introduction - Presses Universitaires de Rennes
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1. ses contradictions pourra conduire clarifier les diff rentes positions critiques en jeu notamment en ce qui concerne la relation entre la po sie la peinture et la musique o les analogies avanc es par Verlaine n avaient pas toujours t abord es de la meilleure mani re par une critique qui dans son propre discours se fondait sur des analogies dont on percevait trop peu l arbitraire 1 gt Il reste sans doute beaucoup encore faire dans le domaine de l dition mais gr ce Olivier Bivort on dispose d sormais d ditions excellentes en Livre de poche pour la partie de l uvre s tendant des Amies jusqu Sagesse et prochainement Jadis et Nagu re Mais m me pour les zones les plus s rieusement tudi es de l uvre on pourra au fil des mises en vente ajouter des documents importants Voici pour finir avec l orthographe de Verlaine une version d un douzain de Birds in the Night dont nous n avions pu tenir compte lors de la publication de notre dition de Romances sans paroles publi e avec la collaboration de Jean Bonna et de Jean Jacques ni Michael Pakenham dans sa Correspondance g n rale de Verlaine le manuscrit apparaissant dans un catalogue de vente ult rieur 18 15 Voir notamment les d constructions propos es par Bruce Pratt Verlaine et l impres sionnisme Revue d Histoire litt raire de la France novembre d cembre 1990 p 899 923 Bernard Vouilloux L impressi2. Mallarm catalogue raisonn d une collection suppl ment Paris Gen ve 2003 p 26 14 Introduction Verlaine parnassien deux premiers volumes n tait que l ombre de lui m me dans le troisi me Baudelaire pr sent dans le premier tait mort peu apr s Gautier tait mort apr s le deuxi me Verlaine Mallarm et Cros avaient t refus s par le jury du troisi me Banville Copp e France Le grand nom du Parnasse n tait autre d sormais que Fran ois Copp e M me Leconte de Lisle avait failli ne pas se trouver dans le troisi me Parnasse Si l on veut bien se rappeler que l cole Baudelaire Mallarm et Verlaine Villiers et Cros mais aussi Mend s et Glatigny et bien d autres a fait partie du Parnasse on est en mesure de donner l adjectif parnassien un sens un peu diff rent Ceux qui croient que les Parnassiens faisaient partie d un mouvement r tro grade que leur attention la forme po tique r sultait d un n oclassicisme renfrogn vont l encontre de toutes les informations dont on dispose les recherches de ces vingt cinq derni res ann es prouvant que non seulement Mallarm et Verlaine mais aussi Villiers de l Isle Adam Leconte de Lisle et m me Copp e ont continu la r forme de l alexandrin et des deux types principaux de d casyllabes s avan ant plus loin encore que Hugo mais dans la m me direction et sans solution de continuit 11 Ceux qui pensent que le Parnasse
3. Verlaine mais aussi parmi d autres ceux de Jean Pierre Bobillot Jean Michel Gouvard Dominique Billy Jean Louis Aroui Alain Chevrier Bertrand Degott 12 Voir Arnaud Bernadet L Exil et l Utopie Politiques de Verlaine Publications de l universit de Saint tienne 2007 15 Steve Murphy de Philippe Il la premi re s rie de La L gende des si cles avait fourni un v ritable mode d emploi de la repr sentation de tyrannies historiquement et g ographiquement loign es Il n emp che que lorsqu on affirme sans crainte de se tromper l apolitisme du premier Verlaine on reconduit une vidence qui n en est pas une mais qui a sembl carter l avance l int r t de toute recherche dans ce domaine Pour les F tes galantes avant l introduction r cente d Olivier Bivort on a peu imagin que le recueil pouvait commenter d une quelconque fa on la haute soci t du Second Empire Et c est avec les recherches d Arnaud Bernadet et Christian Herv que l on a enfin commenc cerner la dimension sociale et politique des Romances sans paroles 3 Lire Verlaine reviendrait suppose t on souvent accepter un contrat lyrique des plus commodes on se mettrait l coute flottante empathi que d un discours supra verbal ou infra verbal qui d ploie une musique et d plie des images une langue paradoxalement sans paroles qui aurait comme qualit une discr tion tendant l vanescence une irrup
4. d une lettre affirmer qu Initium se r f re une certaine Mie Hiolle rencontr e par Verlaine lors d un bal L essentiel c est de se rappeler qu cette poque le po te travaille surtout partir de ses d sirs de ses r ves de ses inqui tudes moins partir de l exp rience par exemple de la vie pour la mort le d c s de son p re avait cependant donn des mat riaux psychiques d un ordre diff rent Mais juste ment pour un jeune po te lyrique ces ph nom nes ne sont pas forc ment moins r els que ce qui a t physiquement v cu si Verlaine n a peut tre pas connu encore l amour sentimental partag cela ne l emp chera pas d voquer d une mani re sublime le sentiment de d ception de celui qui a entendu le 4 Le Pacte autobiographique Seuil 1975 p 26 5 Voir ici l article de Jean Pierre Bobillot et notre analyse d Apr s trois ans qui pourrait tre en partie fond e sur l id e du jardin r f rentiel Marges du premier Verlaine Champion 2003 p 115 134 6 Paul Verlaine Po mes saturniens F tes galantes Pocket 1980 p 26 27 12 Introduction Verlaine parnassien mot oui de trop de jolies bouches ceux qui lui imputent une psychologie de puceau se trompent probablement son allusion pistolaire ses voyagles phalliquefs Arras CG 1 1687 supposent sans doute en 1869 une petite vie bord lique bien routini re Verlaine n avait rien d impassible et l
5. plaquette ant rieure la co r f rentialit du personnage f minin auquel le po te s adressait Est ce pour autant que Verlaine a reni dans les Paysages tristes les F tes galantes et les Romances sans paroles son appartenance au Parnasse Pour les F tes galantes il reprend pourtant un th me utilis non seulement par Hugo La F te chez Th r se mais aussi par Gautier Variations sur le Carnaval de Venise et surtout par Banville il n est pas anodin que Verlaine ait crit de Banville que son visage rappelait celui du Gille de Watteau Pr 282 et fait un dessin qui d veloppe pr cis ment cette analogie 1 Ce furent donc dans l esprit de Verlaine des textes enti rement compatibles avec le Parnasse Il suffit de lire ses lettres et ses t moignages pour comprendre que malgr son exclusion du troisi me volume en 1876 cette censure qu il compare aux jugements que le Comit dit des Gr ces avait rendus au sujet des Communards n avait pas r duit son sentiment de faire partie du mouvement pour toute la p riode allant de la cr ation de la revue jusqu son viction Il expliquera l chec du Parnasse par les divisions suscit es par la guerre de 1870 et surtout la Commune Le Parnasse contemporain si vivant dans les 9 Il ne s agissait pas du titre primitivement envisag pour le recueil entier comme on a pu le dire parfois 10 Dessin reproduit dans Christian Galantaris Verlaine Rimbaud
6. tait apolitique minimisent la pr sence de po tes hugoliens comme Vacquerie et sous estiment la pr sence de la politi que dans l uvre po tique du premier Verlaine qui tait l un des Parnassiens les plus radicaux alors que la plupart se drapaient dans un r publicanisme ti de montrant juste assez d opposition l Empire pour se donner bonne conscience Verlaine tait d s 1866 oppos non seulement l Empire mais la R publique bourgeoise ce qui aide expliquer la relative continuit de ses prises de position apr s sa conversion 2 Pendant la p riode 1866 1873 la censure a emp ch les crivains de s exprimer librement celle de l Empire mais aussi apr s f vrier 1871 celle plus dure encore d une R publique dirig e par les monarchistes moins de s exiler comme Hugo l avait fait ou de se faire emprisonner pendant de longues ann es les critiques de ces r gimes devaient recourir des formes de contrebande litt raire Du coup le risque tait grand de se livrer une opposition invisible ou du moins facilement neutralis e et r cup r e Il est difficile de savoir combien d amis de Verlaine taient conscients du sens de certains de ses po mes comme C sar Borgia ou Grotesques mais on peut penser que pour La Mort 11 Mentionnons surtout les travaux de Beno t de Cornulier qui ont donn une impulsion r volu tionnaire la m trique fran aise et notamment l tude de l uvre de
7. thode de cr ation baudelairienne pour trouver sa propre voix Il fera donc partie de cette cole Baudelaire dont le mentor bien involontaire a constat les exag rations pu riles en voquant pr cis ment l essai que lui avait consacr Verlaine Comme Poe dans The Philosophy of Composition essai import sous la forme de La Gen se d un po me par Baudelaire comme Baudelaire aussi Verlaine allait l encontre des th ories expressives les plus habituelles du romantisme lyrique pour pr cher la composition lucide contre la fr n sie la facture soign e contre la facilit I ne s agissait pas plus pour lui que pour Poe ou Baudelaire d vacuer r ellement les aspects non rationnels de la cr ati vit ils croyaient tous quelque chose que l on peut appeler l inspiration mais ces derniers voulaient r agir contre tout ce qui avait plomb la po sie lyrique de l poque en apportant des antidotes Mais si les Parnassiens ont pu tre trait s de Formistes et surtout d Impassibles comme une v ritable cole anti romantique dont les repr sentants les plus purs seraient outre Leconte de Lisle Heredia Dierx et France on oublie trop souvent une vidence martel e par Ricard par le fondateur du Parnasse contemporain Catulle Mend s et aussi par Verlaine le Parnasse contemporain n avait pas en soi de doctrine ni de chef mais un certain nombre de ma tres Leconte de Lisle Gautier Banville m
8. Steve Murphy INTRODUCTION VERLAINE PARNASSIEN Car il ne fut jamais dupe Baudelaire au sujet de Poe Avec Verlaine on est toujours plus ou moins dupe Son uvre peut souvent prendre l apparence d une berceuse m lancolique volontiers sentimentale o le lecteur se laisse charmer par une petite musique qui semble couler de source On pourrait n anmoins imaginer face aux habituels floril ges de l uvre une contre anthologie qui pr f re la discordance rauque des corbeaux l harmonie m lodieuse des rossignols la violence des sentiments politiques au consensus dans la douceur transhistorique l ironie et la blague si corrosives dans cette uvre la sinc rit primesauti re et na ve que l on pr te habituelle ment au po te S agirait il alors de choisir Croquis parisien et S r nade contre Chanson d automne et Cr puscule du soir mystique ou Birds in the Night contre l ariette oubli e IIl Non certes mais simplement de rappeler que Verlaine n est ni atone ni monotone souvent il d ton n e et il tonne par l extr me h t rog n it l encyclop die des motions suscit es S lectionner un Verlaine prototypique ce serait moins alors pratiquer ce filtrage de s mes o le regrett Michael Riffaterre voyait l une des obliga tions herm neutiques impos es par la redondance que r duire le pluriel du sens une pure et triste st r otypie Verlaine aurait
9. a mort d o un autre d tournement strat gique dans sa d fense de Baudelaire au lieu d excuser Une charogne comme une excep tion Verlaine essayera de montrer que le po me est typique de son g nie sans y cantonner pour autant celui qui d plorait dans une lettre Nadar de passer pour le Prince des charognes Baudelaire avait beaucoup fait pour entretenir cette l gende d un po te pervers presque vampirique Et lorsque commentant les possibles mobiles des fortes dissonances rythmiques dans Les Fleurs du Mal Verlaine suppute le d sir du po te de contrarier un peu le lecteur chose toujours voluptueuse il donne une clef pour la lecture de ses propres recueils Contrarier un peu le lecteur peut prendre la forme d une c sure qui le fait tr bucher dans sa lecture cursive l obligeant de relire le vers et d essayer de trouver une mani re d viter la discordance Aujourd hui le lecteur a tendance passer travers ces paysages rythmiques sans la moindre inqui tude puisqu il ne sent pas la concordance la justesse des vers pourquoi percevrait il ces dissonances ou carts par rapport aux conventions l poque la provocation d motions toute la palette allant de l intense tristesse l indignation morale au d go t l hilarit tait assur e en partie par ces signaux par un essaim de discor dances que le lecteur allait essayer d viter sans pouvoir y parvenir vraiment tant ses horizons d a
10. ais aussi pour beaucoup d entre eux Baudelaire et Hugo Comment imaginer que Gautier et Banville auraient jou un tel r le dans un mouvement franchement anti romantique eux qui n avaient jamais rompu avec le romantisme et qui n avaient jamais cess d admirer Hugo Si certains se ralliaient la mode de l impassibilit bien d autres aspiraient aboutir une nouvelle ann e 1830 redonner au romantisme son souffle perdu L id e d un Verlaine b tement parnassien c est dire parnassien dans l id e ab tie que le clich monochrome a retenue de ce mouvement en v rit multicolore s est incarn e en particulier dans la m connaissance de la port e pragmatique contemporaine des m tapo mes saturniens ou plus simple ment des Po mes saturniens voir ici l article de Dominique Combe 10 Introduction Verlaine parnassien Parfois en attribuant Verlaine une v ritable incapacit de s arracher aux bras visqueux du Pastiche Parfois en lui imputant un opportunisme litt raire prenant la forme de flagorneries destin es amadouer Leconte de Lisle Mais si Verlaine tait avide de m thodes de provocation permettant de le mettre en vedette s attaquant au f roce Barbey d Aurevilly d fendant le sulfureux Baudelaire il se fondait sur des convictions fermes Ce n est pas Leconte de Lisle que Verlaine a consacr un article mais bien Baudelaire au po te de l Imagination moderne et non pas celu
11. blant en cela aussi la m thode baudelai rienne consiste r cuser le contrat autobiographique de type lamartinien par une sorte de d multiplication de l instance lyrique qui peut dire que le locuteur de J suitisme est le m me que celui de Mon r ve familier D o une d personnalisation relative qui n est en rien un d ni du subjectif Tandis que les F tes galantes travaillent l artificiel l artificialisme interdisant plus encore au lecteur comme Les Amies de faire le portrait psychologique d un sujet lyrique tel que celui qui par exemple se trouve au c ur des Contemplations celui ci tant lui m me irr ductible bien entendu au po te empirique les Romances sans paroles contemporaines des po mes de Rimbaud voqu s par Verlaine r introduisent par un balisage des marges des po mes des dates et localisations au bas de bon nombre des po mes les implications chronologiques de lieux voqu s dans les titres l id e d une po sie puisant dans des sources autobiographiques o la s paration avec Mathilde aurait un peu le statut traumatique de la mort d Elvire ou de L opoldine On sait que Birds in the Night a failli s intituler La Mauvaise Chanson le recueil appara t comme le pendant d ceptif des espoirs de La Bonne Chanson ce rapport tant assur dans la version du manuscrit par une pigraphe tir e d un po me du recueil de 1870 ce qui aurait confirm pour ceux qui avaient lu la
12. erlaine qu aurait t lisa Dujardin Il n est pas certain qu il ait eu tort en all guant un amour sans espoir pour cette cousine du po te mais on a fini par voir dans les mar cages des Paysages tristes ceux de L cluse o habitait lisa au point de ne plus y savoir lire un habitat all gorique de l enlisement les moiteurs du front du sujet lyrique de Mon r ve familier finissant par prouver que Verlaine avait toujours ces mauvaises habitudes que Gide allait r v ler dans S le grain ne meurt et dont le po te avait fait l aveu dans ses Confessions ce qu expliqueraient ses inhibitions et complexes surtout sa certitude d tre tr s laid et son autre vice l homosexualit d o un v ritable roman saturnien o la posture critique n est pas d une absolue impassibilit Se refusa t elle en femme aimante mais r fl chie l appel trop pressant de ces humbles ab mes qui contrairement ce qu ont cru longtemps des critiques troits sont aussi authentiques et possessifs dans leur frissonnant myst re j ai pass des soirs y r ver et j en atteste les photographies jadis guid es par leur contemplation que leur victorieuse et frissonnante visiteuse Fut elle soudain lasse de vivre au dessus d elle m me Son cousin par son exaltation m me lui inspira t il la peur des voyages sans retour et sans compensations futures Qui sait On a pu de m me sur la base d une petite allusion
13. es m tapo mes o l on a voulu trouver cette impassibilit sont d une magistrale perversit Les chiasmes ronflants et cuistreries hyperboliquement appuy es du Prologue ont t souvent mis l actif d un blanc bec po tique ayant des propensions de cam l on on a pu prendre au pied de la lettre l interrogation rh torique de l pilogue Est elle en marbre ou non la V nus de Milo sans voir qu il s agissait d une formulation d un humour presque potachique On a pu prendre avitri avec son injonction faisons nous impassibles pour un slogan parnassien en trois quatrains comme si l h ro ne tait rest e trois jours et trois nuits sans bouger en c l bration de l Art pour l Art alors que son impassibilit physiolo gique sert sauver son poux d o la condition nonc e dans la foul e de l injonction pr cit e Mais comme elle dans l me ayons un haut dessein Ce n est pas l Impassibilit qu affiche ce po me mais la Passion de Cavitrf Ce qui permet de comprendre la v ritable morale du po me la Passion ne doit plus tre exprim e cr ment mais de mani re indirecte et implicite se d faire de cette Passion des motivations affectives ne pourrait que vider la po sie de son sens Tout ainsi est dans la strat gie po tique On a beaucoup pari sur la na vet de Verlaine mais dans une incidente de son essai consacr Baudelaire il d montera le m canisme de cet
14. i qu il consid rait sans doute comme l un des po tes par excellence du pass Comme le dira Rimbaud dans sa lettre dite du Voyant le 15 mai 1871 Les seconds romantiques sont tr s voyants Th Gautier Lec de Lisle Th de Banville Mais inspecter l invisible et entendre l inou tant autre chose que reprendre l esprit des choses mortes Baudelaire est le premier voyant roi des po tes un vrai Dieu Baudelaire avait d j pourfendu cette cole pa enne en 1852 Mais il suffit de se pencher sur les d dicaces dans les Po mes saturniens pour comprendre que si l ambition avait t ce point la motivation principale de Verlaine il se serait comport autrement M me l poque qui connaissait Boutier et Winter Copp e lui m me tait un illustre inconnu au m me titre que Verlaine On veut souvent voir dans la d dicace Mend s des Paysages tristes un hommage insinc re au fondateur du Parnasse contemporain mais on perd ainsi de vue la mani re dont son propre Rossignol r pond celui publi par Mend s dans Philom la en pr supposant que Verlaine ne pouvait vraiment aimer ce dernier recueil on pr juge des go ts du po te Tout en s opposant dans une lettre sa m re l id e de prostituer les choses de famille l auteur des Fleurs du Mal avait reconnu l existence dans son recueil de pi ces allusionnelles des d tails intimes de leur ancienne vie Verlaine allait adopte
15. ignifierait charbon fait de vase et de d bris v g taux dans Nuit du Walpurgis classique croire que les spectres agit s en tourbe caden c e se trouvent en pleine d composition devers signifierait renvers es dans toutes devers Le printemps V u dans Et se pendant apr s mon sort se pendant signifie rait cependant dolente signifierait paisible L Angoisse le titre Sub urbe signi fierait sous la terre gouge serait un outil tranchant S r nade les Sodomes sont des villes d bauch es ce qui n est pas faux mais un peu euph mique pour le sens de ce toponyme dans Marco niell es signifierait g t es tach es dans pilogue Verlaine Po mes saturniens d Alexandre Gefen Petits Classiques Larousse 2004 16 Introduction Verlaine parnassien la peine d en faire l analyse Depuis le d but des ann es 1980 pour la m tri que et depuis les ann es 1990 pour l dition et les approches historiques et esth tiques on a commenc s attaquer aux clich s qui faisaient obstacle la recherche Le pr sent volume r uni dans le cadre de l Agr gation ne repr sente pas une r ponse unique ou des r ponses convergentes aux diff rents probl mes pos s par l uvre mais ouvre tant t des investigations dans des secteurs jusqu ici laiss s en friche tant t un d bat o la polyphonie m me de volume
16. ire avalaient sans r flexion les notions d inspiration et de spontan it cr atrice port es par Lamartine et surtout par Musset qui restaient au c ur de l image projet e au public de ce que devait tre le g nie po tique Telle est la duperie d nonc e par l essai consacr Baudelaire Une autre guitare qu il serait temps aussi de rel guer parmi les vieilles lunes et qui non moins b te et plus pernicieuse en ce sens qu un peu de vanit pu rile s en m lant elle fait des dupes jusque chez les po tes c est l Inspiration On conclut un peu trop vite d autant que Verlaine a lui m me confort cette supposition que dans les Po mes saturniens une influence parnas Steve Murphy sienne encombrante c toie une s rie de po mes r ellement originaux s arra chant comme par miracle cette innutrition Pourtant le mod le baudelairien se trouve au c ur des Paysages tristes o Verlaine situera l un des picen tres de son originalit saturnienne et il le sait bien Avec sa r f rence au titre baudelairien Cr puscule du soir son allusion aux fleurs maladives de la d dicace Gautier des Fleurs du Mal avec ses dahlias et tulipes provenant du stock botanique de l Invitation au voyage en prose et sa forme apparent e de loin au pantoum d Harmonie du soir Cr puscule du soir mystique exhibe la jubilation d un amateur de Baudelaire qui sait qu il peut se servir de la m
17. onnisme litt raire une r vision Po tique n 121 f vrier 2000 p 61 92 Arnaud Bernadet En sourdine ma mani re Pour une po tique de la voix chez Paul Verlaine tude de Po mes saturniens F tes galantes La Bonne Chanson Romances sans paroles et Sagesse 1866 1889 th se dirig e par G rard Dessons universit Paris VIII 2003 et Nicolas Wanlin Du pittoresque au pictural Valeurs et usages des arts dans la po sie fran aise de 1830 1872 Aloysius Bertrand Gaspard de la Nuit Th ophile Gautier uvres po tiques compl tes Paul Verlaine Po mes saturniens et F tes galantes th se dirig e par Georges Molini universit de Paris Sorbonne Paris IV 2006 16 Paul Verlaine 1 F tes galantes pr c d de Les Amies et suivi de La Bonne Chanson 2 Romances sans paroles Cellulairement 3 Sagesse Le Livre de poche classique 2000 2002 2006 respectivement On consultera galement le Verlaine publi par Olivier Bivort aux Presses de l universit de Paris Sorbonne en 1997 dans la collection M moire de la critique 17 Honor Champion 2003 Nous publierons prochainement des ditions critiques des Po mes saturniens et des F tes galantes chez le m me diteur avec des documents in dits 18 Catalogue de la vente Drouot du 31 mai 2005 D Courvoisier exp 17 Steve Murphy Romances sans paroles Celle qui est rest e en France Elle est si jeune Choderlos de Lacl
18. os les liaisons dangereuses Vous n avez pas eu toute patience Cel se comprend par malheur de reste Vous tes si jeune et l insouciance C est le lot amer de l ge c leste Vous n avez pas eu toute la douceur Cel par malheur d ailleurs se comprend Vous tes si jeune ma froide soeur Que votre c ur doit tre indiff rent Aussi me voici plein de pardons chastes Non certes joyeux mais tr s calme en somme Bien que je d plore en ces mois n fastes D tre gr ce vous un lamentable homme Bruxelles le 5 7bre 72 P Verlaine suivre 18
19. peut tre accord Poe que la m lancolie tait le plus l gitime des tons po tiques mais qu aurait il r pondu ceux qui confondent le plus avec le seul Sainte Beuve essayant de d fendre Baudelaire sa mani re l gitimait mollement l originalit de ses sujets en se fondant sur une supposition d sabu 1 Charles Baudelaire uvres compl tes d Claude Pichois Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade t 2 1976 p 321 Steve Murphy s e l auteur des Fleurs du Mal aurait t contraint de choisir le macabre l obsc ne et le blasph matoire les autres territoires de la po sie lyrique suppor tant d j des campements trop peupl s explication par la d mographie qui renvoyait le po te comme on le sait la pointe extr me du Kamtschatka romantique Verlaine apr s avoir sembl flatter un peu Delorme fera tr s exactement le contraire s employant prouver que Baudelaire avait r volu tionn le traitement lyrique des th mes que l on avait pr tendument puis s le splendide isolement du po te gothico porno satanique disparaissant devant l image d un po te capable m me d arracher l amour aux mains des quaris seurs Verlaine n oublie pas pour autant les aspects les plus choquants de l uvre en un mot le c t bousingot de Baudelaire son romantisme parfois noir sa proximit avec les Philoth e O Neddy et P trus Borel avec le Gautier de La Com die de l
20. r au c ur des d fini tions de ce mouvement aux contours en r alit tr s flous et malgr tout r fractaires la d finition Verlaine fera partie de l quipe de po tes qui apr s l interdiction de la Revue du Progr s de leur ami Louis Xavier de Ricard r cidivera d une mani re paradoxale avec la nouvelle revue de ce dernier L Art revue qui affichait des revendications tr s diff rentes de celles du Progr s L Art pour l Art a t il remplac l art pour le progr s et le ralliement Leconte de Lisle et Gautier l adh sion une po sie du combat telle que la pr conisait Hugo dans sa pr face de William Shakespeare et dans Les Ch timents Ce qui est s r c est que la bande de po tes de L Art semblera donner dans ses ferventes d fenses de l art pur une premi re manifestation parfaite de ce Parnasse d fini par un certain nombre de conditions n cessaires et suffisantes l attention scrupu leuse port e aux propri t s formelles du po me allant de pair avec la m fiance devant l id e m me de l inspiration l impassibilit refus du sentimental et de l autobiographique l apolitisme et le culte unique de l Art une pr dilec tion pour les sujets historiques et descriptifs Les jeunes po tes ont d lib r ment exag r comme le reconna tra jovialement le Verlaine des d cennies suivantes pour s attaquer au D braill de milliers de po tes lyriques qui tels des gobe mouches pour reprendre une m taphore de Baudela
21. r la m me approche dans ses tout premiers recueils Or la critique baudelairienne a d pens beaucoup d nergie dans la recherche de cycles concernant Jeanne Duval Madame Sabatier Marie Daubrun ou de plus pisodiques passantes et prostitu es et l uvre du po te saturnien a suscit de m me une prolif ration d hypoth ses biographiques Pour lui aussi jouera ce principe paradoxal expos par Philippe Lejeune On voit l importance du contrat ce qu il d termine en fait l attitude du lecteur si l identit entre personnage et auteur n est pas affirm e cas de la fiction le lecteur cherchera tablir des ressemblances malgr l auteur si elle est affirm e cas de l autobiographie il aura tendance vouloir chercher les diff rences erreurs d formations etc En face d un r cit d aspect autobiogra 3 Lettre sa m re du 11 janvier 1858 Correspondance d Claude Pichois Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade t 1 p 445 Steve Murphy phique le lecteur souvent tendance se prendre pour un limier c est dire chercher les ruptures du contrat quel que soit le contrat Tandis que Lepelletier proposait l image d un Verlaine saturnien qui ne parlait jamais de sa propre vie Jacques Henry Bornecque partant de l absence de contrat autobiographique s est justement propos comme limier s ver tuant traquer les indices laiss s spectralement par le grand amour de V
22. te na vet feinte et de la spontan it savam ment et longuement pr par e Recette la po sie ne consisterait elle point par hasard ne jamais tre dupe et parfois le para tre Quel na f que ce malin dira Verlaine de Poe en 1873 CG 1 314 comme il crira au sujet de Rimbaud qu il vira de bord et travailla lui dans le na f le tr s et l expr s trop simple n usant plus que d assonances de mots vagues de phrases enfan tines ou populaires I accomplit ainsi des prodiges de t nuit de flou vrai de charmant presque inappr ciable force d tre gr le et fluet Pr 656 Le na f se fait expr s par un travail o exprimer l enfantin est la preuve d une grande maturit et o le flou est l aboutissement d une conception tr s pr cise Quel malin que ce na f8 7 Dans cette introduction nous utilisons deux abr viations CG 1 Paul Verlaine Correspondance g n rale d Michael Pakenham Fayard t 1 2003 Pr Verlaine uvres en prose compl tes d Jacques Borel Gallimard coll Biblioth que de la Pl iade 1972 8 Voir en particulier James Lawler Verlaine s naivet Essays in French Literature novem bre 1965 p 66 102 et Solenn Dupas La figure po tique de Pauvre L lian ou les malices de Paul Verlaine Yann Fr my d Forces de V Revue des sciences humaines 285 p 189 205 Steve Murphy La m thode saturnienne ressem
23. tion d tats d esprit d piphanies et de m lancolies qui ludent l intellectuel le rh torique et a fortiori le th orique Protocole de lecture favorable la t che de l ensei gnant Ce dernier serait dispens de tout travail sur le lexique de Verlaine alors que parfois le recours un dictionnaire usuel et un vrai effort d lucida tion contextuelle viterait bien des m prises 14 le po te se tromperait un peu partout dans son choix de mots Sa versification pr tend on parfois coulera t de source dans les bons po mes alors qu d autres moments le manque d inspiration tarirait le flux de paroles rythm es de sorte que le po te use sans vergogne de chevilles d plorables Avec quelques id es re ues touchant les caract ristiques immanentes des vers impairs l aide d une analogie galvau d e forc e et anachronique entre Verlaine et les impressionnistes on se permet d escamoter les vraies po tiques de Verlaine o l alexandrin dissonant a au moins autant d originalit que les heptasyllabes Quant l organisation de chaque recueil puisqu on est s r qu il n y en a pas pourquoi se donner 13 Ibid et le site internet de C Herv http perso orange fr romances sans paroles 14 Relevons quelques d finitions pr lev es dans une r cente dition livret p dagogique l appui le Ko Hinnor serait une mine fabuleuse R signation et le Styx une fontaine mortelle S r nade tourbe s
24. ttente rythmique jouaient un r le central dans sa lecture de la po sie D o les questions conjointes en r alit mais souvent disjointes dans le discours critique de Baudelaire et du Parnasse L mergence de Verlaine est incompr hensible sans l clairage de la crise du lyrisme romantique vidente depuis d j une bonne dizaine d ann es au moment de la publication des 2 Dans Des prochaines lections de l Acad mie voir Andr Guyaux Baudelaire Un demi si cle de lectures des Fleurs du Mal 7855 1905 Presses universitaires de Paris Sorbonne 2007 p 347 Introduction Verlaine parnassien Fleurs du Mal en 1857 Dans la pr face aux Po mes antiques Leconte de Lisle avait proclam d s 1852 l tat moribond du romantisme la lassitude d un public devant l abus du th me personnel Le lyrisme aurait t pris dans deux pi ges sym triques celui de la prostitution par la confession autobio graphique de sentiments qui auraient d tre cach s celui du cabotinage et du mensonge l histrion po tique s inventant une vie en tous points fictive Entre la complaisance impudique et l abus de confiance Leconte de Lisle ne semblait envisager d autre solution que l tude et le retour aux sources vives de la po sie antique grecque indienne scandinave Contre la passion l impassibilit Et justement on d finira commun ment le Parnasse en ces termes ce qui explique que Leconte de Lisle ait pu reste
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