Esprit critique n°106 (pdf - 755,29 ko) - Fondation Jean
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1. Jean Jaur s USE Fondation se faire Som opit lOr x Li B PF S E i Es P EL 3 i EE E K Revue n 106 3 juin 2013 FAIELIQOTTMEQUE de CEITQUES TRANSF RER AGDHMERENT Christian Salmon LA GAUCHE N A PLUS ra AISNE AUS LA S PARATION sh are i me ie Ch m age Pre se des ci re mode d emploi De la us TS en a 5 dite a vid os a k 4 sam HAN CRITIQUES EF LA C R MONIE CANNIBALE DE LA PERFORMANCE POLITIQUE Christian Salmon Editions Fayard par Ziad Gebran FA LA GAUCHE N A PLUS DROIT L ERREUR Michel Rocard Pierre Larrouturou Editions Flammarion par Thierry Germain EJ LA VIE SHARE MODE DEMPLOI CONSOMMATION PARTAGE ET MODES DE VIE COLLABORATIFS Anne Sophie Novel Editions Alternatives par Olaf Klargaard CHRONIQUES El PETITE BIBLIOTH QUE FRIVOLE DE LA MODERNIT S PARATION par Fran ois Busier Rouge Directeur de la publication Gilles Finchelstein R dacteurs en chef Thierry Germain Laurent Cohen Webmestre Jean Pierre P cau FONDATION JEAN JAURES 12 CITE MALESHERBES 75009 PARIS 01 40 23 24 00 Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation A L ESSAI 1 LA C R MONIE CANNIBALE De la performance politique Christian Salmon Editions Fayard mai 2013 154 pages 12 euros PAR ZIAD GEBRAN L extinction de notre esp ce politique est proche Christian Salmon La c r mon2. En pointant la dimension traumati sante de la crise six millions de salari s touchent moins de 750 euros par mois en France et en rap pelant que les statistiques ne rendent compte que d une partie des r alit s ils nous confron tent une situation qui change de nature d une crise sociale l on passe un v ritable enjeu de civilisation c est dire la capacit pour nos soci t s de progresser ou m me de tenir dans de telles conditions La falaise budg taire des Etats Unis les ch ances li es au d veloppement durable ou une analyse alarmiste de la situation chinoise un tr s faible niveau de consommation int rieure une bulle immobili re qui pourrait tre d vastatrice et un syst me social tr s instable parach vent ce tableau conomique et social en forme de signal d alarme Le deuxi me angle est de cerner et d exprimer un diagnostic tranch Partant de la formule de Joseph Stiglitz on a fait une perfusion un malade qui a une Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation h morragie interne ciblant le dilemme le plus actuel injecter du pouvoir d achat tout en limi tant les d penses les auteurs s emploient cerner la cause majeure de la crise de la dette mais aussi disqualifier le rem de largement mis en avant aujourd hui Leur coupable la d r gulation ultra lib rale On sait que le tournant des ann es 1980 a tr s
3. condamnatrices Cet cart est plaie juste avant lablation Juste avant le renouvellement a symbol of the dawn M me la musique se disperse avant de pren dre fin Ensemble ils simaginent Seuls ils sont No Milk Today Gouldman Herman Hermits Columbia EMI 1966 Chats Re Bihactor DE LA S PARATION Sous la direction de Christophe Schaeffer Editions L Harmattan colection La philosophie en commun L man 2007 306 pages 28 50 euros 3 b Jean Jaur s Fondation
4. de logements de biens d argent ou de comp tences l conomie du partage est fille du peer to peer Les individus se veulent la fois producteurs bailleurs finan ceurs consommateurs sans passer par des interm diaires Signe d un succ s certain les acteurs de l conomie traditionnelle commen cent r agir ce qu ils per oivent comme une menace pour leur mod le conomique h tels loueurs de voiture taxis etc Balivernes diront certains ces initiatives n ont rien d in dit autostop existe depuis la voiture et les petites annonces depuis la presse Certes Le concept n est pas r volutionnaire et le partage na pas attendu les claviers Mais les volutions technologiques de la derni re d cen nie ont permis ce qui n tait que des initiatives locales et marginales de devenir un ph nom ne plan taire Internet a industrialis le peer to peer permettant des milliers d individus o qu ils habitent de se mettre en relation moindre co t et de proposer biens et services Le d velop pement de solutions de paiement en ligne s curis es a galement particip de cette facili tation des changes Au del de la quasi disparition des co ts de transactions l aspect central qui a permis le d veloppement des changes entre particuliers est le d passement Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation d un frein majeur la confiance en des inconnus Re
5. Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation produits ils souhaitent remettre le bon sens au c ur de leur d marche en consommant des produits qui ne servent plus leur propri taire en louant la voiture non utilis e de son coll gue et la machine laver de son voisin La propri t concept c ur du capitalisme n est ainsi pas remise en cause mais mise au ser vice du partage Le partage n est bien s r pas nouveau et les soci t s ont d j organis la mise disposition gratuite et partag e de biens les biblioth ques en constituant un exemple parfait La nouveaut de l conomie du partage r side dans le maintien de la propri t l o la biblioth que l abolit le livre appartenant la communaut mais personne en particulier Dans l conomie collaborative la propri t ne dispara t pas mais c de le pas l acc s dans une d marche o les individus optimisent l utilisa tion des biens dont ils sont propri taires niveau micro conomique et optimisent les quilibres macro conomiques vitant la surconsomma tion et la surproduction Autre valeur clef de l conomie de march qui trouve sa place dans l conomie collaborative l entreprenariat prend toutefois une forme plus communautaire et s organise autour du partage des connaissances et des outils L id e tant d apprendre tout en produisant d effacer les fronti res entre les fonctions de
6. ainsi le crowdfunding a financ des projets pour 2 7 milliards de dollars aux Etats Unis en 2012 deux fois plus qu en 2011 et pour un milliard d euros en Europe Et ces mon tants devraient tre multipli s par deux pour l ann e 2013 La pr face d Antonin L onard un des princi paux animateurs de l conomie collaborative en France et membre fondateur du collectif Oui Share r sume bien l espoir que porte le livre d Anne Sophie Novel l conomie collaborative permet d envisager une conomie centr e sur lhumain plus ouverte plus respectueuse des ressources naturelles et g n ratrice de bien num ro 106 3 juin 2013 page 9 commun Au del des grands id aux il touche du doigt ce qui fait la sp cificit et la nouveaut de cette conomie certes d autres initiatives portent d j ces ambitions mais l conomie collaborative donne un autre coup de projecteur De la finance participative aux circuits courts alimentaires en passant par la mobilit parta g e toute la cha ne de cr ation de valeurs est pass e au crible de la participation et de l ouver ture C est l que r side le r el changement de paradigme par le nombre de secteurs qui sont touch s par un esprit de partage qui ne se posi tionne pas aux marges de l conomie de march ni ne compte s y substituer mais qui au contraire fait merger de nouveaux mod les conomiques Dans ce syst me la fronti re entre prod
7. alliance un clate ment des pactes au risque de la fin de l histoire Ils ne se supportent pas ou plus exactement n ont jamais accept que l autre soit autrement avec une autre vie et d autres r ves In vitablement ils mettent part ils discrimi nent ils s gr gationnent pour donner cong et dispensent larmes et blessures de circonstance pour les exil s Voici l heure du licenciement et de l viction pas de a chez nous Pour les priv s de jardin pas de culture il faut partir Cependant il serait abusif de penser qu ils se quittent car planerait l hypoth se d une histoire commune ou pire le doute d une possible affec tion D truire les liens serait une expression plus juste si tant est qu il puisse tre question de jus tice ici Rompre les amarres une perte infinie Rel chement initial puis entreb illement la s paration ouvre la dispersion des biens et des num ro 106 3 juin 2013 page 13 Esprit Critique se faire Son opinion CHRONIQUES personnes Plus d autre choix alors que de vivre en sparadrap en scotch et en bout de ficelles pour couverture en attendant le garrot Vivre la colle pour voiler la d chirure Mais comment reconstruire Christophe Schaeffer s interroge justement sur ce quelque chose penser et vivre dans la s paration qui soit irr ductible une exp rience n gative Ne peut on envisager des perspectives autres que douloureuses et
8. d lai tentons de transcrire au mieux ce que certains nommeront f t il bien amer le go t d une poque num ro 106 3 juin 2013 page 11 1 S PARATION Ensemble ils s imaginent vivre Seuls ils s ou blient Les matins s parent Tous le savent A cet ins tant o les draps se vident o s agrippe chaque bouton o les tasses crissent o les joues se bisouillent o chaque cl cliquette les cerveaux mergent pour entailler les heures de ces jour n es difficiles entreprendre accomplir Comme il leur semble trop dur de pouvoir tout tenir alors ils tentent de se tenir un peu ceux qu ils aiment ou pensent aimer S accrocher Un peu Juste un peu No milk today my love has gone away The bottle stands forlorn a symbol of the dawn Un cart entre les corps Entre les choses aussi Faits et cr s pour se rencontrer ces per sonnes ces biens et tous ces accessoires indispensables au confort serein et autres babioles destin es agr menter les personna lit s tous s unissent valsent fusionnent tourbillonnent s talent puis vont se disper sent s garent virevoltent et finissent par se diviser par se perdre Et se retrouvent parfois au d tour c t en apart A l cart Entre deux tres plus fort que tout s vit cette tentation de la rupture ailleurs c est mieux alors qu ils croient encore au bonheur Puis le constat de l inutilit de l effort parce q
9. juin 2013 page 7 En ouverture et en conclusion Michel Rocard et Pierre Larrouturou mettent en sc ne une conflagration imaginaire entre la Chine et Taiwan Inspir s par Jean Jaur s selon qui le capitalisme porte en lui la guerre comme la nu e porte l orage extrapolant sur les profonds d s quilibres de la Chine et son impressionnant effort d armement ils poussent ainsi son paroxysme leur avertissement sur l extr me sen sibilit des fractures du syst me conomique mondial et l extr me volontarisme qui en r ponse devrait motiver tous ceux qui enten dent y rem dier Ils en prennent pour t moin un Stiglitz d ci d ment jamais en veine de formules inspir es depuis le d but de la crise on s est content de d placer les fauteuils sur le pont du Titanic L on sait que les deux auteurs sont parmi les inspirateurs du collectif Roosevelt 2012 lequel pr ne un tel volontarisme en comparant trait pour trait ou peu s en faut la situation actuelle celle des ann es trente Un th me qui depuis fait flor s Si chacun peut tre juge de ce que vaut cette ellipse historique il n en reste pas moins qu un ouvrage qui affirme un diagnostic tranch et avance des propositions sera toujours plus utile que des chroniqueurs qui rel vent des erreurs de date ou des experts qui agitent leur manuel la moindre approximation acad mique La gauche n a pas le droit d tre sans id es dans une p riode
10. penses pour 0 7 de progression et d tail num ro 106 3 juin 2013 page 6 lent ensuite les sept trappes liquidit s qui expliqueraient cette incapacit de la croissance r soudre la crise l effritement du salariat et le ch mage de masse la fuite vers le reste du monde dumping les d sendettements en cours collectivit s locales Etats classes moyennes le faible investissement des entre prises l pargne de pr caution et l vaporation vers les march s financiers Partant de la s quence 1997 2000 en France moiti moins d emplois cr s que ce qui est souvent voqu ils mettent en valeur le lien de plus en plus distendu entre croissance et emploi Tr s directement li s aux extraordi naires gains de productivit r alis s depuis trente ans avec la r volution informatique notamment ces progr s ont t particuli re ment sensibles en France pays parmi les mieux class s au monde sur ce crit re Bien plus que les d localisations ils ont contribu faire dispara tre de nombreux postes de travail Leur credo la crise est sociale la r ponse aussi En cr ant une pr carit grandissante et une pression la baisse sur les salaires le ch mage n est pas la cons quence mais la cause de la crise et bien plus que dans l incantation la croissance la cl se trouve selon eux dans notre capacit reformuler notre quation sociale Repenser le partage des richesses serai
11. ation de sens et d d interpr tations les mots s engraissent et s paississent les mots ga rent et bient t la cervelle s obstrue Tout semble s chapper et s immobiliser de ne pouvoir tre com pris M me d absurdit Ce qui menace c est bien l oubli annonc de cette part des mots qui fait paisseur et tendue de ce qui donne de la perspective et offre prise sur le r el Pour comprendre et pour agir Il faut alors retourner le sac pour en vider les amoncellements pour extirper le gras des signes et recenser le divers Tout mettre sur la table pour mettre un peu d ordre et retrouver le plaisir du d tail qui claire Tout trier tout ranger pour s attacher ce que les mots contiennent et partagent A ce qui fait lien Car alentour tout s agite et m me les mots subissent des mutations irr versibles celles issues de s ismes incontr lables de secousses et de tremble ments propres une tectonique la hauteur de la b tise dominante donc de la col re l gitime des peuples S paration dissolution tension acceptation occupa tion section et bien d autres encore autant de points d entr e retenus pour dire l parpillement de l esp ce et le vrac des vies Autant de registres pour explorer le ventre des mots avec toujours cette ques tion du regard du n tre comme celui des autres Autant de livres aussi pour couter une voix autre qui uvre en silence aux possibles de l action Alors sans
12. aurait aboutie la d faite de Nicolas Sarkozy marquerait la fin d une re comme celle de Val ry Giscard d Estaing avait marqu la fin des Trente Glorieuses Le feuilleton dramatique qui s est jou au sein du premier parti de droite est donc le symbole de la d composition de notre syst me politique dans son ensemble D ailleurs ce ne sont pas vraiment deux lignes politiques qui se sont affront es mais uniquement deux temp raments diff rents Le traditionnel dilemme entre une droite flirtant avec les th ses du Front national et une droite se r clamant du gaullisme social a t r solu en son temps par Nicolas Sarkozy dont l quipe refl tait cette difficile syn th se les id es de Patrick Buisson et de Henri Guaino se sont li es pour fonder le sarkozysme Un grand cart propre notre poque une dimension cam l on que l on retrouve aussi chez Bill Clinton et qu on a trop souvent ana lys comme un trait de caract re sp cifique d un homme ou d un pays alors qu il constituait le signe distinctif de l agir politique sous le n olib ralisme Les pages les plus s v res mais aussi les plus percutantes de son livre Christian Salmon les r serve la gauche Selon lui la gauche avait la capacit historique et id ologique de sortir de Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation cette descente aux enfers De tous temps cette partie de l chiqu
13. caract ris tiques de notre poque son livre avait t pr sent comme le d cryptage de ce moment fort de notre vie politique Sa derni re production coincide elle avec le premier anniversaire de la prise de fonctions de Fran ois Hollande La c r monie cannibale serait selon la description au dos du livre une description de la sc ne et r a lit du nouveau pouvoir alors que le pr sident de la R publique est au plus bas dans les son dages Clairement Christian Salmon sait aussi cultiver son propre storytelling pour en tre en phase avec l agenda m diatique En r alit ce livre est bien plus pr cieux qu une analyse conjoncturelle d un an de mandat de Fran ois Hollande Il offre une vraie mise en perspective sur l art de la politique aujourd hui apr s trente ans de r volution n olib rale Car en creux c est bien un r quisitoire contre le n olib ralisme reaganien puis thatch rien que l auteur dresse ici Une prise de position forte mais perti nente que l on ne pourrait lui reprocher tant Storytelling La machine fabriquer des histoires tait d pourvu de th se Que l on se positionne gauche ou droite de l chiquier politique per sonne ne peut nier que ces transformations ont chang la mani re de faire de la politique pour le meilleur mais surtout pour le pire Au del des poncifs sur l mergence du num rique dans la vie politique dont les effets sur l acc l ra
14. ction Manifest Editions Alter natives en 2012 Anne Sophie Novel analysait d j les m canismes de l conomie collabo rative d crivant les nouveaux modes de consommation et de partage entre particuliers covoiturage partage de logements de repas etc et les nouvelles mani res d entreprendre dans des espaces de co travail les labs o com p tences et outils sont partag s num ro 106 3 juin 2013 page 8 La vie Share prolonge cette analyse et s attache d crypter le d veloppement sans pr c dent de l conomie collaborative Anne Sophie Novel nous montre qu une multitude d acteurs propose des solutions de partage payantes ou non dans tous les secteurs de l co nomie et de la soci t Ainsi des plates formes d change sont aujourd hui accessibles sur des segments aussi divers que l habitat mise en commun de machines laver le transport sites de covoiturage de location de voiture entre parti culiers de partage de parking etc le tourisme change d appartement mise disposition d un canap ou d un lit location entre particuliers ou encore la banque financement de projet en ligne par des particuliers ou crowdfunding tels que des clips musicaux des projets cin matogra phiques ou encore du microcr dit pour les PME l auteur identifie le principe commun toutes ces initiatives l change entre particu liers Que ce soit dans la mise disposition de moyens de transports
15. divise s clate et se ramifie pour ouvrir d autres petites bo tes toujours plus loin plus haut Il faut rompre les croyances diff rencier les r alit s isoler d gager ter s attacher au minuscule de l infime se joue l le miracle de la distinction pour religion Cette d coupe s ap plique aux hommes aussi ils ne peuvent s en emp cher l urgence permanente est de r futer le panorama pour limiter le regard valeurs classes cultures tout leur est objet de c sure pi ce censure Ainsi se d sagr gent se disjoi gnent et s parpillent les avis et les opinions mais pas trop sinon comment manipuler Ainsi divorcent les c urs Ainsi se d membrent et se tranchent les corps et les soci t s Ils entendent bien m me les pouvoirs doi vent pouvoir se s parer mais sans se dire adieu loin de l Les belles images de la d mocratie repeintes coups de guerre de conflit et de colonie dissimulent mal cette v rit que tous les loups doivent manger et copieusement Les Etats les Eglises toute majuscule dehors jouent de bont et du mirliton pour assoupir les foules pendant que le pouvoir s arrache entre bons ennemis du peuple Les forces s interposent Ils le disent et font mine car le filon s av re trop profitable pour tr cir les parts et les b n fices ainsi se distribue la puissance mais pas lar gent Diviser et r gner Mais survient parfois l annonce d une rupture d
16. e nouveau Beaucoup de bruit m diatique donc pas beaucoup de politique Mais encore une fois ne r duisons pas ce livre la communi cation Ce que nous livre ici Christian Salmon c est une fine analyse de notre situation politique num ro 106 3 juin 2013 page 3 depuis les ann es 1980 un portrait collectif de cette nouvelle g n ration de femmes et d hommes politiques En effet la r volution n olib rale a d programm l Etat avec des cons quences fortes D sormais le monde est pr cipit dans un univers d v nements automa tiques personne n ayant le pouvoir d influer sur le cours des choses d sormais le journaliste est forc de se d porter de ses missions originelles pour basculer dans du d cryptage syst matique des apparences trompeuses de la vie politique d sormais le cycle politique ne dure plus vingt quatre heures mais vingt quatre minutes d sormais le politique se trouve dans une situa tion inconfortable o il doit jongler entre le proche et le lointain le souverain et l acces sible Toute ressemblance avec une situation r elle et actuelle est fortuite Dans cette nouvelle condition politique gauche et droite sont touch es de mani re gale Preuve en est dans la crise interne l UMP de novembre 2012 qui est compar e juste titre un v nement qui marque la fin d un r gime Oui d un r gime et non d un r gne La r volution n olib rale
17. ie Le storytelling de X est cannibale en phase avec les attentes De la performance des citoyens Il a reussi a av convaincre avec un storytel af ling puissant et pertinent La magie du storytelling de Z n op re plus difficile fyad de passer c t de ces phrases depuis quelques ann es d s lors que l on s int resse la communication Plus que jamais cette technique est au centre de tous les disposi tifs qu ils concernent une entreprise une institution mais surtout une femme ou un homme politique Les communicants sont obs d s par la n cessit de faire passer leurs messages en racontant une histoire belle de pr f rence Le proc d est ancien pour se l gitimer tous les pouvoirs partout dans le monde ont de tous temps v hicul des mythologies La perte de rep res que conna t aujourd hui notre monde contemporain rend sans doute ce besoin encore plus important Au fil de ses livres Christian Salmon s est impos comme la r f rence en France du storytelling Son ouvrage ponyme est la seule compilation compl te des tudes analyses et expertises publi es sur le sujet Sorti en 2008 apr s une lection pr sidentielle qui a fait bouger num ro 106 3 juin 2013 page 2 les lignes de la communication politique en France tant par l esprit participatif de la cam pagne de S gol ne Royal que par l instantan it des r actions de Nicolas Sarkozy deux
18. ier politique a g n r des r cits audibles et perceptibles s inscrivant parfaite ment dans l histoire sans aucun effort de storytelling De la Commune de Paris au Front populaire en passant par la R volution d Octobre Pourtant aujourd hui le discours socialiste h site entre fausses valeurs et vrai r cit il a subi lui aussi une acculturation n olib rale Le jugement est sans appel sans doute la mesure de la d ception que lui inspire comme beaucoup d autres lecteurs de ce camp la poli tique de Francois Hollande Les difficult s de la majorit actuelle choisir un vrai positionne ment entre r alisme conomique et volont de changement et la cacophonie gouvernementale sont parfaitement expliqu es dans ce livre Du patriotisme conomique l pop e des inventeurs tous les mots utilis s par Jean Marc Ayrault et ses ministres pour pr senter leur pro gramme sont polys miques ils rec lent tous en leur sein une double signification intervention niste mais aussi n olib rale t moignant ainsi de l incapacit de la gauche assumer ses id es et cesser d tre prisonnier du langage impos depuis trente ans par la r volution n olib rale Les socialistes s entra neraient eux m mes vers leur propre destruction Leur salut viendrait du Front de gauche la campagne pr sidentielle de Jean Luc M lenchon a eu un m rite celui de renouer avec les rassemblemen
19. it s emparer des g ographies pour d faire le monde d sunir les continents et pan la pang e Les terres se d litent s vitent s cartent avant d tre redistribu es reparties pour d autres voyages l int r t de quelques uns l ineffable action de la b tise se met nouveau dessiner sans limite ses lignes de s paration fronti res bifurcations coupures pour une discontinuit humaine des territoires une sorte de rupture d intelligence comme un fortin Alors les langues se d prennent de la terre avant d abandonner les hommes ou plut t leur humanit ou ce qu il en reste pour se consti tuer en unit distincte la gloire de ceux qui s en recommandent parce qu ils y naissent droit du sol en b mol Dans cette fabrique d exclu sion se vautrent les clans les communaut s les groupes les corporations et les nations le pied sur le champ pour tout titre de s jour comme l autorit sur l esclave Mise l cart la conscience se rebelle et Babel diversit et melting pot punit cette incongruit Qui se lamente maintenant pour dire l interminable absurdit de ne plus pouvoir confronter les id es et les mes et encore moins les esp rances Apr s Dieu les sciences se dissocient de l ivraie par classements tris cat gories principes axiomes th ories registres et encyclo num ro 106 3 juin 2013 page 12 p dies La belle unit mise en miettes se sec tionne se sub
20. la coh rence n est pas leur point fort les propositions ne manquent pas Parfois trop vite formul es insuffisamment nourries pour certaines et rarement neuves elles visent de toute vidence nourrir un d bat devenu urgent sur notre mod le de d veloppe ment plut t qu constituer un programme cl en main l exemple le plus frappant en est le partage du travail notion largement n glig e aujour d hui et pourtant d fendue avec fougue ce qui n tonnera pas pourquoi concentrer l essentiel de l effort sur une partie de plus en plus r duite de la population au risque d avoir du ch mage massif d un c t et toutes les maladies actuelles li es au sur travail de l autre Pourquoi inter rompre aujourd hui en p riode de crise aigu et de gains de productivit in dits la tendance longue de diminution du temps de travail Pourquoi ne pas mieux quilibrer nos vies entre travail et loisirs entre profession et actions com munautaires pour le plus grand profit de nos collectivit s humaines Les auteurs ne restent pas sans r ponse la semaine des quatre jours exp riment e d j dans plusieurs grandes entreprises assortie d une proposition de financement un bilan des 35 heures qui insiste sur le point cl des contre parties manquantes et une argumentation qui vise d monter qu en baissant notre temps de travail de 40 nous serions aujourd hui au niveau de ch mage de 1970 num ro 106 3
21. ndus possible par d ing nieux m canismes de recommandations entre particuliers sur les sites les effets de r putation ont rapidement pu encourager les internautes poursuivre leurs changes dans de bonnes conditions et identi fier les personnes moins fiables Les r seaux sociaux ont galement jou un r le majeur en tendant le r seau de liens faibles qu un individu peut entretenir Facebook me permet d identifier que ce vendeur est un ami d ami Linkedin qu il est un coll gue et ma residence fr qu il habite dans mon quartier et conna t mes voisins Si ces initiatives sont pour la plupart r centes nous sommes loin de l piph nom ne Dans un ouvrage sorti aux Etats Unis en 2011 Rachel Botsman et Roo Rogers ont montr que la convergence des r seaux sociaux du besoin de lien social de la prise de conscience colo gique et de la n cessit de faire des conomies en temps de crise a aliment la croissance exponen tielle de l conomie collaborative ces derni res ann es Et le mouvement se poursuit Ainsi la France a compt trois millions de co voitureurs en 2012 et ils taient 25 millions en Europe Pour cette m me ann e Airbnb le site de location de chambres et d appartements entre particuliers a r uni 2 5 millions d utilisateurs dans 30 ooo villes sur le globe C t financement si les mon tants en cause ne repr sentent qu une goutte d eau dans la finance mondiale ils sont loin d tre anodins
22. olont de partage et de rencontre ni le souci environnemental ni encore la recherche d co nomies Toutefois ce qui fait de l conomie du partage aux yeux de ses d tracteurs un concept fourre tout pourrait pr cis ment constituer la force du mod le Parce qu elle nous permet de nous ins rer dans la vie conomique sans nier notre besoin de lien social parce qu elle r concilie la consommation et lavenir de notre plan te parce quelle d passe l opposition entre int r t individuel et motivations collectives l conomie du partage pourrait devenir un puissant aiguillon de red finition de nos mod les conomiques et de nos soci t s 1 Anne Sophie Novel et Stephane Riot Vive la Co r volution Pour une soci t collaborative Editions Alternatives 2012 2 Ibid 3 Rachel Botsman et Roo Rogers What s Mine Is Yours The Rise of Collaborative Consumption Harper Collins 2011 Esprit Critique se faire son opinion tte CHRONIQUES Jean Jaur s Fondation Petite biblioth que frivole de la modernit Dernier tat du chaos PAR FRAN OIS BUSIER ROUGE Dures ou humaines les sciences ont toujours quelque chose dire et surtout crire De m me que la philosophie l art la technique la politique ou l infor mation La litt rature aussi Tout est sujet produire son lot de pages Mais avec un tel empilement d arti cles et de volumes et plus sournoisement encore force de multiplic
23. onie cannibale organis e par nos dirigeants eux m mes entra ne la mort du poli tique Mais surtout celle l Etat Il ne r gne plus et se contente de g rer sa r gie m diatique Une r gie fun bre selon Christian Salmon dont l ou vrage sonne comme un acte de d c s de notre r gime M me dans la m taphore du canniba lisme son pessimisme transpara t Car ce cycle sans fin conduira inexorablement la fin d une esp ce Regrettons juste qu il n ait pas dessin la prochaine qui mergera peut tre La suite la prochaine histoire qu il nous racontera Esprit Critique se faire son opini CRITIQUES on Jean Jaur s Fondation A L ESSAI 2 LA GAUCHE N A PLUS DROIT L ERREUR Michel Rocard et Pierre Larrouturou Editions Flammarion janvier 2013 19 euros 300 pages PAR THIERRY GERMAIN De Viviane Forrester r cemment disparue on retient surtout un livre qui n tait en rien au c ur de ses pr occupations d crivain et d es sayiste litt raire un livre d amatrice indign e d j qui dans sa volont de d noncer un lib ralisme bout de souffle lui avait valu une vol e de bois vert de la part d experts et sp cialistes de tous poils horreur conomique fut la fois un formi dable succ s populaire et un tr s remarquable objet de d nigrement les deux n tant pas forc ment sans rapport Elle r cidivera dans Une trange dictature ce syst me id ologique fond
24. pareille nous disent ils rap pelant au passage que l essentiel est que ces id es mergent en nombre que l arbitrage entre les bonnes ou les mauvaises se fasse d abord dans toutes les enceintes d mocratiques et que seuls les vrais d bats font les bonnes politiques 1 Fayard 1996 2 Fayard 2000 3 Josyane Savigneau Viviane Forrester romanci re essayiste Le Monde 2 mai 2013 Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation A L ESSAI 3 LA VIE SHARE MODE D EMPLOI Consommation partage et modes de vie collaboratifs Anne Sophie Novel Editions Alternatives mai 2013 176 pages 12 euros PAR OLAF KLARGAARD Sous les claviers le partage LASE AGFER hrar La vie De la vie Share ce slogan parodi de Mai 68 titre de chapitre de mode d emploi cod 1 iie son pr c dent ouvrage m igm AUSSI hEN Anne Sophie Novel a itos at Sans conteste le sens de te la formule Mais la jour Et naliste et docteur en Sni E conomie ne s arr te pas l En inscrivant dans une filiation naturelle les aspirations de la jeunesse de Mai 68 et le ph no m ne qu elle s attache d crire avec passion l conomie du partage l auteur nous emm ne sur un th me qui de toute vidence d passe de loin le guide des bons plans collaboratifs du net Avec Vive la Co r volution galement publi dans la colle
25. post 11 septembre en perte de rep res apr s huit ans de politique de George W Bush La r sonance de l histoire individuelle de Barack Obama avec l his toire collective des Am ricains et sa capacit g rer la tension narrative en sa faveur tout au long de la campagne sont d sormais consid r s comme ses v ritables exploits politiques Peu importe le programme de nos futurs dirigeants les citoyens n ont aucune illusion sur leur capa cit dompter la crise Ce que nous leur demandons c est d incarner une intrigue capable de nous tenir en haleine D ailleurs Barack Obama consid re lui m me que sa plus grande erreur de ses deux premi res ann es de mandat tait l absence de r cit efficace Il aurait pu citer l une de ses reformes mais il a pr f r faire son bilan sous le prisme de son storytelling C est dire la priorit qu accordent aujourd hui les poli tiques leur performance narrative Le parall le avec la campagne pour l lection fran aise de 2012 est vite fait la victoire de Fran ois Hollande est elle due son programme ou au fait qu il repr sentait une antith se Nicolas Sarkozy dans un contexte de crispation forte autour de la personnalit de ce dernier La question m rite d tre pos e la lecture de La c r monie cannibale C est l inflation d histoires qui a tu le sortant tandis que la cr ation d un r cit coh rent avec les attentes de l opinion a fait na tre l
26. production de formation de consommation et ne plus placer la concurrence au centre de la d marche Cela se manifeste par la cr ation de Labs lieux hybrides la fois espaces de travail de d monstration de formation d exp rimentation supports d inno vations et d actions collectives Fablabs pour concevoir des objets InfoLabs pour produire et exploiter des contenus et des donn es ServiceLabs pour concevoir des services La prestation de services par des particuliers derri re la banni re de l conomie collaborative ne peut toutefois suffire parler de progr s les prix peuvent parfois tre aussi lev s que les prestations fournies par des professionnels et les clients ici comme ailleurs peuvent tre num ro 106 3 juin 2013 page 10 tromp s De plus l articulation de ces nouveaux services et de l conomie traditionnelle est un sujet qui se pose de plus en plus clairement avec le succ s de certains sites l absence de taxation et de r glementation li es au statut non profes sionnel des vendeurs pouvant clairement poser un probl me de concurrence d loyale Malgr ces incertitudes la croissance de la fili re est exponentielle que ce soit en chiffre d affaires ou du c t des utilisateurs et la nature de cette conomie du partage est toujours aussi myst rieuse A la r flexion aucun l ment pris isol ment ne semble expliquer ni d finir compl tement la d marche collaborative ni la v
27. profond ment remis en cause les r gula tions n es au mitan du XX si cle Ford Keynes Roosevelt et Beveridge notamment Diminuant fortement la part des salaires au profit des divi dendes dans le partage de la valeur ajout e transf rant une part toujours plus grande des gains de productivit vers les profits concentrant de plus en plus de richesses entre des mains de moins en moins nombreuses et aspirant ainsi des sommes gigantesques vers les march s au d triment de l investissement cette logique n o lib rale na trouv que l endettement public et priv pour entretenir le niveau de pouvoir d achat qui assurerait sa prosp rit Le maintien d une forte consommation alors qu une part de plus en plus forte des richesses allait vers les profits et les march s ne pouvait que reposer sur une dette massive et g n ralis e Les chelles sont impressionnantes en trente ans 150 du PIB des pays de l OCDE auraient gliss vers les march s financiers soit 40 000 milliards de dollars Cette confiscation permet au 0 2 les plus riches sur notre plan te de d tenir 42 000 milliards de dollars titre de comparaison le plan pour sauver la Gr ce en repr sente 130 Leur faux rem de la croissance Michel Rocard et Pierre Larrouturou produi sent force graphiques et donn es afin de d montrer la baisse tendancielle de la crois sance dans nos conomies ls diss quent le cas japonais des milliards de d
28. sur le dogme ou le fantasme d une autor gulation de l conomie dite de march d montre son incapacit se g rer lui m me contr ler ce qu il suscite ma triser ce qu il d cha ne Depuis les d sagr ments v cus ne disquali fient en rien son cri d alarme s ils ne valident videment pas toutes ses approches Mais comme l exprimait tr s bien l poque Pierre Lepape Viviane Forrester crit des folies tous les conomistes vous le diront leurs chiffres contre ses lettres Ayant depuis investi blogs et pure player ceux l m mes qui pourraient nourrir plusieurs tomes de l erreur conomique s emploient mieux que jamais d cerner des brevets de bonne ou mauvaise r putation opus de Michel Rocard et Pierre Larrouturou a donc connu le num ro 106 3 juin 2013 page 5 MAT m me sort pointant qui Nes erreurs de d tails qui le manque de s rieux scientifique tous ou presque le caract re irr aliste de l approche et des propositions Pourtant cet ouvrage est salutaire Mal ficel et parfois r p titif il nous offre et c est l essentiel trois angles suffisamment aigui s s pour nourrir le n cessaire d bat sur notre situation conomique et sociale Le premier angle est de mesurer et dire l urgence faut construire le nouveau mod le de d veloppement avant que l ancien ne s effondre Cette vidence est elle r ellement dans tous les esprits
29. t donc le levier majeur pour sortir de la r cession Le troisi me est de travailler vite un autre mod le de d veloppement Combattre la r cession sans tout attendre de la croissance c est n cessairement penser un nouveau mod le de d veloppement Refinancer les vieilles dettes des Etats des taux proches de z ro gr ce un dispositif sp cifique autour de la Banque centrale euro p enne cr er un imp t europ en sur les dividendes le taux d imposition moyen sur les b n fices des entreprises est de 25 en Europe contre 40 aux Etats Unis r former profond ment notre fiscalit le rapport Carrez voque un enjeu de cent milliards par an importer en Europe le syst me am ricain d apportionnement d claration Etat par Etat pour lutter contre les Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation paradis fiscaux s inspirer du mod le allemand Kurzarbeit pour privil gier le partage du travail en cas de ralentissement d activit s parer stric tement banque de d p t et banque d affaire transf rer vers la comp tence publique la fonc tion essentielle de notation cr er une taxe sur les transactions financi res dotant ainsi l Europe de la capacit budg taire qui lui fait tant d faut r former les institutions euro p ennes mettre en place de vraies fili res cologiques un service civil europ en ou des contrats d avenir entrepreneurs si
30. tion du rythme m diatique sont aussi trait s dans ce livre c est le d p rissement de l Etat impos par les d r glementations et d sinterm diations conomiques des ann es 1980 qui ont profond ment modifi la perception par les m dias et par l opinion de nos dirigeants En jouant le jeu ces derniers creusent leur propre tombe C est l toute la puissance du titre mais surtout du raisonnement que Christian Salmon d roule dans son livre Tout commence par la description de la convention d mocrate du 28 ao t 2008 qui a intronis Barack Obama comme candidat sa premi re lection pr sidentielle Racont comme une histoire palpitante et l am ricaine cet v nement politique marque une rupture avec les pr c dents shows du m me type Tant dans les Esprit Critique se faire son opinion CRITIQUES Jean Jaur s Fondation moyens mis en uvre que par la mise en sc ne choisie mais surtout par la perception m diatique de cette grand messe M me si le glissement avait d but d j il y a quelques ann es il est fini le temps o des raisons structu relles d mographie ou conomie faisaient gagner une lection L enjeu maintenant c est la performance narrative que r ussit le candidat C est le cas de ce premier pr sident am ricain issu de la communaut noire cet homme livre symbolisait d apr s Christian Salmon un nouvel horizon mythologique pour l Am rique
31. ts sur les places publiques dont la symbolique est de replacer le peuple au centre du jeu politique Un retour aux sources de la d mocratie en quelque sorte Avec lui le d bat public s est d plac de la sc ne du pouvoir vers la sc ne du forum le langage poli tique est all du pouvoir vers la po sie rendant contagieux un tat d esprit de changement social Cette analyse de la campagne du Front de gauche compar e au sort sinistre r serv celles de l UMP et du Parti socialiste par Christian Salmon est la seule note positive de ce livre Le reste est sombre et ne pr sage rien de positif pour notre d mocratie L espace politique et celui des m dias ont fusionn cr ant ainsi les conditions de la politique spectacle cette phrase num ro 106 3 juin 2013 page 4 associ e la citation de Jean Baudrillad selon laquelle celui qui mise sur le spectacle p rira par le spectacle les citoyens comme les politiciens fait froid dans le dos Tel un film bien construit La c r monie cannibale se conclut sur un dernier chapitre concu comme un momentum final La dimension cin matographique est d ailleurs bien pr sente les derni res pages s entrem lant avec une description des sc nes de L Exercice de l Etat r alis par Pierre Schoeller ou la d monstration en images de la perte de puissance de l Etat une perte auto entretenue par les femmes et les hommes politiques eux m mes Cette c r m
32. ucteurs et consommateurs tend seffacer la propri t n est pas mise en cause mais sert de tremplin l esprit communautaire et les transactions conomiques multiplient les changes entre inconnus favorisant le lien social L conomie collaborative la social d mocratie de demain Les d bats r cents sur la social d mocratie nous rappellent les difficult s des gauches en France se positionner par rapport l conomie de march L conomie collaborative par ses principes et ses modes de fonctionnement nourrit l espoir de d passement du clivage entre capitalisme et conomie socialis e l conomie du partage semble apporter une grande promesse r concilier l int r t priv et l esprit communautaire dans des initiatives o les indi vidus sont autant attach s changer entre particuliers pour payer moins cher pour rencon trer de nouvelles personnes et ne pas alimenter une surconsommation irresponsable sur le plan cologique Dans l conomie du partage les individus ne refusent ainsi ni la consommation ni les changes marchands Loin de renier l conomie de march dans son ensemble les adeptes de l conomie collaborative souhaitent se r appro prier le syst me se passer d interm diaires et tre acteurs de leur d marche de consommation et de production Irrit s par les d rives d une soci t de consommation o certains producteurs program ment et acc l rent l obsolescence de leurs
33. ue a ne sert rien ou que c est trop dur Foutu d avance Ce foss entre l exigence morale ou sociale ils nont appris qu se faire comme les autres et cette envie d tre vraiment ce qu ils pourraient devenir id al momifi La s paration n est pas un d sir non mais une n cessit une obligation alors que l homme devient lourd Ou la femme Ou l autre Ou les jours Peu importe Cette rupture de contact trouve sa limite dans le temps juste de quoi laisser passer l illusion d avoir vagu dans la m me barque Il est impos sible de d terminer si c est l loignement excessif Esprit Critique se faire son opinion CHRONIQUES Jean Jaur s Fondation de la destination finale un r ve trop grand pour une Cyth re trop loin sur une carte impossible ou le fait de s carter apprentissages et manies du moi de son centre ventre qui rend le parcours improbable incertain vain et vasif Finalement quelle id e trange de vouloir extraire un corps de vouloir isoler une particule un l ment une subs tance ou un sentiment hors de son milieu d origine de vouloir s opposer au creux de l habi tude de vivre distance Mais les mati res se d font aussi se d com posent pour en appeler la mort fin de vie chaotique d liquescence di r se ou quand les syst mes se d structurent comme les orga nismes Ce qui se constate au pr s se contemple au loin la tectonique des plaques sa
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