corrigé devoir n3 dissertation format pdf
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1. premi re vue comme l obsession universelle il est dangereux et vain de vouloir en faire un passage oblig de la construction romanesque laquelle ne souffre aucun imp ratif si du moins elle veut garder toute sa libert de cr ation et toute sa jeunesse En 1886 dans sa pr face Pierre et Jean Maupassant quand il r clamait du lecteur le droit d tre le cr ateur absolu seul aux commandes du lecteur ne disait pas autrement le roman ne souffre aucune tiquette et c est ce qui fait da force Il ne veut pas a priori d montrer quoi que ce soit sur le bonheur ou sur le malheur il n a a priori besoin ni davantage de l un ni plus de l autre et c est un de ses avantages par exemple sur le th tre qui fonde lui une partie de sa cat gorisation sur ce rapport du personnage au bonheur et au malheur2. Etat et m me donc de moduler sa propre post rit en offrant un autre visage au lecteur que celui de l animal politique ou du juriste chevronn Le malheur commence bien avant le roman en litt rature et d borde hors des cadres romanesques pour investir quasiment tous les genres Il n est d abord pas certain qu il soit un passage oblig apr s tout Hugo a t la merci des circonstances qui ont infl chi son uvre et ont produit ce r sultat que sont les Contemplations en 1856 Mais le p re endeuill n tait pas forc ment annonc par l adolescent ou le jeune homme lyrique du Rayon et des ombres Ensuite on remarque que ce qui est l v nement incontestablement le plus marquant et d terminant de son existence n a fait l objet que d une publication preuve que le malheur n est peut tre pas le levier forc ment rentable et ind finiment recyclable que l on pourrait croire en litt rature Pour revenir la litt rature dans son uvre romanesque par exemple les personnages strictement englu s dans le pathos comme l est Fantine la m re de Cosette dispara t au d but du roman elle couvre le cinqui me du roman le premier cinqui me puis Hugo la fait mourir pour d marrer l histoire de Cosette comme si on ne pouvait pas tenir la distance romanesque sur le seul malheur D abord pour des raisons commerciales le malheur loigne les lecteurs parce qu il les d prime Quand les d tracteurs reprochaient
3. appara t comme d suet d un autre ge et comme un martyr qui dans la vraie vie ne trouve pas d incarnation concr te Peut tre faut il en penser que cette question du bonheur et de son acolyte permanent le malheur ne sont contrairement ce qu on aurait pu croire pas les obsessions du roman et ne sont m me pas n cessaires pour caract riser le personnage ni m me le h ros On peut tre h ros ou personnage sans laisser d espace au questionnement sur le bonheur et le malheur Des h ros modernes comme Bardamu ou Meursault qui ne veulent donner aucune le on au lecteur n ont videmment pas en eux la capacit au bonheur ni la grandeur d un malheur qui leur collerait la peau Leur malheur comme leur bonheur sont au mieux ponctuels ou accidentels car ils signifient au lecteur autre chose que cette alternative bonheur malheur Ils posent la question de la possibilit d exister bien au del de ce questionnement peut tre dat et restrictif car finalement tr s d pendant des images des clich s et des codes de la d cence au sens litt ral Afin de questionner cette vidence du malheur dans la construction du personnage de roman nous avons vu tout l int r t strat gique du malheur pour b tir le personnage puis les limites d un abus du recours au malheur comme levier romanesque Enfin on a remis en cause la pertinence de ce questionnement pour la r flexion sur le personnage et le roman M me s il appara t
4. garantit une ascension motionnelle forc ment puisque le h ros est plac au d part en situation d extr me mis re affective De victime il deviendra acteur de son existence et sera l image du romancier le v ritable d miurge de sa propre histoire Le malheur a aussi cela pour lui qu il est universel et touche donc une large frange de lecteurs ce qui assure l ouvrage un retentissement certain Le malheur poss de une vertu commerciale il est f d rateur Un personnage sans malheur n acc de qu avec peine au statut de h ros Anne Desbar des la protagoniste principale de Moderato Cantabile reste loin du lecteur alors que techniquement elle occupe tout le roman et que plusieurs sc nes sont vues au travers de son regard A l inverse m me un personnage moralement condamnable pourra toucher son public avec du malheur vibrant cela vaut pour le mariage rat de Th r se Desqueyroux qui excuse presque son crime et m me rend Meursault pourtant criminel h ro que qui acquiert enfin un destin romanesque avec les coups de r volver frapp s sur la porte du malheur dit le texte de Camus A ce moment l m me les lecteurs ne s tant senti aucune sympathie pour ce petit fonctionnaire blanc la vie monotone et devenu meurtrier d arabe peuvent s identifier Meursault d s lors qu il est plac en position de victime Plus largement il se fait juger par la foule qui lui lance en fin de roman ses cris de ha
5. une valeur dans le roman et faut il aveugl ment en faire comme un outil comme un autre N est il enfin pas dangereux de banaliser son emploi et le recours automatique que l on ferait du malheur dans le roman ne risque t il pas de pervertir la relation d un personnage son lecteur Mais l inverse le bonheur est il un recours plus recommandable et plus rentable coup s r Demandons nous quels risques il y a assigner la litt rature une r flexion ou une manipulation de ces notions minemment fragiles car temporaires et relatives que sont le duo malheur bonheur La question du bonheur obs de les hommes sans doute depuis Platon et n a eu de cesse au gr des croyances et des poques de rev tir diverses formes en litt rature les Humanistes le voient comme un travail les Lumi res comme la r compense ultime et les auteurs du XXe si cle en font une douloureuse obsession visible jusque dans ses contraires le manque et l absence Mais placer cette double th matique au c ur de sa pratique litt raire est ce une fa on si anodine de formuler des histoires Le rapport de la litt rature au bonheur s il devient une source de questionnement risque de se voir emprisonn dans l cueil du didactisme et c est le destin que conna t la litt rature moraliste du XVIIe si cle qui a fait du bonheur un objet de controverse tr s exclusif seuls les bien n s seuls les honn tes hommes ou les tres sup rieurs A l inve
6. Goethe et Zola ont certes b ti leur carri re sur le malheur de leurs personnages au point d leur tour apr s avoir utilis le sentiment universel de malheur avoir eux m mes g n r des comportements ou des usages relatifs au malheur Werther personnage de papier cr par le romancier allemand a pr cipit nombre de jeunes lecteurs vers le suicide tandis que pour Zola il a amen un nouveau type de malheur hyperbolique et que l on r sume par la locution rentr e dans le langage courant la Zola Tout ce que l on comprend c est que plus que le malheur le paroxysme du malheur partir de la litt rature ne peut plus tre dit de la m me fa on apr s Zola On a vite fait alors d assimiler la cr ation litt raire avec l exploitation du drame humain comme si l inverse une cr ation partir du bonheur ne serait que pure fiction La litt rature ne saurait se r sumer des exemples fussent ils mont s en chapelet m me quand Aragon reprend l adage selon lequel les gens heureux n ont pas d histoire dans le Fou d Elsa c est aussit t l octosyllabe suivant prendre ses nettes distances avec l assertion populaire c est du moins ce que l on pr tend Au fond le probl me est l le bonheur en litt rature n est il vraiment qu une exception De quel bonheur parle t on de l id e De l id e du bonheur seulement Le malheur serait il une condition sine qua non du r cit
7. aux Naturalistes leur litt rature de latrines c tait non seulement pour le lexique trivial et la classe sociale nouvellement valoris e les ouvriers qu il ne fallait pas montrer mais aussi pour l amas de malheurs que des romans comme L assommoir Une vie ou le journal d une femme de chambre donnent voir et qui cr ent un effet de saturation Ce qui avait m me motiv le procureur Pinard pour tra ner Flaubert en proc s pour son tribunal outre l adult re de son h ro ne c est bien sa fin elle se suicide en abandonnant leur sort mari et enfant ne laissant aucune issue Le pessimisme forcen ou l accumulation de malheurs d clenchent au lieu de la compassion recherch e du fait de l exc s la r action inverse le d sint r t voire le rejet Cela tient peut tre quelque chose d ind pendant de la litt rature ou qu on pardonne encore moins pour la litt rature dont on suppose comme tout art qu elle pourrait r parer ou gu rir il semble qu on ne pardonne pas la litt rature de ne pas tre le recours attendu comme si elle avait encore moins que les autres discours le d abonder dans la sens de la d sesp rance L autre limite du malheur dans le roman tient son succ s le malheur est devenu un clich qu il faut surmonter afin de produire des histoires originales avec un h ros original Le personnage de roman irr cup rablement malheureux est devenu une caricature celle du h ros roma
8. ine et le simple fait qu il soit domin par le groupe un groupe qui ne se d finit que par l paisseur du pluriel et par l animalit du bruit en guise de discours cela renvoie le lecteur son sentiment d tre diff rent marginal que quel qu il soit d o qu il soit parce que c est inh rent sa condition d tre humain il a forc ment ressenti C est pr cis ment dans le moment d exclusion que la communaut des lecteurs peut se retrouver unie Et puis un h ros insolemment heureux se poserait en h ros d exception or tout le dosage dans la relation h ros lecteur consiste donner voir un tre remarquable ventuellement un mod le mais en restant abordable aux yeux du lecteur Julien Sorel se voit sabr dans son ascension aussi parce que le jeune franc comtois devait rester au fond le jeune Julien quelque peu maladif du d but pour garder face aux bourgeois et ax nobles corrompus une forme de puret L pisode de la tentative d assassinat de madame de R nal arr te sa suite de succ s devenue Sorel perd en clat ce qu il gagne en vraisemblance gr ce ce coup de folie qui consacre son malheur Le malheur semble tre un passage oblig pour le roman et pas seulement puisque chez Du Bellay d j il tenait sur tout un recueil sur tout un registre l l giaque ou que chez Cic ron pleurant la mort de Tullia son pouse la Consolation est aussi un moyen d humaniser la figure de l homme d
9. ntique seul veuf et inconsol selon les termes nervaliens Cela explique peut tre que la post rit romanesque apr s les pics naturalistes de pathos ait renonc b tir toute une psychologie de personnage sur le malheur Certains se d fissent bien par la teneur tragique de leur existence comme celle qui surgit dans celle de Meursault au chapitre 6 ou bien dans une certaine mesure celle de Rieux m decin impuissant de la Peste Pourtant le malheur pour demeurer saisissant doit se reposer de lui m me et ne pas risquer de tomber dans le syst matisme Alors il s est modifi au fil de la tradition romanesque pour rev tir des formes inattendues le malheur devient non plus l tiquette pr visible du personnage mais son recours tardif providentiel et inattendu comme dans le roman Mars de Fritz Zorn o le h ros a besoin d tre malheureux sans esprit parodique des romans d apprentissage pour s accomplir et se reconna tre h ros comme on le voit venir d s l incipit je suis jeune riche et cultiv et je suis malheureux n vros et seul Si les gens heureux n ont PAS d histoire alors les gens malheureux n auraient PLUS d histoire les ayant tous puis s Le malheur poss de autant d atouts que de limites en tant que levier romanesque et son usage ne va pas de soi dans la construction du roman ni dans la caract risation du personnage Mais au del de sa fonction et de son utilit faut il lui reconna tre
10. romanesque ou de l h ro sme dans le roman Pour interroger la pertinence du malheur dans le projet romanesque et son clat demandons nous ce que le malheur a d utile pour tre si souvent vu comme le socle de la destin e romanesque puis examinons ses limites pour enfin questionner le danger recourir au malheur en tant que tel Le malheur est incontestablement statistiquement un levier romanesque efficace ne serait ce que pour cr er cette connivence capitale entre un r cit un personnage en tant le plus souvent le relais et le lecteur et encore plus lorsque cette connivence est rendue n cessaire au fil de longues pages de longs chapitres de romans Le malheur est paradoxalement un heureux m canisme romanesque le malheur est voir comme un catalyseur d action apte laisser l action gagner en ampleur Comparativement pour qu il y a ait en fin d ouvrage apoth ose ou triomphe il faut qu en amont le h ros ait v cu le pire Le malheur a donc une fonction purement dramaturgique dans le roman il conditionne sa bonne progression Julien Sorel est orphelin de m re Etienne Lantier a t abandonn par son p re et la figure de la m re est de toute fa on d faillante il a pour m re Gervaise noy e dans l alcool la jeune Macquart tromp e et battue par ses maris successifs et Lucien de Rubempr tait lui orphelin de p re L orphelinat constituant quasiment un passeport pour l h ro sme en ce qu il
11. rse le malheur romantique et post romantique que l on trouve encore dans la damnation saturnienne des Verlaine ou Lautr amont est encore une notion sociale r serv e une lite capable d appr cier le degr supr me de sa propre damnation de sorte que ces bonheurs ou malheurs l force d tre th oris s et r cup r s par l esth tique et la r flexion n ont plus rien d universel Ils consacrent en effet un groupe voire un micro groupe Laisser trop de place au bonheur ou au malheur au sein du roman c est risquer d en faire plus qu un support un discours tout entier une th se m me et risquer alors de d naturer la fra cheur du questionnement au profit d une posture intellectuelle C est risquer aussi de ne plus pouvoir rendre compte de la dimension profond ment al atoire et myst rieuse de ces deux notions pour en faire des passages oblig s auxquels finalement le lecteur ne croit plus conscient d avoir affaire ni plus ni moins qu un manuel un mode d emploi Les romans de formation renvoient la pratique de l apologue qui loin de faire vivre la notion en jeu l enserrent dans une image la litt rature qui enseigne l art du bonheur comme les romans rabelaisiens nuisent leur propre diffusion en ce qu ils proposent un id al qui n a rien d universel ce bonheur humaniste n est applicable et accessible qu certains ceux form s la science humaniste ceux issus comme Pantagr
12. uel du groupe social apte s duquer et cet appel au bonheur dans et par le roman risque d appara tre trop comme un cas id al et purement virtuel objet de sp culation et de contemplation Loin de servir leur d finition la litt rature romanesque peut entra ner une scl rose des id es de bonheur et malheur le bonheur et le malheur de priorit s absolues pourront sembler superflus au roman et au personnage D ailleurs l histoire de Goriot a tant insist avec force d monstration coups d exemples r p t s sur le malheur tragique du vieux Goriot que ce sujet l pourtant annonc comme prioritaire avec la place faite la figure de Goriot dans le titre ponyme que tous les lecteurs ont finalement oubli que le roman tait une longue dissertation sur le malheur de la vieille g n ration na ve qui se laisse d passer par la nouvelle g n ration ambitieuse qui a justement omis de se poser la question du bonheur au profit de celle de la satisfaction de la sati t ou son inverse l ambition jamais rassasi e Au fond trop tre obs d par la question du bonheur celui de ses filles Goriot fait son propre malheur et le vrai malheur du personnage est que la gravit de son malheur ne suffit m me plus en faire un h ros celui qui est le h ros du roman est celui qui ne pose plus la question du bonheur Le personnage qui portait tout le questionnement trop vident trop manifeste du rapport entre bonheur malheur
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