Télécharger la communication écrite ici
Contents
1. caract ristiques tout mode de synth se ayant une couleur propre mais de permettre aux 5 Thierry Coduys actuellement ing nieur du son et sc nographe sonore dans le domaine des musiques contemporaines et plus largement du spectacle vivant et des installations a commenc par la mise en onde de concerts dans lesquels taient jou es entre autres des uvres de Iannis Xenakis avant de le rencontrer dans la seconde moiti des ann es 1980 Il a galement travaill pour le compte de IRCAM partir de 1992 et a fond en 1999 La kitchen plate forme technologique afin de proposer aux cr ateurs un lieu de recherche et de cr ation artistique o la technologie et la recherche sont pens es et int gr es comme un unique paradigme Cette entreprise a aujourd hui migr en plateforme virtuelle de ressources et il est galement enseignant l ENS Louis Lumi re o a t r alis le 3 octobre 2011 l entretien d o sont extraits ces commentaires 26 compositeurs de le choisir Ensuite il a souhait s affranchir des axes du temps et de la fr quence hauteurs qui enfermaient l UPIC dans le paradigme de la composition traditionnelle sur partition avec un sens de lecture obligatoire et une seule temporalit pour tous ses objets en imaginant un espace dont les deux axes ne r f reraient plus que virtuellement au temps dans la mesure o les objets qui y seraient plac s pourraient tre parcouru2. de telle mani re que chaque trait chaque arc dans le langage de l UPIC pouvait tre associ une forme d onde et une enveloppe choisies dans la biblioth que initialement constitu e ou parmi celles qui existaient d j en m moire et devait tre affect d une intensit avant que d tre positionn dans la page ce qui avait pour effet de lui attribuer une hauteur tonale une date de d but et une dur e En dehors du choix de l instrument qui jouait r sultant de l association d une forme d onde et d une enveloppe la diff rence avec l criture sur une partition traditionnelle tait due l espace des hauteurs continu de l extr me grave l extr me aigu une repr sentation analogique des dates d apparition et des dur es en lieu et place de la repr sentation symbolique par mesures et valeurs de notes et une occultation de l indication des intensit s partir de la description de ce protocole on per oit d j l int r t d une notation sur papier pr alable au report sur la table num riser o il tait possible d indiquer pr cis ment les param tres associ s chaque arc C est pourquoi les utilisateurs de l UPIC y ont eu largement recours Quoi qu il en soit une fois que la page avait t dessin e on pouvait lancer le calcul et apr s un temps variable dont l estimation 15 ne pouvait r sulter que de l exp rience acquise a
3. mettait en uvre des microprocesseurs et offrait de nouvelles fonctionnalit s au compositeur Par la suite l augmentation de la puissance des processeurs a rendu possible l interpr tation des pages quasiment aussit t la musique dessin e alors que les premi res versions imposaient des temps de calculs pouvant aller jusqu plusieurs heures Ainsi vers 1990 l unit de calcul en temps r el d velopp e pour l UPIC tait un processeur sp cialis suffisamment rapide pour permettre une coute sans d lai ce processeur tant plac sous le 24 contr le du micro ordinateur qui se chargeait de tout l aspect graphique et de la gestion des param tres Mentionnons encore la cr ation des Ateliers UPIC pour sa promotion en 1985 devenus le CCMIX Centre de Cr ation Musicale Iannis Xenakis en 2000 sans que l orientation choisie pour son d veloppement savoir la synth se additive ne soit remise en question Or il faut signaler ici une sorte de vice de construction qui tient pr cis ment au mode de calcul du signal retenu c est dire en pratique l adoption du principe de synth se additive h rit de la th orie de la r sonance d Hermann Ludwig von Helmholtz en tant qu explication ultime de l harmonie dans la musique Il avait en effet observ comment diverses cordes d un piano entraient en vibration selon le son qui tait mis proximit et imaginait que dans le lima on la c
4. UPIC cette machine tait originale en son temps en ce sens qu elle associait dans un dispositif unique la fonction de synth se sonore qui tait jusque l la marque des studios de musique lectronique avec l organisation des sons c est dire avec quelque chose qui se rapprochait de la composition traditionnelle sur du papier musique tout en rempla ant l criture symbolique des notes par une criture graphique la fois plus analogique et plus libre Toujours d apr s lui le musicien lectroacousticien ne pouvait pas retrouver encore moins qu avec les synth tiseurs analogiques de l poque la mati re et les allures qu il inventait dans l enregistrement des sons acoustiques mais il pouvait tre attir par la possibilit d y atteindre par construction et ainsi de comprendre leur nature profonde Parall lement le musicien classique en plus d tre intimid par l appareil tait assur de perdre ses rep res musicologiques ancr s dans la repr sentation symbolique de la partition mais pouvait tre tent de s en d barrasser dans une d marche qui aurait prolong celles des avant gardes en se rapprochant la fois du mat riau et du geste Autrement dit il consid re que l UPIC n tait con u ni pour les musiciens lectroacousticiens ni pour les musiciens traditionnels Mais il ajoute que au del des limitations qui taient celle de la machine r alis e avec
5. atteindre par l entremise de simples objets graphiques N tait ce pas en somme ce qu il avait imagin lorsqu il avait entrepris de relier les diff rents niveaux de temporalit et de symbolisation qui figuraient sur ses sch mas de composition Ra llerait on encore les enfants comme le faisait Theodor Adorno estimant que sous la tendance que semblent manifester ces exp riences musicales 27 actuelles on peut peut tre m me voir le retour de quelque chose de ce puissant merveillement que ressentent les enfants devant ce qui est bariol puisque leurs dessins na fs peuvent tre lus dans tous les sens dans toutes les temporalit s Pour notre part nous avons surtout remarqu la disparition de toute ligne de temps qui nous a fait penser la repr sentation des v nements dans leur espace de phases un portrait de phases tant pour un ph nom ne donn la trajectoire correspondant l volution des valeurs des diff rentes variables ind pendantes qui r gissent sa dynamique Et sachant que cette m thode est surtout utilis e pour la caract risation des syst mes chaotiques instables quelle que soit leur dur e effective Iannix ne propose plus seulement un temps r el qui peut cependant tre celui du calcul mais un temps libre un temps r incorpor dans son flux r el R F RENCES Barbaud Pierre La Musique discipline scientifique Paris Dunod 1968 Lohner H
6. et d cid s le modifier jusqu obtenir le r sultat attendu de ceux qui acceptent un al a de programmation pour ce qu il est susceptible de produire d inattendu et qu il convient de rep rer bien que ses crit res soient impossibles formaliser Dans la premi re cat gorie Pierre Barbaud qui est l un des grands th oriciens fran ais de l informatique musicale a envisag la composition comme une suite d op rations techniques et math matiques dans lesquelles l inspiration proprement dite serait remplac e p riode postmoderne la notion d entreprise artistique avec la prise en compte du contexte institutionnel de la r ception de l art donc de sa m diation 11 par une organisation stricte d v nements Il a labor plusieurs programmes de composition musicale automatique s interdisant de corriger les r sultats de l ordinateur et pr f rant revoir ses programmes jusqu ce que les sorties soient conformes aux th ories bauch es Pour lui la musique par ordinateur dans laquelle la composition est suivie de l ex cution incarnait une certaine perfection m thodologique dans le respect de la tradition de l art musical et s interdisait d s le d part de corriger les r sultats consid rant cette facilit comme une abdication En cr ant le Groupe de Musique Algorithmique de Paris en 1958 avec le soutien de la soci t d informatique Bull Pierre Barbaud a i
7. Internet dans l environnement d une version sur micro ordinateur de l UPIC On voit que l enfant sans avoir aucune notion de la logique des signatures ni de la d marche transductive n en adopte pas moins le principe d analogie ou du parall lisme des individuations La question se pose naturellement de savoir dans quelle mesure Iannis Xenakis s est lui m me laiss entra ner dans cette voie d analogies et de signatures On peut prendre l exemple de Mycenae Alpha 1978 sa premi re pi ce compos e enti rement sur l UPIC et faut il le pr ciser sans recours d autres fonctions que celles qui en constituaient la base except pour le mixage final en st r ophonie et cr e la m me ann e au Polytope de Myc nes dans la r gion de l Acropole On peut d abord rapprocher son sch ma de composition de celui de Pithoprakta 1956 1957 bien que ce dernier soit sensiblement plus 17 complexe et guid par le calcul des probabilit s On y retrouve effectivement ces distributions de densit spectrale variable se d ployant en rhizomes comme s il en avait imit l apparence ou certains aspects mais dans un dessin plus libre sans le carcan des math matiques comme pour jouer avec ses propres cr ations Le r sultat est par cons quent plus sch matique de moindre rendement sonore que celui de Pithoprakta Fragment de partition et dessin pr paratoire de Mycenae Alpha source Internet C
8. Interview with Iannis Xenakis in Computer Music Journal Vol 10 N 4 1986 Moles Abraham Art et ordinateur Paris Casterman 1971 Pel G rard nesth tiques musicales au XXe si cle Paris ditions L Harmattan 2007 Schaeffer Pierre Trait des objets musicaux Paris ditions du Seuil 1966 Xenakis Iannis Formalized Music Bloomington London Indiana University Press 1971 28
9. aux finitions 2 Notons que cette m thode de cr ation dans laquelle l esth ticien tient le r le de concepteur et de ma tre d uvre dirigeant les travaux sp cialis s concourant sa r alisation tait aussi expos e par Abraham Moles voir Moles 1971 Ce n tait donc pas seulement pour des raisons contingentes qu elle tait propos e au del de la lourdeur du mat riel il y avait aussi l influence de la th orie de l information donc d une possible rationalisation du proc s cr atif et celle de la massification de la culture donc d une possible industrialisation de la production artistique pour r pondre la demande Cette d marche aboutira dans la 10 Et puis il faut bien dire que au del de la lourdeur de la proc dure impliqu e dans la composition musicale par ordinateur aucun des compositeurs que nous avons cit s n aurait t en mesure de v rifier la conformit de l ex cution des programmes avec leurs intentions ce qui ne vise en rien leurs comp tences mais renvoie plut t au constat que tout travail de programmation informatique est susceptible de g n rer des r sultats que l intention premi re n avait pas envisag s n importe quel programmeur ayant en effet constat qu un algorithme peut tre terminal c est dire s achever dans une configuration stable sans pour autant convenir au projet originel La diff rence d attitude ent
10. cle 14 UNE SESSION DE TRAVAIL Supposons que l on ait partir du menu qui occupait la partie situ e en haut et droite de la table graphique s lectionn la fonction de dessin d une forme d onde On dessinait ensuite l aide du stylet lectromagn tique librement ou en suivant le trac d une courbe pr alablement construite cette ligne repr sentant une p riode c est dire un son plus ou moins charg en harmoniques suivant sa nature plus ou moins accident e En s lectionnant la fonction de dessin d une enveloppe on pouvait de la m me mani re cr er une forme selon laquelle le son s tablissait et se maintenait pour finalement dispara tre Notons que ces deux fonctions permettaient de d finir s par ment ce qui est indissociable dans une note de musique et plus g n ralement dans un v nement sonore savoir son contenu spectral ou son timbre et la fa on dont il s tablit et dispara t dans la dur e Ces deux op rations pouvaient tre r p t es de mani re fonder une biblioth que de p riodes et d enveloppes Une fois cette biblioth que cr e on pouvait s lectionner la fonction de dessin d une page et apr s avoir d fini son chelle de temps former les traits qui repr senteraient dans l espace du temps et des hauteurs la partition proprement dite Il faut savoir que le principe de s paration des param tres du son tait tendu cette tape l intensit
11. con oivent dans leurs jeux pour se transporter dans un monde inconnu nouveau pour chapper l horreur de celui dans lequel ils ont comme dirait Jacques Monod merg par ce hasard qu aucun coup de d s n abolit ANNEXE 1 L UNIT POLYAGOGIQUE INFORMATIQUE DU CEMAMU On trouve sur le site de Patrick Saint Jean une image composite dat e de 1978 qui exprime assez bien son univers si Pierre Boulez n aurait pas h sit le qualifier de bric brac comme il l avait fait pour le studio de musique lectroacoustique si Theodor Adorno aurait volontiers convoqu la figure du bricoleur la plus accomplie de l auditeur f tichiste qui vingt ans en est rest au stade des enfants qui se prennent pour de grands b tisseurs avec leurs jeux de construction cet univers n en est pas moins consistant et comme tel pouvait rencontrer celui de Iannis Xenakis sans s y dissoudre compl tement 20 ANNEXE 2 L UPIC MAT RIALIS L installation de Thierry Maniguet pour le mus e de la Cit de la musique Paris dont la photographie suivante source Internet donne un aspect a conserv le mini ordinateur le d rouleur de bandes magn tiques la console cran et la table graphique c est dire qu en tout tat de cause cette machine n est plus fonctionnelle 21 ANNEXE 3 L UPIC EN PRATIQUE Selon Philippe Jubard qui a compos trois pi ces de musique avec l
12. des productions musicales de cette poque fortement marqu e par les avant gardes et par l mergence d un mouvement postmoderne qui mettait au rancart les causes mat rielles et efficientes de l art En principe l interface de l UPIC permettait de composer de la musique directement sans que cela ne requi re aucune connaissance ou formation sp ciale qu elle soit musicale ou informatique puisque toutes les manipulations sur les sons ainsi que toutes les commandes vers le syst me s effectuaient par l interm diaire de la table graphique en dessinant puis en coutant Le processus de synth se commen ait par la cr ation de formes d onde c est dire par le trac d une vibration acoustique l chelle de la milliseconde se poursuivait par le dessin d enveloppes d crivant l volution de l nergie d un v nement unitaire l chelle de la seconde et s achevait par la distribution d v nements constitu s par des couples forme d onde plus enveloppe affect s d une intensit dans l espace des hauteurs et du temps comme si c tait des notes de musique associ es un instrument dans une partition traditionnelle L UPIC tait ainsi capable de remplacer un studio de musique lectroacoustique classique tout en apportant les am liorations li es l utilisation de l ordinateur c est dire avant tout une int gration d appareils plus ou moins disparates que l
13. fut assez rapidement occult e par l effervescence d une cr ation qui employait des outils plus traditionnels en musique lectroacoustique mais je n ai jamais oubli cette exp rience qui graduellement devint un sujet de r flexion focalis sur la question de l ergonomie li e l volution des technologies audionum riques G rard Pel SYNTH SE DU PROC S CR ATIF La gamme des dur es qui entrent en jeu dans la composition musicale depuis qu a t labor un mod le ondulatoire du ph nom ne sonore avec notamment Hermann Ludwig von Helmholtz et surtout depuis qu il est devenu possible d en manipuler la structure fine avec les technologies de l lectroacoustique puis de l informatique s tend depuis un ordre de grandeur de dix microsecondes jusqu la dur e de la pi ce d o par exemple un rapport qui va de un soixante millions pour une pi ce de dix minutes De ce fait aucune criture ni aucune repr sentation m me graphique ne sont en mesure d en couvrir l envergure sans changement d chelle Dans Formalized Music Xenakis 1971 221 Iannis Xenakis avait propos un d coupage en niveaux de composition selon deux chelles de temps le premier niveau aboutissant la cr ation de partitions faisait intervenir les r gles g n rales de macrocomposition harmonie contrepoint esth tique les m thodes al atoires diverses et le criblage la th orie des langages et
14. l alg bre la repr sentation interne des partitions et l ergonomie le deuxi me niveau correspondant la microcomposition et ayant pour objet le calcul de l onde sonore comprenait l analyse et le traitement des signaux les m thodes de calcul num rique la psychophysiologie de la perception et l lectroacoustique l expression des signaux sous forme alg brique et spectrale la th orie de l information l informatique g n rale et la programmation Il y avait encore un troisi me niveau qui tait celui de la conversion num rique analogique mais qui n appartenait plus au strict domaine de la composition Le tableau noir encadr par des rayonnages de biblioth que l arri re de Iannis Xenakis montre le m lange de courbes diverses chelles de temps de sch mas de formules alg briques Et m me d images source Internet Sans m me consid rer la grandeur du rapport des dur es en cause on con oit que ce d coupage m nageait l espace pour un niveau interm diaire o auraient log aussi bien les m thodes al atoires le filtrage criblage ou la repr sentation interne des partitions que la psycho acoustique ou la th orie de l information dans une sorte d intersection de la macrocomposition et de la microcomposition une chelle de temps qui aurait t en de des grandes destin es stochastiques mais au del des seuils perceptifs disons entre quel
15. l universit un public moins duqu que par le pass mais dans la lign e des philosophes grecs de l Antiquit il prenait c ur de leur faire apercevoir la magie de la cr ation artistique Son int r t pour les quasi enfants qui se pr sentaient l attention de ce d j prestigieux compositeur tait d abord une curiosit pour sa propre part d enfance Il e t fallu l imiter et voir PUPIC avec les yeux d un enfant 19 oublier la technique et la proc dure investir cette grande table dessiner avec des dessins qui auraient t des desseins Et couter leurs transmutations Iannis Xenakis recevait volontiers des enfants au CEMAMu Dans cette photographie source Internet on remarquera la direction des regards et les gestes L interpr tation esquiss e ici est certes tendancieuse et peut tre pas aussi tay e qu il serait de mise dans un rapport scientifique labellis Au demeurant elle n est pas non plus vraiment dans l air du temps plut t port un puritanisme aliment par une parano a qui n a plus rien de critique qui nous pousse une infantilisation aux antipodes de l enfantinage dont nous avons fait l hypoth se qu il avait t la source et le mat riau vivace d une machine spatio temporelle d une machine d sirante en somme comme celles que Gilles Deleuze d crivait dans L Anti dipe Ce sont pourtant de telles machines que les enfants
16. sorte de f tichisation de cette table d op ration servant de socle au dispositif de num risation inerte en tant que tel mais actif en vertu de sa r ification et par cons quent vecteur de jouissance cr ative d faut de simple jouissance Ne serait ce pas la marque et la signature de Iannis Xenakis au del et en d pit de ce qu il avait d conc der pour que son d sir f t r alis Autrement dit un objet charg et investi du d sir que ce plan de travail se confonde avec le proc s cr atif qu il en recueille toutes les phases exprim es dans toutes les critures et que tout cela prenne vie par l effet des relations instaur es par la force ordinatrice pos e dessus comme elles pouvaient l tre par son esprit dans la d marche de composition Si cette hypoth se a quelque valeur cela signifierait que ce f tiche que cette manifestation d une pens e sauvage pour reprendre l expression de Claude L vi Strauss n avait rien voir avec la pens e magique d un scientisme comme principe selon lequel la science apporterait la connaissance des choses en r solvant elle seule les probl mes philosophiques qui concernent leur tre essentiel mais tout voir en effet avec la jouissance Sa table dessin transf rerait symboliquement le souffle qui donne vie l improbable assemblage de composants lectroniques et de routines informatiques de l UPIC LE
17. POUR UN F TICHISME CLAIR G rard Pel ENS Louis Lumi re Universit Paris 1 gpele univ paris1 fr Fran ois Bonnet GRM bonnetf gmail com In Makis Solomos ed Proceedings of the international Symposium Xenakis La musique lectroacoustique Xenakis The electroacoustic music universit Paris 8 May 2012 R SUM J ai suivi l enseignement de Iannis Xenakis l Universit de Paris 1 entre 1979 et 1981 et fr quent le CEMAMu peu pr s entre 1981 et 1982 Pour autant que j ai pu en juger sa m thode de recrutement au CEMAMu tait assez simple une partie de son cours tant consacr e la th orie classique des cordes vibrantes un tr s petit nombre de ses tudiants en arts plastiques taient capables d en reproduire la d marche et c est eux entre autres qu il proposait cet acc s Pour moi qui avais juste assez de culture scientifique pour tre sensibilis aux relations entre les techniques et les arts notamment avec le d veloppement de l lectronique et qui avais seulement eu en main l ouvrage de Iannis Xenakis consacr aux rapports entre la musique et l architecture l acc s un lieu o l on faisait de la recherche sur la composition musicale avec des outils identiques ceux qui taient utilis s dans les domaines scientifiques tait un cadeau qui comblait mon d sir de comprendre et de cr er Cependant ma pratique de l UPIC n a pas produit d uvre car elle
18. STUDIO DE MUSIQUE Les environnements de composition des musiciens ont probablement t instrument s depuis des temps tr s anciens En ne remontant qu la p riode moderne on peut par exemple consid rer que le piano a t l un de ces appareils d aide la composition Puis lorsque les technologies de l lectroacoustique sont apparues l enregistrement la reproduction ou la synth se sonore ont pu pour certains musiciens dont Edgard Var se qui pourrait plus ou moins tous les repr senter s y substituer L id e d un studio int gr o toutes les op rations de la cr ation musicale trouveraient place dans une unit de temps et de lieu merge notamment avec Pierre Schaeffer voir Schaeffer 1966 qui a d abord cr le Studio d Essai en 1942 dans le cadre de la RTF puis le Club d Essai qui l a remplac en 1946 qui est devenu le GRMC en 1951 et finalement le GRM en 1958 d abord dans le cadre du Service de la Recherche de la RTF puis de l ORTF puis de PINA Mais avec la technologie informatique cette d marche n a pas t imm diatement disponible en raison de la lourdeur et du co t des mat riels si bien que les musiciens peu nombreux au demeurant ne citons outre Iannis Xenakis que Jean Claude Risset Pierre Barbaud et Pierre Boulez qui l envisageaient n avaient pratiquement d autre choix que de recourir la prestation de service c est dire p
19. ainsi la possibilit d une nouvelle relation entre la texture et la structure entre la mati re et le concept comme souhait par Iannis Xenakis aurait elle t autre chose qu un orgue de barbarie lectronique ou qu un m tier Jacquard selon les termes de Philippe Jubard qui en tant que compositeur l a utilis e pendant pr s de deux ann es S rement non mais interrog sur les volutions de cette machine il estime cependant que les logiciels de montage et de mixage du type ProTools et les s quenceurs qui sont largement utilis s par les musiciens du type Cubase ont t esquiss s par l UPIC si bien que m me sans que l on puisse la consid rer sous le seul angle de ce devenir particulier elle n en aurait pas moins anticip l industrialisation de la production sonore dans la perspective du divertissement qui tient lieu actuellement de culture Il reste que ce n tait pas seulement un orgue de barbarie lectronique car en d pit d un son d plaisant terne et p teux et en m me temps qu elle a pr figur les logiciels actuels de montage de mixage ou de s quen age l UPIC a nonc les conditions de leur d tournement pour des ouvrages que leur mode d emploi n avait pas pr vus simplement en mettant sur la table les chelles d un temps tendu qui tait remarquons le en vigueur depuis les grandes d couvertes scientifiques du d but du vingti me si
20. avec l institution pour faire aboutir un projet dont elle tait bien loin de mesurer la port e Il a su impliquer le contexte du monde de l art en jouant notamment du fantasme induit par 18 l id e d une musique par ordinateur d une musique scientifique sans verser dans la technologie pour elle m me encore moins dans le scientisme capable de tirer parti d une machine que bien peu ont pu s approprier en opposant une informatique de la production technologiquement correcte et conforme la loi conomique de l industrie culturelle une informatique de la conception et plus encore une informatique de soi m me L UPIC a t un outil de sensibilisation au son et un outil de recherche pour quelques rares compositeurs et subsiste encore en tant que th me de m ditation et de d veloppement de la pens e musicale comme pour Thierry Coduys avec son logiciel Iannix Certes Iannis Xenakis a b n fici de l aide du minist re de la culture et du CNET devenu depuis le CCETT qui n est assur ment pas une entreprise philanthropique mais elles ont t sans commune mesure avec celles dont a dispos l IRCAM de Pierre Boulez avec notamment le soutien de la SOGITEC une soci t appartenant ce qu on appelle le complexe militaro industriel qui construisait des simulateurs de vol pour l a ronautique et qui a en retour largement profit de l expertise de l IRCAM en mati re
21. d acoustique Dans le cas de PUPIC il s agissait encore selon l expression de Bernard Teyss dre de la marge de gaspillage de l informatique mais avec la 4X c tait v ritablement l assimilation de la production artistique un programme de r conciliation avec la technologie c tait le camouflage sous un aspect attrayant de catastrophes rendues d sirables comme des objets d art en les transf rant du domaine des faits au domaine des choses de l esth tique Comme cela a t souvent not l UPIC incorporait une dimension p dagogique n tant pas seulement con ue pour le service d une musique en particulier par pour celle du compositeur Iannis Xenakis ni d ailleurs pour celles d autres compositeurs mais pour le jeu sans apprentissage pr alable sans r gle sans m diation Il avait dans son ouvrage Formalized Music propos un certain nombre de formules pour approcher ce que selon lui recouvrait le terme musique et parmi celles ci cette assertion It is the gratuitous play of a child Xenakis 1971 181 Ses tudiants l universit taient jeunes et n taient pas pour la plupart form s par une ducation musicale classique parce qu ils avaient d abord choisi une formation en arts plastiques au sein de laquelle son enseignement n tait qu une option et aussi parce que cette poque la massification de l enseignement sup rieur avait amen
22. dessiner non comme simple p riph rique de saisie des donn es et des param tres que l utilisateur doit fournir la machine afin qu elle effectue le calcul de londe sonore mais comme un lieu o par le dessin la mati re s affine se transforme se d phase d elle m me et devient autre Alors une logique diff rente de celle de la technologie informatique se met en place une logique des signatures semblable celle que Michel Foucault voque dans Les mots et les choses une logique encore de transduction en ce qu elle d passerait la d duction aussi bien que l induction comme l explique Gilbert Simondon dans L individu et sa gen se physico biologique ou encore un processus de diff rentiation d velopp partir d un champ de tensions pr individuelles qui constituerait l horizon m tastable du milieu et du savoir l individuation du r el ext rieur au sujet tant alors saisie par le sujet gr ce l individuation analogique parall le de la connaissance dans le sujet Bien s r l on pourrait sourire ou ironiser sur cette fa on d aborder la composition sonore mais il n emp che que tous ceux qui n ont pas su ou n ont pas pu se mettre en tat d enfance devant cette machine sont peut tre pass s c t d un plaisir et d une connaissance que seule cette configuration particuli re de machine d sirante pouvait favoriser Exemple de page dessin e par un enfant source
23. e impression il y avait cependant quelque chose qui retenait particuli rement l attention et qui a t mentionn par plusieurs utilisateurs de PUPIC voir Pel 2007 c est le support choisi pour la table graphique en l occurrence une table dessin telle qu on en trouve chez les architectes et plus g n ralement dans les bureaux d tude dans quantit de domaines o le travail de l ing nieur passe par le dessin norm table dessiner qui tait encore l poque avec les papiers sp ciaux calque ou millim tr notamment et les instruments graphiques outils de trac r gles querres et normographes divers l espace de conception de tout objet destin transformer le monde selon la formule par laquelle Claude L vi Strauss d finissait l activit du savant ou de l ing nieur avant que ne s impose l environnement virtuel de l ordinateur comme nouveau symbole et paradigme de cette volont transformatrice Pour autant cette table aurait pu tre adopt e pour de simples raisons pratiques tant en effectivement r glable en hauteur et en inclinaison pour s adapter chaque utilisateur ou par le jeu d une co ncidence juste parce qu elle aurait t disponible N anmoins Iannis Xenakis avait exerc le m tier d architecte fuyant la Gr ce apr s la seconde guerre mondiale pour raisons politiques il avait trouv en 1947 refuge en France avec le projet de devenir com
24. e la machine qui n tait que le r sultat de la m thode de calcul impliqu e par le type de synth se additive en l occurrence et elle m me comprise dans sa conception il a t amen ruser en exploitant l une des fonctionnalit s de l UPIC qui n avait t int gr e que pour tester l un des dispositifs d velopp s au CNET savoir un convertisseur analogique num rique capable d chantillonner un peu plus d une seconde de son N anmoins si ce dispositif d tournant le principe de la synth se par la num risation a pu tre employ ce n est que marginalement tandis que la synth se additive offrant toute l tendue des temporalit s physique psychologique et harmonique de la composition musicale n a pas pu tre contourn e par les utilisateurs de l UPIC propos de l ergonomie de l UPIC Philippe Jubard voque d abord la lourdeur des protocoles de gestion de la machine et les d lais de calcul Il n exprime l que ce qui a pu tre remarqu par la majorit des utilisateurs de l UPIC sachant qu en effet le d marrage et aussi l arr t d un mini ordinateur doivent respecter une s quence pr cise sachant qu en d but de s ance il tait n cessaire de charger la bande num rique destin e en recueillir l activit et que cela imposait d utiliser le t l type sachant enfin que les pannes n taient pas exceptionnelles et requ raient le plus so
25. ent contribu concevoir dans un rapport r dig pour le Minist re de la Culture afin d obtenir le financement n cessaire sa r alisation 1 Patrick Saint Jean actuellement Ma tre de Conf rences au d partement Design de PENS Cachan a rencontr Iannis Xenakis au Polytope de Cluny de 1973 l a invit pour une conf rence au cours de l ann e scolaire 1973 1974 L ESIEA cole Sup rieure en Informatique lectronique et Automatique la suite de quoi leur collaboration a t engag e de 1974 1977 sous la forme d une charge de recherche CNET CNRS Il s est ainsi trouv avec Guy M digue et Cornelia Colyer troitement associ au d veloppement de l UPIC L acronyme UPIC d note la complexit et l ambivalence de la pens e de Iannis Xenakis si la derni re lettre le C ne pose pas difficult s agissant de la premi re lettre identifiant l organisme CEMAMu au sein duquel la machine a t d velopp e si l avant derni re le I n est pas non plus ambigu puisqu elle renvoie sa technologie l informatique en l occurrence l ant p nulti me le P de polyagogique et dans une moindre mesure la premi re le U de unit peuvent tre diversement interpr t es Le terme polyagogique est un n ologisme forg partir d un pr fixe d j utilis pour d signer ses spectacles lumineux avec musique Polytope tant en effet le mot
26. ependant Iannis Xenakis ne serait pas all jusqu dessiner une chenille ou une maison ou un paysage marin car il tait conscient de certaines lois de l acoustique qui pouvaient plus ou moins guider son dessin On ne peut pas trancher cette question mais il faut n anmoins constater quelque chose de l ordre d une lib ration de son dessin une pratique plus jubilatoire que celle du trac g om trique norm de l architecte qui le rapproche un peu des pratiques enfantines se souciant moins de production et d efficacit que du plaisir de raconter au fil du trait gribouillages compris Auquel cas le papier et sa surface l outil de trac et son maniement auraient t indispensables la r alisation de son plaisir Contrairement aux enfants il ne se serait peut tre pas facilement adapt au micro ordinateur l interaction souris cran qui l aurait priv de cette jouissance sp ciale mais la mani re d appr hender un objet ne pouvant pas tre abstraite du lieu o il s incarne symboliquement le dispositif de l UPIC lui aurait offert au del de l architectonique la possibilit de r investir leur mani re particuli re d inventer un monde par le dessin histori THE GRATUITOUS PLAY OF A CHILD Bien s r Iannis Xenakis n tait pas un enfant de ch ur et il a su utiliser son exp rience du combat et de la r sistance pour parvenir concr tiser ses id es a m me su ruser
27. es au moyen desquels une structure pouvait malgr tout s baucher partir d v nements dont la programmation tait partie int grante y compris dans ses accidents Dans cet quilibre instable entre th orie et mythe il lui importait avant tout que la production sonore f t efficace et acceptait que le concept induit en retour par la perception f t variable enrichi ou appauvri m me s il souhaitait que ses th ories fussent finalement aper ues Il n y avait donc pas chez lui de pens e magique ou mythique au sens traditionnel puisque l tat actuel du monde des sensations ne renvoyait pas un r cit unique mais il n y avait pas non plus de volont brutale comme port e par les ing nieurs d une r forme de la sensation qui ne proc derait que de l administration du concept de la g om trie ou de l alg bre 12 L UPIC EN PRATIQUE La machine UPIC a d apr s Iannis Xenakis t con ue pour mettre l informatique la port e des musiciens au moyen d une interface graphique adapt e leur mode de pens e en prenant en compte les raisons qui les avaient maintenus loign s des pratiques de la musique lectronique savoir l ignorance pour beaucoup d entre eux des th ories math matiques physiques et acoustiques mettre en uvre tandis que les scientifiques qui auraient t en mesure de les pauler taient souvent affect s par une sorte de complexe d inf riorit vis vis
28. ing D rouleur de bandes magn tiques Tekelec Airtronic modifi Lecteur de cartes Lorsqu on entrait dans la salle que le CNET avait attribu e Iannis Xenakis pour l UPIEC il y avait d abord sur la droite une petite pi ce dans laquelle avait t plac le mini ordinateur pour l isoler du reste de l installation en raison du bruit du dispositif de refroidissement indispensable son bon fonctionnement Imm diatement apr s et en face avant d entrer compl tement dans l espace de travail on apercevait la grande table graphique pos e sur ce qui semblait tre une table d architecte et de part et d autre les deux imposants haut parleurs Une fois qu on avait p n tr dans cet environnement on pouvait voir sur la gauche des tag res sur lesquelles taient entrepos es les bandes magn tiques identifi es par compositeur et projet et sur la droite la console cran son imprimante et le t l type Enfin en se retournant on d couvrait le d rouleur de bande magn tique et l quipement lectroacoustique tourne disque magn tophone pr amplificateur et amplificateur Dans cette photographie de source Internet Iannis Xenakis est la droite de la table graphique en haut gauche et regarde la console cran en haut droite avec la main droite pos e sur l imprimante graphique Hard Copy en bas droite on aper oit le clavier du t l type Si l ensemble du mat riel faisait fort
29. is que Gravures est dat e de 1990 Il faut noter qu aucune de ces pi ces dans leur version dit e sur CD en 1998 n est le r sultat brut du travail sur l UPIC elles ont t post produites c est dire mont es et mix es avec les moyens traditionnels du studio de musique lectroacoustique 22 Cette table a t remarqu e par Philippe Jubard comme par d autres en raison de sa taille le format AO correspond une dimension d peu pr s 119 cm par 84 cm soit pr s d un m tre carr a n avait rien d exceptionnel pour un architecte rompu au dessin sur de grandes surfaces mais ce genre de p riph rique for co teux au demeurant tait tr s rare et nous avons encore aujourd hui plut t en r f rence les petites tablettes num riser qui sont utilis es par les graphistes largement suffisantes vrai dire pour enregistrer les gestes correspondant aux fragments de dessins qu ils tracent et assemblent l cran Cette surface tait par contre indispensable pour reporter dans le d tail les sch mas de composition con us par les musiciens et c est probablement sa capacit transcrire quelque chose de l ordre de la notation ou de la concertation qui a s duit Philippe Jubard d sesp rant d y parvenir avec les techniques du montage et du mixage sur bande analogique Cependant confront dans ses premiers essais au son st r otyp d harmonica d aspect terne d
30. kis a pu adopter un terme qui occultait la notion de mati re Mais aux circonstances de cette d cision il conviendrait d ajouter l ensemble des vocations que le terme unit pouvait charrier comme autant de raisons profondes de le s lectionner comme tant le caract re de ce qui n a pas de parties de ce qui est indivisible de ce qui est unique coh rent qui forme un tout organis et homog ne comme repr sentant l harmonie et finalement l identit Tous ces concepts n ont pas forc ment fait l objet d un examen conscient de la part de Iannis Xenakis mais il faut bien constater leur assimilation dans le dispositif de l UPIC qui est en effet une machine ferm e et autonome partir du moment o elle est coupl e avec un op rateur humain L UPIC MAT RIALIS La liste du mat riel utilis pour la premi re version de l UPIC savoir celle qui a t achev e en 1978 peut tre trouv e sur le site Internet de Patrick Saint Jean Mini ordinateur SOLAR Table graphique AO Tektronix 4096 x 4096 points avec crayon graphique Console et cran Tektronix 4096 x 4096 points avec Hard Copy T l type TTY ASR 30 P rif ric avec clavier et imprimante plus lecture et perforation de ruban Convertisseur analogique num rique Convertisseur num rique analogique 16 bits 20 microsecondes de temps d chantillonnage Platine magn tophone amplificateur Haut parleurs JB Lans
31. les technologies de l poque l UPIC v hiculait une sorte d aura elle conjuguait l id e d un progr s scientifique et d une connaissance des ph nom nes li s au d veloppement de la cybern tique puis de l informatique avec celle d un d passement des avant gardes musicales incarn par l uvre de Iannis Xenakis qui tait d j parvenu les sublimer par son aspect visionnaire au moyen justement d une sorte d op ration alchimique dont la surface des grandes feuilles de papier millim tr gardait la trace et que la table num riser avait en charge de r activer 3 Philippe Jubard a commenc la composition de musiques lectroacoustiques en 1977 sous l gide d Andr Almur6 lui m me compositeur producteur Radio France et enseignant l Universit de Paris 1 o il fut recrut peu pr s en m me temps que Iannis Xenakis avec lequel il partageait un cours d acoustique et de composition C est peu pr s en 1980 alors qu il avait suivi l enseignement de Iannis Xenakis que Philippe Jubard fut invit travailler avec l UPIC Outre la musique lectroacoustique il a galement fait des performances et du cin ma exp rimental et il se consacre actuellement la r alisation de documentaires vid o sur des artistes peu m diatis s Les r flexions qui suivent proviennent d un entretien enregistr le 10 novembre 2011 4 Fl ches et Cristal sont dat es de 1981 tand
32. nsible des r alit s spirituelles Cette hypoth se peut d ailleurs tre un peu argument e En premier lieu il est probable qu il n ignorait pas que dans l Antiquit Grecque le p dagogue tait un esclave qui conduisait les enfants l cole en portant leurs affaires et aussi leur faisait r citer leurs le ons bref tait souvent plus proche d eux que leurs professeurs ou leurs propres parents M me si la d finition moderne de la p dagogie comme science de l ducation a neutralis ce lien dans son efficience comme dans son exclusivit cette m moire a pu influencer son choix de ne pas se restreindre la p dagogie ou d viter certaines connotations que son emploi aurait entra n En second lieu on peut faire r f rence l une de ses r flexions r trospectives selon moi la musique est un domaine o les questions philosophiques les plus profondes telles que celles de la pens e du comportement et de la th orie de l univers doivent se poser d elles m mes au compositeur Lohner 1986 Avec cet clairage la polyagogie d signerait moins la g n ralisation de la conduite tous enfants compris qu un moyen apte relier les r alit s sensibles et les r alit s spirituelles sachant que la destination musicale explicite par la derni re lettre de l acronyme UPIC le C de CEMAMu dispensait d y faire autrement r f rence Le terme unit peut lui au
33. nterrog le statut du compositeur L emploi qu il a fait de la pens e math matique signifie un refus de toute concession aux manifestations de la sensibilit romantique et la recherche d une cr ation de type apollinien produit de la seule intelligence autrement dit faire au moyen d une machine une musique de machine voir Barbaud 1968 Iannis Xenakis s est comport diff remment bien qu il f t lui aussi ing nieur architecte responsable de la solidit de ses constructions conform ment un programme il n e t jamais institu le dessin ou la cause formelle comme des magistrats du dessein ou de la cause finale Il est en effet assez largement admis qu il retouchait les partitions issues de ses programmes bien qu il n ait jamais comment cet aspect de son travail et que par cons quent on ne puisse en retracer le cheminement Aussi s il se comportait en ing nieur attentif au r sultat il n allait pas jusqu le consid rer comme n cessairement li aux proc dures de calcul De ce fait il n y avait dans sa m thode aucune contradiction si l on consid re comme Claude L vi Strauss dans La pens e sauvage que l art s ins re mi chemin entre la connaissance scientifique et la pens e mythique ou magique En tant que scientifique lannis Xenakis e t pu souhaiter que ses programmes fussent conformes aux th ories bauch es mais en tant que magicien il s arrangeait des bricolag
34. ochl e le m me ph nom ne pourrait avoir lieu puisque le marquis de Corti y avait d couvert des organes tr s remarquables de petites plaques microscopiques innombrables rang es r guli rement les unes c t des autres comme les touches d un piano Ainsi de la m me mani re que le piano savait r soudre en ses diff rentes parties constituantes le p le m le des ondes qui parcourent l air la perception auditive proc derait une analyse fr quentielle du ph nom ne sonore et la structure de son organe fonderait les lois de l harmonie lesquelles lois auraient pourquoi pas guid la structure du piano et la cr ation musicale pour les accorder l harmonie naturelle Et ultimement celle de l UPIC Mais conscients des limitations de la synth se additive parce qu elles taient perceptibles dans la production des synth tiseurs de l poque qui en avaient adopt le principe et pour des raisons qui ont t mises en vidence par Jean Claude Risset avec ses travaux sur les variations du contenu spectral d un v nement sonore au cours de son volution les concepteurs de l UPIC ont imagin une fonction susceptible d enrichir le son moindre frais c est le dessin de la forme d onde d une p riode en fait qui correspond un premier niveau de synth se incorpor ou pour mieux dire embarqu dans son trac Si cet artifice a effectivement permis d approcher
35. on trouvait ordinairement install s dans le studio traditionnel cette int gration simplifiant en outre le mode d acc s ses fonctionnalit s par la dotation d un langage unifi Ces avantages avaient pourtant une contrepartie qui est l autre facette de l int gration puisque ces fonctions pouvaient tre multipli es et que ces appareils ainsi que leur c blage pouvaient tre abstraits il devenait n cessaire de s en faire une repr sentation mentale afin de pouvoir les utiliser efficacement ce qui pouvait rebuter certains compositeurs attach s une appr hension tangible de leurs instruments Cette opacit deviendrait particuli rement inhibante avec les environnements de travail des studios num riques r cents qui ont multipli les 13 couches d appareils cach s et les niveaux de menus au moyen desquels leurs fonctions peuvent tre activ es LAC ANLE CONS A LOU t Los enari oni Ey ue Et estes 9 onnee ctatnissas F 1 pates n SEN Fa CUTENTA TETE Sur ce dessin source Internet probablement post rieur la construction du premier UPIC on per oit encore l importance de la table graphique symbolis e par sa dimension relative par rapport d autres composants mis part les haut parleurs dessiner et couter Mais si l UPIC n avait pas propos le couplage des fonctions de synth se et de composition sugg rant
36. orellement ordonn es il ne pouvait pas les relier fonctionnellement autrement que par un travail fastidieux de transcription On peut se reporter aux sch mas de Terretektorh 1966 ou de Nomos Gamma 1968 et leurs partitions d ex cution pour admettre que m me au prix d une simplification des objets qu il serait possible de relier par des proc dures elles m mes normalis es Iannis Xenakis ait pu tre tent par un automatisme qui en retour mettrait en vidence l articulation de ces diff rents niveaux ou moments de la cr ation musicale dans sa sensibilit et sa cognition Or avant 1972 l EMAMu Ensemble de Math matique et Automatique Musicale fonctionnait encore selon un sch ma client serveur qu il avait exp riment entre 1961 et 1962 avec notamment S7 10 en collaboration avec la soci t IBM c est dire que selon la formule de Jean Claude Risset le compositeur concevait des algorithmes que des programmeurs traduisaient en code informatique qui apr s ex cution fournissait les donn es convertir en partition processus qu il devait r it rer jusqu l obtention du r sultat esp r ce qui pouvait prendre un certain temps Sa transformation en CEMAMu Centre d tudes de Math matiques et Automatique Musicales avec le soutien du CNET Centre National des T l communication fin 1972 aura peut tre favoris une mutation que par ailleurs de nouveaux acteurs ont pu infl
37. our employer un langage toujours actuel une forme de division du travail qui ressemblait celle qui avait cours dans la manufacture industrielle Donc m me s ils ont tent de contourner cette difficult comme Iannis Xenakis passant des heures et des jours produire avec sa petite calculatrice les nombres de ses compositions les musiciens qui ont voulu composer la musique avec la science et de surcro t avec la m thode scientifique exp rimentale qui partir des ann es 1960 et sous l influence du courant cybern tique a de plus en plus impliqu la mod lisation et par cons quent le calcul num rique ont t en rupture avec le d veloppement du studio int gr de musique lectroacoustique Au d but des ann es 1970 les ordinateurs taient une denr e rare et leur utilisation suivait un protocole assez strict partir des organigrammes ou des ordinogrammes qui d crivaient les op rations effectuer les programmeurs r digeaient le code sp cifique la machine dont ils taient les servants puis dans un processus graduel mettaient au point le programme ex cuter sur le mat riel plac dans de grandes salles r frig r es pour obtenir sur papier ou sur bande magn tique les r sultats qui devaient finalement tre transcrits dans le langage propre du commanditaire parfois par d autres prestataires comme Cornelia Colyer a pu le faire pour le compte de Iannis Xenakis avant qu il ne s emploie
38. positeur de musique mais alors qu il suivait l enseignement d Arthur Honegger de Darius Milhaud et d Olivier Messiaen il ne pouvait gu re assurer sa subsistance qu en exploitant sa formation d ing nieur en devenant de 1948 1960 l assistant du Corbusier dans une p riode au cours de laquelle il ne renon ait pas pour autant son activit de compositeur comme en t moigne notamment la cr ation de Metastasis 1954 et de Concret PH 1958 Il tait donc familier de la table dessiner pour son m tier d architecte et aussi comme offrant un espace de travail pour la composition musicale en tant qu il lui tait galement possible d en faire l esquisse partir de l abstraction g om trique des trac s tablissant ainsi le lien entre musique et architecture qui a fait l objet de l une de ses premi res r flexions th oriques sur la musique Ce qui est av r c est qu il a conserv l habitude de travailler ses compositions sur de grandes feuilles de papier parfois millim tr qui trouvaient naturellement place sur la table d architecte qu il avait conserv e Quelle tait donc la motivation de cette sauvegarde pour qu on la retrouve comme support de la table graphique de l UPIC tait ce pour des raisons pratiques donc par commodit ou plus sentimentales afin de conserver la m moire d une p riode f conde Ou bien serait il possible d mettre l hypoth se d une
39. qu il avait construit en assemblant la racine grecque polu qui signifie beaucoup ou nombreux et le terme grec topoa qui d signe la place ou le lieu avec le suffixe agogie tir du grec agogia qui renvoie l id e de transport ou de conduite Iannis Xenakis connaissait il la cr ation du terme agogique par Hugo Riemann en 1884 pour d signer les l g res modifications de rythme ou de tempo dans l interpr tation d un morceau de musique Il serait s duisant de penser qu il ait pu fusionner ces deux tymologies celle de conduite qui serait rapprocher de la notion de but pr sente dans le terme stochastique qu il avait choisi pour qualifier l une de ses d marches de composition et celle de variation comme tant le symbole de la vie de la musique et pas seulement dans son interpr tation mais c est l une chose qu il est impossible d affirmer Il est plus probable qu il ait d abord song au terme p dagogique par affinit avec ses propres origines linguistiques et culturelles mais que pour des raisons difficiles isoler il ait pr f r r utiliser le suffixe poly qui avait r ussi g n raliser et ouvrir le concept d espace lorsqu il l avait associ certaines de ses uvres comme tant aussi des compositions de lieu avec application des sens comme disait Ignace de Loyola de ses exercices spirituels cens s donner l quivalent se
40. ques secondes et un dixi me de seconde ce qui correspond peu pr s au niveau infralinguistique de la perception consciente Cependant cette dichotomie tait encore propos e dans Formalized Music une poque o Iannis Xenakis travaillait avec le calcul d une part et graphiquement d autre part c est dire dans deux espaces temps avec lesquels cette intersection pouvait rester implicite La question d un d coupage qui mat rialiserait ce niveau interm diaire a en revanche pu se poser lorsqu il a commenc imaginer un environnement de composition musicale susceptible d agr ger dans leur repr sentation et de connecter dans l effectivit de leur actualisation ces temporalit s extr mement loign es Ceci n est qu une hypoth se pr sent inv rifiable mais avant m me qu il ait con u cet environnement il est possible que Iannis Xenakis ait pris comme point de d part et comme paradigme du proc s cr atif sa table d architecte qui aurait alors fonctionn comme un creuset d alchimiste comme le milieu d une m so composition en mesure de r aliser tout l uvre qu il lui plairait d accomplir en reliant ces temporalit s Suivant cette hypoth se on voit que s il lui tait possible d crire et de dessiner sur de grandes feuilles de papier calque ou millim tr des quations et des ordinogrammes des textures et des structures et m me des repr sentations temp
41. re l ing nieur et l artiste qui ont command un calcul par d l gation tient ce que le premier ne peut m me pas envisager que le pont dont il dessine les structures puisse s effondrer par cause d une erreur de programmation tandis qu un artiste peut d couvrir par suite d un codage qui ne serait pas strictement conforme ses intentions initiales des configurations qu il n avait pas imagin es mais non moins valables esth tiquement parlant que celles qu il avait d abord con ues ce qui vaut soit dit en passant dans le cas o on est son propre programmeur Le programme d un ing nieur des ponts doit respecter une loi constructive physique et norm e pour que son ouvrage remplisse sa fonction tandis que celui du compositeur de musique n est guid que par une esth tique qui ne conna t d autre loi que celle du monde de l art qui s ouvre ou non la pi ce qui se pr sente son seuil et laquelle il conf re ou non le statut d art selon des crit res qui ne connaissent pas la notion de correction du programme partir duquel l uvre est actualis e ni m me d ailleurs la notion de programme hormis ce qui s exprime dans celle de commande pour une cat gorie d art institutionnel bien particuli re Ouvrons ici une parenth se On peut distinguer les compositeurs acharn s comme des ing nieurs faire en sorte que leur programme respecte le plan qu ils ont con u
42. recueillir en raison de ses contacts avec Iannis Xenakis ou avec ses proches qui a d bouch sur une proposition de pr senter un nouveau projet ce qu il a accept sous trois conditions qui d coulaient de ce rapport s parer les fonctions de synth se des fonctions de composition d velopper en mode logiciel libre faire en sorte que le logiciel soit ind pendant de la machine et du syst me d exploitation Une premi re subvention a permis la r alisation d un prototype sans interface graphique avec la collaboration de G rard Pape qui avait une connaissance approfondie de PUPIC Apr s de nombreuses p rip ties la derni re subvention en 2010 a servi impl menter la quatri me version de Iannix se distinguant des pr c dentes par un acc s bien plus ais permettant sa prise en main sans presque aucune autre connaissance que celle de notre culture informatique ordinaire Mais qu est ce que Iannix En premier lieu Thierry Coduys a voulu rompre le lien entre l espace de composition et le synth tiseur suivant en cela l avis de la majorit des compositeurs qu il avait consult s pour son rapport en instituant une architecture dite client serveur en mesure d tablir le lien entre l interface de composition et n importe quel moteur de synth se au moyen d autant de traducteurs accessibles dans une biblioth que Il ne s agissait pas de proscrire la synth se additive pour ses d fauts
43. roches du monde informatique pouvaient tre manipul s Nul besoin de se faire une repr sentation mentale du syst me constitu par un ou plusieurs logiciels dans un espace virtuel uniquement accessible par de toutes petites fen tres car tout tait d ploy et pouvait tre appr hend quasi charnellement Quant au temps de calcul qui pouvait effectivement tre assez long dans le cas de pages tr s charg es c est dire devait tre compt en heures on pouvait le vivre comme un temps offert la r flexion la m ditation Le temps r el est bien s r la r gle quand il s agit de traiter des signaux dans le flux de leur apparition de m me qu il serait p nible de devoir attendre ne f t ce qu une seconde entre le moment ou on appuie sur une touche du clavier et l affichage l cran du caract re correspondant mais l habitude prise de l imm diatet dans la r ponse faite toute demande qui implique un calcul est une plaie pour le processus de cr ation L acc l ration du comput fait prolif rer les choix dont on sait qu on ne pourra jamais tous les tester r tr cit le temps de maturation indispensable toute activit o l intellect est impliqu bref nous rend idiots par l imposition d un temps et d un rythme qui n est plus notre chelle ANNEXE 4 POST RIT DE L UPIC La premi re machine fut achev e en 1978 La seconde version UPIC 2 lanc e en 1983
44. s Pour poursuivre cette logique il a con u deux types d objets nomm s arc en r f rence l UPIC et d clencheur susceptibles d tre lus par des t tes de lecture virtuelles nomm es curseurs de telle mani re qu un nombre quelconque de ces objets lus par un nombre quelconque de curseurs ind pendants et des vitesses variables produisent finalement les instructions de pilotage du ou des synth tiseurs choisis Et pour compl ter tout cela ces instructions peuvent contr ler aussi bien des dispositifs visuels que sonores y compris de spatialisation et m me g n rer de nouveaux objets dans l espace de composition si bien que l on a affaire un syst me r cursif auto g n ratif Dernier raffinement lannix est aujourd hui un espace en trois dimensions et peut lui m me tre pilot partir d autres logiciels pour offrir un acc s plus symbolique que son espace graphique Thierry Coduys emploie le terme de m tas quenceur polytemporel pour qualifier sa machine Amge Deux vues de Iannix prises sur le site Internet qui lui est consacr Avec tout cela il admet volontiers sa quasi fascination pour le chaos vers lequel est rapidement conduit Iannix quand on exploite la r cursivit mais non sans remarquer que Iannis Xenakis aurait peut tre t lui m me int ress par un dispositif auto g n ratif et par le niveau d abstraction auquel il est possible d
45. sans toutefois y atteindre compl tement la vie d un son naturel ou instrumental il a emp ch que le compositeur puisse renouveler son approche de la synth se instrumentale classique alors m me qu il tait confront des mat riaux sonores inouis m me s ils taient relativement homog nes Pour le dire simplement sur une partition traditionnelle chaque port e est identifi e par l instrument ou le pupitre mais sur une page d UPIC cette information a disparu Outre que les rep res habituels de l orchestration n taient plus exploitables le compositeur devait par cons quent se construire une repr sentation toute mentale plusieurs niveaux alors m me 25 que la promesse de l UPIC tait entre autre celle d une explicitation des param tres sonores et musicaux par le dessin Or il se trouve que parall lement au d veloppement de l UPIC dans le cadre du CEMAMu puis du CCMIX Thierry Coduys a propos et construit un logiciel lannix qui tout en revendiquant clairement sa filiation a profond ment boulevers l approche coordonn e selon les axes du temps et de la fr quence de la machine originale Il a d abord au d but des ann es 1990 t amen r diger un rapport d expertise pour le compte du minist re de la culture qui tait l organisme de tutelle du CEMAMU se servant notamment des archives d pos es la Biblioth que Nationale et de ce qu il avait pu
46. ssi tre interrog Iannis Xenakis aurait pu choisir machine dispositif appareil ou synth tiseur pour justement renvoyer au domaine musical Sans n gliger la possibilit que son choix ait aussi t guid par une facilit de prononciation de l acronyme il faut remarquer qu cette poque le terme qu il a retenu tait employ dans l expression unit centrale pour d signer organe de calcul d un ordinateur en le distinguant de ses p riph riques et des interfaces qui les font communiquer On se repr sentait alors l unit centrale d un ordinateur comme une sorte de r seau dans lequel de l nergie aurait t modul e par un programme en substituant ce nouveau duo au couple mati re forme l hyl morphisme qui avait jusque l occup avec le monisme substantialiste l essentiel de la r flexion philosophique et scientifique Si l on peut situer d s cette p riode l mergence d une id e de d mat rialisation c est dire bien avant qu elle ne passe dans le langage courant avec le d veloppement de la num risation il faut cependant rester conscient que le remplacement de la mati re par l nergie donc par le travail de l hyl morphisme par un ergomorphisme n a jamais eu pour cons quence que de dissimuler la mati re fossile en dernier ressort la source de cette nergie Donc suivant la sensibilit du moment Iannis Xena
47. u fil de nombreuses s ances couter le fragment synth tis Il tait parfaitement possible de s en tenir ce sch ma de composition qui avait t valid par Iannis Xenakis moyennant son acquiescement un r ductionnisme impos par des technologies qui ne concevaient pas que les relations complexes qui pouvaient coexister sur son papier millim tr relations temporelles morphologiques g om triques alg briques voire topologiques fussent autrement organis es que selon les coordonn es de la physique classique dans ce cas dans la dur e d coup e en tranches et en registres et selon le paradigme ondulatoire et harmonique fondateur de la synth se additive simplement parce que son algorithme tait relativement facile impl menter dans les langages de programmation de l poque Cependant il tait difficile de ne pas remarquer le caract re fortement st r otyp des sons qui taient obtenus par cette m thode aussi bien pouvait on faire confiance aux ing nieurs comme en t moigne l entretien r alis avec Patrick Saint Jean pour proposer quantit de dispositifs de fonctions ou d algorithmes cens s am liorer ou enrichir les syst mes qu ils taient en charge de concevoir et de construire C est ainsi que l UPIC a t dot d un convertisseur analogique num rique dispositif qui tait disponible en raison des recherches men es au CNET et de divers algorithmes de traitement du signal
48. uencer parmi lesquels Patrick Saint Jean qui tait alors tudiant l ESIEA L UNIT POLYAGOGIQUE INFORMATIQUE DU CEMAMU Patrick Saint Jean avait imagin un Syst me Informatique de Laboratoire Op rationnel pour la Composition Musicale et Visuelle SILOCoMuVi peu pr s dans la p riode o il fut engag par Iannis Xenakis pour mettre en uvre ses id es sur un environnement de composition musicale qui rendrait op rationnelles les relations qui pouvaient figurer sur ses sch mas Il ne saurait tre question ici de d livrer quelque certificat d ant riorit que ce soit car nous n inventons jamais que des objets trouv s qui viennent s agr ger d autres objets que nous avons l esprit Ainsi Iannis Xenakis a pu d couvrir quelque objet sur le fond des id es de Patrick Saint Jean qui entraient en r sonance avec ses propres pr occupations Et r ciproquement L UPIC comme quantit d autres machines quand on les consid re selon la lecture deleuzienne comme des machines d sirantes n est pas autre chose que le produit de cette conjonction d objets d tymologies diff rentes par eux m mes inertes mais dont l assemblage constitue une unit fonctionnelle D apr s Patrick Saint Jean lors d un entretien r alis le 13 d cembre 2011 qui confirme les informations qu il a mises en ligne sur son site Internet c est Iannis Xenakis qui donna son nom la machine qu ils avai
49. un algorithme d analyse spectrale transform es de Fourier et de Walsh Hadamard un algorithme de filtrage lin aire par le dessin de la courbe de r ponse du filtre tant en amplitude qu en phase et un algorithme de filtrage morphologique permettant d isoler dans une courbe une structure d finie l avance sans alt rer le reste de du signal Il ne fait pas de doute que ces appareils et ces programmes ajout s ont t autant d opportunit s pour les compositeurs d chapper au son d harmonica p teux de la machine et de parvenir des r sultats conformes leurs sensibilit s en les inscrivant dans la continuit de leurs cr ations ant rieures comme Philippe Jubard d tournant la fonction de num risation ce sujet il serait assez difficile d appr cier dans quelle mesure Iannis Xenakis a t rigoureux avec ses propres principes ou s il a adopt un usage plus libre de sa machine On sait qu il tait soucieux d efficacit sonore et acoustique et si l on prend en compte sa pratique de retouche des partitions calcul es on pourrait penser qu il a agi avec l UPIC dans le m me sens d efficience c est dire sans consid ration du principe de synth se totale qui n tait de toute fa on pas le sien mais celui des ing nieurs avant qu ils ne prennent conscience de ses limites Mais c est l une simple hypoth se 16 Il faut donc en revenir cette table
50. uvent l intervention de l un des ing nieurs qu on h sitait d ranger Guy M digue ou Cornelia Colyer l poque o Philippe Jubard l a utilis e Cependant s il ne se produisait pas d incident et s il n tait pas n cessaire d enregistrer sa session sur bande num rique il tait possible de travailler directement sur la table graphique car le syst me tait en principe d j en marche et il n tait d ailleurs pas recommand de se lancer dans des op rations dont on ne ma trisait pas 23 bien la logique Ceci tant admis c est un syst me qui s imposait par son encombrement et par l impression de poids qui s en d gageait Et de ce fait imposait un certain respect Avec l volution de l informatique et la d mat rialisation des interfaces il est devenu possible de disposer de toutes les fonctionnalit s d un studio de musique et aussi de les tendre pratiquement sans limite condens es dans un minuscule ordinateur l ger et mobile mais dans lequel les appareils du studio sont dissimul s derri re des repr sentations et des fonctions devenus de pures virtualit s presque des fictions Et la m me machine servira au graphiste l crivain l ing nieur au gestionnaire Avec l UPIC du moins dans sa premi re version rien de tel m me le c ur computationnel tait tangible et les autres composants les p riph riques identifiables comme plus ou moins p
Download Pdf Manuals
Related Search