Habiter poétiquement le monde
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1. ph m re dont on ne sait rien sinon qu il a eu lieu A travers ce certificat l artiste semble vider la conversation de son contenu pour mettre en vidence sa seule forme C est l change la discussion per ue comme une sculpture orale ph m re qui mat rialise une uvre dont il ne subsiste qu une trace crite On s interroge Qu est ce qui fait uvre ici Est ce le morceau de papier accroch au mur qu il faut regarder Est ce l change dont il t moigne qu il faut imaginer Ou est ce l absence dans notre pr sent d une action pass e sa disparition m me qu il faut appr hender uvre radicale extr me qui en donnant presque rien voir donne paradoxalement beaucoup penser quand la nature m me des uvres leurs mati res et leurs formes enfin mancip es des limites de l objet Anna Oppermann 1940 1993 Ses uvres constitu es de milliers de notes de dessins de photographies et d l ments divers rassembl s dans de grandes installations semblent premi re vue constituer une source d archives intimes jet es en p ture au public Toutefois face cette multitude de d tails et de m diums diff rents l il du visiteur s puise trouver une coh rence ces Ensembles En effet les l ments qui constituent les uvres sont pour la plupart des photos et des dessins d autres Ensembles ce qui cr e une dimension kal idoscopique D s les ann es 60 le terme Ensembles2. son territoire du crayon En r alit toute une r partition des t ches de l crivain se r gle de cette fa on les travaux au crayon forment une esquisse des textes qu un travail de copiste effectu par lui m me transcrit dans un second temps et l encre pour la publication Des liasses de ces feuillets ont t retrouv es dont certains textes ont t publi s Entre autres il me semblait que je pouvais travailler au crayon de mani re plus r veuse plus calme plus paisible plus contemplative je pensais que cette m thode de travail se transformerait en un singulier bonheur crit il dans cette m me lettre L attention du lecteur s accroche particuli rement au conditionnel du verbe transformer qui laisse merger l irr alit Est ce celle d avoir r v d une analogie fusionnelle et absolue du monde et de l criture jamais atteinte Lisons ailleurs dans La Promenade les traces de cet enchantement d senchant La chanson que chantait la petite paraissait tre d un genre tout fait joyeux et heureux Les notes retentissaient comme le bonheur lui m me le jeune et innocent bonheur de vivre et d aimer elles s lan aient comme des figures d anges aux ailes all gres immacul es comme la neige vers le ciel bleu d o elles paraissaient ensuite retomber pour mourir en souriant Cela ressemblait une 1 20 ans furent n cessaires au d chiffrement de ces textes de 198
3. du litt raire et de l art du langage celui de l art en g n ral red fini comme mode de pr sence au monde Le po te Yves Bonnefoy ne d finit pas la po sie autrement En cons quence ces pr suppos s n cessitent de la part du visiteur plusieurs pas de c t ils obligent regarder autrement les uvres expos es non plus seulement comme des objets formels contempler le visible mais comme les traces et les gestes d un sujet t moignant d une mani re d exister et de penser po tiquement le monde l invisible La cr ation artistique ainsi reli e l existence de l artiste ne se con oit pas ici comme repr sentation du monde 2 elle devient espace po tique trac par la pr sence de l artiste et habit de son int riorit L uvre de Ian Wilson est cet gard embl matique qui trace un cercle dont le contenu reste secret aux yeux du visiteur Il Pour quelques rep res un aper u rapide de l exposition Autant dire que la notion d espace l espace du monde et l espace de l uvre l existence de l artiste pas syst matiquement au sens biographique constituent la probl matique fondamentale de l exposition Les uvres d clinent une multitude d espaces territoires imaginaires ou r els urbain naturel scriptural mental cartographique photographique une multitudes de formes pr lev es au c ur m me du quotidien collection liste objet livre habitacle habit dess
4. uvre s che et stricte des dessins de m moire qu elle laisse derri re elle comme autant de cailloux pour retrouver le chemin de son pass 13 lan Wilson entre pr sence et absence Un cercle trac la craie m me le sol du mus e s efface progressivement sous les pas des visiteurs jusqu dispara tre compl tement Pendant tout le temps de l exposition le cercle est r guli rement retrac r activ et tout aussi r guli rement effac e Entre apparition et disparition ce cercle fragile affirme autant une pr sence qu une absence Mais qu on ne s y trompe pas l uvre ne dispara t pas quand le dessin dispara t elle est autant mat rielle qu immat rielle et se situe justement sur cette fronti re Entre pr sence et absence l uvre oscille entre deux tats Cette mise en question de la mat rialit de l uvre est au c ur des r flexions d velopp es par les artistes conceptuels depuis les ann es 60 auquel Ian Wilson a largement pris part A proximit de ce cercle une autre pi ce du m me artiste d veloppe des r flexions similaires Sur une simple feuille de papier accroch e aux cimaises quelques mots dactylographi s t moignent d une conversation There is a discussion Le message lapidaire administratif ne mentionne ni le lieu ni la date o s est d roul e la discussion seule la signature de l artiste vient authentifier l action Le texte renvoie un moment v cu
5. te voque au d but sans pittoresque et grands traits le monde l aide de quelques l ments de la nature le ciel le soleil l hirondelle ou encore quelques objets le toit la t le la girouette dessinant formes et couleurs Le regard ainsi pos sur le monde pose un tremplin la r flexion existentielle et philosophique Un homme quand la vie n est que fatigue un homme Peut il regarder en haut et dire tel Aussi voudrais je tre Oui Tant qu en son c ur Dure la bienveillance toujours pure L homme peut avec le divin se mesurer Non sans bonheur Dieu est il inconnu Est il comme le ciel vident Je le croirais Plut t Telle est la mesure de l homme Riche en m rites mais po tiquement toujours Sur terre habite l homme Mais l ombre De la nuit avec les toiles n est pas plus pure Si j ose le dire que L homme qu il faut appeler une image de Dieu Est il sur la terre une mesure Il n en est Aucune Le philosophe allemand Heidegger a comment l expression dans une conf rence en 1951 intitul e Po tiquement habite l homme puis dans lessai Qu est ce que la m taphysique H lderlin et l essence de la po sie Il y r cuse l acceptation usuelle de se loger pour le verbe habiter et lui attribue bien une dimension existentielle la mani re d habiter le monde d y exister fonde la condition humaine Heidegger largit aussi le domaine de la po sie au del
6. v lera qu au terme du parcours invite se projeter dans le futur de l exposition N e en Pologne Helene Reimann exerce la profession de marchande de chaussures Mari e m re de sept enfants elle est intern e du fait d une schizophr nie en 1938 cet internement co ncidant avec la vague d extermination des malades mentaux par les nazis Elle chappe au massacre en se cachant chez l une de ses filles Dans l imm diate apr s guerre elle est admise l h pital psychiatrique de Bayreuth o elle mourut l ge de quatre vingt quatorze ans C est l qu elle commence sa production artistique en cachette du personnel de l h pital Son uvre autobiographique tente la sauvegarde de sa m moire d avant son internement En 1975 le professeur Boeker prend la direction de l h pital et commence tudier son uvre Le travail de Helene Reimann s attache aux objets du quotidien des chaussures des robes des meubles des fleurs et des fruits Face la d possession que lui impose la maladie elle se lance dans l inventaire de tout ce qui a fait partie de sa vie de tout ce qui lui revient l esprit par le biais du dessin Chez Helene Reimann l objet pr domine et supplante le corps qui le porte Sa production est consid rable du fait d une pratique obsessionnelle du dessin Son propos s v re l extr me une longue num ration d objets aux formes angulaires g n ralement en noir et blanc donne naissance une
7. 1 renvoient une s rie de marines plus ancienne Dans cette s rie de dessins l artiste utilise la mine de plomb sur un papier peint au pr alable l acrylique gris clair Les subtils d grad s de gris qui rendent parfaitement compte du relief et l extr me minutie avec laquelle l artiste dessine chaque d tail donne au visiteur l impression d tre face une photographie Comme les artistes hyperr alistes Vij Celmins travaille toujours d apr s photographies Elle reproduit une image bidimensionnelle dont elle laisse parfois percevoir la plan it comme dans Moonscape 1968 ou Zeppelin 1968 Dans Untitled Ocean with Cross 1 elle laisse appara tre une croix blanche en r serve Ces lignes viennent rompre l illusion de la profondeur donnant discr tement voir la plan it du support La nature ainsi repr sent e n est pas le seul sujet de l uvre elle est un pr texte questionner l art comme lieu de repr sentation et espace d illusion Le po te marcheur Hamish Fulton Hamish Fulton n en 1946 affirme que marcher transforme Depuis le d but des ann es 1970 il parcourt le monde pied Il ne rapporte rien de ses voyages ni de pierres ni d autres l ments qu il utiliserait comme traces sculptures Il a r alis plusieurs centaines de marches dans 24 pays qui repr sentent des milliers de kilom tres parcourus imposant sa d marche comme fait artistique par des expositions des photog
8. Les travaux crits des l ves seront mis en r sonnance avec certaines attitudes po tiques d crites plus haut On pourra aussi faire lire une nouvelle de science fiction de Ray Bradbury L Arri r fran ais classe de coll ge 4 3 et de lyc e 2de qui raconte l arrestation d un vieux po te consid r comme dangereux cause de sa mani re de vivre po tiquement Reste pourtant que les contours du po tique chappent toujours un peu surtout au jeune visiteur qui en dehors de la classe de terminale en philosophie et au del ne fera pas le d tour par la pens e d Heidegger La d finition de la po sie sera tout de m me un recours Ainsi le sens tymologique h rit du mot grec poe en fabriquer et produire le langage attache la po sie au r le d miurgique du cr ateur autant qu au travail artisanal du po te La figure d Orph e incarne ce r le de d miurge capable de cr er un monde apr s la disparition d Eurydice il se r fugie sur le mont Rhodope d sertique pour y chanter sa peine accompagn de sa lyre Aussit t les arbres et les animaux s duits par son chant accourent des autres r gions pour y peupler de nouveau le mont Ovide Les m tamorphoses Chant X classes de coll ge 6 fr s 4 mes latin et de lyc e 1 res fr s Le mythe sera confront l uvre d un artiste choisi dans le descriptif des sections de l exposition qui suit Anna Oppermann Monsieur G La d finition su
9. d architectes utopistes partir de 1935 Rizzoli opte d finitivement pour le dessin et donne vie ses visions d architectures imaginaires Dans la d cennie qui suit il produit une s rie de dessins tr s d taill s mettant en sc ne des b timents spectaculaires le tout l encre color e sur du papier de mauvaise qualit Certaines de ces uvres se pr sentent comme des portraits symboliques d amis ou de membres de la famille de l artiste La personne aim e se personnifie dans une architecture partir des ann es 50 il travaille de nouvelles transfigurations architecturales son uvre devient plus mystique avec des allusions au monde religieux Son dernier grand projet intitul Celestial Extravaganza combine prose vers et dessins l encre d architectures imaginaires sur pr s de 300 feuillets Le langage d structur de Raoul Hausmann L exposition pr sente un ensemble de dessins de Raoul Hausmann repr sentant des lettres parfois d coup es et coll es le plus souvent peintes l encre ou la gouache sur papier Dans Nuit noire 1963 quelques mots sont encore identifiables mais les multiples sens de lecture et la diversit des caract res emp chent une lecture lin aire et donne voir un enchev trement chaotique de lettres Le plus souvent la forme des mots prend le pas sur le sens comme dans le dessin Sans titre 1964 dans lequel l artiste fait ressortir les voyelles A E I O U par la couleur au d
10. rent plus l int r t du public ni des professionnels partir de 1927 une grave crise psychique l am ne accepter d tre intern la clinique de la Waldau pr s de Berne En 1933 il est transf r de force Herisau dans le canton d Appenzell o il y m ne une vie ordinaire qu il souhaite confondue avec celle des autres pensionnaires pendant 23 ans L son travail litt raire s interrompt d finitivement Il meurt en 1956 d une d faillance cardiaque lors d une promenade dans la neige Un ensemble de petites proses et po sies qui s intitule La Promenade 12 date de 1917 On peut y lire propos d un auteur en qui reconna tre ais ment R Walser D ici l cependant il aura aussi bien parcourir encore bien du chemin qu crire bien des lignes Mais l on ne sait que trop qu il aime tout autant se promener qu crire encore qu il aime peut tre un tout petit peu moins cette derni re activit Lien est ici tabli entre la marche et l criture comme si l une provoquait l autre ou ou que l crivain pouvait passer de l une l autre bords perdus Dans Retour dans la neige la nouvelle Le Greifensee du nom d un petit lac cette porosit de la marche et de l criture est explicite De quelle mani re il le lac m attire et pourquoi je suis attir le bienveillant lecteur le saura s il continue s int resser ma description qui se permet de sauter par dessus
11. sont une entr e dans les programmes du coll ge et du lyc e qui permettent d effectuer le lien avec cette partie de l exposition Math matiques on pourra aborder les notions de mesure d chelle et de proportionnalit EPS l orientation et la gestion du corps dans l espace Arts plastiques on s appuiera sur le programme de 4 me fond sur les images et leurs relations au r el en voquant les visions urbaines des artistes et au lyc e sur le programme de terminale L pour ce qui concerne la relation du corps l uvre Aborder en 4 me la symbolique de la ville par la signal tique l all gorie la synecdoque Travailler la repr sentation d un lieu selon diff rents points de vues selon diff rents types de perspectives centrale ou cavali re ou en rabattant tous les l ments au plan du support D s lors des r f rences autres l exposition nous conduisent vers des artistes qui depuis les ann es soixante privil gient dans leur uvre le monde urbain C est le cas de Jacques Monory Peter Klasen mais aussi des photographes comme Robert Doisneau ou Andr as Gursky Des artistes comme Banksy Ernest Pignon Ernest ou encore Jeff A rosol s approprient aussi les murs de la ville en y laissant leurs r alisations sous forme de collage ou de pochoirs Pour le lyc e il sera int ressant de proposer des sujets probl mes dans lesquels l activit du corps est transform e en trace criture ou volume travail dans
12. un outil pour vivre pleinement le temps dans lequel je vis et un outil pour aller la rencontre du monde qui m entoure Attraction et r pulsion pour la ville Willem Van Genk R alis e partir de notes prises lors de s jours effectu s Madrid Moscou Prague Paris Rome Copenhague Cologne mais aussi de voyages imaginaires dont la source se trouve dans des ouvrages Van Genk dessine au crayon puis retrace les lignes l encre de diff rentes couleurs La Haye son petit atelier appartement est couvert d affiches et de ses dessins collages Il est aussi envahi de livres de revues d objets souvenirs ou de mappemondes Tous ces l ments forment comme une membrane protectrice et un support de travers e Habiter po tiquement ditions LaM 2010 Dans un entretien de Fran ois Piron avec Thomas Hirschhorn p 91 Idem 7 idid du monde de la m me mani re que sont les imperm ables qu il collectionne modifie et qu il rev t pour se prot ger des bruits et de la fureur de la ville Ses dessins collages se composent d une juxtaposition de plans vues a riennes perspectives acc l r es Tr s color es qui font penser de la bande dessin e et dont le th me principal est la ville tentaculaire et oppressante Panoramas urbain Titus Matiyane Titus Matiyane africain du sud est maintenant connu pour ses panoramas dessin s repr sentant des grandes villes travers le monde Les dessins conserv s d
13. yeux du monde et une fa on de s attacher de ne pas se perdre Ce geste met ainsi en avant la notion de g mellit qui traverse toute l uvre de Boetti certaines de ses pi ces existant en plusieurs exemplaires La question de l identit de la mutation les figures du jumeau et du chaman sont au c ur de cette uvre qui est aussi celle d un grand voyageur 22 Les architectures personnalis es d A G Rizzoli C est en 1990 que l uvre de Rizzoli 1896 1981 merge sur le march de l art am ricain au travers des recherches men es San Francisco par la collectionneuse et galeriste Bonnie Grossman L uvre qu elle d couvre dans le garage du neveu de l artiste est tonnante des dessins d architectures extr mement d velopp es mais totalement imaginaires utopiques Elle apprend que Rizzoli 1896 1981 est issue d une famille d immigr s italophone originaire de suisse et install e aux Etats Unis De 1912 1915 il tudie au polytechnic college d Oakland o il se d couvre une passion pour l architecture Durant cette ann e 1915 son p re disparait sans laisser de trace et sans explication Dans les ann es 20 Rizzoli occupe de nombreux postes mal pay s tout en r digeant partir de 1927 sous le pseudonyme de Peter Metermaid un roman The Colonnade qui publi compte d auteur en 1933 ne connaitra aucun succ s Le roman a d j pour th me l architecture puisqu il raconte le parcours d un groupe
14. 0 2000 Informations et citations pr lev es dans les articles de Peter Utz Werner Morlang et Bernard Echte ainsi que dans leurs traductions des microgrammes in obert Walser l criture miniature ditions ZO oct 2004 mort de chagrin une mort caus e peut tre par une joie trop grande un exc s de bonheur dans l amour et la vie une impossibilit de vivre force de se repr senter la vie avec trop de richesse de beaut et de d licatesse si bien qu en quelque sorte l id e subtile et d bordante d amour et de bonheur qui venait envahir l existence avec exub rance semblait tr bucher basculer et s effondrer sur elle m me f L on comprend bien ici comment la description de R Walser se mue progressivement en une sorte de paysage existentiel L alt rit et le territoire Fernand Deligny et les Lignes d erre N en 1913 Bergues et mort en 1996 dans les C vennes Fernand Deligny repr sente sans doute la figure la plus originale de cette salle Sa cr ation po tique artistique et cin matographique entretient avec son existence tout enti re un lien matriciel Il exerce l origine la profession d instituteur sp cialis l asile psychiatrique d Armenti res et ce 1938 1943 L poque est marqu e par le mouvement antipsychiatrique mais sa pens e libertaire influenc e par le communisme si elle critique l institution ses m thodes et ses structures se singular
15. Ces artistes s int ressent aux affiches lac r es d chir es par des mains anonymes qu ils rep rent lors de leurs d ambulations urbaines Ils d tournent ces supports publicitaires de sorte brouiller le sens et modifier la nature des messages Les slogans publicitaires ou les affiches de propagande perdent leur port e id ologique pour d ployer des formes souvent abstraites ou des paysages typographiques La l gislation publique sanctionnant d une amende tous ceux qui auront enlev d chir recouvert ou alt r les affiches appos es par ordre de l Administration les artistes agissent en fraude En d collant les affiches et en les emportant ils redoublent en quelque sorte les gestes illicites de ceux qui avaient lac r les affiches En les marouflant sur toile et en les accrochant aux cimaises comme des tableaux ils leurs rendent paradoxalement une certaine l gitimit C est autant cette succession de gestes contestataires que la picturalit fortuite r sultant de ces gestes qui est ici donn voir Les uvres r sultent d une multitude de mains ayant involontairement particip leur r alisation Pour souligner le caract re collectif de ces uvres Jacques Villegl les regroupera sous le terme g n rique de Lac r anonyme Sous cet anonymat c est le statut d auteur et le mythe de la cr ation individuelle qui sont discr tement corch s T Loi du 29 juillet 1881 Ce
16. Habiter po tiquement le monde EXPOSITION du 25 septembre 2010 au 30 janvier 2011 Dossier p dagogique r alis en collaboration avec R gine Carpentier Michel Mackowiak et Franck Dudin enseignants missionn s au LaM Sommaire I Entr e des voyageurs p 6 Il L entre deux espaces p 13 lll Dispositifs individuels p 16 IV Po tique des l ments p 20 V bors perdus p 25 Dossier p dagogique Habiter po tiquement le monde LaM Lille M tropole Mus e d art moderne d art contemporain et d art brut I En guise de pr suppos s Le titre annonce d embl e au visiteur une exposition th matique laquelle Hypnos la derni re en date lavait d j initi la diff rence pourtant nul objet pr cis circonscrire comme l inconscient explor par les artistes L exposition traite de la deuxi me moiti du XX si cle nos jours Le verbe d action habiter employ l infinitif et son corollaire le terme g n rique le monde renvoie ce qui est du c t de l acte primordial tre dans le monde y exister Il rel ve alors de certaines attitudes d ouverture ou de fermeture face au monde consid r comme la maison de l artiste et per u par lui comme po tique Il est n cessaire de rappeler maintenant que l expression habiter po tiquement le monde est un emprunt au po te romantique allemand H lderlin extrait d un po me de 1823 En bleu adorable Le po
17. a projection du film Into the Wild du r alisateur Sean Penn et du livre de Jon Krakauer qui enqu te sur le jeune Christopher Mac Candles nourrira le d bat sur la nature comme lieu du questionnement sur le sens de l existence et le risque de s y laisser absorber Anglais Fran ais Philosophie Cin ma audiovisuel l cole primaire le th me de la pierre pour voquer la nature comme m taphore de la pr sence et du myst re de la nature ou de l inconnaissable renverra d autres uvres Vija Celmins Hamish Fulton Helen Mirra Les po mes tr s simples de Yves Bonnefoy dans les premi res sections du recueil Les Planches courbes s int grent bien ce travail 5 La pr sence dans l exposition du manuscrit de Jack Kerouac est une belle occasion de construire une s quence intitul e Les artistes crivains et le nomadisme comme une r ponse discr te et d tourn e la br lante actualit R Walser F Deligny On ne manquera pas de faire lire des extraits de Sur la route et de d couvrir un mouvement litt raire et artistique La Beat generation et ce d autant que vient d tre publi chez NRF Gallimard la traduction du rouleau original non remani par lui m me la demande des diteurs Ce rouleau mesure 40 m tres de long couvert d un roman crit la main sans paragraphe ni chapitre ni ponctuation selon la l gende entretenue par l auteur il crit entre le 2 et Le 22 avril 1951 avec un t
18. a route le projet litt raire et la qu te spirituelle ou existentielle L extrait suivant tir de la version remani e illustre tout le propos mais aussi d une certaine mani re celui de l exposition Il y eut de la bruine et du myst re d s le d but du voyage Je me rendais compte que tout cela allait tre une vaste pop e de brume Houh gueula Dean En route Et il se coucha sur le volant et crasa le champignon il tait de nouveau dans son l ment c tait visible On tait tous aux anges on savait tous qu on laissait derri re nous le d sordre et l absurdit et qu on remplissait notre noble et unique fonction dans l espace et dans le temps j entends le mouvement D une mani re g n rale le propos de ces artistes peut s inscrire dans la th matique Arts espace temps de l Histoire des Arts car elle permet d aborder les uvres d art partir des relations qu elles tablissent implicitement ou explicitement avec les notions de temps et d espace Le d placement la temporalit et la place de l homme dans le milieu urbain constituent les trois axes essentiels exploiter dans nombre de disciplines Lettres par exemple la narration au sein d un lieu et la description du lieu pourront donner mati re r flexion Pour illustrer cette piste de travail citons l ouvrage de Stendhal Promenade dans Rome qui se pr sente comme un guide sur la ville ponctu de rem
19. a toile d araign e vient s accrocher aux bords de la toile peinte pour la seconde l inverse les photographies d Hamish Fulton sont entour es d une large marge blanche Accept e dans un sens m taphorique l expression viendrait questionner l id e du passage de la fronti re entre l uvre et l exp rience po tique qui lui a pr sid Impossible de discriminer entre les pierres r elles pr lev es et les fac simile de Vija Celmins Si la figure du marcheur est commune certains artistes comme Robert Walser Hamish Fulton Fernand Deligny et On Kawara la pr sence de la nature est partag e par tous les artistes de cette salle ils nous rappellent que la marche et les l ments naturels constituent les conditions n cessaires et suffisantes du voyage dans sa propre int riorit Les biographies de Robert Walser ou Fernand Deligny m nent l essentiel d une existence qui d sire se penser libre des syst mes institutionnels litt raire ou psychiatrique et t moignent de cet immense effort de la pens e qu est le pas de c t ou le d tour souhait pr n par Georges Bataille Les artistes de cette salle partagent la m me id e que la nature est le lieu premier source de la cr ation et son mat riau Est ce une forme renouvel e de romantisme o la nature n est plus la projection et le reflet d un moi int rieur mais constitue la condition premi re l exp rience de soi et la cr ation En cela ils
20. ans les collections du Mus e d art moderne et issus de la donation L Aracine sont r alis s sur des pages de cahier d colier D pourvues de toute pr sence humaine ces repr sentations de villes sud africaines comme Pretoria ou les townships comme Atteridgeville o vit Matiyane sont trait s avec distance et froideur La m gapole ou l habitat exigu du township vides d habitants provoque un sentiment m lancolique renforc par l omnipr sence des vues en plong e comme prise d avion ou semblables aux vues axonom triques de certains jeux vid os Ses croquis de villes retranscrivent avec une grande conomie de moyens mais avec justesse la monotonie des grattes ciels mais aussi la duret de vie dans les townships d Afrique du Sud L vocation de la ville par ces deux artistes permet de rappeler certaines constantes de l art brut la saturation de l espace l utilisation d un mat riel de r cup ration un ordre tabli sur des r gles strictes l omnipr sence du cadre ou du contour ainsi que la r p tition et la sym trie Inscrit dans un quotidien issu de la mythologie personnelle du cr ateur d nu e de toute d marche mais fond e sur une forte intention la cr ation d art Brut ne laisse jamais indiff rent car elle touche au moi int rieur de l individu et avec des moyens souvent r duits donne une part tr s importante aux d tails Sur la route Jacques K rouac On ne manquera pas de faire lire des e
21. arques personnelles ou encore Istanbul dans lequel Daniel Rondeau raconte ce qu il voit ce qu il vit dans cette ville mythique Je pense galement Au bonheur des dames ou au ventre de Paris d Emile Zola ouvrages dans lesquels la ville est un actant essentiel de l uvre romanesque En lien avec les affichistes on pourra travailler sur le calligramme le mot image le d tournement de texte la r criture La pr sence dans l exposition du manuscrit de Jack Kerouac est une belle occasion de construire une s quence intitul e Les artistes crivains et le nomadisme comme une r ponse discr te et d tourn e la br lante actualit Henri Michaux Andr Cadere Robert Filliou Gil Joseph Wolman ont fait de l errance un mat riau artistique en m me temps qu une philosophie de l existence On pourra y associer les uvres de Robert Walser et Fernand Deligny TPE anglais Fran ais en premi re de lyc e Nouvel enseignement d exploration en seconde Litt rature et soci t Fran ais Histoire Le Th me du b ton comme attribut du marcheur de l arpenteur du monde de glaneur de po sie qui n est pas sans voquer celui d Herm s constitue un parcours transversal envisageable l cole primaire et au coll ge 8 Kerouac par Yves Buin Folio biographies n 17 p 127 Jack Kerouac Sur la route dition Folio n 766 p 189 11 Histoire l urbanisme haussmannien et en G ographie l tude des m galopoles
22. ations d criture sous contrainte mais cr ative pour la classe de fran ais de l cole primaire au lyc e crire le plus petit texte possible sur le plus grand paysage possible crire le plus long texte possible sur l objet de la nature le plus petit possible ou le plus ordinaire possible etc Pr senter ses textes en analogie avec le th me choisi demande la forme m me de ces microgrammes Le microgramme 21 sera utile tudier qui commence ainsi La contemplation du paysage la fen tre me permet de noter que ce qui passe d passe en gr ce en beaut en noblesse ce qui est arr t ou qui r siste L on observera les deux ensembles crits bords perdus et s par s d un saut de ligne qui dans l angle droit du papier se transforment ainsi en vision dans le cadre de la fen tre petite fen tre elle m me aper ue l int rieur et au bas du deuxi me texte gauche en bas et de biais mergent Sur les montagnes les sapins c est dire le troisi me texte Les classes de lyc e m neront en parall le un travail de lectures de paysages m taphysiques extraits du Ren de Chateaubriand de Les r veries du promeneur solitaire de Jean Jacques Rousseau ou des r cits de Joseph Conrad Lagune Typhon ou La ligne d ombre sans manquer de comparer les vies de leurs auteurs La gen se de l uvre de Robert Walser recouvre l objet d tude de seconde intitul L crivain au travail 3 L
23. concept Comment montrer dans un espace l essor d une vie Comment fusionner mot et image Telles semblent tre les questions que soul vent les uvres d Alighiero Boetti et d Anna Oppermann 20 Entre sculpture et architecture les Ce lules d Absalon Cellule n 5 d Absalon se pr sente sous la forme d un cylindre blanc perc d une porte et de deux minces fen tres en bandeau Cet habitat aust re minimal s int gre dans une s rie de six modules initialement con us pour tre dispers s dans diff rentes villes travers le monde Absalon envisageait de s journer ponctuellement dans ces modules architecturaux Entre sculpture et architecture ils taient initialement con us pour tre des lieux de vie autant que des lieux de performance Le projet restera inachev du fait de la mort pr matur e de l artiste Chaque habitation est faite sur mesure en fonction du corps de l artiste Les cellules d Absalon s inscrivent l oppos d un logement standardis elles sont parfaitement ajust es au corps de l occupant Elles offrent un espace r duit au minimum vital et une organisation hyperfonctionnelle Le titre Cellule voque une unit modulaire et renvoie un r seau de construction Il peut aussi voquer la cellule monacale Parce qu il s agit d habitats individuels qui n offrent que peu d ouvertures sur l ext rieur les Cellules marquent une distance par rapport au monde ext rieur Mais parce qu
24. croisent le po me d H lderlin comment en introduction voyage horizontal sur terre dans l espace du monde et voyage dans les profondeurs de l tre quand les romantiques aspiraient la verticalit du divin 25 Le po te et l criture miniature Robert Walser Comme nous nous sentons mal sous les grandes roues des machines du monde d aujourd hui si nous ne fixons notre existence personnelle une originale et noble t che Jacob Burckhardt Robert Walser est un crivain suisse n en 1878 Bienne septi me d une famille de huit enfants Alternant des emplois divers de commis de factotum ou de secr taire en banque chez un diteur dans une assurance chez un ing nieur un marchand d art il ponctue sa vie de passages B le Zurich Thoune Munich et Berlin entre lesquelles il pratique de nombreuses all es et venues Il commence publier des po mes en 1898 dans un journal puis une revue En 1906 il publie un roman Les enfants Tanner en 1909 suit L institut Benjamenta Il fr quente les milieux litt raires et publie r guli rement de petits essais et de petites proses dans des journaux et revues dit s ensuite en recueils Pourtant en 1911 et 1912 il se retire de la vie culturelle berlinoise apr s une premi re crise de doute Il s tablit Bienne entre 1913 et 1921 date laquelle il s tablit Berne En 1924 para t le recueil La rose derni re de ses publications qui selon lui ne requi
25. de tissus a t patiemment confectionn e par une malade qui y tait intern e depuis 1929 C est vraisemblablement l annonce du d c s de son mari en 1938 qui d clenche chez la patiente un d sir de cr ation qui perdurera pendant de nombreuses ann es cette robe viendront s ajouter une s rie d accessoires cape tra ne toque sac tapis etc Les couleurs vives les motifs ornementaux et le raffinement de la robe voquent une parure ou un v tement c r monial Sous les doigts de la brodeuse les brins de laine et les chutes de tissus r cup r s se transmuent en une parure bigarr e Au del de sa fonction vestimentaire ce v tement rev t une dimension fortement symbolique En habillant le corps il aur ole la personne d une magnificence qui fait sans doute chos aux envies de grandeur de l intern e Comme un rempart contre la vie quotidienne ce v tement incarne aussi un refuge La robe s inscrit la fronti re entre monde r el et monde fantasm rendant poreux le passage de l un vers l autre Elle acqui re la fois une fonction lib ratrice et protectrice Si le v tement garde l empreinte du corps qu il recouvrait sa pr sentation sur un buste sans bras ni t te rend plus vident l absence de ce corps Cette robe t moigne d une pr sence disparue Sans nom et sans visage ce v tement rend l anonymat de sa cr atrice encore plus frappant 18 Deux th matiques de l histoire des arts peuven
26. elles devaient s inscrire au c ur m me de l espace public et en plusieurs points du globe elles ouvrent plus s rement sur l ailleurs que ne le ferait n importe quelle habitation tablie en un point fixe Ces habitations sont la fois en retrait et ouvertes sur le monde A travers l habitat c est nos rapports au monde et nos mani res de vivre ensemble qui sont ici revisit es Expos es dans les mus es les Cellules deviennent des espaces investir mentalement Espaces autres qui ne se r duisent aucun habitat familier et qui invitent repenser nos modes d habiter Les objets d Absalon comme ses habitations sont uniform ment blancs toujours compos s d l ments g om triques simples tels que cylindres cubes sph res parall l pip des Cette mise en ordre g om trique n est pas sans voquer un principe cher la modernit Dans Proposition d objets quotidiens 1990 les objets ne sont pas identifiables Les formes cr es ne r pondent aucune fonction connue Le spectateur doit il inventer des usages possibles ces objets En substituant d autres formes celles famili res qui font notre quotidien il semble que l artiste r v le l arbitraire des formes qui nous entourent Le plus court chemin pour changer la vie est de changer ce qui nous entoure disait Absalon En proposant d autres formes d habitat et d autres formes d objets l artiste propose un nouvel environnement
27. ertains performers qui ont revendiqu un discours esth tique et politique en rappelant que l artiste est un acteur et un t moin de son temps 19 Introduction Cette section s int resse la dimension spatiale du po me et la d couverte de territoires inexplor s La fusion de l criture et du dessin sugg re une po tique des l ments d passant les cat gories usuelles L association fertile des pratiques s exprime dans les uvres de Raoul Hausmann Christian Dotremont Henri Michaux et Th r se Bonnelalbay Le dessin renouvelle les espaces symboliques et utopiques A G Rizzoli Abdelmajid Mehdi Florentin Constant Etienne Martin r vent des demeures ou des villes imaginaires Le plan et le croquis deviennent des l ments po tiques La d couverte de l espace du dedans est au c ur des exp riences mescaliniennes d Henri Michaux qui donnent lieu des dessins devenus sismographes Elle est aussi pr sente dans les dessins m diumniques de Laure Pigeon et de Th r se Bonnelalbay L exploration des confins r v le l hostilit des l ments L errance du Stalker d Andre Tarkovski montre un monde inhabitable L uvre de Joachim Koester se d veloppe autour d une exp dition polaire v ridique gar e sur la glace et perdue dans les couches de l Histoire Message from Andr e brave le temps et l espace pour nous parvenir illisible Comment spatialiser le po me Donner une forme au
28. es classes Pour les enseignants l exposition ouvre une zone d interrogations Comment de jeunes visiteurs d aujourd hui habitant un monde consum riste peuvent ils se repr senter habiter po tiquement le monde L exposition offre l occasion de proposer d autres mod les de vie qui chappent aux diktats d une soci t mat rialiste Elle s articule parfaitement aux programmes d histoire des arts art espace temps Avant que d entrer dans le vif de l exposition il s av rera utile avec des l ves de marquer un premier temps de r flexion na ve et d pourvue de toute information autour de l intitul de l exposition Son titre en effet risque de surprendre ou du moins d interroger l enfant le coll gien le lyc en voire l tudiant Faisons donc le d tour avec lui La r flexion sur le titre donnera lieu une recherche orale collective libre tay e autant que possible d un support visuel l affiche de l exposition cette s ance pourra faire merger les repr sentations multiples des l ves auxquelles l enseignant apportera les r ponses appropri es l ge des l ves Histoire des arts coll ge lyc e Arts plastiques Fran ais Un lanceur d criture du type Pour moi le monde est po tique pourra leur tre propos comme aide la r flexion penser Mallarm qui exprimait bien ainsi un mode de vivre po tique en parlant de la lune Elle est po tique la garce
29. est revendiqu par l artiste elle m me pour d finir son travail travail qui incorpore des citations d Adorno ou d Umberto Eco entre autres Mirror Ensemble commenc en 1968 est caract ristique de la m thode de travail de l artiste puisque son laboration court sur 20 ans Dans ce vaste ensemble de dessins et de photographies une figure est r p t e celle d un miroir refl tant une fen tre qui ouvre sur un carr de ciel bleu figure symbolique d une pratique ouvertement narcissique Le travail d Oppermann a ceci d unique 14 qu il ne peut tre que r interpr t dans le cadre mus al car toute reconstitution l identique de l original est vou e l chec Chaque Ensemble se concentre sur une th matique particuli re qui peut faire appel tant aux introspections existentielles de l artiste qu des dimensions sociales ou politiques Son Ensemble Gesture of Pathos MLCODP Make Large Compelling Objects that Demonstrate Power 1984 92 par exemple fait preuve d une grande ironie face la marchandisation de l art dans les ann es 80 tout en incluant une part d auto d rision d Oppermann face sa propre violence et son d sir de succ s en tant qu artiste 15 L homme n est plus artiste il est devenu uvre d art ici se p trit l argile la plus noble se sculpte le marbre le plus pr cieux l homme lui m me Nietzsche Introduction C est en 1969 avec l exposition la Kunsthalle de Ber
30. et le corps y tiennent un r le primordial et nourrissent le propos de l artiste Parfois c est le spectateur qui est sollicit il devient alors la sculpture ou en fait partie l uvre devient interactive et Les rares objets utilis s qui ne sont pas une fin en soi permettent la transmission d informations et la d couverte de l uvre intrins que Le corps dans l espace r el son rapport l uvre dans le champ du tactile et du visuel constituent les notions essentielles de cette partie de l exposition Le corps du visiteur l uvre Franz Erhard Walther Accroch s aux murs des pans de toiles d limitent des espaces compartiment s aux formes simples rectangulaires ou cylindriques Par certains aspects ces pi ces voquent la peinture l artiste utilise la toile l ment constitutif de la peinture et les uvres sont accroch es au mur comme le serait un tableau Par d autres aspects elles voquent plut t la sculpture la toile est utilis e comme mat riau pour cr er des volumes qui se d tachent nettement du 16 mur Pourtant ces formes ne sont ni des tableaux ni des sculptures tant qu elles ne sont pas activ es par le visiteur C est le corps du visiteur ses gestes qui selon un protocole mettent en forme l uvre et la transforment en permanence Les pi ces pr sent es en int rieur sont ponctuellement activ es par des performeurs pendant le temps de l exposition Seule l uvre install e dans
31. g n rant de nouveaux usages 21 Henri Michaux et les dessins mescaliniens Ces dessins l encre ont t r alis s 55 ans en 1954 sous l effet de la mescaline prise dans le projet de faire l exp rience du d centrement et de la connaissance par les gouffres Il s agit donc d une investigation et d une observation d un tat diff rent qui m ne une autre forme de pens e Le dessin traduit alors en paysage les r alit s de l int riorit sortes de spectacles optiques anim s d un rythme tr pident qui traverse l espace de la feuille soient des paysages mentaux Le po me Multitude dans L espace du dedans rend compte de ces visions Et vous rencontrez une foule de points d images de petites formes qui tr s vite passent au point de circulation Par ailleurs le recueil Mis rable miracle restitue d une fa on presque clinique les exp riences mescaliennes Henri Michaux est aussi connu pour avoir voyag de par le monde Alighiero Boetti 1940 1994 N Turin en 1940 son uvre est li e l essor du mouvement artistique italien Arte Povera En 1967 Alighiero Boetti participe aux premi res expositions collectives du mouvement organis es par le critique Germano Celant au c t de Mario Merz Janis Kounellis Michelangelo Pistoletto ou Luciano Fabro L uvre de Boetti s oriente assez vite vers des propositions conceptuelles o se r pondent les m canismes d laboration de l uvre et la somme d att
32. in t che bo te papiers usagers installations films etc Elles r sultent de gestes artistiques aussi divers la contemplation l errance l arpentage la marche la collecte la construction l criture le reportage Au total 350 uvres regroup es autour de la formule titre et puis es dans le r pertoire de l art contemporain et de l art brut selon un parcours promenade qui permet de d couvrir la nouvelle architecture du mus e en m me temps que les uvres d artistes po tes Fran ois Dufr nes On Kawara Marcel Broodthaers Willem Van Genk Monsieur G Robert Filliou Laure Pigeon aussi bien que de po tes artistes Henri Michaux Fernand Deligny Jack Kerouac St phane Mallarm Christian Dotremont Pour n en citer que quelques uns Les salles sont organis es en cinq th matiques Entr e des voyageurs rassemble des artistes arpenteurs des villes les cr ateurs de formes espace temps rejoignent la section L entre deux espaces les performeurs celle du Dispositif individuels la salle intitul e Po tiques des l ments est r serv e aux alchimistes de l criture et du dessin la cinqui me bords perdus voque les d ambulations dans la nature les B tisseurs de l imaginaire sont les constructeurs d architectures singuli res Le parc sera galement investi d uvres volutives ou performatives qui ont trait la nature Ill En vue d une visite un travail pr paratoire dans l
33. ise aussi par un crit L loge de l asile Il d finit un lieu autre m taphorique un lieu de vie sacr prot g par le droit d asile un lieu d exil En 1943 il est d tach par le r gime de Vichy comme conseiller p dagogique au commissariat la Famille et cr e un lieu de pr vention de la d linquance Wazemmes En 1945 il publie Graine de crapule o il pr cise Je wai pas l intention d duquer qui que ce soit j ai l intention de cr er des circonstances favorables pour qu ils s en tirent et pour qu ils vivent En 1946 il devient directeur de Travail et culture pour la r gion Nord Il rencontre le cin aste Chris Marker l crivain Herv Bazin Son action est associ e aux mouvements d ducation populaire et d ducation nouvelle du p dagogue C lestin Freinet mais il refuse de s enfermer dans toute cole Son faire lui c est de s occuper des enfants et adolescents d linquants et psychotiques laiss s pour compte de la seconde guerre mondiale la m me poque il cr e Paris La Grande Cord e exp rience de vie men e avec des adolescents difficiles parrain e par le parti communiste Entre 1955 et 1967 il parcourt le sud est de la France avec l quipe rescap e de la grande cord e pour y mener diverses tentatives d coles de campagne ou d levage C est cette poque qu il tourne le film Le moindre geste dans les environs d Anduze que suit Chris Marker a
34. itudes qui participent cette laboration L uvre pr sent e dans l exposition est la premi re d une s rie d uvres r alis es en utilisant le technique de la hachure monochrome du stylo bille jusqu saturation de la surface Mettere al mondo il mondo mettre au monde le monde cette citation peut tre reconstitu e en reliant les virgules laiss es en r serve aux lettres de l alphabet Comme dans la plupart de ses uvres Boetti a confi la r alisation un tiers dans le cas pr sent un homme et une femme ont t sollicit s Le temps sugg r par ces lignes bleues p likan y semble s couler in luctablement ponctu par des virgules qui semblables des gouttes d eau creusent les traces du temps Temps du faire temps du voir Boetti laisse l ex cutant y inscrire son empreinte puis invite le spectateur poursuivre par la pens e le cheminement temporel mais aussi tactile des signes Ce monochrome bleu les deux artisans le tracent comme les acteurs d un rite initiatique o les gestes de deux tres engendrent la naissance de l uvre et par extension celle du monde Au d but des ann es 1970 Boetti s interroge sur le statut de l artiste et son identit en ajoutant un e en fran ais et entre son pr nom et son nom Alighiero Boetti se rebaptise Alighiero e Boetti signe la fois du morcellement de soi et d une unit la fois une mani re l gante de dispara tre aux
35. ivante sera un outil pr cieux pour cerner le vivre po tiquement La po sie est ainsi consid r e comme l expression de l irrationnel enthousiasme chez Platon proph tie chez les romantiques voyance chez Rimbaud ou comme remise en cause voire meurtre R Barthes du langage Par ailleurs la po sie et surtout le po tique voquent souvent le sentiment que procure une perception inhabituelle et touchante du monde On parle ainsi de vision po tique pour exprimer la charge motionnelle qu ils v hiculent De cet article de Jean Pierre Bertrand dans le Dictionnaire du litt raire PUF Quadrige Dicospoche 2006 nous retiendrons les deux termes soulign s pour approcher l exposition Les microgrammes de Robert Walser expos s et clair s de sa biographie en sont un bon exemple Cf plus loin la section Bords perdus Enfin nombre de gestes d artistes permettent de proposer des exp riences cr atives en arts plastiques au coll ge et au premier cycle tracer ses d placements de la journ e et en faire des cartes la mani re des lignes d erre de Fernand Deligny r aliser son habitation protection comme Helene Reimann ou Willem Van Genk crire sur des enveloppes partir des adresses ou sur des petits billets r cup r s la fa on de Robert Walser inventer un livre objet illustrant un projet pr cis d criture comme Jack Kerouac et le 4 rouleau manuscri
36. lait Ces manuscrits crits sur des papiers de r cup ration en rapport avec ses emplois lettres cartes de visite t l grammes bandeaux de journaux factures pages de calendrier enveloppes bordereaux d imp ts etc sont recouverts d une criture minuscule et illisible mais soign e et r guli re au crayon gris Les textes incursion de l intime existence du po te dans les interstices du monde du travail s y inscrivent en blocs colonnes ou petits carr s s par s par des sauts de ligne qui permettent d isoler de petites unit s sur chaque feuille La calligraphie y exprime le go t de l crivain pour les petites choses ordinaires de la vie quotidienne m me si les th mes d criture t moignent souvent d un largissement inversement proportionnel dans une vari t de genres non hi rarchis e un roman Le Brigand y figure m me Le jeu d criture ainsi soumis la contrainte de la miniaturisation a sans doute n cessit une grande concentration et n est pas sans voquer la lenteur m ditative des moines copistes ou des enlumineurs du Moyen Age Chaque microgramme se donne ainsi lire comme une uvre graphique et tend vers le dessin Dans une lettre dat e du 20 juillet 1927 et adress e Max Rychner r dacteur d une revue Robert Walser explique ce travail par une panne physique de l criture la plume une faillite de la main et red couvre par le crayon le plaisir d crire ce qu il appelle
37. le parc Ring est praticable par le visiteur Les compartiments situ s hauteur d homme incitent le visiteur s y glisser interagir avec ce mat riau pour lui donner forme Le corps et l action sont au c ur m me de l uvre de Franz Erhard Walther Ici l uvre n est plus contempler et l art n est plus une pure affaire de regard Le spectateur devenu participant est tenu de changer ses habitudes de visite Le spectateur qui agit d finit l uvre et en r pond il ne peut tre impliqu seulement dans sa qualit de regardeur son corps entier est engag Ni peinture ni sculpture l artiste pr f re qualifier ses uvres d objets pour mieux souligner leur caract re instrumental et leur dimension participative Se faisant il annonce l art dit interactif o le visiteur est une composante essentielle de l uvre Dans les ann es 60 apparaissent de nouvelles pratiques artistiques dans lesquelles le geste l action le corps de l artiste donnent forme l uvre La fameuse exposition Quand les attitudes deviennent formes de Harald Szeeman datant de 1969 donne voir ces nouvelles pratiques encore peu connues l poque Franz Erhard Walther dont certaines uvres taient pr sent es dans l exposition s inscrit dans ces pr occupations qui ne cesseront d s lors de nourrir son travail Les uvres interactives de Lygia Clark Comme Franz Erhard Walther l artiste b
38. lequel le d placement ou le mouvement sera sugg r visuellement On pense aussi aux anthropom tries d Yves Klein aux marches de d Hamish Fulton et celles de Richard Long Le film et les photos d Helen Levitt pr sents dans l exposition sont ce titre embl matiques 12 Introduction Helene Reimann Le rapport au temps est fondamental pour appr hender le monde Ici et maintenant l tre au monde ne saurait se d gager du pass et du futur qui partout nous accompagnent Intern e dans un h pital de Bayreuth la fin des ann es 1940 Helene Reimann dresse un inventaire de sa vie d avant Les dessins de fleurs de meubles de v tements convoquent un quotidien qui n est plus M me le corps est absent de ce monde devenu souvenir La m moire de soi est au c ur des Ensembles d Anna Oppermann L artiste allemande superpose et accumule des centaines de notes et de dessins comme autant de souvenirs L assemblage prolif re et envahit l espace de vie et de travail m lant le pass au pr sent de la cr ation Suite sa d couverte de l art conceptuel dans les ann es 1960 Hanne Darboven consacre son uvre l enregistrement du temps par le biais de l criture L uvre Ein Jahrhundert Un si cle 1972 est un index des mois composant cent ann es le temps annot et le temps de la cr ation confrontent deux chelles temporelles La photographie d Helen Mirra premier l ment d un diptyque qui ne se r
39. les sentiers les pr s la for t le ruisseau et les champs jusqu au petit lac lui m me o elle s arr te avec moi et ne peut s tonner assez de sa beaut inattendue pressentie en secret Mais laissons la parler elle m me dans son exub rance coutumi re c est un vaste silence blanc lui m me bord d un l ger silence vert gt La prose y r ve d une instantan it de la marche et de l criture et t moigne de cette possible transgression qu on retrouve dans le texte deux du microgramme 24 Avant propos de Promenades avec Robert Walser Carl Seelig Rivages poche Biblioth que trang re Mars 2005 p 31 L imaginaire Gallimard Sept 2007 Retour dans la neige R Walser Points d ZO p 77 26 En paressant ou disons au hasard si mes lecteurs et lectrices le permettent j ai fl n hier apr s midi dans la verdure et les mille autres couleurs d un paysage dont j invitais les impressions venir se promener en moi Les Microgrammes dont plusieurs sont expos s constituent une autre forme de cette transgression imagin e par Robert Walser L existence de ces 526 microgrammes est rest e longtemps inconnue la s ur de Robert Walser les ayant confi s Carl Seelig Cet crivain et ami de R W l accompagnait dans les promenades pied lors de son internement et a fait para tre un microgramme dans une revue un an apr s sa mort Mais il est tabli que d s 1918 le po te y travail
40. longues errances travers les paysages de la ville et visait la d couverte de nouvelles fa ons de voir de penser et de parcourir les territoires La d rive n a pas proprement parler de destination Il s agit plut t pour ceux qui la pratiquent de provoquer des occasions de contacts avec des inconnus et redonner ainsi une fonction sociale l espace public Il s agissait surtout de prendre conscience de l impact de l urbanisme et au del du conditionnement du milieu culturel sur les comportements de la population et leur sensibilit Un cas part dans le paysage scriptural et urbain Gil Wolman En 1963 Gil Wolman invente l art scotch Le proc d consiste arracher des figures ou des mots de leur support initial essentiellement des journaux l aide d un ruban adh sif pour les contre coller sur des toiles ou des baguettes de bois Ainsi d tourn s d contextualis s arrach s les mots perdent leurs messages d origine pour devenir une mati re avec laquelle l artiste va composer Cette pratique est r v latrice d une m thode qui est au c ur de l Internationale Situationniste le d tournement D s 1956 Gil Wolman et Guy Debord publient le texte Mode d emploi du d tournement dans lequel ils pr nent l utilisation d l ments pr existants issus g n ralement de livres ou de journaux pour les r agencer des fins de propagande subversive travers cette pratique du d tournemen
41. lue des mat riaux pr caires L artiste s approprie les l ments utilis s par les exclus cartons pancartes pour affirmer son propre message En fait l uvre ne r side pas dans la cr ation d un objet ou d une toile mais dans l invention d une m thode d une mani re de pr senter des uvres ou des questions Il d veloppe et propose une m taphore du r seau avec ses tuyaux de papier d aluminium torsad notamment C est une formulation originale du rapport l objet mais en m me temps il ne s agit plus tant d objets mais de textes de documents r els qui sont mis en sc ne offerts la curiosit du public Berliner Wasserfall mit Robert Walser Tr nen est un assemblage de myriades de d tails collages et mat riaux sur des morceaux de carton qui voquent les tals de rue Cette installation s appr hende de face avec une connotation comm morative qui rend hommage l crivain suisse Robert Walser dont certains microgrammes sont pr sent s dans la partie de l exposition intitul e bords perdus La pi ce fait r f rence aux deux s jours de Walser Berlin en 1907 et 1912 Je suis un fan de Robert Walser je l aime j aime sa vie et son travail nous confie Thomas Hirschhorn Pour Robert Walser l art la po sie est un outil C est ce que j ai pu apprendre de lui et utiliser dans mon travail utiliser l art comme un outil Un outil pour rentrer en contact avec la r alit
42. ne Quand les attitudes deviennent formes que l attitude intrins que de l artiste est pr sent e comme une uvre L exposition organis e par l historien d art Harald Szeemann va marquer les esprits et rendre compte d une nouvelle fa on de cr er Li l art conceptuel ce processus de cr ationse d finit comme une r duction de l art des id es o n intervient plus aucun m tier artistique Ce type d art trouve ses racines dans l attitude dada ste de Marcel Duchamp qui remet en cause la notion traditionnelle d uvre d art au d but du XX si cle La m ditation sur le fondement de l art se substitue la cr ation de l objet et incite l artiste se mettre en sc ne face au public Parfois il fait appel des l ments simples mais concrets pour mieux faire passer son message Cette partie de l exposition pr sente l exp rience sensible de l artiste dans un espace d fini Les auteurs expos s m lent intimement leur vie leur biographie leur uvre Leur type de r alisations apparait sous la forme d une performance Ce mot dont la traduction est directement emprunt e l anglais signifie spectacle repr sentation Il s agit d une activit artistique qui se d roule devant un public La performance rel ve d une d marche conceptuelle et dure de quelques minutes plusieurs jours Travail ph m re seul l enregistrement film la photographie permettent de garder une trace de l v nement L espace
43. omposantes du temps et de l espace travers sa propre exp rience sous des formes multiples dont une partie est pr sent e dans l exposition Sous forme de s ries ce travail forme une autobiographie o s tablit un ensemble de points de r f rences qui croise le social IZ met le culturel I read le temporel I got up at et le g ographique I went l entr e de l exposition sont pr sent s les recueils de I went je suis all qui retrace les itin raires parcourus par On Kawara dans la ville o il s journe Le chemin suivi est trac au stylo rouge sur la photocopie d une carte locale Chaque page dat e d un tampon est gliss e dans une pochette plastique transparente Le nombre de jours pass s dans un endroit d termine une s quence chacune tant pr c d e d une page portant le nom du lieu Dans l uvre d On Kawara la cr ation est plus importante comme processus que comme r sultat mat riel Ses uvres reposent sur une ritualisation et une discipline quotidienne qui assure la pr sence au monde Son rapport au temps et l espace dans l environnement urbain constitue une r flexion sur l exp rience v cue chaque instant Les Affichistes dans la ville Fran ois Dufr ne Raymond Hains Dans les ann es 50 Fran ois Dufr ne Raymond Hains commun ment appel s les affichistes en r f rence au mat riau qu ils emploient d veloppent une pratique qui rel ve du d tournement et de l appropriation
44. otal de125 000 mots Dans une lettre adress e son ami Neal Cassady dat e du 22 mai 1951 il dit J ai racont toute la route pr sent L histoire c est toi et moi et la route Et de ce fait le rouleau forme une longue route de prose po tique compos e comme l criture automatique sous l effet de la benz drine 7 Into the wild 10x18 Domaine tranger n 4109 31 retranscrivant des joutes verbales les exp riences quotidiennes les plus pauvres simulant la musique syncop e du jazz le tout dans ce qu il a appel la prose spontan e dont il d finit les principes William Burroughs et qu Yves Buin d finit de cette mani re la nouvelle criture celle de la spontan it du phras syncop alternant avec la longue incantation m lop e surgeon de Proust celle du r cit non m diatis non d form de la vie sans que la fiction soit son intervention celle que Mallarm appelait l universel reportage Le manuscrit traduit la parfaite identit entre la qu te d une vie nouvelle par la route le projet litt raire et la qu te spirituelle ou existentielle TPE anglais Fran ais en premi re de lyc e Nouvel enseignement d exploration en seconde Litt rature et soci t Fran ais Histoire L extrait suivant tir de la version remani e illustre tout le propos mais aussi d une certaine mani re celui de l exposition Il y eut de la bruine et du myst re d s le d but du v
45. oyage Je me rendais compte que tout cela allait tre une vaste pop e de brume Houh gueula Dean En route Et il se coucha sur le volant et crasa le champignon il tait de nouveau dans son l ment c tait visible On tait tous aux anges on savait tous qu on laissait derri re nous le d sordre et l absurdit et qu on remplissait notre noble et unique fonction dans l espace et dans le temps j entends le mouvement On pourra rapprocher ces extraits des exp riences de Fernand Deligny et de Henri Michaux travers ses encres d velopper 6 Le b ton comme attribut du marcheur de l arpenteur du monde glaneur de po sie les cartographies imaginaires constituent d autres parcours transversaux envisageables l cole primaire et au coll ge cf tableau r capitulatif des artistes ci joint Lille m tropole mus e d art moderne d art contemporain et d art brut 8 Kerouac par Yves Buin Folio biographies n 17 p 127 Jack Kerouac Sur la route dition Folio n 766 p 189 32
46. r silienne Lygia Clark regrette le processus de chosification et de f tichisation subi par l objet d art et engage le visiteur l action Ses premi res uvres interactives r alis es au d but des ann es 60 s intitulent Bichos B tes en r f rence leurs formes volutives voquant celles des organismes vivants Ces objets constitu s de plaques en aluminium dor es peuvent s articuler de diverses mani res de sorte que leurs formes changent au gr des manipulations La brillance du mat riau et le jeu des reflets viennent encore complexifier la forme L ensemble de l uvre de Lygia Clark engage un dialogue entre le spectateur et l objet dans lequel l objet perd progressivement de son importance mesure que le spectateur en gagne De visiteur passif il devient participant actif D abord invit modifier les objets il sera vite amen les fabriquer Dans l uvre intitul e Caminhando Cheminant 1963 l artiste propose au spectateur auteur de d couper des formes selon des indications crites L artiste explique L unique sens de cette exp rience r side dans lacte de la faire L uvre c est votre acte L artiste insiste sur la gratuit de ce geste qui n a aucune finalit pratique 17 Le v tement la Robe de Bonneval La Robe de Bonneval doit son nom l h pital psychiatrique de Bonneval Eure et Loir d o elle provient Cette robe faite de fils de laine et de morceaux
47. raphies et des publications Il travaille sur le passage du priv au public le priv tant factuel Il insiste sur le fait qu il y a deux moments distincts dans son travail la marche ph m re dont il ne conserve aucune trace et son vocation par la photographie Pour lui seule la premi re est l uvre Il n intervient pas dans le paysage si ce n est en laissant la trace de ses semelles dans la poussi re ou la boue comme n importe qui et n emporte rien avec lui Contrairement d autres artistes du Land art il n intervient pas dans la nature et ne ram ne aucune trace mat rielle comme le fait Richard Long avec des pierres ou des morceaux de bois La photographie qui forme l aspect le plus accessible de l activit de Fulton ne sert pas reconstituer ce qui est perdu elle est un index un syst me d archives Elle nous interroge sur le temps l espace la mati re et le hors champ Quelques mots ponctuent la photo et donnent en apparence comme un aspect documentaire l accrochage Or Fulton n est pas un documentariste il nous fait part de son voyage int rieur qui s exprime par la marche dans la nature index e ensuite par la photographie Ainsi la d marche de l artiste s apparente au r cit un r cit visuel qui trouve un support dans l exposition d o le lien avec Robert Walser un autre marcheur infatigable 30 Paysages un objet d tude pour la classe 1 Le travail de Robert Walser ouvre de multiples situ
48. rtaines uvres de Jacques Villegl sont expos es dans les salles des collections permanentes section art contemporain Ainsi au d tour des rues de la ville d ambulant dans la cit les affichistes nomm s aussi d collagistes posent un autre regard sur leur environnement urbain Promeneurs l aff t des images de leur temps ils rompent avec la peinture de chevalet et s emparent de l objet urbain pour lui donner outre un aspect plastique et po tique un caract re sociologique qui souligne les rapports troits entre l art et la vie La cartographie clat e ou la ville la d rive Guy Debord Dans The naked city 1957 Guy Debord donne voir une partie de l urbanisme parisien clat en lots reli s par un r seau de fl ches dense Cette cartographie tend rendre compte de l urbanisme autrement en dehors d une lecture strictement administrative de la ville avec son traditionnel d coupage par arrondissements Ici l accent est mis sur les circulations et r v le une dynamique des flux au sein de la ville En tablissant des passages inhabituels d un secteur l autre Guy Debord semble indiquer d autres mani res de se confronter la ville en dehors d un parcours balis Ce plan illustre de mani re all gorique une des activit s de l Internationale Lettriste reconduite et devenue fameuse sous l Internationale Situationniste la d rive Cette pratique qui d buta en 1953 consistait en de
49. t tre convoqu es pour exploiter cette partie de l exposition Arts ruptures continuit s Arts espaces temps Arts plastiques C est au niveau 3 me et la classe de terminale L que s adresse surtout cette partie de l exposition L enseignant pourra souligner dans son cours les raisons qui ont provoqu un glissement de la repr sentation du corps son utilisation comme support ou comme mat riau Tout en rappelant les art tribaux et non occidentaux qui ont pr c d les pratiques contemporaines en Europe et aux USA on pourra galement questionner l importance de l espace r el au d triment de l espace sugg r dans ce genre de pratique Le corps comme support ou comme mat riau Transformer son corps en oeuvre d art Les attitudes deviennent formes sont quelques incitations classiques qui permettent d aborder la probl matique du corps avec les l ves NB Ces sujets sont formuler et accompagner avec prudence pour viter toute d rive ou maladresse lorsque l on travaille avec des adolescents EPS Le cycle accro gym permet plus particuli rement de privil gier le dialogue entre espace et corps car il tend vers la cr ation de figures dans l espace r el en cela le principe de performance peut tre associ celui de l artiste contemporain Histoire On pourra relier les v nements sociologiques qui ont transform notre soci t dans les ann es 60 70 la d marche de c
50. t c est les notions de propri t intellectuelle et celle d auteur qui sont remises en cause Pour s en convaincre il suffit de se r f rer au r cit J cris propre publi par Gil Wolman en 1956 enti rement compos de textes d coup s dans divers romans 3 Fondation de l Internationale Situationniste en 1957 Dont Wolman est exclu quelques mois avant sa fondation alors qu il a particip le d finir Guy Ernest Debord Gil Joseph Wolman Mode d emploi du d tournement Les L vres nues n 8 mai 1956 p2 Au d but des ann es 50 Gil Joseph Wolman d veloppe une po sie tr s proche des recherches poursuivies par Kurt Schwitters et Raoul Haussmann dont certaines uvres sont pr sent es dans l exposition A cette poque Wolman invente la M gapneumie une po sie physique proche du cri ou du hurlement qui se fonde sur le souffle et alterne les cadences respiratoires Thomas Hirschhorn ou l autel des voyageurs Thomas Hirschhorn d veloppe un imaginaire de la r cup ration de la r sistance Il utilise le carton le scotch les feuilles d aluminium et joue sur l image du r seau en intervenant avec un mat riau sans valeur qui a toutefois une connotation cologique et mis rabiliste Dans un entretien avec Fran ois Piron co commissaire de l exposition Thomas Hirschhorn explique Je veux faire un travail puissant mais je veux le faire avec des mat riaux non intimidants des mat riaux sans plus va
51. t de Sur la route ou W G Sebald et le manuscrit du livre Austerlitz Ces travaux pourront tre accomplis avant que l uvre ne soit vue pour tre mieux per ue ensuite L oisivet du fl neur comme observation acharn e de la vie urbaine est au fond un travail intense Walter Benjamin La ville n est pas une simple agglom ration d hommes et d quipements c est un tat d esprit Robert Park Introduction Cette premi re partie de l exposition projette le spectateur dans le monde urbain et le confronte diverses postures dont la source est la ville per ue comme tendue r seau signal tique ou trame Pour de nombreux artistes la ville constitue une zone d intervention originale qui offre un rapport direct avec la r alit Tant t les artistes s approprient un l ment du paysage urbain tant t ils agissent au c ur m me de celui ci L artiste comme l crivain voyageur prend la mesure physique du monde et tablit un rapport entre le mot le geste ou le dessin et l tendue D ambulation errance appropriation rituel vocation repr sentation signe trace temporalit sont quelques unes des notions qui nourrissent cette th matique du parcours urbain Trois types d artistes illustrent essentiellement ce propos les affichistes les artistes conceptuels et certains artistes d art brut La quatri me dimension et la cit On Kawara Depuis 1966 On Kawara d veloppe une r flexion sur les c
52. triment des mots et de leur signification Dans les autres dessins les mots ont m me compl tement disparus Du langage il ne reste que les lettres rapidement griffonn es r p t es tant t align es tant t entrem l es Cette d structuration syst matique du langage parcourt toute l uvre de Raoul Hausman Que ce soit dans le registre de la parole ou dans celui de l crit l ordre du langage est compl tement explos Ces dessins cacophoniques de lettres rappellent les po mes phon tiques que Raoul Hausmann hurlait d s l ann e 1918 dans le caf Westen Berlin Ils s apparentent ces po mes dada stes faits de borborygmes et d onomatop es qui taient d clam s par Tristan Tzara ou Hugo Ball au Cabaret Voltaire Zurich 1916 Chez les dada stes production sonore et visuelle vont de pair Kurt Schwitters r alisera d ailleurs une parodie de sonate appel e UrSonate partir du dessin fmsbw de Raoul Hausmann prenant la composition plastique comme une partition musicale et 23 l interpr tant librement 24 Introduction L expression appartient au monde de l imprimerie et d signe une image sans marge dont la repr sentation occupe tout l espace imprim De cette mani re se pr sentent les Microgrammes de l crivain suisse Robert Walser qui ouvrent la salle ou les dessins et peintures de Vija Celmins l criture minuscule vient mourir au bord extr me du papier pour l un quand l
53. ture Elles n ont aucune signification objective ni th rapeutique ni artistique Elles existent pour se substituer au langage comme traces de l humain ou syst me de signes invent pour cette vie du r seau F lix Guattari les d signe comme des foyers de myst re une sorte de langue du corps et de l agir Jacques Lin l un des participants de l exp rience raconte en ces mots Imaginez un lieu vos chaussures laissent trace tous les jours de tous vos passages sur le terrain imaginez la fin de la journ e la toile d araign e la r sille de traits de pas certains sont tr s fonc s d autres plus claires parce qu on y va moins souvent Sur des feuilles de fond nos trajets par dessus sur des papiers calques les trajets des gamins ces trajets qui nous chappaient et que nous essayions de tracer scrupuleusement D un coup tout ce qui n allait pas allait mieux C taient les mani res de faire de Deligny quand quelque chose frotte il ne le prend pas de face Il fait un d tour On a trac pendant longtemps ces lignes d erre sans intention de trouver une m thode ni une mani re d aider les autistes C tait plut t une mani re de d gager le langage de ne pas trop s en dire propos des gamins et de ne pas trop s aveugler Nature et art fact les paysages de Vija Celmins L uvre To Fix the image in Memory XIII pr sente deux pierres identiques sobrement dispos es sur
54. un socle Cette g mellit des pierres met en doute leur nature m me peut il encore s agir d objets naturels En redoublant la pierre de sa parfaite r plique en bronze peint l artiste trompe en quelque sorte le regard du spectateur le d fiant de distinguer l original de la copie Par cette simple r p tition visuelle l artiste enclenche un questionnement sur le r el et son double sur l art et la nature Entre la pr sentation d un objet naturel dans un contexte mus al et sa repr sentation sculpturale l artiste amorce une r flexion sur l objet et sur l acte de cr ation lui m me La nature est au c ur de l uvre de Vij Celmins Ciels toil s mers calmes d serts rocailleux autant de sujets que l artiste traite avec persistance en peinture ou en dessin toujours en s ries Ainsi s alignent des tendues de mers de terres ou de ciels toujours vastes et inhabit es L immensit de cette nature est d autant plus pr gnante qu aucune ligne d horizon ne vient trahir la hauteur d un regard Le spectateur est comme immerg dans une tendue d eau ou une portion de terre qui s tend sur l int gralit de la surface reprenant le principe de composition all over cher aux expressionnistes abstraits 29 Night Sky 5 et Night Sky 11 s inscrivent dans une s rie d but e en 1991 offrant de subtiles variations sur le th me du ciel toil tandis que Untitled Oc an et Untitled Ocean with Cross
55. vec beaucoup d int r t Le r le principal y est tenu par un enfant psychotique profond et la cam ra suit les mouvements des enfants dans un jeu improvis partir d une fable En 1967 il s tablit dans les C vennes pr s de Graniers avec des enfants autistes pour leur offrir un territoire de vie libre alternatif la mesure de leur tre un r seau de pr sences de personnes non sp cialistes de lieux de d placements s y construit librement dans une conomie de subsistance L ducateur est selon lui un cr ateur de circonstances qui doit transformer le nous et non l enfant psychotique Il vivra au milieu d eux jusqu la fin de sa vie Son ibidem p 49 28 travail est proche de celui de l h pital psychiatrique de St Alban de F lix Guattari et Gilles Deleuze de la psychanalyse lacanienne Il relate l exp rience de l autisme dans des r cits crits dans une langue po tico p dagogique qui cherche d jouer tous les syst mes de pens e et de langage pour tre au plus pr s de la pr sence des enfants mutiques Les Lignes d erre d butent en 1969 Pendant des semaines un adulte a transcrit scrupuleusement les trajets libres des enfants en posant une feuille de papier transparent sur une carte du territoire occup le tout pos sur les genoux Ces dessins po tiques et fragiles dessinent des r seaux de lignes entrecrois es mi chemin entre la carte l image et l cri
56. xtraits de Sur la route et de d couvrir un mouvement litt raire et artistique La Beat generation et ce d autant que vient d tre publi chez NRF Gallimard la traduction du rouleau original non remani par lui m me la demande des diteurs Ce rouleau mesure 40 m tres de long couvert d un roman dactylographi sans paragraphe ni chapitre ni ponctuation selon la l gende entretenue par l auteur il crit entre le 2 et le 22 avril 1951 avec un total de 125 000 mots Dans une lettre adress e son ami Neal Cassady dat e du 22 mai 1951 il dit J ai racont toute la route pr sent L histoire c est toi et moi et la route Et de ce fait le rouleau forme une longue route de prose po tique compos e comme l criture automatique sous l effet de la benz drine retranscrivant des joutes verbales les exp riences quotidiennes les plus pauvres simulant la musique syncop e du jazz le tout dans ce qu il a appel la prose spontan e dont il d finit les principes William Burroughs et qu Yves Buin d finit de cette mani re la nouvelle criture celle de la spontan it du phras syncop alternant avec la longue incantation m lop e surgeon de Proust 10 celle du r cit non m diatis non d form de la vie sans que la fiction soit son intervention celle que Mallarm appelait l universel reportage Le manuscrit traduit la parfaite identit entre la qu te d une vie nouvelle par l
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