Home

Philippe Meirieu prix Lyssenko en 2011 pour sa contribution

1. Reconnaissons qu au del de cette diatribe M Meirieu qui se veut constructif nous livre une proposition alternative Assouplir la classe crit il c est organiser l ensemble des activit s scolaires partir de r f rentiels de formation et de mani re contractuelle c est n gocier avec les l ves les t ches et les travaux qui leur permettront de progresser c est organiser l apprentissage et non l enseignement En Page 9 sur 25 ce sens on pourrait d finir l cole construire comme l association d ateliers diversifi s et du tutorat syst matique des ateliers diversifi s utilisant tous les outils dont nous disposons toutes les richesses de l quipe enseignante mais aussi de l environnement scolaire et social et du tutorat syst matique pour que chaque l ve puisse identifier son niveau se fixer des objectifs r fl chir ses m thodologies valuer ses acquisitions Cette proposition de M Meirieu n est pas rest e sans cons quence Elle a t prise en compte et parfois son compte par l Education nationale non pas tant par la d molition de la classe ni par la syst matisation du tutorat en d pit de d marches en ce sens que par la mise en uvre de ce que M Meirieu d abord les experts officiels ensuite les directives minist rielles enfin ont appel des dispositifs Pour le coup nous sommes entr s dans la construction du savoir par l l ve Pour le meilleur J en ai pris la mesure au cour
2. 1944 lorsqu une commission de r forme proposa le principe de la prolongation de la scolarit obligatoire pour tous jusqu la fin du premier cycle de l enseignement secondaire l cole primaire ne devant plus d s lors tre que l antichambre de ce dernier et son r le tant essentiellement de donner le go t d apprendre quitte diff rer toujours plus avant l acquisition des connaissances proprement dites commencer par la connaissance de la langue fran aise travers la lecture et l criture Ma s force de pr tendre inciter l l ve construire lui m me son savoir ne l installe t on pas dans la posture d un ternel apprenant qui l on n apprend rien et qui lui m me n apprend pas grand chose et apprend encore moins apprendre L cole primaire de la r forme se voulait antichambre Elle s est r v l e tre l antichambre du n ant Quand pr vaut la construction du savoir par l l ve le coll ge n est il pas condamn faire ce que l cole primaire n aura pas fait Le lyc e n est il pas dans la m me situation vis vis du coll ge Et ainsi de suite D o les tentatives successives de r formes D o aussi leur chec Il y a un temps pour tout Le temps ne revient pas en arri re et l l ve qui ne vivra pas deux fois sa vie d l ve notamment l ge d or de l assimilation entre cinq et quinze ans ne remontera pas le handicap Comment le mutil de la premi re cole pourrait il
3. D sarm devant qui Devant une poign e de personnes dont l histoire parodiant au n gatif le mot de Churchill sur la dette du peuple britannique aux pilotes de la Royal Air Force dans l t de 1940 reconna tra sans doute que jamais si peu d hommes n auront fait subir autant de mal tant d autres Les pouvoirs publics ont fait choix certes des degr s variables selon les circonstances mais sans discontinuit ni rupture autres que formelles ou verbales et depuis plus de trente ans d inscrire leur action dans le sillage de ces hommes Page 1 sur 25 Hommes qui faut il le pr ciser ne sont ni des comploteurs occasionnels ou endurcis ni de m chantes gens ni des personnes de volont mauvaise l encontre de l cole ni des hommes de mauvaise foi Ce sont des hommes de foi Ce sont des croyants Mieux ce sont des Crois s L cole qui nous est inflig e aujourd hui je ne dis pas que ces hommes l ont voulue Je dis qu ils l ont organis e Cela suffit pour ne pas les absoudre et les d douaner de leur responsabilit Jamais M Philippe Meirieu est un de ces hommes Et pas n importe lequel de ces hommes Il n est pourtant le premier ni dans la succession historique ni dans la hi rarchie des h ros Les Tables de la Loi ont t grav es dans le marbre avant lui et avant lui des voix plus hautes ont port la parole r formatrice Ant rieurement M Meirieu trois textes fondateurs et sacrificiels ont ouvert la voie
4. une grande cause nationale en multipliant les ateliers d criture en organisant des concours de lettres d insultes et de lettres d amour M Meirieu sera t il lui m me son premier client Quoi qu il en soit le Meirieu est une langue qui vaut son pesant de plomb Et c est pourquoi le travail de d chiffrage de ce qu il crit est difficile car il requiert de p n trer sous le couvert d une v g tation touffue foisonnante sans cesse renaissante o nous rencontrons quantit de buissons obscurs plus myst rieux encore que l nigme pr c demment voqu e Dans le m me temps ce travail n est pas de toute utilit pour la raison qu il a d j t effectu avec une patience et une pr cision devant lesquelles il convient de s incliner Je renvoie essentiellement trois tudes l une datant de 1993 d Henri Boillot et Michel Le Du La p dagogie du vide critique du discours p dagogique contemporain les deux autres datant de l an 2000 celle de G rard Molina Refonder l cole ou accompagner sa d rive publi e dans le num ro de L aventure humaine intitul Oser enseigner et celle de Denis Kambouchner Une cole contre l autre Impeccablement sans une once de malveillance et en faisant la plus large place aux argumentations de Page 6 sur 25 l int ress ces trois textes passent au crible de la rigueur de la coh rence et de la pertinence les crits de M Meirieu Il n est pas n cessaire de refaire u
5. Nous porterons le regard sur les pratiques et les dispositifs assign s depuis plus de vingt ann es l cole par la puissance publique dans les divers ordres de l enseignement Tenter de r pondre ces trois questions impose de choisir dans l uvre immense de M Meirieu quelques points essentiels Il m est apparu judicieux d en retenir trois Premier point M Meirieu d cr te que le r le de l cole est de placer l l ve qu il soit bambin enfant adolescent ou adulte et qui sera rebaptis apprenant en position de construire son savoir par lui m me en posture de chercheur trouveur Les l ves sont ainsi amen s apprendre apprendre et apprendre ensemble Deuxi me point M Meirieu d cr te que l cole a pour raison d tre prioritaire de fa onner un type d homme en amenant les l ves se construire en tant que sujets sociaux c est dire faire soci t devenir citoyens construire la loi Troisi me point M Meirieu d cr te que certains l ves distingu s par leur appartenance sociale et leur environnement culturel doivent faire l objet l cole d un traitement sp cifique et discriminatoire LA CONSTRUCTION DE SON PROPRE SAVOIR PAR L L VE Que l l ve doive construire lui m me son propre savoir c est ce que M Meirieu n a cess d enjoindre depuis plus d un quart de si cle Soyons plus clair M Meirieu ne dit pas seulement que cette mission cons
6. exposition perdue on mesure le prix payer pour l l ve d abord mais aussi pour les deniers publics aliment s par le contribuable de la construction du savoir et de l imp ratif qu en son principe elle suppose rien de frontal rien d impositif et le moins possible de magistral Au del du temps perdu et des programmes perdus M Meirieu met mal sur l autel de la construction du savoir deux r alit s essentielles de l cole la classe et les disciplines enseign es La classe est une des b tes noires de M Meirieu Dans ses crits il la d finit tant t comme une coagulation d l ves tant t comme une structure scolaire tubulaire permanente parasitaire voire paralysante et qu il convient donc d affaiblir en attendant de l radiquer D s 1987 dans Apprendre oui mais comment il affirme On ne le dira jamais assez c est la notion de classe qui nous ligote c est la notion de classe et celle de cours qui lui est si troitement associ e qui renvoient dans les marges l entretien m thodologique avec l l ve c est la notion de classe et la g ographie de l apprentissage qu elle impose qui mod lisent la communication interdisent ou rendent tr s difficile le recueil de l information C est la notion de classe enfin qui enferme les enseignants dans l individualisme et fait du travail en quipe une pop e h ro que C est donc la notion de classe qu il faut casser ou tout au moins assouplir
7. le niveau g n ral ne cesse de monter et en m me temps le niveau que les professeurs constatent dans leurs classes ne cesse de baisser C est pourtant une vidence arithm tique indiscutable Prenons pour nous en convaincre un exemple arbitraire parmi d autres En 1960 moins de 10 de la tranche d ge des jeunes de 15 16 ans sont en classe de Seconde de lyc e Ce sont pour la plupart des jeunes issus des classes moyennes et sup rieures Bien entour s bien dirig s j ajoute ici la pr cision qui manque ayant derri re eux dix ann es d cole authentiquement instruisante ces l ves ont un bon niveau en orthographe savent r diger un texte correctement et obtiennent une moyenne de 12 sur 20 en dissertation de fran ais Quarante cinq ans plus tard plus de 70 de la m me tranche d ge sont en Seconde issus de milieux sociaux et culturels bien plus diversifi s sans doute plus in galement suivis par leurs familles et moins syst matiquement stimul s par leur environnement j ajoute ici la pr cision qui manque ayant derri re eux dix ann es d cole et de coll ge o l on construit son propre savoir et o l on pr pare l homme nouveau ils n obtiennent sur la m me dissertation qu une moyenne de 8 sur 20 Le niveau des jeunes Fran ais a t il vraiment baiss Petit calcul En 1960 un l ve de Seconde a en moyenne 12 sur 20 sa dissertation donnons aux autres une note forfaitaire pour le papier et le tem
8. ment elle laisse venir les uns et elle laisse aller les autres Pour tre encore plus clair elle laisse venir ceux qui le peuvent et laisse aller les autres l o ils peuvent Apr s Eh bien les bons s en sortiront toujours L cole de la nouveaut celle o l enfant et l adolescent construisent leur savoir et sont appel s construire l homme et le monde de demain cette cole l n est pas celle de la s lection C est l cole de la jungle J ai d velopp ce point dans L cole en d sarroi Je me permets d y renvoyer LA NOUVELLE POSTURE DE M MEIRIEU LA DIRECTION DE CONSCIENCE On a vu qu partir de 1985 et pendant une quinzaine d ann es M Meirieu a tenu boutique de marchand d outils et de m ta outils Cette p riode lui a t on ne peut plus faste Elle a t productrice en ouvrages et ces ouvrages ont acc d la dignit au statut et surtout au march de manuels pour la client le des stagiaires des nouveaux instituts de la formation et des candidats aux concours du recrutement Elle a t couronn e par des missions publiques et des fonctions de m me nature qui n ont pas t sans donner quelque prise au personnage sur le pouvoir de faire et le pouvoir d emp cher dans le service public de l Education Depuis plusieurs ann es l auteur suit un cheminement quelque peu diff rent M Meirieu n a certes pas renonc son discours scientifique rigoureux normatif et prescriptif des ann es 1990 Pas davan
9. recherche et de l esprit de recherche ainsi l ducation dite civique juridique et sociale n aura t elle pas t dans le cas de mutiler pour toujours chez nombre d l ves des lyc es de la r forme l esprit de l examen de la critique du questionnement Allons au principe du d bat Il n est pas niable qu au nombre des r sultats de son cole une nation soit en droit d attendre la formation ou la pr paration des futurs citoyens Est il s r que l cole doive se fixer comme objectif premier et prioritaire cette pr paration N est ce pas mettre la charrue avant les b ufs Vouloir avant toute chose faire citoyen le mot tant tr s souvent chez M Meirieu d grad improprement mais non pas impun ment en adjectif n est ce pas courir le risque de pr parer des non citoyens par millions L cole a pu jouer le r le d une prop deutique la citoyennet pr cis ment en ce qu elle tait cole lieu o l on apprend o l on s instruit o l on s exerce penser Vouloir faire du ma tre d cole un ma tre en construction individuelle et collective de l l ve par lui m me un ma tre en construction de la loi en exigence de v rit en construction d un nouveau type d homme n est ce pas le meilleur moyen d aller vers la d sillusion et vers l chec La meilleure voie pour aider l enfant l adolescent grandir dans sa personne n tait elle pas n est elle pas pour l cole de l aider exercer et cultiver son
10. s par leur origine sociale leur localisation g ographique et leur environnement culturel fassent l cole l objet d un traitement sp cifique et discriminatoire La formulation premi re et exemplaire de cette v rit appartient au plus grand des r formateurs qui s appelle d ailleurs Louis Legrand Elle ne revient donc pas M Meirieu mais celui ci s en est approch du plus pr s durcissant tout au plus et son habitude en un st r otype cul la citation lapidaire de Louis Legrand extraite de son livre Une cole pour la justice et la d mocratie Cette citation se d cline en deux phrases dont la premi re porte condamnation et la seconde prononc de la sentence L exclusion syst matique du relationnel ne peut manquer d avoir des cons quences importantes sur la prise en compte des l ves venus de milieux qui ne participent pas naturellement au savoir universitaire C est pourquoi l enseignement des enfants des classes populaires n cessite obligatoirement le d tour par le concret le pratique et le relationnel c est dire par la p dagogie La formule est terrible dans son contenu Plus terrible encore le fait que l auteur de cette formule a inspir depuis trente ans et ne le cachons pas continue d inspirer les choix de l Etat r publicain l encontre et pour le malheur de son cole publique Il convient donc de consid rer cette formule de Louis Legrand avec toute l attention qu elle m rite et de le faire
11. 25 instituts universitaires de formation des ma tres et la client le captive des candidats aux concours du recrutement On n oubliera pas que s agissant de ces instituts M Meirieu a t associ leur naissance a suivi de pr s leur fonctionnement en a dirig un On n oubliera pas davantage qu il a dirig l institut national de la recherche p dagogique On n oubliera pas enfin son r le de conseiller et d expert aux c t s de plus d un ministre Et voici que se pose un probl me En assumant de telles fonctions M Meirieu n est 1l pas sorti de la sph re priv e o pr vaut la plus grande libert des opinions et propositions libert de les exprimer d en changer ce dont il ne se prive pas et m me de se contredire pour entrer dans la sph re publique o pr vaut aussi cette libert mais o intervient galement la notion de responsabilit M Meirieu ne se trouve t 1l pas pour le moins la charni re des deux positions la position priv e et la position sinon publique du moins quasi publique Or de ce statut hybride M Meirieu en une posture de d fense ang lique ou diabolique mais dans tous les cas fort habile ne tire t il pas un avantage consid rable celui d une sorte d immunit perp tuelle et perp tuellement revendiqu e N est ce pas le sens d un propos qu il a tenu dans un d bat en 2001 Je refuse a t il d clar d tre r duit des prises de position publiques marqu es par des circonsta
12. alisation o la transparence requise pour ne pas s ali ner la grammaire sociale nous livre toujours d autres obscurit s que l on n claircit gu re sans retrouver les dangers dont on voulait s carter C est qu il y a tant d paisseurs de niveaux et d enjeux dans la chose ducative que l on est sans doute condamn n y p n trer que partiellement choisir de n y apporter la lumi re que dans quelques zones notre port e conscients de l immensit de l ombre qui nous entoure Dans L cole mode d emploi il pr cise si l on peut dire Je n ai pas grand chose d autre offrir pour transformer l cole qu un peu plus de qualit dans le regard que la reconnaissance de la personne et le d sir de lui offrir de quoi se construire et se d passer J ai bien quelques outils je les crois indispensables mais je les sais pr caires toujours menac s d tre absorb s par les syst mes de dressage J ai bien quelques propositions quelques id es sur l organisation j ai la faiblesse de les croire op rationnelles mais je les sais fragiles tant qu elles ne sont pas investies de la conviction des hommes qui seule peut leur donner la vie Il en r sulte une feuille de route la fois moralisante et quelque peu brouill e Elle nous est r v l e dans le m me livre qui traite de la p dagogie diff renci e et o M Meirieu pr ne une pens e qui soit ouverte sans pour autant tre molle o l ennemi s
13. corriger Toute la d rive actuelle proc de de cette logique Nous donnons plus loin un exemple de la rigueur scientifique de M Meirieu En attendant ne sommes nous pas l dans les parages du lyssenkisme Conclusion feu volont sur les l ves plac s pour le coup au centre de la cible Les bons s en sortiront toujours le sociologue engag et le compagnon m thodologue je veux dire par ce dernier terme M Meirieu et ceux qu il appelle ses comparses reconna tront les leurs La responsabilit du second est beaucoup plus lourde que celle du premier Le sociologue engag a tort de pr tendre que le d terminant social et culturel est crasant jusqu en tre exclusif Mais il n est que trop vident que ce d terminant existe Le p dagogue de l cole nouvelle va lui beaucoup plus loin le statut social d termine ses yeux non seulement un environnement mais si l on comprend bien des aptitudes certaines op rations mentales qui seraient le pr alable n cessaire la r ception de toute inculcation scolaire C est en ce sens que l on pourrait parler si l on commettait l imprudence de le suivre sur ces traverses de gr ces et de disgr ces imputables une soi disant nature sociale La th se du sociologue engag est contestable parce qu excessive Celle du p dagogue militant est elle tout simplement recevable La question est d autant plus angoissante que la mise en uvre du pri
14. e lib rer l enfant de toute ali nation par le miracle de la lecturisation les deux inspecteurs l attribuent pour partie un de leurs coll gues Jean Foucambert et pour partie M Philippe Meirieu Reconnaissant d autre part fort honn tement l chec dans les coles qu ils visitent de la d marche pr conis e par ces deux inspirateurs ils en sont r duits r pondre mon inqui tude par la phrase la plus horrifiante qu il m ait t donn d entendre En tout tat de cause les bons s en sortiront toujours Terrible aveu et terrible constat dans l cole de la construction du savoir par l l ve les bons l ves s en sortiront toujours Mais qui sont les bons les plus dou s les plus travailleurs ou alors ceux qui ont la chance de disposer d arri res familiaux solides Page 7 sur 25 Et les autres Deuxi me effet deuxi me m fait l cole de la construction du savoir s cr te entre les l ves une authentique discrimination Troisi me m fait le retard institu Au pr texte que l l ve construit lui m me son savoir n est on pas en droit de consid rer qu il a pour ce faire devant lui le temps de son enti re scolarit voire le temps de sa vie Cette tendance toujours reporter ne s encastre que trop bien dans la doctrine que l on pourrait dire de la procrastination en enrichissant le glossaire de M Meirieu de ce terme qui signifie la remise au lendemain Cette doctrine remonte
15. il est norme n estt il pas que l cole ait t mise la friche et qu elle l ait t par la gr ce des r formateurs Hypocrisie supr me de ces derniers ou alors inconscience absolue Et M Meirieu pers v re dans son tre et surtout dans son projet La mission proprement politique de l cole Elle se r alise quand la crois e du p dagogique et du social tout la fois on apprend et on apprend apprendre ensemble L arme formidable contre toutes les formes de fatalit C est l ducation d mocratique la d mocratie Bien mal inspir nous dit M Meirieu est celui qui oserait accuser la p dagogie de promouvoir un spontan isme chevel qui au nom du primat de la construction du savoir par l enfant le priverait de toute appropriation distanci e Comment se demande t 1il pourtant amener cet enfant tre un jour autonome si l on ne le consid re pas comme tel avant m me qu il le devienne Et de r pondre par l invention la cr ation l laboration de m thodes qui permettent d avancer sur deux pieds la fois en tension entre les p les Cela est crit et publi en 2008 Et nous voil rendus aux termes m mes d Andr de Peretti en avril 1968 Devant le buisson obscur sur un pied ou sur deux nous titubons Serons nous clair s par l nonc de la solution pr conis e savoir la rythmicit proprement p dagogique R ponse L ducation es
16. le p dagogue et le scientifique de l ducation Dans son livre P dagogie le devoir de r sister au chapitre o il se propose d ouvrir les possibles M Meirieu s en prend aux classifications mortif res et entreprend d interroger syst matiquement toutes les classifications Nous assistons r guli rement crit il l arriv e de nouvelles tudes mettant en vidence des corr lations qui ind pendamment de leur plus ou moins grande validit descriptive se veulent prescriptives Or une chose est de constater a posteriori une corr lation autre chose est d en d duire des pr conisations qui font comme si ces corr lations taient des causalit s Le danger est d autant plus grave quand ces pr conisations consistent classer d finitivement les enfants dans des cat gories qui font l objet de traitements sp cifiques et adapt s Et 1l d nonce juste titre le p ch Page 16 sur 25 contre l esprit qui consiste se donner une hypoth tique nature qui conf re tout la fois une identit stable et une place d finitivement acquise M Meirieu indique m me qu il voit l un l ment caract ristique des soci t s autoritaires voire totalitaires des XX et XXI si cles qui renouant avec les soci t s dites primitives jettent par dessus bord ce qu il appelle les principes fondateurs des soci t s d mocratiques Certes M Meirieu se r f re dans ce livr
17. les l ves puissent vivre en raccourci la gen se des connaissances et se les approprier activement C est seulement ainsi que l on peut esp rer qu ils acc dent des savoirs en mesurant leur port e et en comprenant leur sens dans l histoire des hommes C est seulement ainsi que l on peut esp rer qu au sortir de l Ecole les adolescents seront en mesure eux aussi de faire l Histoire Certes l auteur nous conc de qu il serait illusoire d esp rer que les l ves red couvriront en quelques ann es la gravitation universelle ou la relativit d Einstein Il n en demeure pas moins qu il est impossible l l ve de rien conna tre s il n a pas refait d abord le cheminement qui a permis aux hommes tout au long du parcours de l humanit de conna tre Je pose aussit t deux questions est ce pertinent est ce op rationnel Je veux dire pertinent et op rationnel l cole au coll ge au lyc e Ces questions se posent de toute n cessit au regard des obligations pratiques contraignantes que M Meirieu d duit aussit t de cette premi re v rit d cr t e Il s agit crit il dans Enseigner sc nario pour un m tier nouveau de mettre chaque l ve en situation de construire son propre savoir en laborant la m thode requise Cette autonomie m thodologique lui permettra de s approprier les outils conceptuels gr ce auxquels il comprendra le monde ainsi que les moyens de s y exprimer Et le fait de l avoir acquise dans
18. n tait pas de mauvaise foi mais de foi Est il permis d crire ces mots dans l emportement de la passion M Meirieu a d se poser la question car ce chef d accusation a disparu de l dition de 2008 Ecrire impose d tre au plus pr s du plus juste tel est le pr cepte que nous livre la Lettre de 2009 M Meirieu qui pr ne on l a vu l criture longue et qui sugg re de progresser par versions successives et retravaill es d un texte avant son valuation finale a donc choisi pour rendre le paquet plus pr sentable de retirer l emballage trop voyant de la mauvaise foi C est un premier pas Il en reste d autres franchir pour que M Meirieu accorde ceux qui ne pensent pas comme lui le traitement d quit qu il r clame pour ses comparses en p dagogie Il faudrait par honn tet intellectuelle revoir les accusations qui sont avec tant de l g ret port es contre eux Je ne retiens qu un exemple lequel est d une gravit qui nous fait peut tre passer de la faute v nielle au p ch mortel C est l utilisation dont M Meirieu ne sait pas Page 23 sur 25 toujours se garder du proc d de l amalgame Dans P dagogie le devoir de r sister en son dition de 2008 et aux pages 36 37 M Meirieu crit En pourfendant les projets sc l rats de l cole unique conform ment la grande tradition de l extr me droite J M Barreau 1998 2003 les antip dagogues r cusent l expression de cult
19. objectifs de rep rage de ma trise et de transfert respectivement connect s aux situations impositives collective interactive et individualis e J en passe Je renvoie au Glossaire qui accompagne le livre Apprendre oui mais comment et qui nous fait cheminer de l arch type mental aux indicateurs de surface en passant par le conflit socio cognitif la d contextualisation la m tacognition le prototype mental la situation probl me la cl ture productive les consignes crit res les consignes proc dures et les consignes structures ainsi que la consigne but et l objectif obstacle qui n a rien voir avec l obstacle objectif Le plus nigmatique de ces personnages est pr cis ment l nigme ainsi d finie Savoir entrevu qui suscite le d sir de son d voilement L nigme na t ainsi de ce que l apprenant sait d j et dont le formateur sait montrer le caract re partiel ambigu voire myst rieux Le d sir de savoir peut ainsi merger face une situation probl me si celle ci est construite partir d une valuation diagnostique des comp tences et capacit s d un sujet Le d j l probl matis offre la possibilit de son d passement M Meirieu nous dira en 2011 dans L cole et son miroir son extr me inqui tude sur l absence g n ralis e de ma trise de la langue crite et orale car on n apprend pas penser ind pendamment de la langue et de proposer de faire de l entr e dans la belle langue
20. que les l ves de ma g n ration ont connu au cours de leur scolarit des moments d tat de gr ce et M Meirieu semble y faire allusion lorsqu il voque la puret cristalline de l cole aux poques d Alain Fournier et de Marcel Pagnol Mais cet tat de gr ce tenait il aux l ments du d cor tableaux noirs encres violettes blouses grises Ne tenait il pas plut t l cole elle m me l cole instruisante celle o l l ve apprenait prioritairement toute autre finalit Je ne suis pas s r que le terreau de l cole r form e l cole dite bien videmment tort par ses z lateurs mancipante celle o l l ve apprend apprendre collectivement et dans la perspective de faire soci t soit le terreau le plus favorable la venue de cet tat de gr ce M Meirieu en est il conscient En tout cas dressant une sorte de bilan personnel il nous dit Mon principal tort le mien sans doute et ceux sic de mes comparses a t de ne pas suffisamment placer l acte de transmission au c ur de nos efforts Nous avons trop fait c t quand il fallait faire au c ur Nous n avons pas suffisamment compris qu on ne pouvait travailler pour les l ves qu avec les professeurs Question que font donc depuis trente ans les p dagogues et les scientifiques de l ducation cens ment comp tents et conscients de l tre Qu a donc fait M Meirieu lui m me qui tient s
21. r v rence et adulation sociologiquement La r criture du d cret du tr s la que Louis Legrand par M Philippe Meirieu dans ce que j appelle l encyclique Au pied du berceau nous met sur la voie Depuis vingt cinq ans M Meirieu Page 14 sur 25 use et abuse jusqu la sati t et la naus e de ce poncif les enfants qui n ont pas trouv dans leur berceau son pied ou son entour la panoplie c est dire l ensemble des armes indispensables pour devenir de bons l ves Le berceau c est la couche du nouveau n le territoire du nourrisson l abri du tout premier ge L image r f re sans conteste la situation imm diatement postnatale En fait d armement scolaire l enfant n dans un quartier barbare et issu d un homme d quipe des chemins de fer et d une employ e de maison sera t il consid r comme le fils de Madame sans g ne Devra t 1l tre la fois victime de son quartier et coupable de sa famille La d marche est insens e Elle l est parce que le d terminant social et familial si r el soit il n est en aucun cas un absolu On sait combien fr res et s urs peuvent diff rer l int rieur d une m me famille N est il pas dangereux de jouer avec imprudence sur les mots h ritier h ritage h r dit N est il pas absurde de durcir les diff rences en discrimination et d imputer quelque ordre mal fique d une nature sociale les gr ces des uns et les disgr ces des autres La d ma
22. sur ce qui est v niel D abord la persistance tenace du jargon avec des formules adul es se mettre en jeu et se mettre en je et quelques nouvelles venues prolif rantes dans leur r p titivit telles ces pulsions archa ques que l auteur se coltine en vue de les m taboliser Ensuite la posture modeste contrite n vitant peut tre pas toujours l obs quiosit ou la d magogie envers le jeune professeur destinataire de l criture longue Il y a plus grave L motion est pr sente toujours Ne l est elle pas l exc s L auteur serait il lui m me victime de cette virilit archa que dont sont fascin es selon lui les jeunes g n rations Toujours est il que la diabolisation extr me et pouss e la caricature sur le registre de la condamnation intellectuelle et du discr dit moral qu il inflige ceux qu il appelle les antivp dagogues interpelle le lecteur Peut tre interpelle t elle M Meirieu lui m me si j en r f re aux deux ditions de son livre Dans l une comme dans l autre les r prouv s sont accus s d ignorance d incomp tence d aveuglement de danger pour la d mocratie sans parler de pens e paresseuse et de pens e magique sinon de pens e totalitaire Dans la premi re dition ils sont aussi cr dit s et fustig s ce titre de mauvaise foi C est l une accusation fort grave que je me garderais d adresser M Meirieu lui m me dont j ai toujours dit et pens qu il
23. un compagnonnage intellectuel avec l enseignant au sein d une interaction o chacun reconna t la fois sa radicale identit avec autrui et l extr me f condit de sa diff rence esquisse une thique de la communication qui pr figurera peut tre ce que pourrait tre une v ritable d mocratie On notera au passage que la derni re phrase de cette citation comme celle de la pr c dente renvoie la finalit ultime de l cole selon M Meirieu que nous examinerons au point suivant esquisser une thique pr figurant une v ritable d mocratie et permettant aux adolescents d s leur sortie de l cole et pourquoi pas avant de faire l Histoire Nous voil en tout cas au seuil de l entreprise constructive Et voici nonc es avec quelque solennit la mission du ma tre de la nouvelle cole et la d finition du m tier nouveau L enseignant d aujourd hui a sans doute relever un d fi qui ne s est jamais pr sent dans l histoire des hommes N est ce pas d une certaine pr somption ou tout le moins d une certaine imprudence que de s articuler ainsi la charni re de l histoire Il semble que M Meirieu soit assez coutumier de cette attitude Voici le d fi auquel l enseignant est confront Il s agit de constituer tous ses l ves comme demandeurs de savoirs constructeurs de connaissances et strat ges m thodologiques Page 5 sur 25 Il s agit pour lui de construire des situations q
24. 30 avril 2011 Philippe Meirieu prix Lyssenko en 2011 pour sa contribution majeure la ruine de l enseignement M Philippe Meirieu a t il contribu de fa on majeure la ruine de l cole L cole en d sarroi j ai publi en 2008 un livre sous ce titre pr fac par un de mes cadets l cole normale le math maticien Laurent Lafforgue membre de l acad mie des sciences et laur at de la m daille Fields L cole est en mauvaise posture et ne remplit plus correctement son r le sp cifique du c t du ma tre enseigner pour faire apprendre du c t de l l ve apprendre pour savoir Cette carence de l cole entra ne deux cons quences D une part elle fabrique de l chec et cela d s l cole primaire dont le r le est de donner les premi res cl s lire crire compter calculer L cole fabrique des mutil s notamment des mutil s de la lecture et de l criture Il ne sera que trop facile de transformer ces victimes en coupables en un proc d malhonn te que d non ait d j Montaigne C est plaisante chose de couper les bras aux gens pour leur reprocher par apr s d tre manchots D autre part l cole fabrique de l in galit Pourquoi Parce que dans l cole d aujourd hui en France comme dans l auberge de la l gende en Espagne on ne trouve gu re la plupart du temps que ce que l on y aura soi m me apport L cole laisse trop souvent de nos jours les l ves adoss s aux seules re
25. Trois injonctions ont t mises qui valent chiquenaudes initiales L injonction en avril 1968 de Jacques Natanson demandant aux ma tres de se d pouiller de leur attitude de riches de la culture et de s associer au combat des jeunes contre la violence scolaire a litt ralement entra n pour les l ves une assignation non r sidence dans la culture scolaire L injonction en ce m me printemps d Andr de Peretti attribuant comme mission principale l ducation l talonnage des rapports de ma tre l ve a entra n pour l un comme pour l autre assignation r sidence dans le relationnel L injonction de Louis Legrand qui est plut t d ailleurs un d cret pose en principe la diff renciation entre les l ves qui participent naturellement au savoir universitaire et les autres Elle tend crucifier l l ve sur les d terminations familiales et sociales Ces trois injonctions inscrites la premi re sur un registre la fois religieux et r volutionnaire la deuxi me sur un registre quasiment psychanalytique la troisi me sur le registre non pas de la sociologie mais du sociologisme ont pes lourdement dans la d b cle de l cole M Meirieu se situe par rapport ces trois p res fondateurs dans une filiation assez vidente filiation dont il se r clame express ment pour ce qui est d Andr de Peretti et de Louis Legrand Ce dernier en retour le cr dite d une capacit de synth se
26. arquer une pr f rence pour ce qui est confus et contourn C est d ailleurs un travers national tr s anciennement fran ais et peut tre gaulois pourquoi faire simple quand on peut faire compliqu Enfin parce que M Meirieu arbore tour tour et parfois presque simultan ment des postures vari es et autant de langages ceux de l argumentateur du ma tre de persuasion de prescription et d injonction du procureur du charg de mission apostolique N arrive t 1l pas l auteur d voquer la vell it pastorale Ce dernier registre semble pr dominer M Meirieu nous conduit depuis vingt cinq ans en Croisade Nous conduit il au lyssenkisme Le lyssenkisme comporte trois dimensions d abord au m pris de l observation et de l exp rience et parfois en d ni de r alit une v rit est d cr t e sous un habillage Page 3 sur 25 cens ment scientifique ou tout le moins rigoureux ensuite cette v rit fait obligation enfin cette v rit faisant obligation est officialis e et b n ficie du soutien de la puissance publique Le lyssenkisme historique pousse tout cela la caricature tant il nous transporte aux extr mes de l imaginable et n a pu tenir qu avec l appui d un appareil d Etat de la plus grande f rocit Le cas qui nous int resse s il est sans doute plus lourd de cons quences durables est coup s r diff rent et moins imm diatement dramatique Sommes nous donc en pr sence d un lys
27. d une totale perversit puisque c est ajuster le droit au fait et surtout ajuster le fait l id ologie celle d une pseudo discrimination de nature c est ensuite criminel et d une supr me iniquit puisque le r sultat auquel il est abouti est de donner moins ceux qui n ont pas forc ment besoin de recevoir plus mais qui n ont coup s r aucunement m rit de recevoir moins Une telle machinerie fonctionne depuis trente ans Elle fonctionne tr s exactement rebrousse peuple Les enfants qui la subissent de plein fouet ne s en rel veront sans doute jamais compl tement Les autres ceux dont les ma tres courageux et prenant des risques certains de carri re enseignent en clandestins et contre r forme ceux l franchiront sans difficult les obstacles des premiers apprentissages L cole et la d mocratie auront perdu Peu importe La p dagogie aura eu le dernier mot Elle l aura eu d autant plus qu un nouveau d cret de M Meirieu dat de 2006 en aura tendu les bienfaits l ensemble de la population scolaris e au del m me des r prouv s de l encyclique Au pied du berceau LE DERNIER TAT PROVISOIRE DE LA PENS E MEIRIEU Elle affiche sur un mode plus exclamatif que jamais trois d terminations ou plus exactement trois postures Assez des classifications surtout lorsqu elles sont mortif res La p dagogie pour tous et cette fois sans exception De la rigueur encore et toujours chez
28. dans la prudence et dans la lucidit Je m y suis efforc dans L cole en d sarroi et j y renvoie L important dans ce texte ce sont les adverbes Il y a dans ce texte deux adverbes parce que le d cret de Louis Legrand est double Certains l ves ne participent pas naturellement au savoir universitaire C est un d cret de discrimination et de s paratisme L enseignement de ces l ves des enfants venus des classes populaires n cessite obligatoirement le d tour par le concret le pratique et le relationnel c est dire par la p dagogie C est un d cret d exclusion et de crucifiement La liaison entre les deux propositions est forte C est une liaison de cause cons quence dans le cadre d un strict automatisme C est un n ud qui ne peut tre d fait un attelage qui ne peut tre rompu Naturellement Le terme n est bien s r pas choisi au hasard Pas davantage n est il neutre Il porte haut son sens originel et tymologique Naturellement c est par nature Naturellement c est nativement Nativement c est par naissance Na tre c est tre engendr C est tre engendr par des ascendants et c est tre engendr en un lieu Serions nous ici sur le registre de la biologie et de la g n tique Pourquoi l auteur a t il choisi d lib r ment de ne pas faire usage de tel autre adverbe Pourquoi n a t il pas inscrit dans son d cret l adverbe socialement ou mieux encore celui auquel les r formateurs font r f rence
29. demandez le programme Elle s inscrit Page 22 sur 25 aussi sous le signe du pros lytisme avec les deux ditions en 2007 et 2008 de P dagogie le devoir de r sister Dans cette nouvelle s rie d ouvrages une certaine volution de l expression est perceptible Plus encore qu ant rieurement l auteur use pr f rentiellement de l imp ratif de l exclamatif de l incantatoire Le caract re dramatisant du propos est accentu Fait nouveau il arrive M Meirieu de s abaisser une familiarit d expression vulgarisation oblige laquelle il ne nous avait pas accoutum s Il en est ainsi dans le paragraphe de P dagogie intitul Rambo le retour o il stigmatise tous ceux qui sont pass s du c t de la certitude virile et ont choisi de se comporter en mecs quoi Soit dit en passant il prouve parfois quelque difficult occulter sa propre posture de certitude virile faut il dire de libertaire totalitaire qui aucune prescription n interdira d tre prescriptif comme il disait d s 1989 lorsqu il r it re en 2006 Dans une cole d mocratique la libert p dagogique n a de sens qu articul e une p dagogie de la libert Au del de ces faiblesses et de ces pirouettes il semble bien que dans ses derniers livres M Meirieu veuille se rendre avant tout pr sentable comme doit l tre un produit sur un march Y r ussit il Suffit 1l de chasser le naturel Passons
30. des techniques ou des notions d j acquises afin d aboutir la d couverte ou l assimilation de notions nouvelles Dans la r alit les activit s des l ves deviennent totalement artificielles pour une raison simple les concepts historiques ne sont pas si faciles r inventer par des l ves d j en difficult sur les bases du calcul et de la lecture De plus ces activit s sont d voreuses de temps au d triment de la place du cours dans les cahiers des l ves R sultat ces derniers se retrouvent perdus l exception de ceux dont les parents peuvent refaire le cours la maison Tel Page 8 sur 25 est le lot des l ves chercheurs trouveurs et constructeurs de leur savoir En attendant pour avoir voulu relever le d fi qui ne s est jamais pr sent dans l histoire des hommes comme le pr nait M Meirieu l autorit minist rielle n a pas craint d installer un bricolage grotesque duquel crivent par euph misme les professeurs en col re les l ves tirent un b n fice tr s relatif au vu du temps investi Bricolage grotesque B n fice relatif Temps investi Je ne peux pas ici passer sous silence l exemple d une activit d crite et pr conis e par M Meirieu lui m me dans Enseigner sc nario pour un m tier nouveau Le principe est ici de mettre l l ve en face d une t che qui le mobilise et qui requiert pour tre men e bien de surmonter un obstacle qui consti
31. e aux classifications et typologies caract rologiques Mais n a t il pas lui m me institu dans la foul e de Louis Legrand une authentique classification en rigeant en cat gorie s parative les enfants qui n ont pas trouv au pied de leur berceau leur panoplie de bon l ve pour reprendre les propres termes de l encyclique Cette classification n est elle pas elle aussi discriminatoire N est elle pas elle aussi mortif re Ne renverse t elle pas elle aussi l instar des soci t s dites primitives et l exemple des soci t s totalitaires les principes fondateurs des soci t s d mocratiques Ne remplace t elle pas au d triment du bambin de l enfant de l adolescent le droit de choisir son propre chemin par l assignation r sidence et par la nature dont on h rite N y a t il pas l un exemple type de cette analyse lin aire de ce diagnostic rapide dont M Meirieu nous invite en 2008 nous m fier Le moins que l on puisse crire est qu il y a doute La posture du doute serait elle inconfortable M Meirieu l aurait 1il ressentie comme telle l t de 2009 Aux derni res pages de son livre Lettre aux grandes personnes sur les enfants d aujourd hui il finit par crire On ne peut pas consid rer qu un enfant qui r unit les caract ristiques associ es l chec scolaire est condamn celui ci Rien n est donc plus injustifi et d mobilisateur qu
32. e de solliciter la caution des sciences humaines pour expliquer un chec ducatif Il sugg re m me une explication Cette conception crit il malgr son aspect tr s contemporain n est que l habillage d une position philosophique classique le d terminisme Evidemment tous les chercheurs en sciences humaines ne sont pas d lib r ment et m taphysiquement d terministes Mais d s lors qu on rige la posture de recherche des sciences humaines en position syst matique au regard de toutes les situations sociales on bascule dans le d terminisme mat rialiste Et d en appeler Descartes Kant Durkheim lesquels peut on supposer n auraient cautionn ni le d cret de s paratisme de Louis Legrand ni son d riv l encyclique Au pied du berceau Grands dieux M Meirieu se serait il engag leur suite la suite de Jacques Muglioni et tout simplement sur la voie du bon sens Et a t il effectu la totalit du parcours Dans le d cret de Louis Legrand la discrimination tait au principe par la gr ce de l adverbe naturellement d un c t les uns de l autre c t les autres M Meirieu l aurait il apr s un cheminement de vingt cinq ans compris Cela ne saurait suffire Au terme du m me d cret par la gr ce de l adverbe obligatoirement il y a le crucifiement M Meirieu l aurait 1l l aussi compris Il lui resterait en ce cas consid rer le m canisme qui permet de passer de l un l aut
33. eau dans l histoire de la situation qu il d crit C est bien l le d fi du XXT si cle la question que les hommes n ont encore jamais eue sic r soudre et pour laquelle il faut inventer des solutions vivre ensemble dans un univers o l isolement devient absolument impossible et o la fusion serait suicidaire En 2006 dans Ecole demandez le programme M Meirieu donne une nouvelle formulation L ducation est ce qui permet d esp rer une soci t lib r e des pr jug s et de la violence capable de m taboliser ses pulsions archa ques dans la cr ation artistique ou l invention scientifique de d battre en respectant les arguments de chacun de construire le bien commun partir de la confrontation des int r ts individuels Et d voquer une culture commune partag e permettant chacun d tre un citoyen lucide et de plein exercice Enfin le cap est encore rappel dans la Lettre aux grandes personnes sur les enfants d aujourd hui en 2009 Cr er une soci t capable de d finir l int r t g n ral dans une d lib ration exigeante Une soci t de sujets qui tentent ensemble l aventure d une Page 11 sur 25 v ritable d mocratie Une d mocratie o rien n est crit l avance O le monde est constamment remettre en chantier V ritable r volution copernicienne il ne s agit plus d adapter des individus au monde mais de former des sujets capables de recr er le monde Pas
34. els des ann es 1990 L impr cation et l injonction permanentes prennent le dessus dans une dramatisation constante Il nous est dit en 1998 Le m pris dans lequel beaucoup de nos intellectuels certains enseignants et une partie de l opinion publique tiennent la p dagogie pr pare la privatisation rapide du syst me scolaire Le service public d ducation n a pas d autre choix investir massivement dans la p dagogie ou p rir Et de verser des larmes sur les familles qui ne trouvant pas l cole le secours et le recours se retournent vers des fili res sp cialis es des officines douteuses et pour aller la dramatisation des sectes mill naristes pr tes aujourd hui prolif rer sur les d combres de la la cit M Meirieu n est pas le premier ni le seul parmi ses comparses utiliser avec culot ce discours artificieux Cauteleux beno ts contrist s les r formateurs font lamentation sur le d veloppement immod r des cours particuliers des soutiens ext rieurs des appuis familiaux qui selon eux vaudrait scandale Mais quoi Qu est devenu de leur fait et du fait que l Etat qui leur a pr t main forte le pr carr de l cole Une fois la prairie d garnie et la terre rendue inculte comment faire emp chement et comment faire reproche ceux l qui le peuvent de brouter aux lisi res Les plates bandes prosp rent l entour du massif en friche Qui s en tonnerait Le scandale et
35. ent de revenir sur terre et de faire distinction La v rit d cr t e par M Meirieu rel ve d une posture individuelle d une option strictement personnelle certes respectable mais contestable D s 1997 aux pages 16 et 17 de L cole ou la guerre civile M Meirieu lui m me en convient Nous faisons clairement et absolument le choix de la pr minence absolue du politique L Ecole implique des choix de soci t des choix philosophiques des options prises sur l avenir de notre pays sur le type d homme et d organisation sociale que nous voulons Ces choix sont des choix de valeurs Il faut les faire le plus lucidement possible et il faut les assumer comme tels On ne peut que donner acte M Meirieu de choix qui lui sont personnels Libre donc titre priv M Meirieu de d cr ter sa v rit Malheureusement cette v rit n est pas sans cons quence La cons quence est tout simplement qu en regard de cet objectif fix comme priorit absolue l cole l enseignement proprement dit ne peut se trouver qu en position subordonn e la transmission des connaissances n intervenant que comme un moyen de cheminer vers le paradis de l homme nouveau et du bien commun Nous en sommes avertis fort clairement la page 167 de L envers du tableau C est seulement parce qu elles outillent l l ve pour lutter contre la violence que les disciplines d enseignement sont l gitimes bien plus qu en vertu d une dignit p
36. era enfin tout ce qui ab me et s pare les hommes ne leur permet pas de se construire diff rents ni de se reconna tre porteurs de la m me humanit capables d inventer les moyens de vivre ensemble Et dans ce combat le seul horizon possible Page 18 sur 25 serait quelque chose comme une thique de la communication p dagogique un parti pris d examen rationnel qui chappe la fois au relativisme la confiture id ologique bienveillante sic et la normativit ext rieure a priori Qu en est il dans les derniers ouvrages Il appara t que la p dagogie la Meirieu est de plus en plus imp rativement exig e et de moins en moins clairement explicit e La possibilit m me de la mettre en cause est d finitivement cart e Toute critique son encontre est stigmatis e comme relevant de la pens e magique Si nous ne comprenions pas il nous est dit dans P dagogie le devoir de r sister Le refus de la p dagogie signe une conception radicalement mat rialiste et marchande de l cole les connaissances sont des biens que l on met sur le march et que s approprient ceux qui peuvent et veulent bien les acheter L normit de la premi re phrase a d activer chez M Meirieu l instinct de la prudence pr sente dans l dition premi re elle a t gomm e dans celle de l ann e suivante Quant la pr cision Dans la Lettre un jeune professeur M Meirieu croit entendre tapi en emb
37. esprit Autrement dit se donner comme objectif et comme objectif essentiel et prioritaire celui que se donne M Meirieu n est ce pas s interdire de l obtenir comme r sultat Ce r sultat il a pu arriver l cole de nagu re de l atteindre par surcro t M Meirieu persiste vouloir en faire par d cret l objectif absolu Sans m me r f rer au contenu plus que contestable que M Meirieu inflige sa d marche le risque n est il pas que la formation des esprits soit recouverte par la direction des consciences M Meirieu qui a rig sur la base d un choix priv une v rit d cr t e tient sur cette base un discours normatif qui tr s vite devient prescriptif Il y a longtemps qu il nous a donn sa conception de l entretien m thodologique Quand il s agit d un Page 13 sur 25 enjeu qui ne concerne au fond rien d autre que l mergence du sujet dans l l ve aucune prescription ne nous interdira d tre prescriptif Ce discours que l on entend depuis vingt ans vaudrait il pour l ensemble de son propos Les stagiaires des instituts de la formation de la grande poque en gardent quelque souvenance Une telle parole dans l ordre strictement priv peut troubler Si par l aval et la gr ce de la puissance publique elle devient semi officielle LE TRAITEMENT SP CIFIQUE IMPOS CERTAINS L VES La troisi me v rit d cr t e par M Meirieu veut que certains enfants et adolescents distingu
38. eut tre caricatural norme d absurdit et d injustice Pourquoi Parce qu un gaillard culott saura lors de la Page 10 sur 25 soutenance orale qui est cens e clore l op ration tirer le bon parti du travail s rieux qu aura effectu pendant plusieurs semaines un de ses camarades lequel de comportement plus discret sera jug insuffisamment participatif disgr ce majeure dans le cadre de la p dagogie Meirieu et se verra p nalis au regard de ses efforts et de ses r sultats dont quelqu un d autre engrangera le b n fice Les lyc ens ont compris tout le parti qu ils pouvaient tirer l heure des certifications de ces errements Je ne sais pas s ils aiment M Meirieu mais ils ont su profiter au mieux du dispositif de sa r forme Comment l administration de l Education nationale ne serait elle pas dans le m me tat d esprit Le dispositif coup s r est minemment op ratoire son valuation tronqu e et truqu e ne vaut elle pas r ponse dans la facilit et la d magogie la question du niveau que l on fait monter sans vergogne et celle du dipl me que l on d livre plus lib ralement pour faire honneur aux exigences de la statistique On comprend qu un pacte tr s fort unisse les gestionnaires M Meirieu Les gestionnaires aiment M Meirieu Celui ci le leur rend bien Pour le cas o quelques ma tres seraient en doute ou rechigneraient s interdire de lucidit M Meirieu enfonce le c
39. exceptionnelle nourrie d une connaissance pr cise et personnellement v cue de la pratique quotidienne de la classe ainsi que de vis es profondes Autant dire que ce fils premier n des pr curseurs n a rien d un premier venu M Meirieu n est certes qu un pigone Il n a fait que prendre un relais Mais quel pigone et quel relais Il b n ficie de trois atouts et quels atouts Premier atout la dur e Le coureur de fond tient la piste depuis plus de vingt cinq ans Tout en ayant enseign d s les ann es 1970 dans divers types d tablissements M Meirieu a commis plusieurs dizaines d ouvrages dont beaucoup ont connu de multiples r ditions sans parler de ses articles pr faces conf rences et de sa participation des rapports ou des d bats Deuxi me atout la carrure de l athl te qui cumule long vit et vitalit Troisi me atout l tendue tout fait inhabituelle de son public Il n est finalement pas si courant m me pour de grands auteurs universitaires de rencontrer la fois beaucoup d auditeurs et beaucoup de lecteurs M Meirieu a connu le privil ge de cumuler les uns et les autres Auditeurs et lecteurs vari s incluant au del des l ves et des tudiants des professionnels en formation continue des membres d administrations de collectivit s d associations Auditeurs et lecteurs libres et volontaires mais parfois aussi quelque peu contraints comme les stagiaires des Page 2 sur
40. ges La p dagogie entre le dire et le faire Paris ESF diteur 1 dition 1995 2 dition 1996 282 pages Frankenstein p dagogue Paris ESF diteur 1 dition 1996 4 dition 2003 128 pages L cole ou la guerre civile en collaboration avec Marc Guiraud Paris Plon 1997 212 pages puis Lettres quelques amis politiques sur la R publique et l tat de son cole Paris Plon 1998 178 pages puis Des enfants et des hommes Litt rature et p dagogie 1 Paris ESF diteur 1999 134 pages L cole et les parents Page 24 sur 25 la grande explication ouvrage collectif dirig en collaboration avec Daniel Hameline Paris Plon 2000 260 pages r dit aux ditions Presses Pocket 2001 puis L ducation en questions s rie de huit fascicules accompagnant les films pr sent s sur France 5 et consacr s aux grandes figures de la p dagogie Fascicules parus C lestin Freinet ou comment susciter le d sir d apprendre Maria Montessori ou peut on apprendre tre autonome Janusz Korczak ou comment surseoir la violence Fernand Oury ou y a t il une autre loi possible dans la classe Jean Gaspard Itard ou tous les enfants peuvent ils tre duqu s Joseph Jacotot ou peut on enseigner sans savoir L on Tolsto ou doit on croire les enseignants sur parole Johann Heinrich Pestalozzi ou que faire avec des enfants qui ne veulent pas de vous Mo
41. hnocratique Ne faudra t il pas au directeur de conscience qui a choisi dans la Lettre de 2009 de s adresser au lecteur son semblable son fr re tre r veill et d finitivement de sa torpeur id ologique Il semble bien qu il en aille tout autrement A la posture de doute sur le diagnostic ou au doute de posture fait suite une posture de certitude sur la th rapie ou comme dirait le Glossaire la rem diation Les enfants ne participant pas naturellement au savoir universitaire ne doivent plus faire l objet d un traitement sp cifique par le concret le pratique et le relationnel c est dire par la p dagogie Pourront ils l instar de leurs camarades b n ficier des services de l cole sans qu il y ait recouvrement de celle ci par la p dagogie Que non pas A l inverse c est l ensemble des l ves que les bienfaits de la p dagogie seront dispens s M Meirieu dans Ecole demandez le programme n h site pas d cr ter la priorit l ducation sur toutes les zones Place donc la p dagogie partout et pour tous Effectivement elle est pr sente et m me omnipr sente jusqu en tre imp rative Mais plus elle est imp rative plus elle est impr cise D s Enseigner sc nario pour un m tier nouveau l auteur nous avait mis en garde sur l aventure ducative o rien ne doit arr ter notre effort de rigueur dans la pr paration que la prise en compte de l impr vu dans la r
42. icielles les lieux communs sur l innovation l interdisciplinarit et le travail des ma tres en quipe l aspect ludique de l exercice pour les l ves bref les affirmations l nifiantes de M Meirieu ils en viennent la confiance s instaurant donner leur sentiment r el Ces itin raires de d couverte cens s faire travailler ensemble des coll giens sur des sujets interdisciplinaires avant de leur faire restituer le fruit collectif de ce travail ne sont nous est il dit que mixture de vrai jardin d enfant et de fausse recherche ils n apportent rigoureusement rien aux bons l ves sinon une perte sensible de leur temps ils n apportent peu pr s rien non plus aux autres sinon l encore mais plus dramatiquement une perte irr parable d un temps o ils pourraient tout simplement apprendre en outre les uns et les autres courent le risque du fait et au vu de ce bricolage d tre jamais d tourn s et d go t s de la vraie recherche La m me conclusion est donn e sur l efficacit des travaux personnels encadr s activit consistant faire coop rer deux ou plusieurs l ves de lyc e une recherche impliquant plusieurs disciplines supposant ventuellement des d placements et donnant lieu un compte rendu Ce dispositif nous est il dit au del des critiques ci dessus voqu es ouvre la voie une pratique de plus en plus courante l valuation individuelle d un travail de groupe Le r sultat p
43. inscrire dans l une et l autre des cat gories dans le cadre de sa Page 19 sur 25 contribution majeure des ann es 1990 la formation des ma tres gr ce ses manuels et sa manufacture d outils et de m ta outils Il semble que M Meirieu se d p tre de cet embarras en sortant par le haut ou plut t par une formulation dramatisante qui nous a t r v l e dans une conf rence Toulouse le 28 novembre 2008 la p dagogie est une indignation industrieuse L indignation est une position peut tre plus exactement une posture Tel un combattant un joueur un acteur M Meirieu a fait choix d adopter cette posture Cette indignation se veut industrieuse Elle uvre en qu te de sa terre promise Elle ne semble pas l avoir atteinte ce jour Et le chercheur trouveur de la p dagogie n vite pas toujours d tre la proie du doute Mais il se ressaisit bien vite Le p dagogue se rassure et nous rassure par sa rigueur le scientifique de l ducation se rassure et nous rassure par sa scientificit J en retiens parmi d autres un seul exemple extrait de la Lettre un jeune professeur en la note 5 de la page 35 M Meirieu veut nous d montrer que le niveau g n ral ne cesse de s lever depuis que la puissance publique a choisi bien qu il juge ce choix timor et bien insuffisant de mettre en uvre les principes et donc les dispositifs que lui m me pr conise Le raisonnement vaut son pesant d or Paradoxe apparent
44. is ESF diteur France Inter 2005 96 pages L enfant l ducateur et la t l commande entretiens avec Jacques Liesenborghs Bruxelles Labor 2005 204 pages cole demandez le programme Paris ESF diteur France Inter Le Caf p dagogique 2006 160 pages Pourquoi est ce si difficile d crire Paris Bayard Jeunesse 2007 64 pages P dagogie le devoir de r sister Paris ESF diteur 2007 128 pages Une autre t l vision est possible Lyon Chronique sociale 2007 128 pages Lettre aux grandes personnes sur les enfants d aujourd hui Paris 2009 Rue du Monde 320 pages Page 25 sur 25
45. ist mologique qui permettrait de les classer selon une hi rarchie subtile Voil ici encore l exemple m me d un ph nom ne de recouvrement celui de l cole instruisante par l cole cens ment appel e mancipante puisque M Meirieu nous redit en 2008 dans P dagogie le devoir de r sister en la page 91 S manciper et s associer sont les deux d marches ins parables qui conditionnent l acc s au statut de citoyen ce sont donc les deux objectifs que l ducation doit se donner prioritairement Cela se traduit chez M Meirieu par des pr conisations tr s g n rales comme faire acqu rir tous les codes intellectuels et sociaux gr ce auxquels construire un monde nouveau Cela donne lieu parfois des consignes tr s pr cises comme celle de proc der au titre de la coop ration entre l ves des corrections mutuelles de devoirs Page 12 sur 25 qui sont pour chacun une fa on de renoncer sa toute puissance et de faire reculer ses vell it s narcissiques Malheureusement encore la position de M Meirieu n est pas demeur e une position personnelle Elle a p n tr la sph re publique et l on doit s interroger sur les implications qu elle a induites quant aux missions de l cole et son fonctionnement N a t elle pas entra n des modifications des unes et de l autre Ces modifications ne valent elles pas d tournement La deuxi me v rit d cr t e par M Meirieu n est elle pas dans
46. le cas de faire comme la premi re obligation La question m rite d tre s rieusement pos e Je la pose sur les bases observables que j ai ailleurs indiqu es Je renvoie ce que j ai crit aux pages 169 171 de L cole en d sarroi dans le cadre de ce que j ai appel les substituts pernicieux inflig s par la r forme l cole et plus pr cis ment la pseudo d mocratie et l indisponibilit intellectuelle organis e Il s agit du dispositif officiel intitul ducation civique juridique et sociale dans le cadre de la r forme des lyc es inspir e nagu re par M Meirieu et donc enfant de ce dernier enfant du reste hautement reconnu et revendiqu Cette ducation l qui a bien failli s appeler politique et o ce que beaucoup des professeurs qui y ont particip en ont dit le loisir de confabuler l emporte de loin sur le loisir de penser ne risque t elle pas d tre tout sauf de l cole et m me le contraire de l cole Plus d un a d nonc les dangers de cette non mati re ou non discipline qui rel ve d un statut hybride puisqu elle se situe aux antipodes de l otium du loisir de penser mais n est en rien pour autant de l ordre du negotium l activit concr te et utilitaire incluant l activit politique Le contre effet de cette d marche n est il pas d j au rendez vous De m me que les itin raires de l artifice et du d tour ont t en passe de d go ter jamais plus d un coll gien de la
47. lou Dans sa Lettre un jeune professeur dat e de 2005 il s exprime sans ambigu t Ainsi auriez vous tort de boycotter les multiples dispositifs d accompagnement des l ves que nous ont concoct s les administrateurs de l ducation Malgr leur apparence ce ne sont pas des lubies de technocrates pour nous emp cher d enseigner en rond mais bien les pi ces d un puzzle qui dessinent de mani re embryonnaire mais prometteuse un syst me scolaire plus d mocratique Comment mieux nous embourber dans la mauvaise orni re Ne glissons nous pas vers le d ni de r alit Et le d ni de r alit o Bossuet croyait voir le plus grand d r glement de l esprit n est il pas le seuil m me du lyssenkisme Voil en tout cas ce qui se passe dans l cole o les l ves sont cens s construire leur propre savoir apprendre apprendre et apprendre ensemble apprendre LA CONSTRUCTION D UN NOUVEAU TYPE D HOMME Apr s la construction de son propre savoir par l l ve la deuxi me v rit d cr t e par M Meirieu c est que la raison d tre ultime de l cole est moins d instruire l l ve que de construire un nouveau type d homme celui que requi rent le monde d aujourd hui et surtout la pr paration du monde de demain D s 1985 dans L cole mode d emploi M Meirieu ouvre le feu avec la grandiloquence dramatisante dont il est coutumier et le souci qui lui est habituel de poser le caract re radicalement nouv
48. n travail qui a t bien fait Sans doute est il en revanche opportun et peut tre de quelque utilit que je me place sur un autre terrain et que je consid re cette v rit d cr t e de la construction de son propre savoir par l l ve chercheur trouveur sous la houlette de son ma tre entra neur dans ses effets directs au regard de ce que j ai pu voir et entendre pendant un bon quart de si cle dans le cadre de mes fonctions Un certain nombre de points m autorisent porter une appr ciation n gative sur cette construction du savoir consid r e par M Meirieu comme une lib ration et dans laquelle je vois au contraire un v ritable crucifiement de l l ve du ma tre et de l cole Premier effet premier m fait Le caract re pr minent voire prioritaire conf r l objectif d apprendre apprendre n crase t 1l pas l acte m me d enseigner Ce primat sinon absolu du moins largement abusif devient pour le coup un obstacle objectif qui sacrifie le contenu de l apprentissage sur l autel de la p dagogie La construction du savoir recouvre l acte d instruire Les ph nom nes de recouvrement on nous les d crivait autrefois tr s t t l cole avalanches de neige coul es de lave ou de boue d bordements fluviaux raz de mar e glissements de terrain On nous expliquait qu ils avaient pour cons quence d effacer d touffer de semer la d solation et de r pandre la mort La construction du savoir pouss e s
49. nces particuli res Je ne les renie nullement Mais je demande qu on les examine comme des moments d une d marche faite de convictions et de compromis de propositions essentielles et d erreurs d appr ciation de pol miques et de repentirs bref de toute une s rie de ph nom nes constitutifs de l action publique Il me para t injuste de faire porter la suspicion globale sur un ensemble de travaux partir de documents qui tout en leur tant li s sont des contributions au d bat public r ins rer dans leur histoire et dans les conflits o ils ont t produits Dont acte Mais alors M Meirieu qui n tant dans la sph re publique qu un expert n aura jamais de ce chef et ce titre de compte rendre devant personne serait il en outre exon r de toute appr ciation critique C est sans doute une raison suppl mentaire de le soumettre examen Cet examen ne sera en rien facile et pour plusieurs raisons D abord parce que dans la masse des crits on enregistre des volutions ce qui est normal des nuances parfois importantes d un ouvrage l autre mais aussi des contradictions Tous ceux qui ont lu cette uvre ont soulign ce fait J en suis moi m me d sormais convaincu toute critique sur tel ou tel point M Meirieu sera en mesure de nous opposer une citation faisant diversion contradiction ou contre proposition Ensuite parce que M Meirieu comme la plupart des r formateurs de l cole semble m
50. ncipe d cr t par Louis Legrand et ressass sans tr ve dans l encyclique Au pied du berceau est all e Page 15 sur 25 tr s loin jusque l encore au recouvrement de l cole publique par le p dagogisme et son rouleau compresseur Consid rer en effet et traiter dans leur ensemble les enfants dont les familles r sident dans un secteur g ographique donn en gommant la r alit qui fait que premi rement tous les enfants l int rieur de ce secteur n appartiennent pas la m me cat gorie sociale laquelle est pourtant cens e tre le crit re et le fondement de la th rapie p dagogiste deuxi mement dans une m me cat gorie et jusque dans une m me famille les diff rences peuvent tre et sont souvent en fait tr s consid rables entre les enfants troisi mement et surtout que le d terminant social dont sociologues engag s et p dagogues militants n ont pas craint de faire un d terminant de nature ne saurait en tout tat de cause l heure des premiers apprentissages et en particulier de l apprentissage de la lecture et de l criture discriminer d une part des l ves aptes la lecture et l criture et demandeurs de lecture et d criture et d autre part des l ves d pourvus de cette double gr ce naturelle d cr ter que ces derniers seraient justiciables des m thodes du p dagogisme r formateur et de ces m thodes l seulement et enfin les leur appliquer c est d abord absurde et
51. on extr me c est le tsunami qui engloutit l enseignement scolaire Le sacrifice est d une particuli re gravit pour les tout premiers apprentissages et singuli rement celui de la lecture M Meirieu qui il est vrai s int resse moins l apprentissage initial qu la pratique de la lecture au long de la scolarit assure que cette pratique exige d abord le lancement d une hypoth se puis le pr l vement d indices et enfin l utilisation de diff rentes strat gies L est dit il la condition pour que l enfant devienne un lecteur et non pas un liseur J ai racont dans L cole en d sarroi un exemple concret de la mise en uvre de ces principes Inspecteur d acad mie je re ois il y a plus de vingt cinq ans de deux inspecteurs d partementaux charg s de l enseignement primaire un compte rendu sur l apprentissage de la lecture selon la m thode dite alors nouvelle inscription de cet apprentissage dans ce qu ils appellent un registre de globalit approche privil gi e sinon exclusive de l crit par des supports strictement utilitaires tels que panneaux de publicit appellations de produits commerciaux figurant sur les bo tes de fromage notices d emploi des appareils m nagers d couverte des mots non par d chiffrement et pellation mais par intuition pari et prise de risque pratique des textes dans le strict cadre de la communication et de la socialisation Interrog s sur les auteurs d une pareille th orie cens
52. ps pass de 2 sur 20 la moyenne de la tranche d ge est de 3 sur 20 Aujourd hui avec les m mes modes de calcul la moyenne de la m me tranche d ge sur le m me exercice est de 6 2 sur 20 elle a plus que doubl Hausse spectaculaire du niveau g n ral tandis que le professeur de Seconde voit lui les r sultats baisser de 4 points Dans le m me temps le nombre d l ves ayant 12 et plus a augment mais ces l ves sont proportionnellement moins nombreux que jadis Le scientifique de l ducation a tranch Au p dagogue de conclure Reste videmment la seule vraie question comment faire pour que l acc s aux tudes s accompagne d une hausse correspondante du niveau des l ves qui y acc dent Comment transformer la d mocratisation de l acc s en d mocratisation de la r ussite C est videmment affaire de p dagogie Et c est ce dont nous parlons Le scientifique de l ducation s est montr scientifique Le p dagogue s est montr rigoureux Page 20 sur 25 Le fabricant d outils et de m ta outils peut rouvrir boutique pour vingt cinq nouvelles ann es Apr s avoir trop fait c t il pourra faire au c ur Et il m ritera d tre not au moins pour le papier et le temps pass L EXACERBATION DE LA CROISADE P DAGOGISTE Arc bout sur cette caution de scientificit et de rigueur M Meirieu rev t d une couche paisse d affectivit le discours tenu dans les manu
53. rche est criminelle Elle l est parce qu elle inflige le concret le pratique et le relationnel c est dire la p dagogie aux enfants et adolescents qui auraient besoin sinon plus que les autres tout le moins autant que les autres de l cole authentiquement instruisante c est dire mancipante Est il raisonnable d avoir organis depuis pr s de trente ans des zones territoriales de la discrimination l cole C est pourtant la politique qui est appliqu e politique du crucifiement sur les d terminations au b n fice du p dagogisme et sous la caution de la sociologie engag e Une telle logique a t d nonc e depuis bien longtemps D s 1991 Jacques Muglioni s en expliquait Quand l cole renonce enseigner elle invoque l origine des l ves l influence de l environnement Il faut dit on s adapter Les sciences sociales ont cette sup riorit absolue sur les sciences de la nature de pouvoir produire par le discours les situations qui v rifient apr s coup leurs th ories Affaiblir l cole est encore le meilleur moyen de donner raison la sociologie C est ce qu a soulign aussi sur la base de sa propre exp rience un professeur de lettres Corinne Bouchard Le syst me est sangren par l id e que les doctrines en cours sont scientifiques donc si la r alit ne donne pas les r sultats attendus par la th orie la r alit a tort et une radicalisation de la doctrine devrait la
54. re la m diation comme il dirait peut tre dans la langue du Glossaire Ce m canisme transformant la discrimination en crucifiement n est rien d autre que le sacrifice de l cole sur l autel de la r forme il fallait tuer le ma tre parce qu il tait ma tre il fallait tuer l l ve parce qu il tait l ve il fallait tuer l cole parce qu elle tait cole La responsabilit de ce qui s est pass n incombe pas uniquement ni m me prioritairement au seul d terminisme mat rialiste elle rel ve du choix d lib r qui a t fait de mettre en place l cole nouvelle celle de la construction de son savoir par l l ve et celle de la construction d un nouveau type d homme appel cr er lui m me un monde nouveau Page 17 sur 25 ces deux v rit s d cr t es valant obligation et par le fait du recouvrement qu elles imposent l cole instruisante laissant fort logiquement aux d terminations ext rieures toute latitude pour jouer au maximum sur le destin scolaire des l ves N y a t il pas l une de ces r gressions chosifiantes dont M Meirieu nous dit s inqui ter Conclusion s il forme le projet comme il l crit en 2007 dans la premi re dition de P dagogie le devoir de r sister de ne jamais pr empter l avenir de quiconque si nul ne doit tre condamn reproduire son pass suffira t il au fabricant de m ta outils d tre r veill de temps en temps de sa torpeur tec
55. s de vingt cinq ann es d observations et je me permets de renvoyer ce que j en ai crit dans mon livre Je pense qu il est utile de rapprocher ce qu crit M Meirieu la page 135 de L cole mode d emploi et ce que je d cris moi m me aux pages 35 38 et 181 182 de L cole en d sarroi au sujet d une part des itin raires de d couverte au coll ge d autre part des travaux personnels encadr s ce dernier dispositif tant partie int grante d une r forme du lyc e dont M Meirieu lui m me tait la cheville ouvri re Je suis d accord avec M Meirieu lorsqu il voque le grand d sordre d une classe de sixi me o les l ves s adonnent des activit s diverses pr cis ment d finies pour chacun d eux et correspondant leurs ressources et leurs besoins Ce d sordre est m me dire le vrai fantastique Mais il n est aux yeux de M Meirieu qu apparent Tout autre est mon point de vue Tout autre aussi fut mon impression au sortir des s ances d activit s li es ces dispositifs auxquelles il me fut donn d assister Et tout autre aussi ma conclusion Impression et conclusion que partagent la plupart des professeurs impliqu s dans ces dispositifs lorsqu ils s expriment dans la libert de la conversation priv e et de la confidence J ai toujours entendu d eux deux discours successifs Apr s avoir r gurgit au visiteur per u comme le repr sentant de l institution le brouet des instructions off
56. sage d une ducation conformisation un monde d j l une ducation pr paration un monde na tre horizon d un universel possible o s accorderaient enfin les volont s individuelles dans la perspective d un bien commun Ce cap de la construction individuelle et collective du sujet par lui m me l cole rappel en 2009 est loin d tre anodin De m me que la construction du savoir par l l ve n avait rien de banal puisqu elle renvoyait la construction de la connaissance par l humanit en son histoire multimill naire de m me la construction de l homme de demain r f re une dimension ambitieuse et grandiose M Meirieu ne craint pas en effet de franchir les limites m mes de l univers dans son projet d laboration du bien commun Il s interroge avec persistance d une dition l autre de P dagogie le devoir de r sister page 78 en 2007 et page 93 en 2008 Comment faire pour que notre projet soit encore plus collectif au del des limites de notre groupe de notre classe de notre quartier de notre ville de notre pays de notre continent de notre monde de notre univers Grands dieux O nous arr terons nous On retrouve ici la dimension mais sans le souffle quasiment biblique des p res fondateurs de la r forme Jacques Natanson et Andr de Peretti dans leurs incantations d avril 1968 Quand M Meirieu nous convie aussi loin au del des limites de l univers il est urg
57. senkisme adouci Qu en est il de ses trois dimensions Qu est ce que la v rit d cr t e sinon une forme de l id ologie dont R gis Debray a pu crire qu elle est le terrain o les r ponses pr c dent les questions Nous sommes ici embarrass s et il n est pas s r que M Meirieu ne le soit pas lui m me Je crois crit il en 2008 que nous devons aujourd hui clarifier les choses plus que nous ne l avons fait En particulier il faut distinguer fermement au plan pist mologique et politique les sciences de l ducation de la p dagogie dans les sciences de l ducation on est sur le registre du d bat scientifique et l on doit se donner les moyens de tenter de faire le vrai en p dagogie s il faut penser avec la plus grande rigueur possible on n est pas du tout dans le domaine de la science on ne peut se passer d une r flexion sur les valeurs M Meirieu qui se veut la fois un scientifique de l ducation et un p dagogue n a t il pas au cours du dernier quart de si cle o s tale sa production emm l quelquefois les deux registres Ne lui est il pas arriv en tentant de faire le vrai de d cr ter sa v rit Peut on consid rer que la v rit d cr t e par M Meirieu est dans le cas de faire obligation Nous examinerons la mise en uvre que nous en propose M Meirieu Peut on dire enfin que cette v rit faisant obligation a t plus ou moins officialis e dans un cadre institutionnel
58. ssources que peuvent leur fournir leur famille leurs proches le milieu o s inscrit leur existence En fabriquant de l in galit l cole en carence est donc source d iniquit Je souligne un point capital Cet tat des lieux ne serait il pas excessif Il l est dans la seule et stricte mesure o parmi les ma tres de tous les niveaux toutes les directives officielles de l Education nationale elles m mes souvent inspir es pour l essentiel par les tenants de la r forme permanente de l cole ne sont pas toujours et partout int gralement suivies d effet Il demeure des espaces o l cole n adh re qu imparfaitement la doctrine du moment et ces espaces fondent ce qui dans l cole demeure bon L ensemble se soutient survit et localement r ussit par ces zones lacunaires ces secteurs de francs tireurs et de contrebandiers La remarque est d autant plus importante que les tenants de la r forme commencer par M Meirieu ne craignent pas d inscrire leur profit les r sultats de ces ma tres qui parfois en prenant des risques pour leur carri re osent ne pas se conformer leurs pr conisations Quelle audace je dirai m me quel culot J ai parl des tenants de la r forme Je pense avoir montr apr s beaucoup d autres que la R publique a tr s largement sur le terrain de l cole rendu le tablier l ch la commande renonc la ma trise de l uvre et m me la ma trise de l ouvrage Bref elle a d sarm
59. t d abord exploration d espaces inconnus prise de risque tentatives plus ou moins r ussies t tonnements et stabilisation progressive de nouvelles capacit s Voyez les propos d Andr de Peretti en 1968 Et que doit faire sur ces bases le professeur dans une soci t d mocratique Face la dictature de l imm diatet il doit travailler sur la temporalit Quand Page 21 sur 25 partout on exalte la pulsion il doit permettre l mergence du d sir Contre les rapports de force institu s 1l doit promouvoir la recherche de la v rit et du bien commun Pour contrecarrer la marchandisation de notre monde il doit d fendre le partage de la culture Afin d viter la s lection par l chec il doit incarner l exigence pour tous Car M Meirieu nous dit que la s lection sociale est toujours l Parbleu Elle n est pas toujours l Elle est plus que jamais l Pour une raison simple et suffisante savoir la quasi disparition de toute s lection scolaire active Active sur les bases de l instruction de l exercice du questionnement et de la notation Dans l cole de la r forme o l l ve comme l auberge espagnole ne trouve gu re que ce qu il a lui m me sur ses ressources familiales apport la pr tendue s lection scolaire ne peut que d calquer la s lection sociale comme le ferait une machine enregistreuse ou photocopieuse Cette cole l ne s lectionne pas Elle laisse venir Ou plus pr cis
60. tage ne l a t 1l reni Une autre pr occupation a toutefois pris le relais M Meirieu semble avoir ouvert une entreprise de prestations intellectuelles ou plus exactement thico affectives qui tient la fois du cabinet de conseil de la cellule d aide psychologique et de la direction de conscience La premi re p riode tait celle de l affirmation des v rit s d cr t es Le moyen en tait le trait magistral La deuxi me p riode est celle du pros lytisme apostolique Le moyen en est la Lettre M Meirieu a souvent crit et il nous a redit sur une radio le 6 avril 2011 qu il se d finissait lui m me comme un maniaque de la correspondance De fait apr s avoir crit quelques uns de ses amis politiques sur la R publique et l tat de son cole en 1998 et avant d adresser une Lettre aux grandes personnes sur les enfants d aujourd hui en 2009 il a donn en 2005 une Lettre un jeune professeur o il se propose de d busquer dit il la dimension cach e du m tier Il s y r v le bon conseilleur et surtout bon vendeur de sa propre marchandise Au risque dit il de pr cher pour ma paroisse je ne peux que vous inviter lire les p dagogues et plus pr cis ment les fascicules de L ducation en questions par Philippe Meirieu Ainsi est assur e la continuit Cette p riode apostolique s inscrit en effet sous le signe du d marchage commercial comme en t moigne le titre de 2006 Ecole
61. tel point de la doctrine L alacrit ironique puis la hargne les renvoyaient au n ant Vous lisez Marianne chaque semaine Me sont alors revenues en m moire certaines confidences des stagiaires des instituts de la formation Il ne fait pas bon tre d un avis oppos M Meirieu Jean Paul Riocreux ancien inspecteur d acad mie Bibliographie des uvres de M Philippe Meirieu Itin raire des p dagogies de groupe Apprendre en groupe 1 Lyon Chronique sociale 1 dition 1984 7 dition 2000 202 pages Outils pour apprendre en groupe Apprendre en groupe 2 Lyon Chronique sociale 1 dition 1984 7 dition 2000 202 pages L cole mode d emploi Des m thodes actives la p dagogie diff renci e Paris ESF diteur 1 dition 1985 14 dition 2004 188 pages Apprendre oui mais comment Paris ESF diteur 1 dition 1987 21 dition 2009 194 pages Enseigner sc nario pour un m tier nouveau Paris ESF diteur 1 dition 1989 8 dition 1995 158 pages Le choix d duquer thique et p dagogie Paris ESF diteur 1 dition 1991 9 dition 2005 198 pages Emile reviens vite ils sont devenus fous en collaboration avec Michel Develay Paris ESF diteur 1 dition 1992 4 dition 1994 208 pages L envers du tableau Quelle p dagogie pour quelle cole Paris ESF diteur 1 dition 1993 3 e dition 1997 282 pa
62. titue un devoir de l cole il d cr te qu elle est la seule r ponse susceptible de permettre le fonctionnement de l cole d aujourd hui en Page 4 sur 25 r solvant la contradiction majeure qui oppose la volont d enseigner du ma tre l impossibilit d imposer l l ve le d sir d apprendre D s 1985 dans L cole mode d emploi M Meirieu crit sans ambigu t L enseignement centr exclusivement sur le savoir est r duit n tre efficace que par accident et fort superficiellement Il ne s attache pas l essentiel la construction de la connaissance dans et par l apprenant La d marche ainsi pr conis e par M Meirieu s oppose formellement aux pratiques de l cole traditionnelle sur le terrain de la transmission des connaissances d crite et d cri e par l auteur comme impositive et frontale Soulignons un point important Cette construction du savoir n est pas entendue au sens banal et somme toute acceptable o on pourrait la cantonner Car il est trop vident que l l ve lorsque le ma tre pratique le questionnement pendant la le on ou l exercice apr s la le on que l l ve qui apr s la classe revoit r p te et rumine sa le on est dans le cas de participer une sorte de construction de son savoir C est en un tout autre sens beaucoup plus profond que M Meirieu utilise l expression comme il nous le dit dans le m me ouvrage L objectif de la p dagogie est de faire en sorte que
63. tre le coureur de fond du coll ge et du lyc e Aller la rescousse et au sauvetage de l cole lorsqu elle sacrifie la construction du savoir par l l ve pr n e par M Meirieu c est aller la recherche du temps perdu C est galement quatri me m fait aller la recherche des programmes perdus et de l exposition perdue Je dis bien l exposition perdue car laisser f t ce en l aidant l l ve construire son savoir c est aussi ne pas appeler les choses par leur nom Or ce semble tre plus d une fois la pr occupation des instructions officielles ne pas nommer ne pas caract riser comme si l on craignait tout moment d avoir enseign trop de connaissances Comme si r gnait la crainte d utiliser les mots comme si toute formalisation tait exclue et toute abstraction pr matur e J emprunte ces lignes un ouvrage publi en 2006 par un certain nombre de professeurs en col re sous le titre Les programmes scolaires au piquet La situation voqu e nous int resse d autant plus que les programmes en question ceux des math matiques pour la classe de sixi me publi s en novembre 1995 r pondent en cho direct aux pr conisations de M Meirieu lorsqu ils stipulent L activit de chaque l ve doit tre privil gi e sans d laisser l objectif d acquisitions communes D s lors seront choisies des situations cr ant un probl me dont la solution fera intervenir des outils c est dire
64. tue pr cis ment l objectif d acquisition Ainsi le professeur d histoire qui cherche faire appr hender par ses l ves l enjeu politique repr sent par le proc s de Louis XVI peut il leur demander de reconstituer par groupes de huit les grandes tapes de celui ci au sein de chaque groupe il attribue chaque l ve de mani re al atoire une identit pr cise correspondante sic un personnage historique ayant pris la parole au proc s Par ailleurs il met la disposition des groupes en un seul exemplaire une s rie de huit discours authentiques mais dont les signatures ont t enlev es Il fournit aussi une abondante documentation et sugg re que la fin de chaque s ance de travail les trois l ves ayant le m me r le se retrouvent quelques minutes Un groupe pourra r aliser un jeu sc nique un second une bande dessin e un troisi me un sc nario de film L essentiel est que chaque l ve trouve le texte correspondant son personnage comprenne la logique qui l anime et les enjeux des oppositions qu il d couvre l essentiel est que l occasion de l nigme laquelle il est confront et de la t che qu il doit r aliser il atteigne l objectif fix Je rappelle que cet objectif n est rien d autre que d appr hender l enjeu politique du proc s de Louis XVI que cette activit occupe apparemment plusieurs s ances et que nous sommes vraisemblablement dans une classe de coll ge Temps perdu
65. uans Sartoux PEMF diteur 2001 48 pages chacun La machine cole entretiens avec St phanie le Bars Paris Gallimard Folio Actuel Le Monde 1 dition 2001 3 dition 2003 264 pages Rep res pour un monde sans rep res Paris Descl e de Brouwer 2002 280 pages Le p dagogue et les droits de l enfant histoire d un malentendu Gen ve Editions Tricorne 2002 46 pages puis De l autre c t du monde figures et l gendes de la mythologie grecque en collaboration avec Victor Caniato Lyon St phane Bach s diteur 2002 100 pages Deux voix pour une cole dialogue avec Xavier Darcos Paris Descl e de Brouwer 2003 204 pages couter l mission de radio A plus d un titre sur l histoire et le contenu de ce livre R cits d enfance Paris Descl e de Brouwer 2003 136 pages Faire l cole faire la classe Paris ESF diteur 2004 188 pages Le monde n est pas un jouet Paris Descl e de Brouwer 2004 360 pages Les devoirs la maison Parents enfants enseignants pour en finir avec ce casse t te nouvelle dition refondue et compl t e Paris La D couverte 2004 152 pages L obligation de r sultats en ducation coordonn avec Claude Lessard Bruxelles De Boeck 2005 328 pages dit galement aux Presses de l Universit de Laval Montr al Canada Nous mettrons nos enfants l cole publique Paris Mille et une nuits 2005 110 pages Lettre un jeune professeur Par
66. ui en faisant le savoir aide sic les l ves se mettre en situation de projet en d composant le savoir leur permette sic d en reconstituer la gen se en analysant les proc dures efficaces d appropriation leur donne sic les moyens de d couvrir leur strat gie personnelle C est crit dans Enseigner sc nario pour un m tier nouveau et cela date de 1989 A r pondre une telle feuille de route M Meirieu a consacr une bonne quinzaine d ann es Pour ce faire il s est attach forger comme il le dit dans L envers du tableau en 1993 des outils et m me des m ta outils c est dire des outils pour fabriquer des outils Cela nous a valu entre autres ouvrages L cole mode d emploi Apprendre oui mais comment et Enseigner sc nario pour un m tier nouveau parus respectivement en 1985 1987 et 1989 et souvent r dit s aux ditions ESF dans la collection P dagogies dirig e par M Philippe Meirieu Le commentaire critique d taill de ces ouvrages avec l examen syst matique des outils et des m ta outils serait la fois facile et difficile Il ne serait peut tre pas en outre de toute n cessit ni de premi re utilit Il y aurait quelque facilit ironiser sans fin sur une terminologie qui nous prom ne des capacit s m thodologiques aux pauses aux entretiens aux conseils et au compagnonnage du m me nom des proc dures aux processus des invariants structurels aux variables sujets des
67. ure commune qu ils consid rent comme une id ologie dangereuse ce serait une sorte de condens minimaliste de slogans et de savoir faire un pr t penser douteux cheval de Troie des dogmes lib raux libertaires avec pour vocation de normaliser les l ves et de contr ler les esprits D Kambouchner 2000 Depuis plus de vingt cinq ans les positions et les pr conisations de M Meirieu sur l cole ont t contest es par des gens de tous les bords de l chiquier politique ainsi que par des personnes ne faisant tat d aucun engagement sur ce terrain Existe t il un lien entre la tradition qu voque M Meirieu au d but de son texte et la position de Denis Kambouchner Ni la lecture d Une cole contre l autre ni le d bat ayant oppos son auteur M Meirieu le 5 mai 2001 dont le texte a t publi dans la Revue fran aise de p dagogie ne permettent de l inf rer moins donc que M Meirieu dispose sur ce point d informations s res et av r es je lui sugg re puisque crire impose d tre au plus pr s du plus juste de faire dispara tre ces quelques lignes en vue d une ventuelle dition nouvelle retravaill e et plus pr sentable Le conseil vaut pour l preuve crite Il vaut aussi pour l preuve orale Il m est arriv d entendre il y a quelques ann es lors d une conf rence M Meirieu s en prendre sans am nit aux quelques t m raires qui dans une salle truff e de fid les osaient mettre en cause
68. uscade le souci du ma tre qui il crit de comprendre ce qui se joue au plus intime de l acte d enseigner En r ponse M Meirieu rapporte l essentiel du m tier la source int rieure au foyer mythologique d o part l essentiel de notre nergie Et le conseil qu il donne en viatique son lecteur est celui ci s obstiner rendre possible ce qu on sait ne pas pouvoir d clencher m caniquement De quoi s agit il De l v nement p dagogique qui constitue le noyau dur de notre identit professionnelle M Meirieu le d crit ainsi Ce qui se passe ce moment l est proprement parler extraordinaire contre toutes les formes de fatalit et malgr toutes les difficult s objectives de l entreprise de la transmission intervient dans la classe Des l ves apprennent comprennent progressent alors que personne ne l attendait plus On se prend r ussir ce que les pr parations les plus sophistiqu es ne pouvaient m me pas laisser esp rer On s emballe La situation chappe tandis que simultan ment le savoir habite compl tement les paroles qui s changent Et il est entendu que l v nement p dagogique ne peut tre programm par personne Nous pouvons tout faire pour qu il advienne s efforcer sic de le rendre plausible Il reste toujours heureusement fabuleux M me largement pr visible il n en demeure pas moins quand il advient inimaginable Il est de fait

Philippe Meirieu prix Lyssenko en 2011 pour sa contribution

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents