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La vérité du droit.

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1. Il s agit de deux diptyques divinatoires en ivoire figurant chacun un zodiaque complet Le d cor identique est divis en cinq zones concentriques Le centre repr sente les divinit s du Soleil et de la Lune puis vient une premi re couronne qui contient les douze signes du zodiaque avec inscrit au dessus d eux le domaine des plan tes correspondantes ensuite une seconde couronne avec les divinit s qui les influencent pendant une p riode de dix jours les d cans Les noms correspondants sont inscrits en vieux copte Les deux diptyques viennent d Egypte o ils relevaient d une tr s ancienne tradition Ils nous permettent de saisir sur le vif la pratique d un genre que la tradition litt raire nous laissait simplement imaginer la mathesis la divination astrologique et ses multiples applications fond es sur l observation des d cans De tels diptyques n taient pas ou pas seulement des uvres d art c taient des outils de la pratique L gers et maniables comme une sorte d ordinateur de poche ils accompagnaient l astrologue En dehors des s ances de divination ils restaient clos le dessin int rieur prot g par un cache Pour la consultation l astrologue ouvrait son diptyque et faisait glisser le cache Il pouvait alors envisager d un coup d il voyons une sc ne judiciaire d cor idoine dans une basilique n cessitant une orientation sp cifique car destin e non au visiteur mais au plaideur
2. iconographie de l emblema n a pas de relation particuli re ni avec la fonction cultuelle de Grand ni avec l difice de spectacle puisque ce dernier est un amphith tre et ne comporte pas de structures sc niques pourquoi l emblema n a t il pas t foul F Voulot le supposait entour d une barri re pourquoi l usure n est elle pas plus manifeste du c t que semble imposer le sens de lecture 3 Entre Nouiomagus Nijon et Toul une vignette caract ristique des villes thermales est assortie du toponyme A Jndesina et de l indication XV un cours d eau est repr sent sortant du b timent En raison de la r surgence de Grand au puits de Routeuil de la forte pr sence de l eau dans ce site on peut identifier Andesina Grand Ande est en vieux gaulois une pr position signifiant au dessous quant au terme sina on peut le rapprocher du nom de l le de Sein donn Sena par Pomponius Mela Chorographie III 6 47 48 et Sina par l Itin raire d Antonin Il est remarquable que le site tait connu comme le si ge d un oracle fameux qu animaient neuf pr tresses Gallizenae capables de se m tamorphoser de d cha ner des temp tes et de pr dire l avenir Le mot est parfois rapproch du vieux celtique senos ancien notre toponyme d signerait alors le vieux au dessous tait ce l que l oracle s exprimait Etant donn le contexte on peut y voir plut t un
3. ME VI ME VI 7 NdiCETIS dE NDICETIS DE QUQUMA QUQUMA 8 EUSEBIUM IN EUSEBIUM IN UNGULAS UNGULAS 9 OBLIGETIS ET ME OBLIGETIS ET ME 10 VINdICETIS VINDICETIS Ext rieur 1 PEPOSTUM DEPOSTUM I n 2 EnSEBIOW EUSEBIOM 1 Le b lier l arbre en dessous le chaudron ma 2 aux deux chars c lestes le b lier main le mal 3 Le b lier par le gage la connaissance 4 A votre autel de l entr e 5 Anna et Mars 6 lieurs vengez moi 7 d apr s le chaudron 8 Contraignez 9 Eus be dans les ongles 10 et vengez moi au dos 1 D pos contre 2 Eus be Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007
4. H ria Paris 1986 Les chercheurs qui les ont tudi s ont soulign l tendue des connaissances astronomiques qu ils supposaient la complexit des mesures et des calculs qu ils utilisaient C sar B G 6 12 15 affirme l tendue du savoir astronomique des druides L tude men e sur une cruche retrouv e dans la n cropole celtique de Bmo Malomerice r publique tch que le confirme l objet dat du d but du IH me si cle av J C reproduit la carte du ciel tel qu il apparaissait en ce lieu vers Pan 280 av J C aux deux moments fondamentaux qu taient les solstices d hiver et d t V KRUTA La cruche celtique de Brno Malomerice Paris 2007 A l instar des tablettes astrologiques de Grand les calendriers avaient t volontairement bris s et enterr s ls sont contemporains des v nements qui nous int ressent Trois hypoth ses peuvent tre formul es P Y LAMBERT La langue gauloise Paris 1995 p 109 115 y voit la copie tardive de calendriers tablis depuis longtemps l Empire en m me temps qu il bannissait les uaticinatores aurait voulu faire place nette radiquer tous les produits de la culture celtique pour pouvoir mieux introduire l astrologie gyptienne Une autre hypoth se qui correspondrait davantage la datation des calendriers serait de les consid rer comme la r plique gauloise l introduction du savoir gyptien Ce serait dans le contexte bien sp cifique d une
5. debout gauche du juge Cf infra note 33 Pr sentation et tudes dans Les tablettes astrologiques de Grand op cit et aussi les contributions sur le sujet dans la deuxi me partie de La mosa que de Grand op cit p 89 252 7 J C Goyon L origine gyptienne des tablettes d canales de Grand dans Les tablettes astrologiques op cit p 63 76 note qu elles fournissent la premi re liste compl te en caract res grecs des noms des d cans une liste ant rieure la fin du second si cle de notre re alors que jusqu ici la nomenclature la plus ancienne tait celle donn e par H phestion de Th bes au V me si cle Ces d nominations sont la transcription en grec des noms emprunt s aux archives sacr es d Egypte une transcription d une grande fid lit leurs originaux phon tiques hi roglyphiques 8 Lien avec la tradition litt raire par Robert Turcan dans sa pr face Les tablettes astrologiques op cit p 9 rappelant Juv nal Satire VI et cette femme astrologue qui ne fait rien sans consulter ses ph m rides au point que la manipulation des tablettes a donn l ivoire jauni le poli gras de l ambre ceu pinguia sucina tritas ephemeridas v 573s ou Firmicus Maternus Mathesis IV 22 2 ostendens quam ualetudinem qui decanus efficeret LA V RITE DU DROIT 333 l essentiel du sch ma astrologique interrogeait le patient et tablissait l horoscope en pla ant des jetons de pierres div
6. donne raison aux yeux des hommes pour que sa vengeance poursuive le calomniateur Telle tait la force de la magie qu elle pouvait contraindre la justice humaine Qu cela ne tienne Les S v res et leurs successeurs se sont accommod de cette g nante sacralit en adaptant certaines normes de leur syst me Le contr le de la delatio est confi au dieu Celui ci se prononce en une sorte de question pr judicielle par l preuve du chaudron qui d cide de l opportunit de la poursuite Actor sequatur forum rei en 355 Constance II rappelle son pr fet du pr toire des Gaules que s il y a proc s p nal entre un militaire et un civil c est seulement si le militaire est demandeur que l affaire va au tribunal civil CTh 2 1 2 In criminalibus etiam causis si miles poposcerit reum prouinciae rector inquirat Si militaris aliquid admisisse firmetur is cognoscat cui militaris rei cura mandata est Les exactions des soldats contre les civils taient fr quentes R MAC MULLEN Soldier and Civilian in the later Roman Empire Cambridge Mass 1963 p 60 sq Les plaintes d pos es par les civils relevaient de la hi rarchie militaire Si l preuve de v rit disculpait le soldat c tait au juge civil de punir le d lateur calomniateur La confusion entre torture et ordalie appara t clairement dans la T A C de Bretagne ch 101 Et se il s en pout passer sans confession en la gehine torture ou le jou
7. elles connurent Nos conclusions auront donc un caract re sp cifique Dans cet affrontement nous distinguerons deux tapes D abord une phase autoritaire avec les Antonins durant laquelle Rome veut ma triser les cultes pour dominer le droit I Absolutisme imp rial et ma trise des cultes Puis partir des S v res une politique plus consensuelle la cons cration d un syncr tisme religieux et sa cons quence l acceptation de pratiques ordaliques II Syncr tisme religieux et ordalie judiciaire I Absolutisme imp rial et ma trise des cultes Dans la Gaule romaine des premiers si cles de l Empire le proph tisme divinatoire trouvait de nombreux adeptes Parce que la pr diction a bien souvent des implications judiciaires elle requiert l intervention imp riale Les voies de l oracle sont imp n trables elles concurrencent l emprise judiciaire des Antonins Peut on restituer la dynamique de la politique imp riale Les sources LA V RITE DU DROIT 329 juridiques ne sont gu re prolixes et les le ons de l arch ologie viennent opportun ment conforter leur t moignage La Collatio legum Mosaicarum et Romanarum conserve un d cret d Antonin adress Pacatus l gat de la province Lyonnaise Ce d cret invoque un pr c dent une d cision de Trajan rendue Sur cette uvre beaucoup de litt rature et encore beaucoup d interrogations L auteur tait il chr tien ou juif La dat
8. mainmise des Antonins sur les sources du droit est bien connue C est au milieu du II me si cle que les juristes reconnaissent aux constitutions imp riales une autorit comparable celle de la loi Les rescrits s imposent comme une source tr s importante du droit et signe de cette auctoritas imp riale renforc e sous le r gne d Hadrien Salvius Julianus met en forme l dit du pr teur tandis que la loi de l unanimit soumet le juge l autorit des juristes brevet s 8 JP BERTAUX La d couverte des tablettes les donn es arch ologiques dans Les tablettes astrologiques op cit p 43 44 rel ve que leur degr de fragmentation semble d noter un certain acharnement les d truire syst matiquement pi ce par pi ce et la volont de les faire dispara tre La vingtaine de pierres brutes et de moellons qui recouvraient directement la majorit des fragments t moigne galement par leur concentration au fond du puits d une insistance parfaire leur destruction en jetant ces pierres tout de suite apr s les tablettes La chronologie de cette destruction est donn e par le mobilier arch ologique essentiellement de la poterie sigill e et se situerait aux alentours des ann es 170 ap J C 14 M ALBOUY en postface dans Les tablettes astrologiques op cit p 170 rel ve que cette horloge anaphorique est l un des deux seuls exemplaires connus dans le monde romain LA V RITE DU DROIT 335 mouvement p
9. La v rit du droit Justice oraculaire et gouvernement imp rial dans la Gaule romaine Soazick KERNEIS Universit de Paris X Nanterre La conqu te romaine et le processus d int gration des territoires occup s ont suscit une importante litt rature L occupation militaire l action de l administration provinciale romaine les aspects religieux de la municipalisation sont d sormais bien connus Pour autant une des difficult s auxquelles fut confront l Empire demeure occult e l opposition qui se manifesta chez certaines populations provinciales lorsque Rome tenta de les assujettir son mod le judiciaire Dans l ancienne Europe le iudicium la romaine tait encore minoritaire le conflit ouvrait bien d autres voies L Empire entendait toutefois imposer son mod le judiciaire hypostase du pouvoir politique supr me une justice qui se voulait rationnelle et technique L autorit du jugement tait celle de l empereur d l gu e son juge sa v rit tait celle de la loi construite par le raisonnement des juristes imp riaux Les lois et jugements du Prince exprimant l harmonie du monde ne pouvaient qu tre raisonnables Mais il y avait d autres fa ons de penser le proc s Dans les soci t s gentilices tribales la norme servait d abord restaurer la Ce texte reproduit une communication pr sent e l universit de Catania dans le cadre du congr s organis par la Soc
10. ation est g n ralement fix e entre les ann es 314 324 G BARONE ADESI L et della Lex Dei Naples 1992 E J H SCHRAGE La date de la Collatio Legum Mosa carum et Romanarum tudi e d apr s les citations bibliques in M langes F Wubbe Fribourg 1993 p 401 417 en fait une uvre africaine datant de l ann e 427 A MORDECHAI RABELLO La datazione della Collatio legum Mosaicarum et Romanarum e il problema di una sua seconda redazione o del suo uso nel corso del quarto secolo in Humana sapit Etudes d Antiquit tardive offertes Lellia Cracco Ruggini J M Carri amp R Lizzi Testa ed Biblioth que de l Antiquit tardive 3 Brepols 2002 propose pour sa part de faire remonter la Collatio l poque de Diocl tien et y voit une oeuvre pr chr tienne Il y aurait eu ensuite des additions et r visions au V me si cle Collatio legum Mosaicarum et Romanarum XV 2 1 Ulpianus libro VII de officio proconsulis sub titulo de mathematicis et uaticinatoribus 3 Saepissime denique interdictum est fere ab omnibus principibus ne quis omnino huiusmodi ineptiis se inmisceret et uarie puniti sunt ii qui id exercuerint pro mensura scilicet consultationis Nam qui de principis salute capite puniti sunt uel qua alia poena grauiore adfecti enimuero si qui de sua suorumque leuius Inter hos habentur uaticinatores quamquam ii quoque plectendi sunt quoniam nonnumquam contra publicam quietem imperiumque populi Romani in
11. aule in Les dossiers d Arch ologie 162 1991 J H ABRY ed Les tablettes astrologiques de Grand Vosges et lastrologie en Gaule romaine Actes de la Table ronde du 18 mars 1992 organis e au Centre d Etudes Romaines et Gallo romaines de l universit Lyon ID Lyon 1993 W VAN ANDRINGA dir Arch ologie des sanctuaires en Gaule romaine 2000 5 A la fin du XIX me si cle avaient t d couvertes les structures d une salle carr e prolong e par une abside Encore hauts de 1 60m les murs taient rev tus d un opus sectile de marbre que surmontait un d cor de stuc peint en blanc jaune rouge et bleu Les campagnes de fouilles de 1961 et 1962 en r v lant le mur nord et une partie du mur sud firent proposer un plan g n ral conforme la disposition de la basilique mod le que Vitruve disait avoir construite Fano en Ombrie et dont il avait laiss la description dans le livre V de son De architecturo L ordonnance de deux murs prolongeant la basilique le long d une voie b tonn e laisse pr sumer l existence d une galerie couverte autour d une place par laquelle on y acc dait formant ainsi un grand ensemble monumental Les arch ologues ont remarqu le caract re soign de l architecture du b timent la profusion de marbres et de porphyres qui d coraient l int rieur R BILLORET La ville antique de Grand Vosges Colmar 1978 p 8 9 Des doutes ont depuis t mis par un certain nomb
12. ce militaire pour eux pas de droit mais une discipline qui s enracine dans l imperium de l autorit militaire Les choses ne sont pourtant pas si 2 dition et tat de la question par J MELEZE MODRZEJEWSKI dans P F GIRARD amp F SENN Les lois des Romains Textes de droit romain Naples 1977 pp 478 490 n 21 Abondante litt rature La port e de la clause de r serve et l identification des d ditices demeurent discut es Voir notamment P A KUHLMANN Die Giessener literarischen Papyri und die Caracalla Erlasse Giessen 1994 A MASTINO Antonino Magno la cittadinanza e l impero universale dans Da Roma alla terza Roma Atti del II Seminario Internazionale di Studi storici 21 aprile 1982 Studi II La nozione di Romano tra cittadinanza e universalit Naples 1984 p 559 563 J MELEZE MODRZEJEWSKI Constitutio Antoniniana et M nandre de Laodic e et l Edit de Caracalla dans Droit imp rial et traditions locales dans l Egypte romaine Aldershot 1990 p 478 490 opte pour une position nuanc e sur le maintien des droits anciens comme coutumes Une des difficult s pos es par la constitution concerne l exclusion des d ditices mise en lumi re par le papyrus Giessen 40 La doctrine s accorde sur le faible nombre des d ditices qu il s agisse de peuples vaincus qui s taient rendus merci ou d esclaves affranchis qui n avaient pu b n ficier que de la pessima libertas La pr cision donn e par l emp
13. compos form sur le mot sino signifiant lien cha ne v irl collier cha ne X DELAMARRE Dictionnaire de la langue gauloise Paris 2001 p 229 senos p 233 sino FREZOULS Les villes antiques de France op cit p 225 Semblable d couverte Colchester Camulodunum o des cha nes reli es des colliers et des menottes ont t retrouv es dans un difice souterrain Insula 15 contenant des ossements humains H THOMPSON Iron Age and Roman Slave shackles AJ 150 1993 p 74 75 LA V RITE DU DROIT 343 l preuve attendaient li s leur ex cution Ge le ce point redout e qu elle donnait son nom tout le sanctuaire Une inscription de Tr ves la capitale imp riale permet de comprendre comment l ordalie avait pu s int grer l ordre judiciaire romain Dans l amphith tre devenu forteresse et porte de la cit a t retrouv un lot de tablettes de plomb ou d argent que l on peut dater de la fin du IV me si cle L une d entre elles mentionne explicitement l ordalie du chaudron Apr s une invocation en langue celtique vient une demande en latin divis e en deux parties d abord A votre autel de l entr e Ana et Mars lieurs vengez moi d apr s le chaudron cucuma puis Contraignez Eus be dans les ongles et vengez moi L inscription r v le un contexte connu la quaestio la torture qui a envahi la proc dure sous l Empire se confo
14. de le jour de la f te d Attis montrent le refus 15 Y THOMAS Les proc dures de la majest La torture et l enqu te depuis les Julio Claudiens dans M langes la m moire de Andr Magdelain Paris 1998 p 477 499 Y RIVIERE Le cachot et les fers D tention et coercition Rome Collection L Antiquit au pr sent Belin 2004 p 56 souligne la multiplication des difices li s l incarc ration sous l Empire 16 R TURCAN Les cultes orientaux dans le monde romain Paris 1989 p 52 53 note que le jour des Hilaries prend l allure d un exub rant carnaval l poque de Commode Chevaliers et s nateurs affranchis et dignitaires grim s masqu s d filent derri re le prince 17 C est H rodien Histoire romaine 1 10 5 7 qui nous renseigne sur ce qu il appelle la guerre des d serteurs Ils for aient les prisons d livraient tous les criminels leur offraient un asile et les engageaient autant pour leur s ret que par reconnaissance prendre parti avec eux Ils coururent de la sorte les Gaules et l Espagne ils entraient les armes la main dans les villes les plus riches et les plus peupl es y mettaient le feu et se retiraient charg s de butin Commode ayant t inform de tous ces d sordres crivit aux gouverneurs des provinces des lettres pleines de menaces il leur reprochait leur l chet et leur n gligence et leur ordonna it de faire au plus t t marcher des trou
15. dissoci du religieux et l autorit militaire a besoin des dieux Les formalit s de l inscriptio prennent d s lors un tour sp cial Le uinculum inscriptionis le lien de l inscription trouve ici sa pleine expression La torture l encontre des soldats est en principe interdite l ordalie du chaudron plac e sous l gide des dieux indig nes servira d preuve de v rit en m me temps qu elle r fr nera la chicane judiciaire Une plainte port e par un civil contre un soldat barbare un cas assez fr quent est elle d f r e au g n ral Quand l affaire para t s rieuse elle est d abord confi e l examen de la divinit Le barbare est soumis l ordalie L preuve s ouvre par un sacrifice et se d roule la localisation ancienne du cachot au pied des pentes du Capitole dans le prolongement d anciennes carri res r utilis es comme lieu de d tention Ce sont sans doute les Afecotti cit s par saint J r me Aduersus Jouinianum PL XXIII col 296 ils avaient lui avait on dit coutume de trancher les fesses des bergers et des femmes et les seins P RANCE Attacotti Deisi and Magnus Maximus The Case for Irish Federates in Late Roman Britain dans Britannia 32 2001 p 243 270 4 RIVIERE Les d lateurs op cit p 355 377 lorsqu une poursuite est engag e sur l initiative d un d nonciateur accusator les juges selon le r sultat de l enqu te doivent ti
16. ereur n ayant de sens que si les d ditices taient en nombre suffisant on s explique les interrogations suscit es par cette exception A H M JONES The dediticii and the constitutio antoniniana dans Studies in Roman Government and Law Oxford 1960 p 129 140 souligne qu c t des affranchis de la loi Aelia Sentia anciens esclaves d linquants il y avait galement des populations qui bien que g ographiquement l int rieur des provinces n taient pas organis es en ciuitates Nous consid rons qu une bonne partie des d ditices vis s par l exception de Caracalla sont d anciens prisonniers de guerre des barbares install s dans l Empire S KERNEIS Les Celtiques Servitude et grandeur des auxiliaires barbares dans l Empire romain Clermont Ferrand 1998 3 S KERNEIS La Bretagne romaine Note sur les tablissements bretons dans les Champs D cumates Latomus 58 1999 p 357 390 LA V RITE DU DROIT 339 simples Pour les communaut s d ditices l apaisement d un conflit ne r sulte pas de l application judiciaire d une norme l gale mais d un consensus entre les parent s ou sinon de l autorit de la divinit La t che du juge militaire n est donc pas commode surtout lorsque l affaire rel ve d une norme coutumi re contraire l ordre public romain Ainsi en cas de meurtre lorsque la coutume barbare impose la vengeance Comment persuader de tels justiciables que l impe
17. ersement color es sur les figures du sch ma Retrouver de tels objets exotiques en pleine campagne gauloise surprend Il faut les replacer dans le contexte des grands travaux men s par Hadrien sur le site de Grand L empereur tait f ru d astrologie En 130 lorsqu il rentre de son voyage en Egypte des astrologues gyptiens l accompagnent munis de leurs diptyques Il installe deux d entre eux en Gaule pr s du nouveau temple b ti lors de son s jour en 121 122 comme une sorte de r pondant au grand temple de V nus et de Rome difi l ann e pr c dente dans la capitale En Gaule le dieu Grannus assimil Apollon avait r ponse tout comme la d esse Sul de Bath en Bretagne Il soignait les corps satisfaisait aux plaintes de ses fid les ch tiait aussi L comme ailleurs en Gaule les druides avant leur bannissement avaient interrog le dieu jug les conflits et pr sid de terribles sacrifices Dans la cavit de la r surgence l eau jaillit comme bouillonnante qui sait couter peut entendre la divinit chtonienne qui r pond aux suppliques qui lui sont adress es Comme Delphes l oracle per oit le souffle de la Terre pythie gauloise visit e par le soleil voyageur La justice rel ve d un monde enchant o les dieux parlent aux hommes ou aux femmes qui savent les entendre Motu cassiano l oracle perd la mesure humaine Feu justicier ou souffle de la terre le dev
18. eur sous les traits d Apollon identifiant ainsi le prince et le dieu La salle d audience re oit une splendide mosa que une des plus belles du monde romain L ensemble du pavement qui se compose de motifs g om triques est remarquable ment conserv Quatre rectangles sont plac s aux angles o figurent des animaux bondissants orientaux et occidentaux une panth re et un tigre un ours et un sanglier Du tableau central d une superficie de 4m80 sur 2m80 en revanche il ne subsiste qu un tiers A la fin du IV me si cle ou au V me en effet le site de Grand subit nouveau des destructions Le sanctuaire est incendi Devant la basilique la statue de l Apollon princier rig e devant sa fa ade est abattue et les r gions rh no danubiennes Baden Baden Aurelia Aquensis en Germanie sup rieure et Faimingen en Rh tie Pour de nombreux auteurs allemands la chronologie des d placements co ncide mal avec Grand et correspond davantage Faimingen tat de la question A DAGUET GAGEY Caracalla 211 217 ap J C Tyran sanguinaire ou empereur avis dans La mosaique de Grand op cit p 48 50 J M DEMAROLLE Caracalla consulte Apollon Grannus en 213 Grand Gaule Belgique ou Faimingen Rh tie ibid p 63 82 consid re qu aucune preuve ne permet d exclure avec certitude Grand Sur l identification de la basilique cf supra note 5 Restes d une statue de proportion colossale plus du do
19. i t Internationale Fernand de Visscher pour l Histoire des Droits de l Antiquit SIHDA sur le th me Loi et droit dans le gouvernement des soci t s antiques Administration vie priv e justice les 24 29 septembre 2007 328 SOAZICK KERNEIS paix Souvent la vengeance suffisait r tablir l quilibre Dans les cas les plus graves les dieux taient sollicit s Tel tait le cas en Gaule Durant les premiers si cles le gouvernement imp rial s tait efforc de convertir les Gaulois son id al judiciaire A partir du Il me si cle ce travail d acculturation juridique est remis en cause par l installation de communaut s barbares dans le nord de la Gaule Ces tablissements sont nombreux et perturbent le cours normal de la justice Les barbares qui ont conserv leurs coutumes tribales pratiquent la vengeance Comment l Empire a t il contourn leurs traditions Comment les a t il persuad s de l autorit de la chose jug e C est ce moment fondamental pour la repr sentation du jugement dans l antiquit europ enne que nous voudrions clairer le moment o deux v rit s judiciaires s affront rent celle de la res publica et celle des dieux Le domaine g ographique de cette tude sera forc ment limit Nous concentrerons notre r flexion sur les provinces septentrionales de la Gaule parce qu elles offrent un terrain d tude privil gi en raison des diff rentes strates d occupation qu
20. in entend et traduit la parole surnaturelle Au Il me si cle l empereur ne peut admettre la concurrence de Grannus et de ses pr tres Les pr tentions imp riales en mati re juridique sont alors nettement affirm es le droit est la loi de JH ABRY Les tablettes de Grand mode d emploi travers les crits des astrologues dans Les tablettes astrologiques op cit p 141 160 19 J L FERRARY Philhell nisme et imp rialisme aspects id ologiques de la conqu te romaine du monde hell nistique Paris Ecole fran aise de Rome coll Biblioth que des coles fran aises d Ath nes et de Rome 1988 11 Le pouvoir de justice des druides est voqu par C sar B G 6 13 5 Nam fere de omnibus controuersiis publicis priuatisque constituunt et si quod est admissum facinus si caedes facta si de hereditate de finibus controuersia est idem decernunt praemia poenasque constituunt si qui aut priuatus aut populus eorum decreto non stetit sacrificiis interdicunt 6 16 5 supplicia eorum qui in furto aut in latrocinio aut ex aliqua noxia sint conprehensi gratiora dis immortalibus esse arbitrantur Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 334 SOAZICK KERNEIS l empereur un ius nouum donn surtout par voie de rescrit Il ne peut y avoir qu une v rit celle du prince radicalement exclusive La parole des oracles doit tre interdite les charmes judiciaires combattus La d portation n
21. l pousse aussi dans notre partie du monde et j en ai vu l extr me marge de l Empire qu arrose le Rhin r pandu dans la ruche des abeilles nourrir les abeilles avec du bois joli permettant d obtenir un miel enivrant Dans la province Lyonnaise la vaticination sous l inspiration du laurier casse tait sans doute celle obtenue gr ce au daphnide Grand a depuis longtemps attir l attention des arch ologues Les publications sont nombreuses en ligne http www cr lorraine fr F lorraine art grand site site htm LA V RITE DU DROIT 331 pr s de ce bois une curieuse r surgence hydraulique En relation avec cette r surgence est am nag sous le bois sacr une ou deux g n rations avant l dit de Trajan un r seau de galeries souterraines communiquant avec la surface par plus de trois cents puits Plus tard sous le r gne d Hadrien d bute une grande campagne de travaux qui transforme le sanctuaire une partie du bois est d frich e un temple est difi ainsi que deux thermes et un amphith tre qui peut accueillir jusqu dix sept mille spectateurs ce qui en fait un des plus grands du monde romain Une basilique est construite conforme au plan qu en donne Vitruve L ensemble du site est clos par un rempart Parmi de nombreuses contributions E FREZOULS Les villes antiques de la France Belgique I Amiens Beauvais Grand Metz 1982 p 177 234 Grand Prestigieux sanctuaire de la G
22. lus g n ral qui agite les Gaules apr s la mort de Marc Aur le l insurrection men e par un soldat d serteur Maternus qui s tait ralli nombre de ses camarades Ensemble ils courent les campagnes gauloises pillant et volant Bient t H rodien le conc de il forme un corps qui avait plus l air d une arm e r gl e que d une troupe de brigands Leurs actions se font plus pr cises forcer les prisons d livrer les criminels et leur offrir un asile Maternus s insurge contre la justice imp riale une justice envahissante cause de la conception extensive de la l se majest La r bellion s tend Commode s affole et r primande ses gouverneurs Maternus enhardi vise la t te et tente d assassiner l empereur Le 25 mars il est Rome C est jour de liesse on s appr te c l brer la r surrection d Attis un culte oriental Toutes les extravagances sont permises et chacun s affuble sa guise Maternus se dissimule en soldat de la garde imp riale Son projet tourne court Il sera trahi et sa t te expos e Le r gne des Antonins avait donc mis en uvre une politique autoritaire qui devait radiquer les particularismes locaux Il fallait ruiner les traditions indig nes et pour cela de nouvelles pratiques taient introduites tant dans le domaine religieux que juridique et plac es sous le contr le de l Etat Le saccage de Grand et la tentative d assassinat de Commo
23. ndant avec elle au point de lui donner son nom Saisi par voie de d nonciation le juge examine les faits avant tout acte d accusation L accusation proprement dite n est plus que la suite donn e une premi re enqu te informelle et secr te o la plus lourde des tortures les ongles de fer arrache la v rit au suspect La mention du chaudron elle renvoie un univers tranger Rome Elle se retrouve dans l invocation celtique A l arbre en 7 CIL add 11340 III XV quinze tablettes trouv es dans l amphith tre en 1908 deux d argent propitiatoires les autres de plomb ex cratoires Sur onze pi ces lisibles cinq font r f rence directement ou indirectement un proc s texte en annexe S KERNEIS Les ongles et le chaudron Pratiques judiciaires et mentalit s magiques en Gaule romaine RHDFE 83 2005 p 155 181 38 Sur les volutions de la proc dure litt rature bien s r immense cf notamment Y THOMAS Arracher la v rit La Majest et l Inquisition ler V me si cles ap J C dans Le juge et le jugement dans les traditions juridiques europ ennes Etudes d histoire compar e dir R Jacob Paris 1996 Y RIVIERE Les d lateurs sous l Empire romain EFR 2002 En tout cas cette poque Sur l ventualit d ordalies dans la Rome archa que G GLOTZ L ordalie Paris 1904 S REINACH Une ordalie par le poison Rome dans Cultes mythes et religions da
24. ne mosa que des thermes de Caracalla Les r centes recherches g ophysiques r v lent sous la mosa que au niveau de l abside un mur ant rieur la pose du pavement correspondant au d but du IlI me si cle des remaniements de la basilique LA V RITE DU DROIT 341 d truite l int rieur du b timent l activit des casseurs vraisemblablement des Chr tiens s exerce sur l emblema Le peu qui en reste figure un b timent porche et nef la basilique elle m me Devant est assis de face un grand personnage v tu d un pallium blanc reflets dor s et dont la t te semble t il avait une chevelure en aur ole sa main droite fait un geste d orateur De c t se tient un second personnage plus petit portant barbe et moustaches blanches plut t qu un masque de th tre avec les cheveux longs v tu d un manteau blanc Il fixe des yeux le grand personnage la main droite lev e vers lui la main gauche tenant une crosse retourn e vers le sol On a voulu voir dans cette sc ne une repr sentation de com die Mais en quoi pouvait elle scandaliser les casseurs qui l ont aux deux tiers d truite Un pan gyriste autunois s adressant Constantin apr s avoir d crit le temple de Grand comme le plus beau du monde voque l Apollon gaulois notre Apollon dont les eaux bouillantes punissent les parjures pr cisant parjures que tu dois par dessus tout d
25. ns Cultes mythes et religions 3 Paris 1908 Cultes mythes et religions d H Duch ne Paris 1996 p 608 620 Y RIVIERE Le cachot et les fers op cit p 59 rel ve que l abandon de certains condamn s dans l oubliette du Tullianum v ritable ordalie pourrait tre rapproch e de formes d ex cutions par pr cipitation attest es dans le monde grec et serait primitivement comparable une condamnation la roche tarp ienne l hypoth se s appuyant sur Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 344 SOAZICK KERNEIS dessous le chaudron ma main le mal par le gage la connaissance Des id ogrammes rythment l inscription le b lier du sacrifice et les deux chariots des divinit s c lestes auxquelles l animal est offert L invocation r dig e en vieil irlandais permet d identifier les justiciables des d ditices irlandais Install s non loin de Tr ves ils y avaient fort mauvaise r putation Comment expliquer la coexistence de la quaestio romaine et de l ordalie barbare Le contr le de l accusation est une pr occupation majeure de l Empire tardif Le mensonge ne doit pas demeurer impuni Le prince entend ch tier le calomniateur en lui infligeant un supplice identique celui encouru par l accus En Gaule du Nord il tait imp ratif de v rifier l accusation port e contre des d ditices particuli rement ombrageux Le pouvoir pour les barbares ne peut tre
26. ns l le de Syros celui qui avait vaticin sous l inspiration du laurier et qui avait dit beaucoup de choses comme l instigation des dieux 6 Et certes les hommes de ce genre ne doivent pas s en tirer impun ment eux qui pr textant l avertissement des dieux ou bien d clarent certaines choses ou les r pandent ou les forgent sciemment Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 330 SOAZICK KERNEIS propos d un uaticinatus motu cassiano d une vaticination sous l inspiration du laurier casse Le uaticinator est au sens propre du terme la fois d lirant et chantant L empereur le rel gue dans une le des Cyclades Syros les hommes de ce genre ne doivent pas s en tirer impun ment eux qui pr textant l avertissement des dieux ou bien d clarent certaines choses ou les r pandent ou les forgent sciemment Au d but du Il me si cle en Gaule Lyonnaise des personnages pr tendent donc tre les oracles agit s d un dieu auquel ils empruntent leurs paroles ou leur savoir L expression motu cassiano le laurier casse comme moteur d inspiration d signe une divinit apollinienne L affaire para t s rieuse Certes il n y a pas l se majest mais la divination a d aller au del des buts priv s sant fortune ou amour jamais ou rarement incrimin s L infraction a justifi la rel gation Peut tre la r volte de Bretagne en 115 a t elle incit le gouve
27. opposition l Empire ses d rives orientalisantes que ces calendriers auraient t labor s La r volte de Maternus pass e les autorit s auraient bris les tables moins qu il faille envisager une destruction manant des Gaulois eux m mes hostiles la mise par crit signe de la romanisation de leur savoir LA V RITE DU DROIT 337 d une uniformit impos e et tenter de faire fonctionner cet Empire cosmopolite Le droit enregistre cette mutation devient universel Les S v res vont privil gier la conciliation entre la r gle romaine et les droits locaux La l gislation imp riale est opportuniste permet aux traditions p r grines de se perp tuer en les adaptant le cas ch ant au droit officiel S amorce ainsi la reconnaissance d un droit vulgaire L encore sources juridiques et arch ologiques se compl tent pour r v ler la politique de conciliation men e vis vis de communaut s encore mal romanis es Un des ma tres d uvre de l dit de Caracalla est Ulpien Secr taire a libellis de l empereur il travaille transposer la constitutio antoniniana dans la pratique du droit Parmi ses tr s nombreuses uvres figure un trait sur la charge de gouverneur Au titre Des astrologues et des vaticinateurs le juriste du prince rappelle l interdiction de pratiques qu il consid re comme des inepties Il cite les d cisions de Trajan et d Antonin que nous venons de
28. pes contre ces brigands Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 336 SOAZICK KERNEIS par les populations gauloises de l emprise croissante de Rome sur la province la haine des cultes orientaux favoris s au d triment des traditions indig nes et sans doute le rejet de la justice absolue La dynastie des S v res va adopter une autre d marche Il lui faut s adapter aux contingences d un Empire domin par la pluralit des peuples des croyances des traditions juridiques Ils renoncent au r ve d une uniformit impos e et tentent de gouverner un monde h t roclite I Syncr tisme religieux et ordalie judiciaire Avec les S v res commence d j l Antiquit tardive une poque qui doit s adapter aux difficiles contingences d un Empire domin par la pluralit des peuples des croyances des traditions juridiques Caracalla rompt en 212 avec la cit antique Il faut renoncer au r ve 8 C est en Lyonnaise dans le Jura Coligny qu ont t retrouv s ce que l on consid re souvent comme le fleuron de la culture gauloise des plaques de bronze portant des inscriptions en gaulois et formant un calendrier lunaire de 64 mois la graphie semble indiquer une datation du me si cle ap J C Non loin de Coligny ont t exhum s quelques fragments d un autre calendrier au lac d Antre commune de Recueil des inscriptions gauloises III Les calendriers Coligny Villards d
29. probandas artes exercent 4 Extat denique decretum diui Pii ad Pacatum legatum prouinciae Lugudunensis cuius rescripti uerba quia multa sunt de fine eius ad locum haec pauca subieci 5 Denique diuus Marcus eum qui motu Cassiano uaticinatus erat et multa quasi instinctu deorum dixerat in insulam Syrum relegauit 6 Et sane non debent impune ferre huiusmodi homines qui sub obtentu ex monitu deorum quaedam uel enuntiant uel iactant uel scientes confingunt 3 Et puis il a tr s souvent t interdit presque par tous les princes que nul ne se m le en quelque fa on de telles inepties et ceux qui les exer aient ont t punis de diff rentes mani res c est dire la mesure de la consultation ceux qui consultaient propos du salut du prince ont t punis de la peine capitale ou afflig s de quelque autre peine plus lourde c est un fait que ceux qui l ont fait sur leurs affaires ou celles des leurs Pont t de fa on plus l g re Parmi ceux l il y a les vaticinateurs bien qu il faille eux aussi les frapper dans la mesure o parfois ils exercent des savoirs r pr hensibles contre la tranquillit publique et l imperium du peuple romain 4 Et puis il y a enfin un d cret du divin Pius Antonin Pacatus gouverneur de la province de Lyonnaise duquel rescrit comme il est tr s verbeux je n ai mis ci dessous sur le sujet que ces quelques mots de la fin 5 Et puis le divin Marc Trajan a rel gu da
30. re d auteurs ainsi M CAVALIERI Auctoritas Aedificiorum Sperimentazioni urbanistische nei complessi forum basilica delle tres Galliae et Narbonensis durante i primi tre secoli dell impero Quaderni di Storia dell Arte 21 Parme 2002 p 181 conclusions reprises par J M DEMAROLLE dans son avant propos La mosaique de Grand Actes de la Table ronde de Grand 29 31 octobre 2004 Centre r gional Universitaire Lorrain d Histoire 30 Metz 2006 p 16 18 L argument essentiel tient la th matique de la sc ne que repr senterait l emblema de la mosa que pavant le sol du b timent identifi une sc ne de com die un tel d cor ne convenant pas une basilique le b timent serait priv abritant une association d acteurs d amateurs de spectacles ou bien appartenait un particulier diteur de jeux L argument est fragile d autant que J M DEMAROLLE en convient elle m me p 18 la lecture de la sc ne de com die s accomode mal de l acc s axial localis sur le c t oriental de la basilique et sugg re un acc s par le c t m ridional Pour notre part nous y Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 332 SOAZICK KERNEIS Deux objets exceptionnels datant de cette poque ont t retrouv s sur le site d une telle qualit qu ils avaient suscit l admiration d Andr Malraux alors ministre de la culture qui les retint longtemps dans son bureau
31. rer vengeance de l accusator ou du reus L enqu te doit s achever n cessairement par une condamnation comme le montre CTh 9 1 9 cum iuxta formam iuris antiqui ei qui coeperit urguere aut uindicta proposita sit si uera detulerit aut supplicium si fefellerit Au del de la menace encourue par l innocent injustement d nonc la calumnia repr sente un trouble pour le juge qui n est plus le ma tre de sa d cision et pour l empereur qui n agit plus suivant sa volont LA V RITE DU DROIT 345 sans doute sous le contr le du tribun qui transmettra l affaire au juge si l ordalie atteste du bon droit du d fendeur Interviendra alors pour l accusateur civil d bout de sa plainte la quaestio ici les ongles qui lui arracheront la v rit inverse La pratique est elle si loign e de celle qui pr vaut dans le reste de l Empire La proc dure est divis e en deux temps selon un mode d sormais courant et le proc s ici aussi s empare du corps des justiciables les ongles l audience civile le chaudron au tribunal militaire Mais les concordances s arr tent l Car la justice des d ditices n est pas celle de Rome pour eux il n y a ni norme l gale ni rationalit du droit et ce n est pas le juge qui peut d nouer le proc s La justice barbare est encore celle des dieux non celle du prince La tablette l atteste avant la terrible preuve le d dicant s adresse son dieu pour qu il lui
32. rium du prince et le savoir de ses juristes suffisent fonder les normes Comment les convaincre de l autorit de la chose jug e L exemple de Grand va nous le montrer D s le d but du M me si cles ont t install es aux alentours du sanctuaire des familles de d ditices barbares celtiques et germaniques qui servaient sur la fronti re de Germanie Une inscription mentionne un tribun sans indication de l unit command e sans doute un de leurs commandants En 213 Caracalla vient en Gaule et une inscription de Grand comm more ses bienfaits envers le sanctuaire S KERNEIS Les ongles et le chaudron Pratiques judiciaires et mentalit s magiques en Gaule romaine RHDFE 83 2005 p 155 181 25 S KERNEIS Les Celtiques op cit p134 139 AE 1937 55 Ex voto grav sur plaque de marbre reproduit dans BERTAUX P lerinage au sanctuaire antique de Grand dans Les tablettes astrologiques op cit pl 8b CONSINIUS TRIJBUNUS SOMNO IUSSU 77 Beaucoup de questions autour de ce voyage de Caracalla voqu par Dio Histoire romaine 78 15 5 6 En effet ni Apollon Grannus ni Ascl pios ni S rapis malgr ses nombreuses supplications et sa grande pers v rance ne lui furent d aucune utilit Pour Camille Jullian Caracalla tait venu jusqu Grand pour solliciter l aide de Grannus Une hypoth se que semblaient conforter deux fragments d inscriptions mentionnant les lib ralit s accord e
33. rneur de Lyonnaise s inqui ter des pratiques divinatoires en Gaule d s lors qu elles taient publiques et d int r t collectif La d portation prescrite par Trajan tait une solution imm diate mais provisoire long terme mieux valait insuffler une nouvelle orientation la pratique divinatoire C est l qu intervient le t moignage de l arch ologie Transportons nous la fronti re entre la province de Lyonnaise et celle de Belgique sur le petit territoire des Leuci au sud de l actuelle Lorraine Il y avait l un bois sacr d di au dieu gaulois Grannus et La relation du laurier avec la religion apollinienne est bien attest e notamment Delphes o son r le dans la mantique appara t nettement A l poque hell nistique Callimaque fait du laurier l instrument par excellence d inspiration de la Pythie Thesaurus Cultus et Rituum Antiquorum III 6a c Le laurier casse m l l huile d olive est mentionn par Virgile Georg 2 v 213 nec casia liquidi corrumpitur oliui et Pline H N 12 le cite parmi d autres produits exotiques venus d Inde de Perse et d Arabie Il tait utilis comme encens et par les m decins comme f brifuge il pouvait galement tre appliqu sur le corps comme un onguent astringent Du laurier casse proprement parler Pline rapproche le daphnide bois joli Son nom indique qu il est le laurier issu de la nymphe Daphn Le daphnide nous dit i
34. s par l empereur CIL XII 5940 Apollini Grann ou De O INVI CTO porticu AC DEINDE C olumnis ca 4 lettres suivies de an JTONINVM NVMINI eius sans aucun doute O ou C MI ou T SER AE 1982 714 avec erreur AE 1983 716 Apollin I GRA nno JISIDISPAfTr plut t que tJ IMP M plut t que N La lecture de ces inscriptions est difficile A DAGUET GAGEY Addendum et corrigendum quelques inscriptions de Grand dans La mosa que de Grand op cit p 57 62 la premi re est le fragment d une inscription monumentale sans doute biface d un portique ou d une porte de temple L accusatif semble indiquer une intervention imp riale sans doute une lib ralit La question est de savoir si les deux inscriptions vont ou non ensemble Une inscription d Eph se IVE 3 802 J L ROBERT Bull Ep 1958 422 AE 1971 455 voque les lieux o s tait successivement rendu un notable ph sien pour tenter d obtenir une audience de l empereur Rome Sirmium Nicom die Antioche les provinces de Bretagne Germanie sup rieure M sopotamie et la patrie d Apollon Grannus Outre Grand plusieurs sanctuaires sont d di s Grannus dans Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 340 SOAZICK KERNEIS Les embellissements apport s concernent la basilique Devant le b timent une grande statue d environ quatre m tres repr sente vraisemblablement l emper
35. ser son autorit dans la r gulation des conflits Dans une Gaule barbaris e la v rit judiciaire doit demeurer sous le contr le de l empereur L ordalie le permet acceptable par le prince d abord parce que le dieu qui exprime cette v rit est une recr ation imp riale ensuite parce que l preuve ordalique est assimil e une torture Du c t des justiciables barbares la nouvelle proc dure r pondait une demande de sacralit du droit pour eux c tait la divinit qui liait ou qui d liait c tait elle qui les vengeait Le compromis plut il allait se maintenir des si cles durant La v rit du droit Justice oraculaire et politique imp riale dans la Gaule Annexe Tablette de Tr ves CIL add 11340 III d S Kerneis in RHDFE 83 2005 p 178 Plaquette de plomb peu pr s rectangulaire l int rieur divis en trois parties par deux cadres LA V RITE DU DROIT Lecture de CIL Int rieur YBAL FO QOIR M Lecture propos e Y IBAL FO QOIR M 347 Texte normalis Y Ibel fo coiri am signe 1 et2 Y sab sal Y amach fiuss In aditus ara uestra Annam et Martem Vinculares ut me uindicetis de cucuma Eusebium in ungulas obligetis et me uindicetis Depositum in Eusebium 2 signa magi SP ca signe 1 signe 2 Y SP sl 3 Yd My FUS Y A My FUIS 4 IN A IhTIARO IN AGIRTI ARO VESTRO VESTRO 5 ANAm ET MARTEM ANAM ET MARTEM 6 VINCVLARES VT VINCULARES UT
36. tester C tait en 310 Constantin tait de retour dans sa capitale Tr ves apr s la punition du parjure Maximien et une visite au temple de Grand o il avait eu une vision On peut penser que d s le r gne de Caracalla l emblema de la mosa que illustrait la proc dure ordalique devant la basilique Apollon assis en Majest nonce sa sentence sa droite un vieux pr tre l il exorbit renverse sa crosse mauvais signe ses pieds un objet disparu peut tre le chaudron sur les flammes dont resteraient quelques tesselles rouges gauche du dieu auraient t figur s les plaideurs et la victime sacrificatoire le plus scandaleux pour des Chr tiens La mosa que de la basilique illustrait donc vraisemblablement le jugement du parjure par les eaux bouillantes du chaudron Conscient des difficult s que posait la justice des d ditices Caracalla avait accept le recours l ordalie comme premi re tape du proc s Pour terrifier les parjures et pour convaincre ceux que la reconnaissance du rituel ordalique aurait laiss s dubitatifs on 31 Le caract re syst matique des destructions a t remarqu par E SALIN Aper u g n ral de la ville antique de Grand CRAI 1965 p 85 Quintillien Sur le geste d apr s H STERN Recueil g n ral des mosa ques de la Gaule I Gaule Belgique II Xe suppl Gallia 1960 p 77 note 2 3 Description DARMON La mosa que ibid p 100 qui y
37. uble d une taille normale d apr s les l ments qui en ont t retrouv s tous de m me provenance un nez deux orteils un fragment de couronne laur e et une main gauche tenant non un b ton de commandement qui serait droit mais en juger par la courbure une crosse de pr tre Lorsque Constantin visita le temple la statue tait encore l uidisti enim credo Constantine Apollinem tuum comitante Victoria coronas tibi laureas offerentem Et immo quid dici credo Vidisti teque in illius specie recogniuisti cui totius mundi regna deberi uatum carmina diuina cecinerunt Pan Lat 7 21 4 5 0 J P DARMON La mosa que de Grand mise en perspective dans La mosa que op cit p 91 103 retient une datation haute au milieu du me si cle en se fondant sur l archa sme du syst me ornemental de la bande formant le seuil de l abside Il observe cependant que la facture de la mosa que r v le qu on se trouve en pr sence d un atelier gallo romain puisant sa main d uvre dans le vivier local mais dirig par des ma tres form s aux meilleures traditions italiennes Par ailleurs il rel ve l existence d un fleuron manifestement tardif et quasiment africain C BERTAUX Caracalla et Constantin Grand dans Dossiers d Arch ologie 162 1991 p 50 suit la datation traditionnelle comprise entre 200 et 275 ap J C Les motifs g om triques du tapis de l abside sont identiques la couleur pr s ceux d u
38. ure romaine la litt rature chr tienne de 117 284 ap J C d K Sallmann trad fr du Handbuch der lateinischen Literatur der Antike Turnhout 2000 p 198 213 21 LiEBS dans Nouvelle Histoire op cit p 205 206 crit probablement compos en 213 13 morceaux dans la Collatio libres d interpolations justiniennes Ulpien traitait des fonctions administratives juridiques des gouverneurs de province Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 338 SOAZICK KERNEIS nous le savons certains prot g s de l empereur lui m me ne doivent encourir que des peines l g res Parmi ces d linquants mineurs Ulpien place les uaticinatores sauf s ils exercent leur savoir contre la paix publique L absolutisme des S v res conduit une politique double d une part la r pression des pratiques divinatoires les plus inqui tantes pour l Empire d autre part une tol rance pour des manifestations populaires qu il suffit de surveiller C est d une politique identique que rel ve la g n ralisation par l dit de la cit romaine et la clause qui en exclut les d ditices Ceux ci ne b n ficient pas du droit romain et sont priv s d autonomie Leurs communaut s sans v ritable statut juridique ne peuvent tre que des quasi cit s sous administration militaire La marginalisation juridique des soldats barbares pose cependant quelques probl mes En principe ils rel vent de la justi
39. voir Mais il distingue entre deux groupes de devins certains des mathematici qui pr voient et donc influencent le salut de l empereur suspects de complot contre sa Maiestas ils doivent tre punis de la peine capitale Les autres en revanche dont La rupture avec l Antiquit classique se manifeste dans le domaine de l art La tradition hell nistique classicisante dominait encore les deux premiers si cles C est maintenant un art qualifi de populaire ou pl b ien qui l emporte Ainsi l arc de triomphe de Septime S v re d di en 203 sur le forum romain avec ses reliefs qui sont d j la pr figuration de l art de l Empire tardif Sur l activit juridique des S v res J P CORIAT Le Prince l gislateur La technique l gislative des S v res et les m thodes de cr ation du droit imp rial la fin du Principat cole fran aise de Rome 1997 T moignages d H rodien II 10 2 et de Dion Cassius 76 17 3 sur la part accord e par Septime S v re l activit juridique dans son emploi du temps durant son s jour Rome de 202 208 2 Sur la correspondance entre la pens e philosophique d Ulpien et la constitution antoninienne T HONORE Ulpian Pioneer of Human Rights Oxford 2002 p 84 ne croit pas l argument fiscal et privil gie la volont d tablir une citoyennet universelle D LIEBS dans Nouvelle Histoire de la litt rature latine IV L ge de transition De la litt rat
40. voit une repr sentation du Phasma de M nandre Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 342 SOAZICK KERNEIS repr senta celui ci dans l emblema au centre de la basilique tourn vers le c t gauche peut tre face au futur jureur Les parties devaient accepter l autorit de Grannus le dieu confondu avec l empereur dans une statue unique L iconographie explicitait la clause de l dit imp rial qui avait exclu du droit commun les d ditices Sur la table de Peutinger le sanctuaire est nomm Andesina peut tre Les cha nes d en dessous Au nord du site les fouilleurs ont d couvert une chambre souterraine seulement accessible par une petite ouverture carr e Le sol tait jonch de cha nes de vases et de t tes de chevreuil probables animaux sacrificiels Cinq squelettes humains y reposaient avec leur c t des menottes en cuivre Sans doute tait ce l la prison dans laquelle ceux qui avaient chou Cette hypoth se permettrait de r soudre certaines des questions que se posent les chercheurs qui y voient une sc ne de com die dans un difice qui par voie de cons quence ne serait pas une basilique Cf supra note 5 La position de l emblema de la mosa que est atypique DARMON ibid p 103 g n ralement le panneau est dirig soit vers les gens qui entrent entr e axiale soit vers l abside banqueteurs DEMAROLLE Avant propos ibid p 21 L
41. x ordalie le sauvast il apparaistroit bien que Dieux li monstreroit miracles pour lui et devroit estre sauff comme le remarque J P LEVY L volution de la preuve des origines nos jours dans Diachroniques Essai sur les institutions juridiques dans la perspective de leur histoire Paris 1995 p 58 n 1 Sur l volution s mantique du terme iudicium comme absorb par le jugement de Dieu R JACOB Judicium et le jugement L acte de juger dans l histoire du lexique dans L office du juge part de souverainet ou puissance nulle Paris 2001 p 35 71 Revue Internationale des droits de l Antiquit LIV 2007 346 SOAZICK KERNEIS Telles taient parfois dans le gouvernement de l Empire les tribulations du droit La politique l gard des populations paysannes ou barbares n tait pas lin aire visant partout et toujours leur assimilation mais pragmatique d pendant des choix faits par les diff rentes dynasties Pour remplacer les druides et les vieilles divinit s gauloises les Antonins avaient tent au nord de la Gaule une orientalisation du culte apollinien Sans grand succ s la province gardait ses traditions Les S v res et leurs successeurs jou rent la carte du syncr tisme surtout lorsque la paysannerie gauloise s ajout rent des communaut s barbares plus trang res encore la respublica L ordalie qui s tablit alors est un rituel manipul par un gouvernement qui entend impo
42. y suffit pas Il faut donner une nouvelle orientation au grand sanctuaire de Gaule du Nord Les uaticinatores gaulois y sont supplant s par les astrologues gyptiens Munis de leurs pr cieux diptyques ceux ci r pondront d sormais aux questions des consultants Parall lement l empereur prend en main le cours de la justice il b tit la grande basilique Ce sera un centre judiciaire privil gi au d triment des juridictions des cit s voisines Une ou deux g n rations plus tard le site de Grand est saccag Les assaillants ne d robent pas les pr cieux diptyques ils s acharnent les d truire les brisent en cent quatre vingt huit fragments et les jettent au fond d un puits ensuite bouch pour exclure toute r cup ration Une horloge anaphorique qui permet de calculer le lever des d cans est jet e au fond d un autre puits Le saccage du temple imp rial et l hostilit l orientalisme s int grent dans un 2 B d ORGEVAL L empereur Hadrien uvre l gislative et administrative Paris 1950 A d ORS La signification de l uvre d Hadrien dans l histoire du droit romain dans Les empereurs romains d Espagne Paris 1965 p 161 Utilis s d s le d but du Principat les rescrits deviennent tr s fr quents sous les Antonins Nombreux exemples dans la correspondance entre Pline et Trajan La plus ancienne constitution conserv e par le Code de Justinien est un rescrit d Hadrien C J 6 23 1 La

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