Article Jean-louis VALENTIN
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1. ACTUALITE CULTURELLE Dix questions Jean Louis Valentin Clich Valentin Sarl LVEC Quand avez vous choisi d tre charpentier Jean Louis Valentin J ai choisi de faire le m tier de charpentier depuis la derni re classe avant le certificat d tudes la suite d une vocation par l instituteur direc teur de l cole des Tauxelles M Lambinet qui avait cer tainement des qualit s car il avait t distingu des Pal mes Acad miques En ce temps l on parlait encore des m tiers l cole primaire la que et r publicaine I avait dit que le charpentier fait de la charpente de toit l t et que l hiver il fait des escaliers C tait id aliste de sa part car j ai tr s rarement rencontr ces opportunit s J ai d couvert ce m tier avec un professeur d en seignement technique Pargeas ancienne caserne Beurnonville boulevard du 1 RAM Guy Breton un per sonnage hors du commun ancien catcheur halt rophile s lectionnait ses l ves par des preuves d s la rentr e passage en quilibre sur des tr teaux 2 m tres du sol lui dessous pr t recevoir ceux qui chancelleraient et qui seraient de fait limin s Guy Breton dispensait un enseignement initial dont j ai rarement vu l quivalent par la suite faut dire qu il tait issu du m tier Ayant fait connaissance d une femme qui tait dans l enseignement il est retourn l cole pour devenir professeur2. La 54 gt lave Champagne n 57 charpente mode d emploi Cemna tre les bois de charpente Lire les charpentes traditionnelles Diagnostiquer les d sordres Restaurer modifier des l ments de charpente Tours j ai particip avec l entreprise qui m em ployait la r novation de la ville et l am nagement des rives du Cher March s publics particuliers J tais responsable de la branche charpente conception j ai fait Tours une belle exp rience de mon m tier LVEC Quand revenez vous vous installer Troyes J L V Le temps a pass je suis revenu vers Troyes o je me suis install comme artisan en octobre 1969 En 1973 j ai d cid de m int resser davantage la charpente traditionnelle champenoise et j ai entrepris un travail minutieux de relev s de photos de dessins du patrimoine existant encore faisant quasiment de l ar ch ologie J ai particip au passage des compagnons char pentiers Troyes J ai cr le premier accueil et enseigne ment de perfectionnement en charpente Troyes o provisoirement les compagnons taient install s au cen tre de promotion sociale aux Lombards Nous y sommes encore avec une maison de compagnons J en suis devenu un des responsables comme ma tre de m tier fonction que j assumerai pendant 30 ans Dans le m me temps j ai fait partie du jury des CAP BP et rapidement je suis devenu pr sident de jury et conseiller d enseigne me
3. tudes de jeunes architectes en essayant de les sensibiliser au patrimoine champenois Lass d attendre un retour j ai d cid d y aller moi m me et de faire bou ger un peu tout a en terme de confort et de r flexion sur l investissement en patrimoine J ai pens avant l heure la gestion durable en d veloppant une technologie d isolation par l ext rieur et l emploi de mat riaux naturels La mise en uvre de maisons pan de bois avec une r flexion contemporaine en termes de confort m a valu deux distinctions un premier grand prix r gional des m tiers d art et une m daille de vermeil de l industrie nationale Parall lement j ai particip de mon mieux la mise en valeur du centre ville en montrant la consid ra tion que nous devions avoir pour les constructions pan de bois et pignons sur rue du xv si cle C est d ailleurs sur ce th me que j ai soutenu ma th se en architecture qui m a conduit tre dipl m par le Gouvernement DPLG J ai donc voulu et je veux encore devenir archi tecte Car je dirai que l on n est pas architecte m me avec un dipl me on le devient Je dirai aussi que ce qui La Vie en Champagne n 57 gt 55 mme some er ACTUALITE CULTURELLE est important c est de faire de l architecture plut t que de faire l architecte C est en quelque sorte relever un d fi g rer la complexit et la diversit sans faire dans la mode ou comme certains le pensent dans la reco
4. d un architecte en chef des monuments historiques Jean Michel Musso qui va prendre en compte la vision que j ai de la charpente ancienne apparente et qui adaptera son projet mes conseils L aussi une grande amiti na tra L cole sup rieure des arts appliqu s b n ficie aujourd hui d espaces lib r s dans ses combles et cha cun peut admirer ses ch nes centenaires assembl s avec des fermes sur jambe de force des raccords des enrayures noues et ar tiers magnifiques lci aussi se trouvent des escaliers remarquables l un tr s ancien massif rampe sur rampe palier bas cule main courante moulur e balustres rampantes d part sculpt un autre sur noyau limon courbes et contre courbes balance aussi en bascule chiffre tour nant sur le vide Et un escalier magistral en lamell coll moderne LVEC Vous avez aussi travaill au Petit Louvre et PH tel Dieu J L V Ma r putation s affirme encore dans la res tauration du Petit Louvre avec un architecte des b ti ments de France qui modifie son projet pour laisser sur ACTUALITE CULTURELLE mes conseils la charpente apparente au lieu d un habillage et d une isolation au lot placopl tre L aussi sont r habilit s un bel escalier xv et des solivages apparents avec closoirs sculpt s Pour la restauration de l H tel Dieu tr s peu de gens connaissent l exploit qu a t la mise en place en sous uvre sans d monter la charpente re
5. Il fournit les cl s n cessaires pour une lecture historique et technique des divers types de charpente existants la Phili bert la Mansard chandelles chevalels hommes debout Il donne voir les d sordres qui peuvent affecter les charpentes et leurs causes Lhumidit d abord qui d t riore about des pi ces de bois qui deviennent alors un terreau pour les champignons lignivores et une r serve de nourriture pour les insectes xylophages Mais aussi la d gradation des ma onneries porteuses les modifications inopin es du syst me de couverture ou les interven tions hasardeuses sur la structure m me de la charpente des tableaux des 5 le livre de Jean Louis Valentin constitue aussi un manuel des r parations et des modifica tions possibles sur les charpentes s ce litre il est essentiel pour ires de maisons et les arti sans mais aussi pour tous les amoureux des maisons traditionnelles JLH M Amanach 2009 des Croqueurs de pommes Turriers Transfaire SARL 2008 e Ghrranach Feuilleter l Almanach 2009 des Croqueurs de pommes c est d couvrir la richesse du patrimoine fruitier et l activit de ses d fenseurs Chaque mois des chroniques des recettes des conseils FAlmanach propose La Vie en Champagne n 57 gt 57
6. d taiements en sous uvre et notamment la C ramique de S vres o j ai r alis de belles lucarnes en ch ne assembl es dans le toit Mansart en ventail c est dire vas es et biaises en parties arri res avec des jou es cintr es sur le dessus couvertes en plomb et ardoises du beau travail Paris j y ai t un beau jour La Vie en Champagne n 57 gt 53 l ACTUALITE CULTURELLE de saint Joseph re u champagne la pers v rance compagnon passant charpentier du devoir bon drille du tour de France j ai alors rejoint Angers en 1965 LVEC En quoi Angers et Tours sont elles marquan tes dans votre parcours J L V Angers j ai rejoint une maison de com pagnons toute neuve en pierres blanches avec aussi des gr s et des schistes d ardoises Ce qui m a ravi c est aussi son int rieur orn de fresques du compagnon Jean Bernard refondateur du compagnonnage Ce n est plus un r fectoire mais une salle manger qui accueille les jeunes itin rants Dans cette ville je suis devenu ma tre de cours iti n rant J ai enseign aux plus jeunes ce que j avais acquis chez les compagnons et lors de mon exp rience en entreprise J ai travaill dans une soci t coop rative de compagnons qui associait tailleurs de pierre ma ons et charpentiers qui traitait de gros chantiers C tait bien du souci pour ces responsables compagnons mais l poque voulait a J ai particip de
7. d enseignement tech nique L enseignement technique d aujourd hui n ensei 52 gt La Vie en Champagne n 57 Jean Louis Valentin vient de publier La charpente mode d emploi titre qui arrive en compl ment de son pr c dent ouvrage paru en 2006 consacr au colombage Le colombage mode d emploi Rencontre avec un artisan f cond et un acteur majeur des m tamorphoses patrimoniales de Troyes INTERVIEW PAR LA VIE EN CHAMPAGNE Propos recueillis par Jean Louis Humbert gne plus un m tier mais une ventuelle aptitude le faire et cela va tr s loin jusqu au baccalaur at professionnel Cet homme connaissait les compagnons et insistait pour que ses meilleurs l ves rejoignent une de leurs maisons CAP en poche C est ce qu il m a propos LVEC Quelles ont t les premi res tapes de votre parcours de compagnon J L V J ai rejoint la maison des compagnons de Lyon la rentr e de septembre 1958 Je ne connaissais pas vraiment les compagnons J en avais entendu parler pendant mon apprentissage 3 ans l poque par d anciens l ves qui passaient voir eur professeur de temps en temps C tait encoura geant Guy Breton avait un palmar s tonnant de jeunes hommes re us compagnons sur le Tour de France une rentaine environ au point que 10 ans plus tard nous for mions un club d anciens l ves Lyon j ai t embauch chez le compagnon Despierre Lyonnais le bon c ur c tait son nom de
8. multiplient 1 et fontes d ornement particuli rement en d hommes rilles serres Haute Marne Mare Lechien nous entra ne enfin travers la r gion la d couverte de 66 jardins cr ation r cente le jard de Champagne 51 la promenade de Blan chefontaine Langres 52 les jardins de la Motte Tilly 10 le pare de l abbaye de Trois Fontaines 51 le pare du ch teau 52 les jardins Mo t et Chandon pernay 51 mais au caract re patrimonial ou de lons en de Cirey sur Bla les Faux de Verzy 51 le jardin de la Sente Jacquet du sculpteur Neiges vigny 08 le jardin de la rose Margot Loches sur Ource 10 Un utile lexique cl t cet ouvrage passionnant de lecture ais e et agr able JLH E J L Valentin La charpente mode d emploi Paris Eyrolles 2008 Apr s Le colombage mode d emploi paru en 2006 Jean Louis Valentin compagnon du Devoir ma tre charpentier et architecte signe un nouvel opus consacr aux charpentes traditionnelles ouvra la viabilit des maisons complex s et strat giques pour NOTES DE LECTURE Son ouvrage permet au lecteur d ac qu rir une connaissance pointue du mat riau bois essences ulilis es et leurs usages aballage et pr paration des bois Il explicite clairement le travail du char pentier et pr sente les nombreux outils dont se sert ce dernier aux diff rents stades de l ex cution d un ouvrage
9. compagnon fait partie de ces hommes qui ont refond e compagnonnage apr s la guerre 1939 45 Nous lui devons aujourd hui d tre des soubises d origine de sou che ancienne issue du vieux devoir c est dire compa gnon passant charpentier du devoir bon drille du tour de France ancien rituel du saint devoir avec pour devise JMJ j sus marie joseph Le travail chez lui tait la hauteur de sa qualifica tion Nous faisions des silos de stockage en bois de 100 tonnes par cellules et 12 m tres de haut des b ti ments en bois pour des scieries et pour des vignerons du Beaujolais riche et belle exp rience en charpente pour des particuliers avec une touche de charpente moderne C est chez lui que j apprendrai l ar tier sous tendu sys t me polonceau du nom de son auteur ce que nous appelons la charpente triangul e Ce syst me a aussi permis de r aliser des ponts provisoires dont la France a eu tant besoin apr s guerre et qui pour certains sont rest s en service pendant 45 ans sans entretien particu lier Je me souviens de celui qui traverse la Seine Fou chy pr s de Troyes J ai quitt Lyon apr s un hiver de cours du soir et du samedi trop jeune pour tre adopt pour Toulouse J y ai r alis mon premier chef d uvre et j ai t adopt par l association ouvri re des compagnons du devoir la Saint loi de 1959 J y ai pass un an le travail ne man quait pas J ai fait trois entreprises pour me
10. de travail L aussi on refaisait de la charpente tant pour le domaine public que pour le priv J ai eu la chance de travailler au ch teau d un grand cru le Beychevelle Tr s peu connu c est le vin des ambas sades nous avait dit le ma tre de chais ACTUALITE CULTURELLE J ai quitt Bordeaux pour effectuer mon service militaire 18 mois l poque Mais comme soutien de famille a n de huit enfants je suis rest en France dans l intendance J y ai appris la gestion mati re On r ceptionnait on stockait on distribuait une sacr e organisation c tait la guerre d Alg rie LVEC Dans quelles villes avez vous travaill apr s votre service militaire J L V Mon service termin j ai travaill un peu Troyes pour me d faire de la nostalgie de mon tour de France J ai particip la restauration de la maison du Boulanger premi re maison en pan de bois restaur e Troyes l poque la municipalit avait des ambitions de reconstruction les pans de bois taient class s insalu bres incommodes C est avec ce genre de plan que l on a eu plus tard l ot du Gros Raisin Serge Moriseau architecte des b timents de France vit deux jeunes com pagnons lui donner un s rieux coup de main et avec le p re Cotenet charpentier v n rable parvint sauver ce b timent La municipalit aurait bien aim que la chose s croula sur le dos de ses d fenseurs de fa on acc l rer l
11. e dit ce sont nos clients Il y en a m me qui ne pensaient plus notre travail possi ble imaginant que c tait de l histoire ancienne C est l le paradoxe LVEC Et la rel ve J L V Aujourd hui ma fille a pris la rel ve et g re l entreprise de charpente menuiserie avec une bonne quipe qui se renouvelle avec le passage des compa gnons et les contrats de formation Notre site Internet tant comme entreprise que comme cabinet d architecture est aussi le travail de la jeune rel ve J en profite pour dire ici que ce n est jamais la jeu nesse qui est d faillante mais les plus anciens On peut m me voir que nous n avons pas fait beaucoup de progr s depuis les veaux d or avec les sp culateurs d aujourd hui Je ne fais pas ces observations par rapport une croyance mais par une connaissance l preuve du temps C est dire aller de connaissance en reconnais sances et d esp rance en esp rances Je fais cela avec des jeunes principalement car l Homme a grand besoin d esp rance et une charpente apparente c est de la connaissance ensuite de la recon naissance et enfin de l esp rance A vero te detre Rep res biographiques Ma tre charpentier Architecte DPLG Grand prix r gional des m tiers d art en 1984 Chevalier de la L gion d honneur au titre de la Promotion du travail par d cret du 30 d cembre 1995 M daille d or des M tiers et des Arts de la Renaissance Fran aise au
12. e la nature qu il quement et techniquement dans les jardins renaissants puis cle siques la fin du xvin si cle la rigidit lartifice e l ennui qui en d coulent font ement place davantage d hu manit et de naturel dans les jardins pittoresques L poque contemporaine engendre des jardins plus individualistes caract ris s par le mouvement la couleur et les influences de courants culturels multiples La r gion champardennaise est porteuse d une importante tradition en mati re de jardins publics affirm e au XVI si cle et encore vivace de nos jours Elle poss de de nombreux jardins de monast res comportant invariablement du Moyen ge au XVII si cle verger potager jardin m dicinal et jardin bou quetier Elle rec le aussi de nombreux jardins botaniques plant s surtout la fin du XIX si cle et au d but du xx Elle offre encore des jardins d artistes des orangeries et des vergers qui lui donnent un visage de r gion fruiti re assez inattendu Cart des jardins suppose l utilisation de mati res et de savoir faire Les p pi parmi lesquels les Baltet de fournissent les essences Les le ni ristes Troyes hydrauliciens mettent les eaux en sc ne de fa on classique ou pittoresque Les sculpteurs peuplent les parterres et le croisement des all es de portraits illustres Les rocailleurs cher chent imiter la nature Les ferronniers et les fondeurs
13. es programmes de r novation Nos belles endormies devront attendre mon retour de compagnonnage car ce chantier termin j ai rejoint les compagnons Strasbourg L vous tes un Fran ais de l int rieur c tait tr s marqu l poque J ai trouv une embauche dans une grande entreprise du b timent plut t du genre b ton arm mais en Alsace tradition oblige on fait des toits et des beaux toits charpente alsacienne voire germa nique sur poteaux gros bois beaux assemblages che vronnage impressionnant section 10 10 voire 12 12 tous les 60 centim tres En France de l int rieur c est 6 8 tous les 40 a change J ai suivi de nouveaux cours du soir de perfectionnement dans une maison des compagnons qui se construisait Chacun y participait a faisait partie de la formation aussi Apr s Strasbourg Paris Paris o j ai travaill aux Charpentiers menuisiers mendonnais une soci t d hommes de m tiers sous la coupe du compagnon Chervet un ancien On est jeune ancien chez les compa gnons d s que l on enseigne en tant que s dentaire Ce compagnon beaujolais le bon c ur est g cheur en charpente c est dire conducteur de travaux responsa ble de toutes les quipes de charpente Je ne les ai pas toutes connues Paris est grand le travail nous a disper s s on ne ch mait pas et l on faisait encore 60 heures par semaine J ai travaill l aussi de belles r alisations de charpente
14. is c est dire le pan de bois massif assembl malgr son histoire et je dirai gr ce son histoire d montre qu il est une r ponse l art de b tir et s inscrit parfaitement dans la gestion durable Mais pour cela il faut aussi former de vrais char pentiers pas des techniciens SOC structure ossature charpente Il y faut pas moins de 10 ans et encore Le deuxi me ouvrage traite de la charpente J in dique qu en mati re de patrimoine il ne s agit pas de bricoler et d utiliser des moises et des boulons ou pire des IPN pour renforcer les poutres faut remplacer identique en faisant mieux et surtout faire le bon dia gnostic du d sordre L aussi montrer que les charpen es assembl es en bois massifs sont belles et offrent de beaux espaces la contemplation Il ne s agit plus de s enfermer dans des petits cubes avec des couloirs il aut lib rer l espace et l aussi et surtout isoler par l ex rieur pour le confort de l habitat Encore maintenant beaucoup trop de prescrip ions pour l habillage en dessous jusqu au faites le vous m me c est soit disant moins cher sont fausses C est de l peu pr s a restera de l peu pr s Dans ous les cas ce n est pas du patrimoine 56 a Vie en Champagne n 5 Avez vous remarqu la petitesse de l artisanat compar aux grandes surfaces de bricolage Tout un monde Je ne m y oppose pas c est notre meilleure publicit Ce n est pas moi qui l
15. nstitution fa on Disneyland Je remarque que ce sont ceux qui cri tiquent ou tiennent de tels propos quand ils sont architec tes qui font pire Mais il faut de tout pour faire un monde Dans le m me temps j ai form aussi des appren tis avec le compagnonnage L aussi il ne suffit pas de critiquer ou de demander l ducation nationale de for mer des apprentis Si apr s la derni re guerre c tait un bon relais il aurait fallu tout de suite responsabiliser les artisans et les entreprises la formation en apprentissage sur le lieu de la production Je pense que l ducation nationale aurait gagn rester Instruction publique L ducation c est autre chose a aussi c est un d bat LVEC Qu est ce qui vous a pouss crire sur le colombage ou pan de bois d abord puis sur la charpente Mon directeur de th se Herv Philipetti m a pouss crire la suite de mon dipl me il m a demand d enseigner dans son cours l UP6 Paris La Villette dans le cadre de l architecture vernaculaire Ce que je fais en trois fois trois heures en salle et une visite in situ dans la ville de Troyes pour les tudiants en archi tecture de fin de 3 cycle Ayant assist mes cours il m a dit il faut absolument que tu crives l dessus J ai d abord crit sur le pan de bois pour sensibiliser nos contemporains et leur faire prendre conscience de ce qui les entoure Je veux montrer que le pan de bo
16. nt technologique ce que je suis encore J envisage cependant de passer la main J ai particip pr parer la rel ve voire la concurrence et c est un bien Je n ai jamais eu l ambition de tout faire Pour un charpentier ce qui compte c est le travail d quipe et pour un compa gnon le partage Je pense que ma r putation vient de mes valeurs thiques enseign es par la pratique du m tier et du com pagnonnage Ma r putation vient aussi de la possibilit en tant qu artisan de participer PAEA des chantiers prestigieux VALENTIN LVEC quels chantiers avez vous d abord particip Troyes J L V Le premier le Mortier d Or je l ai initi depuis l tat de ruines o il se trouvait J avais relev l poque sa remarquable cour Seules une tude et une connaissance du m tier pou vaient deviner par des indices ce qui se cachait derri re les enduits et les rajouts alors que les gale ries taient habit es J avais fait plancher deux jeu nes architectes associ s en concurrence avec le projet Marot Tremblot qui taient architectes de la r novation SIC de l il t du Gros Raisin et auteurs derri re l h tel de ville de ce que l on appelle aujourd hui encore la cour de la Rencontre Je ne sais pas par quels arcanes Jacques Palan cher a obtenu pour nous la ma trise d uvre en demeu rant malgr tout sous la coupe du cabinet Marot Trem blot avec Didier Quillard comme architecte d o
17. p ration Il n emp che que j ai men bien cette r alisation o tous les b timents reposaient sur les prescriptions du char pentier cotes et distribution des galeries int rieures res taur es restitu es avec leurs sculptures ce que Jacques Palancher appelait le surplus architectural J en r ve encore car je n ai jamais t pay pour les sculptures Je n ai jamais fait de facture non plus pour moi c tait comme un suppl ment d me Voil je pense ce qui contribue ma r putation entre autres A suivi le chantier du Mus e d art moderne pour lequel je pense que le directeur de la CEDA me connais sant avait mon gard de la bienveillance J ai fait ce chantier sous la coupe de l architecte en chef des monuments historiques Yves Boiret de r putation mondiale dans son domaine et de Fran ois Pfeiffer architecte local de l op ration Depuis une amiti r ciproque nous anime L exp rience s est r v l e tr s positive Les soliva ges avec leurs closoirs sculpt s font encore l admiration des visiteurs On peut aussi parler de son magnifique escalier central avec son palier en bascule encastr dans une cage int rieure en pan de bois dont les limons cr maill res participent de l ossature assembl e dans le pan de bois avec ses rampes massives moulures balustres rampantes et ses poteaux sculpt s eux aussi Un autre chantier prestigieux a t Saint Martin s Aires sous la coupe l aussi
18. perfectionner et 18 ans j tais chef d quipe et d tenteur du dipl me de perfectionnement que pr sentaient les compagnons La promotion ouvri re PO tait organis e sous l gide du minist re du Travail alors qu aujourd hui elle d pend de l ducation nationale J ai particip une maison d accueil r fectoire et dortoir provisoire dans d anciens b timents cette poque les compagnons nouvellement fond s n avaient pas ces belles maisons chefs d uvre que nous connaissons aujourd hui en France et qui constituent un patrimoine qui fait honneur la jeunesse ouvri re de nos m tiers J ai ensuite rejoint Marseille comme ville d t On y travaillait beaucoup de fa on manuelle avec des outils personnels Les machines portatives taient rares C est dans cette ville que pour la premi re fois j ai vu tailler la char pente avec des scies circulaires et des perceuses porta tives L industrialisation en charpente mettra plus de 30 ans pour s imposer Je ne suis pas s r que ce soit un progr s mis part pour le lamell coll o l homme s af franchit de la dimension de l arbre J ai donc continu mon perfectionnement en entreprise plus cours du soir et du samedi avec les com pagnons Ma formation s toffait J tais maintenant capable d tre contrema tre responsable de chantier complet en charpente de la fabrication la pose Apr s Marseille Bordeaux Bordeaux offrait elle aussi beaucoup
19. s chantiers presti gieux en lamell coll des beaux difices religieux modernes tout en bois ou presque J ai aussi fait une exp rience dans un monast re cistercien o j ai particip la r alisation des bas c t s d une glise charpente ch ne assembl e apparente Nous vivions au rythme du monast re riche exp rience Ensuite apr s un hiver et un t j ai rejoint Tours o je suis arriv comme compagnon itin rant responsa ble de mon corps de m tier Apr s un hiver comme enseignant et comme responsable j ai s dentaris Je me suis mari avec une fille de La Chapelle Saint Luc mariage l glise de La Chapelle du haut sous les cannes et les couleurs des compagnons nouvelle ment arriv s Troyes C tait traditionnel l poque Voyage de noces Troyes Tours Je me suis impliqu dans la vie tourangelle avec les compagnons de l association ouvri re avec le compagnon Hibert J ai particip la mise en place du mus e du compagnon nage r daction discussion des statuts avec M Lecott futur conservateur Avec les jeunes iti n rants nous avons fabriqu et mis en place une passerelle des tin e recevoir du public 500 kg au m deux fois dix m tres de port e J ai effectu moi m me les calculs de r sistance des mat riaux et assur la conception de l ouvrage Cette passerelle est rest e en place une quinzaine d ann es avant d tre remplac e par un ouvrage en b ton
20. st e appa rente dans les combles pr vus pour recevoir du public Il s agissait de poutres exceptionnelles de 45 cen tim tres de large 66 de retomb e et de 8 m tres de por t e assembler en sous uvre avec les jambes de force des fermes de la charpente et cela au troisi me tage Chaque poutre pesait 3 tonnes On en a mis 31 en place tout au tire fort avec ensuite repose du solivage ch ne massif qui lui aussi est rest apparent Au pr alable il a fallu d poser les vieux planchers stocker les solives sur la trav e pr c dente descendre la vieille poutre d for m e et l vacuer Nous avons r alis cela dans des d lais que le b timent conna t rarement Nous avions un architecte charg sp cialement des plannings a offert le cham pagne l quipe des charpentiers car nous avons eu 15 jours d avance sur le planning le plus optimiste Voil je pense quelques chantiers qui contribuent la r putation du ma tre charpentier Tout en sachant que cela ne peut se faire sans une quipe et mes fr res les compagnons itin rants Voil aussi en quoi le compagnonnage est incontournable pour nos m tiers et notre r putation Encore faut il le servir par la transmission et la formation des jeunes g n rations LVEC Pourquoi avoir voulu devenir architecte J L V Voil bien une question qui s est impos e comme une sorte de n cessit J ai d abord particip par mes conseils au travail de fin d
21. titre de la Restauration du patrimoine en 1997 M daille de vermeil de l Acad mie d Agriculture de France au titre des Mai sons en pan de bois en 2005 Conf rence la Sorbonne Conservation du patrimoine architectural en 1994 Ma tre de conf rences l Universit d architecture UP6 Paris La Villette depuis 1998 Administrateur de la Maison de l Outil et de la Pens e Ouvri re Vice pr sident de l association des Amis de Paul Feller de 2002 2004 Bibliographie Le colombage mode d emploi aux ditions Eyrolles 2006 La charpente mode d emploi aux ditions Eyrolles 2008 Notes de lecture M M Lechien Parcs et jardins en Champagne Ardenne Chaumont ditions Castor amp Pollux 2008 Marc Lechien nous invite d couvrir un patrimoine qui a renou avec la vogue depuis la fin des ann es 1980 port par les courants cologique et patrimonial lessor des loisirs et la p ri urbanisation Son ouvrage richement illustr n est pas uniquement un guide S il propose le d tail des lieux int ressants il fournit aussi les l ments d une lecture histo rique et stylistique des jardins Marc Lechien pr sente d abord les grands tapes de Phistoire de lart des jardins dont l volution est li e celle des soci t s qui les dessinent Au Moyen ge face une nature v cue comme hostile le jardin est repli sur lui m me homme i son territoire aux d pens d
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