqu par l h ritage du Bauhaus et par son passage comme dessinateur chez l architecte Ieoh Ming Pei Il y renforce son rapport l espace et la fabrication de l uvre tout en se lib rant de l exclu sivit de la facture
71. it 1 Ibid p 116 2 Figure galement majeure chez les collectionneurs de l poque qui a d abord accueilli dans sa galerie des artistes expressionnistes tels Willem de Kooning et Jackson Pollock mais aussi des artistes minimalistes et conceptuels avec notamment Frank Stella et Donald Judd 3 MORRIS Robert Anti Form Artforum avril 1968 4 R alis e entre 1969 et 1970 250 x 372 x 30 cm elle fait partie de la s rie des Felt Pieces pi ces en feutre que l artiste d veloppe cette p riode 14 laquelle ils sont arriv s dans une sorte d ad quation fig e intention r alisation du projet Sans contester leur go t pour des formes simples ils rejettent d sormais le g om trisme effr n Sans condamner leurs recours des mat riaux usin s ils r sistent leur volont de nettoyer l uvre de toute trace d humanit et donc de toute forme d anxi t Ils renouent ainsi avec certains th mes des expressionnistes abstraits La mesure humaine est reconsid r e dans ses aspects instables et fragiles Les artistes sont s duits par l id e d uvres ouvertes de formes ind termin es auxquelles on peut pr ter toutes sortes d interpr tations sans qu aucune ne s impose de mani re d finitive Cette nouvelle conception de la sculpture impose un irr m diable renouvellement des confi gurations de sa mise en vue Se construisant d sormais par rapport l espace de sa r ception incluant le processus de s
72. ition 18 IV PARIS 70 fait na tre la s rie de t l grammes I am still alive One Million Years Past et One Million Year Future pr sentent une organisation interne identique et sont con us pour se r pondre Sur chacune des pages l artiste a dactylographi les dates de cinq cent ann es group es en cinq pav s de cent ans Chaque volume contient deux cents pages soit cent mille ans Le compte rebours commence 998031 avant J C et s tend jusqu en 1969 date du commencement de One Million Years Past En 1980 il 1 Exposition con ue par Michel Claura et organis e par Seth Siegelaub au 66 rue Mouffetard Paris au mois d avril 1970 Chaque artiste est invit envoyer un premier projet et r aliser son projet d finitif apr s avoir pris connaissance de celui des dix sept autres artistes invit s On Kawara r pond dans un premier temps par un t l gramme sur lequel figure l inscription I am not going to commit suicide don t worry le 5 d cembre 1969 Le 8 d cembre 1969 il renvoie I am not going to commit suicide worry et enfin le 11 d cembre 1969 I am going to sleep forget it Finalement sa participation l exposition fut des cartes postales I got up que l artiste avait envoy es Michel Claura Cet v nement est le point de d part de la s rie des t l grammes I am still alive qu On Kawara adresse par la suite intervalles r guliers dans le monde entier sa correspon dance priv
73. l tat de d sordre d un syst me agit de fa on lente et progressive dans Spiral Jetty Pour la r alisation de Partially buried woodhed en 1970 dans l Ohio vingt tonnes de terre sont d vers es sur un abri jusqu ce que la poutre centrale finisse pas c der La structure se retrouve submerg e la masse prend le dessus et la sculpture devient une archi tecture enterr e Gilles Tiberghien pr cise que la notion d chelle est comprendre chez Smithson en corr lation avec la dialectique site non site fond e sur le passage de la galerie au site des cartes dessins photos films ce qu ils repr sentent signifient ou d signent le passage d un ou de plusieurs espaces un ou plusieurs autres Mais aussi celui d un temps un autre voire l aussi plusieurs temps simultan s mais de vitesses variables D s 1968 Smithson a en effet pens la dialectique du Site et du Non Site en jouant sur l homophonie de sight qui signifie la vision la vue en anglais Le Non Site dans un espace artistique galerie mus e fait r f rence au Site carri res abandonn es mines pistes d saffect es dans un espace non artistique Le Site d ploie les possibilit s infinies de la terre l o le Non Site rel ve de la transposition d une forme d isolement et de concentration dans l espace de monstration de la galerie Dans la c l bre publication The Monuments of Passaic du magazine Artforum de 1967 l artiste partage son exp
74. la Frith Street Gallery London Marian Goodman Gallery New York Paris 49 L Ci dessus image extraite de Kodak 2006 film couleuret noir etblanc 16 mm 44 minutes collection de la Tate National Gallery Londres Tacita Dean courtesy Frith Street Gallery London and Marian Goodman Gallery New York Paris Lam L DE en 1 A i s n 2 BA y L e n Images extraites de Day For Night 2009 film couleur 16mm muet 10 minutes Tacita Dean courtesy of Firth Street Gallery London Quatemary 2014 Photogravure en 10 parties chacune 100 x 129 5 cm dimension totale 239 5 x 709 5 cm Marian Goodman Gallery courtesy de la Marian Goodman Gallery New York Paris The Tail end of film 2013 Photographie noir et blanc dimensions du tirage 123 x 159 cm Marian Goodman Gallery courtesy de la Marian Goodman Gallery New York Paris UT m Conclusion Le processus appara t comme une proc dure qui fa onne le d veloppement depuis l intention la conception de l uvre jusqu sa finalisation Dans son champ d apparition et d application le processus se d ploie par le biais de la mesure du module et de la s rie chez les diff rents acteurs du minimalisme et de l art conceptuel avant de se d placer vers la question de l espace du site et de l chelle avec les artistes du Land Art Le type d objet engendr remet en cause la question du contexte de r ceptivit de l uvre et inter
75. le pass comme minimisation de la pr sence et l avenir comme maximisation de l absence rien ne pouvant tre plus absent que l avenir dont le pr sent s loigne sans cesse mesure qu il est d pass L avenir s apparente ainsi l ind ter mination et le pass un ordre objectif de rangement des intensit s de pr sence tandis que le pr sent se maintient constamment changeant et mouvant Il d finit ainsi le temps comme l ordre des pr sences dans l univers 1 crivain et philosophe fran ais n en 1981 2 GARCIA Tristan Forme et objet un trait des choses Presses Universitaires de France 2012 p 193 3 Ibidem p 194 4 Ibidem p 194 tout ce qui passe n est pas galement pass mais passe suivant un ordre qui fait qu un certain lieu de l univers en expansion est plus vieux qu un autre Sans ces conditions il n y aurait ni strates g ologiques ni fossiles ni histoire de l univers 5 Ibidem p 195 6 Ibid p 199 41 C est cet tat de pr sence de moins en moins forte que l artiste d origine polonaise Roman Opalka d veloppe sa propre chelle En 1965 il d cide de consacrer le restant de sa vie la r alisation d un unique projet dire peindre et enregistrer son activit de vivre chaque jour et d inscrire l coulement de son existence Il num re lui aussi des nombres qu il peint les uns apr s les autres de mani re serr e la limite du visibl
76. lement peints 2 Se r f rer l article de Wolfang Max Faust Intersecting Parallels publi dans le catalogue de l exposition On Kawara la Daadgalerie Berlin en 1986 3 Jusqu en 1972 le sous titre du tableau correspond aux titres du journal choisi cette date partir de 1973 le sous titre mat rialise le jour de la semaine de la date de fabrication du tableau 4JOHNEN J rg Monuments du temps DOUROUX Xavier et alii On Kawara catalogue de l exposition On Kawara Le Consortium Dijon mars avril 1985 ditions Le coin du miroir 1985 L ouvrage n est pas pagin 5 Ibidem 37 le m me plan Ce que confirme l homog n it de la toile et du syst me de fabrication de la s rie toujours identique Il ajoute que l ensemble des donn es en jeu dans ce processus format couleur date sont la fois des param tres de la peinture et des variables du pr sent La peinture date le pr sent ce n est pas un pr sent peint mais le pr sent de la peinture Chaque tableau montre ce qu il est le produit de sa d finition dans la sobri t de sa facture et l conomie de l acte pictural Le pr sent est d pos dans le corps de la peinture l accomplis sement est port sa surface il n y a pas de suite chaque pi ce vient en son temps Chaque tableau est le pr c dent ou le suivant d une suite logique sans cesse r p t e d un temps de production de la peinture dat et
77. lis en 2006 Ch lon sur Sa ne dans lusine Kodak t moigne de la fin d une production et par l m me d une poque la question de l obsolescence s ajoute celle de l conomie en filmant cette derni re production 1 GARIMORTH Julia Tacita Dean un arr t sur le temps GARIMORTH Julia et alii Tacita Dean catalogue d exposition Tacita Dean Mus e d Art Moderne de la ville de Paris mai juin 2003 ditions des mus es de la ville de Paris et ditions Steidl 2003 L ouvrage n est pas pagin 2 Ibidem 3 Trilogie de films couleur 16 mm de 20 minutes chacun en trois langues anglais allemand et fran ais r alis e en 2003 et film e la Casa Serralves de Porto 4 R alis en 2002 et tourn sur la c te ouest de Madagascar film noir et blanc 16 mm de 10 minutes projet en boucle Le film est associ un ensemble de 6 tirages noir et blanc sur papier baryt de 70 cm par 105 cm 5 GARIMORTH Julia Tacita Dean un arr t sur le temps GARIMORTH Julia et alii Tacita Dean catalogue d exposition Tacita Dean Mus e d Art Moderne de la ville de Paris mai juin 2003 ditions des mus es de la ville de Paris et ditions Steidl 2003 6 Film couleur 16 mm de 7 minutes projet en boucle r alis en 2000 et tourn Cayman Brac 7 Film couleur 16 mm de 7 minutes projet en boucle r alis en 1999 et tourn Cayman Brac 8 Film couleur 16 mm de 14 minutes projet en boucle r alis en 199
78. lle m me et par la suite avec le cubisme la toile et le papier deviennent des mat riaux part enti re et non plus de simples supports r ceptacles d illusions 3 CLAIR Jean Marcel Duchamp ou le Grand Fictif Editions Galil e 1975 p 67 de l art qui le pr c dait le temps restait simul dans une repr sentation illusoire fig e il vient y introduire une forme d paisseur temporelle directement inscrite dans l uvre Le temps devient un facteur li au ready made dont t moigne le Ready made peigne en acier 17 f vrier 1916 11h l importance du titre la fois contenu et contenant de l uvre annonce les d veloppements futurs autour de la notion d nonc des artistes conceptuels L inscription de la date et de l heure laquelle il a choisi de faire ce ready made n est pas sans rappeler le Card File de Robert Morris dont l laboration de l id e s est manifest d apr s l artiste le 11 juillet 1962 15h15 En posant des interrogations critiques et subversives sur les conditions de lart et ses codifications les objets duchampiens proposent une forme d interdisciplinarit transgressent et d cloisonnent les limites entre objet et l espace de sa mise en forme En affirmant que c est le regardeur qui fait le tableau il bouscule d j la l gitimit du contexte de r ception de l uvre De toute vidence Duchamp se pose incontestablement comme un pr curseur notamment des formes d arts ralli es l
79. loration de la ville de Passaic dans le New Jersey Il d couvre en arpentant les lieux des reliquats d installations industrielles dont la monumentalit lui appara t vidente Spiral Jetty et Broken Circle Spirall Hill ont t construits sur des sites industriels l abandon des lieux entropiques comme la banlieue de Passaic Pour Smithson les lieux les plus propices pour l earthwork sont ceux qui ont subi des transformations par l industrie l urbanisation ou des destructions li es la nature elle m me Pour Spiral Jetty il y eut une interaction entre la forme finale de l uvre et son lieu de r ception tout comme pour Spiral Hill et Broken Circle r alis s Emmen aux Pays Bas en 1971 Cette avanc e positive de la terre dans l eau dans le sens des aiguilles d une montre dialoguant avec la digue n gative creus e dans la terre avec un aplat de terre en demi arc de cercle sur lequel repose le rocher offrent un jeu de cercles et de demis cercles bris s Il trouva alors qu il creusait pour aplanir le terrain un norme rocher qu il d cida finalement d inclure l uvre comme l ment indissociable En effet elle apportait une nouvelle dimension temporelle cette derni re devenant ainsi le t moin d un ge recul de la terre Pour Spiral Jetty la r alisation 1 Rappelons ici que ce renouvellement des formes artistiques et la remise en question des condi tions de sa mise en vue s op rent dans le contexte
80. mble de la soci t laquelle il appartient supposant ainsi une relation d interd pendance entre nature soci t et individu Enfin Elias affirme que la perception du temps exige des centres de perspectives capables d laborer une image mentale dans laquelle des v nements successifs A B C sont pr sents ensemble tout en tant clairement reconnus comme non simultan s Elle suppose des tres dou s d un pouvoir de synth se activ et structur par l exp rience Ce rapport l exp rience temporelle est au centre du travail de l artiste am ricain Dan Graham exploit e de mani re performative Il s est lui aussi int ress aux conditions de pr sentation et de perception des uvres et dirige son travail vers la relation de l uvre au spectateur par le biais de la performance de propositions entre sculpture et architecture Les d placements qu il op re dans ses uvres con ues l chelle humaine inspir es des formes l mentaires minimalistes jouent sur plusieurs registres sensoriels sur la multiplicit des images qu elles 1 Catherine Francblin parle ce sujet d images en fuite Elle soul ve un paradoxe dans la dialectique Site Non Site les uvres in situ appelant la reproduction photographique tout en la repoussant dans leur principe m me Un rapport d interd pendance rend impossible leur s paration et leur confusion On ne peut les confondre en rempla ant l uvre par l image mais
81. ment ou du cycle naturel dans lequel l homme participe titre de microcosme La terre est donc la fois socle de l uvre le support et le mat riau Cette forme d unit rappelle la structure autor flexive que propose Stella rapprochant ainsi ces artistes de l horizon conceptuel Ces uvres prennent en compte la fois le processus et la dur e en prouvant le temps Peut on alors envisager la possibilit de temporalit s multiples ou bien diff r es Dan Graham pr sente dans ses installations un temps performatif et informatif le temps de l exp rimentation de l uvre fournit au spectateur une r flexion sur la temporalit et sur sa propre existence comme partie infinit simale point compris dans un tout englobant 1 Le terme se r f re ici l ouvrage Six Years The dematerialization of the art object from 1966 to 1972 crit par Lucy Lippard n e en 1937 critique d art et commissaire d exposition am ricaine qui d fend l art conceptuel 2 Le mot attitude se r f re ici l exposition When attitudes become forms de la Kunsthalle de Berne en 1969 commissionn e par Harald Szeemann sur laquelle nous reviendrons plus tard 3 Bien qu voquant des d marches conceptuelles l aspect relatif au langage n entrera cependant pas dans le champ de mes recherches qui s appliquent ici aux modes de d veloppement du processus et ses transformations men es sur la mati re 4 Commissionn e par Marcia Tucker 1940 2006
82. ments du geste des planches contacts y pr sentent donc le processus de mani re s quentielle Le mouvement et le geste sa r p tition et son inscription dans l espace et dans le temps priment sur le mat riau bien que celui ci soit omnipr sent Richard Serra y pr sente Hand Catching Lead pour la premi re fois L exposition la Kunsthalle de Berne en 1969 When attitudes become forms mont e par Harald Szeemann donne voir les mutations de l art cette m me poque en Europe en r unissant des artistes de multiples nationalit s Les fronti res de l atelier et de l espace d exposition sont ici aussi fluctuantes l intention l activit le geste que l artiste d ploie prennent le pas sur l objet 1 S ries de sculptures vivantes en constante gestation base de m lange de diverses mati res organiques et inorganiques d agar agar d algues et d levage de champignons notamment r alis es entre 1970 et 1971 Cette volont de d tourner l usage des mat riaux se retrouve plus tard dans la pratique de l artiste exploit e l chelle de l architecture dont il cherche d fonctionnaliser les structures en d coupant des volumes dans des b timents ou en les ouvrant par le centre En s vidant l archi tecture prend une respiration nouvelle Il choisit de travailler avec des b timents d saffect s en voie de d molition Avec l action Splitting r alis e Englewood dans le New Jersey en 1974 l artist
83. mesure de l histoire au sens m trique est donn e par une construction dans lequel un v nement doit 1 GRAHAM Dan Ma position crits sur mes uvres op cit p 121 2 Le point de fuite comme celui de la perspective est imaginaire et correspond un pass infini Selon Thierry de Duve ce dispositif emmagasiner l histoire un d but la date de l uvre mais aussi la seconde o le magn toscope a t mis en route Et cette r gression n est pas d embl e infinie comme ce serait le cas avec deux miroirs face face puisqu au bout de 8 secondes l image appara t dans l cran et au bout de 16 deux crans embo t s forment l image trois au bout de 24 etc 33 venir se placer pour la rendre visible Dan Graham mettant ainsi en place un processus d enregistrement du pass infini Il d veloppe partir de 1980 une s rie de Pavillons structures transparentes et ons ae s apparentant parfois l observatoire cher Robert Morris A l environnement confin de la galerie il privil gie l espace public ext rieur Dan Graham cherche activer la conscience du spectateur de l emprise du conditionnement de sa perception par le cadre qu imposent la culture l conomie et l architecture Cette forme de critique doit se retrouver dans l exp rimentation physique du spectateur dans ses Pavillons mi chemin entre sculpture et architecture qui tout en laissant place une libre interp
84. miques mettant en avant les mutations de la mati re dans un rapport duratif et performatif au mat riau Chez Matta Clark se d veloppe une forme d obsession pour la mati re organique sa croissance et son volution sa d construction Evolution qui se trouve d j pr sente au sein m me de la mati re elle y est inscrite de mani re programm e R v ler les formes de d ploiement d un processus de cr ation se manifeste dans l exploration du mouvement de la mati re lib r e du geste de l artiste qui viendrait orienter ou alt rer ce d veloppement Dans l espace alternatif mutations de la mati re et processus d alt ration s inscrivent comme les supports mouvants de l espace d exposition Celui ci offre une conjonction entre l atelier et le lieu de monstration En parall le au d veloppement de ces configurations se d roule en 1969 une exposition au Whitney Museum New York organis e par Marcia Tucker Anti illusion procedures materials L espace du mus e se trouve transform en vaste atelier qu explorent des artistes parmi lesquels Richard Serra Bruce Nauman Eva Hesse Robert Morris Jour apr s jour durant l exposition certains processus sont amen s changer les tapes de cr ation et d volution de la forme tant rendus visibles le temps int gre le champ de la sculpture Les images du catalogue ne peuvent tre uniques pour rendre compte du caract re sp cifique de l v nement et des d veloppe
85. mplaires num rot s et 10 preuves d artiste publi en 1999 par les Editions Micheline Szwajcer amp Mich le Didier 1999 On Kawara et les Editions Micheline Szwajcer amp Mich le Didier OPALKA Roman D tail 3307544 3324387 1965 1982 peinture acrylique sur toile de coton collection du Centre Pompidou 196 x 135 cm Adagp Paris courtesy de l artiste OPALKA Roman photographies accompagnant les D tails 2075998 2081397 2083115 4368225 4513817 4826550 5135439 et 5341636 tirages argentiques noir et blanc 24x30 50 cm chacun courtesy de l artiste SEKINE Nobuo Phase Mother Earth 1968 terre ciment cylindre 220 x 270 cm de diam tre 5 trou 220 x 270 cm de diam tre vue de l installation au parc Suma Riky Kobe Japon courtesy de l artiste SERRA Richard Hand Catching Lead 1968 film muet noir et blanc 16mm 3 min 30 2010 Richard Serra Artists Rights Society courtesy de Museum of Modern Art New York SMITHSON Robert Spiral Jetty 1970 roche basaltique noire et eau rouge tre 4 6 m x 460 m Salt Lake City Utah courtesy de la Dia Art Foundation de New York SMITHSON Robert Partially Buried Woodshed 1970 un abri en bois et terre dans le Kent State University l emplacement du Main Campus dans Ohio courtesy de l artiste SMITHSON Robert Broken Circle Spirall Hill 1971 situ s Emmen aux Pays Bas dans une carri re de sable d saffect e et remplie d eau environ 4
86. n Villeurbanne novembre 1996 f vrier 1997 ditions Les Presses du R el 1996 FRANCBLIN Catherine Entre la g om trie et le geste uvres sur papier 1965 1975 catalogue d exposition Entre la g om trie et le geste uvres sur papier 1965 1975 Galerie Georges Philippe Vallois septembre octobre 90 ditions Galerie Georges Philippe et Nathalie Vallois 1990 GARIMORTH Julia Tacita Dean un arr t sur le temps GARIMORTH Julia et alii Tacita Dean catalogue d exposition Tacita Dean Mus e d Art Moderne de la ville de Paris mai juin 2003 ditions des mus es de la ville de Paris et ditions Steidl 2003 JOHNEN J rg Monuments du temps DOUROUX Xavier et alii On Kawara catalogue de l expo sition On Kawara Le Consortium Dijon mars avril 1985 ditions Le coin du miroir 1985 POISAY Fran ois Roman Opalka de 1 co FR CHURET Maurice et alii L uvre en programme catalogue d exposition L uvre en programme CAPC Mus e d Art Contemporain de Bordeaux f vrier mai 2005 ditions Fage 2005 POINSOT Jean Marc D ni d exposition BOUREL Michel FROMENT Jean Louis Art conceptuel I catalogue d exposition Art conceptuel I On Kawara Joseph Kosuth Robert Morris Lawrence Weiner CAPC mus e d art contemporain de Bordeaux octobre novembre 1988 SZEEMANN Harald M LLER Gr goire et ali When attitudes become forms works concepts processes situations informati
87. nce sans omission ni d formation aucune distinction n est admise entre notori t et I am still alive 1970 t l gramme envoy Sol Lewitt et tweet du 6 janvier 2015 On Kawara Suivre On_Kawara AM STILL ALIVE art RETWEETS FAVORI FR p a i gt 9 1 aps LOL 09 00 6 janv 2015 anonymat mort pr matur e et long vit L artiste pose ainsi la question du temps quel est il Y a t il un ventuel commencement ou une finitude du temps La reconnaissance du temps d On Kawara prend une dimension universelle bien que celui ci la d veloppe par le biais de sa propre unit spatio temporelle il en est le curseur en s inscrivant dans le cours d une trajectoire temporelle dont il se fait la fois le t moin et le scribe minutieux 1 BABA Shunkichi Le pr sent en tant que f te du n ant trad Hiromi Suguiyama DOUROUX Xavier et alii On Kawara catalogue de l exposition On Kawara Le Consortium Dijon mars avril 1985 ditions Le coin du miroir 1985 L ouvrage n est pas pagin 2 Ibidem 40 D One Million Years Past et One Million Year Future 2 volumes de 4024 pages au total 14 4 x 10 5 cm chacun dition limit e 60 exemplaires num rot s et sign s 500 exemplaires num rot s et 10 preuves d artiste publi en 1999 par les Editions Micheline Szwajcer amp Mich le Didier 1999 On Kawara et les Editions Micheline Szwajcer amp Mich le Didier Ce traitement du temps qu
88. ns l alternance de leurs contrastes les choses livrent leur tranget sensible au del du sens et du temps qu elles incarnent Mouvements cycliques m caniques ou naturels l ments visuels et sonores rejouables l infini clatement de vagues dans Teignmouth Electron agitation de branches et de feuilles dans Bubble House cris incessant des mouettes dans Disappearance at Sea ou meuglements des vaches dans Banew sont autant de ph no m nes au caract re piphanique d actions r p t es l identique de mani re perp tuelle que l artiste observe et retranscrit Nous sommes dans l exp rimentation du temps pass pr sent imm diat et futur proche le spectateur y partage l exp rience de l artiste son rapport aux choses aux tres film s et leur rythmes propres En observant a posteriori ce qui a t l artiste s attache la question de l obsolescence de la r cup ration et de la sauvegarde Pour moi l obsolescence est un tat normal Tout ce qui me fascine ne fonctionne plus sa propre poque J ai remarqu que j tais souvent attir e par des choses con ues dans la d cennie de ma naissance Je recherche l anachronisme les choses autrefois futuristes qui sont maintenant d mod es et je me demande si les objets et les difices que je cherche ont jamais t heureux leur propre poque comme si l obsolescence avait t convi e leur conception Le film Kodak r a
89. nt des processus de monstrations dans un nouveau rapport l espace et au contexte Par le biais du livre du classeur ou de la photocopie se d ploie une forme nouvelle de communication de l uvre sp cifique l art conceptuel qui illustre le propos nonc par Sol Lewitt dans l Art conceptuel l id e ou le concept est l aspect le plus important de l uvre Quand un artiste illustre une forme conceptuelle d art cela signifie que tout ce qui concerne la programmation ou les d cisions est accompli d avance et que l ex cution est une affaire sans importance La sc ne new yorkaise de la fin des ann es 60 t moigne donc d une effervescence de recherches pour explorer des espaces interstitiels contournant la l gitimit tablie par la galerie et le mus e Dans cette optique l artiste peut d ployer des uvres en cours de r alisations et d exp rimentations des uvres inachev es dans un atelier qui se transforme en espace d exposition En 1968 10 Downtown The Artists work in his studio instaure un nouveau mod le d exposition les artistes ouvrent les portes de leur atelier invitant les spectateur observer le d ploiement temporel du processus de cr ation le travail de l artiste y est rendu accessible et s appr hende dans un rapport volutif Cet aspect collaboratif va se d velopper avec la cr ation de nouveaux espaces dits alternatifs toujours dans une volont de rendre poreuses les limites entre atelier et ex
90. nter sous forme d objets qui t moignent de l effer vescence d un esprit au travail et des possibles cheminements emprunt s par la pens e Il enl ve au dessin tous les caract res qui d ordinaire le sacralisent La photocopie d place le caract re authentique de l uvre le f tichisme de son support vers le contenu et finalement la primaut du concept Les qualit s sp cifiques de son mat riau d origine ainsi que la mati re du trac sa couleur sont galis s sur un unique support de format standard Cette exposition fait l objet d une forme de transition dans la pratique de Bochner la s rialit n est plus exploit e en tant que m thode de construction d un objet mais comme un principe de visualisation d un concept L importance est aussi accord e l effet de la distanciation et la dimension d archivage les photocopies avaient pour sujet soit des dessins pr paratoires soit des notes des diagrammes destin es aux ex cutants mat riels de l uvre en d crivant pr ci s ment l id e dans le langage graphique de la profession de l artisan Cette pi ce est situ e historiquement entre l art conceptuel et l art processuel Le but tant de d placer l exp rience du spectateur du regard la lecture La multiplication pose la question de la s rialit avec l art minimal l o diagrammes et r pertoires se rapprochent de l art conceptuel qui font appel au File Card de Robert Morris et aux uvres en classeurs d On
91. on catalogue d exposition When attitudes become forms live in your head Kunsthalle Berne 1969 Essais BOCHNER Mel Sp culations crits 1965 1973 trad Thierry Dubois Mus e d art moderne et contemporain 2003 Gen ve BROWN Julia Interview Julia Brown and Michael Heizer Sculpture in Reverse Julia Brown ed 1984 The Museum of Contemporary Art Los Angeles BRUN Jean Paul Nature art contemporain et soci t le Land Art comme analyseur social vol 3 L Harmattan 2007 CLAIR Jean Marcel Duchamp ou le Grand Fictif Editions Galil e 1975 DEAN Tacita MILLAR J r my Lieu trad V Delezoide Thames amp Hudson 2005 Londres DE MEREDIEU Florence Histoire mat rielle et immat rielle de l art moderne et contemporain ditions Larousse 2008 DIDI HUBERMAN Georges L Image survivante Histoire de l art et temps des fant mes selon Aby Warburg ditions de Minuit 2002 DOMINO Christophe ciel ouvert l art contemporain l chelle du paysage ditions Scala 2005 ELIAS Norbert Du temps trad Librairie Arth me Fayard dition Pluriel 2014 FINEBERG Jonathan Art since 1940 Strategies of being Second edition 1990 Abrams Books 2000 Prentice Hall GARCIA Tristan Forme et objet un trait des choses Presses Universitaires de France 2012 GRAHAM Dan Ma position crits sur mes uvres trad Sylvie Talabardon ditions Les presses du r el 1992
92. position entre la cr ation et sa finition Ces ateliers collectifs permettent aux artistes de collaborer autour de projets toujours dans un attachement au processus et l exp rimentation Gordon Matta Clark fait partie des fonda teurs de 112 Green Street connu aujourd hui sous le nom de White Column Il y installa ses HAACKE Hans MOMA Poll 1970 deux urnes en plexiglas Museum of Modern Art New York USA ln Museum of Modern Art courtesy de l artiste 1 Rappelons ici l importance de l exposition Information tenue au Museum of Modern Art en 1970 commissionn e par Kynaston Mc Shine Les artistes pr sent s cherchent tendre l id e de l art au del de ses formes traditionnelles en proposant des uvres participatives L artiste Hans Haacke en confrontant au contexte du mus e des questions politiques et m diatiques ajoute la partici pation du spectateur une forme d engagement Sa pi ce Moma Poll se constitue d un scrutin ouvert et de deux urnes Elle se pr sente sous la forme d un syst me r soudre une demande voterez vous pour le gouverneur Rockefeller sachant qu il n a pas d nonc la politique du pr sident Nixon l gard de l Indochine une r ponse algorithmique les urnes tant transparents et d nomina tives et un retour visuel permettant d tablir des statistiques directes 2 LEWITT Sol Paragraphs on Conceptual Art Artforum 1967 18 Incendiary Wafers op rations chi
93. pr sence l tre Dans cette conception subjective du temps l avant et l apr s n existent que par la projection subjective que le sujet peut op rer par r tention de m moire ou anticipation imaginative Nous reviendrons plus tard sur la th orie des variations d intensit s de pr sence de Tristan Garcia SAINT AUGUSTIN Confessions trad J Trabucco Flammarion 1999 livre XI et GARCIA Tristan Forme et objet un trait des choses Presses Universitaires de France 2012 exp rience temporelle de l uvre rythm e par une alternance d apparition et de disparition Norbert Elias d finit le temps comme un instrument d orientation Pour Elias les horloges ne mesurent pas ce temps invisible mais la dur e quant elle saisissable d une journ e de travail d une clipse de lune ou la vitesse d un coureur Ce sont des processus physiques que la soci t a normalis s les d coupant en s quences mod les la r currence r guli re comme les heures et les minutes Les horloges remplissent la m me fonction que des ph nom nes naturels dans la soci t celle de moyens d orientations pour des hommes ins r s dans une succession de processus sociaux et physiques L horloge indique aux hommes la position qu ils occupent un moment donn dans le vaste flux qui les englobe et sert ainsi de rep re pour r guler le comportement du groupe En la regardant l individu a conscience de l heure pour lui et pour l ense
94. que Matta Clark va litt ralement fendre en son milieu de haut en bas 5 Se r f rer l article de Thierry de Duve Ex situ Les cahiers du Mus e National d Art moderne n 27 printemps 1989 35 GRAHAM Dan Alteration to a suburban house 1978 bois peint textile plastique papier et verre 27 9 x 109 x 121 cm Collection Walker Art Center Minneapolis Dan Graham courtesy Marian Goodman Gallery New York Ci contre MATTA CLARK Gordon Splitting 1974 maison Englewood New Jersey Gordon Matta Clark Artists Rights Society New York courtesy de l artiste 7 Ci dessous installation de fragments r c p r s dimensions variables 2011 Estate of Gordon Matta Clark Artists Rights Society ARS New York courtesy San Francisco Museum of Modern Art 2 uvres de vies explorer sa propre temporalit L artiste d origine japonaise On Kawara propose dans son uvre un traitement du temps minimaliste et minutieux fr lant l asc tisme Consid r comme un acteur principal de l art conceptuel son travail rel ve d une grande discipline et exploite par la s rie la r p tition infinie sa propre exp rience de l espace temps Le 4 janvier 1966 il initie la s rie des Date Paintings et n a de cesse dans ses diff rentes manifestations conduites et suivies depuis lors de r v ler l intersection entre le personnel et l impersonnel et la d cision de produire l art comme
95. quelques pi ces sont montr es aux murs ou dans l espace Sur le carton d invitation y figure 0 OBJECTS 0 PAINTERS 0 SCULP TURES 4 ARTISTS 1 ROBERT BARRY 1 DOUGLAS HUEBLER 1 JOSEPH KOSUTH 1 LAWRENCE WEINER 32 WORKS 1 EXHIBITION 2000 CATALOGS 44 52st NEW YORK 5 31 JANUARY 1969 212 288 5031 SETH SIEGELAUB Cette exposition qui semblait vide en juger par le titre proposait une tout autre approche de monstration La pr sence physique devient un suppl ment au catalogue dans lequel figurent les id es des artistes quant leur projet Jean Marc Poinsot analyse cette proposition comme une forme de d ni de l expo sition au sens de sa d n gation et non du renoncement Celle ci reste quelque soit la forme avec laquelle elle se d ploie l cran sur lequel se projette l activit sociale de l artiste Les expositions se d veloppent comme v nements la circulation des uvres ainsi que leur production se mat rialisent dans un flux rapide ce qui contribue fonder pour Jean Marc 1 Compos e de bois de carton de papier et de plastique elle se pr sente sous la forme d une bo te d pliante en trois parties en carton recouverte de toile contenant des reproductions miniatures d uvres de l artiste 2 Cette publication exposition a t dit e New York en 1968 par Seth Siegelaub et John Wendler et concr tise de fa on sp cifique l art conceptuel Les artistes parmi lesquels y figurent Carl Andre Ro
96. r tation s apparentent une forme de jeu qui n est pas sans rappeler la galerie des glaces de la f te foraine aux miroirs d formants Two Adjacent Pavilions 1978 1981 se pr sentent comme des volumes p n trables con us en acier et miroirs transparents pour les parois la hutte rustique le belv d re du XIX me le pavillon temporaire d expo sition con u par de Stijl ou quelque autre architecture moderne c est tout cela les ant c dents de Two Adjacent Pavilions Pavillon Sculpture for Argonne r alis en 1981 est compos d un habitacle parall pip dique utilisant de subtils jeux de demi parois en verre transparent et en miroir semi transparent C est une sculpture et un pavillon dans lequel on p n tre et bien qu on ait le sentiment d un ajustement l chelle humaine le jeu des reflets fait que l on ne sait jamais exactement o l on se situe Dan Graham pr cise sur les caract ristiques et l emploi du verre en m me temps que le verre r v le il dissimule L utilisation du verre donne une autre illusion qui consiste croire que ce qui est vu est vu tel quel A travers la vitre on voit les rouages techniques de la soci t on voit le m canisme technique Two aa ne 1978 1981 verre et acier 2 51 x 1 86 m situ dans le jardin du mus e Kr ller M ller Museum Collection permanente Dan Graham works 1965 2000 Dan graham Kr ller M ller Museum courtesy Kr ller M
97. r deux positions rejeter et ignorer le climat et ses effets en concevant des protections ou int grer l rosion due aux pluies au vent la poussi re et la boue Composer avec le climat est naturel Il souligne que la prise en compte des effets destructeurs du temps n est pas nouvelle l histoire de la sculpture telle qu on la conna t consiste essentiellement en restes et en fragments qui r sultent aussi bien de la destruction de l homme que des ph nom nes naturels 24 Michael Heizer revendique un travail tr s direct au mat riau Robert Smithson d veloppe quant lui une approche plus philosophique et scientifique voire politique Pour lui le sculpteur a un r le dans le paysage industriel par son intervention pour revaloriser les espaces abandonn s par l industrie Spiral Jetty 1970 se trouve ainsi implant e dans une zone ravag e par l exploitation mini re Smithson constitue partir d un d versement de 6783 tonnes de mat riaux une jet e de 450 m tres de long en forme de spirale La jet e pr sente une forme de r sistance qui n tait pas originellement pr vue et r appara t selon le niveau des eaux Smithson accorde une importance particuli re au poids de la mati re qui forme la sculpture et la gravit qui la produit m me si celle ci se r v le informe La question de l entropie appara t galement centrale dans son travail le processus de l in luctable d per dition d nergie de
98. reet Gallery courtesy de l artiste DEAN Tacita Teignmouth Electron film couleur 16 mm de 7 minutes projet en boucle r alis en 2000 et tourn Cayman Brac Tate National Gallery Londres courtesy de l artiste de la Frith Street Gallery London et de la Marian Goodman Gallery New York Paris DEAN Tacita Bubble House film couleur 16 mm de 7 minutes projet en boucle r alis en 1999 et tourn Cayman Brac Marian Goodman Gallery courtesy de l artiste et de la Marian Goodman Gallery New York Paris DEAN Tacita Disappearance at Sea film couleur 16 mm de 14 minutes projet en boucle r alis 55 en 1996 et tourn St Abb s Head Berwickshire Tacita Dean courtesy Frith Street Gallery London et Marian Goodman Gallery New York Paris DEAN Tacita Banewl film couleur 16 mm de 63 minutes r alis le 11 ao t 1999 et tourn pendant l clipse totale de soleil Burnewhall Farm St Buryan Cornouailles Tacita Dean courtesy Frith Street Gallery London et Marian Goodman Gallery New York Paris DEAN Tacita Still Life 2009 16mm Black and White muet 5 minutes 30 Tacita Dean courtesy of Firth Street Gallery London DEAN Tacita G 2013 film couleur et noir et blanc 35mm 26 5 minutes Marian Goodman Gallery courtesy de l artiste et de la Frith Street Gallery London Marian Goodman Gallery New York Paris DEAN Tacita Kodak 2006 film couleur et noir et blanc 16 mm
99. roge notre rapport perceptif l objet et l espace Au sein de ce dispositif le corps se maintient comme r f rent physique exp rimentant l uvre en se livrant l exp rience de la dur e Les modes traditionnels de monstration sont bouscul s au profit de nouvelles formes d expositions exp rimentales floutant les fronti res jusque l tablies entre le travail en train de se faire dans l atelier et l espace r ceptif pur de la galerie Comment ces artistes par des processus qui manipulent le mat riel pensent et d veloppent leur vision du r el La temporalit est intrins que au processus ce mouvement transitoire qu il op re existe dans le temps exploit en tant que m dium invisible Processus situation et temps coexistent dans une relation entre l artiste et son exp rience du monde qu il nous livre La ritualisation syst matique du processus ordonn e au temps produit des uvres tablies sur la dur e la port e parfois universelle qui r v lent une certaine mat rialit du monde un moment donn La nature est une surface sensible toutes sortes d inscriptions et de marques certaines se passent sans le besoin de la main de l homme l o d autres en portent les traces Les processus de transformations naturels la question du cycle de la circulation et du flux de la mati re sont autant de sources d int r ts que je cherche d velopper dans ma pratique J observe des mati res en transit telles le li g
100. rs faisaient l exp rience de l interaction avec les sculptures dans un rapport performatif l objet et aux dimensions spatio temporelles de cette rencontre L encore il ne s agit pas d exprimer les motions ressenties par les acteurs mais bien plut t de rendre compte par leurs gestes et d placements de leur appropriation de la sc ne et de son environnement La m me ann e Morris r alise Box with the Sound of its Own Making petit cube en bois qui contient l enregistrement du bruit de sa propre fabrication mettant ainsi l accent sur le faire partie du process sur laquelle Morris insiste dans son texte Some Notes on the Pheno menology of Making the Search for the Motivated Quoi que l art puisse tre d autre au niveau le plus l mentaire c est toujours une mani re de faire La composante temporelle de la pi ce et son inscription dans le temps se poursuit avec Card File r alis e en 1962 qui amplifie cette question de la contextualisation en introduisant le langage comme moyen de saisir et de rendre compte de l action et du faire L uvre contient en effet des fiches sur lesquelles sont inscrites des notes qui d crivent l uvre elle m me tout en incluant ses tapes de conception et de fabrication L id e de Morris tait en effet de rapporter tous les v nements partir du moment o il avait d cid de faire la pi ce tous les choix possibles toutes les interf rences entre ces donn
101. ry Lake Mojave autre lieu le m me concept lui serait appliqu Desert Californie Michael Heizer courtesy de l artiste Mais sa cr ation entra ne par l m me celle 2 du site Selon Jean Marc Poinsot l uvre contient les traits ou fragments du site dans lequel elle est implant e L uvre Five Conic Displacements est li e de multiples mani res au temps en incluant le temps m t orolo gique puisque le nombre cinq reprend une s rie de cinq temp tes survenues au Japon et cinq d placements de pluie en Californie Ces cinq volumes excav s se remplirent leur tour d eau comme un nouveau d placement de masse Ces sculptures sont prolong es par le temps qui les d veloppe Ceci confirme une volont commune aux artistes de cette g n ration de produire un art qui chappe la p rennit et par l m me au circuit marchand 1 BROWN Julia Interview Julia Brown and Michael Heizer Sculpture in Reverse Julia Brown ed The Museum of Contemporary Art Los Angeles 1984 2 Ibidem 3 POINSOT Jean Marc L in situ et la circonstance de sa mise en vue Les Cahiers du Mus e nationale d Art moderne n 27 printemps 1989 p 72 4 HETZER Michael Interview Julia Brown and Michael Heizer op cit p 26 pour moi les alt rations climatiques furent instructives et me donn rent un moyen pour mettre plus de vie dans une sculpture En faisant une sculpture en ext rieur on peut adopte
102. s P Richard Eells courtesy Hauser amp Wirth 16 3 Les renouvellement des formes d expositions Avec la Bo te en valis 1936 41 qui se pr sente comme un mus e portatif regroupant un ensemble de r pliques en miniatures de photographies et de reproductions d uvres Duchamp introduit dans l espace de l art le ready made La Bo te en valise peut s apparenter une valise d chantillons des repr sentants de commerce en adoptant la forme de pr sentation des professionnels de la vente l accessibilit devient illimit e Cette La bo te en valise 1936 bo te en carton recouverte de preoccuparion se retrouve au C UT cuir rouge contenant des r pliques miniatures d uvres de la probl matique conceptuelle 69 photos fac simil s ou reproductions de tableaux que ce soit avec l initiatique propo coll es sur chemise noire 40 7 x 38 1 x 10 2 cm collection sition des Working Drawings de Mel Centre Pompidou Succession Marcel Duchamp Adagp Bochner suivie de la Xerox Book et Paris courtesy du Centre Pompidou des v nements du commissaire Seth Siegelaub New York Ce dernier devient le noyau constitutif autour duquel gravite un groupe d artistes dont les pratiques se recoupent dans le champ de l art conceptuel Les trois expositions qu il organise en 1969 remettent en cause le statut traditionnel de l exposition L exposition January 5 31 de 1969 existe dans son catalogue il fait uvre seules
103. s il utilise ses d buts l eau ou encore l air Sky Line r alis e Central Park New York en 1967 se constitue d une ligne de ballons gonfl s h lium et flottant dans le ciel Zi gyptiennes pr colombiennes ou encore dans l art m galithique L ambition de se mesurer la dimension terrestre et cosmique fait resurgir les civilisations pass es la dimension mystique et sacr e est exploit e avec le recours la pyramide la spirale initiatique le labyrinthe ou encore l observatoire Conventionnellement le mus e appara t comme le moment d exaltation et d ach vement de l art En cherchant trouver de nouveaux param tres pour d finir l art les artistes ont produit de nouveaux objets qui imposent une in vitable sortie des mus es et des galeries Il ne s agit pas seulement d installer des sculptures en ext rieur ni dans des contextes architecturaux diff rents il est n cessaire de faire valoir d autres param tres comme celui du temps temps de l exp rience de l uvre Robert Morris d clare cet gard qu il cherche susciter une exp rience d interaction entre le corps etle monde au travers d aspects temporels et spatiaux pour mettre en vidence que l existence est un processus que l art lui m me est une forme de comportement L Observatory 1970 met en jeu plusieurs espaces de r f rences au sein duquel le corps volue comme unit de mesure la taille permet au corps d valuer son
104. s de l objet immobile plac devant la camera 2 CD audio de 27 minutes enregistr Rozel Point Great Salt Lake Utah 3 DEAN Tacita Textes choisis GARIMORTH Julia et alii Tacita Dean catalogue d exposition Tacita Dean Mus e d Art Moderne de la ville de Paris mai juin 2003 ditions des mus es de la ville de Paris et ditions Steidl 2003 4 James Graham Ballard crivain anglais de science fiction n en 1930 et mort en 2009 connu sous le nom de J G Ballard Tacita Dean tisse des similitudes entre son uvre Les Voies du Temps 1960 et la Spiral Jetty Le personnage principal de la nouvelle de Ballard construit dans un inqui tant futur sur lequel plane la menace d une disparition de l esp ce un immense mandala dans le d sert Le livre aurait t retrouv apr s la mort de Robert Smithson dans sa biblioth que ce qui porte croire que Smithson s en soit inspir pour la r alisation de Spiral Jetty 5 Film 35 mm couleur et noir et blanc de 26 minutes projet en boucle Il est pr sent la galerie Marian Goodman en 2014 accompagn d un ensemble de pi ces li es aux paysages du lac sal dont quatorze photographies extraites du film des peintures sur cartes postales des images d objets recouverts de cristaux de sel et une photogravure monumentale Quatemary pr sentant en dix parties un paysage de roche imaginaire 47 t cr es ou crites une poque o tourner en pellicule tait l
105. s y projetons des suppositions sont remis en question La sortie de la galerie suppose donc la mise en question des conditions de visibilit de l uvre dans d autres espaces puisqu il ne s agit plus de regarder naturellement vers l horizon mais plut t d un point de vue en hauteur Les artistes ne revendiquent cependant pas leurs uvres respectives comme inaccessibles Walter De Maria d clare pour sa part que l isolement est l essence du Land Art En effet pour le Lightning Field les visiteurs pouvaient tre accueillis dans le Cabin Lodge maison en rondin d j pr sente sur le site Le fait de devoir rester sur le site de par son loignement et l absence de moyen de locomotion permettait aux spectateurs d exp rimenter par l isolement et l attente les changements qui intervenaient sur le lieu Cette attente est tendue vers l v nement pour lequel le Lightning Field est construit qui n est autre que l abattement de la foudre Il devient un espace de contemplation suspendu l ventualit d un v nement en l occurrence la manifestation d un clair r put dans la r gion dont l attente intensifie chaque instant Le processus se trouve exploit dans un premier temps par la mesure la taille et l chelle dans une dimension s rielle avec les artistes minimalistes puis par le traitement de la mati re de ses ph nom nes mutationnels la r p tition des gestes dans l art processuel et par la prise en compte des proc
106. side Cube 1981 1991 verre et acier 11 x 11 x 2 6 m 1995 2014 Dia Art Foundation courtesy de l artiste GRAHAM Dan Performer Audience Mirror 1975 performance film e vid o 22 minutes noir et blanc Collection Centre Georges Pompidou De Appel Arts Centre Amsterdam courtesy de l artiste GRAHAM Dan Present Continuous Past s 1974 installation vid o dans un circuit ferm 1 cam ra noir et blanc 1 moniteur noir et blanc 2 miroirs 1 microprocesseur avec une cam ra noir et blanc dimension 244 x 244 x 366 cm collection MNAM Centre Pompidou Marian Goodman New York courtesy du Centre Pompidou GRAHAM Dan Two Adjacent Pavilions 1978 1981 verre et acier 2 51 x 1 86 m situ dans le jardin du mus e Kr ller M ller Museum Collection permanente Dan Graham works 1965 2000 Dan graham Kr ller M ller Museum courtesy Kr ller M ller Museum GRAHAM Dan Pavillon Sculpture for Argonne 1981 miroir a deux faces verre et acier 2 5 x 5 x 5 m Collection of Argonne National Laboratory Illinois SCA courtesy Art Institute of Chicago GRAHAM Dan Homes for America 1966 1967 sept l ments de 70 x 100 cm pages agrandies de la revue Art Magazine Dan Graham Courtesy Dan Graham et Marian Goodman Gallery New York GRAHAM Dan Alteration to a suburban house 1978 bois peint textile plastique papier et verre 27 9 x 109 x 121 cm Collection Walker Art Center Minneapolis Dan Graham courtes
107. sources spatiales du lieu alors m me que se pose la question du site avec Smithson de mani re constante D s 1965 la suite d un article de Richard Wollheim une classification s pare l art minimal d un c t avec des artistes comme Judd Flavin Andre et Lewitt et de l autre une forme de radicalisation de cette tendance avec le Land Art et l art conceptuel avec des figures comme Mel Bochner Dan Graham Robert Smithson 1 Ibid p 40 2 Mel Bochner commence en 1967 la s rie des Measurements dans laquelle il pr l ve les mesures d un espace r el pour les appliquer ensuite syst matiquement sous forme de marquage sur ce m me lieu 3 Datant de 1969 l installation dont il est ici question est pr sent e au Frac Bourgogne Dijon en 2000 4 VANEL Herv et alii Pratique Mel Bochner op cit p 24 5 Philosophe britannique th oricien de l art qui introduit le terme de minimalisme dans le domaine de la critique artistique L artiste devant l installation des Working Drawings and Other Visible Things on Paper Not Necessarily Meant to Be Viewed as Art la Visual Arts Gallery en 1966 10 Exemples divers de Measurements de Mel Bochner 54 N 14 Measurement Room 1969 ruban adh sif sur mur les dimen sions varient en fonction de l installation Mel Bochner courtesy de l artiste Le Actual Size Hand and Face 1968 photographies tirages argentiques 55x3
108. space et du temps Au bout d un certain temps l image de l cran dans l cran finit par se confondre avec le grain de l image vid o Le point de vue est pris dans le m me flux temporel qui efface le point de fuite Seul le miroir sur la paroi perpendiculaire refl te selon les termes de Graham de fa on statique le temps pr sent La machine selon Graham peut id alement fonctionner seule mais nous n aurions aucun moyen de savoir que cette r gression dans le temps s op re r ellement Le spectateur lorsqu il est pr sent devient un producteur parmi d autres micro v nements Le Present Continuous Past s 1974 installation vid o dans un circuit ferm 1 cam ra noir et blanc 1 moniteur noir et blanc 2 miroirs 1 micro processeur avec une cam ra noir et blanc dimension 244 x 244 x 366 cm collection MNAM Centre Pompidou Marian Goodman New York courtesy du Centre Pompidou 16 SECOND DELAY 24 SECONDO DELAY __ MIRROR WALLS CAMERA oril M AN GEN La L A Ai f y E e T A WY a E H LARGE WALL SIZE VIDEO MONITOR SHOWING CAMERA VIEW 8 SECONDS DELAYED l winnon gt SA x WAUS 7 TN PE VIDEO CAMERA AND MONITOR WALLS aum public est donc convoqu pour faire des gestes aussi insignifiants soient ils pour les voir ensuite r appara tre au bout de 8 secondes puis plus petits au bout de 16 et ainsi de suite La
109. spondant exactement la largeur de son pinceau parcourent la toile et nous entra nent dans des cheminements qui ne doivent mener qu la peinture elle m me et son processus d application Les recherches de Frank Stella vont donc lancer le Minimalisme plus pr cis ment d fini par la suite par des artistes tels Donald Judd Carl Andre Tony Smith et Dan Flavin dirig vers le champ de l art dit processuel avec Robert Morris et enfin vers celui de l art conceptuel avec Sol Lewitt qui sera le premier employer de mani re syst matique le terme conceptuel pour parler de cette forme d art sp cifique Il englobe alors rapidement un ensemble d uvres en gestation dans le monde de l art am ricain 1 Marcel Duchamp 1887 1968 ouvre la voie des d marches avant gardistes avec l invention du ready made pi ce que l artiste trouve already made l initiative du renouvellement des mat riaux utilis s dans l art son uvre bouleverse radicalement l art du XX si cle 2 Nous reviendrons plus tard sur cette pi ce embl matique de l artiste am ricain Robert Morris n en 1931 aux tats Unis compos e d un tiroir fichiers m tallique mont sur planche de bois fix e au mur et contenant 48 fiches cartonn es et index es de 68 5 x 27 x 4 cm 3 Artiste am ricain n en 1936 aux tats Unis qui r alise partir des ann es 60 une s rie intitul e Shaped Canvas affirmant la r alit mat rielle du table
110. ste 1 En t moigne l installation Rooftop Urban Park Project Two Way Mirror Cylinder Inside Cube pr sent e sur le toit du Dia Center for the Art New York et r alis entre 1981 et 1991 Elle consiste en une vaste plate forme de 11 m de long pour chaque c t et de 2 60 m de haut aux parois transparentes dans laquelle est dispos e en son centre un volume cylindrique que le spectateur peut p n trer Le regard est pris entre les transparences et les reflets l ou e est galement solli cit e lorsque le spectateur entre dans le cylindre qui l isole du bruit ext rieur alors m me que la structure est ouverte vers le ciel 2 GRAHAM Dan Ma position crits sur mes uvres trad Sylvie Talabardon ditions Les presses du r el 1992 p 124 3 Doctrine fond e aux tats Unis durant la premi re moiti du XX me si cle par J B Watson dont le but th orique est la pr diction et le contr le du comportement 4 DE DUVE Thierry Dan Graham et la critique de l autonomie artistique BROUWER Marianne et alii Dan Graham uvres 1965 2000 catalogue de l exposition Dan Graham uvres 1965 2000 Museu de Arte Contempor nea de Serralves janvier mars 2001 Porto ditions Paris Mus es 2001 p 49 Le performeur g re un imaginaire non pas le sien mais celui de l Autre auquel il s assu jettit le moi se construit et se d truit pour faire place un autre qui correspondrait aux attentes qu il croit momentan ment
111. t voqu les individualit s s entrecroisent au sein de diff rentes pratiques qu elles soient minimalistes processuelles ou conceptuelles et de d marches qui la fin des ann es 60 se rencontrent et posent de diverses mani res la question du r le de l art un moment donn de son histoire La r flexion sur l espace m ne certains artistes issus de ces voies la recherche de lieux autres plus vastes Ils se tournent vers l Earthwork et le Land Art et repoussent la question de l espace de l atelier et d exposition de mani re plus extr me le monde devenant alors un vaste atelier la terre le support et mat riau directement mall able de l uvre De la question du contexte s op re un glissement vers celle de l espace et du site 1 SZEEMANN Harald M LLER Gr goire et alii When attitudes become forms works concepts processes situations information catalogue d exposition When attitudes become forms live in your head Kunsthalle Berne 1969 L ouvrage n est pas pagin 2 Ibidem 3 L artiste d origine allemande Hans Haacke s int resse l interd pendance des syst mes biolo giques pr sents dans la nature en posant des questions socio cologiques qu il confronte au champ de l art contemporain en l occurrence aux tats Unis o il travaille Grass grows 1969 pr sente en effet les processus physiques et biologiques de changement de renouvellement et de d com position En plantant de l herbe sur une
112. t exister l uvre Dans ce contexte il s agira donc de d finir le champ d application du processus avec les recherches tablies par Mel Bochner et Sol Lewitt autour de l exploration syst matique et s rielle de rapports logiques et math matiques Ces pratiques me m neront la question du contexte de r ceptivit de l uvre et de la mise en crise de l espace de la galerie et du mus e comme lieu de monstration l gitime avec une s rie d expositions marquantes New York telles que Anti illusion Procedures Materials au Whitney Museum en 1969 en prenant en compte les propositions de Seth Siegelaub et l v nement de Berne en 1969 Quand les attitudes deviennent formes Les fronti res sont alors fluctuantes entre atelier et lieu d expo sition l atelier se transformant en espace de cr ation et d exposition Cette question du contexte est notamment amen e par Robert Morris et son travail d investigation du processus qui contribue g n rer de nouveaux rapports spatio temporels Ceux ci conduisent les artistes dit earthworkers s engager dans un rapport direct avec la nature et le mat riau in puisable qu offre la terre En englobant la dimension du temps et en proposant des uvres en situation les travaux du Land Art interviennent dans les processus m me de la nature pour la laisser ensuite modifier voire effacer cette action humaine Ils prennent en compte la fois les changements incessants et la permanence du mouve
113. t le spectacle Tobbes Vetuat comte vmqh cd drive G Ve Meie H T Ahama pour les habitants eux m mes Les miroirs double face me font penser ces immeubles de bureaux tout en verre que les architectes du Bauhaus sont venus construire aux tats Unis ss apr s guerre On utilise le verre pour donner une impression de transparence et d ouverture Cutttng vod sa met p aa fe h te d tir pe E ou rom hir tete lame aula Mir T ces immeubles qui sont souvent le si ge de grandes soci t s Le miroir c est aussi un a moyen de r introduire l image mais d une er mani re tout fait oppos e la perspective TM issue de la Renaissance Plut t que de construire comme Graham des objets architec Le turaux qui d doublent fragmentent refendent le lieu plut t que de projeter des constructions faites pour ne pas avoir lieu Matta Clark d truit ou d construit des lieux existants Ces artistes ont voulu r tablir la solidarit de l espace et de l chelle Chez Graham l espace et l chelle ne sont plus des donn es naturelles qui vont de soi L chelle prend une importance nouvelle celle de la maquette con ue pour tre regard e hauteur d yeux Quant au lieu il est la fois inexistant projet dans un futur que l on esp re irr alisable et mat rialis pour un temps dans l espace institutionnel de la galerie eg Aiat but mit Mage be amp os Homes for America 1966 1967 sept l
114. t m me changer ces mat riaux durant les trois semaines de l v nement A la fin de l exposition tous les mat riaux furent vacu s et l action enregistr e Le dernier jour seuls subsistaient les photo graphies et le son de la destruction ultime de la pi ce renversant ainsi le processus de Box with the Sound of its Own Making En 1968 Morris produit un essai intitul Anti Form qui affirme l art processuel il y revalorise le r le de la mati re dans la sculpture en tant qu entit autonome et non moul e ou model e soumise une force ext rieure Il se penche sur la question de l entropie tudi e par son contemporain Robert Smithson aux formes de d gradations et d autodestructions de la mati re Cet attachement la chute se mat rialise par la cr ation de sculptures molles parmi lesquelles figure Wall Hanging Compos e de plaques de feutre industriel lac r es suspendues au mur la structure prend forme par la gravit du poids de la mati re C est donc celle ci qui d termine la forme en prenant en compte la dimension al atoire de ce dispo sitif Ce renouveau dans la d marche de l artiste influence d autres artistes tels Eva Hesse Bruce Nauman ou Richard Serra qui se rattachent ainsi cette mouvance processuelle Ces artistes post modernistes se d marquent des valeurs du minimalisme Il ne s agit pas pour eux de rejeter totalement toutes les id es du minimalisme mais de combattre la rigid
115. t spatial et temporel 4 Sculpture r alis e en 1961 compos e d un cube en noyer de 24 8 cm pr sent sur socle et d une bande magn tique et de hauts parleurs 5 MORRIS Robert Some Notes on the Phenomenology of Making Artforum avril 1970 6 Compos e d un tiroir fichiers m tallique mont sur planche de bois fix e au mur et contenant 48 fiches cartonn es et index es de 68 5 x 27 x 4 cm 12 rapporte pr cis ment la date et l heure de l laboration de son id e 11 juillet 1962 15h15 et la fiche Delete Entries nonce qu apr s une dur e totale de 6h et 26 minutes il a pris la d cision d arr ter le d veloppement de son uvre qui pourrait tre infinie le 31 d cembre 1962 18h Une fiche Future est galement ins r e pour l inscription des v nements venir li s son existence en devenir Par cette possible d l gation Morris propose une forme d art en volution oppos la conception du produit finalis et marqu du sceau de l artiste Card File 1962 tiroir de fichier m tallique mont sur planche de bois fiches cartonn es 68 5 x 27 x 4 cm Adagp Paris courtesy de l artiste Box with the Sound of its Own Making 1961 bois bande magn tique haut parleurs 24 8 x 24 8 x 24 8 cm Seattle Art Museum courtesy de l artiste Bamna vi ca En 1965 Morris installa la Green Gallery quatre cubes d environ 1 m tre de c t
116. ter dans un ternel combat avec sa propre image Une constante inexpressivit est retravaill e et ma tris e chaque autoportrait dans un immuable cadrage incluant la peinture Le m dium de la photographie en tant profond ment li de mani re syst matique sa peinture accompagne son uvre en d finissant l espace de son travail et la dur e inscrite sur les marques de son visage et cr e une narration du temps au fil des images La force de cette uvre se joue dans cette tripartie qui ne peut se lire se comprendre ou se voir sans l une ou l autre des actions ou des l ments propos s par Roman Opalka L artiste nous invite au recueillement la contemplation de notre rapport au temps et la mort en nous confrontant cette d routante num rotation Son uvre au caract re processuel 3 y fait valoir selon les termes de Bernard Lamarche Vadel l appa rition progressive de l indiscernable chaque tableau s inscrivant au registre du d tail d tail qui est la juste d nomination et la juste fonction dans HP4 l laboration du concept Il pr cise que l uvre de l artiste atteindra le statut d uvre au lendemain de sa mort et que c est avant tout l intention qui est l origine de son travail une intention souveraine sur le temps La d cision de la docilit dans la procession op re une forme de mutation du Je souverain au il y a Elle se situe galement dans le fait de ne pas
117. timbr e Morombe tir e 100 exemplaires et The Green Ray and Other Suns d pliant de cartes postales tir 150 exemplaires r alis pour le Museu de Arte Contempor nea de Serralves Porto 5 Cette fascination n est pas sans rappeler ce qui a t voqu plus haut au sujet de Whitehead qui consid re le passage de la nature comme force cr atrice qui pousse la nature vers l avant et dont la pr sence doit tre cherch e travers le tout dans le pass recul aussi bien que dans la plus troite tendue de la dur e pr sente Peut tre aussi dans le futur non r alis WHITEHEAD Alfred N Le concept de temps op cit p 113 45 d intemporalit The Green Ray est marqu selon elle par une sym trie parfaite entre la ligne d horizon et la trajectoire du soleil le plan fixe se pr tant ainsi parfaitement l mergence de l impr vu tout en neutralisant l objet il semble le figer dans une sorte de hors temps Ces plans longs et tir s font converger dans la mise en vue de ses films le temps du film et celui de l exp rience du spectateur immobile L intrusion de la fiction peut aussi contribuer renforcer cette sensation d intemporalit Boots filme un vieil homme dont le titre est ponyme qui anime une villa d serte par sa pr sence et ses r cits de souvenirs fictifs Dans Baobab la cam ra scrute ces arbres ancestraux et majestueux l aff t des jeux d ombre et de lumi re da
118. u confort d exp rience esth tique les l ments d une pi ce sont g n ralement tous les m mes c est selon Bochner un art d unit s Bochner ajoute l art ancien tentait de rendre le non visible l nergie les sentiments visuel par des traces Le Nouvel Art tente de rendre le non visuel les math matiques visible concret De son c t Sol Lewitt d veloppe dans ses crits une activit th orique avec notamment Paragraphs on Conceptual Art parue dans la revue Artforum en 1967 partir des ann es 60 son travail se concentre essentiellement autour de la sculpture et du dessin Il se rapproche de l art minimal car il partage un go t pour les formes simples et g om triques l utilisation de la modulation et de la r p tition combin e l exploitation de lin situ mais il s en d tachera rapidement pour favoriser une approche conceptuelle Il met en place une forme d puisement des combinaisons qu il exp rimente des formes g om triques souvent cubiques sont agenc es en s rie dont les modules sont ouverts ou ferm s Dans Variation of incomplete open cubes Lewitt pr sente une liste des combinaisons formelles d ar tes d un cube Cet nonc sera ensuite appliqu et d ploy dans l espace sous forme de modules Les Wall Drawings d terminent ainsi les concepts d une ex cution qui pourra tre d l gu e selon les indications de l artiste Ils traduisent des processus mentaux ex cut s d
119. um e et de lumi re son 200 x 190 x 155 cm Pierre Huyghe Centre Pompidou Galerie sud 2013 courtesy de l artiste HUVGHE Pierre L Exp dition scintillante 2002 Acte 3 Untitled Black Ice Stage patinoire de glace noire patineuse 30 x 755 x 1007 cm Pierre Huyghe Centre Pompidou Galerie sud 2013 courtesy de l artiste LEWITT Sol Variations of incomplete open cubes 1974 dessin sur papier Lewitt collection courtesy de Sofia Lewitt LEWITT Sol Modular Structure 1972 bois peint blanc 61 x 61 x 97 8 cm 24 x 24 x 3812 0 Saatchi Gallery courtesy de l artiste LEWITT Sol Wall Drawing 414 s rie de dessins IV au lavis d encre de Chine 24 dessins lavis d encre de Chine LeWitt Collection Chester Connecticut Centre Pompidou Metz MATTA CLARK Gordon Incendiary Wafer 1970 m lange de mat riaux organiques dimensions variables 112 Green Street collection White Columns courtesy de David Zwirner MATTA CLARK Gordon Splitting 1974 maison Englewood New Jersey Gordon Matta Clark Artists Rights Society New York courtesy de l artiste MORRIS Robert Card File 1962 tiroir de fichier m tallique mont sur planche de bois fiches cartonn es 68 5 x 27 x 4 cm Adagp Paris courtesy de l artiste MORRIS Robert Box with the Sound of its Own Making 1961 bois bande magn tique haut parleurs 24 8 x 24 8 x 24 8 cm Seattle Art Museum courtesy de l artiste MORRIS Ro
120. ur il continue avec plus de difficult s inscrire ces nombres sur la toile Cela prend presque la tournure d une performance intime une fa on de conjurer le temps Chaque seconde doit inlassablement tre peinte cette succession au caract re litanique doit se poursuivre jusqu l puisement jusqu la fin ultime Sa voix rentre aussi dans l espace du travail puisque l artiste s enregistre comptant mesure qu il peint Sa pr sence se situe au c ur du dispositif entre la toile auquel fait face l appareil les deux microphones et les deux parapluies qui galisent la lumi re pour maintenir inlassablement la m me composition de l image Dans cet espace Roman Opalka s unit la verticalit du tableau alors m me qu il inscrit des lignes d horizon de chiffres En 1972 il d cide d ajouter 1 de blanc dans sa peinture blanchissant ainsi le d filement des chiffres faisant cho celui de ses cheveux A cette permanence rituelle du trac s ajoute l amoindrissement la trace peinte est toujours visible mais tend progressivement la disparition l invisibilit totale Le peintre suit une logique qui prend pour unit le chiffre de 1 l infini Opalka peint le temps chaque toile devient une parcelle de cette dur e selon Fran ois Poisay Cette dur e se retranscrit d ailleurs sur son visage et l volution de ses traits tandis que la voix dont on per oit galement au fil du temps les alt rations t moigne de l a
121. voqu sans faire appel au th oricien Aby Warburg historien de l art allemand 1866 1929 pour qui le temps loin d tre continu s exprime par strates r sur gences survivances Il fonde une approche anthropologique de l art occidental travers la question de la survivance Nachleben L histoire de l art pose la question de la transmission et donc de la survie Que reste t il d une image Quelles sont ses traces Warburg introduit ce qui constitue pour lui les paradoxes constitutifs de l image elle m me sa nature de fant me et sa capacit de revenance et de hantise Se r f rer la premi re partie L image fant me Survivance des formes et impuret s du temps de l ouvrage de DIDI AUBERMAN Georges L Image survivante Histoire de l art et temps des fant mes selon Aby Warburg ditions de Minuit 2002 Image extraite du film The Green Ray 2001 film couleur 16 mm 230 minutes Tacita Dean courtesy Marian Goodman Gallery Paris New York et Frith Street Gallery Londres 48 Tai eaii Image extraite de Baobab 2002 film noir etblanc 16mm 10 minutes Frith Street Gallery courtesy Frith Street Gallery Ci contre image extraite de Still Life 2009 16mm Black and White muet 5 minutes 30 Tacita Dean courtesy of Firth Street Gallery London Ci dessous image extraite de JG 2013 film couleur et noir et blanc 35mm 26 5 minutes Marian Goodman Gallery courtesy de l artiste et de
122. y Marian Goodman Gallery New York HAACKE Hans Grass grows 1969 terre et herbe dimensions variables collection Frac Nord Pas de Calais Adagp Paris courtesy Frac Nord Pas de Calais HAACKE Hans MOMA Poll 1970 deux urnes en plexiglas Museum of Modern Art New York USA Museum of Modern Art courtesy de l artiste HAACKE Hans Sky Line 1967 ballons gonfl s h lium et cordon Central Park New York Howard Wise Gallery courtesy MIT Museum Massachusetts tats Unis HEIZER Michael Complex 1 City r alis entre 1972 et 1974 terre roche et b ton 2 km sur 400 m 56 Garden Valley Nevada tats Unis collection Lannan Foundation et Dia Art Foundation Michael Heizer courtesy de l artiste HEIZER Michael Double Negative 1969 gr s et rhyolite 15 m x 9 m x 457 m situ dans le Mormon Mesa Nevada collection et courtesy du Mus e d Art Contemporain de Los Angeles HEIZER Michael Five Conic Displacements 1969 136 tonnes de terre d plac es sur le fond plat d un lac ass ch 243 x 4 5 x 1 3 m cinq trous dans le sol du Coyote Dry Lake Mojave Desert Californie Michael Heizer courtesy de l artiste HESSE Eva Right After 1969 fils de fibre de verre approximativement 152 x 548 x 121 cm Milwaukee Art Museum Wisconsin tats Unis P Richard Eells courtesy Hauser amp Wirth HUYGHE Pierre L Exp dition scintillante 2002 Acte 2 Untitled Light Box Syst me de f

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