eXistenZ, mode d`emploi / eXistenZ de David Cronenberg
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1. Compte rendu eXistenZ mode d emploi Ouvrage recens eXistenZ de David Cronenberg par Jean Philippe Gravel Cin Bulles vol 18 n 1 1999 p 36 37 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 26532ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 November 2015 05 37 eXistenz PAR JEAN PHILIPPE GRAVEL mode d emploi Si la qualit d un film ne se mesurait qu l abondance de ses th mes eXistenZ m riterait tout de suite le qualificatif de chef d uvre int gfisme biopouvoir r alit virtuelle h g monisation r pressive du syst me dictature des tudes de march b illonnement de l expres sion to2. culpabilisante de la faute propre au film d horreur le cin ma de Cronenberg avait jusqu ici cela d horribles qu il pr sentait des pathologies fictions o ses personnages rempla aient leur humanit par une nouvelle forme d tre ni eux ni nous n pouvant dire avec certitude quoi cette perte c dait sa place Or c est cet understatement qui semble man quer eXistenZ partir du moment o il faut s accrocher une interpr te pour comprendre de quoi il s agit laguant la question du pourquoi on joue pour s attarder celle du comment eXistenZ semble abandonner en cours de route une bonne part du pari sur lequel il semblait reposer Dans ce d s quilibre penchant davantage vers une exposition didactique caricaturale sur le fonctionnement du jeu que sur le d voilement d une alt rit radicale eXistenZ semble laisser derri re lui ce qui faisait la force indicible des films de Cronenberg m jennifer Jason Leigh et Jude Law dans eXistenZ de David Cronenberg Photo Ava V Gerlitz eXistenZ 35 un coul 96 min 1900 y fiet Canada Rovaume Lini R al et sc n David Cronenberg image Peter Suschitzky Wont Ronald Sanders Mus Howard Shore Prod Robert Lantos Dit Alliance Viva iim int Jennifer Jason Leigh iude Law lan Holim Don McKellar Willem Dafoe Christopher Eccleston Sarah Polley
3. air technologis er capable de plonger le sujet dans une r alit hallucinatoire plus vraie que la vraies Oublions donc ici les nombreuses extrapo lations auxquelles le film donna lieu quant la satvre sociale qu il transmet et demandons nous alors si eXistenZ ne serait pas galement une r flexion sur l homme et les objets transi tionnels dont il s entoure De ce point de vue on s aper oit rapidement que le gamepod est loin d tre l objet des attentions du film Il se double en fait de la pr sence de mitraillettes et de fusils de toutes sortes qui sont l apanage des protagonistes masculins si bien que si Allegra us e de son gamepod pour s vader dans des r veries un peu vaines qui donnent lieu dans ce cas ci des fictions bancales les d fen seurs du r alisme qui ont prononc un arr t de mort contre elle pr f rent s accrocher leurs mitraillettes Peut tre parce que le pouvoir qu ils imposent par les armes tablit les r gles d un tout autre jeu o foin de r surrections inutiles et de glissements perp tuels d identit il n est pas accord la chance de perdre deux fois Et pourtant on est presque r confort par la facilit d un film comme eXistenZ nourrir la pol mique ce qui tonne venant d un cin aste dont les derniers opus plus matures et encore incompris relevaient plut t d une habile prati que d understatement N prouvant aucun int r t pour la th matique
4. e a cr la place privil gi e sur qui se concentre le bon rendement du jeu Mais l aspect infantile de son Caract re est accentu par le rapport de r ciprocit et d identification qui la lie son invention qui fait de ce dernier le point de rencontre m taphorique entre la doudou enfantine et le macguffins hitchcockien un objet qui a beaucoup d importance pour les personnages alors qu il s av re accessoire au spectateur Matte de chair p ristaltique t tines roses le me taflesh gamepod s impose comme la mascotte oblig e du film qui concentre autour d elle bon nombre des hantises du cin aste Son branchement m me la moelle pi ni re des joueurs et l intimit du contact qui en r sulte voisin en cela du rapport sexuel le caract re mignon de son apparence alors qu il repr sente des risques r els d utilisation p a a Vol 18 n 1 t 1999 eX1stenZz car il peut aussi d velopper des maux psycho somatiques transmissibles aux joueurs et le recyclage de chair dont il r sulte parce qu il serait compos de divers organes pr lev s de toute une flore d amphibiens transg niques lev s cet effet contribuent agiter le spectre de la nouvelle chair nonc e depuis Vid o drome Elle appartenait d j si peu la cons cience du sujet la voil d sormais capable de n tre plus son tour que l appendice de quelque machine de ch
5. on r cit la mani re d une d ambu lation sur Internet rendue infructueuse par la quantit de distractions et l absence totale de perspective qu offrent ses bifurcations On comprendra alors tr s vite que le jeu n est pas aussi interactif qu il en a l air les personnages sont souvent saisis d envies irr pressibles qu ils peuvent combattre ou couter et les person nages secondaires ne cessent de changer de fonction Adjuvants dans une sc ne opposants dans l autre comme s il leur fallait rester dans le coup co te que co te Si bien qu on a l im pression de se trouver devant une variante de Prova d orchestra de Fellini avec le m me message final si chacun des personnages se refuse une fonction unique et tente sans cesse de s approprier le r cit l anarchie n est pas loin Mais cette incursion dans l univers des choses ne pas faire pour d velopper une fiction con sistante ne s arr te pas l Parmi les l ments qui interviennent pour s approprier et d tourner la fiction de son cours lin aire se trouve le metaflesh gamepod objet de pr dilection du film il se prolonge en la personne d Allegra Geller Jennifer Jason Leigh qui en est la conceptrice attentionn e Objet en elle m me au sens o plusieurs aimeraient sans doute faire joujou avec Allegra Geller pr sente une figure de g nie immature typique timide et incapable de socialiser dans la r alit elle retrouve dans le jeu qu ell
6. us se rencontrent se t lescopent un rythme tourdissant dans le dernier film de David Cronenberg Aussi quiconque s av rera le moindrement sensible aux courants dans lesquels l actualit fraie aujourd hui se trou vera imm diatement en terrain connu avec eXistenZ dont le cadre mod r ment futuriste ne trompera personne puisque plus que jamais l avenir c est maintenant Seulement par o commencer Par l accusa tion que le film semble porter contre la nou velle mont e des int grismes Par l r flexion qu il d veloppe sur le cin ma via une extra polation sur les jeux interactifs et la r alit virtuelle Tout cela se vaut mais nous d tourne peut tre de l essentiel car la dynamique d eXistenZ semble reposer essentiellement sur le concept d un perp tuel d tournement de fiction annon ant un certain type de r cit pour sans cesse en livrer un autre Le spectateur y est sans doute d u de constater le caract re constamment court circuit de la vir e virtu elle dans laquelle devraient se lancer les personnages du film car il semble y manquer constamment un certain objet qui donnerait direction au r cit et motif aux personnages C est qaqu eXistenZ est un produit de la m tafiction se tendant le miroir de ce qu elle devrait tre tout en se regardant aller irr sistiblement attir e par la digression Cronenberg y pratique la mise en abyme avec d sinvolture et beaucoup d ironie en struc turant s
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